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On était lundi après midi, en ce 22 septembre de l'an 2020, une date pleine de deux en quelque sorte. C'était aussi mon après-midi de repos, pour cette semaine. Mon emploi du temps n'est pas toujours fixe, avec les potentielles sorties scolaires, les malades etc mais je m'en accommodais facilement. Après tout, le temps de travail dans ce pays est bien moins élevé que dans mon pays natal !
Je n'avais pas grand chose à faire, et pas envie non plus d'aller faire du sport, alors qu'il faisait frais, un peu plus de vingt degré selon la radio. Je n'avais pas non plus envie d'aller à la piscine, surtout que cela reste payant et que je tiens à continuer de faire des économies sur l'argent que je conservais, vu que j'en envoie une partie à ma famille. Je ne touche pas tant que cela mais ce que j'envoie à mes parents reste important vu la chute de la monnaie chez moi. De quoi les aider à nourrir comme il faut mes nombreux frères et soeurs.
Pour me changer les idées, j'avais sorti ma guitare de sa housse, profitant qu'il n'y ait personne, enfin je le croyais, dans ce grand espace où vit le personnel de l'école, enfin une partie en tout cas. Portant une jupe de taille normale et un t-shirt simple à manches courtes, et ayant posé une veste sur le dossier de ma chaise au cas où le temps se rafraîchisse brusquement, je m'assis devant mon petit logement, sur une chaise et je croise mes jambes pour poser ma guitare dessus, jouant doucement quelques exercices. Je ne suis pas, en effet, une joueuse de talent mais j'aime la sonorité de cet instrument en bois et parfois, comme aujourd'hui, je la ressors pour travailler un peu.
Après une petite heure, alors que quinze heures a déjà du sonner pour Big Ben, je joue un petit morceau que j'apprécie. Il me fait toujours penser à chez moi. Je rouvre les yeux, alors que la dernière note vient de cesser de raisonner, entendant des bruits de pas. Je vois un homme plutôt grand, peut-être quarante centimètres de plus que moi, barbu. Je reconnais l'un des professeurs de musique de l'école, et qui enseigne aussi à l'université me semble-t-il, aussi me levais-je pour le saluer poliment.
"Bonjour monsieur, comment allez vous ?"
Lui demandais-je poliment. Je doutais qu'il soit venu ici pour me parler mais je ne me souvenais plus s'il logeait ici où non. Enfin, cela ne coûte rien de demander cela à quelqu'un, non ? et puis, ne dois-je pas faire des efforts pour me sociabiliser un petit peu ? Mais bon, il ne restera surement pas, me dit mon côté pessimiste.
La rentrée scolaire avait commencé il y a plusieurs semaines. Nouveaux élèves, nouvelles têtes, et parfois des anciennes qui restaient. Je venais de finir mes cours pour aujourd'hui, par conséquent, j'avais du temps libre, pour me balader ou encore, me détendre. Le temps était plutôt clément, je n'étais pas du genre frileux, me baladant avec un T-shirt blanc et une chemise rouge par dessus. Pour changer, j'avais décidé de passer mon temps près des logements du personnel souhaitant résider ici. Mine de rien, il y avait pas mal de professeurs qui y habitaient, sûrement parce qu'ils habitaient loin ou qu'ils voulaient faire des économies, tout est possible.
Je flânais dans le coin, quand mes oreilles furent attirées par une mélodie, plutôt douce malgré quelques fausses notes. Déjà, une chose est sûre, ça ne pouvait pas être un professeur de musique, mais cela me rendait curieux. Je voulais voir qui pouvait s'entraîner à cette heure pour jouer de la guitare en plein air. Mon regard se tourna alors vers une jeune femme d'une vingtaine d'année, seule, avec un bel instrument en main. Ses manières étaient très bonnes, car aussitôt elle m'avait vu, aussitôt elle s'était levée pour me saluer. Cependant, son vouvoiement me fit réagir. La différence d'âge n'était pourtant pas si grande que ça, et nous étions collègues. Gardant le sourire, je m'approchais d'elle.
-Tu peux me tutoyer voyons, nous sommes tous les deux du personnel. En tout cas, je vais très bien, et toi? J'ai entendu un bel air de guitare, du coup, je suis venu. Je m'appelle Dwayne, je suis le professeur de musique, mais tu peux m'appeler comme tu veux, si tu as envie de me donner un surnom.
Je lui fis mon petit clin d’œil habituel. C'était plus fort que moi, dès que je faisais ma présentation, je terminais sur ce geste, mon côté charmeur dira-t-on. Je m'installais alors à côté d'elle, regardant la guitare de plus près, ainsi que sa propriétaire.
-Tu jouais quel morceau, c'était plutôt joli. Si tu veux, je peux t'aider à travailler tes morceaux, j'ai tout mon temps cet après-midi.
J'étais étonnamment proche de la demoiselle. Après réflexion, il me semblait qu'elle était surveillante, mais je n'en suis pas sûr. Dans le doute, je préférais faire connaissance avec elle, après tout, c'est elle qui m'a abordé, je ne fais que répondre. Si elle voulait s'entretenir avec moi pour un cours particulier, je l'aiderais avec grand plaisir, j'aime bien aider les gens à travailler leur doigté en musique, les résultats se font tout de suite ressentir. En plus, la guitare était l'un de mes instruments de prédilection, la jeune femme avait donc de la chance d'être tombé sur moi.
-Tu peux me tutoyer voyons, nous sommes tous les deux du personnel. En tout cas, je vais très bien, et toi? J'ai entendu un bel air de guitare, du coup, je suis venu. Je m'appelle Dwayne, je suis le professeur de musique, mais tu peux m'appeler comme tu veux, si tu as envie de me donner un surnom.
Je dus me retenir de lui répondre de l'appeler par un surnom amusant, voir désobligeant, comme "cow-boy" ou "l'âne", celui du film d'animation "Shrek" que j'ai vu à la télévision l'année dernière, ou même "The Rock", en référence à un catcheur nord-américain. A la place, alors qu'il s'installait sur le banc près duquel j'avais installé ma chaise, je me rassis. J'espérais juste que son clin d'oeil soit pour me rassurer, me mettre à l'aise, car j'ai bien des étudiants le faire à des filles juste pour les draguer et les traiter comme des moins que rien, et cela je refuse que cela m'arrive à nouveau.
