Dionysos, ce plagieur [ft Cordy]

C'est une autre soirée à The Oasis qui se déroule. Entre l'odeur du vin et les clients qui affluaient, je m'y plaisais. L'ambiance était plutôt décontractée, mais pourtant, chaque personne avait son histoire, tout comme le vin. D'un simple coup d'oeil, on pouvait voir si la personne avait passé une bonne journée ou non, si elle est venue ici juste pour manger ou pour y passer la nuit. Par exemple, ceux qui ont généralement un vêtement chaud en entrant ici sont ceux qui n'ont pas encore réservé de chambre ou alors n'y compte pas dormir. C'est l'une des qualités requises pour ce poste, d'être observateur, car une meilleure approche permet de servir aux autres le meilleur vin pour nos clients. Habillé d'un haut noir et d'une chemise blanche avec un petit noeud papillon, ma cicatrice sur le visage faisait contraste avec l'élégance que je me devais d'avoir pour ce poste, mais j'étais aussi une personne facilement reconnaissable à cause de celle-ci. Certains pouvaient se rappeler comme quoi j'étais un ancien élève de l'IRS et que par conséquent, je n'étais pas forcément la personne la plus digne de confiance. Et ils auront raison! Après tout, je sais me comporter dignement, mais si l'on me pousse dans mes retranchements, cela risque de mal finir.

Commençant alors mon service vers 19h, c'est au bout d'une heure que le restaurant battait son plein, avec une grande affluence de clients. M'attelant à la tâche, je commençais alors à recommander certains vins et à servir les clients, de table en table, jusqu'à ce que j'aperçus au loin, une femme aux cheveux blonds. J'ignorais si elle était accompagnée ou non, mais elle ne semblait pas avoir demandé ce qu'elle voulait boire. M'approchant alors de sa table, je me rendis compte que son visage ne m'était pas inconnu, mais je n'arrivais pas à mettre le nom dessus. Elle semblait avoir le même âge que moi, ce qui renforçait mes suspicions. Arrivé à sa table, je lui parlais avec le sourire, tout en étant fidèle à moi-même, un gentleman.

-Bien le bonsoir, mademoiselle. Souhaiteriez-vous déguster l'un de nos vins? Loin de moi l'idée de paraître indiscret, mais vous me faites penser à une connaissance du collège et du lycée, est-ce que, par tout hasard... vous me reconnaîtriez?

Je n'allais pas non plus lui parler comme je parlerais avec quelqu'un de la rue, avec un check et des expressions plus familières. Dans cet hôtel/restaurant, j'étais un salarié, je dois donc me comporter comme tel. Si c'est quelqu'un que je connais, alors je pourrais être plus familier avec elle, et qui sait, remémorer des souvenirs derrière un bon verre.  

Codage par Libella sur Graphiorum

Je m'adressais donc à la jeune blonde avec un certain professionnalisme, et quand elle me regarda, je sentis aussi ce doute planer autour de ma personne. S'interrogeait-elle aussi sur mon identité? Elle prit alors la parole et cela confirmait mes soupçons. Elle me connaissait réellement, il faut dire que ma cicatrice aidait quand même pas mal pour trouver mon identité, mais tout de même, elle avait bonne mémoire. En revanche, son prénom ne me revenait plus, j'avais beau réfléchir, ça restait flou. Moi et ma mémoire sélective... Ah ça, pour retenir un gars louche qui jouait à faire tourner une cerise rapidement avec sa langue, ça y va, mais pour retenir le prénom d'une ancienne camarade de classe, il n'y a plus personne! Lorsqu'elle se présenta, tout est devenu plus clair à mes yeux. Comment ai-je fais pour ne pas la reconnaître tout de suite!

-Ohhhhhh, Cordélia! On te surnommait Cordy des fois, je me souviens! Ça date!

Etant donné que je la connaissais, je pouvais désormais être plus familier avec elle, même si je ne devais pas oublier le travail derrière. Quand elle me demanda de la surprendre au niveau du vin rouge, je réfléchis quelques instants avant de savoir quoi lui servir. Pour manger un repas, rien de mieux qu'un vin rouge sec, un vin moelleux serait davantage propice à une ambiance festive. Lui souriant, je lui répondis quant à mon choix.

