À droite, l'école et ses élèves normaux, comme tout le monde.À gauche, le centre de redressement pour jeunes dangereux.Maintenant réunis, pour le pire.
Venez participer à la journée d'introduction des clubs ! Nourriture et activités pour tout le monde ~
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Blasphemy clickFreja & Meyer 27/11 « My new religion is you »
Étant totalement à bout de force après cette histoire je ne m’étais même pas rendu compte que ma couverture était tombée à terre, bien que j’avais un peu plus froid qu’avant. C’est lorsque je sentis que l’on me recouvrait que j’ouvris les yeux pour voir Meyer. Je m’excusai d’avoir fait du bruit mais apparemment ce n’était pas ma faute. Il s’assit ensuite près de moi sur le tapis et je me mis sur l’un de mes coudes, le menton sur ma paume et… Un peu près de son visage, peut-être trop? Je ne savais pas, je n’avais pas encore les idées remisent en ordre. Il me remercia ensuite parce que je l’avais accueilli chez moi avec sa fille et les autres, me disant qu’il n’aurait pas pu rentrer dans cet état. J'acquiesçais comme pour lui dire que c’était normal pour moi puis le vis se mettre en position foetale. Le dos bien appuyé contre le canapé en cuir noir. Nous étions proches et je pouvais voir son visage quasiment entièrement, je souris. Devais-je lui dire que je le trouvais beau? Je rougis jusqu’à ce qu’il s’excuse. Oui ok mais… Pourquoi? Je haussai un sourcil, je ne comprenais pas vraiment jusqu’à ce qu’il m’explique.
- J’ai… Ҫa fait peu de temps qu’on se connaît et tu m’as déjà vu me battre deux fois. Je ne te donne pas une très bonne image de moi…
Je secouais la tête de droite à gauche en souriant et pris la parole.
«Te voir agir avec ta fille suffit à montrer une bonne image de toi.. Par contre moi... Je suis collante avec toi et un peu trop intrusive... Je suis désolée.» Je me stoppais un peu puis ne pu m’empêcher de dire ce que je pensais. «Je.. En te voyant de plus près comme ça je.. Je te trouve très beau…» Je rougis et le vis écarquiller les yeux, discernant des rougeurs sur ses joues tout comme moi, sans s’en rendre compte nous nous étions encore un peu plus rapprochés l’un de l’autre
Je me sentais méprisable. Pourtant, Freja sourit de plus belle en hochant la tête de gauche à droite.
- Te voir agir avec ta fille suffit à montrer une bonne image de toi.
Peut-être mais me battre comme ça pour elle, et devant elle… Je n’étais pas certain que tout le monde fût du même avis. Quelqu’un d’extérieur à notre petit groupe m’aurait pris pour un véritable fou furieux. Et à cette heure-ci, je ne me trouverais pas chez Freja mais en garde à vue.
- Par contre, moi… Je suis collante avec toi et un peu trop intrusive…reprit-elle déconfite.Je suis désolée.
Non, elle faisait fausse route. A mon avis, c’était surt…
- Je… En te voyant de plus près comme ça je… Je te trouve très beau…
Le rouge me monta au visage.
« Oh, misère… On est en train de le perdre, »commenta Ihn dépité.
Je me tournai un peu plus vers elle, me rapprochant davantage, et lui souris, extrêmement gêné par son compliment inattendu.
- Et toi, tu es trop gentille,répondis-je en touchant son front du bout de l’index.
Elle eut un petit rire. Je m’accoudai à mon tour sur l’assise du canapé pour appuyer ma joue contre la paume de ma main. Comme l’autre jour au conservatoire, mon autre main se mut toute seule et je m’approchai encore de Freja pour aller mettre une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Nous étions si près que je sentais la chaleur de son corps contre mon bras plié. Mon cœur palpitait douloureusement, je me sentais aussi réjoui que troublé. Tout se bousculait dans ma tête, je ne savais plus si je devais reculer ou juste suivre mes envies.
