[Irlande] Rencontrons les parents Morrow [Jenifer]

Et voilà, le jour était arrivé. J’avais travaillé durement pour que notre chorégraphie soit au point, et maintenant qu’elle l’était, ceux qui souhaitaient continuer à la travailler pouvaient le faire tandis que les autres étaient au repos. C’était mon cas. Je comptais évidemment travailler un peu pendant mes vacances pour éviter de trop me relâcher mais je le ferais pendant mes temps libres. Je risquais d’en avoir peu. Le matin, et surtout premier jour de vacances pour moi, je profitai de faire une grasse matinée chez Jagger. Nous avions convenu que je dormirais chez lui pour plus de simplicité. Et puis même sans ça, c’était plus agréable de dormir dans ses bras plutôt que dans un lit vide. Jagger se leva mais je n’y fis pas attention. J’étais trop out. Le sommeil m’avait bien attrapée et ne m’avait pas relâchée avant un moment.

Après avoir pris le petit-déj, nous nous mîmes enfin en route. D’abord en moto, expérimentant ainsi pour la première fois un voyage sur cet engin. Je restais bien accrochée à Jagger durant tout le voyage sur le deux roues. Je faisais confiance au chauffeur mais je stressais tout de même sur l’engin. Une fois sur le bateau, j’étais plus détendue. Enfin si on peut être détendue en sachant que notre pire cauchemar nous entourait de tous les côtés. J’espérais vraiment qu’on ne coulerait pas. Et puis nous reprîmes la route à moto, m’accrochant à nouveau au conducteur jusqu’à ce que celui-ci s’arrête. Il avait décidé d’une pause et ça m’arrangeait un peu. Outre les jambes qui s’engourdissaient, j’avais aussi mon postérieur qui en prenait un coup à force d’être assise aussi longtemps sans pouvoir changer légèrement de position.

Je le suivis donc jusqu’à une falaise. Si j’étais vraiment trop imaginative et un tantinet parano aussi, je pourrais croire qu’il comptait me jeter en bas de celle-ci. Cependant je n’imaginais pas ça. Une pause repas tout en admirant la vue qui nous était offerte, ça donnait l’impression d’être au paradis.

♀ Ca fait du bien une pause dans un endroit pareil. On se croirait presque au paradis avec cette vue.

Et bon sang ce que ça faisait du bien aussi d’être loin de la ville pour une fois. J’y étais de temps en temps quand Lizzy me kidnappait pour l’un de ses clips mais pas souvent.

♀ Tu sais, même dans un deux étoiles j’aurais trouvé du confort. J’veux pas que tu te ruines juste pour moi, même si au pire j’veux bien partager les frais.

Il pouvait aimer avoir du confort mais je ne voulais pas qu’il dépense une fortune s’il craignait juste de la façon dont on pouvait le percevoir à cause de nos mondes respectifs. Je savais qu’un barman ne gagnait pas forcément des millions à moins d’être propriétaire de plusieurs bars éparpillés aux quatre coins du monde. Et même si je travaillais dans le show business et gagnais pas mal ma vie, je n’étais pas pour autant contre les choses simples. Il avait pu le voir avec ma maison. Elle est simple à l’extérieur comme à l’intérieur alors que j’aurais eu de quoi me payer un truc plus spacieux. Après, en Irlande les prix étaient sans doute différents alors peut-être qu’il ne payait pas si cher que je ne le pense.

Je profitai de la vue tout en mangeant mon sandwich. Après la pause repas, nous reprîmes la route. J’étais à nouveau accrochée à l’irlandais pendant notre voyage en moto. J’avais un peu de mal à m’habituer à cet engin même si c’était plutôt agréable de voyager avec. Une fois à destination, je pus voir un nouveau paysage, l’hôtel qui était pas mal et même limite mieux qu’en Angleterre. Je suivis Jagger dans la chambre et l’observai avec admiration. Elle était superbe. Je posai le reste des sacs, mon fiancé m’ayant laissée les moins lourds, et souris à Jagger.

♀ Ca me va !

