[L'Ouragan] À l'extérieur, North London

 Des vents forts, ce n’est pas vraiment ce qui dérangeait Tess, l’habitude qu’elle en avait la rendait totalement inconsciente du danger qui pouvait potentiellement planer au dessus d’elle. Cela ne la dérangeait pas, et cela ne le ferait sans doute pas. Pas dans son esprit tant elle ignorait ce qui se passait. Un sac, un masque dans ce dernier et son carnet de dessin, et la voilà qui était désormais aux entrepôts. Au même endroit où elle avait été agressée et presque laissée pour morte quelques mois plutôt. Cela faisait combien de temps ? Un peu plus d’un an, presque un an et demi qu’elle n’avait pas remis le pied ici. A cause des mauvais souvenirs ? Possible, mais il n’y avait pas que de mauvais souvenirs ici. Brook l’avait sauvé, elle avait veillé sur elle, s’était assurée que les choses se passent bien et avait bien prit soin d’elle sur le trajet jusqu’à l’hôpital et puis… Et puis il y avait eut le premier baiser. Enfin, le premier smack, suivit d’une véritable incompréhension de la part des deux qui ne savaient pas vraiment comment se positionner par rapport à tout ça. C’était sans doute compréhensible, mais regardez où elles en sont maintenant ? Elles sortent ensemble et tout se passe pour le mieux ! La punk devait-elle remercier silencieusement les personnes qui l’avaient agressée ? Peut être, mais elle ne le ferait pas ! Il n’y avait que Sophie à remercier, après tout, c’était celle qui avait choisi de l’épargner malgré tout ! Mais c’était la seule à remercier pour ce merdier, c’était la personne la plus humaine du groupe qui était arrivé ici. Enfin, si Tess était là, ce n’était pas pour ressasser le passé ! Bien qu’elle s’arrêta devant l’impact de balle. Il était assez gros, et quelques tâches de sang avaient persistée malgré le temps qui s’était écoulé. Le sang avait véritablement fini par laisser des marques qui ne partiraient pas avant un long moment. Soupirant doucement, elle s’approcha du mur qu’elle tagguait. Les gens avaient eu le respect de laisser son début d’œuvre comme ça ! Sauf le point d’interrogation dessiné juste à côté, l’air de dire « et la suite ? ». Cela fit doucement sourire Tess qui secoua deux de ses bombes avant de s’approcher du mur et d’abaisser son masque pour ne pas avoir à respirer les vapeurs. Allez, un bref coup d’œil au carnet et la voilà qui reprenait son œuvre. La Justice Corrompue.
 
Le vent qui sifflait entre les entrepôts la dérangeait un peu, provocant un clair bruit métallique, un son digne d’un film d’horreur. Non, il fallait qu’elle s’occupe plus en détail de tout ça, laissant le temps passer, un simple caprice de la nature, si ce n’est qu’un orage, un peu puissant, elle ne risquait rien. C’était ce qu’elle pensait. 16h30 était passée depuis peu, et le bruit semblait augmenter, le vent se faisait de plus en plus fort et murs tremblaient dangereusement. Bon, rentrer serait sans doute la meilleure des choses à faire, étrangement, la pseudo sécurité que l’américaine avait ressentit jusqu’à présent avait finit par disparaître. En s’approchant de ce qui allait lui permettre de sortir, un pan du mur d’un entrepôt s’arracha, la forçant à reculer plutôt brusquement pour ne pas se faire arracher le visage.
 
-          Bordel de merde !
 
Toujours en douceur et en délicatesse, jamais de gros mots ou de vulgarité, et son accent était fortement ressortit d’un coup.
 
Le vent était redoutable, le bruit tout simplement horrible et la pluie… Super. Le tout s’infiltrait dans son pseudo abris mais rester ici serait plus dangereux qu’autre chose. Remettant toutes ses affaires dans son sac, la jeune femme mit son carnet à l’abri, dans la poche intérieur de sa veste en cuir.
 
Etrangement, lorsque nous n’avons aucune protection de valable, une tempête fait beaucoup plus peur. Surtout quand le plafond manque de vous tomber dessus ! Pestant de plus en plus, Tess sortit de là, cherchant à se repérer dans ce dédale de tôle et de bruit. Ce n’était pas drôle, et la panique risquait de prendre le dessus sans qu’elle ne sache comment la calmer, et ce, malgré ses multiples inspirations pour se calmer ! Elle courait, ne parvenant pas à se repérer, tout simplement coincée dans le labyrinthe et sa peur.
 
Une fois de plus, elle lâcha un simple, sobre et magnifique :
 
-          Fais chier putain !

