Une soirée mouvementée [jen]

Un mois et demi. C'est le temps qu'il avait fallu pou que je puisse à nouveau voir Jagger. Au départ, c'était prévu une semaine. Puis à cause de certaines obligations, c'était passé à deux semaines. Et au final, un long mois s'était rajouté à ces deux semaines. Mes obligations s'étaient retrouvées être plus nombreuses. J'avais dû partir pour un petit job qui se passait hors de l'Angleterre. J'avais évidemment prévenu Jagger pour lui dire que je ne serais pas dispo pendant cette période mais je gardais tout de même le contact dès que j'en avais la possibilité. Il m'avait dit que je ne pouvais pas le voir durant une semaine mais il ne m'avait jamais dit que je ne pouvais pas l'appeler ou lui envoyer des sms.

Du moins c'est ce que je fis durant les deux premières semaines. Jusqu'à ce qu'il me réponde vaguement, qu'il me cache des choses et me raccroche au nez alors que je prenais des nouvelles. Ce genre de réaction, je l'avais déjà vécue. Pas tout-à-fait de la même façon mais ça ne m'était pas inconnu. La dernière foi que j'avais eu affaire à une réaction louche, une mise à distance volontaire et à me faire raccrocher au nez, c'était peu de temps avant que je ne découvre le secret de Xavier. Je n'aimais pas ça. J'avais la sensation de revivre la même situation qu'il y a à peine quelques mois auparavant.

J'étais revenue de mon voyage depuis seulement quelques heures. J'en avais profité pour rentrer chez moi poser mes affaires et prendre une bonne douche. Je n'oubliais toutefois pas cette décision prise depuis déjà des semaines. Ce soir, je comptais bien faire part de mon choix à Jagger. Je pris donc le temps de me reposer un peu, d'enfiler une jolie petite robe blanche et de manger puis je me rendis au bar où travaillait cet homme qui me troublait. Avant de lui parler de ma décision, je voulais néanmoins d'abord savoir pourquoi il m'avait raccrochée au nez et surtout, est-ce qu'il voyait une autre femme depuis notre dernière rencontre. J'avais de quoi me poser ces questions.

Malgré toutes les théories que je me faisais mentalement, j'étais très loin d'imaginer la scène que je verrais en arrivant au bar. Je posais à peine un pied à l'intérieur et j'eus droit à la scène que j'aurais voulu ne jamais voir. Jagger couché sur le sol avec une bimbo sur lui. Ils étaient dans une position plus qu'équivoque. Je restais à distance du couple mais il était aisé de voir que je n'étais pas contente du tout. Mon expression en disait long sur mon humeur.

- Je vois que je dérange, vous vous amusez bien... Je venais te parler Jagger mais vu que t'es déjà accompagné, j'vais vous laisser faire vos cochonneries en privé. De toute façon ce n'était pas important.

Gros mensonge de ma part. C'était important. Cependant le simple fait de le voir allongé avec une autre femme, ça me blessait. Finalement, l'histoire se répétait. L'homme dont j'étais éprise devenait distant et boum, je le découvrais quelques jours plus tard avec une autre. À croire que j'étais maudite. Je m'étais promise de ne plus me faire berner et pourtant, je retombais dans le même panneau qu'avec mon ex. Je tournai les talons et repartis vers la sortie. Je me sentais tellement idiote d'y avoir cru et d'avoir eu un espoir. Tout ce que je voulais maintenant, c'était rentrer chez moi en me gavant de tout ce que je trouverais dans ma cuisine. Et c'est ce que je fis. Je quittai le bar et repartis chez moi.

Je n'arrivais pas à croire que j'avais été assez stupide pour tomber une seconde fois dans le panneau. Même genre de situation, même piège, même résultat. Il venait de rouvrir une blessure au coeur que je commençais tout juste à soigner enfin. Et la pouffiasse en rajoutait une couche en l'embrassant. Je ne restai toutefois pas assez longtemps pour voir la suite. Ca ne m'intéressait pas. Je voulais juste rentrer et tout oublier. Je partis donc du bar et retournai chez moi. À la fin du trajet, je fus trempée de la tête aux pieds à cause de la pluie qu'il s'était mis à tomber pendant que j'étais sur le chemin. Arrivée à l'intérieur de la maison, je ne pris même pas le temps de me sécher avant de m'installer juste derrière ma porte d'entrée que je venais de verrouiller. Je me recroquevillai contre celle-ci, assise pour laisser laisser mes larmes mouiller mon visage enfoui dans mes bras.

