À droite, l'école et ses élèves normaux, comme tout le monde.À gauche, le centre de redressement pour jeunes dangereux.Maintenant réunis, pour le pire.
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Il y avait des endroits où draguer est plus simple. Enfin, par draguer je parle surtout du résultat final qui me conviendrait à moi ainsi qu'à mon ou ma partenaire. Généralement, j'allais dans les bars ou les restaurants seul, parce que mon mari n'était pas là mais aussi parce que ça me permettait de guetter mes proies et de voir si je pouvais m'incruster avec quelqu'un pour un tête à tête. Ce vendredi soir n'échappa pas à la règle. On était en mai et bientôt, l'été et les vacances scolaires allaient remplir les restaurants, par conséquent, il fallait que j'en profite avant de croiser trop d'élèves, que ça soit de l'institution ou de l'université.
Me voilà donc dans mon restaurant de prédilection, il y en avait bien un autre, mais il a été détruit lors de l'ouragan Malone, du coup, il ne me reste que celui là. Comme d'habitude, j'étais bien habillé, avec un parfum à la senteur plutôt sucrée. Barbe impeccablement taillée, cigares en poche, j'avais tout pour plaire. M'installant à une table, j'avais commandé un verre de whisky et une entrée, une petite mise en bouche avant de trouver ma proie. Pour le moment, je voyais beaucoup de personnes accompagnées par des amies ou leur moitié, et je pouvais presque les envier. C'était quand la dernière fois que j'ai été manger avec lui? Probablement trop loin pour que je m'en souvienne. Maintenant, c'est trop tard, j'ai trouvé d'autres divertissements et un moyen de rajouter du piment dans ma vie.
En parlant de piment, je vis une femme à la chevelure tout aussi rouge et avec des formes tout à fait honorable. Du bonnet C, non du bonnet D? J'ai bien envie de planter ma flèche là dedans, mais avant, il fallait voir si elle était accompagnée, si ça se trouve, il y avait quelqu'un pour elle et je serais fixé. En plus, son visage me disait quelque chose, je l'avais sans doute déjà croisé quelque part. J'attendis encore une dizaine de minutes, et au fur et à mesure que j'y réfléchissais, je me suis rendu compte que c'était une étudiante à l'université. Bon, au moins, elle est majeure, du coup, il y avait moins ce problème moral que je m'imposais. Faire des folies, oui, mais je tenais un minimum à respecter la loi, et en tant que professeur, je n'avais pas intérêt à faire ça avec des mineurs. Me levant de ma chaise, je me décidais d'aller voir la jeune femme à la chevelure de feu.
-Bien le bonsoir. Il me semble que l'on s'est déjà croisé à l'université, non? Tu attends quelqu'un, où je peux venir te parler? Promis, je ne mords pas, du moins, pas trop fort.
Je rigolais légèrement, je gardais mon côté séducteur, mais je sentais qu'elle n'était pas totalement dans son assiette, ou alors, pas à l'aise. Si elle était d'accord, je m'installerai en face d'elle, sinon, je resterai debout à côté d'elle, le temps de lui parler quelques instants.
-J'ai beau être prof, en dehors des cours, on peut se tutoyer, le professionnalisme, c'est pas trop mon fort. Tu t'appelles Nia, c'est ça? Je suis le professeur Marshall, spécialisé dans la musique, mais appelles moi Dwayne, ou comme tu le sens, j'aime bien les surnoms.
Je lui fis un petit clin d'oeil malgré moi. Fallait avouer qu'elle était canon l'étudiante, mais je devais calmer mes ardeurs, si ça se trouve, elle n'était pas réceptive à ce que je lui disais.
Le restaurant est l'un des rares endroits où j'aime encore me rendre même en état de déprime. Ca me permet de noyer mes peines dans la nourriture sans avoir besoin de cuisiner. Assise à une table, un verre de soda devant moi, j'observe un peu autour de moi. Trop de monde accompagné. Trop de duos. Entre ceux qui sont venus entre amis et ceux qui sont en couple...surtout ceux-là en fait, il y a de quoi être encore plus déprimée. Je commence sérieusement à détester ma vie là... Allez étaler votre bave de bonheur et de mots mielleux ailleurs !
Je deviens aigrie... À l'aide. Mon désespoir de voir autant de monde en duo s'arrête lorsqu'un homme m'adresse la parole. Mon sauveur n'est autre que l'un des profs de l'université. Je ne l'ai pas personnellement mais j'ai déjà pu le croiser et j'ai aussi pu entendre des filles parler de lui. Toujours en bien parce qu'elles ont craqué sur lui... Franchement, les garçons sont mieux sur ce point parce que même quand ils craquent sur une personne, ils sont plus discrets.
- Non vous pouvez vous asseoir, je n'attends personne.
Même s'il mordait, je l'aurais autorisé à prendre place à ma table. Un peu de compagnie ne me fera sans doute pas de mal. C'est toujours moins déprimant que de rester seule à broyer du noir.
Oh... Il est aussi du genre à préférer le tutoiement ? En temps normal, j'aurais été ravie de pouvoir tutoyer une personne. Ca donne une sensation de rapprochement et ça vieillit moins aussi. Pourtant aujourd'hui la différence entre tutoiement et vouvoiement, je m'en fiche. Je n'ai pas le coeur à me réjouir d'un truc aussi banal. Je l'ai à peine pour n'importe quoi d'autre en fait.
- Effectivement, c'est bien mon prénom. Vous... Tu n'es pas accompagné ? C'est triste de venir seul dans un resto, même pour un prof.
Je suis seule aussi, c'est triste aussi mais au moins je corresponds au thème. Il faudrait peut-être que je regarde sérieusement le menu. Je suis venue ici pour manger à la base. Enfin pour me forcer un peu à manger mais pour le moment, ce n'est pas une réussite.
- T'as déjà mangé ou pas encore ? Je comptais prendre un petit repas alors si ça te dit, on peut le prendre ensemble.
Pitié, faites qu'il n'a pas encore mangé. C'est mon seul moyen pour me motiver à avaler quelque chose parce que je ne supporterai pas d'être la seule à manger. Et s'il n'a pas mangé, je ne supporterai pas de le laisser manger seul alors ça me motivera à me nourrir. Remarque, même s'il n'a rien mangé, rien ne dit qu'il a faim. Et merde...
Bien, elle n'attendait personne. Dommage pour elle, tant mieux pour moi. Je m'incrustais donc à sa table pour nous tenir mutuellement compagnie et qui sait, en avoir au delà de ce repas. Nous étions donc partis pour un repas à deux. Je vis le serveur revenir avec un verre de whisky qu'il posa à notre table, alors qu'il m'avait cherché à la précédente, se demandant où j'étais.
