À droite, l'école et ses élèves normaux, comme tout le monde.À gauche, le centre de redressement pour jeunes dangereux.Maintenant réunis, pour le pire.
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Un des pêchés mignons de Holly quand elle n'est pas trop fatiguée : trainer tard à la bibliothèque. Après 19h, les étudiants préfèrent rentrer dans les dortoirs mise à part les mordus des livres et des bosseurs acharnés comme Holly. Là voilà plongée dans un livre d'économie pas très passionnant. Vu que c'est sa spécialité et qu'il y a du travail bien payé dans le domaine, Holly se doit d'être implacable sur le sujet. C'est sa seule motivation.
Le téléphone est coupé de tout parasite comme Becky, Holly est très investie dans son travail. Cela fait une bonne heure qu'elle travaille les exercices et va pouvoir bientôt passé à un autre devoir. Dans cette exercice, on explique que les multiplicateurs de Lagrange sont un procédé permettant de minimiser localement ou maximiser une fonction, soumise à une ou plusieurs contraintes. Holly se fait une idée de ce procédé avant de lire l'exemple : les valeurs de x et y font x^ 2 + ŷ 2 et ce, aussi faible que possible, tout en satisfaisant la contrainte xy = 1. L'exercice est pénible. Holly préfère ne pas l'admettre pour ne pas se déconcentré. Elle reste alors un moment à travailler intensément.
Une bonne demi heure plus tard, Holly souffle avant de s'effondrer sur la table. Ce n'est pas évident. La demoiselle commence à saturer et a besoin de souffler un peu. Malheureusement, le temps presse si elle veut se coucher tôt. Elle va donc optimiser sa pause en allant chercher le livre demandé pour le devoir suivant. La jeune fille note les repères avant de partir à la recherche de l’œuvre.
Les derniers rayons du soleil illumine délicatement les étagères. Le silence règne dans ce lieu et les livres parfument la pièce. Voilà Holly cheminant dans les allés. Elle cherche obstinément le repère indiqué. Elle râle car elle a du mal à trouver ce qu'elle souhaite et cela fait perdre du temps. Au fur et à mesure des recherches, Holly s'énerve en plus d'être fatiguée. Mais voilà alors qu'elle trouve miraculeusement l'indice de repère. Les yeux de la jeune fille s'illumine avant de se rendre compte que le livre se situe en hauteur. La brunette pousse un râle avant d'attraper un échelle pas très loin.
Une fois montée sur l'échelle, Holly est complètement excédée par la hauteur du bouquin : elle arrive à peine à l'effleurer. L'adolescente monte un peu plus haut de son échelle qui devient de plus en plus branlante. La demoiselle se cambre un peu pour attraper son livre. Mais Holly se retrouve angoissée à l'idée de se péter la gueule et embarrassée à ce qu'on voit sa culotte. La brunette se maudit de ne pas avoir mit ses collants noirs opaques et d'avoir mit une culotte aussi ridicule acheté au supermarché. De toute façon, elle ne veut pas qu'on voit ses dessous tout court, peu importe ce que sait !
Son petit haut remonte, laissant apparaître quelques parcelles de sa peau. Sa culotte un peu trop remontée laisse apparaître sa fente, cachée entre ses jambes dénudées. Un de ses collants un peu trop grand glisse doucement. Elle sait qu'elle n'aurait pas du mettre ces foutus collants qu'il faut toujours remonter !
Il faut faire vite. Holly tente de nouveau d'attraper l'ouvrage en maudissant la personne qui tenterait de passer par là.
Il commençait à se faire tard. Le soleil se couchait lentement. Pourtant, Mathieu n'était pas prêt d'avoir terminé sa journée. Comme à son habitude, il était en retard pour son devoir d'étude des civilisations. Sur le papier, la matière semblait véritablement enrichissante. Dans la réalité, c'était surtout des heures gâchées à éplucher des bouquins sans intérêts, alors que lui aimait les romans, la littérature. Il aimait l'histoire, sans aimer l'apprendre en classe. Pourtant, il avait cruellement besoin d'un livre, lui qui connaissait principalement l'histoire de France. Pfff, qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir en faire, de ces civilisations pré-colombiennes même pas capables de prédire la fin du monde...
Il aimait pourtant le calme de la bibliothèque d'Indarë. Pas un chat après 19h, tout le monde profitait des dernières heures avant le couvre-feu pour papoter ou étudier dans sa chambre. Il lui fallait absolument trouver son livre, mais il ne comprenait rien à la disposition de cette bibliothèque. Alors il errait, le regard vague, à la recherche du rayon "Histoire", sans grande conviction.
Après quelques minutes à marcher d'un pas lent, il entendit un bruit à quelques rangées d'ici. Sûrement un livre tombé. Ou alors... quelqu'un ? Quelqu'un qui pourrait le renseigner ? Il n'accéléra que très légèrement le pas, sachant qu'à cette heure-ci, les gens n'étaient pas pressés à la bibliothèque. Il se mit à siffloter, les mains dans les poches, histoire de ne pas effrayer la personne. Deux rangées. Une rangée.
Lorsqu'il tourna les talons pour s'engager dans la rangée d'où venait le bruit, il fut d'abord surpris de heurter un pied avec son front. Aïe. Il entendit un petit cri venant d'au-dessus de sa tête. Il releva le regard, pour tomber sur une scène qu'il ne pensait pas apercevoir dans ce type de lieu. Il vit une paire de bas noirs quasiment descendus au niveau des mollets d'une jeune fille semblait-il, ainsi qu'une étrange culotte à poids bleus enfantine. Alors qu'il plissait les yeux, pas sûr de comprendre, il entrevit aussi une légère touffe de poils ras, ainsi qu'une petite paire de lèvres contractées de honte. Surpris, il ne lâcha pas son regard et fut séduit par la vue qu'il avait. Une pulsion en lui lui donna une bouffée de chaleur, et il sentit un violent afflux sanguin lui envahir l'entrejambe. Ses joues se mirent à rougir, et un immense sourire se dessina rapidement sur son visage. « Eh bien, si j'avais su... Je viendrais ici plus souvent...», pensa-t-il.
Soudain, il entendit un autre cri, plus puissant encore, qui le fit reculer, et basculer à la renverse. Apparemment, la jeune fille en question n'avait pas prévu l'irruption de Mathieu dans son entrejambe. Lorsqu'il releva la tête, le visage déformé par le cri de la brunette lui fit cependant écarquiller les yeux. Non, ça n'était pas possible...
