Entre Roi et Dame, entre blanc et noir [Prez']

Comme une maladie contagieuse, l'énervement rejoint les deux camps, se répand, s'intensifie. Un "ferme ta gueule" sans la moindre notion de calme d'un côté, un enchaînement de critiques de l'autre. Au fond, Damen sait que sa colère n'est pas vraiment destinée au gars qui se tient en face de lui. Il sert juste de catalyseur, de quoi concentrer la méchanceté glaciale qui lui colle à la peau. Est-ce qu'il a l'impression d'être moins hypocrite ? Non, il ne s'est jamais considéré comme tel. il a, par contre, moins l'impression d'être au bord de l'implosion, et celle de ressembler à la personne qu'il méprise le plus sur cette planète.

Mais il l'a atteint. Il le voit, trop facilement : la flamme de haine dans ses yeux, la tension dans ses muscles, la déformation de son visage, la colère dans sa voix. Visiblement, il n'apprécie pas qu'on souligne sa tendance à ne pas vouloir s'attacher aux gens. Oui, prez', il y a une différence entre ne pas s'attacher aux gens et les fuir. Il y a une différence entre se séparer de quelqu'un parce qu'on ne l'aime pas, et s'en séparer parce qu'on sent qu'on s'y attache. Et cette différence, visiblement, il ne l'assume pas. Elle ne lui plaît pas. C'est un angle d'attaque presque trop facile pour ne pas avoir envie de retourner le couteau dans la plaie.

La répartie trouve quand même sa cible. Damen cligne des yeux, presque surpris qu'un semblant de vérité ait pu sortir des lèvres de ce type. Aussi vide... sans sentiments, sans émotions... même s'il le sait, l'affirme et l'assume, le rappel lui fait tout de même mal. Est-ce qu'il s'est déjà attaché à quelqu'un ? Oui. Il s'entend facilement avec les gens, il laisse approcher ceux qui sont assez fous pour décider de l'approcher, il s'attache à eux. Est-ce que ça change quoi que ce soit à son comportement ? Pas du tout. Même s'il doit tomber amoureux un jour, sa vie restera toujours une parodie d'existence. Alors peut-être bien qu'il est vide. Et alors ?

» Je n'ai jamais prétendu le contraire, Prez'.

S'il ne se sentait pas aussi vide, il ne passerait pas son temps à essayer de combler ça avec tout ce qui lui tombait sous la main.

» Je n'ai jamais prétendu être sentimental, m'inquiéter pour des gens dont je me contrefiche, jamais commencé de couple en donnant des espoirs aux autres pour m'enfuir dès que je m'y attachais un peu, jamais refusé d'admettre que je tenais à quelqu'un juste parce que la simple idée que ce soit vrai me rendait malade.

Jamais prétendu être bon pour les autres, jamais prétendu être quelqu'un de bien, jamais respecté les règles par lâcheté, jamais eu peur de ses pertes de mémoire. Il soupire. Relève les yeux, sourit, ricane.

» Je me demande... jusqu'où va ta peur, Prez'.

Sa colère est toujours là, mais elle est muselée dans un coin de sa tête, retenu en laisse par ces mots qui ont frappé trop près du cœur. Vide, oui, sans sentiments à assumer et à exprimer. Alors il s'approche. Peut-être qu'un coup dans la mâchoire ou dans l'estomac finira de chasser cet ennui qui lui ronge les entrailles. Ça ne sert à rien, ça ne lui apporte rien, mais ça fait bien longtemps qu'il a cessé de chercher des actions qui lui apportent quelque chose. Alors il saisit à nouveau la cravate qu'il n'a cessé de triturer depuis le début de leur conversation. Tire d'un coup sec. Plaque ses lèvres sur les siennes avant qu'il ait le temps de réagir. Rien d'intéressant là-dedans. Ce n'est qu'un jeu de plus, une façon de plus de lui faire mal, peut-être. De l'énerver. Il ne sait même plus quelle réaction il recherche, maintenant.