-Je t'apporte ça tout de suite, je pense avoir le vin qu'il te faut.

Je partis donc vers la sommellerie où je revins rapidement avec une bouteille de rouge : Du Barolo. Ce vin italien est plutôt prestigieux mais il avait une autre particularité qui avait finalement toute son importance quant à ce choix, à savoir que ce vin devient bien meilleur en vieillissant, ce qui était sans doute le cas de Cordélia, mais aussi du mien, montrant qu'en sortant de l'IRS, on prouve aux autres qu'on devient meilleurs. J'avais de bons souvenirs d'elle, mais elle devait peut-être se souvenir de moi comme une personne étant souvent dans les mauvais coups, malgré mon caractère presque chevaleresque. Dès l'adolescence, j'étais dans mon jeu de gentleman, mais le naturel pouvait vite revenir au galop. Servant un verre à mon ancienne camarade, je lui décrivis un peu le vin.

-C'est du Barolo, un vin rouge italien qui devient encore meilleur en vieillissant. Il a une couleur rubis et a un goût très agréable. En tout cas, c'est cadeau de la maison, pour nos retrouvailles. Je reviens vite fait.

Je lui laissais le temps de goûter, m'occupant alors de quelques clients qui venaient d'arriver afin de leur conseiller des vins à leur tour. Au bout de quelques instants, je revins vers elle, lui demandant son avis. Je n'ai pas eu le temps de voir si un serveur s'était occupé de prendre sa commande, mais je n'avais pas été très long.

-Du coup, je suis curieux de savoir ce que tu as fait depuis qu'on s'est perdu de vue! C'est pas tout les jours que je recroise une ancienne camarade de l'IRS.

J'avais beaucoup de choses à lui raconter aussi, mais je préférais la laisser parler pour ne pas non plus la noyer sous un torrent de questions dès son arrivée, sinon, elle risquerait de partir du restaurant au bout de 5 minutes, la pauvre. En même temps, ça doit faire ... 8 ans qu'on s'est plus parlé? Entre l'université et le travail, il est facile de perdre contact!

Codage par Libella sur Graphiorum

Je lui avais servi un bon vin italien, il n'était pas au goût de tous, mais j'avais un pressentiment qu'il conviendrait parfaitement à Cordy, et je ne m'étais pas trompé, pour mon plus grand plaisir. En général, les clients ici sont plutôt courtois et aimables, mais des fois, il arrive que la situation dérape. Le dernier rustre que j'ai croisé dans un restaurant m'a jeté son verre de vin sur moi, autant dire qu'il n'a pas apprécié la suite des événements. Cependant, je devais me contrôler, pour ne pas causer du tort à mon lieu de travail. Apparemment, le vin passait tout seul, ce qui me fit sourire, ça me rassurait. J'étais curieux de savoir ce qu'elle avait fait depuis tout ce temps, ce qu'elle est devenue.  Je l'écoutais alors, sans l'interrompre.

-Oh bah je n'ai pas fait grand-chose de spécial, tu sais. Après le lycée j'ai continué mes études dans une autre ville et j'ai rencontré un type au passage durant ma formation mais notre relation n'a pas duré très longtemps. Puis je suis finalement revenue pour enseigner à Indarë parce qu'il n'y a que là que je suis vraiment à l'aise. J'ai aussi retrouvé un ami avec qui je m'entends super bien alors je suis contente.  

Elle ne s'est pas ennuyée durant ses études, et ça ne m'étonnait guère, elle a toujours été du genre à croquer la vie (et les hommes) à pleine dents, mais c'était une bonne vivante. Il faut dire que j'étais du genre turbulent, mais avec un certain code de l'honneur, alors me voir ainsi, ça devait lui faire drôle. En l'entendant parler, je me rends compte que ma vie était devenue bien plus monotone par rapport à avant, mais surtout, bien plus stable. Ça fait du bien de savoir où on va dormir le soir, et ne plus se demander si je mangerais à ma faim pour les prochains jours. Vint ensuite la question fatidique.

-Et toi ? Que me racontes-tu de beau depuis tout ce temps ? De ce que je vois, tu t'en es bien sorti. L'ado turbulent s'est bien assagi.

