Aaron Salazar

Ma lèvre était de nouveau fendue, une fois de lus je n'avais pas fait assez bien pour mon nom. Pourquoi cela devait toujours être comme ça. Un seul mot résonnait dans ma tête en permanence depuis que j'avais quitté New York. Comme une formule magique d'une force incommensurable, mais qui est quasiment impossible à se rentrer dans le crâne. Après tout la vie n'est pas un jeu, rien n'est parfait. Pourtant on dirait que je suis le seul à m'en rendre compte dans mon environnement. 

Suis-je le seul à pleurer ? Le seul à souffrir ? Le seul qui a l'impression que la vie est injuste ?

« C'est si compliqué que ça ?! J'attends de toi d'être parfait et c'est bien loin de la perfection jeune homme ! » Il se fiche de moi ? Qu'ai-je fait pour mériter ce genre de vie ? Ce n'est pas comme si la réussite était si importante. Ce n'est pas comme si je jouais ma vie là-dessus. Ce que j'aimerais retourner en Amérique … Je pensais pourtant avoir ma place ici. Loin de toute la haine m'entourant. Mais finalement c'est encore pire. La perfection ? Si je ne l'atteins pas, je retrouve toujours ce goût cuivré dans ma bouche. Je m'y suis même habitué maintenant. Alors pourquoi, ça me fait toujours aussi mal ? Pourquoi personnes n'intervient ? N'ai-je pas une famille normalement ? Ah, c'est vrai. C'est cette même famille qui me fait subir ça.

Ma tête était toujours baissée, les démons ne me font pas peur, cependant ça m'évite simplement de souffrir. Si je le défi du regard, tout ce que je récolte ce n'est qu'une gifle de plus, qu'un regard méprisant de plus. « Monsieur, je doute que votre fille serait d'accord avec ce traitement. Le jeune maître est conscient de ses erreurs. » C'est inutile de s'époumoner à me protéger. Ce n'est pas comme s'il allait vous écouter de toue façon. Un long soupir s'échappa des lèvres de la personne me faisant face, puis des bruits de pas lourd, agacé, déçu ? Pourtant j'ai fait de mon mieux. Je fais toujours de mon mieux, mais ça ne sert jamais à rien. Alors que j'étais encore en train de ruminer mes idées noires, une main se glissa dans la mienne, me sortant de ma bulle avant de me tirer me faisant sortir de la pièce. « Ces vieux sont trop bloqués sur leur génération, j'en parlerais à votre mère. Montrez-moi votre lèvre je vous prie »

Mon visage se releva doucement, étirant un petit sourire ne me faisant que saigner plus. Un tissu humide tapota ma lèvre. Je restais muet, sans un mot, sans une seule trace de faiblesse. Regardant les deux yeux bleus rivés sur ma lèvre «  Merci Ryo. Ne salissez pas vos affaires pour moi. Vous ne devriez pas vous souciez de moi. Enfin c'est votre travail mais bon... » Un frisson me parcourut l'échine. Son regard s'était fait sévère. « Vous savez que je ne suis pas la seule servante de cette maison ? J'ai demandé à votre grand-père de m'occuper de vous parce que je vous apprécie. Merci de ne pas marcher sur ce que je pourrais ressentir. Je sais que vous n'arrivez pas à vous attacher aux gens, mais ce n'est pas mon cas. Maintenant taisez-vous, vous devenez insupportable et je vais bouder » Un léger rire s'échappa de ma gorge, me refaisant saigner. S'il y a bien une chose à quoi je dois me raccrocher, c'est ce petit espoir qu'une personne tien vraiment à moi.

C'est ça qui me permettra d'atteindre la perfection.

Revenons un peu en arrière pour tout comprendre. Vous avez peut-être déjà les larmes aux yeux. Mais ma vie n'a pas toujours été aussi belle !

Je suis Aaron. Fils de Kyle Salazar et de Saya Notos Fujihara. Autant être sincère. Même encore de nos jours les mariages sans amour existent enfin je dis ça, mais mes parents sont nés bien avant moi quand même. Le groupe Salazar, important dans le marché des pièces aérospatiales Et Fujihara Corp, fournisseur de matériaux lié à la fabrication de ces mêmes pièces. Autrement dit un mariage arrangé et économique. Le japon restant un pays où les femmes ont une liberté limitée Cela était parfaitement normal à leur époque. Et ma mère étant plutôt jolie, il n'y avait aucune raison de refuser cet accord. La naissance de la NS Corp. C'est de là que tout est parti. Et c'est aussi à cause de ça que tout a failli se finir.