Discutant avec elle, je ne m'étais pas trompé sur son prénom, mais elle semblait ailleurs, un peu vide. Physiquement, elle était bien présente, mais mentalement, c'était autre chose. Nia continua alors la conversation et ses paroles me donnaient une partie du problème. Mieux vaut ne pas entrer trop vite dans le vif du sujet et laisser les langues se délier d'elles-mêmes. Buvant une gorgée de mon verre, je ne pouvais qu'approuver ses dires.
-Ça, je ne te le fais pas dire. À force d'être seul, on finit par essayer de combler ce vide, par tout les moyens. D'ailleurs, les verres de whisky, c'est souvent pour les hommes atteints par la solitude et l'ennui... ou alors qui ont le cœur brisé. J'entre dans la première catégorie.
Ça, ce n'était pas nouveau, j’avais en permanence besoin d'être stimulé, et personne n'arrivait à me donner cette dose d'adrénaline qui pouvait me rendre vivant. À la place, je compensais par d'autres choses autres que la drogue qui me donnaient des sensations fortes. La jeune femme à la crinière de feu me demanda ensuite si j'avais mangé ce soir, afin de commander le repas ensemble. Lui souriant, j'hochais la tête.
-T'en fais pas, je n'ai encore rien mangé. J'avais juste commandé une entrée, une petite salade pour me mettre en appétit. On passera commande ensemble, je mangerai ma salade quand on aura reçu le plat principal. Je n'arriverai pas à manger seul de toute manière.
Le serveur apporta justement mon entrée et demanda ensuite si nous nous étions décidé sur le repas de ce soir. J'étais un habitué, mais je restais un homme simple, pas forcément habitué aux choses sophistiquées. Pour Nia, je ne connaissais pas ses préférences. Je me lançais donc, peut-être que mon choix l'inspirera pour son repas.
-Bonsoir, alors pour moi, ça sera un steak frites. Je prendrais ma viande saignante s'il vous plaît.
Je me montrais sûr de moi, et quelque chose me dit que c'est ce dont elle avait besoin. Quand la solitude pointe le bout de son nez, il faut quelqu'un qui sache donner une certaine confiance, et c'était le rôle que je devais endosser ce soir. Joignant mes mains, je posais ma tête dessus, les coudes sur la table, mon regard droit dans le sien, bien décidé à la questionner encore.
-Tu as dit que c'était triste de venir seul dans un resto, alors pourquoi tu es ici? On est en dehors des cours, tu peux te lâcher, ça restera juste entre toi et moi. D'ailleurs, on va jouer à un petit jeu. Si tu me racontes ton histoire, je te raconterai la mienne. Aucune personne ne mérite d'être seule en ce monde, encore moins une femme dans la fleur de l'âge comme toi, ma chère Nia.
Un sourire chaleureux accompagnèrent ces mots d'un ton posé. On a tendance à me dire que lorsque je parle avec ce timbre de voix, j'ai tendance à apaiser les gens, ça les aide à se mettre à l'aise avec moi. Une chose plutôt pratique, surtout quand on enseigne dans le domaine musical.
Je commence seule, je finis en duo. Pas avec n'importe qui en plus. Carrément avec l'un des profs de musique. En plus je peux le tutoyer en dehors de l'université et ça m'arrange un peu même si ça me fait aussi bizarre. C'est quand même un professeur. Il est plus haut que moi dans la hiérarchie etje lui dois donc un minimum de respect. Je n'ai toutefois pas le coeur à m'inquiéter ou me réjouir pour ce genre de détail.
- Tu m'en apprends une alors. Moi je croyais que les hommes seuls noyaient leurs solitudes plutôt dans les bras d'une femme. Ou d'un autre homme pour ceux qui préfèrent les bras masculins.
Je croyais que l'alcool était plutôt pour noyer une tristesse quand ce n'est pas bu pendant une fête. Je note donc que pour la solitude, ça fonctionne aussi. Je propose finalement à l'homme de prendre son repas avec moi s'il n'a pas déjà mangé. Heureusement ce n'est pas le cas. Il a bien commandé une entrée mais apparemment il ne l'a pas encore eue.
Je zieute alors plus sérieusement le menu jusqu'à ce que le serveur vienne à notre table. Décidée sur un plat ? Pas du tout. Je n'ai pas la moindre idée de ce que je veux prendre. Dwayne par contre, il sait déjà quoi prendre. Steak et frites. Mouais. C'est une idée. C'est simple et de toute façon je n'ai pas d'idée alors autant ne pas me compliquer plus que ça.
- Pareil pour moi.
Le serveur note donc nos commandes puis s'en va transmettre à ses collègues. Pendant ce temps, l'homme en face de moi reprend la parole. Il est en train de me faire subir un interrogatoire en fait. On dirait un flic face à son suspect. Je suis innocente monsieur le policier, je le jure ! Putain même dans cette situation je ne peux pas m'empêcher d'imaginer n'importe quoi... D'un autre côté, c'est plutôt bon signe. Ca prouve que je commence réellement à tourner la page. Je crois...
- Mon histoire n'a rien d'extraordinaire, tu seras déçu. Il y a un peu plus de deux mois, j'ai juste découvert à quel point l'amour était douloureux et que c'est de la merde.
C'est peut-être pour ça que mes géniteurs ne m'en ont jamais donné. Pas la moindre preuve, pas le moindre geste affectueux, rien de rien. C'est peut-être pour m'apprendre très tôt que l'amour ne sert à que dalle.
- Ce soir je voulais juste sortir me changer les idées et reprendre mes bonnes vieilles habitudes mais je n'avais pas vraiment prévu que je tomberais sur un jour où le trois quart des gens seraient en couple. Bref c'est juste une histoire de rupture que j'ai du mal à digérer.
Voilà. Ni plus, ni moins. Juste une rupture à digérer, une histoire d'amour à oublier, une colère contre moi-même à calmer.
- Le pire c'est que je n'en veux même pas à mon ex. Enfin au début si, quand même un peu mais c'est déjà oublié ça. Bon et toi alors ? J't'ai raconté mon histoire, à toi de le faire. Pourquoi un homme tel que toi se retrouve seul dans un resto à faire ami-ami avec du whisky ?
Surtout que c'est encore les vacances d'été. Je ne sais pas s'il donne des cours durant cette période mais il a normalement quand même plus de temps pour se détendre que durant la période de reprise. Ca lui laisse donc logiquement plus de temps à passer avec son compagnon ou sa compagne. Enfin...s'il en a. Et même s'il n'en a pas, ça lui laisse plus de temps à passer avec ses amis ou sa famille. À faire ce que moi je ne fais jamais quoi ! Alors pourquoi il se sent seul ? Pourquoi il est même seul tout court ? Le peuple veut savoir ! Et moi je dois calmer mon cerveau...je recommence à partir loin...