« Tu trahis Mary… »maugréa Ihn irrité.
Mon estomac se noua à sa remarque.
« Tu devrais avoir honte. »
Honte ? Ce mot me fit réaliser que non, il avait tort. Mary ne pouvait pas m’en vouloir de continuer à vivre sans elle. Ce ne serait pas logique. Ce ne serait pas… elle. Elle m’avait toujours soutenu, toujours montré qu’elle tenait à moi, toujours fait comprendre que je n’existais pas pour rien, que mon rôle n’était et ne serait jamais de faire le mal autour de moi malgré ma maladie. Pourquoi, après sa mort, deviendrait-elle blessante, égoïste, arrogante ? Je ne l’avais jamais connue ainsi.
« Et tu crois que Freja est comme Mary ? Qu’elle va t’accepter ? Que ce sera aussi simple de la faire rentrer dans ta vie ? »
Simple… non, ça ne l’avait jamais été, à cause de toi.
« Mh… du coup, tu te doutes bien que je vais t’en faire baver jusqu’à ce que tu comprennes que tu fais une erreur ? »
Non, jusqu’à ce que TU comprennes que c’est TOI qui racontes n’importe quoi.
« C’est ce qu’on verra, »menaça-t-il.
Je me concentrai sur la demoiselle qui ne me quittait pas des yeux. Cette fois, j’eus beaucoup de mal à détourner le regard. Il m’attirait, comme son joli visage, son sourire, sa voix, ses rires, son élégance, son parfum…
- Freja…murmurai-je.
Je ne savais pas pourquoi je prononçais son prénom. Peut-être pour me rappeler plus vivement qu’elle se tenait près de moi, que c’était le moment de me décider à agir. Tout en elle me donnait l’impression que mon cœur peinait à suivre le rythme. Et il me suffit d’un infime instant durant lequel j’omis le passé, le présent et le futur, pour réduire la distance qui nous séparait. Nos lèvres s’effleurèrent et… BOUM ! Nous sursautâmes, tournâmes la tête d’un même mouvement vers le couloir duquel Owen sortit bientôt, échevelé et visiblement mal en point. Instinctivement, je reculai pour m’éloigner de Freja.
- Bordel, mais quel con…se plaignit l’infirmier à voix basse en se massant l’épaule. - Qu’est-ce qui se passe ?demandai-je tandis qu’Ellen nous rejoignait en essayant de rire silencieusement. - Ce qu’il se passe, c’est qu’il a voulu se lever sans allumer la lumière,expliqua la pianiste qui avait les larmes aux yeux tellement elle riait.Il s’est empêtré tout seul dans les draps et s’est retrouvé saucissonné par terre.
Je levai les yeux au ciel avec un sourire moqueur. Il n’y avait que lui pour faire une gaffe pareille. Freja, elle, le félicita en mentionnant le fait qu’au moins, il n’avait pas réveillé Janna. Oubliant très vite sa mésaventure, il fit remarquer que ça sentait bon la bouffe. Il était bientôt six heures et personne ne semblait vouloir retourner se coucher. Alors nous décidâmes de prendre le petit déjeuner tous ensemble. Owen se rendit à la cuisine pour boire un verre d’eau. Trop gêné pour oser regarder à nouveau Freja en face, je le rejoignis.
Can't help falling in love clickFreja & Meyer 27/11 « Take my hand, take my whole life too for I can't help falling in love with you »
Il sembla assez gêné par mon compliment mais je ne pus m’empêcher de lui dire. Je gardai déjà le fait que je l’aimai alors voir son visage pour la première fois d’aussi près et voyant qu’il était magnifique… Non je ne pouvais pas lui cacher et lorsqu’il appuya son index sur mon front en disant que j’étais trop gentille je frottais ma paume sur mon front en pouffant de rire.
«N’importe quoi! C’est toi…» Dis-je à voix basse.