 16h50. Un tremblement se fait ressentir, manquant de faire perdre l’équilibre à Tess qui commence à très sérieusement paniquer. Les entrepôts, ce n’est pas un endroit où elle se perd en temps normal ! Mais pourquoi fallait-il qu’elle cède à la panique d’un seul coup ? Elle qui pouvait toujours énormément prendre sur elle pour rester le plus calme et sereine possible ? S’étant arrêtée le temps du tremblement, ou de la secousse, allez savoir ce qui a secoué les environs de la sorte, Tess avait prit une profonde inspiration, reprenant une expression qui la caractérisait un peu mieux. Sereine, calme et prenant le temps de réfléchir à tout ce qui l’entourait. Prenant une grande inspiration, l’esprit de Tess fini par totalement se recentrer sur ce qui l’entourait. Bon, tout semblait voler dans tous les sens, beaucoup de pan des murs s’étaient effondrés à cause du vent, mais on pouvait espérer que ça ne tombe pas plus bas. Bien que c’était sans doute une des choses les plus dangereuses qu’elle pouvait avoir dans le coin. Des trucs qui peuvent couper, blesser ou vous scalper le visage dans le pire des cas. Ouais, se faire scalper était visiblement pire que de perdre la vie… Regardant un peu partout en essayant de faire abstraction du bruit métallique qui résonnait partout, éclatait les tympans de la punk par la même occasion.

Une barre de fer tomba dans son dos, à l’endroit où elle se trouvait un peu plus tôt. Heureuse s’avoir bougé de là ! Heureusement qu’elle n’était pas restée au même endroit sinon elle n’aurait pas donner cher de sa peau. Se remettant à courir, elle parvint à sortir des entrepôts vers 17h20.

17h20, Tess venait de sortir des entrepôts désaffectés, il était temps ! La jeune femme laissait son regard parcourir, à la recherche d’un endroit où s’abriter. Il n’y avait pas grand-chose à proximité, et lorsqu’elle se remit à chercher un endroit, elle fut prise dans un tourbillon d’aile et de plumes. Bordel, pourquoi avait-elle décidé de passer au travers d’un groupe de piaf dans un temps pareil ? Elle réprima un grognement, se protégeant le visage pour éviter de se faire griffer ou autre par ces espèces de volatils plein de plumes ! Ou du moins, des pseudos poulets qu’on ne mange pas souvent.
 
Soupirant doucement, espérant que les quelques secondes d’inactivités ne lui cause pas de soucis ! Bon allez, il fallait espérer que la jeune femme reprenne bien rapidement sa route et son chemin. Et trouver un minimum de sécurité ! Restant tout de même très attentive à tout ce qu’il se passait.
 
Il y avait encore quelques personnes dehors, mais sans doute beaucoup moins qu’au moment où elle était arrivée ici. Chose étonnante ? Pas le moins du monde ! Après tout, vu le temps, le vent, la pluie, les gens d’un minimum censés sont à un endroit plutôt sûr. Malgré tout, un dernier regard vers les entrepôts lui permit de voir l’état de cet endroit. Bordel… Tout était détruit ! C’était clairement impressionnant… Et un peu flippant également, avouons-le.
 
Une boutique, il lui fallait une boutique et uniquement ça pour pouvoir s’abriter et ne pas se faire blesser. La plupart des trucs étaient fermés, sans doute barricadés de l’intérieur. Des gens… S’il vous plait. 17h40.

17h40, toujours à la recherche d’un abri, d’une boutique qui voulait bien lui ouvrir la porte, le regard de la jeune punk fut rapidement attiré par un mouvement, au coin de son œil. Merde, c’était quelqu’un, ou son esprit commençait à lui jouer des tours ? Non, ce n’était tout simplement pas possible. Après tout, elle n’avait pas prit le moindre coup sur la tête, sauf si les coups d’ailes de piafs qui s’étaient envolés et l’avaient un peu coincé comptaient. Cela la faisait légèrement douter de son état, mais elle n’avait pas le temps pour faire tout ceci. Non. Tess préféra s’approcher de la provenance de la voix, qui n’était pas trop loin. Elle était appelée par la personne. Un rapide regard vers cette personne, et l’objet qui la retenait au sol manqua de lui faire avoir un haut le cœur. Merde, elle ne pouvait pas laisser cette personne là ! Pas avec le temps qu’il faisait ! Surtout qu’elle était vraisemblablement dans l’incapacité de bouger de sa position ! S’étant un peu plus approchée de la femme, elle tenta de la rassurer, lui parlant d’une voix calme pour tenter de savoir si elle sentait encore sa jambe, si elle sentait ses muscles ou pouvait forcer d’une manière ou d’une autre sur cette dernière. Quoi ? Bien sûr qu’elle n’allait pas lui demander de bouger de sa position ! De toute manière, elle ne pouvait pas vraiment le faire, il ne faut pas beaucoup de matière grise pour pouvoir s’en rendre compte ! Et vu son passif, la jeune femme savait parfaitement que cela ne servirait à rien de la faire bouger. Au contraire, les risques pour que la blessure s’aggrave étaient beaucoup trop grands et importants !

- Ne vous en faites pas, je vais vous aider !