Ça y est, Holly saisit enfin le livre. Les étoiles pleins les yeux et le sourire large, elle s'exprime :
« Enfin ... »
Soufflant de plus belle et enfin apaisée, la demoiselle descend son pied d'un cran avant de regarder en bas. Quelque chose d'inimaginable vient griller les neurones de la tsundere. Un garçon n'a pas loupé une miette de la scène et semble se languir à la vue. Il aura fallut quelques longues secondes pour Holly avant qu'elle n'échappe un bref cri aigu :
« AAH. »
Elle doit se retenir : la jeune fille est quand même dans un lieu à l'ambiance religieuse. L'intrus relève la tête au moment où Holly tente de remonter son collant et de baisser sa jupe.
« Bordel... Ho... Holly ?!!! C'est toi ?!!
- Mathieu ?!! »
Mais dans son mouvement, le pied vêtu de la chaussette tombante dérape de la marche en bois. Holly perd l'équilibre et la peur l'anime : elle lâche une onomatopée de stupeur alors qu'elle essaie de se rattraper tant bien que mal à l'échelle. Le corps de l'adolescente glisse alors lourdement de sa plateforme ne manquant pas de percuter la tête de Mathieu. Les deux étudiants s'écrase lamentablement sur le sol, Holly en position face-sitting sur le pauvre français.
Holly en a vu des choses. Mais un garçon ayant un total accès au dessous de la jeune fille, ça jamais. La demoiselle gronde de rage et d’embrassement. Sentant le souffle du garçon chatouiller son jardin secret l'encourage immédiatement à se relever.
« Ma-Mathieu ?! »
Le visage cramoisi de Holly est signale sa saturation cérébrale. Elle ne sait comment réagir face à cette situation : doit-elle s'énerver ou être enthousiaste de la présence étonnante du jeune homme ? La jeune fille reste un instant crispé à distance de l'adolescent avant de s'avancer vers lui et lui tendre la main.
« Mais tu t'es pris pour qui gros dalleux à me lorgner le cul comme ça ?! » hurle-t-elle au garçon.
La jeune fille inspire bruyamment et plisse les yeux avant de gueuler :
Il n'eut pas vraiment le temps d'inspirer à nouveau après qu'il eut reconnu la jeune fille. A peine avait-il prononcé son prénom qu'elle s'effondrait déjà, son pied glissant de l'échelle. « Elle va se faire mal, pensa-t-il alors », en la voyant commencer à dégringoler. Pourtant, la chute paraissait se rapprocher de plus en plus, dangereusement, au point qu'il vit Holly battre inutilement des bras en l'air en lui tombant dessus. Un grand bruit. Un choc. Il lui fallait respirer, lui qui avait retenu son souffle. Mathieu prit alors une grande inspiration par le nez. Une effluve envoûtante lui parvint ainsi aux narines, le genre d'odeur qui ne fit que renforcer son érection. Mais une odeur chaude, qui l'étouffait. Lorsqu'il ouvrit les yeux, la vue lui plût instantanément. Mais ne pouvant retenir sa respiration plus longtemps, il souffla tout l'air de ses poumons, réchauffant l'entrejambe ouvert qui lui arrivait au niveau de la bouche.
« Holly n'aurait pas pu mieux tomber, se dit-il intérieurement ».
Il l'entendit prononcer son prénom alors qu'elle se relevait, et il eut un dernier bref aperçu de l'intimité de la jeune fille. Son visage ne parvenait pas à se défaire du sourire niais qui barrait son visage. Son pantalon un peu trop large pour lui laissait poindre une grosseur qu'il avait du mal à camoufler.
« Mais tu t'es pris pour qui gros dalleux à me lorgner le cul comme ça ?! »
La question de Holly paraissait à la fois justifiée et de mauvaise foi. Il n'avait pas fait exprès de tomber sur ce spectacle plaisant, même s'il aurait pu s'en éloigner plus tôt. Et puis, ça n'était pas tant ses fesses qu'il avait admiré que son entrecuisses. Pourtant, alors qu'elle lui tendait la main, il ne la saisit pas immédiatement, incapable de se relever aussi... facilement. Peut-être l'avait-elle remarqué, puisqu'un cinglant « Gros porc ! » sortit de la bouche de Holly.
Il saisit pourtant la main de la brunette après quelques secondes, histoire d'éviter de rendre ce moment encore plus gênant. Il tenta de cacher tant bien que mal son excroissance au niveau du bas ventre, sans grand succès. Puis il réalisa finalement qui il avait en face de lui. Holly ? La Holly ? Sa correspondante anglaise ? Celle avec qui il avait échangé quelques années auparavant, et qui était venue chez lui lors d'un échange scolaire ? Mathieu n'en croyait pas ses yeux de la voir dans cette école. Et l'inverse semblait vrai également.
« Je... J'ai pas fait exprès, je cherchais un livre... Mais je t'avoue que j'ai été agréablement surpris de ce que j'ai vu ! »
Il espérait sincèrement que ce trait d'humour allait détendre l'atmosphère. Puis, il enchaîna sur la question qui lui taraudait l'esprit :
« Mais qu'est-ce que tu fais là ? Je m'attendais pas du tout à te voir ici... »
Mathieu prit alors le soin de s'écarter quelque peu pour laisser le temps à Holly de se rhabiller et de se remettre de ses émotions. Il lui adressa un grand sourire complice, à la limite du malaise. Il était heureux de rencontrer quelqu'un qu'il connaissait, lui qui débarquait tout juste de sa France natale. En plus, ça tombait bien, elle allait pouvoir l'aider à se repérer dans le dédale de livres qui composait cette bibliothèque. Puis il réalisa. Si elle n'avait pas redoublé depuis qu'ils s'étaient vus, alors elle devait être dans la même classe que lui...
Mathieu saisit la main de Holly. Cette dernière tente tant bien que mal de le tirer du sol mais c'est surtout lui qui se relève. La brunette continue à faire la fausse fière. Le garçon rétorque finalement :
« Je ... J'ai pas fait exprès, je cherchais un livre... »
Le jeune homme a préféré trouver un alibi plutôt que de s'excuser. Mais Holly ne le remarque pas. Qui aurait pu deviner qu'une gamine faisait du fan service à la bibliothèque ? Alors qu'elle s'apprête à passer l'éponge ...
« Ça va, tu pouvais pas dev-
- Mais je t'avoue que j'ai été agréablement surpris de ce que j'ai vu ! »
La demoiselle se met à rougir instantanément, couinant d'un embarras intense. Elle attrape son bouquin et tente de frapper plusieurs fois la tête de Mathieu. Seulement, vu que le jeune homme fait deux mètres de plus, il se prend tout à l'épaule.
Complètement rougis d'embarras, Holly se retourne pour cacher cette gêne intenté en injuriant le jeune homme. Alors que la brunette part dans un florilège des insultes insolites, le garçon reprend gentiment.
