À droite, l'école et ses élèves normaux, comme tout le monde.À gauche, le centre de redressement pour jeunes dangereux.Maintenant réunis, pour le pire.
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Les actions définies et anticipées de chaque personnage dans la totalité de ce RP ont été mûrement réfléchies et consenties par les deux partis
Une fois avoir dit au revoir à Meyer je rentrai chez moi et fermai la porte lorsque j’étais entrée, me déshabillant et allant de suite au lit, posant mon portable à côté de mon lit. Ce n'est que lendemain matin que je vis un sms sur mon portable. Un sms qui fit assez mal. Je savais que ça devait arriver mais, je ne pensais pas que Meyer pouvait être si dur dans les mots qu’il emploierait, il ne me semblait pas comme ça pourtant. J’avais dû me tromper, être devenue aveugle pour de bon à cause des sentiments que j’avais pour lui. J’envoyais un message à Ellen pour l‘inviter à manger, j’avais besoin de quelqu’un auprès de moi et je savais que je pouvais compter sur elle. Je choisissais des vêtement confortable et allais prendre ma douche, sous l’eau brûlante je craquais. Pourquoi mon premier amour devait se passer ainsi? Ma douche finie j’en sortis, rouge comme une écrevisse et la salle de bain plongée dans un épais nuage de fumée étouffante. J’enroulai une serviette autour de ma poitrine et me séchai les cheveux assez vite puis appelai Ellen lorsque je fus prête. J’avais besoin d’une compagnie et lorsque je lui avais dit elle arriva très vite chez moi.
J’ouvrais la porte lorsqu’elle sonna et me jetais dans ses bras en pleurant,craquant comme une fillette ayant fait un cauchemar. Elle me caressa les cheveux tout en bougeant pour fermer la porte. Elle m'emmena vers le canapé et me serra dans ses bras le plus longtemps qu’elle le put, une fois que je m’étais calmée en fait. Elle me tendis un mouchoir et j’essuyais mes larmes et mon nez, tremblante. Elle me demanda ensuite de lui montrer le sms et le lu silencieusement. Je l’entendis jurer, elle savait très bien l’amour que je lui portais. Il était assez tard dans la matinée et nous décidâmes de faire à manger. De la purée et des légumes à tremper dans de la mayonnaise, un truc bien simple et elle avait tenu à faire le repas, j’avais juste mis la table. Sous l’émotion je fis tomber deux assiettes et en voulant les ramasser je me coupais le doigt, Je m’énervai et recommençai à pleurer. C’était la première fois que quelque chose comme ça m’arrivait, j’étais perdue, totalement. Une fois la table mise nous nous installions sur les chaises et commençâmes à manger tranquillement, Ellen voulant me changer les idées, nous débarraçâmes la table et pendant que je faisais du thé elle s’installa sur le siège du piano et commença à en jouer. Je souris et me tournais.
«Merci Ellen…»
Elle rigola et continua jusqu’à ce que la bouilloire siffle, le thé était prêt et ma meilleure amie s’arrêta de jouer pour tout apporter sur la table basse du salon. La journée passa assez vite et mon amie voulu dormir chez moi pour m’aider à aller mieux mais je refusais dans le fond j’avais besoin de tout évacuer.
Une semaine et demi passa et je devais aller au conservatoire, je n’avais pas de cours mais un concert en duo de prévu dans le mois qui venait. J’étais donc venu pour répéter avec Ellen dans l'une des salles. Elle avait tenu à ce que je sorte de chez moi pour ne pas continuer de déprimer. Je l'avais donc écouté. Arrivée je me dirigeai vers la pièce et laissai la porte entre ouverte sans vraiment m’en rendre compte. Nous avons joué ainsi pendant trente minutes jusqu’à ce que la pianiste s’arrête et se le lève je ne sais pas pourquoi et dis à voix faussement basse et un peu froidement.
- Il est là...
Meyer? J’écarquillai les yeux et me tournai pour aller jusqu’à la porte plutôt habilement et pris la parole avec une voix vacillante.
Quand je me réveillai le lendemain matin, j’eus l’impression d’avoir dormi à peine une heure. Je me retournai pour sortir du lit, ne vis pas que j’étais déjà près du bord et terminai par terre. Grognant d’agacement plus que de douleur, je me relevai tant bien que mal en position quatre pattes et regardai le réveil. Je marquai un temps d’arrêt.