Je stoppai soudain mes pleurs en entendant le son de la poignée qu'on trifouillait pour tenter d'ouvrir. Après cette tentative ratée, la voix de Jagger retentit. Il n'eut cependant aucune réponse de ma part. Je ne voulais pas le voir. Je voulais juste qu'il s'en aille tandis que moi je reformerais ma petite bulle protectrice qui serait cette fois bien blindée. Une barrière défensive qui serait impénétrable. Il ne sembla pas apprécier mon absence de réponse. Crétin. Ca lui arrivait de penser que je n'avais peut-être rien entendu ? Que je m'étais peut-être droguée aux anti-dépresseurs et aux somnifères ? Son coup de pied dans la porte me fit sursauter avant que je n'entende la voix de ma voisine d'en face qui faisait entendre son mécontentement.

Puis Jagger lui répondit et recommença à agresser ma pauvre porte en ronchonnant lui-aussi. Cette fois, ma voix se fit entendre. Un ton triste mais aussi en colère. Presque un cri alors que je hurlai juste derrière la porte. Jagger comprendrait ainsi que ce n'était clairement pas le moment de me gonfler avec des excuses minables.

- PUTAIN MAIS ARRÊTE D'AGRESSER MA PORTE, ELLE NE T'A RIEN FAIT !! ET C'EST PAS EN COGNANT CONTRE CELLE-CI QUE J'VAIS ÊTRE MOTIVEE à L'OUVRIR, REFLECHIS UN PEU BORDEL !!

Je finis tout de même par me lever après avoir poussée ma gueulée puis je déverrouillai la porte et l'ouvris un petit peu. Juste de quoi laisser voir ma tronche sur laquelle il était aisée de lire que les larmes avaient coulé, que la colère m'avait envahie et que mes blessures encore fraîches étaient à nouveau exposées.

- Qu'est-ce que tu veux encore ? T'as déjà tiré ton coup avec la bimbo ? T'es précoce. En tout cas, oublie pour le faire avec moi. J'veux pas être la énième maîtresse qui se soumet juste pour avoir le coup de queue.

Le ton était moins élevé mais restait froid, voire glacial. À vrai dire, la moitié de mes paroles avaient été lancées sans réfléchir. C'était la colère qui avait parlé. Moi je m'en fichais qu'il ait ou non fait des galipettes avec l'autre blondasse. Le peu que j'avais vu avait suffi à me blesser et à me faire décamper. Le reste m'importait peu. Je n'ouvris pas plus la porte, me permettant ainsi d'avoir l'impression d'être un peu plus protégée. Malheureusement je me rendis aussi compte qu'une dispute en public ne serait pas bon pour ma notoriété. J'ouvris donc un peu plus la porte en lui laissant le passage. Quitte à devoir s'expliquer, autant le faire en privé. Je n'avais pas besoin des regards indiscrets et encore moins de la présence des flics à mon domicile.

- Entre, dépêche-toi avant que je ne change d'avis...

La présence de la police risquerait de faire baisser ma réputation. Et je risquais aussi de faire la une des journaux, chose que je voulais éviter pour une dispute. Si c'était pour augmenter ma popularité oui mais personne n'avait besoin que la danseuse que je suis, s'était faite berner deux fois pour la même connerie.

Dès que Jagger fut à l'intérieur, je refermai la porte derrière lui et restai dans l'allée en croisant les bras. J'étais prête à écouter toutes les âneries qu'il voudrait me dire. Enfin presque. J'étais surtout prête à entendre la vérité. Les mensonges il pouvait se les garder sinon je le flanquais à la porte direct.

