Un gout sucré, particulièrement amer [Rp Solo - Anniv Lulu]

C'est un jour comme tout les autres...
Il n'y a rien qui change, car pourquoi en serait-ce autrement ? Qui a dit que fêter son anniversaire était une obligation ? Et pour quelle raison le ferais-je moi qui n'a jamais mérité de vivre ? Non, les créatures comme moi n'ont pas cette place dans la société. Mon père adorait me dire cela, me rappeler que je ne suis rien, qu'un grain de sable dans un vaste océan...

"Joyeux anniversaire Lucia" ... "Bon anniversaire Valentini"
C'était devenu le discours que j'avais entendu toute la journée, m'obligeant à esquisser un sourire presque forcé. Car il n'est ni bon, ni joyeux. Cela fait 18 ans que je vis encore, que je suis là à souffrir le martyre de ma pitoyable et misérable existence. Pourtant, les choses avaient changées en si peu d'années. Comme si j'étais un auteur qui présentait un roman, un récit de sa propre aventure. Il y avait eu des choses fantastiques, des choses formidables qui m'ont fait comprendre que ma vie n'est pas aussi insignifiante qu'on essayait de me le faire penser.

Il y a Lys' qui m'apporte un peu plus de joie et d'envie de vivre chaque jour...Seulement depuis que je vais mal, que mon état a empiré, on ne se voit plus beaucoup...Je suis obligée de rester loin de lui, pour pas qu'il n'y ait de nouveaux incidents. Il est comme toujours, particulièrement occupé par sa carrière, son groupe et ses fans, ses concerts. Je ne peux lui en vouloir après tout, je ne suis qu'une équation bien désordonnée dans une part de sa vie ! Et puis je n'ai pas une importance capitale dans son monde. Loin d'être la sinéquanone qui le rendra heureux. Non avec moi jamais il ne le sera...Je ne comprends toujours pas pourquoi il reste à mes côtés, pourquoi est-ce qu'il se soucie de mon piètre sort ? Que je disparaisse demain ne changera rien. Il a bien vécu avant de me connaître alors pourquoi il en serait autrement ?

Ouvrant la porte de mon lieu de vie, envie de me plonger dans un cocooning d'excellence, je me trainais tout de même jusqu'au frigidaire de la pièce, après avoir laissé lourdement mon sac de cours s'écraser sur le sol. Cette chambre est toujours aussi peu agréable à vivre, mais je m'y fais...J'avais fini par m'habituer. Je n'oublie pas la promesse que Lys' m'a faites, même si je sais qu'il l'a peut être oubliée. Devrais-je lui en vouloir ? Nullement...Je ne me le permettrais pas. Et puis ce n'est pas grave, car je doute que cela changera quelque chose. J'avais fini par m'habituer à ce quotidien morne et à cet habitacle très austère.

Il y avait à l'intérieur du compartiment, un mini gâteau que j'avais confectionné moi même la veille, car quand bien même je ne fête pas mes anniversaires, j'ai mon rituel. Celui de souffler une unique bougée posée sur la crème pâtissière. Je n'étais pas une exquise cuisinière, probablement loin d'une femme à marier même, mais je me plaisais au moins à préparer ce que j'aime le plus, à ce pêché mignon qui me fait et me fera toujours défaut. Enrobée d'un sucre désirable, les fraises dansaient sur le fraisier comme des amourettes de passage dans un bal des plus exhaustif. Mes pensées se dirigèrent d'ailleurs vers celui que j'avais vécu quelques mois plus tôt encore. Le rythme cardiaque de mon coeur s’accéléra. Encore un souvenir que je refuse d'oublier....et pourtant n'est-ce pas ce qui risque de m'arriver avec ma folie qui n'est point passagère ?

Cela m'effraie, mais s'il doit en être ainsi, je ne veux plus rien regretter.
Posant le mini gâteau sur ma table basse, je me mettais devant ce dernier, alors qu'instinctivement mon attention fut concentrée sur la flamme de la bougie que je venais de faire briller en frottant une allumette.

▬ Hé voilà Lucia, tu as 18 ans aujourd'hui....Tu deviens une adulte...

Qui s'éloigne petit à petit de tout ce qui faisait son bonheur.

▬ Joyeux anniversaire....?

Difficile de se le souhaiter soi même. J'avais espéré pouvoir partager ce moment avec le garçon qui fait battre mon cœur, mais je sais parfaitement que ça lui est impossible, et surtout, je ne veux pas l'embêter. Il a probablement oublié, pourquoi est-ce qu'il s'en souviendrait ?

C'est dans une ambiance tamisée, loin des regards, loin de ses moments de fête que je vivais mon passage à l'ère d'une grande personne, l'amertume, l'acidité du fruit collant à mon palais pour me rappeler que la solitude a toujours été ma plus grande partenaire.