Constantine Meyer

C’est un homme avec une histoire totalement banale, si l’on oublie sa maladie. Il naît à Berlin le 31 décembre 1989, bénéficie d’une éducation stricte mais saine. Il va à l’école et se fait des amis… C’est un bon élève, une personne appréciée qui mène une vie normale. Jusqu’à ces sept ans, période du déménagement vers la France et de sa deuxième année à l’école primaire.

Même si le TPM est une maladie génétique qui est restée en sommeil pendant sa toute petite enfance, nous nous doutons bien qu’arriverait un jour où quelque chose réveillerait ce trouble. Et quoi de plus courant que de se faire harceler à l’école ? Trop jeune et trop timide, Constantine n’a pas le courage de se défendre face aux moqueries, coups bas et messes basses de la part de ses camarades parce qu’il est toujours meilleur qu’eux dans toutes les matières. Ses parents refusent pourtant de le retirer du système scolaire car ils ne peuvent pas le faire étudier à la maison. Bonne ou mauvaise décision ? Un peu des deux étant donné qu’un an après son entrée au collège, Constantine apprend à se défendre. Il se forge un caractère dur qui lui vaut un comportement agressif envers n’importe qui. Comme il gère mal ses émotions, il ne distingue parfois plus les gens qui sont là pour l’aider et ceux qui lui veulent du mal. Mais au moins, il ne subit plus aucun harcèlement, ni au lycée plus tard, ni au centre de formation de thanatopraxie, ni en école d’infirmier.

Ce qui l’empêche de vivre une vie à peu près normale, en revanche, c’est Ihn. Créé à partir de la souffrance et de la haine accumulées durant l’école primaire et le collège, cette autre personnalité le pousse souvent à perdre le contrôle de ses émotions et s’en prendre à des innocents. Aujourd’hui, Constantine ne compte plus les fois où il s’est battu dans les bars ou dans la rue sans aucune raison valable. Ses parents tentent de l’aider mais rien n’y fait, la maladie est trop présente et ils pensent que l’envoyer en asile psychiatrique va dégrader encore plus sa santé mentale. Pour se dépenser, il fait beaucoup de sport, ce qui lui vaut son corps d’athlète d’aujourd’hui. Il s’investit aussi beaucoup dans ses études de Thanatopracteur. Pourquoi cette idée de métier ? Un jour, il a vu un reportage et ça lui a plu, tout simplement. Ses années d’études dans la thanatopraxie sont les seules durant lesquelles il ne fait pas de crise depuis que sa maladie a pris le dessus sur lui.

La personne qui va changer sa vie à son arrivée au Royaume-Uni, c’est Mary. Leur rencontre est plutôt triste. En effet, c’est en s’occupant du corps du défunt père de Mary que Constantine fait la connaissance de la demoiselle. Arrivée en avance au Centre Funéraire alors qu’il termine à peine les soins, ils se retrouvent tous les deux à la machine à café. D’habitude, Constantine ne s’approche pas de la famille et s’éclipse après son travail. Mais cette fois, il a une étrange envie d’aller réconforter cette femme, ou plutôt cette jeune fille. Car Mary est plus jeune que lui. A cette époque, alors qu’il vient d’avoir vingt-trois ans, elle frôle à peine les dix-huit ans. Malgré les circonstances, le courant passe bien entre eux. Ils se fréquentent pendant un an. Pour la première fois de sa vie, il ne se sent pas différent par rapport à sa maladie. Mary semble apaiser Ihn, comme si sa présence avait un pouvoir de guérison sur lui. Elle l’accepte comme il est et n’a pas peur de lui.

Le 24 avril 2014, ils se marient. La petite Janna naît le 29 juin 2015. La famille est heureuse, assez aisée pour vivre convenablement car les deux parents travaillent. Constantine est toujours Thanatopracteur et Mary est Secrétaire médicale.

Ne se sentant pas assez utile et souhaitant être proche des patients, elle décide de devenir infirmière, et propose à son mari de l’accompagner dans ses études afin que son métier soit désormais tourné vers les vivants plutôt que vers les morts. Elle pense qu’ainsi, Constantine sera plus apte à s’accepter, aller vers les autres et être heureux. Il lui fait confiance et laisse de côté son métier de Thanatopracteur pour s’embarquer vers le diplôme d’infirmier. Ils l’obtiennent tous les deux en 2018 alors qu'ils sont âgés respectivement de vingt-huit et vingt-trois ans.

Une vie sans rebondissements n’est pas une vie. Mais quand cela implique la mort d’un proche, on préfèrerait avoir une vie sobre.

Nous sommes en janvier 2020. C’est en partant du travail que Mary, âgée de vingt-cinq ans, se fait agresser par des hommes voulant lui voler son sac à main. Constantine est appelé par l’école qui le prévient que sa femme n’est pas venue chercher sa fille. Affolé, il fait le chemin de l'hôpital où tous deux travaillent vers l’école, et retrouve le corps de sa femme sans vie, nue et mutilée, entre les poubelles d'une ruelle sombre. C’est un véritable coup dur pour un homme qui, peu de temps après, voit sa maladie refaire surface et doit s’occuper seul de sa fille de bientôt cinq ans.

Une enquête est ouverte mais aujourd’hui, après neuf mois, aucun indice n’a été décelé et les assassins de Mary restent introuvables. Constantine et Janna viennent d’emménager dans un appartement en ville, à Londres, assez loin de leur ancienne maison. Il fait tout son possible pour que sa fille ne manque de rien, qu’elle soit heureuse et grandisse dans un environnement sain. C’est assez compliqué pour lui parce que les événements sont récents, il ne sait parfois plus comment faire sans Mary. Mais il tient bon. Janna est une petite fille sage qui aime apprendre, elle lui demande beaucoup de temps et d’énergie. Quant à lui, traumatisé par le fait qu’il ne pourra plus travailler dans le même hôpital que sa femme, il décide d’exercer son métier d’infirmier dans un établissement scolaire : l’institution Indarë.

Evidemment, avant d’y postuler, il s’est informé sur les lieux et leur fonctionnement. Et ce n’est pas pour rien qu’il souhaite y entrer. En effet, l’institution est divisée en deux parties : l’Indarë Secondary School (ISS), une école plutôt banale constituée d’élèves plus ou moins doués, et l’Indarë Reformatory School (IRS), qui l’intéresse beaucoup plus. Pourquoi ? Car elle rassemble les jeunes ayant commis des délits ou des crimes, et ceux ayant des problèmes psychiatriques. Si, à travers cela, la curiosité le pousse à fréquenter des « semblables » et peut-être trouver quelqu’un qui l’aidera, même s’il n’est pas lui-même élève, c’est surtout l’envie de connaître la vérité qui le taraude. Peut-être que les assassins de sa femme ne se trouvent pas dans cette école, mais qui sait ? Il se pourrait qu’il puisse retrouver leur piste ici.

Niveau humeur, il déprime beaucoup quand il est seul. Il s’est mis à la cigarette pour décompresser. Il ne fume cependant pas en présence de sa fille. Pour le moment, Ihn est toujours en sommeil. Mais il se demande quand arrivera le jour où il en perdra le contrôle...