Je n'avais pas pu retenir ma rage lorsqu'il agressait ma pauvre porte. Merde ça coûtait cher pour en réinstaller une s'il me la bousillait. J'avais certes les moyens financiers mais ce n'était pas une raison. Au final, je lui avais ouvert la porte pour qu'il cesse de gueuler devant et qu'il évite d'ameuter tout le voisinage. Lorsque celui-ci fut à l'intérieur, la porte se referma derrière lui pour nous laisser en intimité. Les hostilités pouvaient être réellement lancées cette fois. Je voulais qu'il me balance toute la vérité. Cependant avec ce que j'avais déjà vécu plus ce que je venais de revivre, j'allais sans doute avoir du mal à le croire. Peu importe ce qu'il me raconterait.

J'ouvrais la bouche dans l'intention de lui demander des explications mais il me devança. Il prit la parole en premier tout en me retenant par le bras. Pas ce que je crois ? Il se foutait de ma gueule là ?! C'était la phrase typique d'une personne qui avait quelque chose à se reprocher. Je haussai un sourcil dubitatif suite à sa réponse. J'étais prête à lui faire une remarque mais encore une fois, il me coupa la parole avant même que je ne puisse sortir un seul mot. À croire qu'il lisait dans mes pensées. Remarque, ce n'était pas difficile pour le moment. À part des idées de meurtres et l'envie d'avoir la vérité, rien de traversait mon esprit.

- Pour une femme repoussée, je la trouvais bien collée à toi et surtout à tes lèvres...

Cette image me refit grimacer tant elle me dégoûtait encore. Je l'avais encore en travers de la gorge. Si je croisais un jour cette femme, je n'étais pas du tout sûre de pouvoir me retenir de lui en coller une. Bien au contraire, je risquais surtout de lui coller mon poing dans la figure, de me faire les ongles sur son corps de bimbo, de me défouler sur elle. Bref elle ne ressemblerait plus à grand-chose une fois que j'en aurais fini avec elle.

Lorsqu'il passa sa main sur ma joue et que je le vis approcher ses lèvres, je fus partagée entre le laisser faire ou le repousser. Il pouvait être tellement doux, j'aimais ça mais en même temps c'était dangereux pour moi. Si ce simple geste pouvait suffire à me calmer, il risquerait de croire qu'il pouvait faire tout ce qu'il voulait et que je lui pardonnerais toujours rien qu'avec un baiser. Je ne deviendrais qu'une femme soumise à un homme. Je refusais d'en être une. Pas à 100%. Sentant le danger qui me menaçait, je repoussais un peu Jagger pour l'empêcher de m'embrasser. J'étais encore en colère contre lui, j'avais ma fierté et si je lui pardonnais si facilement, ce serait comme lui donner le feu vert pour marcher sur mon égo et le piétiner.

- Depuis combien de temps tu n'es pas rentré chez toi ? T'as le t-shirt plein de je ne sais quoi et pareil pour tes mains. C'est quoi toute cette crasse ?

Je me rendis à la salle de bain située à l'étage et pris un linge. Je redescendis ensuite et le lançai à Jagger en restant froide.

- Tiens sèche-toi avant de choper la grippe...

Je pouvais parler. Je ne m'étais pas séchée du tout depuis mon retour chez moi. Cependant mon état m'importait peu en ce moment. S'il tombait malade, il serait capable de délirer et de me raconter des trucs sans queue ni tête. Pendant qu'il se séchait, qu'il me parlait ou qu'il faisait je ne sais quoi d'autre, je me rendis à la cuisine et repris une réserve de bouffe. C'était ma technique pour éviter de lui sauter à la gorge, de le harceler de questions, de péter mon plomb.... Bref c'était un moyen de me canaliser. Manger me calmait. Je passais mes nerfs de manière moins brutale. Du moins, pour l'instant... Je revins vers Jagger en me défoulant sur un paquet de biscuits. Ce n'était pas ce qu'il y avait de meilleur pour la santé ou pour la ligne mais vous savez quoi ? Je m'en branle totalement !