"Je vais bien, merci. Je suis Tsume Montoya, surveillante à l'ISS."
-Tu jouais quel morceau, c'était plutôt joli. Si tu veux, je peux t'aider à travailler tes morceaux, j'ai tout mon temps cet après-midi.
Je fus un peu gênée mais je tâchais que ma voix reste égale, ce que je savais faire assez bien en général. Après tout, la formation que j'avais reçu pendant que je travaillais à la hacienda du señor Gustadores incluait aussi un contrôle de soi, chose qui devrait peut-être être enseigné à certains ici, je pense.
"C'est le seul morceau que je connaisse vraiment. Il se nomme El sol se recuesta et mon père nous le jouait, à l'harmonica, quand j'étais plus jeune."
Cela m'avait pris un peu de temps pour arriver à le jouer, à peu près, en me basant uniquement sur mes souvenirs. J'aurais pu chercher sur internet s'il y avait une partition quelque part mais pour cela, il fallait un ordinateur, et je n'en ai pas. Et puis, je ne suis pas à l'aise avec ce genre d'appareil, même s'il y a bien pire que moi, comme Delane. Enfin, j'avais réussi à reconstituer cet air nostalgique qui me rappelle ma famille. Un camarade m'avait dit le trouver un peu triste mais cela ne me dérangeait pas, et me faisait un peu penser à moi et à me petite vie. Après tout, une vie est ainsi faite : un peu de joie, beaucoup de difficulté et énormément de passage anodin.
"Je n'ai jamais été douée en musique et je n'ai pas les moyens d'obtenir d'autres mélodies à jouer, Dwayne."
Notez que j'ai réussi à dire son prénom sans hésiter, ce qui est un net progrès ! Pour moi qui préfère donner du vouvoiement, respectueux, et des monsieur-dame-demoiselle, arriver à parler de cette façon à un inconnu est un grand pas. Cela dit, c'était peut-être parce qu'il faisait parti du personnel de l'école que j'arrivais à me détendre suffisamment ? En tout cas, j'étais un peu fière de cette petite réussite. J'en remarque si peu, après tout. D'ailleurs, je décidais de pousser cette audace en tentant de plaisanter un peu avec lui, avec mon léger accent vénézuélien.
"Mais, si j'accepte de recevoir des cours de votre.. ta part, devrais-je t'appeler professeur ? Maître ?"
Je continuais alors à discuter avec la jeune surveillante qui venait de se présenter sous le nom de Tsume. Apparemment, elle ne surveillait que l'ISS, mais ça restait tout de même une tâche de travail assez conséquente. C'était toujours intéressant d'en apprendre plus sur mes collègues de travail. Elle parlait du morceau qu'elle jouait, disant que son père l'interprétait à l'harmonica. La musique pouvait aussi faire remonter des souvenirs d'enfance, et c'était généralement très agréable. Mon enfance, elle, est plus ... je préfère éviter de m'en rappeler, je n'ai pas envie de faire une nouvelle crise de panique, et puis, je sais que maman est vivante, quelque part, non? Je pris alors la parole, toujours curieux concernant la jeune femme.
-Je peux t'en apprendre d'autres si tu veux, je suis sûr qu'avec de la pratique, tu deviendras très douée.
Elle ne semblait pas avoir une grande confiance en elle, mais elle avait au moins eu le courage de venir me parler, ce qui prouve qu'elle est assez sociale. Il fallait aussi avouer qu'elle avait un certain charme, le genre de filles discrètes qui cachait quelque chose une fois qu'on avait appris à la connaître. C'est pourquoi, je me dis que faire sa connaissance serait une bonne chose. Notre conversation continua et elle ajouta qu'elle n'avait pas les "moyens" d'obtenir d'autres mélodies. Pourtant, il y avait internet et l'établissement en état équipé. Sa remarque me fit aussi un sourcil, mais je n'allais pas la juger sur ça. À la place, je continuais de parler, lui indiquant des informations qu'elle ne connaissait peut-être pas.
-Je vois... ceci dit, Internet regorge de données utiles, et je suis sûr que certaines bibliothèques peuvent t'aider. Au pire... je peux t'en donner. J'ai tout ce qu'il faut chez moi ou dans mes bureaux, chère Tsume.
Je lui souriais en retour. Je doute qu'elle fasse preuve de mauvaise volonté, je crois qu'elle est sincère et qu'elle n'a vraiment pas trouvé d'alternatives pour avoir des morceaux à jouer. Elle continua alors la conversation et quand j'entendis sa proposition de surnom, je lâchais un petit rire. Il y a bien longtemps que je n'avais pas entendu ce genre de surnom, les relations maître et esclave, ce n'est pas mon truc, ou plutôt, étant donné que nous sommes à Londres, pas ma tasse de thé. Je gardais alors mon rictus sur mon visage.
-Tu pourras continuer à m'appeler Dwayne bien sûr. On est des collègues, et je n'aime pas trop cette barrière qu'on met entre élèves et professeurs. On est des humains après tout. En tout cas, ça me fait plaisir que tu me tutoies, des fois, je croise des professeurs qui me vouvoie et ça a tendance à me faire croire que je suis vieux. Après, tu n'es pas obligée d'accepter mes cours, mais saches que je me vois mal faire payer des collègues, encore plus quand ils sont sympathiques.
J'avais envie de dire "et mignonnes", mais ça, je me le garde pour moi. Car oui, elle avait une part d'innocence en elle qui lui donnait un certain charme. Tout dépendra quand est-ce qu'elle souhaitait prendre un cours avec moi. On pouvait faire ça chez elle, chez moi, ou dans la salle de musique si elle était libre, car j'y avais accès, étant donné que je suis l'un des professeur de cette matière à l'institution.
-Je peux t'en apprendre d'autres si tu veux, je suis sûr qu'avec de la pratique, tu deviendras très douée.
"Ce serait gentil de ta part, même si un niveau correct me suffirait. Ce sont les artistes qui ont besoin d'être doués, par les amateurs comme moi".