Je me rendis aussitôt vers mon sac et sortis mon linge ainsi que des vêtements propres. Je ne devais pas sentir vraiment meilleur que lui. L’odeur qu’il dégageait et que la moto avait elle aussi dégagé, devait s’être posée sur moi. Ce serait con que je remette les mêmes habits si on allait sortir et que ceux-ci puaient aussi. Après un rapide baiser sur les lèvres de Jagger, je me rendis à la salle de bain sans attendre et me déshabillai. Une fois nue, je fus rapidement dans la douche à attendre que Jagger me rejoigne. Lorsque ce fut le cas, je mis le jet d’eau en route et profitai d’un petit moment tranquille avec lui. Je le lavais aussi, sans être forcément très sage dans mes gestes. J’avais envie de le taquiner et la douche m’offrait une occasion en or.

Il était fou de dépenser autant pour nous mais en même temps, je ne connaissais pas les prix en Irlande. Je passais de toute façon à autre chose quand il me proposa une bonne douche à deux. Je me précipitai alors dans la salle de bain avec quelques affaires propres, me mis nue et zou sous la douche. À l’arrivée de Jagger, j’eus droit à une petite tape sur le cul ainsi qu’une légère remarque de dominant même s’il utilisait un ton taquin. Je restai dans ses bras et souris tout en continuant de l’écouter. Une lune de miel en avance. Ce n’était pas une mauvaise idée en sachant que nos emplois du temps respectifs étaient foireux.

♀ Une lune de miel en avance alors. J’aime bien l’idée. C’est plus original que de faire un véritable mariage traditionnel où la lune de miel est après.

Je profitais de ce moment intime où je n’avais pas besoin de me laver. Il le faisait pour moi tout en me massant. Ca faisait un bien fou. Je continuais de l’écouter alors qu’il me donnait déjà envie avec ses massages. Rien de sexuel. Je rêvais juste d’avoir une longue séance de détente avec lui comme masseur. Il était doué de ses mains. Très doué. Pas étonnant que ses anciennes conquêtes lui tournaient encore autour.

♀ Comment dire non à une telle proposition ?! Même si pour le coup tu me donnes l’impression d’être une femme enceinte avec le futur papa aux petits soins pour elle.

J’avais cette impression parce que mon père m’avait traumatisée avec son histoire. Il m’avait dit qu’une femme enceinte pouvait avoir des douleurs dans les jambes et même un peu partout et que pendant de longs mois, il était devenu le masseur attitré de ma mère pour la soulager. Cette image m’était donc restée en tête depuis toutes ces années et Jagger me rappelait un peu la situation qu’avait sûrement enduré mon père avant ma naissance. Je ne pouvais qu’imaginer en fait. Enfin peu importe. J’oubliai rapidement cette image pour passer un bon moment sous la douche avec Jagger. Un moment quelques peu mouvementé mais plein de tendresse.

Dès que la douche fut terminée, Jagger sortit en premier. Moi j’en profitais encore un petit puis avant de sortir et de me sécher. Je rejoignis ensuite mon fiancé après avoir enfilé des sous-vêtements. Je ne savais pas encore trop ce que j’allais mettre après mais autant être à l’aise pour le massage. Je lui tirai la langue tout en m’installant sur le lit.

♀ Oui le voyage me plaît et non pas trop fatiguée bien que tu ne m’aies pas ménagée sous la douche.

Je me mis sur le dos après avoir baladé un peu ma mimine sur son corps pour le taquiner. Je plaçai ensuite mes mains derrière la tête tout en fixant mon masseur personnel.

♀ Au fait tu préfères que j’sois sur le dos ou sur le ventre pour le massage ?

Dès qu’il m’eut répondue, je me mis dans la position qu’il préférait puis je le laissai faire son œuvre. Il me massa les jambes tandis que je profitais de ce moment de détente. Je songeais aussi à ce que nous pourrions faire après. Profiter de se reposer ou déjà visiter un peu les lieux ? Les deux me tentaient alors je ne savais pas trop lequel choisir.

♀ Dis Jagger, on peut faire quoi après ? Les deux idées que j’ai me tentent autant l’une que l’autre alors je n’arrive pas choisir. J’hésite entre le repos et visiter un peu les lieux. Tu veux bien m’aider ? Ou alors on commande de quoi grignoter, de l’alcool et on se fait une mini fête d’arrivée avant de nous endormir comme des merdes avec nos verres à la main.

Je plaisantais un peu pour la dernière proposition. Je savais que Jagger ne voulait plus que je touche à l’alcool. Du moins, pas plus d’un ou deux verres. Vacances ou non, il n’allait sûrement pas faire une exception sinon j’allais continuer à notre retour. Toutefois, je ne plaisantais pas pour commander de la nourriture.