J'avais beaucoup de mal à croire ce qu'il me racontait. C'était difficile après l'avoir vu allongé sous une blondasse et se faire embrasser par celle-ci. Et puis il avait aussi pris ses distances avec moi, ça voulait bien dire quelque chose. Il ne me laissait pas parler avant d'avoir fini ses explications. Dès que je pus enfin en placer une, il fallut que je le repousse. C'était une question de fierté mais aussi de logique. J'étais en colère, je ne devais pas le laisser m'amadouer aussi facilement. Ce serait dangereux pour moi. Au final je lui fis plutôt une remarque sur son état. Plein de noir partout, chose d'ailleurs étrange quand on sait qu'il bossait seulement dans un bar, et il était trempé. Encore plus que moi. J'étais donc partie prendre un linge pour le lui ramener avant de me défouler sur un paquet de biscuits.

Pendant qu'il se séchait, je dus bien me concentrer sur mon paquet de bouffe. Il était bien batît le bougre. C'était très tentant de le mater mais je ne le fis pas. Ce n'était même pas le genre de pensée qui devait me traverser l'esprit. Lorsque je vis Jagger mettre la serviette sur ses épaules et ramasser son t-shirt, je crus qu'il comptait me dire quelque chose, me faire une remarque ou poursuivre ses explications louches. Mais rien. Il se contentait de monter à l'étage. Je le surveillais du coin de l'oeil sans savoir où il allait vraiment. Je ne le sus qu'au moment où j'entendis l'eau couler dans la baignoire. Attends. Il comptait vraiment prendre un bain chez moi ?! D'accord que je lui en avais faire la remarque mais il pouvait attendre d'être chez lui.

Quand je le vis redescendre, il n'avait plus son t-shirt, ni la serviette. Il était même pieds nus. Il devait avoir tout posé pour que ça sèche. Je voulais ronchonner un peu à ce sujet mais le temps que je termine ce que j'avais dans la bouche, mon paquet de biscuits disparut de mes mains et Jagger me proposait un bain. Sur le moment, j'eus comme un bug cérébral. Il venait réellement de me proposer de prendre un bain...avec lui ? L'idée ne me dérangeait pas vraiment en soi mais il y avait deux soucis. Deux choses qu'il ne me laissa pas lui en toucher un mot. Il m'embarquait à l'étage et directement dans la salle de bain.

Il termina de se déshabiller tandis que moi je restais bêtement plantée devant la baignoire à fixer l'eau. J'étais face à un problème. Même à un double problème. Je n'avais pas envie de lui dire que j'étais aquaphobe mais en même temps, si je refusais d'entrer dans l'eau, ce serait peut-être louche. Et si j'entrais dans l'eau, il verrait tout de suite que quelque chose clochait. Dans tous les cas, il fallait que je fasse un choix et aucune des solutions possibles me plaisait. Seuls Lizzy est mes employeurs le savaient pour des raisons professionnelles. Quand elle me faisait aller dans l'eau durant un concert par exemple, elle faisait exprès de faire dans un tout petit bassin et elle venait avec moi pour éviter que je panique. Mais la situation n'était pas la même. Lizbeth était ma meilleure amie et elle connaissait mon problème. Jagger c'était différent. Il ne savait rien de mon souci et là, j'étais aussi en colère contre lui.

- Je...

Je commençai à reculer de quelques pas en fixant toujours la baignoire remplie d'eau.

- J'peux pas...

Je m'adossai contre un mur et regardai ailleurs pour éviter d'être trop concentrée sur ce petit bassin rempli d'eau. J'essayais de faire passer ce refus pour une simple réaction à la rancune que j'avais encore envers lui. Je n'avais vraiment pas envie qu'il me grille pour un truc aussi stupide.

- Prends ton bain si tu veux, moi je reste ici vu que tu me dois encore certaines explications.

J'avais envie de prendre un bain mais je restais bloquée. Je ne le montrais pas mais j'en avais affreusement honte. Rester bloquée juste par peur d'aller dans l'eau... J'aurais préféré que ce soit par gêne de me montrer nue devant lui. Ca aurait été plus logique et moins risible.

