À droite, l'école et ses élèves normaux, comme tout le monde.À gauche, le centre de redressement pour jeunes dangereux.Maintenant réunis, pour le pire.
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Haku & Meyer23/10/20 Please helpLe temps n’était pas au beau fixe aujourd’hui pourtant je n’étais pas resté dans l’enceinte de l’établissement, j’avais besoin de me changer les idées. Ayant fini à quinze heures vingt j’avais un peu de temps avant que les dortoirs ouvrent je n’avais qu’à attendre mais avec ce temps… Je déambulais donc dans les rues de Londres, ne sachant où trop aller, que faire? Telle était la question! Je n’avais pas envie d’aller au parc, il faisait trop moche et je pense même qu’il allait pleuvoir, quel merde! Bon autant aller dans mon bar préféré pour siroter un petit chocolat chaud, histoire d’être posé et au chaud justement. Le gilet de l’uniforme de Indarë ne réchauffait pas des masses à mon goût m’enfin, je n’allais pas m’énerver après tout personne ne se plaignait, non? Après quelques minutes de marche je passai devant le cimetière en souriant. Ça faisait longtemps que je n’avais plus vu Janna, quant à Meyer, je le voyais quelques fois dans les couloirs de l’académie mais voilà tout, nous échangeons un sourire et un bonjour, rien de bien fou. Enfin que j’arrivais à mon bar habituel pénétrant tranquillement à l’intérieur. La chaleur du chauffage et l’odeur du café, bien que je n’aime pas en boire, parvenait jusqu’à mon odorat et je m’en délectais. J’adorais cette odeur, bien que je ne pouvais en boire, trop amer à mon goût. Je m’asseyais à la même table que d’habitude, un peu en retrait mais près du comptoir pour pouvoir parler au patron qui était un amour avec moi, il était vraiment gentil! Bref je commandais mon café une fois sorti de mes pensées. C’est quelques secondes plus tard que j’entendais le bruit de la vapeur dans le lait pour créer de la mousse accompagnant le chocolat chaud. J’adorais la mousse c'est ce que j’aimais le plus dans cette boisson je pense… Et puis aussi parce qu’elle réchauffait très bien. Ceci dit mon chocolat arriva assez vite, comme d’habitude j’avais envie de dire. Je souriais à Mike, le patron qui me rendit le même sourire emplit de joie. Oui, aujourd’hui j’allais bien, pour une fois, la séance chez le psy m’avait fait un grand bien!
Je soufflais donc sur mon chocolat qui était brûlant. À présent j’avais juste attendre qu’il refroidisse, pas grave j’avais le temps après tout. Mangeant la mousse grâce à ma cuillère je suis aux anges, je repose ensuite la cuillère et touche la tasse qui est, bien évidemment, brûlante, je grimace et souffle sur le liquide pour le refroidir peu à peu. Ce n’est que cinq minutes plus tard que je peux enfin tremper mes lèvres dans le liquide qui s’est refroidi et qui est à présent à la bonne température. Je bois tranquillement mon chocolat, je me promènerai surement plus tard. Je ne suis pas là depuis longtemps donc autant explorer un peu les alentours, en essayant de ne pas me perdre. Une fois ma boisson fini je laisse l’argent sur la table et mets la lanière de mon sac sur mon épaule, je sors en faisant un signe à Mike et pars en marchant sans me presser après un temps que je ne saurai pas définir je me trouve dans une ruelle sans l’ombre de quelqu’un. Je me dis alors que je ne risque rien étant donné qu’il n’y a personne, je peux couper par là pour visiter un peu plus vite?
Je m’engouffre donc à l’intérieur de la ruelle qui est plutôt mal odorante après une dizaine de mètres à marcher dans celle-ci. Je décide donc de faire demi tour mais là… Deux personnes, peu commodes me bloque le passage. Je cris et commence à courir vers l’autre bout mais ils se jettent sur moi pour commencer à me tabasser, prenant mon sac et l’ouvrant pour chercher de l’argent, je suppose? Une fois à terre ils s’en donnent encore un peu plus à cœur joie. La seule chose que j’arrive à faire, enfin presque mais c’est déjà trop tard, est de me cacher la tête pour ne pas recevoir trop de coups à cette endroit là. Malheureusement je sens déjà le sang pulser dans mes veines pour s’échapper de mon arcade et de ma lèvre. À croire que je n'étais bon qu’à ça, me faire frapper par des gens plus fort que moi, mais, c’est facile de l’être plus que moi, je suis une véritable crevette fasse aux autres de mon âge…
Le mois de septembre était fini, et celui d’octobre avait défilé à une vitesse folle. Le temps passait vite quand on était occupé. Mon travail à l’institution d’Indarë se passait bien pour le moment. Rien de bien particulier à signaler. Parmi mes collègues, personne n’attirait particulièrement mon attention. Je n’entretenais que des relations professionnelles. La seule personne que je voyais assez régulièrement et que je saluais volontiers, c’était Haku. Depuis notre rencontre, nous nous étions croisés quelques fois dans l’enceinte de l’école et en ville. Contrairement au premier jour, il semblait aller bien… pour l’instant. Je redoutais un peu le moment où il se ferait du mal à nouveau car je ne saurais pas quoi dire pour lui remonter le moral. Je redoutais aussi le moment où je ferais face à Aku. Comme Ihn, il n’était pas si différent de la personnalité principale mais il s’agissait tout de même de quelqu’un d’autre, et quelqu’un de mal intentionné, évidemment. En ce vendredi 23 Octobre, bien que ce fut les vacances scolaires, je travaillais tout de même. Comme certains élèves étaient internes à l’école, il fallait quelques infirmiers sur place en cas d’accident. D’autant plus qu’en général, les élèves de l’internat faisaient partie de l’IRS et portaient un bracelet électronique pour que l’institution les garde à l’œil. Maintenant que j’y pensais, je ne savais pas si Haku en avait un. Ça m’était un peu égal, du moment qu’il ne faisait de mal à personne, surtout à Janna. En parlant de ma fille, j’avais dû la remettre à la garderie. Forcément, je ne pouvais pas l’emmener avec moi tous les jours. Le samedi matin suffisait déjà amplement. Et au moins, elle était avec ses camarades et pouvait participer à toutes sortes d’activités sympathiques. Le prix de la garderie était élevé mais je n’avais pas le choix. Heureusement, je travaillais et ramenais assez d’argent pour que nous puissions vivre convenablement. Le fait de vendre notre ancienne maison avait beaucoup aidé aussi. Je possédais pas mal d’argent de côté en cas d’imprévu. Comme je ne travaillais pas cet après-midi, j’en profitai pour m’occuper d’affaires de la vie de tous les jours, comme par exemple poster mon courrier et prendre rendez-vous chez le garagiste. La voiture avait besoin d’une révision. Après l’avoir laissée au garage, je me baladai un peu en ville puisqu’il y en aurait au moins pour trois