[Event Saint-Valentin] Scénario Melody-Naomi

Ma petite provocation ne reste pas sans réponse: un petit sourire qui ne laissait aucune forme de doute sur sa raison vint s'inscrire sur les lèvres de ma chère et tendre et, aussitôt, j'y répondais par un de mes sourires charmeurs. Au fond, je dois avouer qu'après quelques courts mois de relation avec la blondinette, je craignais de ne plus capter ses désirs, ses regards ou même son attention - peut-être au regard de son trouble - mais c'était un bonheur renouvelé chaque jour que nous passions ensemble, une insouciance de chaque instant, une idylle sans fin et de le lire dans chacun de ses sourires est à mes yeux le plus précieux de tout les trésors.

C'est donc enchantée et légèrement rêveuse que je suivais Naomi dans les escaliers qui nous conduiraient peut-être vers la sortie et vers la fin de cette aventure peu commune. Quelle étonnante journée de Saint-Valentin tout de même. Aurais-je pu rêver de vivre un véritable conte de fée avec ma princesse charmante un jour avant de pénétrer dans ses lieux? J'en doute. Du moins, pas dans le monde réel. Je réfléchissais à ce propos lorsque notre descente fut interrompue brutalement par celle qui me guidait en ces lieux. Pourquoi nous arrêtions-nous? Je glissais dès lors mon visage sur le côté de l'épaule de ma dulcinée pour contourner sa silhouette et apercevoir une porte non loin qui bloquait l'accès au couloir suivant.

La plus évidente des questions vint aussitôt m'effleurer l'esprit : étions-nous enfin arrivées au bout des épreuves de la journée, Il ne me fallut que quelques secondes de réflexion pour me rendre compte qu'il était simplement impossible que notre quête ne se termine si simplement : nous n'avions pas descendue tant d'escaliers que cela et nous n'avions toujours pas rencontré la moindre véritable résistance – si j'omets les lumières voletantes qui avaient tenté de me faire faire le grand saut – et je ne pouvais m'empêcher de penser que la suite ne serait pas de tout repos, La main de la demoiselle se porta sur le panneau et ce dernier se mit en branle dans un bruit lugubre. Enfin lugubre... Lugubre est bien le mot mais il est faible pour décrire ce qui s'ensuivit : à peine la porte ouverte, un autre long couloir se dressa devant nous. Ce dernier était faiblement éclairé mais une sorte de fenêtre laissait percer la lumière solaire et c'est d'ailleurs de cette ouverture que vint le danger: en effet, j'eus tôt fait d'identifier un œil aux allures reptiliennes nous guettait à travers. Un grondement s'ensuivit aussitôt avant qu'un bruit terrifiant ne vienne me glacer le sang, un bruissement d'ailes immédiatement suivi par le bruit des griffes énormes de la créature qui venaient entailler la pierre pour se frayer un passage et endiguer la fuite de sa captive. C'est désormais certain que les dragons tiennent à leurs biens. Du moins je n'avais pas le cœur de le nier à cet instant tout comme leurs existences. Je saisis aussitôt l'occasion de laisser mon instinct prendre le dessus et me mit à courir. Vers où? Pour faire quoi? Aucune idée. La simple pensée de fuir le regard de la créature gigantesque motivait ma course

Il nous faut fuir. Nous éloigner le plus possible. Le souvenir de l’œil ambré de la créature suffit à me rendre plus rapide qu'à l'accoutumée, plus prudente aussi. Je n'ai jamais été très rapide dans le domaine de la course à pied - l'endurance restant mon domaine de prédilection - cependant pour une fois, ce n'est pas le cas. Pendant quelques instants, l'adrénaline, je suis comme dans un état de grâce, percevant chaque détail de l'environnement malgré l'obscurité ambiante, chaque aspérité du sol ou des murs pouvant receler un piège, chaque ombre un tant soit peu menaçante, mais bientôt je dois interrompre ma course sous l'injonction d'une jolie voix, celle de "mon chevalier".

- Melo, ralentis un peu.

La demande de Naomi me tire de mon état de panique. Je ralentis dès lors l'allure, regagnant mon souffle à mesure que ma course effrénée se change en une marche plus mesurée autant sous l'impulsion du calme retrouvé que sur celle de la démarche de Naomi. La réalité rejoint parfois la fiction. Je dois admettre que le travail fourni pour cet événement de la ville est impressionnant : je commence vraiment à y croire, à me projeter, à me lancer corps et âme dans l'aventure proposée. Il faudra que je me rappelle de frapper la personne qui aura proposé que je m'inscrive avec mon âme sœur a ces festivités.. Mince, je crois que c'est moi.. Passons. Je me donnais une pichenette sur le bras pour punir cet acte inconsidérée avant de me retourner et de me blottir contre Naomi. Sa chaleur m'envahit et me redonne un peu de courage, effaçant petit à petit toute trace de l'image fixe de cet œil terrifiant. Naomi m'apaise. Ça a toujours été le cas. Depuis notre première rencontre, je crois.

- Je suis là, tout va bien. Ne prenons pas de risques. Il suffirait qu'il y ait encore un piège.

Ma conduite n'avait pas été des plus prudentes et si la chance insouciante avait guidé mes pas et nous avait gardé d'éventuelles embûches, il aurait pu en être tout autrement. Je hochais la tête sans mot dire, préférant me perdre un instant dans son regard. Naomi avait raison. Je me contentais alors de la suivre, gardant précieusement ses doigts entre les miens pour éviter de me voir séparer de ma chère et tendre dans les ténèbres environnantes. Nous nous engouffrâmes dans un escalier et si la première descente semblait avoir duré des heures durant, celle-ci ne prit que quelques courtes minutes. Nous poussâmes une lourde porte en bois qui fit un bruit à réveiller les morts et débarquâmes alors dans une salle qui ressemblait en tout point à un hall d'entrée. Une imposante porte se dressait face à nous tandis que de minces filets de lumières pleuvaient des deux ouvertures semblables à des fenêtres qui cernaient la sortie présumée. Nous étions enfin au bout. Personne ne me reprendrait jamais à faire ce genre de sortie là, je vous l'assure. Je lâchais doucement la main de ma dulcinée pour avancer sereinement vers le milieu de la salle. Je restais alerte, prête à bondir pour me cacher derrière Naomi : après tout, la créature n'avait aucune raison de ne pas venir réclamer son dû. Je ne fus jamais aussi contente d'avoir raison. Nous traversâmes sans encombre ce hall, même si je restais alerte aux moindres mouvements, je posais alors ma main sur l'imposant battant de la porte avant de la pousser de toutes mes forces pour laisser la lumière s'engouffrer par rayons entiers dans la pièce et clore cette aventure.