Je laissais Jagger se mettre nu et entrer dans le bain tout seul. J'avais bien trop peur pour faire pareil. Malheureusement, ce que je voulais éviter arriva. Il avait compris que j'étais en train de flipper juste pour de l'eau. La honte. Néanmoins c'était sympa de sa part de ne pas se foutre de ma gueule et de me laisser me préparer avant de venir. Enfin...me sentir prête....il pouvait encore attendre longtemps avant que ça arrive. Il faudrait me forcer un peu pour ça. Une fois qu'il fut dans l'eau, je le laissais vider son sac. Je ne disais rien. De toute façon il voulait que je le laisse parler sans l'interrompre alors j'acceptais cette requête.

Tout en se lavant le corps, il commença ses explications. D'abord par qui il était avant de venir en Angleterre, puis il me parla aussi de ce qu'il s'était passé quelques mois plus tôt. Beaucoup de choses que j'avais du mal à comprendre mais j'avais au moins compris que c'était une histoire de motard. Toujours est-il qu'il avait apparemment voulu quitter le groupe, que ceux-ci n'étaient pas d'accord et tous les moyens étaient bons pour rendre la vie dure à Jagger. Sa fille avait été utilisée pour un chantage.

Avec ses explications, je compris mieux la raison de sa blessure à l'épaule. Il me parla aussi des armes qu'il avait été obligé de fabriquer suite à ce chantage. Il traînait, les maîtres-chanteurs n'avaient pas apprécié et d'après ce que je comprenais, j'avais indirectement aussi été utilisée pour le chantage et faire accélérer Jagger dans son boulot. Il me raconta que son éloignement était seulement pour me protéger. Apprendre une chose pareille ne me plaisait pas mais je ne disais rien. J'aurais sans doute fait pareil s'il avait été en danger. Il finit aussi par me dire que la commande était finie, partie et surtout, le rôle de l'autre blondasse.

Après une histoire pareille, il était difficile de penser que c'était du mensonge. Ce genre d'histoire ne s'inventait pas comme ça, aussi rapidement. Ca ne serait pas cohérent sinon et dans son histoire, tout reste logique. Il n'y avait même pas eu une seule hésitation dans ses paroles. S'il avait menti, il y en aurait eu à plusieurs reprises. Je restais sur place durant toute son histoire. Je ne bougeais pas d'un pouce et restais silencieuse jusqu'à ce qu'il ait fini de parler.

- Alors tu ne t'étais pas éloigné pour aller sauter une autre femme...

J'étais contente de savoir que ce n'était pas pour aller voir ailleurs mais je me sentais aussi affreusement honteuse d'avoir directement pensé ça. Je ne lui avais même pas laissé le bénéfice du doute. Je m'en voulais pour ça.

- Excuse-moi. J'ai douté de toi sans même te laisser l'occasion de t'expliquer alors que t'as essayé de tout me dire.

Qu'il ait dû faire des armes, je m'en fichais à la limite même si ça ne me plaisait pas ce genre d'activité. J'aurais même préféré qu'il m'en parle directement. J'aurais sûrement ronchonné avant de me faire une raison, que c'était le mieux à faire pour éviter les embrouilles. J'aurais accepté au lieu de psychoter, de m'imaginer tout et n'importe quoi et de croire à une nouvelle relation ratée. Je me sentais vraiment bête.

Je jetai un oeil à ses vêtements qui étaient étendus. Je ne pouvais pas laisser Jagger repartir avec ça mais ils allaient mettre des heures à sécher, peut-être même toute la nuit vu à quel point c'était trempé. Cependant je n'avais rien qu'il pourrait mettre en attendant. Aucun vêtement masculin. C'était même un peu tard pour aller en acheter.

- Tu..Tu vas devoir rester un moment en peignoir. J'vais t'en chercher un parce que le linge ne te tiendra pas chaud et je n'ai aucun vêtement masculin à te prêter. Et tu peux faire un peu comme chez toi parce que c'est hors de question que j'te laisse repartir avec des habits trempés.

