Liszka Staszak

L'histoire de notre Stazou le magnifique débute en Pologne, aux côté d'Ewelina Staszak. Femme indépendante... Irresponsable, complètement instable, avec en prime un môme sur les bras. La jeune femme n'était pas très à l'aise en compagnie de cette petite tête blonde un peu trop braillarde. Elle tentait néanmoins de s'en occuper comme elle le pouvait... Malheureusement ses démons la rattrapaient bien souvent. Elle appréciait sortir, faire la fête, se défoncer... Garder un petit boulot n'était pas spécialement sur sa liste. La jeune femme se retrouva bien souvent mise à la porte... Pour pouvoir vivre librement, elle refilait son môme à ses voisins. Des gens bien, de confiance, qui pendant un temps purent offrir un semblant de foyer à notre braillard. Ewelina venait lui rendre visite de temps à autre. L'emmenait avec elle pour une ou deux nuits, le traînait dans un bar où il n'avait nullement sa place, se servait de lui pour susciter la pitié en faisant la manche pour gagner un peu d'argent... Ce petit manège dura un temps, jusqu'à ce que l'incident se produise. Rentrant un soir, un peu ivre, Ewelina, au volant d'une voiture qu'elle avait empruntée, ne vit pas le piéton. Elle le renversa. A toute vitesse. Et ne s'arrêta pas. Prise de panique, elle rentra directement chez elle et prit une décision radicale. Elle devait fuir, le plus vite possible. Il se trouvait qu'elle avait de la famille en Angleterre. Rapidement, la date de son départ fut fixée. Le jour venu et contre toute attente, la jeune femme vint chercher son môme. Ses voisins, qui ne se doutaient de rien, pensaient  qu'elle viendrait le leur rendre le soir venu. Sans deviner une seule seconde que c'était la dernière fois qu'ils voyaient le petit Liszka qu'ils affectionnaient tant.

A ses 4 ans, Liszka foula le sol de l'Angleterre pour la première fois. Ils emménagèrent chez son 'oncle' Roman Kowalski, dans le quartier de Tottenham, à Londres. Roman était un peu loufoque mais plutôt sympathique, tant qu'on ne fouinait pas dans ses affaires. Sa baraque ressemblait plus à un squatte qu'autre chose et il était évident qu'il s'y menait quelques activités illégales. Ewelina fit des pieds et des mains pour obtenir une carte de résidence et un nouveau boulot. La jeune femme semblait vouloir se rattraper aux yeux de son petit garçon. Liszka, lui, n'était pas du même avis. Il était un petit garçon oppositionnel et turbulent qui parfois se montrait même violent physiquement ou verbalement envers sa mère. Ou du moins, la femme qui avait subitement prétendu être sa mère. C'était comme s'il ne la connaissait pas, une étrangère, et la petite terreur était ouvertement en colère d'avoir été arrachée à son milieu. Néanmoins Ewelina ne baissa pas les bras et parvint à rescolariser sa petite teigne blonde. Liszka était plutôt malin pour un gosse, bien qu'insupportable, apprendre une nouvelle langue sur le tas ne lui posa pas de problème. Rapidement, il devint la petite terreur de son école.

Lorsque la petite tornade eut 8 ans, Ewelina prit la décision de se remarier à un natif britannique. Aaric Smith. Aucune passion ne brûlait dans ses yeux, mais Ewelina souhaitait à tout prix éloigner Liszka de son oncle Roman. Celui-ci exerçait clairement une mauvaise influence sur son gamin et la jeune femme soupçonnait son cousin de lui donner de l'alcool en douce. A un gosse. Par amusement. Ainsi, elle prit la décision d'emménager avec Aaric. La rencontre entre les deux 'hommes' ne fut pas des plus glorieuses. Liszka ne s'était pas apaisé au fil des années, bien au contraire. Et voilà subitement qu'un homme, faisant office de figure d'autorité, entrait dans sa vie. Le gamin commençait clairement à en avoir marre qu'on lui impose des décisions. D'autant plus que cet Aaric, il ne pouvait pas le piffer. Il était un homme tout en paraître, fier de son image, grande gueule, véhiculant une confiance en lui et un narcissisme à toute épreuve, mais qui au final ne valait pas un clou quand on lui en foutait une. Que du chiqué. Et ça, Liszka l'avait très bien senti. Le gamin le défiait ouvertement et quelque part au fond de lui, Aaric se sentait véritablement attaqué, désarmé. Pour se défendre, il faisait parfois preuve de décisions excessives, comme d'enfermer Liszka dans la voiture à l'extérieur pour la nuit. De l'enfermer dans la cave, ou encore dans un placard. Le petit d'homme réagissait comme une véritable furie. Il parvint à faire céder plusieurs portes, à briser une vitre, ce qui lui valut de beaux points de sutures... Ewelina, elle, ne savait que trop où se mettre. Aaric lui en voulait clairement de ne pouvoir contrôler les actions et hurlement de son gosse. Elle pouvait percevoir une colère grandissante dans ses yeux et elle était parfois sincèrement effrayée de ce qu'il pourrait se passer... Mais la véritable descente aux enfers ne débuta que deux ans plus tard.