- SCHEISSE* !m’écriai-je en bondissant.
J’étais en retard de quarante-cinq minutes pour récupérer Janna chez son amie. Mais je ne pouvais pas partir comme ça. J’avais mes vêtements d’hier et je puais la bière et la clope. Sans parler de mes cheveux en bataille et de la gueule de déterré que je devais me farcir. Je me déshabillai en vitesse, pris la douche la plus rapide de ma vie, me rinçai le visage à l’eau froide pour m’aider à me réveiller. Je trouvai des habits rapidement, me vêtis, allai me passer un coup de peigne éclair dans les cheveux. En me regardant dans le miroir, je me fis presque peur. On ne voyait pas tellement de traces de la bagarre d’hier, à part le pansement à l’arcade. Par contre, j’avais l’air plus fatigué que jamais. Je lâchai un long soupir désespéré. Ça m’apprendrait à faire la fête au lieu d’aller au sport… Mon téléphone portable sonna. Je sortis de la salle de bain, le cherchai en suivant la sonnerie. Il était dans la poche de mon jean que j’avais jeté au hasard au pied du lit. Je décrochai. C’était la maman de l’amie de ma fille. Elle me demandait si tout allait bien. Je m’excusai, lui dis que j’allais partir de la maison. Elle me rassura en disant que Janna jouait bien avec sa copine, et qu’elle était très sage. Je la remerciai, raccrochai. Là, je vis que ma messagerie était ouverte. Je ne m’en servais quasiment jamais, qu’avais-je pu envoyer ou recevoir de…
- Qu’est-ce qu…
J’ouvris des yeux ronds et me sentis pâlir.
52%10:55 CONTACT
Freja, ne crois pas que je te contacte parce que j’ai envie de te voir. Au contraire, il faut qu’on arrête ça maintenant. A cause de toi, Mary me fait la gueule. On ne se voit déjà pas beaucoup, je ne vais pas gâcher mon mariage et ma vie de famille pour une inconnue. Je dois rattraper le temps avec elle. Je ne veux plus rien avoir à faire avec toi. Salut.3:13 - 14 nov. 2020
Choqué, je lâchai le téléphone qui tomba par terre. La coque se détacha du reste et la batterie s’éjecta pour aller glisser sous le lit. Non… ce n’était pas possible…
- Qu’est-ce que t’as foutu ?demandai-je dans un murmure.
Un silence. Je serrai les poings.
- T’as intérêt à me répondre, espèce de sale fils de p…
« J’ai fait ce qu’il y avait de mieux à faire. »
Non, non ! Ҫa n’allait pas du tout ! Comment allais-je aborder Freja maintenant ?
« Tu ne l’abordes plus !rétorqua Ihn exaspéré.Si j’ai fait ça, c’est pour t’empêcher de faire une connerie. »
Quelle connerie ?
« J’la sens pas cette Freja. Et tu l’as dit toi-même, t’es pas prêt à tourner la page. »
Et si j’avais justement besoin d’elle pour oublier Mary ?
« T’oublieras jamais Mary. Tu veux te raccrocher à cette fille en pensant que ça va fonctionner mais crois-moi, c’est pas la bonne. »
- Qu’est-ce que t’en sais ?répliquai-je en sortant de la chambre pour aller dans l’entrée.
J’étais sûr qu’il disait ça parce que c’était lui qui ne voulait pas tourner la page, c’était à cause de lui que je n’arrivais pas à faire mon deuil.