Même après une dispute je ne pouvais pas m'empêcher de me soucier de lui. Il avait encore plus d'emprise sur moi que ce que je croyais. Il était loin de moi, je m'ennuyais. Une dispute avec lui ne durait pas longtemps et même avec ça, je m'inquiétais toujours pour sa pomme.

Je quittai la salle de bain et partis chercher un peignoir. Je le donnai rapidement à Jagger pour lui éviter de prendre froid. Je lui avais donné un peignoir qui était assez chaud. Il me servait en général en hiver ou comme aujourd'hui, les jours de pluie. Il m'évitait de tomber malade.

Avoir cette dispute puis la discussion avec Jagger avait été une bonne chose. J'en apprenais encore un peu plus sur lui, sur son passé et surtout, je savais enfin pourquoi il avait pris ses distances depuis un bon mois. De plus, il me donnait même une preuve qu'il était différent de mon ex. Quand j'avais surpris Xavier en pleine tromperie, il s'en fichait complètement. Il n'avait même pas tenté de nier les faits ou de rattraper sa connerie. Jagger l'avait fait. Alors que je croyais qu'il se foutait aussi de moi, il n'avait pas lâché prise et s'était battu pour se faire entendre. Il m'avait rattrapée pour me fournir des explications et me convaincre de son innocence. Il n'avait rien fait et ne comptait jamais rien faire avec la blondasse qui était dégueulassement posée sur lui dans le bar. Bref il refusait de me laisser partir sans s'être expliqué.

Ne voulant pas le laisser repartir avec ses vêtements trempés, ni le laisser prendre froid avec seulement le linge, je lui apportai un peignoir. Il serait ainsi plus couvert et risquait moins de finir avec un beau rhume. Il enfila le peignoir et je dois dire que ça lui donnait un air bizarre. L'habit restait peut-être encore un peu trop féminin. Note pour plus tard, je devais acheter un peignoir qui soit plus masculin. Je croyais pourtant avoir un modèle mixte. Ou alors c'est cet idiot qui était trop musclé et du coup ça rendait l'habit bizarre. Je ne sais pas. Dans les deux cas, quelque chose clochait avec la tenue sur Jagger.

"Je sais qu'on n'est pas du même monde...mais je peux pas m'empêcher de me dire que tu es la lumière de ma vie de merde, quand je t'ai vu dans le miroir j'ai cru que je te reverrais pas à cause de mes mensonges, mais je voulais pas te mêler à tout ça, je l'ai fait pour toi, pour que tu sois tranquille et qu'il ne t'arrive rien même si je sais que tu es assez forte pour gérer tout ça"

Je....crois que j'allais fondre. C'était l'une des plus belles choses que l'on pouvait dire à une femme même si je n'avais pas tout compris à cette histoire de monde. Il parlait de la situation financière ? De notre mode de vie ? Aucune idée. À mes yeux, peu importe que l'on soit du même monde ou non. Je l'aimais. Et le barman en rajouta une couche. Je me forçais à garder une contenance normale. Je refusais de rougir sous prétexte qu'il avait dit des paroles de rêve. Même dans mes fantasmes, je n'avais jamais entendu des trucs aussi attendrissants. Je m'approchai doucement de lui, me mis sur la pointe des pieds – parce que merde, j'avais beau être grande, il l'était quand même plus que moi – et apposai jalousement une petite marque de possession sur son cou. Le genre de marque bleutée qui pouvait parfois dire que la personne était une chasse gardée. C'était le cas pour Jagger. Il était ma chasse gardée. Ce suçon était aussi ma façon de lui dire que je lui laissais une chance.

- Je m'en fiche qu'on soit du même monde ou non. C'est toi que j'veux à mes côtés et personne d'autre. Et sois sûr que la prochaine fois que je vois une miss sur toi et dans une position douteuse, je l'égorge sur place avant d'éparpiller ses entrailles aux quatre coins du vent.