Et puis, j'étais un peu réaliste, je pense, en disant qu'il faut du travail et du temps pour devenir doué, sans parler de l'entraînement nécessaire pour conserver son talent et ne pas le voir se perdre. Pour moi, la guitare devait rester un loisir, un plaisir, et cela ne pouvait l'être que si je le pratiquais par envie et non par devoir comme le ferait un chanteur ou un musicien. J'espérais qu'il ne s'en moquerait pas et comprendrait le fond de ma pensée sans que je ne l'exprime, n'était pas sure de pouvoir le faire sans l'embrouiller vu ma connaissance moyenne de sa langue.
Je lui expliquais ensuite que je n'avais pas les moyens d'obtenir d'autres partitions.
-Je vois... ceci dit, Internet regorge de données utiles, et je suis sûr que certaines bibliothèques peuvent t'aider. Au pire... je peux t'en donner. J'ai tout ce qu'il faut chez moi ou dans mes bureaux, chère Tsume.
Je hochais la tête, n'ayant pas pensé que l'on puisse trouver des partitions musicales dans les bibliothèques. Il serait sage que je me penche là-dessus et que j'aille y jeter un oeil pour voir. Quant à internet, mon soucis est de ne pas avoir d'ordinateur pour y accéder, sans parler d'une abonnement à un fournisseur d'accès. Cela peut sembler bizarre aux yeux de l'occidental moyen mais cela existe, et pas uniquement dans mon pays natal. Il y a plus d'individus n'ayant pas accès à ce réseau d'information qu'on n'a tendance à le croire. Pour ma part, la raison en était simple : je n'avais pas les moyens financiers, tout simplement. Je me débrouillais donc sans, ce qui ne me changeait pas tellement vu que ma famille n'en a jamais eu et qu'elle n'en a toujours pas, d'ailleurs.
-Tu pourras continuer à m'appeler Dwayne bien sûr. On est des collègues, et je n'aime pas trop cette barrière qu'on met entre élèves et professeurs. On est des humains après tout. En tout cas, ça me fait plaisir que tu me tutoies, des fois, je croise des professeurs qui me vouvoie et ça a tendance à me faire croire que je suis vieux. Après, tu n'es pas obligée d'accepter mes cours, mais saches que je me vois mal faire payer des collègues, encore plus quand ils sont sympathiques.
"Oh, je vous rassure, je compte te payer mais pas financièrement. Je ne suis pas un chef cuisinier de renom mais je cuisine assez bien et je peux t'offrir un repas, par exemple. Je suis du genre à estimer qu'il faut rendre les services que l'on nous donne."
On dit "oeil pour oeil" dans la loi du talion, j'en applique un version similaire pour ce que l'on m'offre. C'est pour cela que je ne pourrais jamais rembourser maître Gustadores, bien que je lui rendrais autant que je le peux. J'ignore ce que je pourrais faire pour Dwayne s'il veut m'aider à apprendre de nouveaux airs de musique et à améliorer mon niveau, bien que je sois loin d'être nulle, il faudra que je trouve une façon ou une autre de l'en remercier. Cela dit, je ne le connais pas assez pour savoir ce que je pourrais faire pour cela.
"Enfin, si tu préfères autre chose et que je puis le faire, n'hésitez pas à le dire, Dwayne."
Je lui souris un peu, gênée d'appeler un inconnu par son prénom, même si nous sommes collègues car travaillant dans le même établissement. Je n'en ai pas l'habitude, même si je sais que je vais bien devoir m'y faire si je reste dans ce pays aux manières moins sophistiquées que celles que j'ai apprise dans la hacienda de maître Gustadores.
La jeune femme savait rester humble et c'était une qualité non négligeable. Ce n'était pas le genre de personne à "péter plus haut que son cul", loin de là. Elle semblait modeste et sympathique. Et puis bon, cette part d'innocence qu'elle a, c'est quelque chose de plutôt mignon. Inutile de la corrompre tout de suite, pour le moment. Quoiqu'il en soit, le niveau correct, je pourrais lui donner, et qui sait, elle en voudra toujours plus. Quand on réussit à atteindre un but, certains se laissent aller, se disant que cela leur suffit, tandis que d'autres en veulent toujours plus. Dans quelle catégorie se range Tsume, ça, je ne le saurais que plus tard.
Nous continuâmes donc à discuter, et sa proposition était de plus en plus intéressante. Payer de manière non financière? Mon imagination douteuse repartit aussi vite qu'elle fut venue quand elle parla de cuisine. Bien sûr! À quoi je pouvais penser d'autre, voyons. Il faudrait que j'arrête de penser à tout et n'importe quoi quand on me laisse libre recours à mon imagination. C'est dans cette optique que je lui souris et que je lui répondis
-Tu n'es pas obligée de me rendre la pareille, même si je dois bien t'avouer que je suis pas si bon que ça en cuisine. Tu sais quoi, on va faire un deal : Un cours de musique contre un cours de cuisine, qu'en penses-tu? On peut faire ça chez toi ou chez moi, là où tu te sentiras le plus à ton aise.
Je m'étirais un peu, restant toujours à côté d'elle et gardant le sourire. Mine de rien, la cuisine n'avait jamais été mon fort et un peu d'aide ne me fera pas de mal. Qui sait, j'apprendrais peut-être plus de chose sur cette exotique surveillante que je ne le pense. Je sentais néanmoins que la jeune femme était gênée de me parler, me demandant si c'était de l'intimidation ou juste de la timidité. Quoiqu'il en soit, je ne comptais pas me défiler, alors je continuais à lui parler, toujours sous la bonne humeur.
-Je ne suis pas un cuisinier d'exception par contre, il faudra me guider. En revanche, si tu veux, je peux ramener un tablier, sait-on jamais, je serais capable de me tâcher.
Je ris un peu, restant proche de Tsume. Nous étions en fin de journée, donc je n'avais plus aucun cours à donner à des élèves, et le seul cours particulier qu'il me reste risque d'être encore plus intéressant que prévu. Je suis d'un naturel curieux, voulant tout découvrir, tant que cela peut éveiller mon intérêt et mon excitation pour l'inconnu. Selon l'endroit qu'elle choisira, je la suivrais, que ça soit ici ou chez moi.