Le massage était très agréable. Autant agréable que notre petite activité conjugale sous la douche. Je réfléchissais ensuite à ce que nous pouvions faire après le massage. Manger, se promener, visiter les lieux. J'hésitais donc entre le repos et être active. Il m'aida pour ce choix, faisant une proposition qui était bien mieux que la mienne. Une petite visite puis une commande pour le repas. En gros nous pouvions faire les deux.

- Oui monsieur Morrow, cela m'ira très bien.

Je pus profiter encore un moment des massages prodigués par l'irlandais tout en le matant quand même un peu. Je pouvais bien profiter de la vue qu'il m'offrait. Malheureusement toute bonne chose avait une fin et le moment de détente n'échappa pas à la règle. Je me levai donc à mon tour pour m'habiller. J'enfilai une simple petite robe, flemme de mettre trop de couches, des chaussures puis je quittai l'hôtel avec mon fiancé.

- Si tu me prends par les sentiments, c'est dur de refuser.

Je le suivis donc jusqu'à un vendeur de glaces ambulant. Je ne mis pas longtemps à réfléchir au parfum de glace que je voulais. Dès que nous fûmes devant le vendeur, je lui transmis alors mon choix. Une glace à la vanille. Un parfum simpliste et sans originalité mais qui avait toujours son petit effet sur moi. J'adorais la vanille. C'était même le rare truc sucré que j'appréciais parce que justement, il ne l'était pas trop contrairement aux bonbons. Je pris donc la friandise que Jagger me tendait avant de reprendre la route avec lui.

- C'était en irlandais ce que t'as dit au vendeur ?

Je me doutais un peu de la réponse mais n'ayant jamais entendu la langue en elle-même, je ne pouvais pas en être sûre à 100%. Je l'écoutais tout en marchant en ville en sa compagnie. Je pris la main de mon compagnon avant de l'entraîner vers une boutique de souvenirs. C'était les objets qui n'avaient pas une réelle utilité dans la vie d'une personne mais ils me permettraient de garder un souvenir de mon passage en Irlande. Et puis de toute façon lorsque je voyageais dans un pays, c'était un tic. J'achetais obligatoirement des petits souvenirs.

- On va là-dedans ? C'est peut-être idiot mais j'aime bien acheter des petits souvenirs.

J'approchai mes lèvres de son oreille avec un sourire malicieux, venant lui murmurer quelques paroles sur un ton suave et coquin.

- Et si c'est une torture pour toi, je m'occuperai de te faire oublier ce supplice ce soir si tu vois ce que j'veux dire.

Je laissais mes doigts glisser sur son torse à travers le vêtement pour titiller un peu plus son imagination puis je m'éloignai un peu afin d'entrer dans la boutique. JE fis un petit tour dans les rayons, embarquant quelques babioles au passage. Je payai ce que j'avais pris puis ressortis de la boutique, reprenant la route en zieutant les vitrine des divers autres magasins. Je suivais aussi Jagger lorsque celui-ci souhaitait faire un tour dans l'un d'eux.

Tout en mangeant ma glace, je laissais Jagger me confirmer, par un geste de tête, qu'il avait effectivement parlé dans sa langue natale. Je l'entraînais ensuite vers une boutique de souvenirs. Je me doutais bien qu'il ne serait pas trop motivé et j'avais vu juste. Le ton employé par celui-ci m'indiquait clairement que ça le faisait un peu, voire même beaucoup, chier. Heureusement que je lui avais promis de m'occuper de son cas à nos retour à l'hôtel. Il avait très bien compris ce que je comptais lui faire en échange de notre passage dans la boutique. En même temps, mes mains se chargeaient bien de lui donner un petit aperçu de la suite. Juste de quoi bien le tenter. J'en rajoute tout de même une couche en venant lui susurrer suavement à l'oreille.

- Il n'y aura pas que ma bouche qui passera à l'action. Tu en arriveras au point de me supplier de mettre fin à ton supplice.

C'était mal. Je l'allumais volontairement en sachant que les images risquaient de lui travailler l'esprit pour le reste de la journée. C'était déjà une petite torture en soi. Enfin pour lui. Pour moi c'était juste une petite satisfaction. Nous entrâmes donc dans la boutique, j'y fis mes achats comme une gamine qui serait entrée dans un magasin de jouets. Et puis nous en ressortîmes. Jagger devait déjà sûrement subir une torture psychologique avec ce que je lui avais dit, pas la peine que j'en rajoute une couche en traînant trop dans la boutique.