heures d’attente. Je n’aimais pas vraiment faire les boutiques alors je me contentai de marcher. Ce n’était pas comme courir mais ça faisait aussi du bien au corps. En plus, je n’entendais pas Ihn, c’était parfait. Ou presque. Pour je ne savais quelle raison, inconsciemment, ou peut-être parce que je n’avais pas fait attention où j’allais, je me trouvais près de cet endroit que j’essayais d’éviter depuis des mois. L’entrée de cette maudite ruelle était à quelques mètres devant moi. Qu’est-ce que je foutais là ? C’était comme si mon esprit avait voulu me torturer en m’emmenant ici. Mon esprit… n’importe quoi. C’était Ihn. Il ne parlait pas mais il savait bien me manipuler. Je soupirai, les jambes soudain flageolantes et le cœur battant. Ce n’était pas le moment de faire une crise d’angoisse. C’était le meilleur moyen d’ouvrir la porte à Ihn. Je tentai donc de contrôler ma respiration, fermai les yeux un instant pour m’aider à me calmer, quitte à avoir l’air complètement bizarre aux yeux des passants. Faisant le vide dans ma tête, je parvins petit à petit à me tranquilliser, commençai à tourner les talons pour m’éloigner. C’est là que je les entendis. Des bruits de lutte. Je tendis l’oreille, pas certain de ce que je percevais. Le douloureux souvenir de Mary dans cette ruelle me revint en pleine figure et mon estomac se contracta. Non, ce devait être mon imagination. Plus personne ne passait par là depuis le drame. Un coup, une poubelle renversée et un gémissement arrivèrent alors jusqu’à mon oreille. Cette fois, c’était réel. Et je savais pertinemment que ce n’était pas Mary. Pourtant, mes pieds bougèrent et je me précipitai. Peut-être par curiosité, par peur de passer pour un lâche, par envie d’aider, de sauver quelqu’un alors que je n’avais rien pu faire pour mon épouse, je me mis à courir et m’engouffrai dans la ruelle. Près de l’endroit où j’avais trouvé ma femme, deux hommes donnaient des coups de pieds à leur victime, prostrée au sol. Je ne savais absolument pas qui c’était. Je ne voyais qu’une petite masse recroquevillée et de longs cheveux dont une partie cachaient le visage. Ni une ni deux, je m’approchai des assaillants et tapai sur l’épaule du premier.
- Eh !le hélai-je pour qu’il se retourne.
Il le fit et se prit un bon coup de poing dans la figure. L’autre se retourna aussi et voulut me frapper mais je l’évitai et envoyai ma main directement vers son cou. Ce n’étaient que deux jeunes de cités, maigrichons et plus petits que moi. Je n’aurais aucun mal à les mettre à terre. Ce serait même trop facile. Le problème était le suivant : dès que j’avais donné le premier coup, une espèce d’élan meurtrier s’était éveillé en moi. Je n’avais pas seulement envie de leur donner une leçon, je voulais les faire souffrir. Si ça se trouvait, ils étaient les mêmes types qui avaient tué Mary. Rien qu’en y pensant, mon sang bouillonnait. Alors je soulevai mon assaillant de façon à ce qu’il ne touche plus terre, et le projetai contre le mur d’en face. Plus la colère montait, plus je sentais une sorte de nouvelle force me gagner. Nous fonctionnions comme ça, Ihn et moi. Cela pouvait paraître dingue mais grâce à lui, je devenais plus fort et résistant, comme si sa haine modifiait ma condition physique. Quand il était aux commandes, j’imaginais que je devais être inarrêtable. J’imaginais seulement car je ne pouvais pas m’en souvenir. C’était d’ailleurs très handicapant. S’il faisait une connerie, je ne pouvais pas le savoir… ni protester comme il le faisait souvent au fond de ma tête. Le premier type qui se relevait revint à la charge, un couteau à la main. En voyant la lame briller un instant, mon regard s’assombrit davantage. Ah il voulait jouer à ça ? En une clé de bras, je retournai son arme contre lui, la lame effleurant sa gorge. Son ami voulut l’aider mais je resserrai mon emprise et il se stoppa net, pris au dépourvu.
- Foutez le camp ou j’vous jure que vous allez regretter d’être nés,menaçai-je d’une voix rendue plus grave qu’habituellement.
J’appuyai sur la lame qui commença à entailler le cou du type. Ihn ne disait toujours rien et c’était mauvais signe. Il se taisait mais je le sentais fulminer, prêt à sortir pour les étriper tous les deux. S’il le faisait, c’était l’aller simple pour la prison, et plus jamais je ne reverrais Janna. En songeant à ma fille, j’eus comme un éclair de lucidité et lâchai le gamin. Il rejoignit son pote en toussant, et tous deux partirent en courant. Tremblant encore de rage, je mis un moment à revenir à la réalité. D’abord, je jetai le couteau dans la poubelle la plus proche. Puis je m’approchai de la victime qui, heureusement, était encore vivante. Son sac à dos gisait non loin, tout retourné et déchiré.
- Est-ce que ça va ?demandai-je en posant un genou à terre.
Je l’attrapai par l’épaule, remarquai que cette personne portait l’uniforme de l’IRS, et me rendis compte que c’était…
- Haku !fis-je surpris.
Que fabriquait-il dans cette ruelle ? C’était assez loin de l’institut… Je secouai la tête. Ce n’étaient pas mes affaires, je devais juste l’aider maintenant. Il avait l’air dans un piteux état. Ses vêtements étaient sales, il saignait à l’arcade et à la lèvre. Ses mains portaient des traces d’égratignures et ses cheveux partaient dans tous les sens. Je voulus l’examiner mais il resta en boule, choqué.
- Haku, c’est moi, Meyer,le rassurai-je en posant ma main sur sa tête échevelée.Tout va bien, ils sont partis.
Haku & Meyer23/10/20 Please helpLes coups étaient de plus en plus forts à chaque fois et je ne cessais de me recroqueviller sur moi même, pleurant, ayant le goût du sang dans ma bouche, descendant dans ma gorge. J’étais mal en point mais bordel pourquoi j’étais passé par cette ruelle? Je savais que ce genre d’endroit n’était pas sûr et qu’on y trouvait souvent des gens louches, à dealer, à se rendre des comptes de façon musclé. Et moi? Moi j’avais été le pauvre idiot qui s’y était aventuré, j’avais mérité ce racket dans le fond. Alors je me contentais d’encaisser les coups en me protégeant la tête, allais-je mourir ici? Dans cet endroit glauque? Lugubre? Peut être qui sait? Dans ces moments là on ne pouvait pas réfléchir correctement alors pourquoi ferai-je exception? Je méritais clairement ce qu’il m’arrivait hélas, et j’en avais pleinement conscience… C’était bien trop pour moi, je criais de douleur, espérant que quelqu’un m’entende mais les gens n’y prêtaient pas attention ou je ne criais peut être pas assez fort? Pourtant, pourtant j’avais l’impression de hurler à m’en faire péter les cordes vocales. Mes pleurs se mélangeaient au sang sur mon visage, je n'étais clairement plus en état avec ce passage à tabac mais après tout, c’était comme tout autre passage à tabac non?