« Pas du tout ! T’es autant fautif ! Et tu le sais très bien ! »
Je ne savais plus quoi penser et ça m’énervait. En attrapant les clés de la voiture, je décidai de laisser cette histoire de côté pour le moment, et d’y réfléchir après avoir récupéré Janna. La petite fille m’accueillit avec sa bonne humeur habituelle. Je remerciai encore une fois la mère de son amie. Elle ne manqua pas de me faire remarquer que je n’étais pas blessé hier. J’inventai une excuse bidon et nous rentrâmes à la maison. Janna me raconta sa soirée, elle avait l’air vraiment heureuse et j’étais content. Tout ce qui m’importait, c’était son bonheur. Si elle avait passé un bon moment, tant mieux. Heureusement, elle était trop jeune et insouciante pour me demander ce que moi j’avais fait hier soir. Si cela avait été le cas, j’aurais menti, évidemment. J’avais l’impression de ne faire que ça depuis quelques jours… Le week-end passa à une vitesse folle et une autre semaine démarra. Je n’arrivais pas à me décider sur ma relation avec Freja. Elle n’avait pas répondu au SMS de Ihn. Je ne savais pas si je devais en être plus inquiet que si elle avait écrit quelque chose. En tout cas, je ne la vis pas au conservatoire le mercredi après-midi. Et en fait, ça m’arrangeait parce que je ne savais toujours pas comment me comporter avec elle. D’un côté, j’avais envie de la revoir. Sans parler d’une possible relation plus intime, elle était intéressante, drôle, mignonne, gentille…
« Oui bon, ça va, on a compris ! »
Je levai les yeux au ciel, me concentrai sur l’étudiant que j’étais en train de rafistoler après une petite chute en cours de sport. Que faire ? Présenter mes excuses, et après ? Serai-je capable de lui dire que j’avais menti sur toute la ligne ? Elle le prendrait sûrement mal… Et d’un autre côté, je me sentais trop honteux de lui avoir peut-être fait croire des choses alors que je la repoussais. Le samedi suivant, nous rendîmes visite à Mary. Janna avait plein de choses à raconter. Assis côte à côte à même le sol, je l’écoutais vaguement, perdu dans mes pensées. Ma fille se porta ensuite volontaire pour aller chercher l’arrosoir et le remplir d’eau. Je lui dis de faire vite et, comme d’habitude, de ne pas parler aux inconnus si elle croisait quelqu’un. En général, nous étions toujours seuls de ce côté-là du cimetière. Je profitai de sa courte absence pour contempler le portait de Mary, son joli sourire et ses yeux pétillants…
- Aide-moi, s’il te plaît…murmurai-je avec tristesse.
Rien, bien sûr. Je ramenai mes genoux contre ma poitrine et les entourai avec mes bras.
- Je suis complètement paumé,dis-je en y déposant mon menton.
Je l’aimais tellement. Regarder ses photos me rappelait à chaque fois tout l’amour que j’avais pour elle, et la douloureuse sensation de la tromper quand je pensais à Freja. Je savais que c’était complètement idiot puisqu’elle n’était plus là mais je ne pouvais pas m’en empêcher. Ça faisait mal. Beaucoup trop mal…
- Je suis là, Papa.
Le poids plume de Janna s’appuya contre mon dos et ses bras passèrent autour de mon cou.
- Pleure pas, sinon Maman va être triste.
Je ne pleurais pas… si ? Merde… Essuyant mes yeux d’un revers de manche, je me relevai en tenant Janna pour qu’elle reste sur mon dos. Elle poussa un petit cri de surprise et se mit à rire. Le mercredi finit par arriver et je ne savais toujours pas quoi dire à Freja. Allais-je au moins la revoir aujourd’hui ? Peut-être m’évitait-elle… Après avoir déposé Janna à son cours de piano, je parcourus les couloirs du conservatoire, les mains dans les poches de mon manteau. Aujourd’hui, il faisait froid et moche. Je me demandais s’il n’allait pas pleuvoir. Le temps reflétait mon humeur… J’étais en train de me diriger vers les escaliers quand un air de violon parvint à mes oreilles. Il était accompagné d’un piano. C’était bizarre mais même sans avoir écouté Freja jouer en dehors du seul concert que j’avais vu, je reconnus sa musique. Mon cœur se serra et je suivis la mélodie. Une porte était entrouverte. Je m’approchai, jetai un coup d’œil à l’intérieur. C’était bien elle, toujours aussi belle et gracieuse avec son violon sur l’épaule et son archet dansant sur les cordes. Sans grande conviction, j’entrai. La pianiste me remarqua et cessa soudain de jouer. Freja s’arrêta également, l’air interrogatif. L’autre m’accorda un regard peu amène.
- Il est là,prévint-elle.
Son ton froid et peu avenant en disait long… La jeune violoniste ne prit pas la peine de déposer son instrument et me rejoignit.
