Ici c'est moi qui mène la danse [Ouvert à tous]

Pourquoi un concert ? Oh, il ne peut pas lui gâcher la surprise, ça fera sans doute la une de la moitié des magazines, si ce n'est tous, et il aura probablement aussi droit à un petit passage à la télé. Au moins, la petite pomme aurait son heure de gloire indirecte, il n'aurait aucun mal à acquiescer si elle allait dire à tout le monde qu'elle avait écrit les paroles.

» Tu verras. Ça devrait passer à la télé. Raison de plus de t'appliquer, pas vrai ?

Il lui offre un petit clin d’œil avant de regarder les doigts fins de la jeune fille se refermer sur le verre, presque sur les siens. Sourire. Bien, il a sa confirmation. Il sort donc son téléphone pour préparer un message avec deux pièces jointes : une musique créée à la va-vite par un gars dont il a oublié jusqu'au visage, et une description rapide de ce qu'il imagine. Puis il lui tend son portable.

» Je te laisse l'envoyer à ton numéro.

Et avec ça, son petit coup d'éclat sera prêt à voir le jour. Est-ce que ça sera suffisant pour contrer la force de son envie de sauter dans le vide ? Probablement pas. Mais ça lui fera du bien et, après tout, c'est tout ce qui compte dans la vie. Comme le joint qui atterrit entre ses doigts après un doux murmure à son oreille. Son sourire s'élargit un peu sans qu'il en ait vraiment conscience et il remercie sa petite japonaise d'un signe de tête et d'une petite caresse à une de ses mèches noires avant qu'elle ne s'éclipse dans la foule et qu'il reporte son attention sur la petite pomme.

» Merci beaucoup, ma jolie. Je te laisse t'amuser, n'hésite pas à venir me voir si tu veux découvrir d'autres choses que l'alcool.

Une expression tendancieuse sur ses traits, il pose ses doigts sous le menton de la jeune fille pour relever son visage et en approcher le sien ; mais ses lèvres ne se déposent que sur sa joue, dans un baiser chaste mais pour autant provocateur. Et c'est sur un nouveau clin d’œil qu'il récupère son téléphone. Bien. Il a la raison principale pour laquelle il a organisé sa soirée. Et maintenant ? Avec un petit soupir désabusé, il chasse l'eau de ses mèches blondes avant de lever négligemment sa main jusqu'à son épaule pour que le premier gars qui passe vienne approcher un briquet de ses doigts, et lui permettre d'inspirer la fumée qu'Eri y a glissé un peu plus tôt. Alors qu'il ne promène sans trop savoir quoi faire dans sa foule d'invités, son regard s'attarde sur Emily et il interrompt un instant sa marche, avant de s'approcher d'elle.

» Emily ? Je peux te demander un service ?
» Qu'est-ce qui se passe ?
» Tu peux... parler un peu avec Eri ? Elle a pas l'air bien.
» Pourquoi tu y vas pas, toi ?

Il hausse un sourcil comme si la réponse était évidente, apportant le joint à ses lèvres avant d'expirer la fumée dans un soupir théâtral.

» Moi ? Ce n'est pas vraiment mon rôle, je suis plus branché destruction que réconfort, je te rappelle.
» Oui, mais...
» Tu sais bien ce qui se passe quand on laisse des gens brisés trop longtemps près de moi.

Elle frissonne, il le voit bien, mais il fait semblant de ne pas le remarquer. C'est aussi de sa faute si elle réagit comme ça à ce genre de commentaire. S'il ne lui avait pas crié dessus, ce jour-là, peut-être qu'elle aurait pu se reconstruire. Mais il n'est pas doué pour reconstruire les gens.

» Elle a peut-être juste envie d'être avec toi.
» Ne dis pas n'importe quoi. Personne n'a vraiment envie de ça. Écoute, tu veux être psy, non ? C'est le bon moment de t'entraîner.
» Je le fais déj... à avec toi.