L'après-midi se passait plutôt bien, je profitais de découvrir un peu la ville. C'était le cas jusqu'à ce qu'une femme saute au cou de mon fiancé et pire que tout, qu'elle l'embrasse sur les lèvres, l'air de rien. Pas difficile de deviner que cette action ne me plut pas du tout. Elle n'aurait plu à aucune femme qui tenait un minimum à son copain. Voir une femme sauter au cou du petit-ami, ça passait. Même entre amis on pouvait le faire. Mais l'embrasser sur les lèvres alors qu'il était accompagné d'une autre femme, elle aurait dû se douter que je n'étais pas une simple pote. Ce n'était vraiment pas la meilleure idée qu'elle aura eu dans sa vie. Bien sûr au début j'étais plutôt surprise, surtout lorsqu'il annonçait que c'était sa cousine. Je savais qu'à une époque ce n'était pas rare de voir des gens de la même famille se marier mais....ça datait. C'était encore au temps des châteaux, du moyen-âge, etc. Plus maintenant. Du moins c'est ce que je croyais jusqu'à maintenant.

Je n'eus rien le temps de dire avant de les voir se chamailler pour un terme. L'un disait cousine, l'autre disait fiancée. Je ne savais pas quelle version croire mais peu importe. Dans un cas comme dans l'autre, ils pouvaient tous les deux rêver pour que je leur pardonne aussi facilement. Surtout une. C'était elle qui avait sauté au cou de Jagger. Elle qui l'avait embrassé. Elle aussi qui prétendait être sa fiancée. Jagger avait bien des défauts mais depuis qu'on était ensemble, il ne m'avait jamais trompée. Et même avant en fait. Même lorsque la bimbo lui avait sauté dessus, il l'avait repoussée. Alors certes Christy s'excusait de son geste, certes c'était plutôt mature mais malgré ça, je ne comptais pas faire comme s'il ne s'était rien passé. Je ronchonnais alors à voix basse, comme pour extérioriser un tantinet ma frustration pendant qu'elle s'occupait déjà d'autre chose.

- Renseigne-toi avant de lui faire un truc la prochaine fois...

Je l'avais vraiment en travers de la gorge. J'étais bien consciente que j'allais devoir faire des efforts durant le repas de famille mais autant être honnête, ça allait être difficile pour moi.

- Ouais on continue... J'ai besoin d'oublier une vision d'horreur.

Ca se serait passé avec n'importe qui d'autre, ça m'aurait fait ni chaud ni froid. Mais pas lorsque ça concernait MON fiancé. Je devais déjà me retenir de courir après l'autre pour me faire les ongles sur sa tronche, elle pouvait s'estimer heureuse. En temps normal elle n'aurait même pas eu le temps de présenter ses excuses. Je me remis donc en route avec Jagger et continuai la visite en essayant de me changer les idées. Cette rencontre aura au moins eu un effet positif. Elle me rappelait que marquer son territoire une fois n'était pas suffisant. Il fallait le faire constamment. Ce soir j'allais devoir faire une belle marque sur Jagger ou même demain, j'allais devoir être vigilante et bien montrer que l'irlandais était pris. C'était ma chasse gardée.

Je digérais très mal la scène que je venais de voir. Je me concentrais un maximum sur la visite pour éviter de péter mon câble. Cousine ou non, je m'en fichais. Ce qui passait très mal c'était d'avoir vu une petite idiote sauter au cou et embrasser mon fiancé sans réfléchir. Elle aurait au moins pu demander avant si j'étais une simple amie ou plus avant de lui violer la bouche. Durant la visite, je parvenais à me contrôler. Découvrir les lieux me changeait pas mal les idées sur le moment. Cependant sur le chemin du retour vers l'hôtel, mon esprit fut à nouveau torturé par cette scène d'embrassade. Rien que d'y repenser, je sentais la colère remonter. Pourtant je parvenais à rester relativement calme pour répondre à Jagger.

- Il lui suffisait juste de poser la question avant de se jeter directement à tes lèvres... Rien que pour ça, je lui en veux. C'est plus fort que moi, désolée.