- Qu’est-ce que tu veux ?demanda-t-elle sèchement.
OK… elle était en colère. Je déglutis difficilement, angoissé. Plus j’essayais de trouver quoi répondre, plus j’avais l’impression que mon cerveau se vidait.
- Je… euh…
Elle poussa un soupir d’impatience.
- Je viens te… te demander pardon.
Elle ne dit rien. Apparemment, ça ne suffisait pas.
- Je n’aurais pas dû t’envoyer ce message et… et de toute façon, ce n’est pas moi qui l’ai envoyé.
Immédiatement, je me plaquai la main sur le front en grimaçant. N’importe quoi !
Jouer me faisait un bien fou, depuis ce fameux sms je n’avais plus joué, ayant perdu le goût de tout, enchaînant les gaffes. Ce n’était clairement pas la Freja que tout le monde connaissait mais c’était plus fort que moi. J’essayais pourtant mais rien y faisait tout était insipide à présent. J’étais tombée amoureuse d’un homme marié après tout, c’était obligé que ça finisse ainsi. Et aujourd’hui je reprenais le violon, pas par plaisir de jouer mais par devoir de jouer. C’était pour mon boulot cette fois et j’avais de la chance que ce n’était qu’un concert en duo avec Ellen sinon je ne sais pas ce que j’aurais fait. Pour moi c’était tout simplement impossible d’annuler un concert, j’aimais tout de même donner de la joie aux autres, c’était plus fort que moi. Et aujourd'hui après des demandes de Ellen j’avais décidé de sortir de chez moi et d’aller au conservatoire. Je ne me souvenais même pas que nous étions mercredi en plus de ça, j’avais perdu toute notion de temps à force de pleurer et de me sentir mal. Pourtant à force de jouer je reprenais goût à la vie car c’était ça qui me maintenant en vie il fallait croire. Je ne pensais même pas au fait que Meyer allait emmener sa fille à son cours de piano, quelle imbécile…
Nous jouions tranquillement les musiques de notre spectacle, j’étais bien, je ne pensais qu’à la musique, rien d’autre mais.. J’avais laissé cette foutue porte entrouverte et bientôt une personne que j’aurais préféré oublier mais que je n’arrivais pas oublier justement se mit devant la porte. Ce fut l’arrêt totale du piano qui me fit sortir de mon monde dans lequel j’étais bien mieux et lorsque Ellen me dit indirectement que c’était Meyer, je reçu un pic en plein dans le cœur. Pourquoi? Pourquoi alors que j’allais à peine commencer à l’oublier et juste garder un goût amer de ce premier amour? Oui car j’oublierais cette personne mais pas ce que j’avais éprouvé enfin… C’était ça? Je secouais la tête, je ne savais plus quoi penser et je me décidais à bouger jusqu’à lui, j’ouvris un peu plus grand la porte et lui demandais ce qu’il voulait mais clairement bien que je lui en voulais j’étais au bord des larmes. Me… Me demander pardon? Et c’est tout? Juste ça? M’expliquer pourquoi il avait été aussi blessant ne lui venait pas à l’esprit? Je tournais la tête vers Ellen et lui demandai gentiment de partir, j’entendis un long soupir puis des pas se rapprocher de Meyer et moi puis ils s’arrêtèrent et c’était au tour de la voix de ma meilleure amie de se faire entendre.
-Si tu la blesses encore une fois je m’occuperai personnellement de ton cas…
Puis elle partit sur ces mots dont le ton avait gelé la pièce en entière. Je me décidais à prendre la parole en essayant de faire en sorte que ma voix ne tremble pas trop.
«Explique moi… Ce qui est… Soit disant trop compliqué…»
Freja se tourna vers la pianiste et lui demanda de nous laisser seuls. Même si, forcément, son départ me permettrait d’être moins secret, je n’étais pas certain d’y arriver.
- Si tu la blesses encore une fois, je m’occuperai personnellement de ton cas,me souffla la pianiste en arrivant à ma hauteur.
Ses yeux bleus me transpercèrent. C’était bien enregistré. Je ne dis rien et la laissai partir. Un silence glacial balaya la pièce quand elle referma la porte derrière elle. Je m’y adossai, les mains jointes derrière moi.
- Explique moi… ce qui est… soi-disant trop compliqué,finit par dire Freja, l’air un peu plus calme.