Il ne peut pas dire que ça l'amuse, ni que c'est vraiment pas attirance. Pourquoi il a fait ça, alors ? Pourquoi pas. Mettre ce gars hors de lui a un attrait non-négligeable, et ce genre d'action lui permet, à lui, de rester fidèle à sa réputation imprévisible. Il n'a même pas l'intention de vraiment en profiter, il n'essaye même pas, et il se fait de toute façon bien trop vite repousser pour en avoir l'idée. Le choc est plus brusque, plus violent que sa petite poussée précédente ou ce moment où il l'a saisi au col. À croire que la danse donne vraiment de la force, finalement. Sans se laisser impacter, Damen se contente de rajuster sa veste, un petit sourire aux lèvres. Il a déjà subi bien pire.

» Mais à part ça, tu n'as pas de problème avec moi, hein, ricane-t-il.

Il a tous les problèmes du monde avec lui, jalousie en tête. Le petit Prez' rage de ne pas avoir sa liberté ? Sûrement. Quand on a peur des sentiments, on ne peut qu'envier ceux qui ne semblent pas en avoir. Et s'il n'y avait que ça dont il était jaloux...

» Pourtant tu n'as pas l'air d'être un type difficile. Tout le monde y passe, non ? Même ta jolie copine du club de danse. Tu sais, celle à cause de qui tu me détestes de toute ton âme.

Une histoire stupide, un petit coup de flip qui, pour une raison incompréhensible venant d'un type qui ne se prétend pas rancunier, a fini par les entraîner là, dans cette cour, à s'envoyer au visage tout ce qu'ils trouvent la force d'aller déterrer. Ou bien est-ce autre chose, quelque chose de plus ancré que de la rancœur maculée de jalousie ?

» Ou alors c'est juste... tout le monde sauf moi ? Pour tout ? Je suis le seul qui n'a pas le droit de te toucher, parce que je te dégoûte. Tes amis peuvent être amis avec tout le monde sauf moi. Tes exs peuvent repartir avec tout le monde sauf moi. Ton cher et tendre peut coucher avec tout le monde sauf moi. Après tout, je tourne autour de tous ceux qui t'approchent, c'était bien ça ? C'est parce que tu as peur qu'Evan m'apprécie plus que toi ? Ou d'être moins bien que moi ? Ou...

Il s'interrompt brièvement pour faire mine de réfléchir, mais son sourire ne quitte pas ses lèvres. Au contraire, il s'élargit.

» Je t'ai piqué quelqu'un que tu voulais, peut-être ? Qui donc ? Pas ton cavalier du bal, je m'en souviendrais.

Probablement pas. Il y a trop de passages dans sa vie pour qu'il les retienne tous, même si certains restent plus marquants que d'autres. Ceux pour lesquels il a le moins d'alcool dans le sang, pour commencer. Finalement, il hausse les épaules.

» Enfin, tout ça revient finalement au même point. Tu es jaloux. Tu es jaloux parce que je fais ce que je veux et que ça ne me coûte rien, alors que tu continues de vivre selon tes règles bien classées. Tu es jaloux parce qu'Evan m'aime bien et que tu as peur de le perdre. Tu es jaloux parce que je n'ai pas besoin de m'éloigner des gens autour de moi pour me sentir bien, parce que je me prends moins de râteaux que toi, parce que je serai toujours plus connu que toi malgré tous tes efforts. Je suis ce que tu aimerais être et ça te rend malade.

Peut-être qu'il a tort, qu'il vise totalement à côté. Il est à peu près sûr de lui pour Evan, mais le reste ? Le reste n'est que de la poudre aux yeux. Du genre qu'il envoie au visage de tout le monde pour faire croire que sa vie est meilleure que la leur, alors que son seul but est de simplement continuer d'exister. Et qu'il l'admette ou non, c'est la haine de gens comme lui qui lui permettent d'exister à son apogée.

