[Event Saint-Valentin] Scénario Melody-Naomi

Je patientais, assise sur un lit, habillée d'une jolie robe blanche, légèrement semblable à une robe de mariée, laissant mes épaules nues et couvrant mes jambes de froufrous. Je dois dire que ce n'était pas vraiment mon genre mais je trouvais l'idée amusante. Vous vous demandez sûrement comment je me retrouvais dans cette situation. Non, non je ne me marie pas. C'est simple : les choses ne s'étaient pas passées comme nous le pensions en nous inscrivant pour cette événement de la Saint-Valentin organisé par la ville de Londres. Nous avons eu rendez-vous devant une imposante tour et après quelques consignes, j'ai été séparée de ma bien-aimée pour être consignée en cette chambre que l'on croirait tout droit sortie d'un conte de fées. Une véritable reconstitution de conte. Je crois que je n'ai plus qu'à attendre ma dulcinée en armure blanche sur son cheval de la même couleur. Je comptais cependant bien venir en aide à ma princesse charmante et si je n'avais pas les cheveux assez longs pour la faire grimper comme Raiponce, je trouverais bien un moyen de sortir de cette chambre au moins. Je jetais un coup d’œil par la fenêtre, observant les alentours avant de me mettre en quête d'un moyen de sortir.

J'avais fait le tour de la pièce d'un air détachée - au cas où le "dragon" sensé me garder m'épierait- mais aucune brèche dans la sécurité ne me laissait le loisir de m'enfuir. Je m'étais alors résolue à attendre sagement dans ce lit digne d'une reine que Naomi arrange les choses. Naomi arrange toujours les choses. Le temps défilait comme défile les moutons cotonneux dans la voûte céleste. L'attente est certes des plus agréables mais j'en eus vite marre après une quinzaines de minute d'attente. La patience était un de mes forts mais je ne comptais pas passer un jour si spécial loin de ma blondinette. Les monstres ne viendraient pas faire barrage à ma détermination. Cette porte non plus ! Je me levais, mon regard défilant sur la pièce et procédant à une nouvelle inspection des lieux. Il ne me fallut que peu de temps pour trouver de quoi m'octroyer une petite balade : je finis par trouver un crochet sommaire. Ce n'était pas le meilleur des outils pour moi mais ça ferait sans doute l'affaire. Je m'affairais dès lors sur le panneau de bois.. Allez.. Mince... CLIC.

Le cliquetis de la porte et son apparente impassibilité avait laissé place à un couloir peu éclairé qui semblait donner sur un escalier. Non, plutôt deux. En effet, l'un d'eux progressait vers les hauteurs de la tour vers ce qui semblait être son sommet tandis que la seconde volée de marche s'enfonçait dans les profondeurs vers la sortie. Je m'approchais des deux options qui s'offrait alors à moi : il était plutôt évident que les hauteurs ne me permettraient en aucun cas de rejoindre ma bien-aimée, d'autant plus que, si les informations remises sur ce parchemin étaient exactes, j'avais des chances d'y rencontrer le dragon. Après tout, nous sommes dans un conte de fées alors à toute princesse et chevalier son dragon. Je relevais donc ma robe avant de commencer à dévaler les marches dans un silence tout relatif. Je ne savais pas quels étaient les dangers tapis en ces lieux mais si on avait pris la peine de m'aider à m'enfuir, je doutais que le chemin vers ma dulcinée soit dénué d'embûche. La première qui vint se présenter à moi fut la pente de la descente combiné à ma robe. En effet, je manquais à plusieurs reprises de chuter et il ne fallut pas longtemps pour que cette tentative d'accident en devienne un véritable. Je me prenais le pied dans ma robe en descendant une marche et tomber sur mes fesses quelques marches plus bas. C'est pas possible.. Quel idée de mettre autant de marche et de faire porter une telle robe.. Omets-t-on toujours la scène où la princesse abandonne toute grâce et toute prestance pour chuter comme une idiote? Il semblerait. A moins que je ne sois la seule à subir ce sort.. Heureusement Naomi n'est pas là pour se moquer de moi... Bon.. Je me relevais sans trop de difficultés et je reprenais mon exploration, bien décidée à laisser derrière moi cette mauvaise péripétie et retrouver ma Naomi.