« Mais qu'est-ce que tu fais là ? Je m'attendais pas du tout à te voir ici... »
Holly gromelle, un peu plus calme. Elle inspecte Mathieu du coin de l'œil, hésitant à être réceptive à ses questions. Cela fait tellement longtemps qu'elle ne l'a pas vu et que cela remonte en elle des souvenirs nostalgiques d'une autre époque. Les sourcils froncés et les crocs sortis, Holly lui répond en restant sur ses gardes. Puis elle se lâche en rétoquant.
« E-Eh bien, j'ai changé d'école. »
Ne faisant qu'attention au visage de son interlocuteur, la jeune fille se retourne, un peu plus avenante. La jeune fille se rhabille correctement en montant des chaussettes noires bien en haut ded genoux. Mathieu est tout de même gentil et semble assez à l'aise, vis à vis de la situation. Peut-être que le jeune homme ne porte pas autant d'intérêt que Holly à ce gag malaisant ? La demoiselle, toujours un peu confuse, affiche un petit rictus au coin de la lèvre.
« Si j'avais su que t'étais là ... Le monde est vraiment petit ! » . Au fur et à mesure que les souvenirs lui reviennent, Holly se décontracte un peu. La demoiselle aggripe timidement sa jupe, pensant que Mathieu peut toujours voir sa culotte. Elle observe son interlocuteur afin d'anticiper ses réponses, jusqu'à ce que son regard se perd malencontreusement sur son pantalon.
« A-a, aah... » gémit-elle.
Le pourpre sur ses joues s'intensifie de nouveau. Holly détourne immédiatement le regard et grimace. Elle pousse un grognement.
« Pfeuh, les hommes sont vraiment des pervers ... »
La demoiselle se remémore une nouvelle fois ses venues en France. Elle se souvient d'à quel point ils ont été coincé du cul durant l'échange scolaire. Holly laisse échapper un petit rire en comparant leurs moments chastes avec l'incident. La blague de Mathieu n'est pas de si mauvais goût finalement.
« Si j'avais su il y a deux ans qu'on se rencontrerait de nouveau comme ça ! »
Elle lance un œil timide mais complice à son correspond français.
La scène devait être amusante à regarder, de loin. Une jeune fille paniquée, hystérique, qui martelait un livre tenu avec ses petites mains sur l’épaule d’un garçon qui tentait d’esquiver ses coups. Holly mit quelques secondes avant de se calmer et de se tourner, puis d’enchaîner sur des insultes à un rythme crescendo. La remarque de Mathieu parut cependant la troubler, et le flot ininterrompu de vulgarités se tarit presque instantanément. Après l’avoir inspecté, la jeune fille déclara avoir changé d’école. Le sujet avait l’air sensible, et il ne voulait pas la questionner là-dessus. Lui-même avait dû transférer son dossier ici pour échapper à une ambiance plus que pesante dans son pays d’origine. Mais il ne s’attendait certainement pas à retrouver sa correspondante ici. Encore moins en faisant connaissance avec son intimité avant son visage.
Il la laissa se rhabiller, la contemplant sans vraiment se rendre compte. Elle n’avait pas tant grandit que ça, mais elle avait pris des formes. Son visage était resté plutôt similaire, mais elle avait dans les yeux une pointe de défiance nouvelle. Et apparemment, un caractère « légèrement » plus susceptible. Elle restait abasourdie par la situation et la chute, mais Mathieu s’en amusait. Il était venu chercher un livre et repartirait heureux dans sa chambre, livre ou non. Mais l’expérience de l’agressivité de la jeune fille lui intima de ne surtout pas le lui faire remarquer.
Le monde était petit, il était vrai. Pendant qu’elle terminait de se rhabiller, elle avait dû sentir le regard de Mathieu, puisqu’elle tenait fermement les plis de sa jupe, comme par pudeur. Mathieu croisa les bras pour se donner de l’assurance en esquissant un sourire. Il était heureux de la revoir, lui qui avait peur de ne pas s’intégrer dans sa classe en ce dernier trimestre. Il repensait à ses quelques visites chez lui, en France, où la gêne avait parfois été palpable. Ils étaient trop jeunes, et ne se connaissaient pratiquement pas. De plus, elle ne parlait pas français, la communication avait été compliquée.
Tout en ressassant ces souvenirs nostalgiques, il en oubliait presque totalement la bosse qui pointait de son uniforme normalement lisse et sans pli. Que Holly remarqua. Mathieu baissa la tête, et la remonta instantanément, appréhendant la réaction de la jeune fille. Elle semblait s’en amuser, elle aussi finalement, d’après le regard joueur qu’elle lui lança. Bon, la voilà rassurée. Au moins, ils auront tout un tas de choses à se raconter, et l’ambiance paraît plus détendue qu’il y a deux ans.
Mathieu avait véritablement changé en deux ans. Il n’avait pas pris un gramme de muscle, mais il avait mûri, même s’il cherchait toujours l’attention des autres à travers son personnage. Ici, il l’avait eue, et pas qu’un peu, avec Holly. Bon, il fallait maintenant repartir sur des bases plus saines. Il se rapprocha d’un pas et s’approcha d’elle pour lui faire la bise, à la française. Au moment de baisser la tête pour atteindre celle de la petite brune, il se retint pourtant, en se rappelant que ce n’était pas du tout quelque chose de naturel ici. Et il voulait surtout éviter de prendre un coup de front rageur de la jeune femme. Il lui tendit alors la main avec un grand sourire :
« Ravi de te revoir dans tous les cas ! Et j’suis content d’être dans ta classe ! »
Alors qu’il terminait sa phrase, il entendit un « clic » qui avait fait un bruit assez faible. Comme un bruit de mécanisme en fer. Il tourna la tête et vit l’un des luminaires s’éteindre vers l’entrée de la porte. Une angoisse soudaine prit le garçon aux tripes. Mais il se rassura pourtant. Avec le bruit qu’ils avaient fait, la bibliothécaire ne pouvait pas être partie en les ayant oubliés quand même… Si ?
Alors qu'Holly semble enfin conciliante et avenante, voilà qu'elle est victime de harcèlement sexuel. C'est toujours comme ça avec les hommes, pense Holly. On leur donne la main et il prenne le bras.
La scène se passe silencieusement malgré les lourds sous-entendus. Mathieu s'approche pourtant candide vers la demoiselle, mais le voilà venir un peu trop prêt de Holly. Alors que leur visage s'effleure presque, le français recul, réalisant son geste. La demoiselle s'écarte brusquement, figée un instant en essayant d'oublier ce qui vient de se passer. Les français sont vraiment bizarres ! Qu'ils aillent se galocher entre eux parce que ce n'est vraiment pas la tasse de thé des anglais. Un petit malaise s'en suit. Mais le jeune homme brise instantanément la gêne qui s'installe.
