Un grain de sagesse achève un fou parfait [done]

Niccolò Paganini, compositeur italien de musique romantique. La touche sensuelle de sa musique glissant à travers des notes dissonantes et au tempo prestissimo, c'est ce qui le rend unique, qui rend son art propre. Les "capriccios" sont ses morceaux les plus célèbres. Toute la beauté de cet adagio résonne dans mon coeur...

▬ C'est mauvais ! Recommence ! Presto andare !

Celui qui le fit devenir plus sombre, le voici ! Un père froid, intolérant, le parfait aristocrate italien sans émotions. Je me demande toujours comment ma mère a pu tomber amoureuse d'un homme aussi stupido ! Alors pour ces caprices parce que cela ne lui convenait pas, je jouais encore et encore en me demandant quand le calvaire cesserait et quand je pourrais reprendre ma respiration...La famille Valentini est une des plus nobles familles de Fiorenza ou Florence, pour les intimes elle est appelée la ville des arts et j'ai eu la malédiction d'en faire partie. "Tu es une Valentini, tu dois te comporter comme telle" qu'il me disait quand j'étais une enfant. Alors que je n'avais même pas 12 ans, je fus inscrite dans un conservatoire de musique où j'eus à apprendre le violon, ainsi que le piano ! Tout ça parce que c'est mon père qui en avait décidé ainsi...mais bon pour une fois je me complaisais, puisque la musique remplissait son âme d'une douce chaleur.

Des concours, j'en ai fait à la pelletée et je n'oublierais jamais ce regard froid de mon paternel qui ne trahissait aucun sentiments pour ma personne...moi sa propre fille ! Je le déteste, tout comme je déteste amèrement cette famille. Je n'ai reçu aucun amour, aucune tendresse, mon enfance se résumait à parfaire mon art comme une forcenée sous les coups de canne de mon cher paternel, sous le regard d'une mère impuissante. Frapper un enfant hein...ce n'est tellement rien dans la noblesse...on appelle ça "respecter et apprendre la discipline...". Je passais tout mes étés enfermée dans ma chambre, des bleus sur mon visage, des pansements visibles, de toute façon je n'avais aucun amis alors ce n'était pas plus mal...Personne ne verrait la malheureuse enfant de la famille Valentini. Je pense que padre me déteste à cause de ma couleur de cheveux, je me suis toujours dit que je n'étais pas normale...Madre me dit que je suis née "Albinos". Voilà un bien curieux mot qui ne vient pas du vocabulaire italien...

Mes jours se ressemblaient comme deux gouttes d'eaux, des cours particuliers de langues anglaises par ci, le conservatoire, mes cours de dessin...J'étais la parfaite poupée avec laquelle mon père jouait...A se demander encore si je pouvais prouver mon existence. Ce n'est qu'en atteignant mon adolescence que je commençais à me rebeller, à devenir bien plus instable, agressive...mais ça ne m'empêchait toujours pas de prendre des coups, sauf que mon corps y était habitué à présent. J'ai d'ailleurs pour ma première rébellion cesser de fréquenter le conservatoire, passant mon temps dehors à fumer, à m'évader dans des paysages inconnus et à arborer les coins sinistres de la ville. Je me demande encore et toujours comme c'est possible que je ne me sois pas faites agressée. peut être à cause de mes tenues sombres et de ma différence. Florence est une ville fantastique, et si elle n'était pas l'apogée de la famille, je pense que je pourrais la compter comme le bijou d'Italie.

Comme pour me punir, puisque la canne ne suffisait plus, je dû fréquenter une académie de dessin : Accademia di Belle Arti Firenze 
Là bas on récoltait les plus beaux spécimens, la crème de la crème de l'arte italiano que me disait grand mère. C'était la seule que j'appréciais dans cette ascendance. Difficile par son caractère de croire qu'elle est la génitrice de Caterina & Elio Valentini...c'est surement parce qu'ils étaient frères et soeurs que mes parents ont pu s'aimer....Oui l'inceste ne choque pas dans les traditions italiennes. On dit dans la noblesse que c'est pour avoir un sang pur et non souillé.

Ayant eu le droit à un ultimatum d'être privé de ma liberté, je m'obligeais donc à aller dans cette école où tout le monde me regardait d'un mauvais oeil comme si j'étais  la fille du diable, non pas qu'à cause de mes cheveux mais surtout à cause du bleu irisé de mes yeux qui à la fois choquait et faisait palier d'envie. De par mon air froid et à repousser tout ce qui m'approchait tel un animal sauvage, je me fis la réputation d'une asociale et je restais profondément seule. La première année ça va, mais c'est au bout de mes 16 ans que tout dérapa. Et même si j'essayais de prendre sur moi et de me dire que ce n'était que passager, je savais parfaitement que c'était un mensonge. Les moqueries commencèrent avoir raison de moi, si bien que chaque semaine je voyais un psychologue pour lui raconter mon mal être. Chaque fois que je ramenais une mauvaise note, mon père me coupait les vivres, et je devais faire des pieds et des mains pour arriver à manger ne serait-ce qu'un peu...étant devenue bien maigre à cause de sa méchanceté. Surement que quelqu'un autre que moi aurait pété un câble depuis longtemps et se serait envoyé en l'air...Mais j'accordais bien trop d'importance à la vie, je me disais que ce n'était pas de sa faute ce qui m'arrivait.