Oh, c'est mignon, le petit Prez' a des standards. Tu parles. Damen n'en croit pas un mot. C'est juste lui, qu'il déteste plus que les autres. Il l'a vu draguer trop de monde, et trop de personnes diamétralement opposées, pour croire à sa répartie bancale. Mais d'un côté, peu importe : il ne fait pas non plus partie des personnes qui lui plaisent. Trop sage, trop raisonnable, donc trop ennuyeux. Il n'y a pas pire tue-l'amour que les gens trop respectueux.

Il le voit tressaillir, à sa petite remarque. C'est donc ça, vraiment ? Il lui a piqué quelqu'un qui lui plaisait ? Si ce n'est que pour ça qu'il le déteste autant c'est tellement... cliché. Trop de gens dans cette ville le détestent pour ça. une fille, un garçon, quelque chose entre les deux avec qui il a couché au grand déplaisir d'un prétendant pas foutu d'aller poser la question lui-même, ou d'accepter un râteau pour ce qu'il est. C'est presque son quotidien. C'est aussi l'une des raisons principales qui lui valent de se faire casser la gueule. Ça ne fait qu'une jalousie de plus à rajouter à la liste qu'il vient de déballer sans broncher.

Cela dit, même si c'est agaçant de l'admettre, il doit bien reconnaître que le Prez' a visé juste sur quelques points. Pas tous - il est très loin des vraies raisons qui le poussent à se plonger dans l'alcool et la drogue, quoique même lui commence à les oublier - mais certains tout de même. Peut-être bien qu'il finira par mourir d'une overdose, ça fera une fin à sa mesure. Les mains dans les poches, Damen observe toute cette haine qu'il dégage comme si personne ne lui avait jamais dit ça avant. Croit-il lui apprendre quelque chose ? Non, il sait bien que d'être aussi excessif est une façon pour lui d'exister. Il ne croit ni à l'anonymat, ni à la technique du fantôme. Ceux qui vivent cachés ne vivent pas heureux ; ils ne vivent pas, tout simplement.

Et puis il y a cette phrase. Une phrase qu'il n'aurait jamais cru entendre de la bouche de qui que ce soit. Et surtout, une phrase dont il n'aurait jamais pu imaginer l'impact. Sans doute le Prez' lui-même ne réalise-t-il pas ce que ses mots ramènent à la surface. Parce que personne ne sait, à part Emily. Personne.
Un jour, quelqu'un va mourir à cause de toi.
On ne peut pas compter sur toi. Soit sérieux, bordel !
Damen, Leo est...
C'est de ta faute ! C'est de notre faute !
Tu as continué... il allait mal et tu as continué !
Quelque chose se brise dans sa poitrine. Dans son cœur. Le poids de souvenirs trop violents qui s'impriment dans son esprit. La sensation du verre brisé sur sa main. Les larmes d'Emily après qu'il lui a balancé toute sa culpabilité au visage. L'expression dans le regard de Leo à chacune de ses petites piques, qu'il n'avait pas vue avant que le résultat n'éclate aux yeux de tout le monde.
Un jour, quelqu'un va mourir à cause de toi.
C'est déjà fait.

» Tais-toi.

Il ne sait même plus s'il parle au garçon en face de lui ou aux souvenirs qui s'accumulent dans sa tête. Ne pas y penser, ne plus y penser, jamais. Cicatrices invisibles, hurlements, un bout de verre dirigé vers ses veines que personne ne lui a laissé le temps d'utiliser. L'appel du vide, et tout ce qui, jour après jour, lui a permis d'y résister, haine en tête. La haine des autres envers lui. La sienne, envers son père, sa poufiasse, lui-même. Son regard brille d'une rage extrême, son poing se serre. Il atterrit dans la mâchoire de l'autre avant même que Damen n'ait le temps de considérer la question.
Un jour, quelqu'un va mourir à cause de toi.
Non. Oui. C'est pour ça que les gens ne devraient pas l'apprécier. C'est pour ça qu'Eri ne doit pas revenir. Elle ne reviendra pas, de toute manière. C'est ce que dit le message qu'il a reçu il y a trois jours. "Je ne reviens pas après les vacances, ma mère veut me ramener au Japon." Tant mieux. Les gens doivent le détester. C'est la seule manière d'être sûr de lui survivre.

