Emilie Skies

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"It's...Show Time !"

"Elle est belle, elle est notre rouquine préférée ! Sa danse est-elle une caresse sur notre peau fébrile. Elle pratique son art depuis sa tendre enfance, sa sensualité n'a d'égale que sa souplesse et son charme. Veuillez accueillir sur la piste Denise Skies !"

Tous les journaux parlaient d'elle. Elle était la beauté de son époque, le talent incarné. Elle était mystérieuse et s'était mariée avec un sans-abris...Ah tellement de bontés en elle ! Tellement de caractères ! De générosités !

Et surtout d'hypocrisies.

En dehors de ses charmes, de ses jambes en l'air, de ses mouvements de bassins, la belle Denis était malade. Malade mentalement. Elle ne cessait parfois de dire des choses étranges, inhabituels, courir sans aucun but. Pouvant parfois être violente. Et c'était triste. Triste pour sa fille qui avait vu tous ses spectacles depuis sa tendre enfance. Et lorsque l'envers du décor arrivait, cette personne disparaissait. Elle devenait dans son esprit un monstre informe qui absorbait chaque onde de vie et de joie.

Elle n'a jamais su pourquoi sa mère était comme ça seulement en dehors de la scène. Pourquoi portait-elle sans arrêt le masque de l'érotisme puis celui de la folie. Elle ne comprenait tout simplement pas. Carl, son père, était aussi perdu qu'elle. Et il n'osait pas la quitter par soucis de reconnaissance. Elle l'avait sauvé, l'avait sortie de la famine et du froid désastreux de l'hivers. Maintenant qu'elle était mal, il ne pouvait pas la quitter. Mais il ne faisait pas grand chose non plus. Pas grand chose quand elle levait la main sur lui ou sa fille, criant qu'elle voulait confesser ses pêchers, qu'elle était tellement, mais tellement désolée.

Elle ne se souvient plus si elle a toujours été comme ça. Si ça été d'un coup ou une transition longue qui a fait qu'elle ne s'en était pas rendu compte. Du moins, au si loin qu'elle se souvienne, Denise agissait de cette manière, dans cet échange entre la folie et la sensualité la remplissant de crainte et d'incompréhension.

Emilie grandit alors dans cette ambiance. Elle devint susceptible puis violente, ne supportant plus ce qu'il se passait, ne supportant plus ce qu'elle vivait, ce qu'elle ressentait. Elle faillit d'ailleurs louper son brevet et son bac à cause de ça.

Elle ne parla à personne du double visage de sa mère. Elle ne voulait pas détruire son image de reine et en même temps ramener les vautours de paparazzis ou de presses à scandales. Elle tentait de vivre avec la compagnie de quelques amis mais dont elle avait du mal à s'attacher. C'est à peine si elle s'en souvient aujourd'hui.

Sans que personne ne comprenne pourquoi, elle finit par se calmer et faire ses études à l’étranger , échappant ainsi à son quotidien et à son cauchemar, rompant sans raison avec sa copine actuelle, l'abandonnant. Apprenant ailleurs la psychologie, se disant qu'elle pourrait peut-être comprendre ce qu'il s'était passé chez sa mère et empêcher que d'autres personnes subissent cette pression horrible.