La jalousie était présente, le dégoût d'avoir vu la précédente scène douteuse était encore bien là, la colère aussi. Mais cette fois ils n'étaient plus tournés vers l'irlandais. Ils étaient directement dirigés vers l'autre pouffiasse qui l'avait touché et toutes celles qui essaieraient de mettre leurs mains là où il ne faut pas.

Je relâchai doucement Jagger et sortis de la salle de bain, pour de bon cette fois. Je le laissais faire un peu comme chez lui tandis que je descendais les escaliers pour rejoindre la cuisine. Je me préparai un café tout en recommençant à grignoter les biscuits.

- Au fait, tu veux un café aussi ? Ou une autre boisson ? Ou tu ne souhaites rien boire ?

Je pardonnais Jagger pour cette fois puisque j'avais enfin l'explication de son éloignement et que l'autre pétasse faisait partie d'un coup monté. Je fis toutefois ma petite marque de territoire ainsi qu'une menace. Si des femmes mettaient leurs sales pattes là où il ne fallait pas, c'était à leurs risques et périls. Elles se feraient égorger, viscérer, dépecer et vider de leurs entrailles pour les éparpiller aux quatre coins du monde. Certes, la menace était extrême mais elle n'était quand même pas à prendre à la légère. Même si je n'arriverais sans doute pas à une réaction aussi trash – la prison ne me tentait pas vraiment – elles auraient tout de même très mal.

- Tu peux même faire un panneau avec écrit en grand « Si vous touchez Jagger c'est à vos risques et périls ».

Je descendis ensuite afin de me préparer un café et en préparai un second pour Jagger. Celui-ci me vola d'ailleurs mon paquet de biscuits, chose qui me fit râler. Je n'aimais pas qu'on me prive de ma nourriture. Ce salopard posa même mon petit trésor en hauteur afin que je ne puisse pas le récupérer.

- Mais....j'suis pas nerveuse....

Oh que si je l'étais. Je l'étais encore beaucoup trop malgré les explications qui étaient parvenues à me rassurer. Il me fallait toutefois encore du temps avant que la pression ne redescende totalement.

- C'était mon calmant...ma petite drogue...

Je continuais malgré tout à préparer les cafés tout en marmonnant dans la barbe que je n'avais pas. J'avais besoin de grignoter et il venait de me retirer ce qui me permettait de me calmer. J'eus un mini sursaut en sentant une emprise autour de moi mais je me tranquillisai rapidement. J'écoutais ses paroles et pris de légères couleurs sur les joues. Oui je l'avais marqué et c'était bien le premier à qui je faisais ça. Même Xavier n'avait pas été marqué de la sorte. Tandis qu'il prenait son café, je voulus reprendre contenance. Mon égo m'empêchait d'accepter de montrer que mon action m'intimidait.

- À toi de trouver, j'te fais confiance pour ça.

Le ton était à la fois taquin et charmeur. Je pris mon café et me mis face à Jagger en souriant. Je sirotai mon café avant de lui tirer la langue et de filer. Je tenais difficilement en place. Fallait pas me retirer mes biscuits, maintenant je devais bouger pour évacuer la pression. Je pourrais ouvrir un autre paquet mais si c'est pour que lui aussi finisse en hauteur, ça ne valait pas la peine. Le café risquait de ne pas aider à me faire tenir en place en fait. À bien y repenser, il avait le même effet que le sucre sur certaines personnes. Il m'excitait et je tenais moins en place. Je me rappelais désormais pourquoi je buvais rarement du café lorsque j'étais chez moi en journée.

Je me rendis au salon le temps de regarder le message que j'avais reçu sur mon portable. Lizzy souhaitait organiser une petite soirée un de ces jours. Il n'y avait qu'elle pour m'envoyer ce genre de messages aussi tardivement. Je lui répondis, terminai mon café et revins à la cuisine pour poser la tasse et rejoindre Jagger en même temps.

- Alors, t'as trouvé comment tu comptes marquer ton territoire ?

Je me remis sur la pointe des pieds et lui mordis doucement le cou. Il aurait peut-être une petite marque mais ça disparaîtrait déjà durant la nuit. Je voulais juste le narguer et tous les moyens étaient bons pour ça.