A-t-il frappé une seconde fois ? Ou même une troisième ? Il n'en est même pas sûr. Il ne contrôle plus son corps, le niveau de colère, alimentée par la culpabilité, qui pulse dans ses veines. Il a besoin de détruire quelque chose, encore. Quelque chose de bien, quelque chose de positif, qu'il veut faire éclater comme cette vitrine qui s'est brisé sous son poing. S'il ne peut pas avoir son propre sang sur les mains, autant avoir celui de quelqu'un d'autre. C'est comme ça qu'il fonctionne, de toute manière. Tous ceux qui l'entourent finissent blessés, pourquoi le Prez' serait-il différent des autres ?

Malade ? Non. Ou peut-être que si. Mais il n'a pas l'intention d'arrêter. Même si son bras refuse de continuer de bouger, enserré dans la poigne trop puissante d'un gars qui a passé de trop longues heures de sa vie à soigner sa musculature et renforcer son physique. Peu importe. Peu importe, peut-être qu'en se débattant un peu plus, il pourra récupérer son poing et frapper plus fort.

» La ferme ! Ne me dis pas ce que je dois faire ! Arrête de te prendre pour un putain de héros !

Son regard louche un instant sur son poing tâché de rouge. Du sang sur les mains, oui... il en a toujours eu. Il en a depuis des années. Celui d'un ami, d'un proche, de quelqu'un qui n'aurait jamais dû mourir, de quelqu'un qui est mort à sa place. Peut-être que si c'était lui qui était mort ce jour-là, tout aurait été différent. Peut-être que son père aurait compris l'impact toxique qu'il a sur le monde, peut-être que Léo serait toujours en vie, peut-être qu'Emilie irait moins mal. Mais.
Mais peut-être que sa mère n'y aurait pas survécu.

C'est son image, en s'invoquant à son esprit, qui le ramène à la réalité. S'il était mort avant Léo, ou après Léo, sa mère aurait sans doute suivi le mouvement. Elle est la seule raison, la seule vraie raison...
Son bras retombe mollement dans la poigne du danseur et toute l'énergie explosive de la rage le quitte aussi subitement qu'elle était venue. Il baisse la tête, serre les dents pour contenir la brûlure dans sa gorge. Jamais. Jamais il ne s'abaissera à pleurer devant un type pareil. S'il ne peut plus exploser, il sait toujours être froid. Tranchant comme les bouts de verre qui n'ont pas su trouver le chemin de ses veines.

» Lâche-moi. Qu'est-ce que tu comprends pas là-dedans ? C'est pas assez clair pour ton cerveau de mister perfection ?

Il tire pour se dégager, ne relève pas la tête. Il ne peut pas relever la tête, il sent l'humidité dans ses yeux et il préfère crever là, maintenant, que la rendre visible. Pourquoi il est ici, déjà ? Pourquoi il perd son temps avec un type pareil ? il a besoin d'un verre. D'un cachet, d'une ligne, d'une seringue. D'un corps facile à exploiter et prêt à exploiter le sien gratuitement. De n'importe quoi, pourvu de faire terre cette agaçante petite voix qui ne semble pas connaître le sens du mot "silence".
Un jour, quelqu'un va mourir à cause de toi.

» Putain ferme ta gueule.