« Ravi de te revoir dans tous les cas ! Et j’suis content d’être dans ta classe ! »
Holly se réveille de son micro-coma et regarde la main tendue de Mathieu. Ce dernier fait comme si rien ne s'est passé et lance un sourire à la jeune fille. Cela met en confiance cette dernière, les yeux plus brillants, et voilà qu'elle serre avec rigidité la main du french guy.
« Ravie de m- »
Les plombs sautent. Du moins, s'éteint vu le son sec et discret qui interrompt Holly. La main dans celle de Will, la brunette la retire mollement puis observe les environs. Quelle heure est-il ? La jeune fille n'a même pas son portable. Quelques secondes dans ses pensées, la demoiselle se retourne enfin vers Mathieu en lui demandant :
« Dis moi Mathieu, tu as ton portable ? Il est quelle heure ? »
Peu après l'intervention ou non du jeune homme, Holly part tout de même voir la bibliothécaire qui devrait avoir raison à cela. Et si elle n'est pas là ? Est-ce qu'il y a au moins :
« Quelqu'uuun ? Il y a quelqu'un ? » crie-t-elle un peu inquiète.
Quitte à se faire engueuler pour avoir élevé la voix dans une bibliothèque, la jeune fille préfère que quelqu'un réponde. Malheureusement, ce n'est que l'écho de sa voix qui se manifeste. Holly commence à paniquer rapidement : et si elle a dépassé le couvre-feu ? La brunette est prit d'une légère angoisse et retourne vers Mathieu pour être plus sereine. Elle dit d'un ton inquiet :
« Ils se sont vraiment barrés comme ça ? Hm ... »
A quelques centimètres de Mathieu, la jeune fille serre ses bras autour de sa taille et se mord la lèvre. Cette situation est fâcheuse. Seule la lune timide derrière les nuages éclairent les couloirs d'étagères. Holly doit partir chercher ses affaires mais elle connaît encore trop peu la bibliothèque pour pouvoir se repérer, encore pire dans le noir. De plus, Holly se retrouve de nouveau seule, avec un garçon. Une chance encore que l'atmosphère un peu gênante et érotique soit partie, du moins, pour Holly. Elle zieute avec curiosité et méfiance l'entre-jambe de son partenaire.
« Cette situation peut vraiment le faire bander ? » songe sagement Holly.
Après le luminaire de la porte d’entrée, l’ensemble des lumières de la bibliothèque s’éteignent au bout de quelques secondes. La pleine lune fournit une légère lueur qui permet de distinguer les visages et les silhouettes, mais la pénombre gagne rapidement la pièce, installant un lourd silence.
« Dis moi Mathieu, tu as ton portable ? Il est quelle heure ? » demanda alors Holly.
Il n’en savait rien lui-même, mais sortit rapidement son portable avec sa main qui avait lâché celle de le jeune fille. L’horloge numérique indiquait 21h14, mais la batterie était quasiment à plat. Bon, au moins, le couvre-feu n’était pas encore dépassé, et ils avaient encore une chance de pouvoir s’en tirer sans trop de problèmes s’ils arrivaient à sortir de la bibliothèque.
Pendant qu’il se questionnait sur la situation, Holly se mit à paniquer et à appeler à l’aide. Mathieu se doutait bien que personne n’allait lui répondre, mais se mit lui aussi à se diriger vers le bureau de la bibliothécaire. Fermé et vide, évidemment.
« Ils se sont vraiment barrés comme ça ? » lâche la jeune fille
« J’en ai bien peur… Et j’ai l’impression qu’on va devoir sortir d’ici par nous mêmes... »
Il fixa alors la porte. Il ne pourrait pas la défoncer. Elle était trop solide pour ses petits bras, et même l’aide de la brunette ne pourrait certainement pas endommager un système aussi solide. Il soupira, et regardant la jeune fille qui se rapprochait de lui-inquiète. Elle fixa alors son entrejambe, ce qui le questionna alors. Il s’imagina que Holly avait des idées plus que coquines derrière la tête, et il se dit qu’elle avait bien changé. Mais la situation l’excita, alors que Holly n’était qu’à quelques centimètres de son corps. Une situation pareille lui rappelait beaucoup des vidéos pornos qu’il regardait… de temps à autres. Mais en même temps, il commençait lui aussi à véritablement s’inquiéter et angoissait à l’idée de passer toute la nuit ici, avec les représailles qu’il essuierait le lendemain pour n’avoir pas respecté le couvre-feu.
Il secoua fort sa tête pour dégager un peu son esprit des pensées plus qu’érotiques qu’il avait envers Holly. Il leur fallait un moyen de sortir d’ici. Il verrait une autre fois si la jeune fille était aussi ouverte qu’il le pensait.
« Bon, faut qu’on fasse quelque chose. On ne passera pas la nuit ici, ne t’en fais pas ! »
Il n’en savait rien. Il disait cela plus pour se rassurer lui-même que pour essayer de détendre sa camarade d’infortune. Il jeta un regard circulaire dans la pièce autour de lui, afin d’essayer de trouver quelque chose qui pourrait les aider, mais les ténèbres le forçaient à plisser les yeux. Il décida de s’éloigner un peu de Holly pour aller fouiller le bureau de la bibliothécaire. Peut-être avait-elle un double des clés cachées dans un tiroir… Malheureusement non. Ou s’il y en avait un, il ne le trouva pas, ce qui fit couler une goutte de sueur sur son front.
« Aide moi à chercher… Il faut qu’on trouve un truc, n’importe quoi. Mais ne t’éloigne pas trop, j’ai pas envie que tu te perdes. »
C’était faux. Il voulait surtout ne pas rester seul, mais n’osait pas l’avouer. La situation était déjà bien assez complexe pour qu’il ait à gérer un stress de plus.
Pourtant, alors qu’il était en train d’éparpiller des dossiers de plus en plus vieux, que la brave secrétaire avait dû mettre des années à compiler et à ranger par ordre chronologique, il tomba sur un document qui le fit tiquer. Un ancien plan d’évacuation en cas d’incendie. A première vue, pas la clé tant attendue vers la sortie de la pièce. Mais Mathieu avait vu assez de films pour savoir où ce genre d’indice pouvait mener.