On continuait donc de discuter, étant donné que nous avions désormais trouvés un peu de compagnie durant ce repas. À vrai dire, je n'aime pas être seul, j'ai toujours besoin d'un peu d'action, que ça soit par la drague, la parole, ou n'importe quoi qui puisse m'occuper et je devais avouer que la présence de la jeune femme était l'occasion parfaite pour faire connaissance et passer cette soirée plus joyeusement. Sa remarque me fit cependant rire et éveilla mon côté taquin. Je décrochais donc mon meilleur sourire pour lui dire sans retenue.
-L'un n'empêche pas l'autre, ma chère Nia. Seulement, mon choix s'est porté sur l'alcool pour l'instant, qui sait, je changerai peut-être d'avis.
Pour le moment, je resterais sur mon whisky, mais si je pouvais ne pas finir mon verre et trouver une meilleure solution, je la prendrais avec plaisir. D'ailleurs, en parlant de mon verre, je ne manquais pas de continuer de prendre une autre gorgée, mais je n'osais pas trop entamer mon entrée, après tout, elle était froide et ça serait impoli de manger alors qu'elle n'a même pas été servie. Bon, d'accord, l'une des autres raisons, c'était aussi pour la mater. Non mais sérieusement, il faut le dire, l'étudiante est plutôt canon, mais c'est le genre de pensées que je vais garder dans ma tête et dans mon pantalon pour le moment.
Après avoir commandé nos plats, elle me répondit, me commençant à me parler d'elle et de la raison de sa tristesse. Et très vite, je compris pourquoi, et honnêtement, je ne pouvais pas me sentir un minimum mal pour elle. Soupirant légèrement, je la regardais, parlant d'une voix calme et posée.
-Ouais. C'est de la merde. C'est pour ça qu'il faut s'en foutre et vivre comme bon il nous semble. Les clichés des films romantiques, ce n'est plus mon truc, sinon, je devrais être chez moi à me faire chier et à attendre mon mari avec un grand sourire, avec un "comment s'est passé ta journée mon coeur?" Cette routine, j'en veux pas, de toute manière, il passe de moins en moins à la maison. Donc quitte à passer ma soirée seul, j'ai préféré me faire plaisir. Cependant, ta présence est un réel bonus dans cette soirée.
Là dessus, je n'avais pas menti, même si, pour tout dire, je me serais dirigé vers la première personne seule. Nia avait néanmoins une histoire plutôt intéressante à raconter, car malgré ce qui lui était arrivé, elle n'en voulait pas à son ex, alors que la plupart des personnes aurait souhaité que du mal ou pire encore, aurait agit par vengeance. Quelque chose me dit que je devais continuer de lui parler, afin de mieux la connaître.
-En résumé, c'est par solitude que je suis là. Et ce sentiment, on essaye de le combler par tout les moyens possibles, tant qu'on pense à autre chose.
Je levais alors mon verre, terminant son contenu alcoolisé. Ouais, il y a pas à dire, je m'étais quand même bien lâché. Au moins, elle avait ce qu'elle voulait, à savoir toute mon histoire. En attendant que les plats arrivent, je continuais de la questionner, jouant un peu mon rôle de professeur.
-Interro surprise! Qu'est ce que tu fais pour combler ce sentiment, toi? Attention, manger en tête à tête avec un séduisant professeur n'est pas une réponse valable.
Je la taquinais un peu, lui faisant un clin d'oeil. Est-ce que je la draguais indirectement? Probable. Est-ce que cela marchera? Je sais pas et je m'en fichais. Je prends toujours plaisir à sortir ce genre de phrases, ne serait-ce que pour faire rougir les élèves ou voir ce qu'ils répondraient sous la singularité de mes propos.
Je retiens, l'alcool pour les personnes tristes c'est un cliché. Les personnes seules ne vont pas toujours dans les bras d'une autre. Et parfois ils font les deux. Alcool plus sexe. Je cris qu'en fait c'est plus souvent ça. Les gens font tellement de conneries quand ils sont ivres...
- Je note l'idée même si l'alcool ne fera peut-être jamais partie de mes techniques pour oublier la solitude.
Pas parce que je n'aime pas ça mais parce que je n'en ai jamais goûté. Pendant que les commandes sont préparées en cuisine, le prof et moi continuons de discuter. Cependant je ne le vois pas toucher à son entrée. Il attend vraiment que le repas soit présent ? Ca ne devrait plus tarder mais ça me fait quand même un peu pitié de voir que Dwayne se retient de manger.
J'ai aussi expliqué, en gros résumé, la raison de ma présence seule dans ce restaurant. Une rupture, une envie de reprendre les vieilles habitudes – dans mon cas, manger seule au resto – et un imprévu plutôt nombreux. Après lui avoir raconté l'histoire, je lui retourne la question. À lui de me dévoiler un peu de ses secrets. Il est marié ? Ow...je ne l'aurais pas cru. Je pensais qu'il était plutôt le genre de type à profiter de la vie et des bras d'autres personnes. Enfin je me suis bien trompée au sujet de l'alcool alors je peux encore me tromper cette fois-ci.
- J'avoue que je n'ai jamais réellement compris l'attrait pour les trucs romantiques. Ni même ce que c'est en fait. Mais si c'est bien ce que t'as décrit pour le cliché alors je passe mon tour.
Techniquement je passe déjà mon tour pour ça depuis que j'ai décidé de ne plus avoir d'histoire de couple. Quant à ma présence...elle est réellement un bonus ou il me dit ça juste pour m'embobiner ? Je ne serais plus à ça de près, remarque. Je vais donc le prendre pour un compliment et si c'est réellement le cas, tant mieux. Et puis d'un seul coup, je ne sais pas trop ce qu'il lui prend mais il me balance une question comme si c'était un examen. Ce que je fais pour combler ma solitude ? Euh...
- Dommage, ça aurait pu être l'une de mes réponses sinon.
Je laisse un petit rire s'échapper en lui tirant la langue puis je réfléchis à la question avec un petit peu plus de sérieux.
- En général je ne le comble même pas, je tente juste de l'oublier avec mes révisions, de la nourriture ou un cinéma. Je peux peut-être le faire aussi dans les bras de quelqu'un mais je ne sais toujours pas si c'est vraiment efficace ou non. Tu l'as sûrement déjà fait au moins une fois avant d'être marié non ? Est-ce que ça fonctionne au bout d'un moment pour oublier la sensation de solitude ?
J'écoute sa réponse puis quelques minutes après, nos plats arrivent enfin. Heureusement. Ca me faisait mal de le voir se retenir de manger sa salade. Maintenant il va pouvoir la manger et déguster aussi son plat principal.