C’est alors qu’à défaut d’entendre Aku j’entendis quelqu’un hurler. Quelqu’un m’avait enfin entendu? Je souris mais continuais tout de même de pleurer. La personne allait prendre des coups par ma faute et ça je ne l’acceptais pas. Malheureusement je n’étais pas en état de faire grand chose j’essayais de me redresser en poussant sur mes bras mais je n’avais clairement plus les forces pour ça, j’étais lessivé à cause des coups que je m’étais pris dans le ventre, les bras et le crâne. Ça faisait tellement mal, mon corps était un tas de chair endolori, bizarrement je me mis à penser que je préférais mes scarifications alors que les deux choses n’avait rien à voir mais étaient tout de même aussi grave l’une que l’autre. Je poussais des murmures de douleur alors que j’entendais l’homme me venir en aide se battre plutôt agressivement avec mes deux agresseurs. Je n’étais définitivement bon à rien, dans n’importe quoi. Mes larmes redoublèrent et je n’arrivais toujours pas à me relever, j’avais peur, terriblement peur de regarder le combat et si tout se répercutait sur mon sauveur. Car oui je pense que dans ce cas là on peut dire que la personne qui nous vient en aide est clairement un sauveur. Du moins c’est ce que je pensais, pourtant je me demandais, comment allais-je pouvoir le remercier? Je ne savais pas du tout et cela me stressait et me crispait un peu plus. Je fis une grimace, cette fois pas liée à la douleur enfin, presque pas liée...
Et avec chance j’entendis les deux types se barrer en courant, je soupirai de soulagement j’étais sain et sauf, j’avais néanmoins très envie de dormir, le froid et le choc de cette “bagarre” peut être? Je fermais de nouveau les yeux, crispé jusqu’à ce que l’homme prit la parole pour savoir si j’allais bien mais, j’étais juste incapable de répondre, quel idiot. C’est lorsqu’il l’homme dit mon nom que je me posai une question en particulier: comment me connaissait-il? C’était le patron du bar? Non il travaillait, pourtant sa voix m’était familière. Puis le verdict tomba, c’était l’infirmier, Meyer, avec qui je m’entendais bien. J’aurais été de heureux de le revoir si seulement ce n’était pas dans cette situation délicate, j’allais passer pour quoi? Mais malgré ça il me caressa la tête et je rouvris les yeux, enlevant les bras de devant ma tête pour le regarder.
« Je… Je suis désolé Meyer…» Puis je m’évanouis comme un idiot.
Il mit du temps à me reconnaître. Retirant son bras de devant son visage pour pouvoir me regarder, il murmura un vague « Je suis désolé Meyer » avant de perdre connaissance. Comment ça, désolé ? Il venait de se faire tabasser, il n’y avait pas à être désolé… Un peu perturbé, je regardai autour de moi, reportai mon attention sur Haku. J’aurais préféré qu’il puisse au moins marcher jusqu’à l’hôpital. De quoi aurais-je l’air dans la rue si je le portais ? Bon, tant pis, je n’avais pas vraiment le choix. Et puis au diable le regard des gens, le jeune homme avait besoin de soins. D’abord, j’allai ramasser son sac, le refermai comme je pus en y entassant les affaires qui trainaient autour. Je le calai sur mon épaule puis me baissai pour observer Haku. A première vue, il ne paraissait pas gravement blessé. Je pouvais donc le déplacer. Je l’attrapai donc sous les genoux et dans le dos. En le soulevant, je fus étonné de constater qu’il ne pesait rien du tout. Il fallait dire qu’il était plutôt maigre… Maintenant, direction l’hôpital. Je connaissais bien l’endroit pour y avoir travaillé quelques années. Certains de mes collègues y étaient encore. D’ailleurs, l’un d’eux vint tout de suite à ma rencontre en me voyant arriver. Je lui demandai de m’aider à trouver un brancard pour y allonger Haku. Il fut rapidement pris en charge. On me demanda ce qui lui était arrivé. J’expliquai brièvement qu’il venait de se faire agresser. On me regarda soudain avec des yeux remplis de pitié et je compris pourquoi : Mary. Personne n’avait oublié pourquoi j’étais précipitamment parti ce soir-là. Je coupai rapidement cours à l’échange et me rendis vers la chambre que l’on avait trouvé pour l’étudiant. Pour le moment, je n’avais pas le droit d’entrer car les infirmiers étaient en train de l’ausculter. Alors je patientai dans le couloir, stressé. Que ce serait-il passé si je n’étais pas intervenu ? Ces sales types auraient-ils tué Haku ? Aurais-je trouvé un autre cadavre dans la ruelle ? Un frisson d’horreur me parcourut tout entier et j’eus presque un vertige en me remémorant le corps meurtri de Mary entre les poubelles. Tremblant, je m’adossai au mur et baissai la tête en fermant les yeux, poussai un grand soupir pour me calmer. Haku allait bien maintenant, je n’avais plus à m’inquiéter. Un banc se trouvait non loin, contre le mur mais j’étais bien trop agité pour rester assis. Devant la porte de la chambre, je me mis à faire les cent pas en attendant que l’on m’autorise à entrer. Il était près de quatorze heures trente quand les infirmiers me confirmèrent que Haku allait bien et que je pouvais le rejoindre. J’avançai d’un pas hésitant. Je ne savais pas s’il s’était réveillé entre temps mais là, il semblait dormir. Devais-je rester ? J’étais en train de réfléchir quand mon téléphone portable vibra dans ma poche. Le garagiste m’informait que la voiture était prête. Je devais aller la récupérer maintenant. Peut-être qu’en revenant, Haku serait réveillé. Sans un bruit, je me permis de fouiller dans son sac à dos. Je n’y avais pas fait attention tout à l’heure dans la ruelle mais un masque en bois reposait au fond : il était blanc avec deux fines ouvertures pour les yeux, et deux larges traits de peinture rouge venaient s’enrouler sur la moitié inférieure. Je le contemplai un instant, perplexe. Ce n’était qu’un masque mais, bizarrement, il dégageait quelque chose d’angoissant. Je m’en désintéressai rapidement, trouvai un stylo et un bout de papier sur lequel j’écrivis « Je repasserai te voir ce soir, repose-toi. Meyer ». Je le laissai sur la table de chevet près de lui, déposai son sac fermé par terre à côté. Puis je sortis de la chambre et refermai doucement la porte derrière moi.
Haku & Brook23/10/20 Please help *T’es vraiment qu’un con! T’évanouir! Nan mais t’es sérieux?!*
Il pouvait me dire ce qu’il voulait je n’arrivais pas à sortir de ma torpeur, j’étais mou, j’avais les yeux clos, je n’arrivais pas à faire quoi que ce soit. Je savais juste que j’étais en sécurité parce que c’était Meyer qui m’avait sauvé. Je devais être un vrai boulet pour lui… Je sentais tout de même que j’avais été soulevé, j’étais porté mais pour aller où ? Chez lui? À l’hôpital? Je me crispais en pensant à ça, pas l’hôpital! Par pitié! Oui, c’est ce que j’aurais voulu lui dire mais impossible je n’arrivais pas à sortir de mon inconscience…
*Parce que t’es trop faible!*
Pourquoi ne me laissait-il pas en paix, j’avais mal, je ne me sentais pas bien et lui ne trouvait qu’à me mettre plus bas que terre… Je le haïssais, tellement… Je sentis alors qu’on me posait sur quelque chose de mou, un matelas? Sûrement, en tout cas j’étais au chaud et ça faisait un bien fou, de plus je savais que Meyer était à mes côtés et, je ne sais pas pourquoi mais ça me rassurait un peu plus. J’ouvrais les yeux pour voir que j’étais dans une chambre et touchais mon arcade qui me faisait déjà beaucoup moins mal. Cependant je ne tardais pas à m’endormir bien que je me réveille avec le besoin d’écrire, je me levais et pris mon cahier dans mon sac, m’asseyant au bureau pour commencer à écrire, regardant ma montre comme à chaque fois lorsque je commençais à écrire.