« Je… J’ai trouvé un truc je crois ! Attends, viens voir... »
Il tenta d’éclairer le plan avec la lumière de son portable, mais celui-ci avait déjà bien vécu aujourd’hui, et la batterie le lâcha au bout de quelques dizaines de secondes. Il avait à peine eu le temps de voir une sorte de porte de sortie, aujourd’hui certainement condamnée, qui menait hors de la bibliothèque… mais aussi hors du bâtiment, ce qui était tout aussi problématique pour rejoindre les dortoirs. Il fallait pour cela accéder à une autre pièce, via un conduit d’aération situé à l’autre bout de la vaste pièce. Mais le plan semblait dater, et Mathieu n’était pas sûr du fait que ce passage était toujours fonctionnel. Il se tourna vers Holly en la fixant dans ses yeux qui brillaient avec les reflets de la lune. Il attendait de voir sa réaction par rapport à son idée. « Tu as trouvé quelque chose de ton côté ? Parce que j’ai peut-être une solution, mais ça a l’air risqué… »
Mathieu ne rassure pas Holly qui grogne un peu soucieuse. Elle le regarde pour savoir s'il trouve une solution. Le jeune homme regarde la porte avant de regarder Holly, désespéré. En effet, ce n'est pas par là qu'ils pourront s'échapper. Finalement, Mathieu semble avoir trouvé une solution :
« Bon, faut qu’on fasse quelque chose. On ne passera pas la nuit ici, ne t’en fais pas ! »
La londonienne observe le garçon, le sourire tendre. Elle se détache de lui et se montre motivée par ses encouragements : il faut qu'elle aille chercher ses affaires pour partir. Son correspondant fait quelques pas en direction du bureau de la bibliothécaire. Mais Holly, semble bien décidée à réunir son matériel.
Alors que le jeune homme lui demande de l'aide, la demoiselle part vers un coin où elle pense s'y être installée. Elle se tourne une dernière fois pour avertir le garçon.
« Désolée Mathieu, je pars chercher mes affaires, elles ne sont pas très loin. Et puis, je suis une grande fille tu sais ! Si je me perds, je hurle pour que tu viens à mon secours. » dit-elle avec une note d'humour.
Bien qu'attendrie par l'inquiétude de son correspondant, la brunette part en direction de son sac. Comme un deus ex machina, Holly se rappelle de son emplacement : elle ne se met jamais trop loin de la bibliothécaire, dans un coin où elle peut l'avoir dans son champ de vision. Holly plisse les yeux pour voir dans la pénombre qui se fait de plus en plus imposante. Enfin, elle aperçoit la silhouette d'une table encombrée : ses affaires sont sûrement là. Elle se précipite alors dans le coin, tâtant les affaires qui sont bel et bien les siennes. La brunette regarde ensuite les alentours, faisant mine de chercher. Hors de question de sauter par la fenêtre, cela n'en vaudrait pas la peine. Il faut trouver un autre moyen de s'échapper d'ici.
L'adolescente revient vers Mathieu avec ses bagages bien rangés. Elle va pouvoir se consacrer pleinement aux recherches.
« Je… J’ai trouvé un truc je crois ! Attends, viens voir... »
À son retour, Mathieu lui partage une de ses trouvailles. Holly s'approche de lui comme interloquée et pleine d'espoir.
« Tu as trouvé quelque chose de ton côté ? Parce que j’ai peut-être une solution, mais ça a l’air risqué… »
La jeune fille se pince les lèvres et roule des yeux.
« Mise à part les fenêtres, rien. Et il est hors de question de faire les singes en passant par dehors ... »
Les yeux de Holly se pose par hasard sur l'objet de Mathieu : cela ressemble à un plan. La demoiselle s'avance vers le jeune homme et regarde à ses côtés la carte.
« Explique moi ton plan, je t'écoute. » demande-t-elle en dégageant une certaine vulnérabilité dans sa rigidité.
Mathieu soupira lorsqu’il vit la jeune brune partir à la recherche de ses affaires. Il semblerait qu’il allait devoir se débrouiller seul, alors qu’il n’aurait pas craché sur un peu de soutien, ne serait-ce que moral. Mais il devait jouer le rôle du mâle alpha, qui guide la meute. Chose qu’il adorait faire en temps normal, lorsqu’il était considéré par les autres, mais qui lui paraissait difficile dans une telle situation de stress et d’angoisse. Il prit une grande respiration, et attendit que Holly daigne bien ramener ses fesses.
« Mise à part les fenêtres, rien. Et il est hors de question de faire les singes en passant par dehors... » lança-t-elle en arrivant enfin.
Mathieu était parfaitement d’accord avec elle. Au pire ils mourraient, au mieux ils se briseraient les jambes, même du premier étage. Il baisse la tête de dépit. Cela ne les avançait pas beaucoup, à moins qu’ils aient une corde. Et il n’en avait, bien sûr, pas trouvé dans les tiroirs du bureau. Après s’être mordu la lèvre en frissonnant à l’idée du choc d’une chute d’un étage, il expliqua le « plan » (ou du moins, l’ébauche de plan) qu’il avait prévu.
« Alors… Là -bas (il pointa du doigt de façon assez aléatoire un coin de la pièce), il devrait y avoir un conduit, pas loin du plafond. Il devrait mener à une sorte de… local d’entretien au rez-de-chaussée, d’après sa taille sur le plan. Mais ça voudrait dire que le conduit descend, du coup. Ensuite, il faudrait réussir à ouvrir la porte du local pour pouvoir sortir. Ou alors, si les femmes de ménage ne sont pas encore passées, on pourrait se planquer dans un chariot, et attendre qu’elle rentre dans le bâtiment avec. Ensuite, chacun pour sa gueule, faudra courir dans le dortoir sans se faire choper... »
Tandis qu’il déblatérait ses idées, il se rendait de plus en plus compte du nombre de points approximatifs que son plan comportait. Il n’était plus du tout sûr de ce qu’il voulait faire. Le plan semblait vieux, et l’issue, incertaine. Mathieu s’affala sur la chaise de la secrétaire en soufflant, et en plaquant ses mains sur son visage. Il ne parvenait pas à garder son calme, et Holly semblait aussi incertaine que lui, les mains pleines de ses affaires de cours. Elle avait pourtant le regard plein d’espoir, ce qui manquait à Mathieu.
Il garda la paume de ses mains moites sur son visage crispé. A peine arrivé, le voilà déjà dans de beaux draps, et bien en plus. S’il restait prostré comme ça, Holly allait se rendre compte qu’il était en train de s’imaginer le pire, et non pas qu’il était en pleine réflexion. Mathieu se leva alors sèchement, en tentant de feindre une assurance qu’il n’avait pas.
" J’espère que ce plan te va, si tu as d’autres idées, n’hésite surtout pas. En attendant, il faut au moins qu’on aille voir quelle gueule a cette grille d’aération !"
Il força un sourire qu'il essaya de rendre le plus naturel possible, mais une idée lui traversa soudain l'esprit. Il n'était pas question qu'il passe en premier. Il avait déjà assez donné comme ça, et son cerveau commençait en roue libre sous le coup du stress.
