À droite, l'école et ses élèves normaux, comme tout le monde.À gauche, le centre de redressement pour jeunes dangereux.Maintenant réunis, pour le pire.
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Les actions définies et anticipées de chaque personnage dans la totalité de ce RP ont été mûrement réfléchies et consenties par les deux partis
Me réveillant avec beaucoup de mal, j’ai cauchemardé toute la nuit et mon visage s’en souvient encore, des larmes l’ayant sillonné durant toute ma période de sommeil. Je ne m’en étais pas vraiment rendu compte mais l’eau salé de mes larmes maculait mon oreiller alors comment ne pas le deviner? Je m’habille avec mon uniforme évitant soigneusement le miroir. Pour me coiffer? J’en ai juste l’habitude, je le fais machinalement depuis que je suis devenu dysmorphophobique. Je me déteste, mon père me l’a bien dit des dizaines et des dizaines de fois lorsqu’il me battait. Il me disait tout ce qui n’allait pas chez moi, de mes cheveux de filles à mon poids. Depuis mon poids est une obsession. Il paraît que je suis maigre de mon point de vue je ne le suis pas du tout bien au contraire mais bon cela est une autre histoire... Et du coup aujourd’hui je me sens mal,terriblement même si , en soi cela ne change pas de d’habitude qu’on soit d’accord. Et là c’est trop. Je me suis réveillé avec une grosse boule au ventre et elle n’est pas passée de toute la matinée. Cela me le fait souvent certes, mais je déteste tellement lorsque cela m’arrive. Bien évidemment Aku n’est pas là pour m’aider, au contraire il aime trop me voir souffrir, il aime trop commenter à quel point je me perds dans cette douleur. Cette douleur… Elle me rappelle les coups de mon père. Je secoue la tête, assis dans un coin de la cour, à l’abris des gens. Je ne veux pas les voir, je ne veux pas qu’on me voit je veux juste ne plus avoir mal. Cet état est peut être dû à mes cauchemars récurrents, les sévices de mon “géniteur”. Il faut vraiment que j’arrête d’y penser! J’allume donc mon mp3 pour écouter de la musique, je mets mon casque et me laisse bercer par la musique, douce comme je l’aime.
*C’est de la merde!*
Je secoue la tête pour ne pas entendre sa voix mais je sais qu’il est là, c’est trop tard à présent. Je vais pleurer, je le sens et je me recroqueville sur moi-même calant ma tête entre mon torse et mes genoux croisant mes bras pour ne pas que mes genoux glissent de leur position. Je n’ai vu personne, je suis seul, seul comme toujours. Cela me pèse-t-il? Parfois oui et parfois non, tout dépend de mon humeur. Parfois j’aimerai tellement avoir des amis! Mais je suis trop renfermé sur moi même et trop timide alors forcément ça n’aide pas… Mes larmes se font abondantes bien qu’elles soient silencieuses comme la plupart du temps pratique n’est-ce pas? *T’es qu’un gros tas de merde! Tu mérites de rester seul espèce de pleurnichard*
Mes larmes redoublent, pour une fois je ne voulais pas en arriver là mais là, je veux juste qu’il se taise et, je veux ôter cette douleur psychologique, ça fait bien trop mal, je préfère la corporelle. C’est bête hein? Je dégage ma tête et essuie mes larmes du revers de ma manche que je soulève, j’attendrais le temps qu’il faudra pour ne plus que le sang coule et que je puisse remettre ma manche mais j’en ai trop besoin… Je sors un stylo déjà cassé et commence à forcer la pointe sur mon avant bras, appuyant frénétique jusqu’à ce que des traînées rougeâtres apparaissent sur ma peau et à force d’acharnement le sang coule bien plus glissant jusqu’au bout de mes doigts pour venir s’échouer sur le sol
feat. Haku Ogawa Vendredi, quatrième jour de ma première semaine de travail. Nous étions le 11 Septembre, un jour connu pour les attentats survenus en 2001. Vingt années, ou presque, s’étaient écoulées depuis, et on en parlait toujours. Forcément, cette date faisait désormais partie de l’histoire. A cette époque, je me trouvais au collège, en France. J’allais bientôt avoir douze ans et ne pensais qu’à refaire la tête au carré à tous ces emmerdeurs qui me cherchaient en dehors des cours. Je me fichais totalement des attentats, bien que l’événement fût gravissime pour les États-Unis. Aujourd’hui encore, je n’y prêtais pas forcément attention, d’autant plus que le pays s’était reconstruit depuis. Pour moi, c’était un jour comme un autre. Ou presque. Il était midi, je venais de terminer ma matinée de travail. Ma tâche en tant qu’infirmier à l’ISS d’Indarë venait de s’achever. Demain matin, j’irais œuvrer à l’université pour la première fois. J’espérais que cela se passerait bien. En plus, Janna m’accompagnerait. Je n’avais pas de moyen de la faire garder un samedi matin. De toute façon, il ne s’agissait que de trois petites heures. Je trouverais bien de quoi l’occuper pendant ce temps. Après avoir soigneusement fermé le bureau, je descendis au rez-de-chaussée et me rendis à l’infirmerie de l’IRS. Je devais y récupérer la carte personnelle magnétique que le secrétariat avait omis de me donner à mon arrivée mardi. Elle me permettrait d’avoir certains accès, notamment dans le bâtiment de l’IRS qui comprenait quelques portes verrouillées, comme celle du toit. Je ne voyais pas trop ce que j’irais faire là-bas mais bon. J’allai donc rapidement me saisir de cette carte et pris le chemin de la sortie. Comme il faisait beau et que j’avais du temps devant moi, je décidai de passer par la cour, histoire de me balader un peu. Il me restait plusieurs heures avant d’aller chercher Janna à l’école. J’étais en train de passer devant le grand arbre qui trônait au centre de la cour quand quelque chose attira mon attention, une ombre. Je m’arrêtai, plissai les yeux. D’ici, je ne voyais absolument pas ce que ça pouvait être. Je fis donc quelques pas de côté en me rapprochant un peu. C’était un adolescent vêtu de l’uniforme de l’IRS, prostré dans un coin de la cour, seul et silencieux. Au début, je m’en désintéressai et poursuivis mon chemin. Cependant, un sanglot me parvint, très léger mais perceptible, et je reportai mon regard sur l’étudiant. J’hésitai une seconde en l’observant. Une