- Bon app !
Je m'attaque à mon plat sans attendre et le déguste avec un petit sourire. Je l'ai choisi par simple flemme mais je ne le regrette pas. C'est bon et ça remonte le moral.
Un échange d'informations concernant l'alcool était toujours bon à prendre, même si tout les corps enseignants du monde me tuerait pour inciter une de ses élèves à se bourrer la gueule avec son professeur, mais je ne suis pas professeur à l'heure actuelle, juste un client solitaire d'un restaurant en compagnie d'une charmante demoiselle. Mais l'idée de Nia était bien aussi, finir dans le lit avec quelqu'un d'autre, ça aide grandement à décompresser et à penser à autre chose. On avait continué la discussion qui portait désormais sur les clichés romantiques, et j'étais bien content de voir que je n'étais pas le seul que ça n'attirait pas. Sérieusement, les mots doux, la routine, c'est pas un truc excitant. En revanche, une soirée pizza cul, sushi baise, ou encore Netflix and chill, ça c'est le bon plan! Pas de prise de tête, que du plaisir! Pourquoi mon homme ne m'a jamais proposé de choses comme ça, c'est clairement meilleur!
Mon interro surprise la perturba un peu et sa réponse me fit sourire un peu. Je vois que je ne la laisse pas insensible, ça tombe bien, elle non plus. Elle répondit ensuite avec plus de sérieux et cela me fit doucement rire, mais pas pour les raisons qu'elle pense. Je m'exprimais donc, au risque de choquer un peu, mais je n'étais plus à ça près.
-Avant ... et après. Quand le mari n'est jamais là, la solitude, tu essayes de l'oublier par toutes les manières possibles, mais au bout d'un moment... le contact physique manque. Je sais, tu peux dire que ce n'est pas bien, que je devrais avoir honte, etc, mais quand tu es seul, et que ton mari ne le remarque pas ... n'as-tu pas envie de penser à toi, au moins une fois. Sans compter les sensations que ça procure... rien que d'y penser, ça me fait frissonner.
Je croisais doucement mes mains, attendant de voir sa réaction quant à ma morale un peu déplacée, mais pour moi, j'étais dans mon droit, j'avais raison. Quelques instants plus tard, nos plats arrivèrent et je pus manger mon entrée, mais non sans faire preuve d'un minimum de politesse.
-Bon appétit à toi aussi.
Je la voyais manger avec entrain, et rien qu'avec cette conversation, je pouvais sentir que ça allait déjà un peu mieux, même si ce n'était clairement pas suffisant pour qu'elle aille totalement mieux. C'est déjà un bon début, et quelque chose me dit que ça ira de mieux en mieux durant la soirée. Gardant ce même sourire en coin qui me donnait un air charmeur, je continuais de lui parler, entre deux bouchées de mon entrée.
-S'occuper l'esprit est très efficace aussi pour oublier et tourner la page, ça permet de se défouler, de se vider la tête. Certains choisissent de manger de manière abusée, d'autres de s'adonner à un sport de manière intensive. Moi, j'ai décidé de ne penser qu'à mon plaisir personnel. Et crois moi, on se porte bien mieux ainsi. Si quelque chose me tentes, je le prends, c'est aussi simple que ça. Tu peux toujours te remettre en cause, mais tu n'es pas la fautive, car il y a que des coupables. Certaines personnes voudront tout mettre sur le dos des autres car ils ne peuvent pas endurer leurs propres souffrances et échecs. Toi Nia, tu m'as l'air forte..
Après ce beau discours, je terminais mon entrée, buvant un peu dans mon verre avant d'attaquer le plat de résistance. L'appétit vient en mangeant, mais ce n'est pas le plat que j'avais envie de me mettre sous la dent en ce moment.
Pendant qu’on parle de nos raisons qui nous font sentir seuls, le sujet des clichés romantiques est évoqué. Pour lui c’est pas son truc, pour moi c’est sans intérêt. Je n’y comprends rien au romantisme et je pense que je n’y pigerai jamais rien. Dire des mots doux, okay. Enfin pas tout le temps non plus, faut pas déconner. Par contre le reste, c’est quoi l’intérêt ? Autant se foutre avec des potes et faire une pyjama party avec des boissons, des jeu, de la bouffe, pourquoi pas du sexe selon avec qui on se trouve et voilà. C’est pareil !
Cependant, c’est quoi son histoire d’interro surprise ? Enfin peu importe, j’y réponds quand même sur le ton de l’humour au début, puis plus sérieusement. Je ne comble pas ma solitude. Je n’y parviens jamais. Alors j’essaie seulement de l’oublier ne serait-ce que quelques instants. J’en viens même à poser une question moyennement intime au professeur. Est-ce que coucher avec quelqu’un fonctionne vraiment pour oublier la solitude ?
Avant...et après être marié ? Il trompe son mari alors ? Pour avoir été trompée, je plains un peu son époux actuellement. J’écoute tout de même ses explications et je commence à mieux comprendre pourquoi Dwayne va voir ailleurs. Un mari jamais présent est un mari qui ne sert à rien.
- En fait, c’est un peu ce que je pensais après ta première phrase. Que tu ne devrais pas être fier de ça. Cependant j’ai changé d’avis en écoutant la suite. Si ton mari n’est jamais là, il ne sert à rien.
Ce qui me plaît moins, c’est ce que ses paroles me font réaliser. Alors Nick se sentait seul sans Jun ? C’est pour ça qu’il m’a trompée et qu’il est même retourné avec lui ? Parce que je n’ai pas su combler ce manque ? Pire encore, il est venu avec moi dans l’espoir de combler sa solitude ? Ma tête se baisse un peu alors que toutes ces questions tournent en boucle à l’intérieur.
Je relève la tête alors que le serveur apporte nos plats puis commence à manger après avoir souhaité un bon appétit à mon compagnon de table. La nourriture remonte le moral. J’aurais dû venir ici et commander ce plat dès le début de ma déprime. Ca m’aurait direct aidée à tourner la page. Tout en mangeant, j’écoute encore les paroles du professeur. S’occuper l’esprit est une bonne idée, il me le confirme. Je ne suis toutefois pas vraiment d’accord avec lui sur un point. Ma soi-disant force. Je ne le suis pas. Pas autant qu’il le croit en tout cas.