Nos visages étaient vraiment proche et je sentais et clairement je voyais ses yeux me fixer, je rougis mais ne pouvais détourner mon regarde de lui comme pour lui peut être? Il a sa femme! Je soupirai jusqu’à ce qu’il murmure mon prénom, j’écarquillais un peu les yeux alors que nos visages étaient plus proche que jamais et lorsque nos lèvres s’effleurèrent seulement… Cela ne fut pas plus que ça étant donné qu’il y eut un BOUM assez sourd et que quelques secondes plus tard nous vîmes Owen et Ellen sortir de la chambre. Au temps dire que j’étais assez embarassée et à la fois frustrée par la situation. Mais j’eus vite un sourire lorsque l’histoire se fit entendre.
«Bravo Owen!» Dis-je en ricanant doucement. «Bon au moins vous n’avez pas l’air d’avoir réveillé la petite!»
Je vis ensuite les deux ombres aller dans la cuisine alors que Owen dit que ça sentait bon. Je souris et pris la parole.
«C’est fait maison! Le sirop d'érable et les confitures sont dans le frigo. Moi j’ai besoin d’une clope.»
-Je t’accompagne! dit Ellen avec son paquet de cigarette. -Commencez sans nous et surtout gardez-en pour la petite sinon c’est le bûcher!
Je ricanai et nous sortîmes, nous asseyant sur les transats de la terrasse.
-On vous a dérangé? dit-elle en allumant sa clope et la mienne.
«Oui… J’ai l’impression que c’est en train de changer entre nous…»
-Fais attention quand même… dit Ellen d’un ton soucieux. Elle était très protectrice avec moi, comme une grande sœur.
«Et toi ça c’est bien passé cette nuit avec Owen?» Dis-je en lui donnant un petit coup de coude pour la taquiner.
-Oui très bien, je l’aime beaucoup ce petit infirmier.
Je ris une nouvelle fois en aspirant sur ma cigarette puis je regardais dans le vague, moi j’aimais Meyer… Je soupirai en soufflant ma fumée.
-Toi tu penses à ton prince, c’est ça?
«Oui…»
-Tu verras avec le temps si c’est le bon… Moi je pense qu’il te ment Dit Ellen pour me réconforter et à la fois me mettre en garde, que devais-je faire?
Nos clopes une fois finies nous rentrâmes et vîmes les deux hommes attendre pour manger, nous nous installâmes donc et mangeâmes quelques pancakes avant d’en laisser pour Janna. Une fois cela fait nous nous installâmes dans le salon pour boire nos cafés alors que j’étais dans mes pensées je me brûlais la main à cause de la tasse.
- C’est fait maison !précisa la violoniste.Le sirop d’érable et les confitures sont dans le frigo. Moi, j’ai besoin d’une clope.
Ellen ajouta qu’elle l’accompagnait, et que nous pouvions commencer sans elles, sans oublier d’en laisser pour ma fille. Puis elles se rendirent dans l’entrée pour mettre leur veste et sortirent par la baie vitrée qui se trouvait face à la table et au piano, s’installant confortablement dans les chaises longues sur la terrasse. Le calme retomba dans la maison. Posant son verre au fond de l’évier, Owen se tourna vers moi. Il n’avait pas mis ses lunettes et je trouvais que ça lui allait plutôt bien. Mais, d’après mes souvenirs, il ne supportait pas les lentilles de contact.
- Bon allez, raconte,dit-il avec un petit sourire en coin. - Il ne s’est rien passé du tout, si c’est ce que tu veux savoir,répondis-je aussitôt en sentant mon cœur bondir.
Il croisa les bras et plissa les yeux comme s’il essayait de me scanner au laser.
- Vous étiez ensemble quand on est sortis de la chambre, tu vas pas me faire croire que vous jouiez aux cartes ?
J’évitai son regard en commençant à chercher des assiettes.