Mais il est déjà parti sans l'écouter davantage, comme toujours. Et alors qu'elle soupire, désabusée, il est déjà reparti se mêler à la foule. Bien sûr qu'il a remarqué qu'Eri va mal, mais il est bien trop intimement persuadé de ne rien pouvoir lui apporter de bon pour ne serait-ce qu'essayer. Il est déjà si proche de la pousser dans le vide, il a déjà frôlé ça de si près... il n'ira pas lui apporter le coup fatal. Pas encore une fois...

Ses doigts se referment sur le verre d'une personne au hasard, qu'il entend vaguement protester sans y prêter attention. Il l'apporte à ses lèvres, grimace un peu. Il y a plus de sucre que d'alcool, là-dedans. Soupir. Il jette le gobelet par terre et laisse le mauvais mélange se répandre sur les dalles immaculées de la terrasse de son père avant d'aller directement du côté du bar qu'il a installé sur la moitié de la largeur de la piscine pour se servir un verre. Presque plus de whisky que de jus de pomme, c'est comme ça qu'on fait un cocktail. Après un instant d'hésitation, il en prépare un deuxième, moins chargé. Il trouvera bien quelqu'un à qui l'offrir. Il a besoin de penser à autre chose. Autre chose que son père, que ses mauvais souvenirs et que ses cauchemars. Les rappeler à Emily a été un sacré coup à double tranchant.

Il vide presque son verre d'un trait avant de s'en servir un nouveau. Bon, il a toujours deux verres. Trouver quelqu'un. Fumer, boire, coucher, c'est comme ça qu'il résout ses problèmes. Peut-être même plus. Il y a sûrement d'autres drogues qui circulent dans la soirée, non ? Il faudra qu'il fasse un tour plus tard, il a fait en sorte d'appeler les bonnes personnes. Pour l'instant, son regard parcourt la foule à la recherche de quelqu'un qui réussira à l'accrocher. De préférence quelqu'un de seul comme... ce gars, là-bas. C'est son imagination, ou il a les mains vides ? C'est presque un crime, chez lui. Secouant la tête d'un air désabusé, Damen coince son joint entre son annulaire et son petit doigt avant d'attraper les deux verres par le haut et de s'approcher de la silhouette solitaire. Il se glisse derrière lui et présente le cocktail le moins chargé près de son visage, par-dessus son épaule.

» Règle n°1 : si tu viens à une de mes soirées, tu ne restes pas les mains vides.

À quoi bon venir pour ne pas boire, après tout ? Ce serait comme aller au restaurant pour ne pas manger.

Il en faut parfois peu pour décider qu'on apprécie quelqu'un. Par exemple, cette façon désinvolte de refermer ses doigts sur son verre sans même sa retourner. Bon, il a sursauté, ça casse un peu l'effet très sûr de lui que le reste aurait pu donner. Mais il faut dire que le roi de la soirée s'est glissé dans son dos sans prévenir, c'est le genre de choses qui attire une réaction comme celle-ci. Sa répartie, par contre, est intéressante, assez pour que Damen affiche un petit sourire amusé. Regarder au hasard dans la foule a des avantages.

» Mon regard semble s'être attardé une seconde de plus sur toi que sur les autres.

Il ne peut pas faire plus simple comme réponse, tandis qu'il le laisse prendre pleinement possession de son verre pour pouvoir récupérer son joint et le porter à ses lèvres. Sans même chercher à le cacher - pour quoi faire ? surtout qu'il lui tourne toujours le dos - Damen laisse son regard s'attarder encore plus longtemps que ce qu'il a prétendu, descendre la ligne de sa nuque, de son dos, de ses fesses et de ses jambes. Très vite, un petit sourire approbateur remplace son air amusé original. Pas mal. Vraiment pas mal. Et sacré sens du style, même si ça n'est pas quelque chose qui l'intéresse tant que ça. Les vêtements l'intéressent plus par leur absence que par leur présence.

Il mentirait en disant que la vision qu'il obtient une fois sa trouvaille du soir face à lui est moins agréable. Son expression ne disparaît d'ailleurs pas de ses traits, accompagnée d'un haussement de sourcil intéressé qu'il ne cherche pas vraiment à faire disparaître. Calmement, il tourne la tête le temps d'expirer sa fumée ; non sans percevoir du coin de l’œil le regard posé sur lui. Ne poser de règles que pour avoir une excuse ?