- Je n’en ai que l’air. Je ne suis pas aussi forte que tu sembles le croire… Endurer ses souffrances et ses échecs, c’est dur certes mais faisable. Pourtant quand ça dure depuis des années, c’est épuisant. On a alors juste envie de tout laisser tomber et de...’fin bref les forces nous quittent. Moi j’en suis au stade où je suis épuisée…
Et donc au stade où je veux tout laisser tomber et disparaître. Le stade où j’ai vraiment besoin de me vider l’esprit avant de faire une connerie que je pourrais regretter. Je continue de déguster mon plat en retrouvant rapidement un nouveau petit sourire. Y a vraiment pas à dire, la bouffe est trop bonne. Mon moral rame pour remonter mais la nourriture aide. Et monsieur Marshall aussi, il faut l’admettre. Se confier à quelqu’un qui peut comprendre ce qu’on vit, c’est pas du tout pareil que parler à une personne qui n’y pige rien. Bon...je suis mal placée pour comparer puisque je ne parle jamais habituellement. Il y a seulement Nick à qui j’ai parlé un peu mais ce n’était même pas beaucoup de détail au fond.
Je me doutais bien que ma façon de penser n'allait pas vraiment plaire, mais ça, c'est normal. N'importe qui trouverait que tromper son conjoint ou sa conjointe, c'était immoral et qu'on devrait en avoir honte. Seulement, peut-on vraiment parler d'adultère quand l'autre était absent en permanence? C'est avec ces explications que Nia me comprit et décida de ne pas me jeter la pierre. Elle a bien raison, il ne sert à rien, enfin, presque à rien. Il me donne juste cette petite dose d'adrénaline quand je passe à l'action, cette sensation de braver les interdits décuplait les sensations. Un sentiment de pouvoir qui était enivrant, me dire que je suis encore désirable et désiré, c'était quelque chose auquel j'étais devenu accro, sans compter que ça me permettait de calmer d'autres de mes addictions, comme l'alcool, le tabac ou la drogue. Contrairement aux trois autres, le sexe était meilleur pour la santé, donc pourquoi s'en priver.
-Je n'en suis pas fier pour autant. C'est juste que ça me permet de me changer les idées. Si je restais sans rien faire, je serais probablement en train de me dire que je m'ennuie, à me morfondre dans ma solitude et possiblement retomber dans certaines choses pas très agréables sur le long terme. On va dire que ça maintient une certaine flamme en moi.
Néanmoins, mes paroles avaient fait réagir Nia, car je la voyais baisser la tête au fur et à mesure que la conversation continuait. On avait aussi commencé à manger nos plats respectifs, nos voix laissant place aux seuls bruits des couverts. Il fallait l'avouer, ça faisait un bien fou et on continuait de discuter. C'est alors que la jeune étudiante me répondit, infirmant ce que j'avais dit auparavant. Il n'y avait pas que ses soucis amoureux qui lui posait problème apparemment. On a tous notre croix à porter, comme on dit, mais maintenant qu'elle avait commencé à parler, je n'allais pas m'arrêter là. Après une autre bouchée, je tentais de remonter le moral de la jeune femme.
-On a tous touché le fond à un moment où à un autre. Je devais avoir ton âge quand c'est arrivé. Tu as le choix entre rester au sol et le regretter pour le restant de tes jours, ou te relever pour voir ce que la vie peut te réserver. Si j'avais fait le premier choix, tu m'aurais croisé sur le trottoir, en train de demander une pièce pour sa consommation quotidienne ou dans un cimetière. Et ça serait du gâchis qu'une si jolie femme finisse ainsi. Alors si tu as besoin d'aide pour te relever, t'as juste à regarder en face de toi.
Je lui adressais un sourire sincère. En dehors des cours, il n'y a pas ce statut prof/élève, on peut donc être beaucoup plus ouvert dans nos conversations. Néanmoins, j'avais envie de la taquiner un peu, histoire de rendre l'ambiance plus joyeuse. J'affichais donc un rictus sournois, continuant de m'exprimer.
-En revanche, je paris que si tu me tombes dessus, tu voudras d'abord m'admirer de plus près avoir de vouloir te relever..
Je ris en sortant ma bêtise. Derrière cette blague, j'étais à moitié sérieux. Il est vrai que si elle me tombe dessus, je ne dirais pas non, ça a beau être une étudiante, elle est majeure et plus que consentante. Et un peu de réconfort, ça n'a jamais fait de mal à personne, non?
Pour avoir subi ça moi-même, l’idée que Dwayne trompe son mari ne me plaît pas. Cependant, pour être aussi seule, je peux comprendre que toutes les manières sont bonnes pour oublier cette solitude. Même les plus désespérées ou les plus immorales. C’est pour cette raison que je ne juge pas le prof. Si son conjoint n’est jamais présent, il ne sert à rien à part pouvoir utiliser l’excuse du mariage selon les situations. Et il permet éventuellement à Dwayne de se dire qu’il n’est pas 100 % seul en rentrant chez lui. Mouais… Autant dire qu’il ne sert strictement à rien quoi. C’est plus simple et plus proche de la réalité.
- J’comprends ouais…
Je commence même à un peu trop comprendre certaines choses. Ca me déprime et m’énerve en même temps. C’est surtout de la déprime, soyons honnête. C’est horrible de réaliser qu’on n’a été qu’un simple bouche-trou durant des mois. À ce stade, j’aurais préféré qu’il me le dise directement comme ça je ne me serais pas faite d’illusion. Enfin toutes ces pensées sont momentanément mises de côté le temps de manger. Se remplir la panse remonte vraiment le moral. Pas chez tout le monde mais je ne suis pas tout le monde.
Pendant le repas Dwayne tente de me faire croire que je suis forte mais il est loin de la vérité. Très loin. Tout ce que j’ai enduré jusqu’à maintenant, ce n’est pas dû à une force quelconque. Seulement à un refus de faire plaisir à mes géniteurs, un refus que des gens aient pitié de moi, un refus de beaucoup d’autres choses encore. Et du déni aussi. Et maintenant je suis épuisée. Trop pour parvenir à me relever tout de suite en faisant comme si tout allait bien. Trop pour réussir à reprendre une vie normale toute seule.
- J’compte pas faire le premier choix de toute façon. J’compte bien me relever un jour. C’est juste que...pour le moment j’en suis au stade où j’veux oublier par n’importe quel moyen. Ne plus penser à rien ne serait-ce qu’une heure. Être autre chose qu’un simple objet ou un bouche-trou qu’on jette dès qu’on n’en a plus besoin…
Je ne suis toutefois pas contre un peu d’aide pour me remettre sur les rails. Ce n’est pas mon genre de demander de l’aide pour ces trucs mais ça ne veut pas dire pour autant que je refuserai. Un petit sourire apparaît durant le repas alors que le prof fait de l’humour. Il m’a l’air bien sûr de lui.