- Meyer…dit-il très sérieux cette fois.Tu ne lui as pas dit pour Mary, c’est ça ?
Je me figeai, la main sur la poignée d’un placard.
- J’ai bien compris hier soir au bar, et je t’ai couvert parce que je ne savais pas quoi faire. Mais tu penses vraiment que ça va durer ?
Je soupirai, lâchai la poignée et appuyai mes deux mains sur le plan de travail.
- Je n’y arrive pas.
Il s’approcha et vint s’adosser au frigo près de moi, les bras croisés. Je le sentis m’observer, ce que je trouvais très embarrassant. Je n’aimais pas que l’on essaye de lire en moi comme dans un livre ouvert.
- Pourquoi ?s’enquit-il.Qu’est-ce qui te bloque ? Freja te plaît, ça se voit. Alors quel est le problème ?
Ihn, peut-être ? Mais je ne pouvais pas lui dire.
- Tu aimes toujours Mary ?
Oui, ça aussi. J’affirmai d’un signe de tête, incapable de formuler à voix haute la triste vérité, à savoir que je n’avais toujours pas fait mon deuil.
- Et Freja ?
Je me mordis l’intérieur de la lèvre.
- Je… je ne sais pas.
Pourtant, tout à l’heure, j’avais réussi à faire abstraction de tous ces sentiments néfastes, et j’avais failli embrasser la jeune femme. Le fait de repenser à son souffle chaud tout près de ma bouche me donna d’agréables frissons. La main d’Owen me tapa alors l’épaule, me sortant de mes songes, et il m’accorda un sourire encourageant.
- Je suis sûr que ça va s’arranger,déclara-t-il.Tu vas finir par t’y faire, il le faut. Tu le sais.
Je hochai de nouveau la tête.
- Tu vas devoir lui dire la vérité, sinon elle va finir par la découvrir elle-même et ce sera pire. Parce que, sans vouloir te faire peur, il y a de fortes chances qu’elle ait de gros doutes.
Cette fois, ce fut à mon tour de le regarder de manière suspicieuse. Il eut comme un mouvement de recul.
- Je dis juste ça parce qu’Ellen pense que quelque chose cloche avec toi,se défendit-il.Et t’imagines bien qu’elle doit être en train d’en parler à Freja.
Oui… J’espérais vivement que la situation n’empire pas à cause de mes mensonges. Cependant, je me disais que je me trouvais déjà dans un sacré pétrin. Même si j’avouais tout à la violoniste, elle prendrait sûrement mal le fait que je lui ai menti. Et je ne voulais pas la faire encore pleurer. Je soupirai une nouvelle fois, désespéré. La baie vitrée s’ouvrit et les filles revinrent se mettre au chaud. Owen et moi nous dépêchâmes de mettre la table. Elles nous rejoignirent au moment où je sortais une assiette remplie de pancakes du micro-ondes. Nous nous installâmes et partageâmes le petit déjeuner qui, soit dit en passant, était très bon. Les conversations tournaient autour de sujets banals comme la météo d’aujourd’hui et l’actualité. Je gardai trois pancakes pour Janna, les remis dans le micro-ondes pour qu'ils soient à l’abri. Tout le monde se rassembla ensuite dans le coin salon pour boire le café. J’étais en train d’avaler ma première gorgée quand Freja poussa un juron en secouant sa main. Elle venait de se brûler les doigts sur sa tasse. Je me levai aussitôt.
- Il faut mettre du froid.
Je posai ma tasse et allai à la cuisine afin de récupérer quelque chose dans le congélateur du frigo. Je trouvai un petit sac de glaçons, le lui amenai en lui mettant directement contre la paume de sa main. Je ne fis pas attention à Owen qui devait trépigner intérieurement. Mon regard croisa celui de Freja un instant, et je me contentai d’un petit sourire à son attention. Janna fit alors son apparition à l’entrée du couloir, les cheveux dans tous les sens, se frottant les yeux d’un revers de manche. Elle vint me faire le câlin et le bisou, comme à son habitude.