seule seconde car, même de là où je me trouvais, je pus apercevoir ce qu’il faisait. Je n’avais encore jamais fait face à cette situation. Celle de l’élève en perdition qui se fait du mal en pensant que ça le soulagerait. En tout cas, je devais faire quelque chose avant qu’il ne se blesse pour de bon. Je m’approchai donc afin de rejoindre mon futur interlocuteur… interlocutrice ? Non… Euh… Pourquoi je n’étais plus très sûr de moi ? Parce que la personne qui se trouvait là avait un visage qui portait beaucoup à confusion. Il était fin aux traits doux malgré les larmes qui l’inondaient. De longs cheveux de jais très lisses l’encadraient. Cet étudiant ressemblait à une fille mais il portait l’uniforme masculin. Je secouai la tête. Qu’importait, il avait besoin d’aide et c’était tout ce qui comptait ! Comme il portait un casque sur les oreilles, il ne m’entendit pas arriver. J’arrivai jusqu’à lui. Il était en train de s’entailler l’avant-bras avec un stylo cassé. Il forçait tellement sur sa peau que le sang coulait de certaines plaies. Bon. Comment procéder ? Je ne connaissais pas du tout ce jeune homme, je ne savais pas de quelle façon il pouvait réagir. A en juger par sa maigre corpulence, je n’aurais sûrement aucun mal à le maîtriser s’il décidait de me sauter dessus. Mais j’espérais ne pas en arriver là. La seule solution qui me vint à l’esprit n’était pas bien fameuse et pouvait effectivement le pousser à s’en prendre à moi. Tant pis, je ne savais pas quoi faire d’autre. Posant un genou à terre face à lui, je remontai les manches de ma chemise. Même s’il ne réagit pas pour le moment, il devait m’avoir vu, je ne pouvais pas être plus près. Mais il continuait ses scarifications. D’un geste à la fois vif et mesuré pour ne pas le brusquer, j’attrapai son poignet mouvant pour lui faire cesser son petit manège macabre, levant ainsi devant ses yeux la pointe du stylo pleine de sang, ainsi que mon avant-bras marqué de vieilles cicatrices similaires à celles qu’il aurait bientôt à son tour. Evidemment, je l’avais fait exprès. Je voulais qu’il les voie. Sans vraiment savoir si le stimulus allait fonctionner, j’attendis sa réaction, cachant mon impatience derrière un visage totalement neutre.
Haku & Meyer11/09/20 Merci...Perdu dans mes pensées avec de la musique dans mon casque j’avais totalement perdu la notion du temps. Depuis combien de temps étais-je là? Depuis combien de temps je pleurais et m’entaillais le bras? Je ne saurai le dire, je m’en contre fichais même après tout quelle importance cela pouvait -il bien avoir? Personne ne se souciait de moi alors qu’importe si je le fais une énième fois. Le morceau pointu du stylo s’enfonçait dans ma chair comme un couteau dans du beurre moue. J’avais mal…
*Tant mieux! C’est ce que tu veux idiot! Et ce que je veux, je veux que tu souffres!*
Mes pleurs redoublent, toujours silencieux, enfin je crois? Quoi qu'il en soit le sang coule de plus en plus abondamment mais, ça ne me dérange pas pour un sou c’est ce que je voulais. Voir du sang, ce liquide carmin et chaud que j’aimais tant. Un petit sourire se dessinait sur mon visage où les larmes avait creusé un sillon. J’aimais ça dans le fond bien que ça fasse un mal de chien. Je ne pouvais pas me contrôler dans ces moments là, j’étais tel un pantin guider par des fils invisibles enfin, c’est comme ça que je le voyais. Peut être était-ce Aku? Ou tout simplement que j’étais à la fois le pantin et à la fois celui qui le faisait bouger? C’est une question qui demeurera sans réponse car, pour être honnête, je n’ai pas envie de le penser ni de le savoir.
*Tu es faible…*
Oui je suis faible, je l’ai toujours été et alors? Dans le fond est-ce si grave que ça? Vu que je n’ai pas d’amis ma faiblesse ne se remarque pas, il n’y a que Aku qui la voit et qui me la renvoie en pleine gueule… Quel con je faisais là, recroquevillé sur moi même à me scarifier en état caché dans l’ombre. Je me disais que j’étais à l’abri mais je savais pertinemment que je pouvais être vu. Qu’importe cela je m’en foutais, seul le sang, seul la douleur comptait en cet instant, rien d’autre! Toute ma peine s’écoulait au rythme du sang qui gouttait le long de mon avant bras et de mes doigts. J’en avais assez, j’avais envie d’en finir mais je n’avais rien d’adéquat, pas de lame de rasoir, pas de médicaments, rien… J’aurai pu sauter du toit mais là encore, je n’y avais pas accès. Étais-je vraiment obligé de vivre cette vie que je détestais temps? Qui ne me plaisait plus? J’avais perdu le goût de vivre depuis bien des années, peut être depuis que mon père m’avait touché la première fois. Mais! Pourquoi pensais-je encore une fois à lui? *Tu n’es qu’un con!*
Mon sanglant se fit alors plus fort que les autres, preuve en était je l’avais entendu alors certes la musique avait un faible volume mais tout de même… Et quelques secondes plus tard, peut être une minute tout au plus je vis un genoux se poser à terre devant moi. J’écarquillais alors les yeux il fallait bien que ça arrive! Je n’avais décidément jamais de chance… Je reniflais et levais les yeux vers la personne qui m’avait arrêté dans mon auto destruction. Il avait simplement pris mon poignet qui me servait à me scarifier pour le mettre au niveau de mes yeux et je vis des cicatrices. Je restais bête. Lui aussi? Que pouvait-il bien avoir vécu dans sa vie? Faisait-il toujours ça? Je me posais tout un tas de question mais je ne pouvais pas parler, je me contentais juste d’ouvrir et fermer la bouche plusieurs fois jusqu’à retirer mon casque et enfin réussir à prendre la parole avec toujours des sanglots dans la voix.
D’abord, il renifla et leva lentement ses yeux marrons rougis par la tristesse pour voir qui venait l’empêcher de se faire du mal. Puis l’expression accablée de son visage se mua en surprise lorsqu’il remarqua ce que j’essayais de lui montrer. Il ouvrit et referma plusieurs fois la bouche, comme s’il peinait à en faire sortir un mot. Au bout de quelques secondes, il retira son casque et réussit enfin à parler.
- Vous… vous aussi ?s’enquit-il d’une voix tremblotante.
