Holly Grant

Vous savez, ma vie n'est pas très passionnante. Je suis une fille banale confrontée à un milieu hostile. Du moins, ça a été le cas avant que je devienne pensionnaire d'Indare. Ma vie vous intéresse  tant que cela ? Bien. Laissez moi vous raconter mon parcours, comment j'ai fini dans cette école.

Je suis née à  Londres. Oui, je suis une londonienne, mais une londonienne des banlieues. Je suis née et j'ai vécu à East End, dans ce quartier bourré de marginaux et d'artistes. Mon père est ouvrier. Il travaille dans une usine de fabrication de chaussure. Mon enfance a été plus que banale, j'ai été placée dans une école privée protestante. Oui, nous sommes protestants. Si je suis croyante ? Je ne pense pas, impossible de savoir si Dieu existe ou non. Il n'empêche que dans cette école, je n'ai jamais eu de problèmes, j'ai été très appréciée comme tout le long de ma scolarité. Je suis sérieuse, sociable et en même temps discrète donc j'ai été plutôt populaire. Les choses intéressantes se passent à la maison pour l'instant.

Mon enfance s'est brisée lorsque mon père a perdu son travail. Mes parents ont dû mal à gérer leurs économies à deux, alors seule, ma mère va devoir travailler deux fois plus. J'ai dix ans à ce moment là, je vais rentrer au collège. Je n'ai pas aimé cette période uniquement à cause de mon père. Il boit beaucoup. Le chômage l'a affecté et il se retrouve dépressif et alcoolique. Les merveilleux moments qu'on a passé à la plage, au stade de foot, aux sorties dans le parc, se sont envolés. Parfois quand les  journées d'école se terminent, je vais chez une copine ou je reste longtemps le soir à traîner avec des copains. J'ai eu d'ailleurs de mauvaises fréquentations. Oui, vous ne me connaissez pas ! Mais j'ai fumé ma première cigarette à douze ans.

Enfin, je me suis révoltée à partir du lycée : passant la crise d'adolescence, je me suis montrée très rebelle auprès de mes parents, j'ai même eu des moments de relâchement. J'ai pris de la drogue à mes quinze ans, on m'a entraîné dans de sacré plan. Puis j'ai rencontré Bimal. Un indien musulman très mignon qui m'a fait de l’œil pendant un long moment. C'est par un voyage scolaire exceptionnel que j'ai eu mon premier bisou. Je vous ai dit que mes années scolaires sont tranquilles ? Depuis que je suis sortie avec Bimal, les ennuis ont commencé. Mon ex a été très convoité et de nombreuses filles se sont mise à me jalouser et à comploter dans mon dos. Des rumeurs horribles ont circulé sur moi. J'ai été sujette à de nombreuses diffamations mais je suis restée fière. Cependant, je me suis de plus en plus alcoolisée et droguée, nuisant à mes études. Bimal m'a rendu folle : pas un seul jour n'est passé sans qu'il me harcèle pour que je couche avec lui. Tous ses copains l'ont inciter à continuer, j'en suis venue à avoir peur d'aller chez lui tant ses incitations sont devenues violentes. J'ai perdu toutes mes copines. Il ne me reste plus que Bimal et mes plaisirs artificiels. Je n'ai le soutien que de mon frère, sinon, le monde a été contre moi. Puis, il y a eu cette fameuse soirée.

Je prends une grande inspiration. C'est dur pour moi de parler de cela alors écoutez moi bien. Ensuite, je n'en reparlerai plus jamais.

Mois de Juin, une de mes anciennes amies m'a recontacté. Je suis invitée à la soirée des dix-sept ans de Bimal -il a redoublé. Cette amie a voulu me le dire pour qu'on reprenne contact. A ce moment-là, je suis en tension avec Bimal suite à une visite qui a mal tourné chez lui. J'ai été totalement inconsciente : je suis au plus bas de mon psychisme, je me suis renfermée sur moi-même et voilà que je suis soudainement conviée à la fête de mon copain. Je n'ai aucun soupçon, j'accepte immédiatement en pensant pouvoir faire la paix avec Bimal. Cette soirée a été très alcoolisée, j'ai fumé et bu comme jamais pour oublier mes problèmes familiaux et personnels. Je ne me souviens pas de ce qui s'est exactement passée, mais ce qui est sûr, c'est que je me suis retrouvée encore plus seule avec un soucis en plus.

Quel a été ce soucis ?

…

Ne nous le dit pas si c'est trop dur pour toi.

… Bimal m'a fait du mal. Beaucoup de mal. J'en ai pas parlé jusqu'à ma rentrée en première économique. J'ai craqué dans les bras de mon frère et il a partagé mes soucis avec mes parents. Ces derniers m'ont donc changé d'école et me voilà au lycée d'Indarë. J'ai rencontré une dernière fois Bimal pour tracer un trait sur tout ce qui s'est passé. Je ne veux plus le revoir. Ni lui, ni mon lycée, ni mon quartier.

Comment ça se fait que tu ne t'es pas retrouvé chez les IRS ? Cette époque et tes soucis familiaux ont l'air très douloureux.

Parce que je ne suis pas une victime. Je me suis reprise en main. Je jouis maintenant de mes mois passés ici. J'ai une amie et je suis appréciée, cela me convient très bien. J'ai arrêté de faire comme mon père et je me suis focalisée sur mes études. J'aime beaucoup cet Institution, malgré le fait qu'on se doit de côtoyer des tarés mentaux. Maintenant, je ne laisserai plus rien m'atteindre. Je vais réussir ma vie et je pourrais subvenir aux besoins de ma famille. Pour cela je dois être riche et je veux l'être avec mérite.