- Guten morgen…dit-elle d’une voix pâteuse. - Guten morgen, Schatz*,répondis-je.Dis bonjour à tout le monde.
Elle fit le tour du salon pour faire le bisou à chacun, avant de revenir vers moi pour me chuchoter qu’elle avait faim. Je retirai le sac de glaçons de la main de Freja, lui demandai si ça allait mieux.
- Oui, merci,dit-elle avec un joli sourire.
Je fis s’installer Janna à la table et lui servis les pancakes.
___________________________ *Guten morgen, Schatz : Bon matin, ma chérie
Love the way you lie clickFreja & Meyer 27/11 « Just gonna stand there and watch me burn »
Nous rentrions après avoir fumé tranquillement. Il faisait frais dehors bien que j’avais des collants. J’avais tout de même retiré mon manteau donc je tremblais un peu. Lorsque Ellen me disait qu’il fallait que je fasse attention à Meyer je regardais les deux hommes de l’autre côté de la baie vitrée. Que pouvait-il bien me cacher? Je savais que, quelque part, ça devait être en rapport à sa femme mais, je ne savais pas ce que ça pouvait bien concerner, j’aspirais une longue taffe sur ma clope, légèrement pensive. À quoi pouvait-il bien jouer avec moi? Dans le fond voulais-je vraiment le savoir? Au final je voulais “juste” qu’il m’aime mais après ce qui c’était passé un peu plus tôt je ne savais plus quoi penser. Enfin que nous rentrâmes dans la maison qui était un peu plus chaude. Nous mangeâmes donc tranquillement puis passâmes au salon et comme une abrutie je me brulai la paume de la main, je reposai la tasse en vitesse et agitai la main en poussant un petit juron.
Meyer agit plutôt rapidement et alla chercher un paquet de glaçons dans le congélateur avant de revenir pour me le placer sur ma main. Nos regards se croisèrent et je lui fis un petit sourire pour répondre au sien, cependant je sentis les regards posés sur nous ce qui me gênait un peu. C’est à ce moment là que nous entendions la petite voix de Janna, encore mal réveillée résonner dans la pièce. Je souris alors que Meyer lui indiqua de dire bonjour à tout le monde, elle nous fit donc un bisou à tous. Cette petite fille était vraiment gentille et je souris à cette pensée. Elle dit ensuite qu’elle avait faim et Meyer s’occupa de lui donner à manger. La petite tête blonde se réjouit de son petit déjeuner et j’en étais très heureuse. C’est alors qu’Ellen prit la voix d’un ton enjoué tout en buvant un peu de café.
-Alors il paraît que tu joues du piano Janna? Si tu veux, je pourrai te donner des cours particuliers ici?
La petite fille fit un grand sourire et après avoir avalé son morceau de pancake elle prit la parole.
Elle les apprécia beaucoup, ne manqua pas de dire à Freja que ses pancakes lui plaisaient beaucoup.
- Alors, il paraît que tu joues du piano, Janna ?demanda Ellen qui se prélassait dans le canapé à côté d’Owen, leur tasse de café à la main.Si tu veux, je pourrai te donner des cours particuliers ici ?
Les cours particuliers… Je les avais oubliés. Enfin… pas vraiment. La situation était si tendue entre Freja et moi que je n’avais pas su me décider sur ce sujet.
- Oh oui !répondit joyeusement ma fille.Papa, je peux ?
Elle avait l’air tellement contente que je ne pus m’y opposer.
- Bien sûr,fis-je en caressant sa petite tête blonde.