Je voulais bien mais comment ? Je n’allais pas lui sortir une phrase du genre « C’est ma deuxième personnalité qui te déteste et qui ne veut pas qu’on se voit » ou « Ma femme est morte mais je l’aime encore »… Ҫa lui ferait bien trop de mal.
« Pfff, et qu’est-ce qui te fait croire ça ?objecta Ihn de mauvaise humeur.Si ça se trouve, mon message l’a vexée mais sans plus. »
Comment ça ?
« Je dis juste que si tu penses qu’elle a des vues sur toi, tu te gourres peut-être complètement. Et dans ce cas-là, j’vois pas pourquoi t’aurais à te justifier. »
Parce que j’aurais aimé l’avoir au moins comme amie.
« Moui, bien sûr,fit-il incrédule.Et moi je suis sain d’esprit. »
Son ton ironique m’irritait. Mais ce n’était certainement pas le moment de péter un plomb. Les yeux baissés sur les chaussures de Freja, incapable de la regarder en face, je soupirai.
- Ҫa l’est vraiment, je t’assure,répondis-je.Et… et j’aimerais beaucoup t’expliquer pourquoi mais je ne peux pas.
Je me mordis l’intérieur de la lèvre, contrarié par mes propres paroles. Elle devait se poser mille questions et j’étais dans l’impossibilité d’assouvir sa curiosité. J’imaginais bien que ça devait la frustrer alors que je faisais à la fois tout et rien pour la faire entrer dans ma vie.
- Je suis désolé… Je ne sais pas quoi te dire. Je ne voulais pas te rendre triste ou en colère. Tu ne mérites pas ça.
Il ne me répondait pas, étais-je vraiment l’inconnue qui gâchait sa vie de famille? Son silence me faisait mal, je l’aimais… Trop pour rester face à ce silence, j’avais envie de le secouer de lui dire combien son message m’avait fait souffrir. et bien évidemment ces mots sortirent de ma bouche comme pour le mettre sur la voie de ce que je ressentais pour lui. Je baissais la tête.
«Tu m’as fait mal.. » Ces simples mots me broyaient l’estomac, j’avouais ma faiblesse, je l’encourageais à se demander si au final je n’avais pas des sentiments pour lui et, pour être honnête c’est ce que je voulais, qu’il s’en rende compte même si je devais le perdre. Après tout même s’il s’était excusé il avait sa femme et sa fille, je n’étais qu’un poids. «Explique moi s’il te plaît... » Dis-je avec des sanglots dans la voix. Je relevais les yeux à la recherche de son regard. «Explique moi… Et après je te laisserai tranquille… » Pourtant ce fut plus fort que moi et je n’attendis pas sa réponse et m’excusai pour le fait qu’il était marié.
Je me rapprochai de lui et le serrai dans mes bras puis m’éloignai aussi vite que j’avais fait cette action dont je rêvais secrètement depuis quelques jours. J’essuyais mes larmes qui continuaient malgré tout de couler, voilà que je faisais une crise de larmes. Cela ne m’était jamais arrivé autant de fois et si souvent en peu de temps dans ma vie.
Évidemment. Et j’avais tout aussi mal d’entendre ça. Je ne le voulais pas, vraiment pas. Je me maudissais d’en être arrivé là.
- Explique-moi, s’il te plaît,reprit-elle avec des sanglots dans la voix.Explique-moi et après je te laisserai tranquille.