Au moins, il ne répliquait pas de manière violente. A vrai dire, je ne m’attendais pas vraiment à ce que ma technique fonctionne. L’étonnement m’empêcha donc de répondre tout de suite. La réponse, bien qu’évidente, ne me vint pas immédiatement à l’esprit. En fait, pourquoi répondre oui s’il le savait déjà ? A la place, je lâchai enfin son poignet et portai mon attention sur son avant-bras blessé. Je sortis un paquet de mouchoirs de la poche de mon pantalon et en retirai plusieurs. Lentement, toujours sans intention de paraître rude, je les déposai sur les entailles sanglantes pour les nettoyer un minimum. C’était tout ce que je pouvais faire pour le moment. Afin de procéder aux soins, nous devions nous rendre à l’infirmerie. Encore fallait-il qu’il accepte. Mais avant cela, je pris la parole à mon tour.
- On a du mal à s’en empêcher quand ça peut faire taire… cette partie de nous qui nous emmerde à longueur de journée.
J’avais lâché ça de manière assez désinvolte, avec une légère hésitation cependant. Au final, j’y étais allé au culot, sans savoir s’il présentait le même genre de maladie que moi, sans savoir si j’allais le vexer ou passer pour un taré. C’est pourquoi je n’avais pas usé de mots trop bruts, trop directs. Nous ne nous connaissions pas, je ne voulais pas précipiter les choses. En plus, j’étais infirmier, pas psychologue. Je n’avais pas à me mêler de ses affaires. Mon travail, c’était seulement de le soigner. Je finis par me mettre debout et, sans grande conviction, tendre ma main vers lui.
Haku & Meyer11/09/20 Merci...“Vous aussi” Mais quel débile je suis pour dire ça? Mais, dans un sens ce n’était pas vraiment une question c'était comme une affirmation pour que je me rende compte que je n’étais pas tombé sur quelqu’un qui ne me comprendrait pas c’est donc pour cela que je lâchais un soupir soulagé. Pourtant j’avais comme une appréhension, c’était un adulte, un homme de plus et je n’avais pas confiance en eux ou plutôt… J’avais peur d’eux à cause de mon père. Un frisson me parcourt l’échine, je ne veux pas y penser, je n’ai pas envie de pleurer encore plus. Il m’a vu pleurer et je n’aime pas ça, il va se moquer de moi, hein? Non il a les même cicatrices que moi. Il ne se moquerait pas hein? Aku aide moi!
*Reste dans ta merde fallait mieux te cacher pour faire ça*
Je soupire, il ne m’aide jamais, pourquoi m’en veut-il à ce point? Qu’ai-je fait? Est-ce parce que je n’ai pas été assez fort face à mon père? Mais que pouvais-je faire à cette époque avant que tu n’arrives?
*Lâche moi bordel et parle avec l’autre là!*
Je ne savais pas quoi faire à part le regarder sous toutes les coutures avant de le voir sortir un mouchoirs de sa poche pour venir le poser sur mes plaies. Je fis une grimace avec une petite plainte comme à chaque fois que je me soignais et mon bras se crispa sous l’effet du mouchoir qui passait sur mes plaies d’où le sang s’échappait. Quel abruti! Aku avait raison, j’aurai dû trouver un meilleur endroit, j’étais bien trop dans la lune à cause de ma mauvaise nuit que je n’avais pas réfléchi au fait qu’une personne pourrait me surprendre… Je m’en voulais tellement, mes larmes commençaient à couler de nouveau mais pas de douleur cette fois, des larmes d’idiotie comme je les appelais, c’est con n’est pas? De toute façon c’est ce que j’étais, un con…
*Hé bah voilà! Tu te l’avoues pour de bon!*
Et c’est lorsqu’il prononça quelques paroles qui me mirent la puce à l’oreille, je relevais la tête et l’inclinais sur le côté, lui aussi il souffrait de troubles dissociatif de l’identité? C’est bien ça non? J’en étais sûr! Les cicatrices et ses paroles... Je baissais de nouveau les yeux en avalant difficilement ma salive. Ça me faisait peur qu’il puisse connaître mon secret, enfin, sauf s’il avait accès à mon dossier. D’ailleurs, quel était son métier? Surveillant? Prof? Psy ou peut être infirmier? Je ne savais pas trop mais je répondis à sa phrase.
« Ou… Oui… Surtout quand elle passe son temps à rabaisser et commenter nos moindres faits et gestes »
Je soupire une énième fois, voilà il sait que je souffre d’une maladie mentale. Que va-t-il faire au juste? C’est ce dont j’ai peur, car je ne sais strictement pas ce qu’il va vouloir qu’on fasse. Si c’est un membre du personnel et qu’il peut en parler à un psy je suis dans la merde… Pourtant il me tend la main pour que je le suive.
Il parut tergiverser, comme tourmenté entre l’envie d’accepter mon aide et celle de rester à distance parce que je ne lui inspirais pas confiance. Je le comprenais. Je savais l’image que je donnais au premier abord : assez froid et pas franchement abordable. Même après plusieurs années de vie commune avec Mary, un enfant et un métier au service d’êtres vivants ayant besoin de guérir, j’avais encore besoin de travailler là-dessus.
« Faut dire que tu tires une sacrée tronche depuis que Mary est partie, »fit remarquer Ihn que je n’avais pas entendu de la matinée.
Il ne pouvait pas se taire pour la journée celui-là ? Ҫa me ferait des vacances…
« Non. »
Au moins c’était clair. Et non, forcément, la disparition de Mary ne m’aidait pas à m’améliorer socialement. Heureusement, la présence de Janna me permettait de garder la tête hors de l’eau. Je n’osais pas imaginer dans quel état je serais si ma fille n’existait pas. Si ma fille n’existait pas… Un frisson d’horreur me parcourut en pensant à ces quatre mots. Cinq ans de bonheur depuis qu’elle était née, je ne pouvais vraiment pas songer à ma vie sans elle. J’essayai de chasser tout ça de ma tête et de me concentrer sur le jeune homme qui se trouvait devant moi.
- Ou… oui… Surtout quand elle passe son temps à rabaisser et commenter nos moindres faits et gestes,déclara-t-il à voix basse.
Bon, cette fois, ça ne pouvait pas être plus évident. Ses paroles prouvaient nettement qu’il n’était pas solitaire dans sa tête. Tout comme mon propre cas, il demeurait constamment méprisé par quelqu’un que lui seul entendait, son autre lui ou une quelconque autre personne qu’il se représentait comme une ennemie, un frein à son bien-être. Ou alors… Peut-être que, de la même manière que moi, il voyait en son opposé un être qui fut créé pour l’aider mais qui, par la suite, vivait aussi pour faire de sa vie un enfer. C’était compliqué, très compliqué. Et je ne savais dire si son ennemi interne était pareil au mien.