Elle termina son petit déjeuner. Je débarrassai la table avec l’aide d’Owen qui insista sur le fait que les filles ne devaient rien avoir à faire car nous nous occupions de tout. Ça sonnait comme deux types qui agissaient tout à fait normalement avec leur femme respective, et mon cœur ne manqua pas de se manifester par une accélération de rythme. Pendant ce temps, Ellen et Janna jouaient quelques notes au piano. Ma fille se débrouillait déjà bien pour le peu de cours auxquels elle avait assisté au conservatoire. Elle aimait apprendre et j’étais surpris par la vitesse à laquelle elle assimilait les choses, malgré les certaines difficultés que pouvait représenter cet instrument. Si elle continuait comme ça, elle dépasserait vite mon niveau de l’époque, c’était certain. En plus, elle apprenait le solfège, les partitions ne lui étaient pas inconnues. Je ne connaissais pas tout cela et ne demeurais pas certain d’avoir le courage de m’y mettre maintenant. Bref. Freja les accompagnait au violon. Depuis la cuisine, je me surpris à contempler un moment son profil, son beau sourire et le charme qu’elle dégageait toujours lorsqu’elle jouait, même pour quelques notes au hasard. Une fois la table nettoyée, je prévins Janna que je rentrais à pieds à la maison pour aller chercher la voiture. Elle riait tellement avec les filles qu’elle ne broncha même pas. Owen décida de venir avec moi. Il dit au revoir à Freja, la remercia pour l’hébergement. Puis il embrassa timidement Ellen sur la joue et me rejoignit dans l’entrée. Durant le trajet, il me raconta à quel point la pianiste lui plaisait. Et, fier de lui, il ajouta qu’ils avaient vécu une très bonne nuit, sans passer à l’acte. D’après lui, s’il voulait une histoire sérieuse, il préférait ne pas précipiter les choses. Étonnant de sa part, moi qui le connaissais surtout pour ses tendances à sauter sur tout ce qui bougeait. Il cachait bien son côté gentleman. En vérité, ils avaient beaucoup discuté et avaient fini par s’endormir l’un contre l’autre.
« Y en a qui ont de la chance, n’est-ce pas ? »fit Ihn d’un ton moqueur et provocateur.
Je ne pris pas la peine de lui répondre. Arrivés au niveau du cimetière, Owen me souhaita un bon week-end et s’en alla de son côté. En regardant la grille en fer forgé qui se trouvait à ma droite, j’eus un instant d’hésitation, partagé entre l’idée de passer voir Mary et celle de continuer ma route. Finalement, je n’entrai pas et filai directement à l’appartement. J’entrai dans la voiture qui était garée non loin de l’immeuble, repartis en sens inverse. En chemin, je m’arrêtai chez un fleuriste pour acheter une seule et unique rose rouge. Et cette fois, je fis une halte au cimetière. Quelques minutes plus tard, j’arrivai chez Freja. J’allais frapper à la porte mais entendis le piano et le violon. Elles n’allaient pas m’entendre. Je me permis donc d’entrer, n’oubliai pas d’enlever mes chaussures. Comme la demoiselle aux cheveux noirs de jais ne me voyait pas, j’en profitai pour déposer la rose rouge sur le comptoir de la cuisine. Non, je ne l’avais pas laissée au cimetière. Non, elle n’était pas pour Mary. Si je m’étais arrêté voir ma défunte épouse avec cette rose, c’était pour lui expliquer qu’elle ne serait pas pour elle mais pour Freja. J’allai voir Janna au piano, lui dis qu’il était l’heure de rentrer à la maison. Un grand sourire aux lèvres, elle répondit qu’elle s’était bien amusée et qu’elle avait hâte de revenir apprendre le piano avec Ellen et Freja. Je remerciai encore une fois la jeune violoniste pour son aide, lui promettant que je lui revaudrais ça. Ellen me souriait mais son expression était un peu bizarre, comme si elle se forçait. Owen avait raison, elle se doutait fortement de quelque chose et elle n’appréciait pas ça. Je fis comme si de rien n’était, saluai les deux amies et entraînai Janna hors de la maison.
The Wiesel Den 