▬ Mince alors qui a bien pu faire ça ?  

Puisque les moqueries n'avaient pas assez d'impact, les actions parlèrent bien plus. Parfois je retrouvais mes affaires brûlées, je recevais des choses alimentaires sur mes vêtements, et je devenais le souffre douleur des personnes à leur bon vouloir. Je me promettais intérieurement que je ne céderais pas, quand bien même ils s'y mettraient tous ensemble. Et pourtant je continuais à nier l'évidence, même quand mes professeurs de dessins se rendaient compte de ce qui se passait et qu'ils semblaient être au courant. Je continuais à faire comme si de rien n'était...comme si tout ceci relevait du normal.

Le 25 septembre, fut la date de ma déchéance.

▬ T'aimes ça sale chienne hein haan ! Vas y dis le que t'aime ça !

Je me noyais dans mes larmes alors que mes cris se perdaient dans la pièce froide et sombre dans laquelle je me trouvais ! C'était douloureux, je ne tenais pas sur mes jambes, chaque coups donnés étaient comme un supplice. J'avais mal, mes vêtements gisaient à côté de mon corps qu'on avait pris en tenaille. Ils étaient quatre, et même si j'avais appris à me battre, je ne pouvais rien faire...j'ai essayé de me débattre, de fuir, de crier qu'on vienne à mon secours espérant qu'un professeur passerait par là mais rien n'y a fait. Alors je subissais les sévices de mes agresseurs, frappée, battue, menacée par un poignard. Et même les lacrymales qui coulait sur mon visage, mes supplications ne leur donnèrent pas bon coeur.

Pendant plusieurs heures cet hideux manège comme si j'étais du bétail dura, et quand ce fut enfin la délivrance, mon corps gisait sur le carrelage froid, recouverte de semence. Je me mettais en boule, prenant mes jambes contre moi, pleurant encore et toujours de plus belle ! C'était bizarrement ce que je faisais de mieux...Je me sentais sale, souillée et repoussante...Si mon père me voyait ainsi aurait-il pitié ou continuerait-il de me frapper ? Un rictus mauvais me vint à cette idée, alors que mes yeux me brûlaient.







Une voix chuchotait dans ma tête, alors que je sentais que mon corps tremblait de toute sa hargne. Remettant en place mes vêtements, j'essayais de faire taire cette envie de meurtre qui me prenait mais je n'y tenais plus ! Mon esprit se démena contre une force inconnue ! Je réclamais leur têtes ! Je voulais tous les éventrer, leur faire payer ce qu'ils m'ont fait subir !

Et les voix continuaient de chuchoter dans ma tête comme si quelqu'un était derrière moi à ma pousser dans la direction d'un non retour possible. Sauter par la fenêtre aurait été simple, mais cela ne m'aurait libéré en rien. Le bleu de mon regard devint plus vif, plus luisant et alors que j'apercevais dans la cour, l'homme qui possédait le poignard, je me jetais sur lui pour l'étrangler, serrant de toute mes forces, et l'empêchant de respirer, alors qu'il se débattait et tenter de hurler. Récupérant l'arme et afin de m'assurer qu'il ne sortirait pas rescapé, je lui coupais la carotide, me dirigeant dans le bâtiment. Chaque élèves que je croisais fut poignardé, éventrer, la carotide coupé, les cris d'effrois sonnaient à mes oreilles comme une belle symphonie. Je riais de ce massacre, je jubilais de voir leur regards me suppliant !

▬ Parce que tu étais compatissant à ma douleur toi ? Je ne crois pas...

Au bout du compte quand je pu reprendre mes esprits et que je réalisais ce que j'avais fait. Je m'écroulais hystérique sur le sol ! La polizia arriva bien plus tard après l'appel désespéré d'un professeur survivant, découvrant le massacre. Je fus arrêtée, prise en garde à vue où je passais mon temps à leur expliquer ma peine mais aussi mon pétage de plombs soudain. Je fus enfermée pendant deux semaines dans un hôpital psychiatrique sous camisole comme si on s'imaginait que j'allais à nouveau péter un cable. La joie de vivre avait quitté mon être, parfois il m'arrivait de me dire que me suicider serait quelque chose d'agréable. On me m'en laissa jamais l'occasion malgré mes nombreuses tentatives....

Pour faire table rase de mon passé et parce que je n'étais définitivement plus une Valentini, je demandais à ce qu'on me coupe les cheveux comme une faveur....ce qui fut douloureux et difficile vu à quel point je tenais à la longueur de ces derniers. C'était pour moi une sorte de rédemption...En regardant mon dossier, et tout ce que j'avais traversé, je fus exemptée de justice, à condition d'intégrer un programme bien spécifique dans une académie anglais pour les personnes de mon acabit. Je signais avec regrets les conditions, et comme pour m'interdire à nouveau une double personnalité, on m'obligea à porter un bandeau noir sur les yeux, à me forcer à marcher avec, et à vivre ainsi, le regard caché aux yeux de tous.

Ce ne fut pas sans peine, mais une fois prête à accepter ma nouvelle existence, laissant derrière moi mon nom, ma fierté, mon adolescence, je montais dans le fourgon blindé qui se dirigeait vers Londres, regardant une dernière fois derrière moi ce pays que je ne reverrais sans doute jamais.