« Je croyais que ça ne te concernait pas. »
Pas le moins du monde, il avait raison. Je retrouvai donc mon côté professionnel et gardai la main tendue pour inviter mon interlocuteur à me suivre. Volontairement, je ne lui disais pas où nous allions. Je voulais voir s’il acceptait mon aide sans savoir qui j’étais. Ce serait un bon début pour instaurer un climat de confiance entre nous, si c’était possible.
Haku & Meyer11/09/20 Merci...Que faire? Je ne savais pas, j’étais tourmenté par la réponse à cette question, je me la remémorais sans cesse mais il ne fallait pas que je le fasse trop attendre non plus il allait partir sans moi sinon, hein?
*Bien sûr que oui pourquoi il resterait avec un cas désespéré comme toi?*
Je soupire et le regarde, son regard me paraît froid et il inspire aussi la confiance, comme si en lui était gravé “je ne dirai rien” mais, pouvais-je le croire? En cet instant je doutais de tout et ça m’effrayait un peu plus comme un enfant apeuré seul enfermé dans le noir. Le noir… Cette couleur définissait bien ma vie! Mais… Pourquoi je pensais à ça moi? C’était tellement débile…
*Comme toi*
Voilà, mes pensées reprenaient le dessus je m’y étais engouffré comme un débutant qui n’arrive pas à gérer ses songes, abruti que j’étais!
*Tu le vois enfin! C’est bien*
Quoi qu’il en soit je ne savais plus quoi faire, prendre sa main? Ne pas la prendre? C’était un combat intérieur car Aku, bien évidemment ne voulait pas de son aide.il fallait s’y attendre n’est-ce pas? Enfin que sortant de mes tristes pensées je vois la main de l’homme se tendre vers moi. Pouvais-je lui faire confiance? Surtout qu’il ne m’avait pas dit où nous allions...Mais,, je suis peut être trop naïf et accepte de prendre sa main tout en tremblotant. « Où… On va? Pas chez le directeur hein? Je veux pas être puni… »
Je baisse les yeux, à présent j’avais peur regardant mon bras couvert par les mouchoirs qui s’étaient imbibés de mon sang. Je soupirais ce n’est pas comme si je n’en avais pas l’habitude après tout mais j’avais envie de voir le sang couler, encore, retirer ses “pansements” de fortune. Debout depuis quelques minutes je regardais l’homme discrètement. Il était grand, imposant face à mon petit mètre soixante et ma main me paraissait ridicule en taille comparée à la sienne. Enfin que je l’entends parler en allemand, le mot est le même qu’en anglais à la différence qu’il n’y a pas du tout le même accent et, pour être honnête je préfère que ce mot soit dit en allemand. La langue est certes plus agressive, si je puis dire, mais je la trouve parfois plus belle que l’anglais. Enfin bref nous commençons donc à nous mettre en marche pour aller je ne sais où, omettant certains regards d’élèves un peu trop curieux à mon goût. Enfin, tant que ce ne sont pas des membres du personnel tout me va! Je continue de suivre cette armoire à glace là où elle veut bien m’amener. Pourquoi ce surnom peut être peu flatteur? Je ne sais pas trop, c’est juste qu’il me laisse sans voix, je n’avais jamais vu un homme comme ça depuis tellement longtemps, mon père était ainsi, aussi baraqué que lui et ça me fit me figer un instant en regardant dans le vide.
*Tu sais qu’il est comme toi mais là il va te prendre pour un taré!*
Je secoue la tête machinalement, il pourra me prendre pour ce qu’il veut, il pourra ne plus vouloir me soigner je suis ainsi et il devait l’accepter, surtout qu’il était comme moi. Et comme si de rien n’était je continuais ma marche avec lui. Apparemment il m’amenait à un un endroit que je connaissais un peu trop bien depuis que j’étais arrivé ici. J’attendis qu’il ouvre la porte et pénétrais à l’intérieur de l’infirmerie.
Il commença par soupirer avant de me regarder comme s’il m’évaluait, avec un air un peu effrayé. Je connaissais bien ce regard, j’avais le même à son âge, et peut-être encore maintenant. A la différence qu’au lieu d’avoir peur, j’étais plutôt du genre à me sentir énervé. Pour moi, c’était plus rageant que terrifiant de ne pas savoir à qui j’avais affaire. C’était aussi pour cette raison que je me battais beaucoup à l’époque. Finalement, il prit ma main pour se mettre debout. Durant les quelques secondes où nous fûmes en contact, je sentis la sienne trembler.
- Où… on va ?demanda-t-il pas rassuré le moins du monde.Pas chez le directeur hein ? Je veux pas être puni…
Si c’était ça qui lui faisait peur, il pouvait tout de suite être soulagé. Je ne risquais pas de l’emmener voir le directeur. Moi, tout ce que j’avais à faire, c’était panser ses blessures physiques. S’il avait envie de parler de son état de santé mentale, je n’étais pas certain d’être de bon conseil. Les psychologues de l’école étaient là pour ça. Mais s’il en avait vraiment besoin…
« T’as envie de te prendre pour un confident maintenant ? C’est nouveau ça. »
A l’hôpital, beaucoup de patients racontaient leur vie aux infirmiers. Même quand nous n’avions pas forcément envie de les écouter, de participer – directement ou indirectement – à alimenter le cours de leur existence, nous en étions au final plutôt forcés. C’était de cette façon que nous apprenions à les connaître et, parfois, à déceler ce qui dégradait leur santé. Parce qu’il fallait bien l’avouer, le mental jouait beaucoup sur le physique. Un coup de stress et la tension montait. Un choc moral et de l’eczéma aux bras. Un traumatisme et une maladie auto immune surgissait, curable ou non. Tout allait ensemble.
« … »
Apparemment, mon petit speech l’avait calmé. Tant mieux. J’étais content de réaliser qu’il arrivait encore des jours où j’avais le dernier mot. Ҫa ne durait jamais trop longtemps alors je devais profiter de ce genre de petite victoire. Sans dire un mot, je commençai à m’éloigner en direction du bâtiment de l’IRS. Le jeune homme me suivit. Je n’étais pas censé travailler cet après-midi mais qu’importait. Il avait besoin d’aide maintenant, je n’allais pas rentrer chez moi sans rien faire. Arrivés au premier étage, l’étudiant parut hésiter et s’arrêta, perdu dans ses pensées. Mais il reprit rapidement ses esprits ainsi que sa marche. Nous parvînmes jusqu’à l’infirmerie. J’ouvris la porte pour le laisser entrer, et refermai derrière moi. Mes collègues étaient tous en pause déjeuner, nous étions seuls.
- Vous êtes l’infirmier ?