« Mr. Je vous prierait de regarder votre père quand il vous parle. » Des sublimes yeux gris et pétillant, ils étaient focalisés sur les nombreux jouets jonchant le sol, agaçant notre majordome. Mon père ne parlait pas dans le vide bien évidemment, j'étais en train de l'écouter d'une oreille plutôt … distraite si l'on peut dire. À mon âge je n'avais pas vraiment envie d'entendre des discours inutiles. La voix de fond était en train de m'expliquer que dès mon âge de raison, je pourrais prendre des actions dans la société afin d'en prendre le contrôle par la suite. Sincèrement quel gosse de 5ans porterait plus d'attention à ça qu'à tous les jouets devant lui ? Et puis j'avais bien le droit de profiter un peu ! Pourquoi être riche si ce n'est pas pour faire ce que l'on veut après tout ?

« Laissez-le donc, il comprendra plus tard que tout ça est important. C'est à moi de faire son éducation pas à vous. » Ah. Ce souvenir m'énerve, ce ton froid et cassant envers tout le monde. Ce regard supérieur. Je n'aimais pas vraiment mon père. Je n'étais qu'un héritier à ses yeux, et bien qu'il indique vouloir faire mon éducation, tout ça ce n'est qu'une façade. Comment tu pourrais faire mon éducation en n'étant jamais là ? Enfin à cet âge tout ça me passait au-dessus de la tête. J'avais au moins une mère aimante. Et puis j'avais absolument tout ce que je désirais. Une bien belle vie/ Mais tout ça ce n'est que la surface de l'iceberg. Rien ne se passe jamais comme on veut dans ce monde...

Je les entends en permanence quand j’erre dans les couloirs, les murmures, les rumeurs, la jalousie. Je le vois sur leur visage, ces sourires sinistres. Ces voix qui résonnent sans cesse dans ma tête.
« Vous avez vu, c'est le premier de la classe. Tout ça c'est parce que c'est parent paye le directeur. Il paraît même que leur servant donne des faveurs au professeur. » «  Il a beau être riche il est toujours seul. Il pourrait s'acheter des amis non ? Il fait pitié non ? »

-Pathétique, Pathétique, Pathétique –

J'entends leur rire, quand je ferme les yeux, quand j'essaye de réfléchir. Je vois leur visage, leurs yeux qui sont focalisés sur moi. Je ne peux pas m'échapper. Je suis coincé dans mon propre cauchemar et je ne pourrais jamais en sortir. «  Il paraît qu'il a toujours eu les notes maximales depuis la maternelle, c'est effrayant non ? Ce n'est pas un génie, il a juste de l'argent » Je me couvrais les oreilles en marchant dans les couloirs. Faites que ça cesse. Laissez-moi tranquille. Je ne mérite pas ça …

Ma tête venait de trembler, plus exactement elle venait d'heurter le sol. Ça fait mal. Mais l'espace d'un instant je me suis senti plus léger. «  Bah alors, tu tiens plus debout débile ? » Une douleur se lança dans ma cheville. Je ne veux pas ouvrir les yeux, je sais que si je les ouvre je vais voir ces visages sombre et déformé, comme dans mes cauchemars. Un coup de pied chassa l'air de mes poumons, puis les pas s'éloignèrent. J'étais enfin seul. C'est bien d'être seul. Peut-être que je dois disparaître ? Après tout, personne ne fait d'effort pour me sortir de là.

J'avais la tête lourde, je n'avais aucune idée de ou je devais me rendre pour ne pas me noyer. Quand on est enfermé au fond des ténèbres, le mieux n'est-il pas de chercher la lumière ? Que devrais-je faire ? C'est possible de repartir à zéro ? Comme dans les mangas que m'achète maman. Revivre dans un nouvel endroit avec des super pouvoirs, de la magie, une force surhumaine, plein de personnes d'origine différente ou personne ne se hais et ou tout le monde se ligue contre un ennemi commun ? Parce que dans ce monde c'est moi l'ennemi commun. « Min.... » Hum ? J'ai l'impression d'entendre quelque chose «...te toi Gamin ! » Sûrement les voix dans ma tête qui revienne me hanter «  ARRETE TOI GAMIN ! » Je relevais la tête, la voilà ma lumière. C'est calme. Ça fait du bien. Suis-je encore tombé ? Cette lumière, je ne crois pas que c'est celle que je recherche. Pourtant je l'ai vue, cette lumière blanche, avant le vide complet. J'arrivais à ne plus penser à rien. Pourquoi viens-tu donc perturber ce silence. Cette lumière est bleue et rouge, pas blanche. Laissez-moi donc.



« _______/\__/\_/\_/\_/\ Bip, Bip Bip »

Mes yeux s'ouvraient lentement de nouveau. Tout était blanc, tout était calme, à part ce bruit incessant. Je ne me suis pas réincarné ? C'est un échec complet il faut croire … 
Je les entends, trois personnes qui se disputent derrière ma porte. Je ne peux pas comprendre ce qui est dit en revanche. « Tu es réveillé … enfin ... » Ma tête se tournant lentement, je pus voir une vision que je n'avais jamais vue. Une jolie femme en apparence, les cheveux en pagailles, les yeux rouges et gonflés, loin de l'apparence si parfaite que j'ai enregistrée dans mon cerveau. Je voulais l'appeler mais impossible, aucun son ne voulaient sortir de ma gorge. La porte claqua violemment.