Appelez les pompiers ou n’importe quel autre organisme était totalement impossible, pas de réseaux et son portable avait peut être prit la flotte. Bon, ça, c’était le dernier de ses soucis ! La punk s’était approchée de l’objet, qu’elle ne pourrait pas bouger toute seule. Malgré tout, on ne savait jamais ! En espérant que ses essaies ne fassent pas plus de dégâts qu’il ne devait en avoir ! L’ancienne dealeuse attrapa l’objet et tenta de le soulever, en vain. Tout ce qu’elle gagna fut quelques écorchures aux mains lorsqu’elles ripèrent dessus. Ce n’était rien de bien méchant, non. C’était semblable à ce qu’on avait aux genoux après une légère chute. Pas de sang, ni de peau en moins. Malgré la légère douleur de ses mains, la jeune femme tenta une fois de plus à bouger cet objet, sans succès cette fois également.

Tess pesta.

- Fais chier putain !

Son regard bleu azur se porta sur les alentours. Il n’y avait pas âme qui vives, donc très difficile de trouver quelqu’un qui pourrait accessoirement donner un coup de main. Le vent soufflait et la pluie était toujours présente. Tess serra les poings mais tenta de se raisonner. Il faudrait faire levier avec quelque chose, au moins histoire de dégager la place ! Avec la totalité de son poids, elle pourrait sans doute dégager la jambe de la malheureuse. Il était 18h30.

18h31.
 
Il y avait bien quelque chose qui attirait son regard, mais ce n’était pas la chose la plus prudente à faire. Un objet pouvant l’aider ? Continuer à se déchirer les mains sans parvenir à un résultat de véritablement concret ? Le choix était vite fait : retourner au chaud et laisser cette pauvre femme à son sort ! Quoi ? Non, elle ne pouvait pas le faire bien que l’idée lui ai traversé l’esprit quelques centièmes de secondes. Ce qu’elle détestait vouloir faire passer sa survie ou son intégrité physique avant la vie d’une autre personne ! Mais bon, elle avait vu ce que cela pouvait donner, quelques années plus tôt ! Certes, le contexte était totalement différent, mais que voulez-vous ? Son corps avait agit plus rapidement qu’elle ne l’aurait pensé. Une vie sauvé, un gang qui n’avait pas trop été embêté par les autorités, c’était toujours bon à prendre ! Enfin bon, la jeune femme s’approcha de l’objet, au plus proche mais l’atteindre de cette manière serait assez difficile. Il fallait qu’elle y glisse le bras, mais c’était plutôt éloigner, ou alors, se faufiler comme possible. Aucun des deux n’était aisé, mais les contreparties étaient relativement élevées. Comme quoi ? How et bah, restée coincée sous les gravas, ou alors, avoir le bras coincés sous autre chose et se retrouver dans une situation semblable à celle de la pauvre dame qu’elle souhaitait aider ! Tant pis, elle prenait tout de même le risque !
 
La punk commença à se faufiler, tendant le bras vers l’objet de sa convoitise. Il fallait qu’elle l’atteigne, avec le vent qu’il y avait, c’était tout simplement dangereux, et totalement inconscient de se retrouver là, avec des gravas qui menacent de tomber et coincer l’accès à l’objet mais c’était dans son tempérament, elle voulait aider la femme et rien ne pourrait contrarier son plan ! Alors que ses doigts effleuraient l’acier humide, une bourrasque de plus fit tout tomber, brisa l’équilibre précaire dans lequel tout tenaient plus ou moins difficilement. Un bref craquement se fit ressentir dans tout le bras de la jeune femme, ainsi qu’un liquide chaud qui contrastait avec l’état de la météo. Un crie de douleur avait échappé à l’ancienne dealeuse dont l’adrénaline ne parcourait plus le corps depuis bien longtemps maintenant. Tant pis ! Elle persistait bien que son bras était coincé, mais pas totalement. Tenant difficilement le morceau d’acier, elle tira son bras, ressentant toujours plus la douleur et les égratignures, les déchirures de ses vêtements. Elle voyait flou, clairement, mais tenait le coup. Bon ok, son état faisait clairement pitié mais Tess vous regarderait en disant « c’est rien, je survivrai ».
 
L’objet tomba au sol, son bras tremblant et ne répondant plus correctement. Pas assez pour lui permettre de servir comme elle le voulait.
 
S’approchant de la femme, elle coinça, non sans mal, l’objet sous ce qui la retenait prisonnière avant de s’appuyer de tout son corps, de tout son poids dessus. Il fallait que sa fonctionne ! Au moins pour lui permettre de se tirer de là-dessous ! Le temps passait vite, mais le bordel ne bougeait pas assez. Si elle avait son second bras, elle pourrait appuyer un peu plus mais non… Tant pis, elle ferait sans doute quelque chose de totalement con, mais cela fonctionnerait sans doute. Sans la laisser intacte me semble-t-il. Prenant un peu d’élan, elle « sauta » sur l’objet, ignorant la douleur qui lui parcourait de nouveau le bras avant d’enfin permettre à la prisonnière de s’échapper. Il était temps ! 19h.