J’acquiesçai simplement, lui fis signe de passer dans la salle d’à côté pour s’asseoir sur un lit. Pendant ce temps, je me lavai les mains et préparai de quoi soigner son avant-bras. Je m’installai sur un tabouret devant lui, tirant la desserte médicale près de moi afin d’avoir accès aux produits dont j’avais besoin. Je commençai par retirer les mouchoirs imbibés de sang. A première vue, ses blessures n’avaient pas l’air graves. Je commençai par les nettoyer en humectant un coton d’eau à température ambiante. Une fois qu’une bonne partie du sang fut enlevé, je pris un autre coton, imprégné de sérum physiologique, et nettoyai encore. Maintenant que les entailles demeuraient bien visibles, je pouvais les examiner de plus près. Comme je le pensais, il n’y avait rien d’alarmant. Il était temps de désinfecter, et de parler un peu.
- Je ne vais pas te demander qui, ou ce qui t’a poussé à faire ça, c’est pas mes oignons,déclarai-je à voix assez basse, comme pour ne pas briser la tranquillité des lieux.Je ne suis ni le directeur, et encore moins le psy.
J’eus un léger sourire en coin.
- Ce serait drôle venant de quelqu’un comme moi. Je n’aurais même pas le droit. Je pense que tu devines pourquoi.
Haku & Meyer11/09/20 Merci...Une fois arrivé à l’infirmerie il acquiesça. Il était donc bien l’infirmier mais, techniquement, n’était-il pas obligé de faire un dossier ou je ne sais trop quoi? Bwof qu’importe, il me fit m’asseoir sur le lit et je le fis sans trop de rébellion, je n’en avais pas la force de toute façon. Je ne l’avais jamais eu et encore moins sur un homme de cette corpulence. Je ne sais même pas comment, à l’époque, mon autre moi avait réussi à mettre chaos mon père. Enfin je n’avais plus envie de penser à ces sombres années qui me hantaient et bouffaient ma vie à tel point que j’en faisais des cauchemars quasiment toutes les nuits. C’est d’ailleurs une des raisons qui faisaient que j’essayais de dormir le moins possible après tout cela n’impactait pas ma concentration durant les cours bien que parfois je somnolais légèrement. J’entendais le cours, c’était déjà ça après tout : “quand on souffre d’insomnies on n’est jamais vraiment endormi et on n’est jamais vraiment réveillé”. Enfin bref je regardais l’homme me soigner avec délicatesse, zieutant mes plaies. Pour une fois elles n’étaient pas bien grosses mais elles laisseraient tout de même de belles traces blanches. Qu’importe, je n’étais plus à ça près après tout et puis, dans le fond j’aimais voir ces marques, elle me réconfortait cela faisait-il pareil à l’infirmier? D’ailleurs, je ne savais toujours pas comment il s’appelait cependant il était tellement concentré que je n’osais pas lui demander. Et c’est lui qui finit par prendre la parole pendant qu’il me désinfectait, m tirant une grimace muette, j’étais heureux qu’il me dise cela car je ne savais pas très bien comment en parler mais… Cela me pesait aussi, après tout je n’avais pas d’amis à qui en parler. Je n’en parlerais donc pas, après tout il avait raison, il n’était pas psy. Je vis ensuite un petit sourire en coin se dessiner son visage alors qu’il m’expliquait Qu’il n’en avait pas le droit. Mais le droit de quoi au juste? Je n’osais pas lui demander alors je me contentais d’acquiescer en hochant la tête de haut en bas. Le pansement fait je posais mon avant bras sur mes cuisses.
« Désolé de vous faire perdre votre temps Monsieur… » Disais-je d’une voix basse et timide. « Je… Je peux savoir votre prénom? Si… Si ça ne vous dérange pas bien sûr… » J’avais toujours du mal à parler avec les gens, alors ceux qui étaient plus vieux que moi n’en parlons pas.
Je le regardais donc un instant puis détournais ma vision de lui pour fixer la fenêtre, le ciel était bleu, le soleil était beau et haut dans le ciel malgré que l’on soit en septembre. Perdu dans mes pensées encore une fois je ne savais pas bien quoi faire. Je l’avais déjà assez emmerdé comme ça non?
*Bien sûr que oui! Tu emmerdes tout le monde de toute façon! tu n’es qu’un déchet, une ordure qui ne mérite pas d’avoir qui que ce soit dans son entourage*
Et une citation me revint “Vous n'êtes pas exceptionnels, vous n'êtes pas un flocon de neige merveilleux et unique, vous êtes fait de la même substance organique pourrissante que tout le reste.” Et ce film me colle à la peau et tant de citation me collent à la peau que j’aimerai me l’extirper au lieu de penser par des citation! Mais mon cerveau était fait ainsi… Je me décidais à reprendre la parole.
feat. Haku Ogawa Apparemment non. Et heureusement parce que je regrettais un peu d’en dire trop sur moi de cette façon. Mais c’était bizarre, comme si j’avais envie qu’il sache, envie de l’aider en lui disant que nous étions peut-être semblables. Et en même temps, je trouvais ça peu professionnel. Et s’il allait crier sur tous les toits qu’un des infirmiers avait une maladie mentale ? D’accord, ça courrait les rues ici mais quand même… Le personnel était censé se trouver en bonne santé.
« Bah… on n’en sait rien en fait. »
Il avait raison, on n’en savait rien. Néanmoins, mieux valait rester sur mes gardes. Aussi, je n’ajoutai plus un mot et me contentai de terminer mon travail. Une fois les plaies bien désinfectées, j’appliquai des compresses ainsi qu’un bandage. Il y eut un silence puis…
- Désolé de vous faire perdre votre temps, Monsieur,dit timidement l’étudiant.
Je ne faisais que mon travail.
- Je… je peux savoir votre prénom ?s’enquit-il ensuite curieux.Si… si ça ne vous dérange pas bien sûr.
Visiblement gêné d’avoir posé cette question, il détourna le regard pour le porter en direction de la fenêtre par laquelle nous voyions le ciel bleu et dégagé.
- Vous voulez que je vous laisse ?
J’étais en train de rassembler les cotons, mouchoirs et produits sur la desserte, me tournai vers lui, un peu surpris. Il ne se sentait pas du tout à l’aise, je le voyais bien. Que faire pour qu’il comprenne qu’il n’avait pas à l’être ? D’abord, je me raclai la gorge, puis je refermai le flacon de sérum physiologique.
- Prends le temps qu’il faut pour te reposer,répondis-je le plus aimablement possible.
Je poussai la desserte en direction de la poubelle tandis qu’il s’allongeait sur le flanc.
- Et tu peux m’appeler Meyer,ajoutai-je avec un petit sourire cette fois.Ah et… ne me vouvoie pas. Je sais que c’est pas très pro mais je déteste ça.