Un sourire en coin s'afficha sur mon visage. Certes, je m'étais assagi, mais j'étais encore le même, juste dans une situation différente. Posant le vin sur la table, je pris le temps de discuter avec elle, tant qu'aucun autre client était venu, répondant à sa question.

-Pas grand chose, j'ai continué mes études en sommellerie à l'université, puis à force de persévérer, j'ai pu être embauché ici. Je n'ai pas vraiment gardé le contact avec beaucoup de gens, les gens que j'ai vu à l'université se sont ensuite éparpillés dans Londres ou dans le reste du monde. J'ai même pu avoir une maison dans l'ouest de Londres. Et l'ado turbulent s'est certes assagi, mais toujours indomptable. En tout cas, c'est bien que tu sois revenue à Indarë, tu enseignes quelle matière? Faudrait que je repasse là-bas, si un jour, il y a un événement pour anciens élèves.

Ah, un nouveau client venait d'arriver, je devais m'occuper de lui afin de prendre sa commande et de l'aider dans son choix de boisson. Faisant signe à Cordélia, je repartis après l'avoir écouté.

-Bon, je reviens, le travail m'appelle, mais dès que j'ai un instant, je reviens vers toi. Si un serveur n'a toujours pas pris ta commande d'ici là, je la prendrais.

Je filais donc m'occuper du nouvel arrivant, qui semblait être un résident de l'hôtel. Quelqu'un qui manquait cruellement de finesse et qui semblait déjà avoir bu avant de venir manger ici, mais bon, il se pensait tout permis car il avait payé sa chambre. Venant à sa table, je lui demandais ce qu'il souhaitait consommer. Il me répondit alors avec son langage très fleuri.

-Apportes moi ton meilleur pinard mon salaud, j'ai soif. Et que ça saute.

Je soupirais légèrement, n'affichant rien sur mon visage. Typiquement le genre de clients que j'avais envie de baffer. Je suis sûr qu'il ne savait même pas faire la différence entre du vin raffiné et du vin de table. Il m'énervait déjà, mais le client était roi, je devais donc gaspiller mon meilleur vin pour lui. Le lui apportant, je m'apprêtais à lui servir un verre quand il saisit la bouteille.

-Vas-y, laisses la bouteille, et amène la petite sœur, je vais sûrement attirer une jolie poulette avec le loto que j'ai gagné la semaine dernière.

La jolie poulette? Mon ancienne camarade de classe plus loin. Tant d'incivilité, ça m'énervait. Serrant le poing, je tenais fermement la bouteille avec une poigne de fer.

-Alors non, pour l'instant, c'est juste un verre monsieur, et vu votre état, je vous conseillerai de ne pas aller plus loin. Et en ce qui concerne la jolie "poulette", il faudrait qu'elle n'ait plus d'odorat pour que vous ayez une chance.

Je retirais la bouteille de ses mains, ne pouvant pas tolérer un tel gâchis. Entre l'incompréhension et la colère, le client commençait à brailler dans son coin qu'il avait grand soif. Il était sans doute remonté que je lui mette les pendules à l'heure, mais c'était le maximum que je puisse faire ici, sans utiliser la manière forte. Les autres clients ont pu assister à ce triste spectacle, dont Cordy qui était non loin d'ici. Retournant la voir, je m'excusais alors pour ce qu'elle avait vu et entendu ici.

-Navré que tu ais assisté à une telle scène. Encore un qui se croit tout permis parce qu'il a de l'argent. Je te rassure, ça n'arrive pas souvent.

Il ne faudrait quand même pas qu'elle ait une mauvaise image de l'hôtel, ça ne serait pas bon pour les affaires, ni même sur l'image que je pouvais dégager. Déjà qu'il avait souillé un vin d'exception, je ne pouvais pas le laisser souiller cet établissement.  

Codage par Libella sur Graphiorum

Je continuais à discuter avec Cordelia de tout et de n'importe quoi, de nos vies, de la pluie et du beau temps. Elle m'avait parlé de son métier, à savoir prof d'italien. Quand on y repense, ça me paraissait cohérent, étant donné qu'elle avait des origines italiennes, après tout, je n'avais pas pris ce vin par hasard. Pour ma part, mes origines portugaises ne m'ont pas tant freinés que ça, après tout, le Portugal est en Europe, tout va bien. Ce qui m'a le plus posé souci, c'est mon passé de vagabond, et en tant qu'ancien Forge. Evidemment, les clichés qui allaient avec ont eu un effet discriminatoire sur mes études supérieures, mais à force de travail et de discipline, j'ai su me faire une place dans la société que je ne souhaite en aucun cas quitter.

