Christian Tavares

Tout commença un 17 mars 1994, à Brighton. Deux immigrés portugais arrivèrent en Angleterre avec sa femme. Leurs noms? Maria Rodriguez et Julio Tavares. Etaient-ils arrivés légalement? Pas du tout. Ils ont voyagé dans la soute, après avoir traversé différents pays européens pour en arriver là. La future mère était déjà enceinte de deux mois, et la situation financière dans leur pays d'origine ne leur permettait plus de vivre convenablement. Quelques mois plus tard, ils arrivèrent à Londres, dans un quartier défavorisé et à la criminalité élevée. Au moins, le loyer n'était pas cher et on pouvait mieux y vivre. C'est dans ce contexte que naquis Christian Tavares, le 16 octobre 1994. Ses parents ont tenu à lui inculquer des valeurs telles que le respect des autres et la courtoisie, mais derrière ces bonnes paroles, il y avait quelque chose de plus sombre. En effet, même à Londres, l'argent manquait, malgré les chantiers sur lesquels travaillaient le père. Alors quand celui-ci eu un grave accident le rendant paraplégique, la mère dû subvenir aux besoins de tous, avec un métier vieux comme le monde. Le jeune garçon n'avait que 4 ans et ne comprenait pas pourquoi son père ne pouvait plus courir avec lui, ainsi que sa tristesse, chaque soir, quand sa mère partait travailler.

Vers ses 8 ans, il voulait vraiment savoir quel était le travail de sa mère. Son père lui avait formellement interdit de suivre sa mère le soir, mais fut le jour fatidique où il désobéit à cet ordre, et il le regretta. Voir sa mère, dans une tenue très légère, parler à d'autres hommes au langage cru, l'a vraiment choqué, et brisa mentalement la mère, comme si elle avait pris conscience de ce qu'elle faisait et de ses conséquences. Quelques mois après cette découverte, ce fut le divorce. Le jeune homme était encore choqué, mais il devint surtout plus turbulent. Son père ne pouvait plus rien faire, et il se retrouva à la rue, ne pouvant plus payer ses besoins. Sa mère disparut suite au divorce, elle ne se remettra jamais du visage que son fils arborait ce soir là. Depuis, sa situation demeure inconnue.

Le jeune Christian dut alors survivre dans la rue, par tout les moyens, que ça soit par le vol à l'étalage, les arnaques, les ruses. Il traînait souvent avec les mêmes jeunes dans une situation similaire, il vivait au jour le jour, son père vivait dans la mendicité.

Il arrivait à vivre de ses méfaits, devenant de plus en plus importants, il avait même commencé à se faire respecter malgré son âge, ce qui avait attiré la jalousie des autres malfrats. Vers ses 14 ans, il participa à un braquage chez une riche personne, en compagnie d'un petit groupe. Il déchanta bien vite quand il se rendit compte que la personne était âgée et que certaines photos la montrait en train de faire des dons à des oeuvres caritatives, notamment des orphelins. Le jeune adolescent se rebella, demandant à ce qu'on laisse tomber cette affaire. Le propriétaire des lieux était un gentleman qui voulait aider les autres, pas un riche pourri. Le reste de son groupe n'a préféré rien entendre et continua à piller. Une bagarre éclata alors, et Christian était pris au piège. Assommé, les autres partirent avec le butin, et quand il reprit connaissance, les policiers n'étaient plus très loin. Lorsque les forces de l'ordre l'attrapèrent, il fit quelque chose qui étonna la victime du braquage. Malgré qu'il était contre cette opération, Christian se dénonça comme l'auteur de ce délit, et que ses complices ont eu le temps de filer. Bien entendu, il ne savait pas où ils étaient ni ce qu'ils avaient pris, mais le propriétaire des lieux avait compris qu'il était innocent, c'est pourquoi, avec son influence, il fit pression pour que Christian intègre l'IRS en tant que Forge, plutôt qu'aller en maison de correction. Cet enfant méritait un avenir, et il voulait s'en assurer.