-Tu n'es pas obligée de me rendre la pareille, même si je dois bien t'avouer que je suis pas si bon que ça en cuisine. Tu sais quoi, on va faire un deal : Un cours de musique contre un cours de cuisine, qu'en penses-tu? On peut faire ça chez toi ou chez moi, là où tu te sentiras le plus à ton aise.
J'y réfléchis un peu. Enseigner, moi ? Et bien... une femme doit savoir enseigner à son enfant, n'est ce pas ? Cela fait parti de son rôle de mère, et la mienne a su m'apprendre beaucoup : à me débrouiller seule, à élever des enfants plus jeunes que moi, mes frères et soeurs, à être responsable, honnête. Elle m'a aussi enseigné que l'amour n'a que faire de l'argent. Oui, je pourrais essayer de lui apprendre ce que je sais de la cuisine, même si je suis loin d'être une experte moi aussi.
Je ne suis pas un cuisinier d'exception par contre, il faudra me guider. En revanche, si tu veux, je peux ramener un tablier, sait-on jamais, je serais capable de me tâcher.
"Pourquoi pas dans mon logement, alors ? C'est juste ici," dis-je en montrant la porte proche, "et cela ne gênera personne. Après, je ne saurais enseigner de recette complexe mais pour les plats simples et quelques pâtisseries, je peux."
Je repris ma guitare, la rangeant dans sa housse en continuant de réfléchir. Oui, un tablier pourrait lui être utile mais a-t-il besoin d'en acheter un pour autant ? Après tout, j'en utilise moi-même et j'en ai plusieurs, car certains de mes "amis" estiment que c'est un cadeau normal à m'offrir à mon anniversaire. J'en ai de plusieurs types avec des bêtises écrites dessus : "don't eat the cook", "master cookie", "Keep calm and be the Masterchef !", "Cocina experimental" ou "Beware : I'm cooking !". Vous voyez le genre, quoi. Bien sur, je ne les utilise pas car je préfère porter des tenues "vierges" de ce genre de chose, qui ne me ressemblent pas. J'en ai donc trois blancs que j'enfile pour préparer mes repas ou faire le ménage.
"Si tu veux, j'ai une dizaine de tabliers que je n'utilise pas. Si tu veux, je peux te les montrer et tu pourrais en prendre un. Tu veux venir voir ?"
Je n'ai pas l'habitude de faire entrer quelqu'un chez moi, à part le jeune maître Garcia parfois, quand il a besoin d'aide pour son repassage, car il n'est pas très doué là-dessus, ou faire du reprisage sur un de ses habits mais mon petit logement est propre, vu que je m'en occupe personnellement, et deux fois par semaine. Ce n'est pas luxueux, il n'y a pas de poster, presque aucune photo, juste une de mois le jour de la remise des diplômes et une de moi avec ma nombreuse famille, prise il y a quatre ans maintenant. Après tout, c'est normal : j'ai peu d'affaires personnelles, je ne peux donc personnaliser un appartement, surtout que j'ignore si j'y resterais encore longtemps.[/color][/color]
Le logement de Tsume était visiblement pas loin, l'occasion parfaite pour apprendre à cuisiner et plus si affinités. Il faut dire que son petit air innocent était assez sympathique à observer, ça me donner envie de la corrompre, mais pour l'instant, on parlait juste de cuisine et d'apprentissage. Elle me dit alors qu'elle ne connaissait pas de recettes complexes, mais qu'elle pouvait au moins enseigner les bases. Faut voir ce qu'elle appelle "bases" aussi, car je n'étais même pas sûr qu'on ait les mêmes. Quoiqu'il en soit, toute leçon est bonne à prendre et la surveillante pris sa guitare pour la ranger dans sa housse. Si on va chez elle, on sera plus posés pour que je lui apprenne quelques petits trucs à la guitare, c'est du donnant donnant. La jeune femme raconta alors qu'elle avait une dizaine de tablier sur elle, me disant même que je pourrais en prendre un. Un cadeau en plus d'une leçon? Décidément, je suis tombé sur le gros lot! Je lui souris alors, lui répondant en la regardant dans les yeux.
-Et bien... un tablier et un cours... Va falloir que je donne quelque chose en retour moi aussi! Oh je sais, je vais cuisiner pour une belle surveillante. On va dire que c'est pour mettre en pratique mes leçons.
Je ris doucement en la regardant. C'était plus ou moins un message pour un dîner aux chandelles avec elle. On installe doucement la chose puis une fois la bonne ambiance présente, on va au vif du sujet. Je la suivis alors, jusqu'à arriver chez elle. Je découvris son logement, plutôt basique, avec quelques photos et peu de personnalisation. Des pièces simples, mais suffisantes pour y vivre. Quelque chose me dit qu'elle n'y passe pas beaucoup de temps, ou que c'est une personne n'ayant pas l'habitude d'avoir de la compagnie, et qui, par conséquent, n'accorde que peu d'importance à la décoration. Est-ce que cela allait m'arrêter? Non. Je m'exprimais en voyant son logement, cherchant à la mettre à l'aise.
-C'est cosy par ici, et bien rangé! Un petit nid douillet. J'ai été ici quelques temps avant de prendre mon propre logement, mais ça reste sympathique! En tout cas, je suis curieux de voir tes tabliers, tu me diras lequel m'ira le mieux. On dira que c'est une séance shopping spécial cuisine!
Je plaisantais à nouveau, toujours d'humeur taquine. Qui sait, peut-être qu'un de ces quatre, je lui ferai le coup du cuisinier sexy, avec juste un petit tablier sans rien en dessous. Je la connaissais depuis peu, mais je suis sûr qu'elle serait embarrassée. Je la suivis donc, me tardant de voir quels tabliers elle allait me donner pour que je puisse les essayer, en espérant qu'elle ait ma taille. Si les tabliers sont adaptés pour elle, cela risque d'être problématique pour ma corpulence.