Est-ce que l'autre a vraiment parlé ? Il n'en a pas la moindre idée. Ce n'est pas important. Le poing toujours serré, il masse son poignet malmené autant par les chocs que par la pression qui l'a arrêté. Cet endroit le rend malade. Ce type le rend malade, avec sa prétention et son vernis de perfection qui ne cache que peur et jalousie. Pourquoi les gens apprécient un gars pareil ? Il ne vaut pas mieux que son père. Des lâches hypocrites qui préfèrent s'assurer que leur vie brille quitte à piétiner celle des autres. Et on ose dire que c'est lui qui utilise les gens. Tss. Ce monde est pathétique.

Il faut qu'il s'en aille. Non. Pourquoi ce serait à lui de partir ? Ça l'insupporte. S'en aller maintenant serait juste un aveu de défaite et rien que l'envisager lui donne la nausée. Mais il ne supporte plus de voir son visage, fut-il couvert de sang. À quoi bon ? À quoi bon lui faire mal, à quoi bon le faire saigner, si tout ce qu'il obtient en retour, c'est ce regard rempli de pitié ? Bien sûr qu'il le voit. il la voit, cette incompréhension incrédule, cette envie sous-entendue de savoir ce qui lui est passé par la tête et pourquoi il s'emporte autant, et ça ne lui donne que plus envie de s'emporter. De la pitié, de la part de ce type ? Est-il vraiment tombé aussi bas ?

S'il a eut ce qu'il voulait ? Non. Il ne se sent pas mieux. Il aurait préféré un coup de point à l'estomac plutôt que la réplique qu'il s'est pris dans la gueule. il aurait préféré vraiment se battre et finir en sang plutôt que de voir le rouge qui macule ses doigts. Est-ce que c'est si difficile de juste servir de punching ball une fois de temps en temps ? Oui, Damen voulait ressentir quelque chose quand il est venu le provoquer, mais il cherchait de l'adrénaline, un boost à ses émotions pour ne plus avoir l'impression de flotter dans le néant, pas une piqûre de rappel remplie de mauvais souvenirs.

» T'as vraiment envie de te reprendre un poing dans la gueule, en fait.

Il peut pas juste se contenter de partir, au lieu de continuer ses petites piques insupportables ? Un jour, quelqu'un va mourir à cause de toi. Petites piques, ouais. Pas toutes si petites que ça. une douleur lui vrille la poitrine et il serre les dents, mordant le coin de sa langue malgré la sensation extrêmement désagréable qui remonte dans ses muscles. Non, certainement pas. Il refuse catégoriquement de donner ne serait-ce qu'un peu libre court à ce qui lui serre la gorge. Reprendre le contrôle. Il a toujours su le faire, ce n'est pas aujourd'hui que ça va s'arrêter.
Un jour, quelqu'un va mourir à cause de toi.
Ta gueule.
Il s'étire.

» Ah, tu ne m'amuses plus. À se demander pourquoi les gens t'apprécient, Prez'. C'est ennuyeux à souhait, d'être près de toi.

Calme, moqueur, imprévisible. Autant redevenir ce qu'il a toujours été.

» Je vais aller trouver quelqu'un d'autre avec qui passer le temps. C'est pas pour te vexer, Prez', mais il y a des dizaines de personnes plus agréables à embrasser que toi, dans cette école. Qui sait, je tomberai peut-être encore sur un de tes crush. Désolé d'avance si je te brise le cœur.

Il ricane, fier de son petit commentaire. En apparence du moins. Ça n'a rien d'exceptionnel et ce n'est pas le meilleur qu'il ait fait de sa vie, mais peu importe. L'essentiel, c'est qu'il puisse se barrer d'ici avant que la brûlure sous ses paupières remporte la partie. Alors, après avoir fait rouler sa nuque comme si tout était calculé, il repart les mains dans les poches.
Trouver quelqu'un à embrasser, hein... Il en a sûrement des dizaines plus ou moins intéressants dans son téléphone. Tant que ça lui change les idées...