Durant sa scolarité, son environnement avait changé, il n'avait plus besoin de voler pour se nourrir, il avait le droit à des cours, et même un endroit chaud pour dormir. Ses camarades jouaient les durs, mais il savait riposter, ce qui lui valu quelques visites au service psychiatre, mais rien de bien méchant. Il était curieux de ce nouveau monde et de ses opportunités, et durant ses études dans cet endroit particulier qui était en quelque sorte une maison de correction mais qui servait aussi de lieu d'enseignement, il prit goût à la lecture et à la cuisine. Pouvoir faire ses propres plats et boissons, c'était quand même mieux que de les voler. C'est à partir de là que sa passion pour la restauration et tout particulièrement le vin pris forme. Bien qu'il n'avait pas le droit d'en consommer, il lisait des livres sur comment analyser le vin, les différentes saveurs, etc. Il était aussi curieux de connaître les élèves de "l'autre côté", ceux qui ont eu une enfance plus classique, ceux dont la vie a été plus clémente.

À ses 17 ans, il voulu prendre ce risque, et de voir à quoi ils ressemblaient. Profitant de la pause de midi, il se faufila à travers les sécurités qu'il eut le temps d'apprendre les failles en 3 ans. Seulement, il fut déçu de sa découverte. Lui qui pensait être vu comme un humain ordinaire, il n'y avait que des cris de peur et du dégoût à son égard, sans compter la sécurité qui est venu le rattraper. Au final, il retint que ceux de l'ISS était bien plus fragiles que ceux de l'IRS, et que leurs mondes étaient trop différents pour qu'ils se côtoient. Durant son arrestation, il fut blessé  par "inadvertance" au visage, lui laissant une cicatrice. L'un des agents de sécurité lui avait fait comprendre que ceux "de son espèce" ne méritaient pas de vivre paisiblement. Ces paroles, ont, au contraire, renforcées la volonté de Christian de se faire accepter, en déca de son cursus scolaire, de plus que cet agent a été viré quelques jours plus tard, son comportement ayant été jugé inadéquat par rapport aux valeurs de l'établissement.

Lors de la fin de sa dernière année de lycée, il réussit à la valider grâce à une moyenne dépassant les 70 points, une fierté pour Christian. En guise de récompense, il put partir en tant que personne libre. Il recroisa alors l'homme chez qui il s'était introduit 4 ans plus tôt. Il n'avait pas douté un seul instant de sa réussite, et avait fait en sorte qu'il obtienne une bourse universitaire pour ses études. Il était devenu une figure paternelle pour Christian. En parlant de père, il voulait retrouver le sien, pour lui annoncer son retour et ces bonnes nouvelles. Il se mit alors à le chercher à son endroit habituel, puis petit à petit, il étendit ses recherches dans tout Londres, il demeurait introuvable. Certains passants, qui avaient reconnu le jeune homme, lui annonça alors la nouvelle. Il avait succombé au froid de décembre 2010, soit 2 ans auparavant. Se rendant sur sa tombe, c'est le cœur serré qu'il lui fit part de sa réussite personnelle, et qu'il était décidé à faire honneur à l'éducation lui et de sa mère.

La rentrée suivante, il entra dans une université, spécialisée dans les métiers de la table. Il a rencontré des gens dans des situations similaires et d'anciens camarades de classes. Il se spécialisa alors dans l’hôtellerie et la restauration, avec une spécialisation pour la sommellerie dans lequel il excellera, au point où il se fera directement embauché par l'hôtel/restaurant dans lequel il a effectué son stage en tant que sommelier, au bout de ses 3 ans d'études.

Aujourd'hui, il réside encore à Londres, fier de la vie qu'il mène, et pense à ouvrir une sommellerie à son nom dans les années à venir, afin de gérer une entreprise à son compte.