Après avoir été trahie une fois, il était normal que je vois certaines action comme étant une menace potentielle. Une femme, quelle qu'elle soit, qui se jette sur Jagger et l'embrasse à pleine bouche c'est une menace à mes yeux. Pas le temps de ruminer plus longtemps avant de me sentir tirée et étreinte contre mon fiancé. Je le regardais alors qu'il se foutait gentiment de ma gueule à cause de ma jalousie.

- Et toi demain tu peux être sûr que tout le monde saura que tu m'appartiens. Tu auras des marques tellement voyantes qu'il sera difficile de les louper.

Je souris légèrement en lui faisant clairement comprendre que je comptais bien marquer mon territoire sur son corps. Nous rentrâmes alors à l'hôtel et prîmes notre repas dans la chambre avant d'avoir un dessert quelques peu mouvementé. Un petit plaisir charnel durant lequel je marquai le corps de Jagger par des suçons et de légères morsures. Puis nous passâmes le reste de la nuit à dormir l'un contre l'autre. Le réveil fut légèrement difficile. Note pour plus tard : Pas de galipettes le soir quand on a rendez-vous assez tôt le lendemain. Mais en même temps, c'est tellement bon de ce réconcilier de cette manière. Lorsque j'ouvris les yeux, j'eus la satisfaction de voir les marques sur le corps de Jagger. Une petite preuve qu'une femme jalouse était passée par-là.

- J'crois qu'on n'est jamais réellement prêt pour rencontrer une belle-famille donc je vais dire que je le suis autant que possible.

Je m'étirai pendant que Jagger filait à la douche puis je ramassai les affaires qui traînaient au sol. Heureusement que je prenais un contraceptif dès le matin parce que vu dans quel état nous étions durant notre soirée précédente, nous aurions sûrement oublié de mettre le costume à Popol. Il suffisait de voir les divers allers-retours que je devais faire pour ramasser les vêtements, pour comprendre que c'était rapidement parti en vrille. Je mis tout dans un coin pour que ça fasse un minimum rangé puis je pris des vêtements propres et m'habillai. Jagger alla préparer son engin pour le voyage pendant que de mon côté, je me brossais les cheveux. Dès que nous fûmes tous les deux prêts, le départ sonnait. Durant tout le trajet, je restais bien accrochée au motard, l'air un peu rêveuse. J'avais de quoi l'être. Rencontrer ses parents me stressait et revoir sa cousine me mettait déjà presque sur les nerfs. Je n'avais toujours pas réussi à digérer cette histoire bien que Jagger était parvenu à me la faire oublier durant toute une soirée et toute une nuit. Maintenant elle n'aurait pas besoin de demander les infos, les marques de territoire étaient posées sur mon fiancé.

Lorsqu'il accéléra un peu, mon étreinte autour de lui se resserra encore. Je n'avais rien contre les motos et le fait qu'il en fasse mais je n'étais pas spécialement à l'aise sur ses engins. Ce n'était clairement pas moi qui pourrais voyager chaque jour en moto. Alors dès que l'engin fut garé, jétais bien contente. Je laissai Jagger descendre puis j'en fis de même à mon tour avec l'aide de celui-ci. Je retirai le casque avant de remettre un peu mes cheveux en place et d'avoir droit à un bisou.

- Je l'espère parce que ça me stresse déjà assez de les rencontrer, je n'ai pas envie de me friter en plus avec eux.

Je savais que les parents souhaitaient en général le bonheur de leurs enfants et qu'ils pouvaient être prêts à tout pour ça. Alors quand l'un de leurs gosses ramenait une fille ou un homme à la maison, les parents pouvaient se montrer méfiants. Je posai le casque sur la moto et suivis Jagger un peu timidement. Rien de très inhabituel. Sauf peut-être aux yeux de Jagger. En privé je me montrais certes pleine d'assurance mais ça n'était jamais réellement le cas. Il n'y avait qu'à mon boulot que j'étais pleinement confiante de mes capacités. En privé, non.

Je dus m'écarter un peu pour éviter de recevoir un coup de pied maladroit de la femme qui sauta au cou de l'irlandais. Je commençais même à me dire qu'il devait être très populaire dans ce coin pour que toutes les nanas qu'il croise se mettent à lui sauter dessus. Et puis je me sentis vite dans un autre monde car celle-ci parla dans leur langue natale et je n'en comprenais pas un traître mot jusqu'à ce que Jagger lui demande de parler anglais. Là, ça allait beaucoup mieux.