23/10 14h54 " Encore une fois je n'ai pas été à la hauteur, je me suis fait avoir comme un bleu. Je savais que je devais faire attention à moi mais c'est plus fort que moi, je dois avoir le don de m'attirer dans les ennuis. Quel con ! Bon je m'en sors avec pas trop de dégât mais putain j'veux que tout ça s'arrête, j'en ai marre de moi, de tout, je veux en finir après tout à qui manquerai-je à part ma mère hein ? J'en ai ras le cul, ! Pourquoi je suis aussi faible ? Pourquoi je suis toujours là ? Laisse moi sortir tu m’insupportes ! J'en peux plus, de lui, de moi, après tout on est la même personne non ? Je vais craquer c'est plus fort que moi j'ai tellement envie de me faire du mal, comme si mon passage à tabac n'avait pas servi à grand chose, non il fallait que je me fasse du mal par mes propre moyen. Ne t'en fais pas Aku tu ne vas pas tarder à venir... Arrête de chialer sale con ! J'en peux plus, j'en peux plus, j'en peux plus ! Pourquoi moi hein ? Pourquoi tu t'es retourné contre moi alors qu'on faisait parti de la même équipe ? T'es faible pour avoir pensé à ça. J'ai beau être issue de ton imagination, tu as beau m'avoir fait exister je ne suis pas toi. Je ne suis pas un looser comme toi alors notre pseudo équipe tu te la mets dans le cul et bien profond!"
Je perds pieds, je m’engouffre dans un couloir sans fin par pitié aidez moi! Je sens le masque sur mon visage. Il est là. À ma place, que va-t-il se passer? Je ne me sens pas bien, comme d’habitude je me sens emprisonné dans mon crâne. Drôle d’effet n’est-ce pas. Je ne suis plus maître de moi même, il agit à ma place et je ne peux rien faire, je pleure, je ne sais faire que ça!
« Ta gueuuuuule!!!! »
Il se tient la tête et titube alors que j’essaie de reprendre de la contenance mais… Impossible, il est bien trop fort, je ne suis plus qu’un spectateur, je me sens tellement mal! Et l’inévitable arrive… Il prit mon cutter dans mon sac… Pourquoi je l’avais garder au juste? Il commença donc à “nous” scarifier en profondeur jusqu’à ce que nous entendions du bruit. Il eut un rictus effrayant derrière son masque en voyant que Meyer venait d’entrer dans la chambre. Nous étions sans haut et on pouvait voir ma maigreur. Nous avions déjà plusieurs marques. Il dit d’un ton froid et sec:
Le fait de sortir de l’hôpital pour respirer l’air extérieur me fit beaucoup de bien. C’était comme si j’étouffais à l’intérieur.
- Meyer ! Eh, attends !
Je me retournai. Un de mes anciens collègues venait à ma rencontre en courant. C’était cette même personne qui m’avait demandé où j’allais au moment où je quittais mon poste pour partir à la recherche de Mary. Il me rejoignit, amenant avec lui les effluves d’un parfum boisé. Je ne me rappelais même plus de son identité… Heureusement, il portait son badge sur sa blouse : Taylor. J’avais honte de ne pas me souvenir ne serait-ce que de son nom. Un peu plus jeune que moi, plutôt beau gosse, brun aux yeux noirs, des lunettes rectangulaires et une coupe désordonnée, c’était un bon collègue, sympa, souriant et toujours prêt à apporter son soutien. Mais là, je devais avouer que je n’en avais pas besoin. Enfin si, mais je n’en voulais pas. Je voulais juste qu’on me laisse tranquille.
- Comment ça va ?demanda-t-il enthousiaste.
Pour le coup, je devais reconnaître qu’il était bien le seul à ne pas me regarder d’un air chagriné. Peut-être pensait-il qu’il valait mieux toujours rester de bonne humeur afin de me tirer vers le haut. Et je préférais ça. En voyant les autres, j’avais l’impression de revivre le lundi horrible où je dus retourner travailler. De quoi faire une sacrée dépression.
- Ҫa va,répondis-je simplement. - Et ta fille ? Elle se porte bien ? - En grande forme,répondis-je aussitôt avec un sourire.
Il rit, visiblement content pour nous.
- Et toi ? Pas trop chargé ?m’enquis-je en retour, un peu craintif à l’idée de passer pour quelqu’un de désintéressé.
Il haussa les épaules.
- Bah… dès fois c’est dur mais ça se gère, tu connais.
Je hochai la tête.
- Mais bon, pour être honnête, y en a certains qui n’en branlent pas une, je me demande pourquoi ils sont infirmiers si c’est pour ne penser qu’à leur cul. Je te parle notamment des p’tits nouveaux. - Ouais, je vois. - Et puis, c’est moins marrant, j’ai pas grand monde avec qui discuter maintenant. Sois pas surpris si je te dis que tu manques à pas mal de gens.
Je haussai les sourcils.
- Euh… ben si, je suis surpris.
Taylor éclata de rire.
- Quoi, ne me dis pas que tu ne te rappelles pas des petites vieilles qui viennent régulièrement pour leurs examens ? Tu leur faisais un sacré effet !
Je me frappai le front avec le plat de la main.
- Oh pitié…
Il rit de plus belle, moi aussi, plus modérément.
- Et plus sérieusement, vous faisiez vraiment du bon boulot, Mary et toi. C’est plus pareil sans vous.
Mon cœur se serra mais je lui accordai tout de même un sourire reconnaissant, et un remerciement à peine distinct. Il me donna une tape dans le dos, demanda si j’avais repris le travail. Je lui expliquai rapidement mon poste à l’institution d’Indarë, il écouta sans broncher, ne donna pas vraiment d’avis. J’avais surtout l’impression que notre échange se faisait juste pour prolonger la conversation, pour ne pas paraître impolis l’un envers l’autre. Mais j’étais quand même content qu’il soit venu me voir pour avoir des nouvelles. Il aurait aussi pu me laisser partir sans rien dire. Et ses mots semblaient sincères. Je lui précisai que j’allais chercher ma voiture au garage puis que je revenais voir l’étudiant que j’avais amené ici.
- Ҫa marche, peut-être à plus tard alors,déclara Taylor en reculant.
