"Love is pretty", they said. Well, they lied [Solo]

"Love is pretty", they said. Well, they lied

- Jesse MacPherson & Rachel Rowley -

15 juin 2018

yeux vers lui entre deux coups de fourchette et il commençait vraiment à se sentir oppressé par la situation. Avec une inspiration teintée d'angoisse, il finit par réussir à élever la voix.

- Rachel ? Ça va ?

Elle sursauta presque, ce qui ne fit que le persuader davantage que quelque chose n'allait pas. Une once de doute sembla passer dans le regard de sa petite amie avant qu'elle ne secoue la tête et ne réponde en bégayant.

- Ça... Ça va...
- À d'autres.

Elle comptait vraiment lui faire croire qu'elle était dans son état normal ? Elle avait l'air tellement nerveuse et distraite, c'était bien visible qu'elle n'était pas comme d'habitude. Pourquoi elle ne lui disait pas ce qui n'allait pas ? Un peu inquiet, il posa sa main sur la sienne et la vit tressaillir.

- J... Jesse, je...

Encore une fois, elle s'interrompit, et encore une fois, le cœur du garçon se serra. Il n'aimait pas la façon dont les choses tournaient et tout en lui lui criait que ça n'allait pas bien se finir. La peur était une émotion qu'il évitait à tout prix, et la ressentir autant ne faisait que l'accentuer. Sa voix mourut dans sa gorge avant de pouvoir s'exprimer.

- Je crois que... ça ne marchera pas, entre nous...

Quelque chose s'écroula, quelque part dans son esprit. Comme un coup de marteau projeté dans ses certitudes, les mots brisèrent bien trop rapidement ses barrières mentales fragiles, et il ne dut qu'à ses dents serrées de ne pas s'effondrer à cette simple phrase.

- ... Quoi..?

Il avait mal entendu, hein ? Rêvé, peut-être. À force de s'angoisser, il l'avait imaginé, pas vrai ? Ça ne pouvait qu'être ça. Pourtant, quand elle releva la tête, il croisa son regard chargé d'une détermination qui lui fit froid dans le dos. Elle avait mal, elle aussi, il pouvait le voir dans le fond de ses prunelles ; mais il ne réussit à se concentrer que sur cet air sûr d'elle. Sûre des mots qu'elle prononçait. Et quelque chose commença à trembler au sein même de son cœur.

- Je... Ce n'est pas que tu n'es pas quelqu'un de bien... Tu es génial mais...
- Mais ?
- Je ne me sens plus... comme avant, quand tu es là, quand tu me touches ou quand tu m'embrasses. Je... Je n'y arrive pas... Je n'y arrive plus

Seul le silence lui répondit. Chacun de ses mots agissait comme un clou venant profiter de l'ouverture des premier pour se ficher dans ses émotions et déchirer une part bien trop importante de son esprit. Ses sentiments jusque là positifs venaient alimenter les rouages presque rouillés de la machine qui l'avait protégé de l'effondrement jusque là. Son regard se fit vide et ses poings se desserrèrent, permettant aux larmes de se frayer un chemin à travers les fissures. Il perçut plus qu'il ne vit Rachel frémir.

- Je suis désolée... Je n'ai plus de sentiments...

Sa voix tremblait mais il l'entendait à peine, étouffée dans les battements qui résonnaient à ses tempes comme s'ils cherchaient à lui faire exploser le crâne. Dernière trace de résistance, il réprima un sanglot et ravala l'air qui cherchait à lui échapper, cessant de respirer sans même s'en apercevoir malgré les suppliques de son corps qui cherchait à s'exprimer, à hurler autrement qu'avec l'eau qui roulait sur ses joues.

- Jesse..?

Le mur de verre de ses barrières mentales, effondré en quelques paroles, commençait déjà à se reconstruire. Structure de métal indestructible, plus solide que jamais, gravée dans la peur et l'angoisse, qui se refermait lentement mais sûrement sur une autre partie de son âme.

- Dis quelque chose...

Mais il n'avait plus de voix pour s'exprimer. Juste une gorge serrée par des sanglots qu'il retenait de toutes ses forces, qu'il réprimait en même temps que les inspirations désespérées que tout en lui réclamait. Pourquoi faire ? Même respirer lui ferait trop mal. Sinon pourquoi aurait-il eu autant l'impression d'étouffer depuis qu'elle avait commencé à parler ? Les poings serrés sur les genoux, Jesse baissa la tête, autorisa les larmes à couler sur ses cuisses et l'air à entrer petit à petit dans ses poumons sans en chasser la brûlure pour autant. C'était ça, qu'on leur vendait comme un sentiment positif ?

- Je... je crois qu'il vaut mieux que je te laisse seul. Si tu veux qu'on... qu'on parle ou... qu'on reste amis...
- Non.

C'était le seul mot qui avait réussi à passer la ligne de ses lèvres et il l'entendit tressaillir à nouveau, frappée de plein fouet par la sécheresse brisée de sa voix. Elle avait mal aussi, il le savait. Mais et alors ? Elle ne changerait pas d'avis pour autant. Il l'entendit se lever, emporter son plateau, et son cerveau continua de construire sa barricade autour de son cœur. Un premier hoquet lui échappa et il se recroquevilla sur sa chaise, essuyant ses larmes avec son poignet sans réussir à les faire disparaître. L'amour est un beau sentiment, disaient-ils. Une mince ligne de lumière séparait encore le mur de fer qui encerclait son esprit. Jesse étouffa ses pleurs en se levant, les mains appuyées sur la table, dans un mouvement robotique parfaitement en accord avec son regard vide. Abandonnant son plateau sans la moindre considération pour le personnel de l'école, il s'éloigna, tête baissée et cœur serré. L'amour est un beau sentiment, disaient-ils.
Eh bien, ils ont menti.
Plus jamais.
Les bordures de sa barrière mentale se refermèrent avec un claquement aussi brutal que définitif.

Jesse parle en #993399 (anglais) et en #663399 (coréen)