Si, durant mon adolescence, je me battais dès que l'occasion se présentait pour me faire respecter, malgré mon code de conduite, aujourd'hui, j'aurais tendance à lui remettre les idées en place par les mots, et si les choses dégénèrent, par la manière forte. En tout cas, je serais ravi de recroiser Cordy  à l'Institution si jamais, on nous en donnait la chance.

Pendant que je m'occupais du client, elle a pu assister à toute la scène, mettant en avant ma répartie face à ce genre d'énergumène. Je n'aimais pas être le centre d'un spectacle ou d'une attraction, mais quand il fallait redresser des rustres de ce genre, je n'avais pas le choix. Certains riaient, d'autres applaudissaient, il fallait que je reste humble et respectueux, même quand le client ne semble plus avoir toute sa tête. Du coin de l'oeil, je vis qu'un autre serveur avait pris la commande de mon amie, même si je ne savais pas ce qu'elle avait pris. Revenant vers elle, et après avoir présenté mes excuses, elle me répondit, amusée.

-T'en fais pas pour ça, sa connerie m'a plus amusée que dérangée. Ce n'est sans doute pas le cas pour tous les clients présents mais me concernant, t'as pas de souci à te faire à ce niveau-là. De toute façon ce con se trouvera sûrement une idiote qui sera prête à ignorer son état d'ivresse juste pour avoir du fric ou se faire payer des trucs de valeur.  

Elle avait malheureusement pas tort, certains et certaines seraient prêts à vendre leur dignité pour un peu d'argent, et ça, je ne le savais que trop bien. Parfois, ce sont les personnes les plus honnêtes qui font ce genre de sacrifices, pour la bonne cause. Hochant la tête, je restais pensif quant à ses dernières paroles.

-Ouais... des idiotes ou des personnes en manque d'argent... En tout cas, tant que cela ne t'a pas dérangé, c'est ce qui compte, c'est juste que ça donne une mauvaise image des lieux, mais ça va vite s'arranger. Il faut toujours être irréprochable ici, et malgré mon passé, ils m'ont accepté ici, ça montre une certaine évolution de mon self-control.

Elle connaissait un peu mon passif de vol en bande organisée, mais elle avait bien vu que je m'étais assagi au fur et à mesure des années. Je voulais continuer la conversation avec elle, tant qu'aucun autre client ne semblait arriver.

-Et du coup, tu as décidé de loger au sein de l'Institution, ou tu t'es pris un logement en ville? Après tout, il y a de quoi être nostalgique de l'époque. Pour ma part, je me suis pris une maison à Kensington, à l'ouest de Londres. Bon, elle est pas encore payée, mais je suis content d'avoir un chez moi désormais.

C'est vrai que ça faisait du bien de ne plus vivre dans le froid et la fin, ni de revoir ce tragique spectacle de ma mère que j'étais plus jeune. Maintenant, je fais ce qu'il me plaît, et je compte bien continuer.

Codage par Libella sur Graphiorum

Au moins, elle n'allait pas tenir compte de l'incident qui s'était produit avec le mec bourré auparavant, c'était déjà ça, et il semblerait qu'il s'est calmé un petit peu, pour le moment. Pendant mon altercation avec lui, un autre serveur a eu le temps de prendre la commande de Cordy, ce qui avait pour conséquence de m'alléger la tâche de ce soir. Cordélia relativisait quand au grabuge de ce soir, ce qui était une bonne chose, après tout, l'incident a rapidement été maîtrisé selon ses dires, donc tout va bien!

Elle avoua ensuite son manque d'ambition comparé à moi, préférant loger en résidence castel, avec les membres du personnel de l'établissement. En soit, ce n'était pas si mal que ça, de loger là-bas, avec la proximité du travail, on était sûr d'arriver à l'heure. Pour ma part, j'avais surtout envie de voir grand et d'avoir mon propre logement, une vraie maison, après avoir dépendu des autres. Maintenant que je suis devenu indépendant, je pouvais enfin sentir la liberté, la vraie et être sûr quand au lieu où je pouvais dormir le soir. Elle me posa alors une dernière question, plutôt privée.