Je le saluai d’un signe de la main et tournai les talons. Il ne me fallut pas très longtemps pour récupérer la voiture. Je la garai à la maison et décidai de faire le chemin à pieds jusqu’à l’hôpital. Il était quinze heures quand je parcourus le couloir qui menait à la chambre de Haku. Je frappai doucement à la porte au cas où il dormait encore, et ouvris. Le jeune homme n’était plus dans son lit mais debout au milieu de la pièce. Torse nu, il tenait un cutter dans une main et se scarifiait l’avant-bras. Et il portait ce fameux masque rouge et blanc sur le visage.
- Te voilà enfin !s’exclama-t-il d’une voix que je ne lui connaissais pas.
J’eus un léger frisson. C’était bien la sienne mais elle avait quelque chose de différent. Ce n’était pas le Haku que je connaissais, il semblait différent. Toute trace de bonté avait disparu, remplacée par une sorte de haine intense. Se pouvait-il que…
- Aku ?fis-je incertain.
Je fis un pas en avant mais le cutter se rapprocha de son avant-bras déjà ensanglanté. Je me figeai, ne voulant surtout pas provoquer une catastrophe. Comme un idiot, j’avais déjà refermé la porte derrière moi et ne pouvais appeler personne en renfort. Que faire ? Il perdait du sang, beaucoup plus que la dernière fois avec le stylo, et j’avais peur qu’il fasse une grosse bêtise si j’agissais mal.
- Tu devrais poser ça,conseillai-je d’abord en désignant le cutter.
Je ne l’avais pas vu dans son sac. Si ça avait été le cas, je l’aurais immédiatement enlevé. Il devait l’avoir bien caché.
Haku & Brook23/10/20 Please helpJ’étais là, recroquevillé dans ma propre tête car oui, lorsque Aku prenait ma place j’avais cette impression aussi déplaisante, cauchemardesque et à pleurer. Donc oui la réaction d’Aku n’était autre que se tenir la tête entre nos mains, se parlant seul comme je le fais moi avec lui. Un combat inépuisable qui me rendait fou. Aku lui? Il s’en délectait tant que je perdais pieds et m’enfermais un peu plus dans ma folie. Il n’était jamais là quand il le fallait.
« Ta gueule sale con!»
Mes larmes redoublèrent ce qui le fit tituber un peu plus, pourtant il se dirigeait vers mon sac ayant tout d’abord pris son masque il chercha ensuite le cutter que je cachais précautionneusement dans mon sac, dans un repli de couture, là où personne ne pensait chercher. Le masque enfin posé sur notre visage il ne m’entendait plus qu’à voix basse, j’étais un chuchotement dans sa tête, comme lorsque je me contentais de ne pas l’écouter, enfin, lorsque j’y arrivais bien sûr et ce n’était pas souvent le cas. Enfin, je crois? Quoi qu’il en soit en cet instant présent je n’étais plus maître de moi même, de mon corps et mon esprit était en quelque sorte possédé par cet autre moi. Étais-je fou? Sûrement oui mais je ne pouvais rien y faire à part prendre des médicaments. Qu’est ce qui allait se passer à présent? Aku avait déjà commencé à nous scarifier, ayant bien pris le temps de retirer notre veste et notre chemise, dévoilant notre torse maigrelet mais malgré ce corps fin Aku avait un peu plus de force que moi. Pourquoi, d’ailleurs, n’était-il pas sorti lorsque je m’étais fait agresser hein? Ah oui c’est ça, il aimait bien trop me voir souffrir bien qu’il préférait lorsque c’était lui qui m’infligeait du mal. Et là… Ça allait commencer.
Tout d’abord se fut de simple petites scarifications sans grande importance mais trèss vite le jeu bascula et devint plus sérieux. Voulait-il en finir lui même avec ma vie? Je ne savais pas, j’étais perdu, grelotant, pleurant dans le noir. Un sourire se dessina ensuite sur notre visage, un sourire invisible pour… Meyer! Que Aku accueilla avec gentillesse comme il le disait souvent. Pour lui lui accueillir bien quelqu’un était de lui parler d’un ton froid, glaciale mais toujours poliment.
« C’est bien moi… Meyer? J’avais hâte de te rencontrer, à force de lire le carnet de cet imbécile je voulais voir si tu étais si gentil que ce qu’il racontait dans son débris d’encre…» Il retira son masque et fit découvrir un large sourire qui s’étendait d’une oreille à l’autre. Un sourire emplie de sadisme.
«Oh tu veux que je repose ça?» Il appuya sur la lame et commença à nous couper le bras sur toute sa longueur. « Pourquoi devrais-je faire ça?» Dit-il avec ce même sourire, la tête inclinée sur le côté en fermant les yeux.
- C’est bien moi… Meyer,répondit-il d’un ton faussement amical.J’avais hâte de te rencontrer, à force de lire dans le carnet de cet imbécile. Je voulais voir si tu étais si gentil que ce qu’il racontait dans son débris d’encre…
Il retira son masque et me gratifia d’un sourire empli de sadisme.
- Tu veux que je repose ça ?fit-il en regardant le cutter.
Avant que je puisse réagir, il appuya la lame contre son bras et le coupa sur toute sa longueur. Le sang coula de plus belle.
- Pourquoi devrais-je faire ça ?
Je serrai les poings, réfléchissant à toute vitesse avant qu’il ne soit trop tard. Son attitude était assez similaire à celle de Ihn. Le problème, c’était qu’Aku se scarifiait, pas Haku. Et je ne comprenais pas. Lors de notre rencontre, je pensais que Haku agissait ainsi pour tenter de se débarrasser de l’autre. Il m’avait dit que lors d’une énième tentative, plus la vie le quittait, plus Aku devenait bienveillant avec lui, comme pour l’inciter à arrêter sa bêtise, à continuer de vivre. Je me souvins même avoir pensé au fait que, contrairement à lui, Ihn s’était contenté de m’insulter. Il avait eu une peur bleue de disparaître. Aujourd’hui, je pouvais toujours le menacer de recommencer pour calmer ses ardeurs. Mais il savait très bien que je ne le ferais pas puisqu’il y avait Janna. Le fait de vouloir protéger ma fille au péril de ma vie renforçait l’emprise de Ihn sur mon mental. Grâce à Janna, il pouvait faire ce qu’il voulait. « Der Tod ist kein Ausweg ». Ça ne pouvait pas être plus vrai que maintenant. J’imaginais que ce devait être le cas de Aku, qu’il avait été gentil avec Haku par peur de mourir. Alors pourquoi là, dans cette chambre d’hôpital, lui faisait-il tant de mal ? Ҫa n’avait aucun sens…
« Pose-lui la question, »suggéra Ihn dont la colère de tout à l’heure paraissait avoir disparue.
Hein ?
« Je dis, pose-l… »
Non mais j’avais compris !
« Ben alors ! »
Quelle question devais-je lui poser ?
« Mein Gott*…soupira-t-il désespéré.Demande-lui si c’est ce qu’il veut. Si… s’il veut… »
Il eut soudain l’air angoissé et indécis, et je compris.
- Tu veux vraiment disparaître comme ça ?