» T'as tout compris.

C'est amusant de voir que même un parfait inconnu le connaît assez, lui ou sa réputation, pour savoir que l'entendre mentionner une règle est quelque chose d'anormal. Il faut croire qu'il a envie d'être contradictoire, aujourd'hui. La petite pomme l'a jugé trop classique pour ses habitudes, sa nouvelle trouvaille lui fait remarquer qu'il n'est, en temps normal, pas de ceux qui s'intéressent aux règles... Est-ce qu'il est en train de perdre son attitude ordinaire, ou au contraire de l'alimenter ? Être imprévisible est un peu sa signature, après tout. Ça, et aussi, bien évidemment, ce petit côté un peu trop rentre-dedans.

» Certains invités ont un... intérêt à ce qu'on se glisse derrière eux.

S'il veut jouer sur les sous-entendus, Damen n'a pas l'intention de se priver de faire de même. Ça ajoute de l'intérêt à la conversation, et ce qu'il vient de dire n'est pas absolument faux - au sens propre comme au sens sous-entendu. Il regarde leurs verres s'entrechoquer puis porte le sien à ses lèvres, savourant la brûlure de l'alcool dans sa gorge. Plus lente, moins radicale que son verre précédent, mais pas pour autant moins agréable. Nonchalant, il fume une nouvelle taffe puis écarte le joint de ses lèvres.

» Tu en veux ?

Pourquoi pas, après tout. Il n'a pas la moindre idée du genre de personne à qui il s'adresse, à part que ça a l'air d'être un gars un peu provoc' et amateur de sous-entendus, ça vaut donc la peine de tester les limites qu'il a moyen d'atteindre. Pas beaucoup de limites, de préférence.

C'est qu'il a de l'audace, avec ses effleurements désinvoltes et ses commentaires qui le sont tout autant. Il lui rappelle presque lui, à ses débuts, quand il a commencé à prendre le contrôle de son image pour obtenir ce qu'il voulait. Une volonté intéressante, un petit commentaire que Damen laisse flotter dans l'air en attendant le moment opportun pour y répondre tandis qu'il porte sa boisson à ses lèvres. Un baiser indirect, dit-il. Il y a deux lettres de trop dans ce mot... Mais c'est vrai que ses lèvres se font plus tentantes, quand on se permet d'y attarder son regard.

Sa deuxième remarque fait briller un éclat de malice dans ses yeux verts et il laisse un petit rire franchir ses lèvres avant d'y rapporter le petit tube de papier. Joueur, il le fait rouler un instant sur sa lèvre inférieure ; la malice prend une allure plus sensuel, que ce soit dans ses prunelles ou dans l'étirement de son sourire. Son verre, négligemment retenu du pouce et du petit doigt de la même main, se fait presque encombrant. Mais il a besoin d'une main libre.

» Je n'arrive pas à savoir si c'est audacieux ou naïf de prétendre que c'est celle que je préfère.

Oh, il a très bien entendu ce petit "l'une de" juste avant, mais un jeu où on ne peut pas changer les paroles de son interlocuteur à son avantage manque un peu de piment. C'est avec désinvolture et nonchalance qu'il cesse son petit manège et se permet enfin d'aspirer un peu de plaisir aérien dans ses poumons, pendant que son regard, lui, s'autorise une visite non dissimulée du corps face au sien pour ne s'attarder sur son visage qu'une fois son exploration terminée. Son sourire n'a pas bougé. Plus sensuel, peut-être, ou bien n'est-ce qu'une lueur de satisfaction ? Il laisse un peu de fumée s'échapper du coin de sa bouche, écarte verre et cigarette de son visage et laisse un petit instant de flottement s'écouler avant de s'approcher d'un petit pas.

Comblant la petite différence de taille qui les sépare, il se penche en avant tandis que sa main libre referme doucement ses trois premier doigts autour du menton du brun. Quand leurs lèvres se rapprochent, sans s'effleurer pour autant, il glisse entre les siennes les quelques volutes de fumée qu'il n'a pas encore laissées échapper. Éclat de provocation dans le regard, le geste, la posture, la proximité. Il a bien envie de jouer un peu avec la flamme qui se cache derrière ce visage d'ange.
Et s'il se brûle au passage, il n'en sera que plus satisfait.