Les deux jeunes gens se dirigèrent à tâtons dans la pénombre, avançant prudemment, mais ne pouvant esquiver les divers obstacles (étagères, livres tombés des rayons,...), ce qui fit sursauter Mathieu plus d'une fois. Lorsque enfin ils arrivèrent au niveau de la grille, Mathieu la palpa du bout des doigts en se mettant sur la pointe des pieds, ce qui la fit tomber instantanément sur le conduit, provoquant un bruit puissant. Bon, effectivement, elle n'avait pas l'air toute jeune. L'adolescent aux cheveux violets déglutit bruyamment. Plus que jamais, il voulait laisser la jeune fille passer avant lui. Histoire de voir si la tôle vieillie allait supporter le poids d'un être humain. Il se tourna alors vers Holly.
"Euh, Holly... Je suis pas vraiment rassuré là... Et puis bon, j'ai trouvé le plan alors... Ça te dérange de passer devant ? J'peux te faire la courte échelle si tu veux..."
Holly grimace. Son partenaire ne semble pas au top de sa forme. Est-ce la situation qui le met dans un tel état ? Bien que Holly a tendance à se faire facilement des films, elle reste courageuse et se concentre sur le moyen de sortir. Elle redoute uniquement le fait d'être reconnue et convoquée pour avoir violé le couvre-feu. Il n'empêche qu'elle le fait contre son gré : la libraire n'a pas informé les derniers restants de la fermeture qui se fait, qui plus est, plus tard.
Holly jette un rapide coup d’œil sur son téléphone. Encore heureux, le duo n'a pas encore transgressé les lois : il reste une bonne heure avant la deadline. Ceci dit, la batterie est relativement faible, autant l'économiser. Soudain, une idée brille dans la tête de la brunette. Mais avant qu'elle ne dise quoique ce soit, Mathieu explique enfin son plan d'évacuation.
Le garçon pointe du doigt un coin de la bibliothèque. La jeune fille note avec précision l'emplacement et semble très attentive aux indications. Un conduit se trouve à ce point, il doit mener au rez-de-chaussée. Comme le pense Mathieu, Holly se dit que la bouche d'aération est en descente, ce qui est potentiellement dangereux, surtout qu'ils n'ont aucune idée d'où ils vont atterrir. Le jeune homme explique qu'ils tomberont dans un local, il n'est pas dit qu'il y aura des coussins à leur arrivée. Puis même, l'adolescente ne s'est jamais amusée à se balader dans les conduits d'un bâtiment et cela l'étonnerait que ça soit comme dans les films : aussi facile d'accès et aussi spacieux pour se mouvoir. Enfin, le basané fini par proposer un plan ninja, en essayant de se faufiler, chacun pour soi, dans les dortoirs. Holly est finalement dubitative et attend de voir le point de départ.
Le garçon, soudainement dépité, se permet de poser ses fesses sur le siège de la secrétaire. La demoiselle se pince les lèvres, se retenant de dire que son comportement est incorrect : ce n'est pas le moment de rappeler à l'ordre pour une chose aussi futile que cela. Holly lève tout de même un sourcil puis croise les bras.
« Je doute vraiment que ça puisse marcher, mais on peut tout de même aller voir. » dit-elle, sceptique.
Le français se lève précipitamment de sa place. Il semble avoir le même avis que la jeune fille, qui affirme la proposition de Mathieu. Ils décident donc de partir repérer la bouche d'air.
Le noir tapisse de plus en plus les murs. Holly peine à avancer, plissant des yeux en évitant les chaises et les tables disposés le long des étagères pour les élèves. Les doutes et l'inquiétude commence à titiller Holly qui se rassure en positivant et en gardant son sang-froid. En effet, ce n'est pas sur Mathieu qu'elle peut compter pour la rassurer : le garçon a l'air anxieux vu sa façon de parler et de réagir face à la situation. Ceci dit, le fait qu'il ne partage pas ses possibles craintes met en aise Holly. Il manquerait plus qu'elle soit accompagnée d'un boulot, une chance pour elle que c'est quelqu'un qu'elle connaît et apprécie plutôt.
Elle le regarde, sursauter à quelques reprises face aux obstacles. La brunette se moque un peu de lui : il est mignon à s'affoler en silence. Un petit sourire se glisse sur les lèvres de la jeune fille lorsque le coin d'une table lui rentre dans la cuisse. Un cri de surprise et de douleur vive résonne dans la bibliothèque et Holly met en coup de pied à la table. Les injures fusent, la table prend pour son grade et Holly a toujours mal. Une fois la souffrance calmée, la brunette retrouve le jeune homme, au lieu dit.
Ce dernier tente d'ouvrir avec une certaine délicatesse la grille qui tombe lourdement. La demoiselle eut un rire nerveux face au bruit grinçant et assonant de l'ouverture. Cela n'est pas très rassurant.
Holly s'approche en observant l'issue, tandis que Mathieu la regarde.
« Euh, Holly... Je suis pas vraiment rassuré là... Et puis bon, j'ai trouvé le plan alors ... Ça te dérange de passer devant ? J'peux te faire la courte échelle si tu veux ... »
La demoiselle fait les gros yeux, comme si elle ne revient pas de ce qu'il a dit. Elle reste un instant sonné avant de réaliser ce que ce lâche vient demander : et Holly se met en colère.
« Tu te fous de moi ?! »
Les hommes ont comme atout la galanterie, ce qui la réconcilie avec le sexe opposé. Or, ce n'est pas le cas du seul garçon qui l'accompagne dans cette épreuve stressante. Holly grogne, pensant un instant à quel point Mathieu est craintif et ridicule. Elle grommelle avant de sortir son portable :
« Attends. Avant de faire des conneries, je vais tenter un truc. »
C'est ça son idée. La jeune fille file dans sa messagerie pour avertir Becky de la situation. Soudain, après avoir envoyé un message de secours, elle réalise que cette idée est complètement inutile : il n'y a pas beaucoup de réseau dans la bibliothèque. Le message ne s'envoie pas et Holly panique à l'idée de devoir monter la première dans ce gros tuyau obscur. Elle se tourne vers le garçon, furax, et lui grogne :
« J'm'en fous, c'est ton idée, t'y vas ! »
Elle le choppe par le manche et le jette -comme elle peut- près de l'ouverture.
Mathieu s’attendait à tout sauf à ça. Comment ça, elle se permettait de l’insulter gratuitement ? Il essayait de trouver un moyen de la tirer de la situation complexe dans laquelle ils étaient, et Mademoiselle se permettait de faire la difficile ? Et puis, des conneries, son plan ? Certes, il n’était pas parfait, loin de là. Mais si elle avait d’autres idées, elle pouvait les exprimer. Malgré son angoisse, Mathieu fixa la brunette dans les yeux, soutenant son regard agressif. Lorsqu’elle lui prit le bras pour l’amener devant la grille, Mathieu se dégagea d’un geste sec. Pas question qu’il y aille en premier.