J’entendis Ihn émettre un son mêlé de tristesse et d’effroi. Il n’aimait toujours pas évoquer le sujet.
- Tu oserais détruire celui qui t’a créé ?enchaînai-je avec plus d’assurance.Tu ferais ça alors que sans lui, tu n’existerais même pas ?
« J’ai l’impression que tu me fais la morale aussi là… c’est gênant. »
Haku & Meyer23/10/20 Please helpLe fait de voir Meyer serrer les poings donnait encore plus envie à Aku d’appuyer la lame sur mon avant bras. À quoi pouvait bien penser Meyer pour ne pas agir ? J’avais mal, j’avais envie de pleurer un peu plus fort pour forcer à faire partir Aku mais… Ça faisait toute la chose contraire alors je restais là, tapi, en silence, essayant de pleurer sans faire de bruit. Un frisson me parcourut lorsque je sentis la lame froide traçant un lent chemin sur la longueur de mon avant bras. Inconsciemment je regardais mon bras qui était en sang, j’avais l’habitude mais Dieu que c’était douloureux et apeurant. Quant à Aku ? Il s’en foutait, souriant comme un dément sadique. Ça faisait tellement mal, je poussais des gémissements intérieurs que seul Aku pouvait entendre et ça le rendait fou bien qu’il restait impassible devant l’infirmier. Montrer ses sentiments devant les gens, il n’était jamais tombé sur quelqu’un qui en vaille la peine et je pense aussi qu’on ne trouvera jamais cette personne. Nous étions d’accord sur ce point-là. Enfin bref... J’avais l’impression que j’allais m’évanouir avec tout ce sang qui coulait. Pourtant, Aku allait très bien et continuait mais cachait-il réellement son état juste pour garder le contact avec Meyer ? Pour le faire souffrir ? Mais… Qui dit qu’il était attaché à moi ? Après tout, nous ne nous connaissions pas tant que ça et je n’étais qu’un sale gosse qui faisait n’importe quoi… Il posa ensuite la question à Aku, s’il voulait disparaître. Aku rigola et cela eut le don de lui faire cesser ses scarifications. Il écarta les bras en souriant.
«Hé bien… Pourquoi pas ? Ce n’est pas avec ça que je vais mourir…» Il rit. «A moins que ça t'intéresse que je meurs devant toi? On peut toujours s’arranger !»
Le blond sortit ensuite un speech sur le fait que je cesserais d’exister si je tuais Haku et bla, bla bla….
«Épargne moi cette discussion que j’ai eu des centaines de fois avec d’autres! Je me tuerai le jour où Haku le voudra, je ne suis pas un monstre, si?» Il rigole une énième fois. « Je ne fais que lui parler, je l’encourage pour que ce soit lui qui le fasse pas moi et Dieu sait que ce gosse est faible!» Il regarde notre bras. « Oups… J’y suis allé fort quand même hein? J’adore ça! Surtout lorsque j’entends Haku dans le coin de notre tête en train de chialer comme une fille. Ça te fait ça toi aussi?» Disant cela avec un sourire sadique et un regard attentif.
- Eh bien… pourquoi pas ?répondit Aku avec désinvolture.Ce n’est pas avec ça que je vais mourir.
Il rit.
- A moins que ça t’intéresse que je meure devant toi ? On peut toujours s’arranger !
C’était vraiment trop étrange. Je comprenais de moins en moins.
- Épargne moi cette discussion que j’ai eu des centaines de fois avec d’autres !reprit-il énervé.Je me tuerai le jour où Haku le voudra, je ne suis pas un monstre, si ?
Là ? Si…
- Je ne fais que lui parler, je l’encourage pour que ce soit lui qui le fasse, pas moi, et Dieu sait que ce gosse est faible !
Il baissa les yeux sur son avant-bras.
- Oups… J’y suis allé fort quand même, hein ? J’adore ça ! Surtout lorsque j’entends Haku dans le coin de notre tête en train de chialer comme une fille. Ça te fait ça, toi aussi ?
Je soupirai, préférai ne pas répondre à sa question. D’abord parce que je n’en avais pas envie, ensuite parce que je ne savais pas de quoi il parlait… dans le sens où, quand Ihn prenait les commandes, je n’étais plus là, ne ressentais rien, ne voyais ni n’entendais rien, ne pouvais pas parler. J’étais dans le noir et le silence total, comme séquestré au fond d’une cave. De ce fait, j’étais dans l’incapacité de comprendre Haku sur ce point. Et ça m’embêtait. S’il était présent au moment où Aku me parlait, que faisait-il ? Se laissait-il insulter, cracher dessus, scarifier ? Ou se battait-il de toutes ses forces pour arrêter Aku ? Je ne comprenais pas pourquoi Aku voulait le pousser à se tuer. Ihn n’était pas comme ça. Il me dénigrait, faisait tout pour me faire descendre plus bas que terre, physiquement, moralement, socialement, financièrement, et j’en passais. Mais jamais il n’avait souhaité que je me tue. La seule fois où je tentai, il en ressortit traumatisé. Aku n’avait-il aucune peur de ne plus exister ? Si tel était le cas, alors la situation demeurait plus grave que je le croyais. Je ne savais absolument pas comment aider Haku. A moins que… « … je l’encourage pour que ce soit lui qui le fasse, pas moi et Dieu sait que ce gosse est faible ! » J’avais deux avis sur ce propos : soit il était vraiment sadique envers Haku, et souhaitait-il le laisser faire la bêtise lui-même par… principe, peut-être ? Soit…
- C’est toi le faible,lâchai-je en le pointant d’un doigt accusateur.
Son visage exprima de l’interrogation mêlée d’agacement.
- Il t’a créé et il peut très bien se débarrasser de toi s’il en a envie.
Ihn éclata de rire, je n’y fis pas attention.
- Peu importe le moyen qu’il utilisera, il le fera si tu ne changes pas d’attitude,continuai-je de manière plus menaçante, voire provocatrice.Que tu le veuilles ou non, tu n’es que le second et tu le seras toujours.
Il ouvrit la bouche mais je ne lui laissai pas le temps de parler. A présent, j’étais lancé. J’ignorais si c’était une bonne chose, si je ne faisais pas une erreur en lui parlant de cette façon. Mais je n’avais pas d’autre solution…
- C’est toi le faible,répétai-je en avançant d’un pas, réitérant mon geste du doigt pour donner plus d’impact à mes paroles.Tu te caches derrière la fragilité de Haku parce que tu ne veux pas avouer que tu es terrifié.
Encore un pas.
- Tu trembles à l’idée qu’un jour, il te dise qu’il n’a plus besoin de toi et qu’il te jette comme une merde parce que tu ne sers absolument à rien !
Un pas de plus et j’attrapai la main qui tenait le cutter, la levant en l’air, presque trop haut car le jeune homme se tenait sur la pointe des pieds. Je plantai mon regard dans le sien.
« Oula, du calme là… »
- Schnauze* !ne pus-je m’empêcher de gronder en tournant légèrement la tête de côté, comme si Ihn se trouvait derrière moi.
Je reportai mon attention sur Aku.