» Est-ce un baiser indirect à ton goût ? Bien que je ne sois pas de ceux qui s'en contentent...

Pourtant, il ne bouge pas. Il se contente de river ses yeux au sien. Un défi simple et sans fioriture brûle dans ses prunelles d'émeraude. Quand on joue avec le diable, il faut être prêt à faire soi-même le pas pour sauter dans le vide.

» Et toi ?

Mais rien n'empêche de jouer un peu sur la tentation. Bien évidemment.

Répondre aux questions directement, n'est-ce pas la manière la moins amusante de le faire ? S'il vient seulement de piquer sa curiosité, il serait dommage de ne pas lui laisser la place de s'installer de de venir titiller son imagination. Et puis, ce serait trop facile. Les regards ont parfois plus de poids que les mots. Alors il se contente d'un petit sourire énigmatique en laissant ses yeux explorer encore un peu le corps face au sien, aspire cette fumée qui, quelques instants plus tard, finit sa course dans une délicieuse provocation, en se glissant entre les lèvres impertinentes qui pensent pouvoir lui tenir tête.

Sans écarter ses doigts de son menton, Damen se délecte de la réaction réveillée par son petit jeu. Le petit instant d’absence dans ses yeux sombres qui a éclipsé malice et défi pour la chaleur de l'instant présent. Les frissons qu'il voit se dessiner sur sa peau. Une rupture dans le calme maîtrisé qu'il lui oppose depuis les premières paroles échangées. Le mot qui finit par franchir les lèvres du brun résume parfaitement ses pensées. Oui, exquis... assez pour qu'il ait envie de continuer son jeu, de voir plus de fissures se tracer dans l'assurance qui lui rend son regard. Il a très, très envie de le voir perdre une nouvelle fois l'air si charmeur qui reprend déjà ses droits.

Cependant, il doit bien admettre que cette approche lente et contrôlée est tout aussi attirante, une manière délicieuse de retourner sa tentation contre lui. Il reste calme en apparence, fort d'une maîtrise de lui-même forgée par l'expérience, mais sa respiration se creuse sous le poids d'une anticipation qui ne trouve pas son point final. La légère frustration dans ses yeux disparaît bien vite, remplacée par une lueur prédatrice qui s'accentue en même temps que son sourire lorsqu'il sent sa langue jouer avec son index. Évidemment, ça aurait été trop facile. Damen ne perd pas son sourire brillant de satisfaction, même lorsque ses propres dents viennent un court instant s'emparer de sa lèvre inférieure, réaction qu'il concède à ce geste si attrayant. Ce gars lui plaît de plus en plus. Il réveille un instinct de chasseur qui ne fait que rendre tout ça plus intéressant.
Oh, il a tant envie de jouer avec lui, maintenant...

Le blondinet savoure l'adrénaline qui s'invite dans ses veines comme une drogue en écoutant la fausse prétention qui ose remonter jusqu'à ses oreilles. Un privilège ? Peut-être n'est-il pas si loin de la vérité. Sentir sa répartie mourir contre ses lèvres n'est sûrement pas donné à tout le monde, mais il ne lui offrira pas cette petite victoire. Aussi tentantes soient les lignes délicates qui ont l'audace de lui résister, elles n'ont pas l'attrait de la provocation qui les accompagne. Il se contente donc d'un petit rire, témoin infaillible d'à quel point cette situation lui plaît et l'amuse, et s'approche sensuellement de son oreille pour venir y susurrer.

» J'ai bien quelques idées... mais ce serait répondre trop vite à ta première question.

Malicieuse, sa langue s'invite sur le lobe qu'elle vient gentiment titiller avant de se rétracter. Question d'équivalence, bien entendu, quand bien même l'envie de la passer dans son cou est belle et bien présente. Mais il n'aurait pas cette réputation s'il cédait si facilement à ce genre de pulsion, c'est donc son souffle seul qui vient réchauffer la peau dénudée, si tentante, à laquelle il a bien l'intention de goûter. Plus tard.