« La carrière de ce prof est terminée c'est moi qui te le dis. Et le Majordome qui devait le récupérer est au chômage. Il se trouve que notre très cher Aaron se fait maltraiter tous les jours à l'école et qu'il subit sans se montrer digne de son statut. Et bien sûr ils n'ont pas trouvé nécessaire de nous informer alors que sa sœur n'est plus en Amérique à cause de ça. Tous des putains d'incompétent ! Il vivra mieux chez ton père, ce gosse est faible et à besoin d'une meilleure éducation. Et je n'ai pas le temps de m'en occuper alors que tu es bien trop gentille. » Un bruit sourd se fit entendre. « Tu n'as vraiment pas de cœur ? Tu te rends compte de ce que tu dis alors qu'il vient de se faire reverser ?! Dégage de ma vue. T'as bien raison il sera bien mieux chez père plutôt qu'au côté d'une ordure comme toi »

Je n'ai bien évidemment pas eu mon mot à dire dans cette histoire. Trop jeune pour ça de toute façon, et c'est comme ça qu'a 3 ans près nous retournons au début de mon récit.

Le Japon, pays natal de ma mère, et de sa famille. Tout à l'air si formel. Tout est si bien organisé que s'en est effrayant. Mais c'est une terre sainte ! Tous mes héros viennent d'ici, enfin plus exactement de l'esprit de personne venant d'ici. Une personne m'attendait avec une pancarte à mon nom. « Jeune maître Aaron. Je m'appelle Ryo. Je suis à votre disposition à la demande de votre mère et de votre grand-père » Jeune Maître ? C'est bien formel tout ça, mais d'un côté ce n'est pas déplaisant.

Si ma vie en Amérique était un cauchemar, celle au japon était plus un calvaire. C'était déjà plus supportable. Plus d'insulte, plus de torture mentale. Juste de la douleur et du mépris. Mais au moins c'était que par une seule personne, et j'avais du soutien. Dans ce pays le travail passe avant tout. Et mon Grand-père n'avait qu'un seul mot a la bouche pour moi. Perfection. Mon cadre de vie était toujours aussi agréable. Le luxe à perte de vue. Mais bien plus stricte. Cours, entraînement physique, éducation, révision, repas, bain et repos. Mais j'avais le soutien de Ryo, au début je ne la voyais que rarement, mais après plusieurs mois, elle avait fait la demande d'être ma servante attitrée.
Toujours derrière moi pour m'encourager à relever la tête après une correction.

« Courage Jeune Maître ! Vous êtes plus que brillant ! »
« Vous êtes encore premier Jeune Maître ! Madame serait fière de vous ! »
« Joyeux Anniversaire ! Je vous ai fait votre gâteau favori aujourd'hui »
« Laissez-moi panser votre blessure Jeune Maître »

Toujours près de moi, à me réconforter et à me soutenir dans les épreuves. Et c'est grâce à elle que je suis l'homme que je suis aujourd'hui.

« Ryo, tu sais que ça commence à devenir gênant que tu aies envie de m'habiller. J'ai plus dix ans tu sais ? » Cinq longues années sont passées depuis que je suis arrivé dans ce pays. J'ai énormément grandi, autant physiquement que mentalement. Cependant il y a encore des choses qui me dérangent, mais elles sont bien différentes de celles d'avant. « Voyons Aaron, Je te connais par cœur ! Cela dit je suis content que Madame enfin trouvé un endroit ou vous serez loin de votre grand-père. Je profite pendant que je le peux encore. Après tout, vous êtes devenu un plutôt bel homme. Et vous partez bientôt de nouveau à l'autre bout du monde. »

Je me fiche bien de partir à vrai dire, je ne suis plus le gamin faible d'il y a quelques années, je n'ai plus peur de regarder grand-père dans les yeux parce que je n'ai pas eu 100points dans toutes les matières. Cependant je ne peux pas encore contester les décisions de mes parents. Et puis ce n'est pas comme si Ryo n'allait pas me suivre, bien que visiblement, elle ne soit pas au courant. « Crois-moi je serais bien moins loin que tu ne le penses »

Ma mère, avait finalement trouvé une échappatoire pour moi ( Un peu en retard cependant). Une école un peu spéciale, en Angleterre. Aucun mauvais souvenir de l'Amérique donc. Aucune attache non plus avec le Japon. Un tout nouveau départ, avec cette fois une ancre à laquelle me rattacher avec moi.

J'ai donc rejoins le programme Gifted, en Programmation, après tout c'est ce qui est le plus prometteur dans l'avenir. C'est aussi ce qui m’intéresse le plus. Peut-être que pour une fois j'arriverais à m'intégrer. Après tout je ne suis plus le gosse faible qui se laisse marcher sur les pieds...