Je jetai les produits usagés, rangeai le reste dans les placards que je verrouillai ensuite. Je rejoignis enfin le jeune homme qui n’avait pas bougé, m’adossai au mur le plus proche.
- Et toi ?demandai-je à mon tour.Je te rassure, je ne te demande pas ton nom pour aller fouiller dans ton dossier comme un journaliste avide d’un scoop.
Il se présenta sous le prénom Haku, présenta également l’autre en tant que Aku. Bien.
- Comme je te l’ai dit, je ne suis pas là pour jouer aux psys,lui assurai-je.Si tu veux, tu en parles, si tu n’as pas envie, tu ne dis rien. Mais sache une chose…
Je me postai face à l’étudiant et me penchai pour le regarder dans les yeux, comme si j’espérais y voir le regard de son autre lui dans leur profondeur. Il ne parvint cependant pas à soutenir mon regard et baissa vite les yeux. Cela ne m’empêcha pas de poursuivre.
- Si ce jour arrive où tu ne peux plus le supporter, et que tu penses t’en débarrasser en tirant ta révérence, crois-moi, c’est pas la solution.
Je me redressai.
- Der Tod ist kein Ausweg,dis-je en abaissant les manches de ma chemise pour les remettre correctement.
___________________________ *Der Tod ist kein Ausweg : La mort n'est pas une porte de sortie
Haku & Meyer11/09/20 Merci...Le temps pour me reposer? Je n’en avais pas l’habitude à vrai dire et… Quand bien même, je m’en foutais totalement quitte à m’évanouir après tout quelle importance, hein? Pourtant il avait dit ça tellement gentiment que je me couchais sur le côté le regardant. Meyer donc. Et il fallait que je le tutoie? Mais! Bien que je préférais ça c’était le premier adulte de l’académie qui me disait qu’il détestait le vouvoiement, c’était… Bizarre. Je le regardais ensuite jeter les mouchoirs et tout ce qui avait servit à me soigner à la poubelle. Je jette un oeil sur mon bandage alors qu’il me demande mon prénom en me précisant que ce n’est pas pour s’immiscer dans ma vie privée. Je pousse un léger soupir de soulagement, il avait découvert que je souffrais de trouble dissociatifs de l’identité parce que lui même en souffrait mais s’il voulait s’en assurer il n’avait qu'à juste regarder mon dossier pour en être certain après tout.
« Moi c’est Haku… Lui Aku » Je marquais bien la différence de prononciation en disant ces deux prénom et le nom d’Aku me transpercèrent les cordes vocales tellement je n’aimais pas dire son prénom à voix haute. Je me raclais la gorge alors qu’il continuait de parler mais cette fois plus près de moi, me regardant dans les yeux. Je ne pouvais pas le supporter et baissais les yeux. S’il y avait bien une chose que je n’aimais pas c’était qu’on me regarde dans les yeux. Après tout on dit souvent que les yeux sont le miroir de l’âme ou un truc du genre non? Et bien pour moi c’était ça… On pouvait y voir Aku.
Tirer ma révérence… Je l’avais fais plusieurs fois, médicaments, alcool, et me couper les veines aussi. J’étais un adeptes de ces trois chose mais les scarification ça… Et la dernière fois que j’avais voulu tirer ma révérance ne remontait pas à si loin, début juillet, où je m’étais taillader les veines sur toute la longueur de mes avant bras. À quelques minutes près j’aurai réussi mais quelqu’un m’avait vu. C’est donc pour ça que sur chacun de mes avant bras on pouvait voir de grosses cicatrices bien blanche, plus que les autres, on voyait aussi toujours la marque des points. Enfin bref je le voyais se redresser tranquillement en remettant ses manches bien en place. Il avait dû me les remonter pour m’amadouer et me faire avoir comme une sorte d'électrochoc… Et il prit la parole de nouveau en allemand en même temps. Ah bon? Ce n’est pas la solution? Alors quelle est la solution? Je me redressais en m’appuyant sur mon bras blessé en grimaçant et pris la parole.
« Alors quoi? Si la mort n’est pas la solution c’est crouler sous les médocs qui est la solution? Non je suis peut être faible mais non je préfère… Je préfère.. » Je m’arrêtais alors que les larmes recommençaient à me monter aux yeux. Je ne savais même plus quoi dire j’étais perdu, totalement… Je mis mes poings devant mes yeux je pleurais, encore, comme toujours en soi et ça m’énervait avec Aku qui me hurlait de lui laisser ma place… Je ne pouvais pas, je ne voulais pas. « Je suis désolé Meyer je… Je fais n’importe quoi et c’est plus fort que moi… »
feat. Haku Ogawa Il se redressa, grimaça sous la douleur que provoqua son bras blessé à ce moment-là.
- Alors quoi ?rétorqua-t-il immédiatement, ce qui m’étonna comparé à son attitude plutôt méfiante et taciturne jusque-là.Si la mort n’est pas la solution, c’est crouler sous les médocs qui est la solution ? Non, je suis peut-être faible mais non, je préfère… je préfère…
Il se tut et commença à pleurer, cachant ses yeux avec ses poings. J’aurais bien voulu savoir ce qu’il avait voulu dire mais tant pis, je n’allais pas insister.
- Je suis désolé, Meyer…sanglota-t-il.Je… Je fais n’importe quoi et c’est plus fort que moi…
Faire n’importe quoi. Je me l’étais dit tellement de fois… Je ne les comptais plus. Je lâchai un court soupir, m’assis sur le lit à côté de Haku. Les mains posées sur le rebord du matelas, je regardai face à moi, pris mon temps pour répondre, mesurant mes mots, choisissant les bons afin de ne pas faire fuir le jeune homme. Il avait besoin d’aide et, même s’il ne voulait pas l’admettre, il en demandait.
- Pour être honnête, je ne connais pas la solution,commençai-je.Je ne sais même pas s’il y en a une.
Plutôt défaitiste comme réponse, elle ne lui permettrait pas de voir le verre à moitié plein. Mais je n’étais pas du genre à cacher mon ressenti. Je préférais être franc, même si ça pouvait blesser autrui.
- Même à mon âge, je la cherche encore. Pendant quelques années, j’ai cru l’avoir trouvée… mais je me suis rendu compte que ça ne m’avait pas totalement guéri.