Je n’en étais pas si s…
« Ouow, qu’est-ce qu’elle fout ? »
Freja avait fait un pas vers moi, s’excusant pour le fait que j’étais marié, et m’avait serré dans ses bras. Mon cœur bondit dans ma poitrine et un courant électrique me parcourut tout entier. Surpris, je ne pus que retirer mes mains de derrière mon dos et les garder à demi levées. La demoiselle brisa aussitôt le contact et essuya son visage baigné de larmes. La voir pleurer à cause de mes conneries m’était insupportable. Pourtant, je ne savais toujours pas quoi faire pour l’apaiser. Car, contrairement à ce que laissait supposer Ihn, elle avait l’air de tenir à moi. J’entendis l’intéressé ronchonner dans ma tête. Si j’essayais quand même de me rapprocher de la violoniste, il lui ferait du mal, c’était certain. Vu la haine et la tristesse qui l’animait depuis la disparition de Mary, je ne pourrais pas le contenir. Et je refusais de faire subir à Freja ce que Mary avait vécu avant de pouvoir dire à Ihn qu’elle l’aimait. C’était le bordel dans mon cœur et dans ma tête, je n’arrivais plus à réfléchir correctement. Si je lui répétais que je ne pouvais pas lui expliquer, elle fondrait en larmes et j’allais avoir affaire à sa pianiste. Si je poussais plus loin dans le délire, ladite pianiste était peut-être capable de m’interdire l’accès au conservatoire juste pour se venger d’avoir fait souffrir son amie. Je secouai la tête. Mais à quoi pensais-je ? Je m’en foutais du conservatoire ! Ce qui importait, c’était Freja et ce que je devais lui dire. Limite fiévreux, j’inspirai profondément, expirai lentement.
- F… Freja,commençai-je troublé.
Je levai une main légèrement tremblante dans sa direction, me ravisai, serrai le poing, dépliai les doigts en soupirant pour la millième fois de la journée. Mon bras retomba le long de mon corps.
« Tu m’as fait peur là, j’ai cru que t’allais la prendre dans tes b… »
Cette fois, ce fut à mon tour d’avancer d’un pas pour la serrer contre moi. Mes bras entourant son dos délicat, je regardai droit devant, partagé entre le regret d’avoir agi ainsi et la satisfaction de la sentir aussi près de moi.
- J’ai besoin de plus de temps,fut tout ce que je réussis à dire.
Avais-je bien fait de faire ça? Devais-je m’en vouloir? Oui… Il était marié bordel! Mais à présent le mal, si je puis dire, était fait et je ne pouvais pas retourner en arrière. Qu’allait-il penser de moi? Je ne pouvais même pas l’imaginer, je ne voulais pas l’imaginer. Et en cet instant je voulais vraiment qu’il m’explique le pourquoi de “ce n’est pas moi qui l’ai envoyé.” J’avais vraiment besoin de le savoir. Il avança ensuite sa main vers mon visage que voulait-il faire? Je ne pourrai jamais le savoir étant donné qu’il se refusa à faire plus. Son bras retomba le long de son corps et le regardant toujours avec les larmes aux yeux j’inclinais la tête sur le côté d’une façon qui voulait clairement dire “quoi, tu voulais faire quoi?”
Je n’étais qu’à un pas de lui, m’étant reculée mais ce fut à son tour d’avancer et... De me prendre dans ses bras. L’étreinte dura plus longtemps que la mienne et je fermais les yeux en sanglotant contre son torse. N’étions nous pas en train de faire quelque chose qu’il ne fallait pas? Pourtant tout ce que je pouvais faire en cet instant était de le garder contre moi, j’aimais tellement ça… L’étreinte toucha à sa fin et j’essayais de stopper mes larmes.
«Plus de temps pour quoi?» Je rabaissais mes bras le long de mon corps, où allions nous comme ça?
Elle se mit à pleurer franchement. J’eus une légère grimace, pas franchement fier de l’effet que je lui faisais. Le visage enfoui dans mon manteau, je la laissai exprimer son chagrin, sans bouger. Finalement, elle se recula d’elle-même, sécha ses larmes tant bien que mal.
- Plus de temps pour quoi ?demanda-t-elle d’une petite voix tremblante.
Elle tenait toujours son violon et l’archet dans ses mains. Elle ne les avait pas lâchés, comme s’ils lui permettaient de se rassurer un peu plus. Indécis, je mis du temps à répondre à sa question.
- Pour… tout.
Ce n’était vraiment pas clair.
- Pour régler mes problèmes,précisai-je.Faire en sorte que tu ne sois pas impliquée dans des histoires qui te feraient souffrir… même si c’est un poil trop tard,ajoutai-je en haussant les épaules d’un air désolé.
Dans un élan de… de je ne savais quoi, ma main se mut toute seule et alla attraper une mèche de cheveux de Freja pour la placer délicatement derrière son oreille. Bordel, comme si ça allait l’aider à s’apaiser ! Il fallait vraiment que je réfléchisse avant d’agir… Gêné, je me raclai la gorge et fourrai mes mains dans les poches de mon manteau. Là-dedans au moins, elles ne risquaient plus de bouger.