- Euh... Merci madame Morrow. Je suis ravie de vous rencontrer ! Jagger m'a dit que du bien sur vous.

Je saluai aussi poliment le père avec le sourire même si je n'étais toujours pas très à l'aise. C'était normal, je ne m'en faisais pas trop pour ça. Ca passerait petit à petit en apprenant à connaître la famille de mon barman irlandais.

Ca me faisait vraiment bizarre de me trouver devant les parents de quelqu'un pour des raisons autres que professionnelles. Après une salutation polie au père de Jagger, je me fis rapidement embarquer ailleurs. Il fallait vraiment que je garde dans un coin de ma tête de me méfier des réactions de la mère. Pas dans le sens où elle serait en colère mais plutôt dans le sens où je risquais de me faire embarquer dans tous coins, de me faire sauter dessus – même si j'espérais fortement échapper à ça – et j'en passe. Elle m'entraîna dans la maison et lorsque j'eus un peu de liberté, j'en profitai pour observer un peu les lieux. J'étais certes habituée aux logements avec un certain luxe mais je ne refusais jamais de sortir de mon petit confort. Ca me sortait de mes habitudes et c'était toujours amusant de voir les diverses réactions des gens quand ils voyaient qu'une personne fortunée passait du temps dans des habitations peu luxueuses. Dans la plupart des esprits, la richesse voulait forcément dire que la personne vivait dans le luxe, mangeait des trucs qui valaient la peau du cul, etc. Alors quand ils voyaient qu'une personne fortunée faisait tout le contraire, ça surprenait souvent.

Arrivée à la salle à manger, je fis la connaissance d'autres membres de la famille Morrow. Ceux-ci allèrent saluer Jagger évidemment, mais je fus surprise d'avoir droit à la bise de la part de la cousine. Cela ne rendait pas ma rancune envers elle moins forte. J'allais lui répondre mais Jagger coupa court à l'échange entre sa cousine et moi-même. Il en profita pour faire les présentation officielles. Je rougissais légèrement à l'annonce de nos fiançailles devant toute sa famille. J'avais encore un peu de mal à vraiment me faire à cette nouvelle situation. Moi qui pensais ne jamais me marier, ce nouveau statut me troublait encore un peu. Je m'apprêtais à m'asseoir à table quand Jagger vint me murmurer que mon « test » était réussi. J'étais acceptée. Je lui tirai la langue en souriant après avoir entendu comment il m'avait appelée. Je murmurai alors de façon taquine.

- Jusqu'à la cérémonie officielle je reste encore Jenifer Rodríguez, monsieur Morrow.

En vérité ça ne me gênait pas du tout la manière dont il m'avait appelée. De toute façon dans quelques semaines ce serait comme ça qu'on devrait m'appeler. Je m'assis alors à table en face de mon fiancé et le laissai discuter avec son père. Je n'avais pas trop le choix, je ne comprenais pas trop ce qu'il se passait. Du peu que j'avais compris, le sujet devait sans doute être le trafic d'armes. Le reste par contre, je n'en avais pas la moindre idée et je ne cherchais pas à savoir. De toute façon la mère ne voulait pas que le sujet soit mis sur le tapis dans la maison.

Peu après je me fis juste bombarder de questions par la mère et la cousine. J'y répondais tranquillement, leur expliquant que ma famille venait d'Argentine mais que moi j'étais née en Angleterre. Je leur parlais aussi de la rencontre avec Jagger en omettant évidemment les détails coquins. Ils n'avaient pas besoin de savoir ce genre de trucs, c'était privé. Et puis je continuais sur mon métier de danseuse en expliquant la différence entre une simple danseuse de ballet ou autre et une danseuse qui évoluait dans le shobiz comme moi. Contrairement aux autres qui répétaient des chorégraphies pour un simple spectacle dans une petite salle, moi je répétais plusieurs chorégraphies pour danser sur les grandes scènes de concert avec les chanteurs. Et parfois pour des clips et peut-être bientôt pour des passages dans des films mais ce dernier point était encore en discussion.

Après avoir répondu à leurs diverses questions, je m'intéressais aussi à eux, à leur façon de vivre ici, etc. Bien sûr je ne fis aucune allusion à leurs histoires de trafic d'armes, des kidnappings, etc. Ce genre de sujet ne regardait qu'eux et ils m'en toucheraient un mot seulement s'ils en avaient envie. Il y avait juste avec Jagger que je me permettais de forcer un peu mais c'était simplement pour comprendre un peu le système et surtout, éviter de m'inquiéter si je le voyais faire telle ou telle chose illégale.