Des marches, des marches, encore des marches et aussi toujours des marches. Je soupire à en fendre l'âme. Non seulement, les marches ne sont plus vraiment mes amies depuis ma mauvaise chute quelques minutes auparavant mais il faut rajouter à ça que ma robe continue de faire des siennes et de tenter, fourbement, de me faire chuter. Dis donc.. A force de descendre autant de marches, je dois m'avouer étonnée de ne pas être arrivée au bout de cette aventure. Je crois même que si je continue à arpenter ces escaliers, je vais finir par trouver le noyau terrestre. Je m'arrête, excédée par cette descente qui n'en finit pas, quand je note sur le côté un couloir. Sombre, peu engageant. L'apanage de chaque donjon de livre fantastique mais... une orbe bleutée voltige dans cette dernière. Que diable est-ce donc? Naomi aurait-elle trouvé la lampe bleue de Link pour explorer le donjon? Quelle référence dans ce cas.. Je m’appesantis sur ma trouvaille avant de comprendre qu'il s'agit d'un feu follet et aussitôt la créature identifiée, voilà que d'autres surgissent du couloir, déambulant comme un essaim d'abeilles. A l'unique différence que l'idée de suivre un essaim d'abeilles ne me viendrait jamais à l'esprit... Devrais-je suivre cette créature et ses congénères...? Je jette un regard dans l'escalier : ce dernier semble continuer à descendre jusqu'aux abysses de l'enfer lui-même. Je hausse les épaules avant de faire un pas vers le dangereux couloir. Quitte à avancer autant suivre les panneaux indicateurs, fussent-elles des lucioles brûlantes. Tiens je vais l'appeler Firefly celui-là pour la peine..

Malgré les risques que cela impose, je suivais Firefly et ses amis dans leur progression, comptant sur ceux-ci pour faire reculer les ténèbres à chacun de mes pas et guider mes pas. Enfin s'ils me guidaient dans la bonne direction : une toute autre question. Mon objectif n'avait, en effet, pas quitté mon esprit et Je jetais des regards de part et d'autre pour trouver un moyen de descendre. Naomi se trouvait un peu plus bas et je ferais tout ce que je peux pour la rejoindre en temps et en heure. Je ne pouvais décemment lui laisser faire tout le travail. Certes, c'était normalement le rôle du chevalier de délivrer la princesse mais ce n'était pas une raison pour faire comme toutes ses princesses de jeux vidéos - que j’exécrais au possible pour leur manque d'initiative - et me tourner les pouces. Peut-être même que je le rejoindrais la première? J'imaginais déjà sa surprise et sa joie de me retrouver bien plus haut que prévu. Je n'eus cependant pas l'occasion de jouir plus longtemps de cette image et de cette pensée qu'une voix familière vint à me tirer de mes songes.

Arrête-toi ! Il y a des pièges !

Je stoppais net mon avancée dans le couloir pour chercher la source de cet avertissement. Est-ce mon esprit qui me joue des tours? Je continuais de plisser les yeux pour essayer de remarquer la présence de la demoiselle sans succès lorsque mes yeux vinrent à se poser sur le trou  béant qui s'étendait quelques mètres devant moi. Un trou que j'aurais emprunté à coup sûr si personne n'avait mis en alerte mes sens. Je remerciais intérieurement Naomi de m'avoir évité une chute douloureuse avant de détourner les pas. Je ne passerais pas par là. Firefly en était capable mais je ne me voyais aucunement faire de même lorsqu'un bruit lourd vint à retentir non loin de moi. Je fis volte-face pour identifier la cause de ce son lorsque des bras que je connais si bien, un parfum que je chéris plus que tout, un contact qui fait vaciller mon cœur s'impose à moi. C'est elle, je n'ai pas besoin de plus pour le savoir. Je glisse doucement mes bras autour d'elle avant de déposer un petit baiser sur son cou et lui murmurer quelques mots.

-"Tu es là... Je t'ai cherché partout.."

Certes ce n'est qu'un jeu mais au fond de moi, je ressens la même allégresse que celle qui doit gagner le cœur de la princesse qui retrouve son promis. Je ferme les yeux avant de déposer mon menton sur son épaule et me laisser aller. Nous avons tout le temps de redescendre mais un instant comme celui-ci se savoure..

- Enfin je te retrouve.