-Et bien... un tablier et un cours... Va falloir que je donne quelque chose en retour moi aussi! Oh je sais, je vais cuisiner pour une belle surveillante. On va dire que c'est pour mettre en pratique mes leçons.
Je hochais la tête, sans réaliser que c'est de moi qu'il parle. Après tout, je ne suis pas la seule survivante de la double école et il y en a qui sont vraiment très jolies, au point que certains étudiants essayent même de les séduire malgré la différence d'âge. Je dois, in petto, bien admettre que je ne me trouve pas si jolie qu'un humain voudrait cuisiner pour moi.
"C'est un juste retour des choses, si tu m'aides à avoir un niveau correct à la guitare. Et pour le tablier, j'en ai trop, en plus."
Je le conduisis à mon appartement de fonction, qui se trouvait très loin de l'endroit où je m'étains installée pour jouer un peu. Je repliais ma chaise et avec elle et ma guitare, je franchis les quelques mètres me séparant de la porte et l'ouvris entrant et laissant Dwayne me suivra à l'intérieur. Pendant qu'il regarde l'aménagement du salon, je vais poser la chaise pliante dans la cuisine et ma guitare dans ma chambre.
-C'est cosy par ici, et bien rangé! Un petit nid douillet. J'ai été ici quelques temps avant de prendre mon propre logement, mais ça reste sympathique! En tout cas, je suis curieux de voir tes tabliers, tu me diras lequel m'ira le mieux. On dira que c'est une séance shopping spécial cuisine!
Cosy ? Ce mot veut dire quoi ? J'imagine que c'est un compliment positif mais lequel ? Je ne sais pas du tout, mais je ne vais pas le lui demander, ce ne serait surement pas bien vu. Je regarderais dans mon dictionnaire plus tard. Quand au rangement, c'est un peu normal quand on me connaît un minimum. Organisation et propreté vont de pairs avec le fait que chaque chose soit à sa place, non ?
Je sortis donc plusieurs tabliers de cuisine et les lui montrais. Dans ma petite sélection, je ne pris que des tabliers qui lui iront, niveau taille. "don't eat the cook" étiat un tablier blanc d'un genre classique."Beware : I'm cooking !" avait une poche avec grande où l'on peut ranger un chiffon, des gants de cuisine ou de petits ustensiles sur un fond brun. "Do you smell what the Rock is cooking", offert par un fan de catch, était blanc, aussi, et était doté de strap ce qui évitait d'avoir à faire des noeuds pour l'attacher. "Free to cook !" était noir avec les lettres écrites en blanc. Ce quatuor de tenue de protection en cuisine étaient les seuls qui pouvaient lui convenir, et ils lui allaient tous bien, selon moi, mais je dois reconnaître être un "bon public", comme on dit. Je ne suis pas difficile question vestimentaire. En fait, je préfère même les tenues simples aux habits dit sophistiqués, qui sont gênants dès que l'on veut faire autre chose que s'amuser.
"L'un d'eux te convient-il ? Moi, ils me vont jusqu'aux chevilles, presque."
J'exagérais un peu mais c'était de grandes tailles, oui. A croire que la personne l'a prise sans regarder la taille du tablier, un cadeau mal fait en somme. Pas du tout mon genre, même si je n'ai pas souvent les moyens de faire de cadeaux aux autres. Bon, pas de cadeau-objet mais je reste généreuse, évitant de punir un élève sérieux pour sa première bêtise, écoutant les quelques personnes qui viennent me parler de leurs soucis, ce genre de petites choses quoi. Pendant qu'il se décidait sur lequel il allait garder, je sortis une casserole pour me préparer un petit thé.
Je devais bien avouer qu'elle avait raison, c'était un juste retour des choses, même si ça permettait d'amorcer un peu la situation entre nous deux. Nous étions de simples collègues pour le moment, et Tsume avait réussi à piquer ma curiosité. Comment était-elle en dehors du travail? Que se cachait-il derrière ce joli bout de femme? Si ça se trouve, c'est une véritable tigresse derrière ses airs d'ange, graouh. Nous arrivâmes donc à son appartement de fonction, la jeune femme prenant sa chaise et sa guitare avec elle. Pendant que j'examinais son lieu de vie, elle rangea ses affaires.
Sans plus attendre, elle me sortit différents tabliers qui était bien trop grands pour elle et mon choix se porta sur un tablier, celui où il est écrit "do you smell what the Rock is cooking?". Il m'avait fait rire, surtout que moi aussi, je peux être solide comme un roc. En tout cas, ils étaient tous amusant, mais mon choix était déjà fait. Me dirigeant vers elle, je lui fis par de ma décision.
-Je vais te prendre celui avec "Do you smell what the Rock is cooking?" Il me plaît bien. Cependant, je ne le mettrais qu'après ta leçon de guitare. Un juste retour des choses, après tout, c'est moi qui ait proposé en premier de te donner un cours. Et je sais déjà par quoi commencer.
Je lui souris alors, attendant qu'elle prenne sa guitare en main avant que je puisse l'aider avec son instrument. Bon, je ne suis pas un faiseur de miracle, mais je pense que je suis capable de l'aider un minimum pour qu'elle puisse s'améliorer sans trop d'efforts. Au pire, je lui redonnerai des cours, avec ou sans contrepartie. Une fois qu'elle avait l'instrument en main, je lui donnais alors quelques consignes.
-Est-ce que tu peux rejouer ton morceau s'il-te-plaît? "El sol se recuesta" si j'ai bien retenu et prononcé le titre de la chanson. C'est juste pour analyser le placement de tes mains et ta posture en général. Rien que ça, ça peut t'aider à progresser. Alors je t'observerai et quand tu auras fini, je te dirais ce que tu peux faire, et te montrer l'exemple, si jamais tu acceptes que je touche à ton instrument, bien entendu.
Apprendre la guitare, ça ne se fait pas non plus en un claquement de doigts, sauf si on est un prodige bercé par la musique. Pour les gens normaux, il faut de la persévérance et jouer avec d'autres personnes et on avait toute la soirée pour jouer de la guitare et manger en tête à tête. J'ai beau être un professeur séducteur et relax, je prenais quand même mon métier et mon enseignement au sérieux, surtout si ça peut m'aider en retour, comme apprendre à mieux cuisiner.