- Je te demande pardon, encore une fois,repris-je à voix plus basse, comme si j’étais en train de me confesser.Mais… on doit garder nos distances. Un minimum,ajoutai-je précipitamment pour, peut-être, l’empêcher de se remettre à pleurer.
Je n’entendais plus Ihn. Soit il boudait, soit il préparait quelque chose de très mauvais pour les prochains jours. Je devais me préparer au moindre écart de sa part. C’est pourquoi je devais prévenir Freja.
- Et si jamais tu reçois encore ce genre de SMS, n’y fais pas attention. Vraiment. Ce sera peut-être dur à lire mais vraiment, fais comme si… comme si ce n’était rien.
Facile à dire… La seule chose qu’elle pouvait imaginer, c’était que Mary était l’auteure du fameux SMS et le serait peut-être pour les suivants, si Ihn recommençait. Si ça se trouvait, il allait l’insulter, la harceler, et que sais-je encore. Ça m’énervait et m’attristait de savoir que cette pourriture utilisait Mary – paix à son âme – contre Freja.
« Parce que toi, tu ne l’utilises pas, peut-être ? »répliqua-t-il, me faisant presque sursauter.
Mon cœur se serra. Si… mais pas de manière aussi violente.
Il mit du temps à répondre et sa réponse ne me dit pas grand chose de plus. J’aurais voulu qu’il soit plus clair mais je ne voulais pas qu’il se force à me dire les chose, je voulais juste qu’il… Ne me mente pas pour me faire plaisir. Lorsqu’il me dit qu’il ne voulait pas que je souffre? C’était déjà trop tard et il me le dit de lui même en haussant les épaules. Ce n’était pas la chose à faire. Je serrai mon violon et mon archet et allait dire quelque chose sauf que je ne pus rien faire. Tout s'était envolé lorsqu’il effleura mon visage avec sa main pour mettre une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Je fermais les yeux et soupirais. Pourquoi c’était aussi compliqué? Il me dit une seconde fois pardon alors qu’il me disait que nous devions garder nos distance un minimum. Je baissais les yeux prête à pleurer mais je ne le dis pas, je ne voulais pas le rendre encore plus mal à l’aise.
«Comment veux-tu que je fasse comme si de rien n’était? Tu sais très bien que ça me fera souffrir…» Je m’arrêtais prête à pleurer de nouveau et me mordis la lèvre inférieure, il ne fallait pas, j’allais passer pour une imbécile. Je levais de nouveau mon visage vers lui, pour capter son regard une seconde fois. «Je suppose qu’on ne va pas se voir pendant un moment?»
Freja baissa les yeux et je la sentis prête à fondre de nouveau en larmes.
- Comment veux-tu que je fasse comme si de rien n’était ? Tu sais très bien que ça me fera souffrir.
Je hochai la tête, compréhensif. Oui, j’en étais pleinement conscient. Ma demande était bête. Je ne savais pas pourquoi je lui avais dit ça… Mais je ne savais pas quoi rajouter pour essayer de calmer les choses. L’air plus abattu que jamais, la demoiselle leva un regard brillant vers moi. Je m’y accrochai un instant, avant de détourner les yeux, trop honteux vis-à-vis de la tristesse que j’y voyais.
- Je suppose qu’on ne va pas se voir pendant un moment ?dit-elle doucement.
Ses mots me firent l’effet d’un poison au cœur, comme s’il l’enrobait petit à petit. Ne pas se voir… Je n’en avais pas envie. Cependant, je ne devais surtout pas le lui faire savoir. Cela ne nous aiderait en rien à rester raisonnables. Je réfléchis quelques secondes. Raisonnables… jusqu’à quel point ? Si nous nous voyions seulement ici pour partager un café ensemble ou en soirée avec Owen, nous ne faisions rien de mal, si ?
« Ҫa dépend… ça peut très vite déraper,commenta Ihn énervé.Et tu risques de le regretter amèrement. »
D’ailleurs, où était réellement le mal ? Ҫa y est, je recommençais à me contredire. Agacé, je me massai la nuque en soupirant. Oh et puis merde.