Aaric perdit son emploi. Liszka avait 10 ans. Très rapidement, son image de mâle dominant s'effrita et tout doucement, l'homme plongea dans l'un de ses vices les plus connus : l'alcool. Il avait pour habitude de boire deux à trois bières par soir, mais très rapidement il perdit le contrôle. Sa conscience se brisa et sa colère prit le dessus. Aaric en voulait à la terre entière lui aussi. Particulièrement à cette femme et à ce môme qui étaient les premiers présents quand il avait besoin de passer ses nerfs. La rage d'un individu lambda. Les bras d'Ewelina devinrent de la même couleur du ciel... quant à Liszka... Je pense que vous commencez à connaître la bête. Il ne comptait pas se laisser faire. Lorsqu'Aaric pétait une durite, le combat entre les deux hommes s'intensifiait. Des coups, des morsures, des assiettes qui volent, des meubles qui se renversent... Ewelina se retrouvait bien souvent à se cacher derrière un môme de 10 ans. Quant à Liszka... Il manqua de planter Aaric à plusieurs reprises. A la fin de chaque altercation, le môme s'enfuyait à l'extérieur ou s'enfermait dans sa chambre avant qu'Aaric ne l'attrape. Le malheureux tambourinait à la porte fermée à clé de cette saleté de gamin en désespoir de ne pouvoir le choper... Le bois garde encore les vestiges de ces accès de rage. Quant à Liszka, il dormait le soir enfermé dans sa chambre, une paire de ciseaux constamment cachée sous son oreiller. Forte heureusement, l'ivrogne n'était pas toujours comme ça. Il passait 80% de son temps à comater, à sortir, à trouver des combines pour se procurer de l'argent et acheter sa gnaule... L'ambiance à la barraque était devenue détestable. Durant la même période, la tornade fut à plusieurs reprises renvoyée de son école, pour violence envers ses camarades et professeurs... Ils le décrivaient comme une bête enragée. Mais ils n'étaient pas loin de la vérité. La bestiole était à deux doigts de foutre le feu à sa propre maison... Pour échapper à cet air si toxique, c'est naturellement qu'il finit par se rendre... Chez son oncle, Roman.

De ses 12 ans à ses 14 ans, Staz vécut majoritairement chez son oncle. Il ne se rendait que de temps en temps chez sa mère pour racketter de l'argent et fouiller les poches du comateux Aaric. Puis il repartait comme il était venu, se contentant d'enjamber le corps de cette vieille carcasse d'ivrogne. C'est à ses 12 ans que le surnom de Staz vit le jour. Quand le gamin commença à un peu trop traîner dehors, à délaisser les bancs de l'école... Et qu'il se transforma en caïd des bacs à sable. Roman le prit en quelques sortes sous son aile. Il l'initia à l'alcool, à la fumette, à la notion d'argent facile, aux besoins de multiplier les sommes et fatalement... A son trafic. Bien évidemment, il ne filait rien de tendu à faire au gamin. Il ne lui faisait pas totalement confiance. Ainsi la plupart du temps Staz se contentait de livrer les stupéfiants d'un point à un autre. Il était devenu coursier. Vivait ses premières cuites, ses premières défonces, passait le plus clair de son temps à arpenter les rues avec son groupe de demeurés. Avec son charisme de mauvais garçon, son indéfectible confiance en lui et son caractère de tête brûlée, le gamin suscitait plutôt du respect et de l'admiration aux côtés de ses paires. Vers 13 ans, ainsi devint son quotidien, coursier pour son oncle qui lui filait un bon pourboire, une vie de blédard défoncé ivre mort, des altercations entre son gang et les autres, déscolarisé... La bestiole n'en menait pas large.

Lorsqu'il arriva sur ses 14 ans, le réseau que son oncle avait intégré fut démantelé. La plupart furent arrêtés. Staz y comprit. De part son statut de mineur, il eut droit à une peine plus légère. 3 ans et 6 mois de prison. De plus, la juge prit la décision de l'envoyer à l'Institution Indarë, afin d'offrir une perspective de réinsertion à ce gosse révolté qui semblait juste un peu paumé et qui manifestement, n'avait pas eu beaucoup de chance. Néanmoins, Staz ne le perçut pas de la même oreille. Evidemment que c'était une occasion en or pour se remettre sur le droit chemin, mais tout ce que cet imbécile voyait, c'était qu'on essayait à nouveau de lui imposer de nouvelles règles. Un nouveau cadre. Il n'aura pas le choix de s'y accommoder, il le savait très bien. Alors il passa sa rage sous silence, la mis en sourdine... Ce n'était pas si long après tout. Il pouvait bien la faire taire... Mais ce n'était que partie remise. Une fois dehors... Il se jura de faire son plus beau doigt d'honneur au monde entier. Et allez bien tous vous faire ***. Le point positif à tout ça ? Il coupa définitivement les ponts avec Ewelina.