-Je vais te prendre celui avec "Do you smell what the Rock is cooking?" Il me plaît bien. Cependant, je ne le mettrais qu'après ta leçon de guitare. Un juste retour des choses, après tout, c'est moi qui ait proposé en premier de te donner un cours. Et je sais déjà par quoi commencer.
C'est un choix bizarre mais soit. Et puis, le rock c'est un style musicale après tout et donc, qui peut savoir ce que la musique peut cuisiner ? Si on part ainsi, oui, ça lui va bien. Après, les européens ont des goûts bien étranges en matière de tablier ou même d'habits. Je préfère largement porter des vêtements simples, sans signe de marque, que de suivre "la mode" qui nous fait changer notre garde-robe tous les six mois.
Dwayne insistant pour qu'on débute les cours aujourd'hui, j'acceptais assez facilement. Comme disait mon père : "ne remet jamais à demain ce que tu peux faire aujourd'hui !" Je repris mon instrument et m'installait sur une chaise et lui en laissait une pour s'installer aussi. C'est bien mieux pour faire de la musique là que depuis le canapé.
-Est-ce que tu peux rejouer ton morceau s'il-te-plaît? "El sol se recuesta" si j'ai bien retenu et prononcé le titre de la chanson. C'est juste pour analyser le placement de tes mains et ta posture en général. Rien que ça, ça peut t'aider à progresser. Alors je t'observerai et quand tu auras fini, je te dirais ce que tu peux faire, et te montrer l'exemple, si jamais tu acceptes que je touche à ton instrument, bien entendu.
"Bien sur, et je t'ai déjà laissé jouer avec ma guitare, non ?"
Je refis donc cet air que j'apprécie devant lui, sans montrer la légère gêne d'être ainsi observée par quelqu'un. Enfin, cela ne me troubla pas trop pour jouer mais... c'était étrange tout de même de jouer comme ça, devant une personne. Je comprenais que ce soit stressant, maintenant, pour tous ses chanteurs de monter sur scène : la pression devait être énorme !!! Une fois que j'eus finis le morceau, je lui passais mon instrument à cordes pour qu'il me montre ce qu'il désire m'enseigner pour progresser.
"Tu voudrais aussi prendre ton cours après ? A moins que tu ne doives rentrer manger chez toi, bien sur."
Je lui souris un peu, bien assise sur ma chaise. En disant cela, je me demandais ce que je pouvais lui montrer comme recette, moi. Qu'est ce que j'ai dans mes placards ? Du riz, des pattes ? Oh, pourquoi pas un petit pot au feu ? J'ai ce qu'il faut : carotte, pomme de terre, poireaux, oignons, ails et même un peu de viande ! Oui, allez, on peut partir sur ça. Et puis, vu l'heure qu'il est, ce sera l'heure du repas une fois le plat cuit !
Tsume avait l'air d'être d'accord quand au fait de commencer le cours dès aujourd'hui. Parfait, c'est un échange de bons procédés qui se répètera sans doute. La cuisine ne s'apprend pas en un seul jour et la musique non plus, l'excuse parfaite pour se revoir. Sans plus attendre, elle reprit sa guitare afin de jouer le morceau que j'ai entendu tout à l'heure. Mon expérience, cependant, montrait qu'elle ressentait une légère gêne, peut-être en jouant en face de moi. C'était mignon, même si elle était très douée pour cacher ses émotions, mais il y avait toujours un petit quelque chose qui ne se détecte pas facilement au premier coup d'oeil. Quelqu'un qui n'est pas un adepte de la musique et de l'enseignement ne l'aurait sans doute pas vu, mais ça ne m'a pas échappé. Je décidais de ne rien lui dire, continuant à lui sourire.
Alors en effet, je vois ce qu'on peut corriger. Essaye de te détendre un peu plus, j'ai l'impression que tu es tendue quand tu joues. Laisses toi aller et bercer au rythme des cordes. Un peu comme ça.
Je pris sa guitare et je lui montrais comment il fallait jouer, reproduisant une partie de la chanson qu'elle jouait auparavant. Inconsciemment, j'avais fermé les yeux, connaissant l'instrument sur le bout des doigts. M'arrêtant, je rendis l'instrument à la surveillante, lui répondant le sourire toujours aux lèvres.
-Je n'ai rien de prévu ce soir, on a tout notre temps. Je peux prendre le cours aujourd'hui si tu le souhaites. Je ne suis pas très doué en cuisine, alors je suis sûr que tu sauras m'apprendre quelque chose que je ne connais pas.
Je regardais sa position pour jouer de la guitare, et je ne me gênai pas pour me lever et sans aucune retenue, effleurer sa main pour l'aider à bien se positionner, dans un but strictement professionnel, bien entendu. Même pas moi j'y crois, à ce mensonge. Je voulais surtout voir sa réaction, alors que mon visage regardait dans la même direction que le sien.
-Voilà, comme ça c'est bien. Restes détendue, et ça ira tout seul. Après, il faut aussi de la pratique, mais j'ai confiance en toi là-dessus, tu m'as l'air d'être une femme très sérieuse et rigoureuse dans son travail. Avec de la pratique, tu deviendras douée très rapidement, le reste, c'est surtout des accords et des morceaux différents à travailler. Je pourrais te donner différentes partitions si tu veux t'entraîner, ça ne me déranges pas.
Je la laisse ensuite jouer de son instrument de musique, afin de constater les progrès. Peut-être qu'elle sera moins perturbée, à moins que le contact physique que l'on a eu elle et moi ait provoqué l'effet inverse. Rien que d'y penser, j'avais le sourire en coin qui commençait à venir.
Alors en effet, je vois ce qu'on peut corriger. Essaye de te détendre un peu plus, j'ai l'impression que tu es tendue quand tu joues. Laisses toi aller et bercer au rythme des cordes. Un peu comme ça
"Je m'excuse. C'est de jouer devant quelqu'un, je n'en ai pas l'habitude."