Moi qui stressais déjà suffisamment de me retrouver perdue au milieu de toute cette famille, voilà que je me retrouvais bombardée de questions par deux femmes. J'y répondais le plus sereinement possible tout en évitant les parties trop intimes puis je m'intéressais à leur mode de vie. Ca semblait beaucoup plaire à la femme du chef de maison. Sans le vouloir, je gagnais de bons points auprès d'elle. C'est bon pour la future relation que nous allions avoir.

- On peut dire que vous avez fait du bon boulot lors de vos galipettes.

Et puis je réalisais ce que je venais de sortir. Ce n'était pas dans mes habitudes de dire les choses ainsi. Jagger m'avait plus dévergondée que je ne le pensais. Ou alors je stressais encore trop. Ou les deux.

- Pardon. C'était pas censé sortir comme ça. C'était même pas censé sortir du tout en fait...

J'en rougissais de honte. En temps normal, tout serait resté en silence dans ma petite tête de linotte. Ce n'était clairement pas le genre de truc que je disais à haute voix en général, sauf peut-être en privé avec mon fiancé. En privé je pouvais me le permettre, il était le seul que j'autorisais à voir ce genre de moment embarrassant.

Le reste du repas se passa plutôt bien, même stressée je ne faisais pas trop de boulettes. J'étais contente parce que je craignais justement d'en faire trop et pour le moment ça semblait aller. C'était rassurant en soi. L'heure du dessert et du café arriva mais pour Jagger ça semblait plutôt être l'heure de discuter avec sa cousine. J'acceptai le café mais je n'avais pas vraiment la conscience tranquille à cause de ce qu'il s'était passé le soir avant. Me détendre. C'était plus facile à dire qu'à faire. Même si lui il ne désirait que discuter d'un sujet sensible, rien ne me disait que la cousine ne tenterait pas de lui sauter encore une fois dessus. Ca s'était bien passé durant le repas et même si elle m'avait fait meilleure impression qu'à notre rencontre, je n'avais pas encore confiance. Ce n'était pas contre elle – un peu quand même – mais j'avais encore du mal à accorder ma confiance aux autres. Christy n'était pas le cas isolé de la famille. Malgré tout le bien que Jagger m'a dit sur eux, je restais sur mes réserves. Je préférais d'abord en savoir plus sur eux avant d'avoir un véritable avis.

Je bus mon café tout en discutant un peu avec le reste de la famille même si j'étais plus en train de les écouter discuter entre eux. Je jetais de temps à autre un regard vers la porte d'entrée avec l'esprit pas tranquille du tout. Au final j'avais laissé tomber la surveillance et m'étais mise à rêvasser un peu. J'étais encore légèrement fatiguée à cause de la nuit courte que nous avions passée. Heureusement durant le reste de la semaine nous allions pouvoir faire plus de grasses matinées... Normalement. Je revins toutefois à la réalité lorsque je sentis les mains de mon fiancé sur mes frêles épaules. Je levai la tête afin de le regarder dans les yeux.

- Ca me va.

Une petite lumière s'alluma soudainement dans mon esprit. Parlait-il en fait de sa proposition à partir ou de ce que je pensais de sa famille ? Tant pis. S'il parlait d'autre chose, il me le dirait. Et au pire j'avais l'excuse de la fatigue.

Dès que le moment de partir arriva, je saluai poliment toute la famille puis quittai les lieux en suivant Jagger. Sur le chemin du retour, je restais encore bien accrochée à lui durant le voyage en moto. Puis une fois de retour à l'hôtel, je profitai de m'étaler quelques instants sur le lit pour souffler un peu.

- Enfin un peu de détente... Ils ont l'air sympas mais j'crois que j'ai jamais autant stressée de toute ma vie. Même avant un spectacle je ne suis pas aussi tendue.

Je laissai échapper un léger rire à la fin de ma remarque. Ce n'était rien de méchant, ce n'était même pas une critique. Juste mes émotions dont je faisais part. C'était rare. Même si je voulais changer sur ce point, j'avais encore du mal à tout dire quand j'étais stressée, malade, blessée, vexée, etc. Promis, je faisais réellement des efforts pour changer ça.