- Maintenant tu vas me faire le plaisir d’arrêter tes conneries et de rendre sa place à Haku,ordonnai-je un peu plus calmement mais pas moins en colère.
Haku & Meyer23/10/20 Please helpIl pointa un doigt vers Aku qui n’aimait visiblement pas ça. Il grognait agressivement, près à nous refaire du mal. Il haussa les épaules. Expriment un petit « Moi Faible? De quoi tu parles?». Un petit sourire en coin se dessina sur notre visage. Visiblement Aku n’en avait pas peur ni ne semblait inquiété parce que dans le fond, Meyer se trompait, je ne le laisserai jamais partir, c’est triste à dire mais c’est comme ça… Je voulais m’exprimer mais là encore il ne l’en laissa pas en placer une. Aku se contenta juste de le narguer en faisant bouger sa main comme un bouche qui s’ouvre et se ferme en ricanant.
« Je ne suis pas terrifié au contraire je suis près à mourir en même temps que lui, je le laisse juste profiter du moment opportun» sourit-t-il avant de grogner une nouvelle fois en voyant que Meyer tenait à présent le cutter. «Mais qu’est c’que tu fous bordel! Lâche moi! Tu veux vraiment revoir ce pleurnichard de Haku? Il ne sait même pas s’exprimer ce petit con! Tu ferais mieux de l’oublier!»
Nous nous sentîmes alors retomber sur le sol, fesses contre le carrelage remplie de sang. Il nous avait fait tomber en arrachant le cutter de notre main. C’était un coup à ouvrir plus nos blessures. Se foutait-il de ça? Aku n’en était pas certain et moi j’espérais qu’il ne s’en foutait parce que… Meyer avait toujours été là pour moi mais alors… Je devais peut être être un boulet? Mais Aku disparut grâce à Meyer et je me tenais mon bras, baissant les yeux, honteux, parlant à voix basse.
«Tu aurais dû me laisser dans la ruelle… Au moins je n’aurais pas gâché ta journée...» J’avais mon corps qui tremblait et ma voix était remplie de sanglot à croire même que je m'etouffais avec. Je pris de nouveau la parole. «J’ai… Froid…» Sûrement la faute à tout le sang que j’avais perdu? J’avais la tête qui tournait en me levant, titubant jusqu’aux rambardes du lit avant de retomber comme une poupée désarticulée, je n’avais clairement plus de force et en regardant mon bras je voyais le sang coulant toujours autant, la plaie devait bien faire dix centimètre de long.
- Mais qu’est-ce que tu fous, bordel ? Lâche-moi !protesta-t-il.Tu veux vraiment revoir ce pleurnichard de Haku ? Il ne sait même pas s’exprimer ce petit con ! Tu ferais mieux de l’oublier !
Je le lâchai en prenant soin de récupérer le cutter au passage. Je ne voulais pas qu’il recommence à se mutiler. En l’observant, je vis ses épaules s’affaisser, sa respiration se calmer un peu plus et ses mains trembler de moins en moins. Il baissa alors la tête et dit, à voix basse :
- Tu aurais dû me laisser dans la ruelle… Au moins je n’aurais pas gâché ta journée…
Je venais de retrouver Haku. Soulagé, j’esquissai un geste pour l’aider mais il se leva lui-même, se plaignant d’avoir froid. Ce n’était pas bon signe. Il perdit l’équilibre et s’effondra à côté de son lit. Je devais appeler quelqu’un.
- Ne t’en fais pas, ça va aller,dis-je en me dirigeant vers la porte.
D’abord, je rangeai le cutter dans ma poche. Puis j’ouvris rapidement, me précipitai dans le couloir et allai trouver un infirmier. Je pouvais très bien m’occuper de Haku moi-même mais je ne travaillais plus ici, je devais laisser faire le personnel. Bientôt, l’étudiant fut de nouveau pris en charge. Cette fois, j’insistai pour rester. Heureusement, Taylor faisait partie des deux infirmiers qui étaient venus, alors il m’autorisa à apporter mon aide. Quand les plaies sur son bras furent désinfectées et soignées, et la perfusion de sang installée, je fis le bandage tandis que mes anciens collègues commençaient à ranger le matériel et à nettoyer le sol. Haku n’osait pas me regarder. Il avait les yeux perdus dans le vide, un sentiment de honte se distinguant sur son visage fatigué. Je ne pris pas tout de suite la parole, préférai attendre que nous soyons seuls.
- Je reviens tout de suite,prévins-je alors que Taylor quittait la pièce avec l’autre infirmier.
Je rejoignis le brun à lunettes dans le couloir en prenant soin de fermer la porte derrière moi pour que Haku ne puisse pas nous entendre.
- Ҫa va aller ?s’enquit mon interlocuteur inquiet, dans un murmure. - Je pense que ça devrait, maintenant,répondis-je sur le même ton.Juste…
Je baissai davantage la voix.
- Surveille-le pour moi, d’accord ? Il est… fragile.
Il me tapota l’épaule.
- Pas de souci, je le garde personnellement à l’œil.
Je le remerciai, lui dis que j’allais rester jusqu’à l’heure d’aller chercher Janna à l’école. Il me salua, je rentrai dans la chambre. Haku n’avait pas bougé d’un cheveu. Je m’assis sur une chaise, près de lui, l’observai un moment, soupirai.
Haku & Meyer23/10/20 Please helpJe restais par terre sans bouger comme me l’avait conseillé Meyer mais de toute façon j’étais incapable de bouger seul. Les yeux rivés sur le sol je n’entendis pas la porte s’ouvrir alors qu’un infirmier me levai pour me faire m’allonger sur le lit et j’accueillais cette invitation indirecte avec plaisir, j’étais tellement fatigué mais ne voulais pas dormir, pas dans un hôpital je détestais ça. Lorsqu’on me soigna je serrai les dents, j’avais excessivement mal. Aku avait fait fort… Je m’en voulais bien que ce soit lui qui l’ait fait. On me posa alors une pochette de sang dans une perfusion. Ma plaie était si profonde que ça? Je ne pus voir car Meyer avait déjà fait le pansement mai la douleur était toujours présente, trop présente! Il me dit ensuite qu’il revenait et je lui fis un geste de la tête, recommençant à regarder le ciel dehors, perdu et honteux. J’entendais l’infirmier et Meyer parler mais je ne savais pas ce qu’ils se disaient, il parlait sûrement de moi. Je soupirai et l’homme rentra, je baissai les yeux alors qu’il prenait une chaise et vint s’asseoir près de moi. Il ne prononça alors que deux mots et je savais, je savais que je devais lui expliquer mais c’était toujours flou.
« Je… Je sais pas… Je m’en voulais pour tout un tas de raison. Parce que tu dois toujours t’occuper de moi même par un hasard. Au final je ne suis qu’un boulet pour les gens et j’en peux plus… J’écrivais dans mon journal et je sais pas pourquoi mais Aku est devenu encore plus présent et… Je ne sais pas comment expliquer…Je suis désolé… Pour tout… » Une larme se mit à rouler sur ma joue. « Meyer… Il faut que je rentre au pensionnat ce soir.. Si je n’y suis pas et qu’ils apprenne que j’étais à l’hôpital ils vont me mettre en résidence surveillée et je veux tout sauf ça! »
Il mit un certain temps avant de prendre la parole.