Je trouvais cela d'ailleurs gênant car je n'avais aucun soucis avec Dwayne autrement. C'était visiblement une personne agréable et qui savait mettre autrui en confiance, ce qui n'était pas difficile avec moi. Je ne suis pas du genre à avoir des aprioris avec autrui, sauf ceux des rencontres négatives que j'ai pu avoir avec eux, tel Roger Lestrade que j'avais surpris en train d'essayer d'ouvrir la porte du toit avec un vieux passe du personnel, dont il n'a pas voulu expliquer la provenance, et qui avait menacé de me faire virer si je le "dénonçais". Cela ne lui avait pas épargné dix heures de travail à la cantine pour avoir voulu aller sur le toit et une convocation de ses parents chez le cpe pour avoir volé un badge du personnel. Un badge de l'an dernier, certes, mais un badge qu'il ne devait pas avoir en sa possession. Depuis, je tâche de garder un oeil sur lui, comme sur les autres fauteurs de trouble identifiés, dans l'enceinte de l'école.
-Je n'ai rien de prévu ce soir, on a tout notre temps. Je peux prendre le cours aujourd'hui si tu le souhaites. Je ne suis pas très doué en cuisine, alors je suis sûr que tu sauras m'apprendre quelque chose que je ne connais pas.
"Je pourrais t'apprendre à faire un pot au feu, alors. Ce n'est pas une recette difficile, juste avec une longue cuisson, et ça te sera utile cet hiver."
Il est vrai que ce n'est pas un plat pour cette saison, vu qu'on sort à peine de l'été, mais en hiver c'est agréable un bon plat chaud comme celui-là. Cela faisait parti de ces petites choses que j'ai découvert et apprécié ici. Franchement, je ne comprend pas cette passion pour les hamburgers. Oh, si, je comprend que c'est facile à faire, surtout quand on les achète, mais j'ai apprécié les plats que l'on prépare soit-même. Je regrette d'ailleurs que personne n'ait eu les compétences de Victor pour reprendre son club de cuisine. Je n'y étais pas membre mais j'avais apprécié les deux fois où j'y ai été. et y ai appris une recette inconnue et facile à faire, comme le pot au feu.
Je repris la guitare et me remis à jouer, le laissant me guider à l'occasion, sans trop comprendre pourquoi je rougis faiblement, à un moment où il a seulement effleuré ma main. Après tout, c'était normal qu'il me guide voir prenne ma main pour mieux la positionner alors pourquoi serais-je gênée ou troublée qu'il ne fasse que l'effleurer ? Cela n'avait pas de sens dans mon esprit.
[colror=orange]-Voilà, comme ça c'est bien. Restes détendue, et ça ira tout seul. Après, il faut aussi de la pratique, mais j'ai confiance en toi là-dessus, tu m'as l'air d'être une femme très sérieuse et rigoureuse dans son travail. Avec de la pratique, tu deviendras douée très rapidement, le reste, c'est surtout des accords et des morceaux différents à travailler. Je pourrais te donner différentes partitions si tu veux t'entraîner, ça ne me dérange pas.[/color]
"Oui, je ne vais surement pas jouer tous les jours mais je veillerais à m'exercer plusieurs heures par semaine, je le promet."
Cela me fit sourire car c'était toujours bien d'avoir quelque chose à faire et de ne pas végéter sur un fauteuil à s'ennuyer faute d'avoir une occupation. Et puis si, un jour, je peux regagner ma maison et les miens, ils seront surement heureux de m'écouter jouer, voir de leur apprendre aussi. Je retins un léger soupire en repensant à mes petits frères et à mes petites soeurs. J'espère qu'ils vont bien et s'en sortent malgré les difficultés économiques du pays. Je chassais cette pensée, certaine d'y resonger plus tard et d'essayer de les appeler peut-être. Ce n'est pas évident de vivre si loin de ceux que l'on aime.
A la plac,e je jouais en songeant aux beaux souvenirs que j'ai de mon pays : les couchers de soleil, la lumière de la ville qui ressemblaient à une mer d'étoiles. Le beau jardin rempli de fleurs de maître Gustadores. Je pensais aussi à la neige blanche qu'il y a parfois ici en hiver. Bizarrement, je jouais plus détendue cette fois, oubliant un instant Dwayne assis juste à côté de moi. Je rougis en me rappelant sa présence, juste après avoir joué la dernière note, mais je m'abstins de le lui dire, ce n'est pas très poli surtout qu'il ne doit pas avoir l'habitude alors qu'il s'agit d'un bel homme grand et costaud, le genre qu'on remarque.
"Euh bien. Je te propose que qu'on arrête ici pour aujourd'hui ? Tu pourras toujours revenir un autre jour pour reprendre ce cours, avec un autre morceau si tu veux. Comme cela, on pourra préparer tranquillement les légumes et la viande en ayant le temps que cela cuise pour le repas du soir."
Je me levais et me tournais pour récupérer la house en tissu de ma guitare. J'aurais, bien sur, préféré une rigide mais elles sont bien plus chères. Après, il est vrai qu'il n'a pas eu beaucoup de temps mais je trouve qu'il m'a plus appris que le professeur de musique que j'ai eu quand j'étais élève ici. Il est vrai qu'on apprend plus facilement avec un professeur personnel, comme me l'avait dit maître Gustadores quand il a vu que j'étais un peu choquée que son fils ait des cours supplémentaires et privés à la hacienda. En tout cas, c'était une expérience intéressante et j'espère que Dwayne acceptera de revenir une autre fois. A moi d'essayer de faire pareil maintenant, culinairement parlant.
Le fait que Tsume n'ait pas l'habitude des regards quand elle joue était plutôt mignon. Je dirais même qu'elle n'est pas du genre à vouloir être au centre de l'attention et que c'est une femme réservée. Mon intuition se trompait rarement et je devais bien avouer que ça me plaisait. Dans ce genre de situation, j'étais la personne qui devait l'aider à prendre ses aises, à la rassurer et à faire en sorte qu'elle s'ouvre à moi. La jeune femme suivait mes conseils et on pouvait déjà voir qu'elle faisait des progrès. À ce rythme, son niveau se sera amélioré d'ici un mois voire moins. Une fois que mon cours sera fini, nous passerons donc au cours de cuisine, inversant désormais les rôles et devenant l'élève et elle, la professeure. Hochant la tête, je l'écoute attentivement, la taquinant un peu.