Machinalement, je commençai à triturer mon alliance. C’était ce que je faisais dès que je songeais à Mary. Car je pensais à elle quand je parlais de solution. Elle était la première à m’avoir accepté tel que j’étais, à avoir également accueilli Ihn comme un membre à part entière de notre couple et de notre famille. Elle arrivait à l’apaiser, à lui parler, à lui faire comprendre qu’il n’était pas là que pour faire le mal. Sur ce point, j’avais du mal à la croire mais passons. Il avait fini par en tomber amoureux, lui aussi, au bout d’un certain temps. Ihn avait réalisé son erreur et son attirance pour Mary le jour – le seul – où je décidai d’en finir. Ce soir-là, nous étions encore en conflit mais c’était plus violent que d’habitude. Je ne le supportais plus alors je pris la décision de le faire taire en l’emportant avec moi. Toutefois, je ne voulais pas faire ça de façon brusque parce que je voulais savoir comment il réagirait. Alors, comme Haku, j’avais entaillé mon avant-bras, avec la lame d’un de mes rasoirs, assis par terre dans la salle de bain. Sans savoir pour quelle raison, j’avais fait ça plutôt minutieusement. Aujourd’hui, les cicatrices demeuraient presque parfaitement parallèles. Au début, Ihn ne pensait pas que j’allais agir. Et plus je perdais de sang, plus il paniquait, me hurlant que je l’avais créé, que je n’avais pas le droit de faire ça, que je devais vivre avec lui, quoi qu’il arrive. Après ça, j’avais perdu connaissance, Mary m’avait trouvé dans un état pitoyable, et je m’étais réveillé à l’hôpital. A partir de là, Ihn ne prononça plus jamais aucune insulte à son égard et prit même une fois, une seule, le contrôle de mon corps pour lui avouer ses sentiments. La naissance de Janna ne fit qu’apaiser son cœur. Pourtant, depuis la mort de Mary, je sentais de nouveau sa sombre présence, ses intentions malveillantes envers moi et mon entourage. Janna seule ne suffisait pas à le freiner. Il avait aimé Mary en premier, c’était elle qui comptait le plus pour lui.
- Alors je me dis que, de toute façon, qu’on le veuille ou non, on doit « cohabiter ». Qu’une partie de la solution réside dans le fait de faire avec plutôt que de chercher à faire sans.
Je me désintéressai enfin de mon annulaire gauche et donnai un mouchoir à Haku.
- Et ça, c’est quelque chose dont il faut que tu te persuades avant d’essayer d’en convaincre l’autre. C’est comme ça que j’ai… que j’essaye de faire.
J’allais parler au passé mais non. Mary était partie, mon combat contre Ihn continuait.
Haku & Meyer11/09/20 Merci...Je le sentis se mouvoir jusqu’à moi et s’asseoir à mes côtés alors que je m’excusais. Je ne savais pas quoi faire, pourquoi était-il si proche? Qu’allait-il me dire? J’avais peur, et s’il m’engueulait? S’il me trouvait bête comme adolescent?
*Bah je pense qu’il le croit un peu, tu t’en doutes non? C’est que c’est vrai*
J’aspire avec du mal et il commence à parler, partant défaitiste mais je le comprenais, je sais pertinemment qu’il avait raison donc je ne lui en voulais pas bien que des solutions… J’en voyais une pour le faire taire mais Meyer avait dit que la mort n’était pas une solution. Pour moi si, j’en avais marre de prendre des traitements qui ne marchaient presque pas. Alors certes je l’entendais moins fort mais quand il était têtu et haussait le ton jusqu’à ce que je n’en peuvent plus, histoire de m’achever un peu plus, comme une masse s’écroulant sur ma tête. Je me frottais les yeux et retirais mes poings de devant eux pour regarder Meyer qui reprit la parole et je me demandais alors quel âge il pouvait bien avoir, sûrement dans la quarantaine? Il était marié apparemment, ce que je voyais à l’alliance qui ornait son annulaire gauche qu’il triturait assez frénétiquement, pourquoi? Ce n’était pas mes affaires alors je fis semblant d’ignorer ça mais un silence s’installa, il semblait pensif et je ne voulais pas le sortir de ses pensées, j’étais bien trop timide et j’avais bien trop peur de le déranger pendant ce temps là. Peut être cherchait-il quelque chose à me dire? Je ne sais pas trop mais ce silence commençait à être pesant et je me décidais à prendre la parole bien qu’il ne soit pas psy comme il me l’avait dit.
« Au début on cohabitait… Il m’aidait pour ne pas que je perde totalement la raison face aux coups de mon père mais à force il a changé et il a commencé à me faire du mal lui aussi… C’est pas seulement moi qui me fait du mal, c’est lui qui me fait faire ça aussi. Je me dis qu’au final peut être qu’il veut simplement que je meurs? Lorsque j’ai fait ma tentative de suicide cet été et que j’étais proche de l’inconscience il me parlait, me rassurait… » Je soupirais avec un petit ricanement désespéré. Oui il avait été incroyablement gentil avec moi à ce moment là comme lorsqu’il était apparu la première fois.
Meyer me tendis alors un mouchoir que je pris pour essuyer mes larmes. Arrivait-il à faire ça lui aussi? Je regardais son alliance, lui avait quelqu’un pour freiner son autre lui… Moi? Je n’avais personne, je n’avais plus de père et pour cela je m’en réjouis mais je n’avais pas perdu que lui. Depuis mon arrivée à l’académie je voyais très peu ma mère. Cela me manquait-il? Oui et à la fois non… Je ne voulais plus qu’elle me voit m’auto détruire comme je le faisais.
« Je n’arrive pas à m’entourer de gens de confiance, je n’ai pas d’ami et presque pas de famille. Je sais que c’est en grande partie à cause d’Aku qui est trop dangereux à mon goût mais je ne peux pas le blâmer, je suis aussi fautif avec ma timidité maladive et mon replis sur moi même je préfère écrire et écouter de la musique… Me mettre à l’écart pour ne pas blesser quelqu’un ou les embêter… » Je m’arrête un instant avant de reprendre. « Pardon je sais que tu n’es pas psy… »
Un long silence s’installa entre nous, silence durant lequel Haku se calma peu à peu et parut réfléchir.
- Au début, on cohabitait…répondit-il enfin.Il m’aidait pour ne pas que je perde totalement la raison face aux coups de mon père mais à force, il a changé et il a commencé à me faire du mal lui aussi…
Oui, j’avais créé Ihn pour me soutenir également face aux brimades à l’école et au collège. Et tout comme Aku, il avait fini par se retourner contre moi. Je ne le montrais pas mais j’étais vraiment stupéfait de tomber sur quelqu’un avec une maladie similaire dès ma première semaine de travail. Et, pour un jeune homme timide et méfiant, Haku devenait plutôt bavard à présent. Peut-être pensait-il que je puisse l’épauler grâce à mes années d’expérience. Je voulais bien mais, depuis le mois de janvier, je recommençais pratiquement à zéro. Pour l’instant, j’avais tenu neuf mois sans faire de crise. Mais combien de temps cela allait-il durer ?