« Hey ! Écoute, j’essaie de nous sortir de là, alors si tu ne veux pas de mon plan, j’t’oblige pas à me suivre. Fais c’que tu veux, mais en attendant on a rien d’autre. A moins que tu ne souhaites te la jouer Spider-Man par la fenêtre ! »
Il espérait au plus profond de lui que cette pique allait faire réagir la jeune fille. D’accord, la situation n’était pas propice aux discussions calmes et posées. Mais de là à se penser toute puissante et à se donner le droit d’être désagréable…
Mathieu jeta un regard à la bouche d’aération. Elle n’était pas grande, mais suffisamment pour laisser passer des adolescents comme eux. Les parois semblaient un peu poussiéreuses, mais c’était le cadet de ses soucis, surtout avec la peur de se faire attraper. Lorsqu’il reposa ses yeux sur ceux de Holly, celle-ci ne l’avait pas quitté du regard. Elle semblait attendre qu’il y aille en premier.
« Tu peux bien y aller avant ! Je te revaudrais ça… Et puis j’ai pas besoin de prouver que j’ai des couilles. C’est pas parce que tu as peur que tu dois m’insulter ! Je suis dans la même galère que toi j’te rappelle ! »
Cette deuxième pique devrait la convaincre. Du moins, il l’espérait. Il ne connaissait pas le tempérament sanguin de Holly, et se risquait à des représailles si elle s’énervait. Mais qu’importe, il pensait que la jeune fille pouvait bien se dévouer, étant donné qu’elle n’avait pas réellement aidé à essayer de sortir d’ici. Sa tentative de SMS n’avait rien donné, et elle pouvait bien faire ça pour leurs retrouvailles…
Mathieu passait progressivement au dessus de la panique, à mesure que leur « captivité » se prolongeait. Il parvenait de plus en plus à se vider l’esprit des inquiétudes qui le rongeaient. Pourtant, il ne parvenait pas à se décider. Si la jeune fille refusait de se bouger les fesses, il n’aurait pas d’autre choix que de se dévouer et d’aller explorer le conduit sombre et peu engageant. Avec un profond soupir, il baissa les yeux se résignant presque à devoir agir par lui-même.
Soudain, un éclair lui traversa l'esprit. Une idée à la fois stupide et géniale. Tout autant risquée pour son intégrité physique que brillante d'un point de vue de l'efficacité. Mathieu baissa lentement les yeux, en regardant le sac qu'Holly tenait contre elle. Il fixa l'objet pendant deux secondes, dans un silence pesant. Puis, il se jeta dessus, et arracha la trousse du sac de la brune, dans une ruée qui se voulait aussi rapide que possible. Avant même que la jeune fille ne comprenne l'affront du Français, ce dernier avait déjà balancé l'objet dans le conduit, puis fait quelques pas en arrière, histoire de se mettre hors de portée d'une éventuelle (et, il le savait, très probable) riposte. Triomphant, il lança d'une voix provocatrice :
"Tiens ! On dirait que tu n'as plus vraiment le choix maintenant !"
La réponse de Mathieu surprend Holly. Elle croit rêver. Comment peut-il avoir le culot de sortir ça ? Le pire dans tout ça, c'est qu'Holly ne l'a même pas insulté, chose qu'elle aurait très bien pu faire. Choquée par la lâcheté sans nom de son ami, Holly le regarde presque hébétée.
Le garçon continu de trouver des excuses pour ne pas y aller. Son insistance gonfle la rage de la petite demoiselle. Cette dernière, bien déterminée à ce qu'il monte avant, l'assassine du regard.
« Si tu crois vraiment que c'est comme ça que tu vas me convaincre, tu te fous les doigts dans l'cul. »
Le garçon fait la moue comme abattu. Va-t-il finalement faire acte de bravoure et grimper dans ce conduit absolument sûr ? Une lueur d'espoir illumine les prunelles de Holly.
Brutalement, Mathieu relève le museau en fixant le sac de la demoiselle, tenant à peine sur son épaule. La jeune fille ne comprends pas tout de suite et les choses vont trop vite pour se rendre compte de quoique ce soit : Mathieu pénètre sa main dans la petite ouverture du sac à dos. Sentant son poids, Holly gesticule et cri de stupeur :
« MAIS QU'EST-CE QUE TU ... »
Trop tard, le jeune homme a saisit quelque chose. Il sort l'objet sans hésitation avant de le balancer directement dans le conduit. Bouche-bée, Holly espère désespérément que son bien lui revienne. Hélas, il ne revient pas, coincé dans la bouche d'aération. Il a osé.
La jeune fille pousse un grognement de terreur digne d'un chiot enragé. Elle se retourne vers le traite en montrant les crocs.
« T'as vraiment aucun amour propre Mathieu !
- Tiens ! On dirait que tu n'as plus vraiment le choix maintenant ! »
Ce qu'il a fait dépasse l'entendement. C'est tel que Holly ne trouve plus ses injures. Pendant un moment, elle regarde la possible sortie et le lieu. La brunette n'a plus vraiment le choix. Se sentant presque humiliée de cet acte déloyal, elle arrache le bras de Mathieu pour l'amener contre elle. De ce qu'elle a pu voir, rien ne peut l'aider à grimper, sauf lui. Elle ordonne férocement :
« Tiens, puisque t'es pas foutu d'être courageux, aide moi à me porter là-haut. »
Après réflexion, elle se demande comment elle aurait pu aider Mathieu à monter là-haut. Elle est plus petite et légère, ce qui rend la tâche plus facile dans cet ordre-là. Il n'empêche que les réactions successives et décevantes du garçon la pousse toujours à croire qu'il aurait dû grimper en premier.
Comme prévu, Holly sortit de ses gonds. Tant pis, il se ferait pardonner d’une autre manière… une fois qu’ils auraient tous les deux pris cette saleté de conduit. Au moins, maintenant, il espérait la voir se bouger les fesses avec un peu plus d’ardeur qu’auparavant. Et il avait raison, sa petite blague semblait avoir fait mouche. Et en plein dans le mille.
« T’as vraiment aucun amour propre Mathieu ! »
Cette phrase le laissa outré. Il allait y aller aussi dans ce putain de tuyau, pourquoi est-ce qu’elle s’énervait à ce point ? Mais lui, de part sa taille, n’avait pas besoin de beaucoup d’aide pour monter. La petite brune, en revanche… Mais il la savait déjà assez en colère pour lui faire le moindre commentaire sur sa taille. Elle n’avait pas beaucoup grandit depuis la dernière fois qu’il l’avait vue, et il pensait qu’elle devait être complexée par sa grandeur relativement petite.