Ce n'est que quelques mots  mais ils me font un plaisir difficile à mesurer, je pense même qu'un frisson vient traverser l'ensemble de ma peau à cette simple pensée. Certes, nous ne sommes séparées que depuis quelques heures tout au plus - impossible d'avoir une bonne appréciation du temps dans des conditions pareilles et sans aucune fenêtre pour jeter un regard au firmament - mais je comprends mieux que quiconque ce sentiment de manque. Elle m'a manqué. Atrocement. Une pensée m'effleure l'esprit et m'emplit de joie : c'est assez drôle avec du recul de me rappeler que fut un temps elle ne pouvait pas m'exprimer autant d'affection, qu'elle puisse avoir autant de doutes à notre sujet, qu'elle puisse m'avoir repoussée alors que je lisais dans ses yeux et dans mon cœur l'évidence. Les choses ne sont décidément plus les mêmes. Elle n'est plus la même. Je ne suis plus la même. Nos cœurs ne font plus qu'un.  Elle et moi sommes une famille désormais. C'est avec un sourire satisfait et emplie de tendresse ainsi qu'une petite pointe d'humour que je me décolle tout doucement de mon chevalier servant.

-"Un peu de calme chérie.. Tout va bien.. Qu'est-ce que ça serait si je devais aller faire les courses toute seule.." fis-je en un murmure alors que ses lèvres se déposent tendrement sur mon front.

Je crois que ma supposition n'a pas besoin de réponse :je sais très bien qu'elles sont les ravages de mes absences à force de les voir chaque soir. Les choses seront plus simples à partir du mois prochain avec la fin des préparatifs pour la fin de l'année - j'ai tenu à ce que tout soit préparé à être mis en place bien en avance - ainsi que ma retraite professionnelle officielle. Je chasse cependant ces pensées de mon esprit d'un revers en constatant qu'il nous faut reprendre notre progression. J'aurais tout le temps de m'imprégner d'elle et de la serrer contre mon cœur après notre libération.

- On doit redescendre... fit-elle tout en glissant sa main dans la mienne.

Je répondis d'un simple geste de la tête, bien consciente de l'urgence de la situation. Je jette un coup d’œil derrière elle afin de m'enquérir de la taille de ce trou à surmonter avant de me raviser aussi sec: j'ai beau ne pas être si mauvaise que ça pour du saut en longueur, je préfère en pas tenter le diable et avec cette robe, ce saut est un raccourci vers les enfers. Littéralement en considérant que je ne vois même pas le fond de l’abîme béante qui nous sépare d'une potentielle échappatoire.

- Il faut trouver un nouvel escalier. Celui par lequel je suis montée est de l'autre côté de ce trou dans le sol.

Je me contente donc d’acquiescer. Nous sommes sur la même longueur d'onde semble t-il. Je resserre doucement mes doigts sur les siens avant de lui faire signe de la tête de me suivre dans ce couloir. La progression s'avère un tantinet plus complexe sans la lumière traîtresse mais bénéfique de Firefly et de ses comparses. Je vérifie chacun de mes pas tout en rebroussant chemin, la main chaude de ma petite amie dans la mienne, avant d'arriver à l'embranchement précédent. Je me tourne alors doucement vers ma Naomi pour lui adresser quelques mots.

-"Je viens de cet escalier mais je ne sais pas trop où ils mènent.. Ce qui est sûr c'est qu'il continue à descendre.. On trouvera peut-être la sortie en l'empruntant.."

Je dois avouer ne pas être certaine de mes propos. Il serait tout de même assez simple de garder captive une princesse juste à côté de l'escalier qui peut lui offrir le salut d'autant que je n'y vois pas assez clair et je suis assez mal équipée pour ouvrir la marche. Je préfère laisser ce privilège à ma belle chevalière en armure. Tiens d'ailleurs j'arrive enfin à reconnaître ses traits à travers le voile opaque de l'obscurité. C'est l'occasion de lui donner envie de sortir d'ici à ma manière.J'extrais ma main de la sienne avant de tâtonner lentement son visage jusqu'à trouver mes repères puis je me penche légèrement pour subtiliser ses lèvres un court instant. J'enroule doucement mes bras tout autour de son cou et je me mets à jouer avec ses cheveux comme j'aime le faire à chacun de nos baisers. Après quelques instants, je capte son regard tout en reculant légèrement, un sourire sur les lèvres. Je me demande comment elle va réagir à un tel élan décomplexé..

-"Ça c'est pour m'avoir retrouver.. Je te laisse deviner ce qui t'attend quand on sortira d'ici.." fis-je en tirant la langue et en lui adressant un petit clin d’œil.

Je ne suis pas certaine que les chevaliers eussent d'aussi bonne raison d'être motivée dans les contes de fées..