-Avec plaisir, mademoiselle la professeure.
Je gardais un petit sourire en coin alors que les joues de Tsume se teintent d'un léger rouge, ce qui m'amusait beaucoup. Je n'avais fait qu'effleurer sa main et ça a suffit pour la perturber, ça en était presque mignon. Elle m'avait écouté, disant qu'elle n'allait probablement pas jouer tout les jours, mais au moins plusieurs heures par semaine. Rien ne sert de se presser, il faut que ça reste avant tout une passion. Lorsqu'elle rejoue à nouveau, elle semblait moins gênée, mais ses joues retrouvèrent leur teinte de rouge à la fin de son morceau. Cette fois, elle avait réussi à oublier ma présence. Elle commençait à mieux gérer son trac, ce qui est un bon pas en avant. À la fin du morceau, elle proposa d'arrêter, voulant commencer le cours de cuisine. J'approuvais ses dires, lui souriant chaleureusement.
-Avec plaisir! Hâte de me mettre aux fourneaux avec ce superbe tablier. Par contre, je suis beaucoup moins doué en cuisine qu'en musique, donc il faudra me guider. Et ne t'en fais pas, si le besoin s'en ressent, tu pourras utiliser tes mains pour guider les miennes, je ne mords pas, enfin, pas trop fort.
Je lui fis un clin d'oeil suite à ma taquinerie, restant fidèle à moi-même. J'aimais bien charrier un peu les personnes avec moi, surtout les personnes timides. Alors quand la personnes est timide et mignonne, c'est un réel plaisir. Je l'écoutais alors attentivement pour la suite des événements, continuant de lui parler.
-Alors, un pot au feu... je sais qu'il faut des légumes, mais j'ignore lesquels. Et quand tu parles de longue cuisson, tu veux dire combien de temps? Vingt ou trente minutes?
Etant un habitué des plats préparés et rapides, je trouvais que faire des pâtes, ça pouvait presque être long, alors je n'ai pas vraiment de notion de longueur en cuisine. Si ça se trouve, c'est moins long. Ma confidence était un peu partie, maintenant que nous allions cuisiner, mais j'avais envie de voir si la jeune surveillante allait, au contraire, gagner en confiance, au point de me diriger et d'avoir un aperçu de son autorité.
-Avec plaisir! Hâte de me mettre aux fourneaux avec ce superbe tablier. Par contre, je suis beaucoup moins doué en cuisine qu'en musique, donc il faudra me guider. Et ne t'en fais pas, si le besoin s'en ressent, tu pourras utiliser tes mains pour guider les miennes, je ne mords pas, enfin, pas trop fort.
"C'est une question de poignet donc tu devrais t'en sortir. Couper un légume, c'est comme jouer de la batterie."
Je lui fis un petit clin d'oeil en faisant cette comparaison. C'était vrai, après tout, de ce que j'avais pu voir. Dans les deux cas, c'était le poignet qui bougeait et non les bras. Il devrait donc ne pas être mauvais, vu que c'était pareil pour la guitare, par exemple. Le poignet guide la main qui appuie sur les cordes et no le bras qui ne fait que suivre.
-Alors, un pot au feu... je sais qu'il faut des légumes, mais j'ignore lesquels. Et quand tu parles de longue cuisson, tu veux dire combien de temps? Vingt ou trente minutes?
Je posais la guitare contre la commode en le regardant et en lui répondant.
"En ce qui concerne les légumes, cela dépend un peu des gens et des goûts. Moi, je met carottes, pommes de terre et un peu de poireau. Quand on en trouvait, ma mère ajoutait des navets aussi et des champignons. Bon, elle en faisait rarement, tant il était dur de trouver de la viande."
Je pense que je n'aurais pas du dire cela mais c'était la vérité. Si trouver des légumes n'était pas trop difficile, car on pouvait voir de petits potagers dans les barrios. C'était un gagne-pain comme un autre, et plus noble qu'une grandes parties de ceux qu'on pouvait trouver, d'ailleurs dans ma ville natale. Et puis, c'était un plat pour se donner chaud et donc nous n'en faisions déjà que lorsqu'il faisait "froid", un temps qu'on voit plus souvent ici où le mot "froid" a une signification plus grelottante. Je n'avais jamais connu de température aussi basse avant de venir ici, et jamais je n'avais vu de neige !
"Pour le temps de cuisson, il faut compter deux heures, le temps pour que la viande cuise bien et imprègne les légumes. Une demi-heure, c'est plutôt le temps qu'il faut pour bien préparer les ingrédients, qu'on n'a pas besoin de couper."
J'entrais dans la petite cuisine, ils appellent ça une kitchenette je crois, et pris mon tablier blanc, sans inscription, pour l'enfiler d'un geste rapide né de l'habitude. Le nouer se fit sans problème mais je me tournais vers Dwayne, s'il avait besoin que je l'aide à le faire, car faire des noeuds dans son dos n'est pas facile quand on ne le fait jamais. Puis, je lui indiquais où trouver la grande casserole, qui ne servait que rarement vu que maître Garcia vient rarement manger ici, ainsi qu'une cuillère et une spatule. Je mis deux pommes de terre, autant de carettes et un poireau sur la table de travail, avec un oignon et de l'aie, indispensable pour le goût. Je sortie la viande du frigo, que je prend en hachée car c'est moins cher mais qu'on peut "modeler" pour faire un gros morceau convenable.
"Tu penses qu'il y aura assez pour toi et moi ? Tu as bon appétit ?"
Lui demandais-je en me tournant vers lui. J'allais le laisser travailler, nettoyer les légumes, éplucher les patates et les carottes et donner forme à la viande après tout. Il fallait que je sache aussi s'il mange beaucoup ou peu car je n'étais pas du genre à mettre trop, pour éviter le gaspillage, ou s'il fallait rajouter un peu plus de légume. Quitte à ce qu'on se fasse plaisir par un bon repas, autant qu'on ait les bonnes quantités !
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