Lorsqu’elle lui ordonne sur un ton colérique de l’aider à grimper, Mathieu, loin d’être impressionné, soupira. Évidemment. C’était le plan depuis le début, qu’avait-elle attendu pour le faire ? Il tenta d’apprécier la hauteur en positionnant ses bras. La jeune fille avait des jambes assez courtes, ce qui l’obligea à s’arquer légèrement pour la mettre à hauteur.
Holly posa un premier pied sur le jeune homme, qui sentit ses bras se crisper. Si la brunette n’était pas lourde, lui était loin d’être un Apollon musclé. Une fois le deuxième pied arrivé sur ses mains, la jeune fille prit appui sur ses épaules, et Mathieu sentit tous son poids se poser subitement sur son propre corps, ce qui le fit grimacer. Il ferma les yeux et tordit sa bouche lors de son effort. L’aération s’avérait plus haute que prévue avec la taille de Holly, et il dut forcer encore plus sur ses maigres bras pour tenter d’élever la jeune fille toujours plus haut.
Au bout d’une trentaine de secondes qui lui parurent des minutes entières, Holly parvint finalement à agripper le rebord du conduit avec assez de force pour commencer à s’appuyer dessus et à rentrer dedans, avec un bruit métallique caractéristique des films d’infiltrations américains. Soulagé peu à peu de son poids, Mathieu relâche un long soupir et détend ses muscles, en levant la tête afin de voir l’avancée de sa camarade, qui commençait à s'infiltrer dans le tunnel
Ce que Mathieu vit le ravit une fois de plus. Il eut une vision privilégiée sur les dessous de la jupe de Holly. Elle avait eu le temps de bien remettre sa jupe et ses collants en place il pouvait tout de même entrevoir des détails plus qu’explicites, et il n’en ratait pas une miette. Cependant, cette fois, il voulut la jouer discrètement, et ne fit aucune remarque à la brunette, et ne laissa transparaître aucune… ambiguïté sur lui. Pourtant, il imaginait avec attention les quelques touffes de poils qui avaient dépassé de sa culotte tout à l'heure, ce qui avait fait apparaître les rebords de lèvres rosées qui lui semblaient appétissantes.
Mais il devait se changer l’esprit et arrêter de révasser, avant que son immobilité ne devienne trop suspecte. Il s’éloigna alors un peu du mur où était creusé le conduit, et se mit à ramasser de grandes encyclopédies dans les étagères, afin de s’en servir comme de marchepied pour combler les quelques centimètres qui allaient certainement lui manquer s’il sautait sans escabeau. Il arborait pourtant un certain sourire en coin qu’il cachait, lorsqu’il demanda, d’une voix rassurante :
« Tu y es presque ? Moi je cherche de quoi me surélever... »
Mathieu souffle ce qui agace Holly. Le regard sévère, elle attend que son ami se bouge les fesses et c'est ce qu'il fait. Le jeune homme se met en position, lie ses mains et se courbe un peu, prêt à recevoir la brunette. Mais cette dernière doute vraiment quant à la réussite de cette opération. Elle grimace, mais il va falloir qu'elle récupère se trousse. Alors, la jeune fille enlève vivement son sac à dos et va poser son pied dans les mains de Mathieu. Une fois dessus, la jeune fille perd l'équilibre se agrippe ses petites mains sur l'épaule du jeune homme.
« Tiens moi bien, hein ! » ordonne-t-elle en paniquant.
Prenant finalement son courage à deux mains, Holly regarde la trappe. Elle se redresse prudemment, tandis que son ami la pousse du plat des pieds. Une perle sur le front, Holly a du mal à saisir la bouche, car elle pense soudainement à la vue qu'elle offre au garçon. Il faut qu'elle reprenne ses esprits ! Vu comment les mains de Mathieu sont branlantes, elle n'a pas beaucoup de temps. Alors, faisant acte de bravoure, elle saisit un coin de la bouche en métal.
« C'est bien Holly ! » se félicite-t-elle.
Un petit sourire rayonnant s'affiche sur son visage, et la gamine pousse sur ses deux bras pour rentrer dans le trou. Elle grogne et serre les dents, mettant tout en œuvre pour rentrer dedans. Soudain, elle repense à la vue de Mathieu. La jeune fille se tortille et rougit rien qu'à imaginer ce pervers reluquer ses dessous.
« Tu ne me regardes pas, hein ?! »
La demoiselle pousse finalement un coup en avant pour atterir dans le conduit. Elle croise sur le chemin sa trousse qui se trouve près du vide. Holly halète, et regarde les alentours. Le conduit a l'air de bien tenir malgré les grincements, et la sortie est juste à côté.
« Tu y es presque ? Moi je cherche de quoi me surélever... »
La jeune fille, victorieuse, attrape sa trousse et sort la tête de la trappe pour répondre à son coéquipier :
« Ouais j'y suis, j'ai retrouvé ma trousse. Tu pourras m'envoyer mon sac s'il te plaît ? »
La brunette localise son sac. Il serait judicieux de lui lancer avant qu'elle puisse s'occuper de Mathieu. À ce propos, la demoiselle jette un coup d'oeil dans la salle. Comment son ami va-t-il se débrouiller ? Un peu soucieuse, la jeune fille lui demande :
« T'as pas une idée ? On peut toujours voir avec les livres mais je ne veux pas trop qu'on dérange la salle ... »
C'est dans un moment comme ça qu'Holly pense aux règles. Elle ne veut absolument pas avoir de problèmes avec l’Établissement : elle doit faire bonne figure. La brunette réfléchit avant de suggérer le ton bruyant.
« Ou sinon une TABLE ? Ca va, c'est juste une table, mais c'est mieux que de déplacer plusieurs bouquins. On gagnerait beaucoup plus de temps. »
La demoiselle regarde derrière elle. Elle décide de déplacer sa trousse un peu plus loin pour se préparer à réceptionner Mathieu. Holly écarte les cuisses, souffle un coup, et temps ses petits bras au garçon.
« Je peux t'aider à te soulever ! Je ne suis pas très grande, mais mes petits bras sont solides ! , elle jette un petit clin d’œil assuré, J'ai déjà soulevé pleins de choses lourdes pour des déménagements et des courses. »
La demoiselle ne manque pas de dévoiler une particularité de sa vie : Holly est une bosseuse qui, pour gagner un peu d'argent, trouve plusieurs petits boulots et missions. Elle est donc assez physique en plus d'apprécier énormément le sport.
« Par contre dépêche toi, ma force n'est pas illimité donc j'espère que tu vas assurer. » alerte-t-elle.
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