- C’est pas seulement moi qui me fais du mal, c’est lui qui me fait faire ça aussi,poursuivit-il.Je me dis qu’au final, peut-être qu’il veut simplement que je meurs ?
Il avait l’air de poser la question à lui-même plus qu’à moi. Il raconta alors que, cet été, lorsqu’il fit une tentative de suicide – que je soupçonnai ne pas être la première – Aku le rassurait au fur et à mesure qu’il perdait connaissance. Au moins, Il s’y était pris plus doucement et gentiment. Ihn, lui, n’avait fait que m’engueuler et me menacer, et il s’en était mordu les doigts. S’il avait agi comme Aku, j’aurais peut-être cessé tout cela. Non, je disais n’importe quoi. Car Haku souffrait toujours de son autre personnalité et cela aurait été pareil pour moi. Ihn avait eu très peur mais ça ne l’avait pas empêché de revenir quelques heures après, plus calme mais pas moins agacé. Sans avoir encore fait face à Aku, j’avais comme l’impression que, contrairement à Ihn qui était plutôt cash et constamment irrité, il demeurait plus vicieux et manipulateur.
- Je n’arrive pas à m’entourer de gens de confiance, je n’ai pas d’ami et presque pas de famille,poursuivit Haku.Je sais que c’est en grande partie à cause d’Aku qui est trop dangereux à mon goût mais je ne peux pas le blâmer, je suis aussi fautif avec ma timidité maladive et mon repli sur moi-même. Je préfère écrire et écouter de la musique… Me mettre à l’écart pour ne pas blesser quelqu’un ou les embêter…
Il s’arrêta quelques secondes.
- Pardon, je sais que tu n’es pas psy…
Non mais je pouvais quand même écouter, et nous avions définitivement la même maladie, alors je comprenais parfaitement ce qu’il voulait dire. Déjà, il avait conscience de ce qui l’empêchait d’aller vers les autres et c’était pas mal pour commencer à travailler dessus… s’il était motivé. Que faire ? J’étais partagé entre l’idée de suivre son cas – de loin, en tant que connaissance – et celle de ne pas m’en mêler. Cependant, maintenant qu’il s’était plus ou moins confié, il devait s’attendre à recevoir des réponses. Il disait ne pas parvenir à s’entourer mais il venait quand même de me parler de son plus gros problème.
« Problème, problème… j’vois pas pourquoi on serait un problème, »maugréa Ihn vexé.
A la base, non.
« Ça, c’est parce que vous êtes trop faibles. »
Cette fois, je l’ignorai et me concentrai sur Haku, sur ce que je devais lui dire. Car je ne pouvais pas rester silencieux. Il attendait quelque chose de ma part. Maintenant que la conversation était bien engagée, je ne pouvais pas revenir en arrière.
« Ben débrouille-toi, moi j’suis plus là. »
A la bonne heure... Je me levai du lit, m’étirai un instant en joignant et levant les mains au-dessus de ma tête. Je venais de prendre une décision. Pas évidente mais je n’avais pas d’autre option en tête pour le moment.
- Je ne suis pas censé dire ça parce que… c’est risqué et je ne suis que l’infirmier,déclarai-je en croisant les bras tout en faisant face à Haku.
Je me raclai la gorge, repris.
- Je ne vais pas t’empêcher d’agir comme tu en as envie… ou comme tu en es forcé,ajoutai-je pour faire référence à Aku.Pour ma part, je peux le contrôler aujourd’hui…
« Menteur. »
- … Je peux le contrôler,répétai-je pour le faire taire.Et je sais à quel point, sur le coup, ça peut faire du bien de se faire du mal.
Étrange comme propos.
- Mais je veux que, si ça arrive de nouveau, je ne sois pas obligé d’aller te ramasser dans un coin.
En l’invitant de cette façon à venir de lui-même à l’infirmerie quand il en avait besoin, j’espérais lui faire comprendre que, même si je n’étais pas le psy, même s’il devait aller en consulter un, j’étais peut-être le mieux à même de le comprendre.
Haku & Meyer11/09/20 Merci...Il ne disait rien se contentant de m’écouter, du moins c’est ce que je pensais, ce qu’il me donnait l’impression de faire. J’essuyais mes larmes qui continuaient de couler encore un peu. Qu’est ce que j’en avais marre de pleurer tout le temps!
*Laisse moi ta place tu ne pleureras plus jamais!*
NON! Je sais de quoi tu es capable envers les autres et je ne veux pas que tu blesses quelqu’un. Je me tortille un peu sur moi même et continue de parler toujours de ma vie. Suis-je égocentrique à parler autant? Non je ne le fais pas si souvent que ça dans le fond, après tout je n’ai personne à qui parler à part Aku lorsqu’il le veut bien?
*Rêve pas mon petit! J’ai pas envie là depuis que tu parles à ce type!*
En tout cas le fait qu’il m’écoute me rassure surtout que j’ai l’impression qu’il me comprend et ça c’est une première pour moi. Tout le monde me prenait pour un fou lorsque je disais que j’avais un ami “imaginaire” alors que lui il a aussi un ami “imaginaire” qui lui veut du mal de plus… Et puis les quelques cicatrices que j’avais pu voir lorsqu’il m’avait tendu la main m’avait montré que lui aussi avait tenté de mettre fin à ses jours, seulement, était-ce sa première fois? Avec quelqu’un d’autre en soi je ne pense pas mais on ne sait jamais peut être avait-il réussi à être plus fort que moi?Je ne sais pas et, de toute façon, j’étais bien trop timide pour lui demander, je ne voulais pas être indiscret avec lui, il allait m’en vouloir sinon. Et sans que je m’en aperçoive il s’était retrouvé devant moi en s’étirant, j’ouvrais les yeux en grand regardant la place à côté puis Meyer une ou deux fois et le vis croisé les bras devant moi avant de prendre la parole. Alors il pouvait vraiment le contrôler? Un petit sourire en coin s’installa sur mon visage, peut être que moi aussi un jour?
*Tu parles! Il te ment en plus ça se voit comme le nez au milieu de la figure!*
Aller le voir le voir quand j’en ai besoin? Je fis la moue, devais-je l’écouter et faire cela? Je hochais la tête au final et souris plus gentiment en le regardant.
« Je te le promets mais…. Je ne veux pas t’accabler… Ça m’arrive vraiment souvent…. J’ai pas envie de t’embêter et d’être un poids… »