- Je ne peux pas confirmer ou infirmer les faits, je ne sais pas ce qui se cache sous ces couches de tissu. Enfin je peux toujours faire exprès de te tomber dessus et découvrir un peu ces zones que tu planques sous les habits. Je verrais mieux s’il y a de quoi admirer ou si je passe mon chemin.
Même si techniquement, je devine déjà sans mal que sous ses vêtements, il y a l’air d’avoir du bon matos. Par contre, ce n’est pas très bien de faire du gringue à un prof et marié qui plus est. Si ? On s’en fiche. Lui il ne se gêne pas pour draguer alors que je suis étudiante et qu’il a un mari alors pourquoi me gênerais-je d’en faire autant ? Tout en discutant, je continue de déguster mon assiette, ne regrettant vraiment pas d’avoir pris ce plat et pas un autre. La simplicité a souvent que du bon.
Nia avait l'air de comprendre pourquoi j'agissais ainsi, même si ce n'était pas très moral. C'est surprenant, mais ça faisait du bien de pouvoir parler en toute sérénité. Néanmoins, j'avais l'impression que la jeune femme avec moi était un peu ailleurs, à côté de ses pompes. Elle devait être en train de repenser à ce qui a provoqué son problème de cœur. On continue alors de manger et peu importe la situation, manger était toujours agréable. Hé, en plus, je suis en compagnie d'une femme canon, alors que demander de plus? Pendant le repas, je tentais de la motiver en racontant mon passé, comment l'ancien toxico s'en est sorti pour devenir professeur. La vie n'est pas un combat facile, malheureusement, je dirais même qu'on en ressort jamais vainqueur, alors autant se battre jusqu'au bout. Quand je l'écoutais, elle avait l'air abattue, quand bien même elle disait vouloir se relever, dans sa voix, ses propos, ses gestes, je sentais qu'elle était déjà à terre et qu'elle voulait qu'on la relève.
En ce qui concerne ma tentative d'humour, elle semblait plutôt réceptive, à en témoigner par son sourire. Autant l'aider à remonter la pente et je savais exactement quoi lui répondre. Je continuais à manger le contenu de mon assiette, buvant un peu dans mon verre au passage. J'avais bientôt fini mon plat, et je continuais alors la conversation, curieux de voir jusqu'où cela allait nous mener, même si, soyons honnêtes, j'ai bien une idée d'où je veux que ça nous emmène.
-On ne touche qu'avec les yeux. Tu ne comptes quand même pas tâter mon corps devant tout le monde quand même, si?
J'avais un sourire en coin, alors que je m'amusais à la provoquer, déboutonnant un peu ma chemise, avec un air légèrement provocateur. Mon torse était un peu visible, juste pour elle, mais interdiction de le toucher en face de tout le monde. Quoique, si elle craque, je ne vais pas la retenir, ça voudrait juste dire que la suite de la soirée s'annonçait épicée. Je terminais donc mon assiette, alors que je regardais autour de moi, voyant les gens venir et partir, avant de revenir vers Nia. Je lui souris alors.
-Tu veux quelque chose à boire? Un alcool? À moins que tu préfères les desserts? J'ai entendu dire que leur fondant au chocolat était à tomber par terre.
Le serveur vint nous voir pour nous demander si le repas s'est bien passé, ce à quoi je répondis par l'affirmative. Je lui commandais alors un autre verre de whisky, ainsi qu'un fondant au chocolat, le chocolat, c'est le meilleur ami des coups de blues, ça remonte le moral et c'est très bon. Pendant ce temps, je regardais la jeune femme avec un grand sourire.
-Pour revenir sur ce que tu as dit tout à l'heure... être un bouche trou, c'est pas drôle quand on ne le veut pas. On s'est déjà servi de moi pour oublier quelqu'un, notamment pour les relations d'un soir. Alors je donne ce que les gens ont besoin. Du réconfort, avec des mots ou dans un lit. C'est juste triste que la seule personne qui doit être là pour moi préfère son travail. Ce que je veux dire par là, c'est que même si je suis professeur et toi étudiante, ça ne t'empêches pas de venir me voir. Je suis un bon confident.
Je lui tapotais doucement la main en guise de soutien. Alterner entre moments drôles et moments sérieux, c'était le programme de ce repas, mais en dehors du flirt qui s'installait entre nous, je voulais surtout qu'elle se sente à l'aise, afin qu'on passe une bonne soirée, et qui sait, finir sur une très bonne soirée.
C’est dur de ne pas se laisser tirailler par des pensées tristes même lorsque l’interlocuteur est sympa et à l’écoute. Ce n’est pas dans mes habitudes de rêvasser autant lorsqu’on me parle, surtout quand la conversation m’intéresse, mais j’ai vraiment du mal à penser à autre chose. Néanmoins ça ne m’empêche aucunement de manger et ça je ne risque pas de m’en plaindre. Bien au contraire ! Manger m’aide à me remonter le moral. C’est beaucoup plus efficace que de parler de mes problèmes à des peluches…
Le professeur me parle un peu de ses expériences et essaie de faire de son mieux pour me rebooster. C’est à moitié réussi. Disons que son niveau d’humour aide beaucoup. Je suis plus réceptive à ce genre de connerie qu’à un beau discours. C’est fou ! Et pas très logique non plus. D’un autre côté, je n’ai jamais fonctionné de façon très logique. Pendant que l’on mange, je réponds à sa taquinerie. Et il en rajoute une couche derrière.
- C’est un défi que tu me lances là ? Fais gaffe parce que j’en suis tout-à-fait capable.
Il croit vraiment que je ne pourrai pas essayer de tâter juste parce qu’il y a du monde ? Il me connaît bien mal. En même temps, il ne me donne aucun cours cette année. Je vais devoir lui apprendre certaines choses à mon sujet. Comme le fait de ne pas avoir de gêne pour certains gestes. Je sais me retenir bien sûr mais encore faut-il que l’envie soit présente. Ou qu’on ne me lance pas de défi...
Le repas se termine dans une ambiance moins déprimante qu’au début. Maintenant un nouveau dilemme se présente à moi. Dessert ou alcool ? Je suis sûre d’aimer l’un mais pas sûre d’aimer l’autre. Valeur sûre ou essai probablement foireux ? Ben finalement le choix, c’est lui qui le fait pour moi. J’ai tout de même commandé un whisky moi aussi. Je ne connais pas ce truc, ni aucun autre alcool alors il faut bien commencer par l’un d’eux pour tester. Si c’est dégueulasse je n’aurai qu’à le passer à Dwayne. Il a l’air d’aimer ça.