- Je… Je sais pas… Je m’en voulais pour tout un tas de raisons. Parce que tu dois toujours t’occuper de moi, même par un hasard. Au final, je ne suis qu’un boulet pour les gens et j’en peux plus… J’écrivais dans mon journal et je sais pas pourquoi mais Aku est devenu encore plus présent et… Je ne sais pas comment expliquer…
Je ne dis rien, le laissai s’exprimer.
- Je suis désolé… Pour tout…
Ses yeux s’embuèrent et une larme roula sur sa joue.
- Meyer… Il faut que je rentre au pensionnat ce soir…dit-il soudain paniqué.Si je n’y suis pas et qu’ils apprennent que j’étais à l’hôpital, ils vont me mettre en résidence surveillée et je veux tout sauf ça !
Effectivement, et ça ne l’aiderait pas à remonter la pente. Je croisai les bras, réfléchis un moment, les yeux baissés sur le sac à dos de Haku qui se trouvait par terre. Son cutter se trouvait toujours dans ma poche et je ne comptais pas le lui rendre. A part pour se blesser, il n’en avait aucunement besoin.
- Je te ramènerai à Indarë avant ce soir,lui assurai-je d’abord pour l’apaiser.Mais pour ça, il va falloir que tu te tiennes tranquille ici.
Je lui montrai sa perfusion.
- Tu dois récupérer.
Il hocha la tête, penaud. Je me penchai un peu en avant, les coudes posés sur mes cuisses et les mains jointes devant mes genoux. J’observai Haku quelques secondes. Il détourna la tête, gêné et toujours sanglotant.
- Je vais être franc avec toi,repris-je d’une voix posée.Je ne sais pas comment t’aider face à Aku. Il est… différent de… lui.
Je tapotai ma tempe avec l’index.
- Et toi, tu es différent de moi.
Il fallait que je sois plus clair. Je m’éclaircis la voix, poursuivis.
- Si je devais nous comparer sur nos forces et nos faiblesses… à tous les quatre, je précise,dis-je en lui accordant un regard entendu,je dirais que je suis meilleur pour contenir l’autre, pour lui éviter de prendre le contrôle. Par contre, toi, tu es meilleur pour le contrer une fois qu’il a pris le dessus. Je m’explique : quand il est aux commandes, tu entends ce qu’il se passe, tu vois les choses, tu les comprends, tu les ressens, tu peux y réagir, même faiblement. C’est bien ça ?
Il confirma, sans cesser de pleurer. J’attrapai un mouchoir dans la boîte qui se trouvait sur la table de chevet, et le lui donnai. Il me remercia, s’essuya les yeux et se moucha.
- Pour ma part… je ne suis pas très fier de le dire mais…
Je me grattai le côté du front du bout du doigt, pas certain que ça allait le rassurer. Mais tant pis.
- J’en suis incapable. Sa présence est si importante quand il prend les rênes que je me retrouve comme… endormi. Et impossible de me souvenir de ce qu’il a pu dire ou faire quand je reviens. Ou plutôt… quand il me laisse revenir. Heureusement, il est trop faible pour rester très longtemps. Une journée, pas plus.
Et c’était déjà beaucoup trop mais je préférai ne pas le dire à voix haute.
- Je ne dis pas tout ça pour faire le psy ou quoi,déclarai-je tandis que Haku se calmait légèrement, à l’écoute.J’essaie seulement de comprendre, de nous comparer pour t’aider, même si c’est difficile.
Je posai une main sur son épaule.
- J’ai la certitude que tu finiras par trouver la solution. Ne perd pas espoir, peu importe ce que peut penser Aku. C’est toi qui décides, c’est ta vie.
Je retirai ma main.
- Tu te souviens de ce que je t’ai dit le jour où on s’est rencontrés ?
Il m’accorda un regard interrogateur.
- Je t’ai dit que pendant quelques années, j’ai cru avoir trouvé la solution pour moi. Tu te doutes bien que je parle de Mary… ma femme.
Un frisson me parcourut la nuque. Je ne parlais jamais de Mary à personne.
- Elle m’a été enlevée bien trop tôt,ajoutai-je avec tristesse.Mais ces sept ans à ses côtés ont été une belle délivrance,ponctuai-je d’un sourire nostalgique.Peut-être que toi aussi, tu as besoin de quelqu’un qui vous accepte tous les deux, qui vous aime et vous tirera vers le haut, qui vous mettra sur la même longueur d’ondes et vous rendra heureux, Aku et toi.
Je me tus. Je ne me rappelais pas avoir déjà autant parlé sans m’arrêter.
Haku & Meyer23/10/20 Please helpJ’avais peur qu’il ne veuille pas que je retourne au pensionnat mais il était clair que je devais être dans les dortoirs à l’heure indiqué dans le règlement. Après quelques secondes de silence et le voyant les bras croisés il m’assura qu’il me ramènerait à Indarë avant le couvre feu, que je devais juste attendre un peu, me montrant la perfusion de sang. Je hochais la tête puis il s’avança vers moi chose que je n’avais pas anticipé et qui me fit tourner et baisser le regard. Je me sentais tellement honteux et en pleurant encore une fois.
*T’es pathétique*
Laisse moi bordel! Je serrais le poing. Meyer m’expliqua ensuite que nous étions tous les quatre différents et je le croyais sans douter bien que je n’avais pas vu sa seconde personnalité ou peut être que si dans la ruelle? Non je ne savais pas, j’étais trop occupé à…
*Chialer comme d’hab!*
Meyer me donna un mouchoir en voyant mes larmes couler. Il me dit ensuite que dans mon cas j’étais capable de l’affaiblir? Du fait que je l’entendais, le voyais et ressentais ce qu’il faisait et ceci était vrai. Il m’avoua ensuite que ce n’était pas son cas. Que lui disparaissait vraiment si je puis dire. Dans un sens cela me rassurait mais je n’aimerais pas être à la place de Meyer… Et puis, qui aimerait être à notre place dans le fond? Il me parla ensuite du jour de notre rencontre, j’inclinais la tête sur le côté, ne comprenant pas où il voulait en venir. Puis lorsqu’il me parla de sa femme qui était décédée, j’eus vraiment de la peine pour lui. Il devait l’aimer je n’en doutais pas mais il avait tout de même gardé le fruit de leur amour: Janna. Pour ma part je n’avais rien, ma mère mais elle n’empêchait pas Aku de venir, il la détruisait un peu plus à chaque fois qu’elle le voyait. Elle en souffrait et je n’arrivais pas à faire autrement. Je baissais les yeux lorsqu’il me laissa l'espoir de trouver la même personne qui l’avait trouvé.
«Je ne sais pas si j’aurai le courage de l’attendre. Je suis rejeté quoi que je fasse… Parce que je suis timide, parce qu’il y a l’autre, parce que j’ai des cheveux longs et un visage féminin… Je sais pas si je trouverai la bonne personne… »
The Wiesel Den 
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