- Honnêtement, je ne veux pas couper les ponts,déclarai-je à la fois content qu’elle le sache et inquiet de la troubler encore plus.Je ne regrette pas de t’avoir abordée au concert et je n’ai pas envie qu’on soit fâchés.
Ça, c’était dit. Ensuite…
- De toute façon, on se croise ici, déjà. Et… Tu dois beaucoup manquer à Owen,fis-je avec un sourire espiègle pour tenter de détendre l’atmosphère.
J’espérais, au fond de mon cœur, qu’il me dise que non, nous continuerions à nous voir. Cependant Meyer resta un petit laps de temps silencieux. L’avais-je blessé en disant ça? Non je pensais pas, pourquoi? J’étais totalement perdue, dans mes pensées, apparemment comme lui. Jusqu’à ce qu’il prenne enfin la parole, se massant le coup, était-il gêné? Avais-je fait, encore une fois, quelque chose de mal? Mais après un silence qui me parut une éternité et ce qu’il me dit me fit écarquiller les yeux. Il ne voulait pas quitter les ponts malgré les messages que je recevrais peut être? Tenait-il un peu à moi dans le fond? Bon je suis légèrement conne à penser ça étant donné qu’il m’avait serré dans ses bras et que là il disait qu’il n’avait clairement pas regretté de m’avoir abordé au concert. Je souris légèrement mais j’attendis de répondre du fait qu’il reprit la parole et ce qu’il me dit me fit ricaner, à présent je ne pleurais plus et ma joie de vivre commençait à revenir bien que tout n’était sûrement pas réglé, au contraire.
«Manquer à Owen hein? J’avoue après tout il voulait m’embrasser le bougre!» Je fis une moue qui se voulait joyeuse puis repris un peu plus sérieusement la parole. «Je suis contente que tu m’aies abordé au concert moi aussi.» Je rougis. «Tu es une très belle rencontre, ainsi que ta fille…»
Puis Ellen revint et s’adressa à moi.
-Ma chérie il faut qu’on répète. Elle se retourna vers Meyer un ton plus détendu tout de même. -N’oublie pas je t’ai à l’oeil…
Cela fonctionna. Freja sourit légèrement et ne put s’empêcher de ricaner.
- Manquer à Owen, hein ? J’avoue, après tout, il voulait m’embrasser, le bougre !
Je soufflai par le nez, soulagé de ne pas finir cette conversation sur un mauvais ton. Pourtant, je n’avais pas vraiment arrangé les choses, au final. Comme je le lui avais dit, je devais régler mes problèmes. Et j’ignorais totalement comment je pouvais procéder. A mon avis, le temps me le dirait. Je ne voyais que ça. Mais bon, le temps… Les jours, les semaines, les mois filaient et ça faisait presque un an que Mary était partie. Déjà…
- Je suis contente que tu m’aies abordé au concert, moi aussi,ajouta Freja, les joues rouges.Tu es une très belle rencontre, ainsi que ta fille…
Ses mots me firent l’effet d’une décharge dans le cœur. Ils me perturbèrent tellement que je fus incapable de répondre. Heureusement, la pianiste fit irruption, indiquant à son amie qu’elles devaient répéter. Son regard se posa sur moi. Elle avait l’air moins hérissée, peut-être parce qu’elle voyait Freja plus détendue.
- N’oublie pas, je t’ai à l’œil,dit-elle très sérieuse. - Jawohl Kapitän*,répondis-je en mettant ma main en visière.
Elle leva les yeux au ciel. Freja pouffa de rire, je lui souris et fis un signe de la main, avant de leur souhaiter une bonne journée. De retour dans le couloir, je refermai la porte derrière moi et restai un moment planté là sans rien faire. J’étais très partagé. D’un côté, le soulagement me gagnait parce que la jeune violoniste ne semblait plus être en colère contre moi. De l’autre, je me sentais toujours aussi angoissé par ce qui se passerait dans les jours à venir. Ihn ferait-il encore une connerie ? Allais-je me tenir à distance ou pourrais-je me faire une raison sur le décès de Mary, et tourner enfin la page ?
___________________________ *Jawohl Kapitän : Bien mon capitaine
The Wiesel Den 
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![Hurts like hell [Meyer] Tbab](https://zupimages.net/up/21/15/tbab.png)