Il reprend la parole après le départ du serveur et là, j’apprends qu’il a vécu une situation similaire. Enfin je crois. Lui ça n’a pas l’air de beaucoup le déranger d’être utilisé pour oublier quelqu’un. Être un bon confident, hein ? Je ne me suis jamais réellement confiée à qui que ce soit mais après tout, je peux essayer. Cependant pas dans un restaurant. Inutile que tout un monde soit au courant de mon vécu même si malheureusement, beaucoup savent déjà qui je suis à cause des soirées où ma génitrice m’ emmenée. Même si j’ai changé de nom de famille depuis les vacances d’été, la plupart des gens qui suivent les actualités connaissent ma tronche et savent qui j’ai l’air d’être. Je ne veux pas qu’ils sachent qui je suis réellement au fond de moi.
- J’te crois. Mais j’le ferai pas dans un resto. Et j’y mets une condition. Si j’me confie à toi alors je veux qu’en échange toi aussi tu le fasses.
Même s’il a apparemment l’habitude d’être utilisé pour oublier et consoler les gens, je ne veux pas lui faire subir ça encore une fois. Je ne veux pas l’utiliser. Surtout en sachant que lui, il n’a personne qui est là pour lui quand il en a besoin. Si je dois l’utiliser pour retrouver un esprit plus tranquille alors lui doit pouvoir en faire de même avec moi.
Le serveur revient avec nos commandes puis repart faire son job. Je prends mon verre d’alcool et le lève un peu à mon nez. Ca pue. Je ne sais pas si j’ai vraiment bien fait de prendre du whisky au final... Allez Nia ! L’odeur est traître ! Ce n’est pas parce que ça pue que c’est mauvais ! Je goûte alors la boisson mais tire la grimace. C’est...mauvais. N’étant pas du genre à gaspiller – et contrairement à ce que je pensais faire au départ – j’ai bu le reste cul sec.
- C'est dégueu... Comment tu fais pour boire ce truc ?
Je prends rapidement la carte des boissons et la lis attentivement pour trouver quelque chose d’autre à boire. Pas une limonade toute moisie. Un autre alcool à tester mais qui pourrait être meilleur. Bon alors....un nom qui sonne mieux que le whisky. Si ça sonne mieux, ça a forcément meilleur goût. Non ? Je ne sais pas quoi choisir. Je sais. Demandons à l’expert. Je me lève et vient m’asseoir quelques minutes sur les jambes de Dwayne avec un petit sourire sur les lèvres, puis lui montre la carte des boissons.
- C’est quoi qui est meilleur que le whisky selon toi ?
Et juste pour le provoquer et répondre à son défi, j’en profite pour passer la main sur son torse, sur la zone qu’il a découvert. Une fois que j’ai sa réponse, je dépose un simple baiser sur son cou pour le provoquer un peu plus puis je retourne m’asseoir à ma place innocemment.
J'étais curieux de voir si Nia allait relever le défi ou si elle allait se dégonfler. On avait quand même parlé de quelques petites choses auparavant pour détendre l'atmosphère, et j'étais curieux d'en découvrir davantage sur elle. J'avais terminé mon repas et je n'étais pas partant pour un dessert, mais plutôt un bon verre. Je ne m'attendais cependant pas à ce qu'elle accepte le défi aussi rapidement. Alors ainsi, mademoiselle est joueuse, ça me plaisait grandement. Quelque part, c'était un moyen de faire plus ample connaissance. Ce qui me surprit aussi, c'est le fait qu'elle choisit aussi de prendre un whisky. Je ne savais pas qu'elle buvait, à moins que justement, elle voulait tester de nouvelles choses. Si c'est le cas, elle n'aurait clairement pas dû commencer avec un whisky, qui n'est pas une boisson d'amateur. J'hausse alors un sourcil, tout en gardant mon sourire.
-T'es sûre de vouloir tester le whisky? En tout cas, si tu veux relever mon défi, je t'en prie. Je ne crois que ce que je vois.
J'avais ensuite abordé le sujet des confidences et j'avais bien envie de voir quels secrets la petite Nia pouvait avoir en elle. De ce qu'elle m'a dit, elle voulait se confier, mais à une condition : Que je fasse de même. Oh, je pourrais lui dire tout ce qu'elle souhaite entendre en dehors du restaurant, certaines choses doivent rester intimes. En tout cas, je respectais sa condition, et c'est d'un hochement de tête et un sourire que je lui réponds.
-Tu as ma parole. Je ne vais pas tout te dire tout de suite, mais disons que ça sera du donnant-donnant. Je ferais une confidence et tu en feras une.
Peu de temps après ça, le serveur arriva avec deux verres de whisky. Etrangement, j'avais des doutes concernant le fait que Nia allait apprécier la boisson. Il faut savoir le boire et le savourer et ce n'est pas à la portée du premier venu, surtout pas pour son premier verre. Portant le verre près de mon nez, j'humais l'arôme avant de porter le verre à mes lèvres. C'était toujours aussi bon, en plus celui-ci ne faisait que chauffer l'estomac, sans pour autant me brûler la langue. Ce qui m'inquiéta le plus, c'est de voir Nia le boire cul sec, prouvant qu'elle ne savait pas ce qu'elle avait commandé et qu'elle voulait juste m'imiter. D'ici 15 minutes, elle va vite comprendre son erreur. Bu à cette vitesse, il me faut que 3 verres pour être ivre, alors pour une personne de sa carrure, sachant qu'une femme absorbe moins bien l'alcool qu'un homme, ça risque d'être assez compliqué. Mieux vaut éviter qu'elle prenne davantage d'alcool pour le moment. Forcément, elle trouvait la boisson infecte, elle ne l'avait pas apprécié à sa juste valeur. Je gardais néanmoins le sourire, lui répondant avec un léger rire.
-En ne le buvant pas d'une traite pour commencer. Même moi, j'aurais pas osé le faire. Je t'apprendrais à boire un bon whisky un jour, pour l'instant, tu devrais attendre un peu.
Soudainement, je vois la jeune femme se lever pour s'installer sur mes jambes, conformément au défi que j'avais lancé. L'étudiante me lance un sourire, me demandant qu'est ce qui pouvait être meilleur que le whisky. Je gardais le sourire, regardant la carte en effleurant son bras avec ma main et rapprochant mon visage pour que nos joues se touchent presque. Sur un ton charmeur, je lui répondis avec le sourire.
-Avoir une belle femme sur ses jambes. Mais si tu penses à une boisson... Tentes une pina colada. C'est sucré et avec de l'ananas et de la noix de coco. Tu devrais aimer.
Suite à ma réponse, je reçus un baiser dans le cou et une caresse sur mon torse qui me fit sourire. Je la vois retourner à sa place, alors que je finis mon verre. J'appelle alors le serveur, pour reprendre une autre boisson. Cette fois, c'est moi qui l'imite, prenant la même boisson qu'elle. Toujours avec ce ton charmeur, je la taquine un peu.
-T'as apprécié ce que tu as touché? Tu sais ce qu'on dit, oeil pour oeil, dent pour dent, alors si tu veux jouer à ce jeu, moi aussi je peux tâter le terrain. Mais je ne te dirais pas quand, ça sera ... comme un petit jeu. Sache juste que je le ferais. Bien sûr, tu seras libre de me rendre la pareille, et ça sera un cercle sans fin.
Enfin si, il y aura une fin, et ça sera en tête à tête qui risque de finir en tête à queue, mais ne nous emballons pas trop vite. Pour le moment, profitons de la soirée et de l'ambiance qui commençait à être ... goddamn hot.
Plus jamais je commande un whisky. À petites gorgées, c’est dégueulasse. Cul sec, c’est immonde. En plus à la base je pensais refiler le verre à Dwayne si le goût ne me plaisait pas et au final, je l’ai vidé d’une seule traite dès que j’ai senti que ça me dégoûtait. Pour le coup j’ai été obligée de lui demander comment il arrivait à aimer cette boisson immonde. Je ne comprends pas comment il peut apprécier ce goût. Faut pas le boire d’une traite ? Ah ben oui, clairement j’ai remarqué ça. Cul sec c’était vraiment plus dégueulasse !
- J’ai goûté une gorgée avant mais c’était pas bon…
Je zieute quelques minutes la carte des boissons mais je finis rapidement par me déplacer et remplir mon défi en m’installant sur Dwayne. Je vais un peu dans la provocation en passant ma main sur la partie dénudée de son torse dès que j’ai eu ma réponse. Une femme sur ses jambes lui plaît plus qu’une boisson, c’est bon à savoir. Dans mon cas, il me conseille plutôt une pina colada. Pas la moindre idée de ce que c’est mais ça se tente. J’aime bien le nom donc ça doit être bon à boire. Ma petite provocation est poussée même un peu plus loin que le défi lorsque je dépose un baiser dans le cou du professeur. Je retourne ensuite à ma place et commande donc cette pina colada.
- Très apprécié oui. Mais si tu veux te venger de ma provoque, fais-le donc et j’en ferai de même. Comme tu l’as dit, on entrera dans un cercle sans fin.
Ca fait du bien d’oublier le reste. Je ne sais pas si c’est l’effet de l’alcool ou autre chose mais j’ai l’impression de commencer enfin à me lâcher un peu. Il était temps. Lorsque le serveur apporte nos boissons, je prends mon verre et le porte à mon nez pour sentir le truc. Ca sent pas mauvais en tout cas. Comme tout à l’heure, je commence par une gorgée pour goûter. Cependant cette fois je ne finis pas le verre cul sec. Apparemment il y a des boissons qu’il ne faut pas boire d’une traite. J’ai retenu la leçon à mes dépends.
- T’as un peu de temps après ou tu dois retrouver ton mari ?
Enfin...si tant est que le dit mari est présent à leur logement quand Dwayne s’y rendra. Néanmoins s’il n’a pas besoin de retrouver son mari tout de suite, je ne serais pas contre le fait de passer encore du temps avec lui en sortant du restaurant. Je ne suis pas encore prête à être à nouveau seule. Pas aussi rapidement. Je veux encore profiter de la compagnie offerte par Dwayne. C'est la seule faveur que je demande aujourd’hui. Pouvoir profiter encore un peu d’avoir quelqu’un avec moi. D’avoir l’impression d’être un epu comprise.
Le whisky, ce n'était pas pour elle, mais je ne pouvais pas la blâmer pour ça, c'était une boisson de connaisseurs, et ça prenait du temps avant de l'apprécier à sa juste valeur, sauf le scotch bas de gamme qu'on mélange avec du coca, c'est le whisky des ados. Je mentirais si je disais que les attentions qu'elle a porté sur mon torse et mon cou ne m'ont pas fait plaisir. Gardant mon sourire, je regardais Nia regagner sa place et, y repensant, j'aurais dû palper son postérieur, mais elle est partie trop vite. Tant pis, j'aurais sans doute d'autres occasions de le faire, la soirée étant loin d'être finie, surtout qu'elle avait apprécié ce qu'elle avait touché, donc elle était plutôt enclin à réitérer l'expérience et moi de même. Nia m'avait même invité à me venger et ses paroles ne sont pas arrivées dans l'oreille d'un sourd. Je la sentais aussi se lâcher un peu, ce qui me fit lâcher un rictus. Je lui fis alors un clin d'oeil.
-Ne me dit pas ça, tu sais qu'on a encore toute la soirée pour ça.
Le serveur nous apporta ensuite nos boissons, deux pina colada, un alcool plus doux et plus sucré, et je le goûtais devant la jeune femme, avec le sourire. Ça changeait, c'était clairement moins fort que le whisky, et le goût sucré rendait la boisson bien plus facile à boire. Sa requête me fit de nouveau sourire et après avoir pris une gorgée, je la regarde et pose mon verre sur la table.
-Il n'est pas là. Il n'est jamais là. Et honnêtement, j'ai pas trop envie de le voir, car c'est toujours signe de déception quand on se voit. Il ne se passe rien, c'est juste du vide et il repart. Autant te dire que tu es la bienvenue chez moi si tu veux passer et ... si tu n'as pas peur du grand méchant loup.
Je lui fis un clin d'oeil enjoué. C'est vrai qu'avec sa chevelure de feu, on pourrait croire au petit chaperon rouge qui n'est pas aussi innocent qu'on puisse le croire. Je bus alors une autre gorgée de ma boisson, alors que le serveur revient nous voir avec la note. Je la pris pour moi et je fixais de nouveau la demoiselle. Il y a des moments où me paroles avaient comme seul but de séduire, mais là, il y avait aussi une part de sincérité dans ce que j'allais dire.
-Je vais régler l'addition. C'est ma manière de te dire merci pour m'avoir remonté le moral. J'étais un peu morose ce soir, mais depuis qu'on s'est croisé, ça va mieux. C'est agréable de parler avec toi.
Je me lève alors après avoir payé la note et j'arrive vers Nia, posant mes lèvres sur la commissure et effleurant son fessier avec l'une de mes mains. Je me recule ensuite, avec le sourire.
-T'as encore le goût de whisky un peu. Et un peu de coco aussi, je me demande si ça rendrait tes lèvres encore plus appréciables à embrasser.
Je la taquine encore un peu, alors que ma main remontait sur sa hanche, gardant un sourire charmeur et une certaine proximité entre nos deux visages. J'étais impatient de voir ce qu'elle avait envie de faire ensuite, si elle voulait aller plus loin dans la provocation, ou si j'en faisais trop pour elle.
The Wiesel Den 
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