-Et sinon t'es toujours un coeur à prendre ou cette fois t'es enfin en couple ?

Je m'éclaircissais la gorge avant de répondre. Être en couple avec quelqu'un? Pourquoi pas, mais je n'ai pas su trouver une personne voulant rester avec moi très longtemps. Je suis un gentleman, que ça soit pendant les relations d'un soir ou plus sérieuses, j'étais toujours respectueux de la personne. Lui répondant, je gardais néanmoins mon sourire.

-Toujours un cœur à prendre. Mais je ne cherche pas forcément de relations amoureuses. Ça viendra quand ça viendra, en attendant, je profite des petits plaisirs de la vie, tant que je reste dans mes principes.

Connaissant Cordélia, ce genre de question est plutôt spontané de sa part, mais sans aucune arrière pensée. Vu qu'on abordait le sujet, et que j'avais un peu de temps libre avant de m'occuper de quelqu'un d'autre, je continuais la conversation.

-Et toi, est-ce que la prof d'italien a réussi à charmer quelqu'un au pensionnat? Avec le français, on dit que ce sont les langues les plus romantiques. T'as dû faire chavirer les coeurs de beaucoup de personnes, notamment du mec bourré derrière.

La dernière partie de ma phrase a été dit à voix basse afin d'éviter que les autres clients m'entendent, mais je rigolais légèrement. Il faut avouer qu'à l'IRS, Cordy avait la côte avec les garçons, mais, étrangement, je n'ai jamais tenté ma chance avec elle. Ceci dit, ce n'est pas parce que je suis un homme et elle une femme que je dois préciser chaque phrase comme étant en toute amitié.

Codage par Libella sur Graphiorum

Visiblement, ma question avait fait mouche, car elle n'avait pas vraiment changé à ce niveau là. Oui, Cordelia a du charme, c'est indéniable, surtout qu'elle disait que ce n'était pas dur de charmer des gens. Avec ces paroles, on pouvait voir le fossé entre nos personnalités, mais nous étions amis malgré tout. Pour moi, ce n'était pas aussi facile, ça se voit comme le nez sur la figure, ou plutôt, comme une cicatrice sur la figure. Ça peut rajouter un côté dur à cuire, mais ça n'ajoutait pas de point dans mon capital charme. En revanche, ses paroles en terme d'amour semblaient plus floues, et je sentais alors que son esprit était perturbé par quelque chose, ou plutôt quelqu'un.

-Mais en terme d'amour, je ne sais pas si j'ai réellement réussi à charmer quelqu'un. Par contre j'avoue que quelqu'un ne me laisse pas indifférente.

Je souriais légèrement, comprenant bien vite qu'elle était amoureuse, mais qu'elle se voilait la face derrière une incertitude. Finalement, elle était en train de réfléchir à se "caser" avec quelqu'un, ça fait toujours un choc quand on voit les gens avec qui on a passé notre enfance grandir et devenir plus mûrs. Je voyais le serveur arriver avec la commande de Cordelia, je lui parlais donc rapidement avant de m'occuper des nouveaux arrivants.

-Essayes d'en parler avec lui au pire, en face à face ou... autour d'un bon vin.

Je lui fis un clin d’œil, lui sous-entendant qu'elle pourrait l'inviter ici et qu'il l'aiderait sans doute à conclure. M'en allant, le serveur lui donna le plat qu'elle avait commandé, tout en lui souhaitant un bon appétit. Pour les autres clients, c'était la même routine, les accueillir, les positionner à une table avec le sourire, leur proposer la carte des vins, et leur faire goûter avant de confirmer leur choix. De temps en temps, je croisais le regard de mon amie qui se délectait de son plat, l'idée d'une Cordelia amoureuse me faisait sourire, mais j'étais content pour elle, elle se portait à merveille, comme quoi les IRS pouvaient s'inclure dans la société. Au bout d'une dizaine de minutes, je revins vers elle, maintenant qu'il n'y avait plus de nouveaux clients.

-Le repas t'as plu? En tout cas, si tu le souhaites, tu peux revenir ici avec ce fameux "quelqu'un", je m'occuperai de te réserver une table. Et puis, si ça se passe vraiment bien... je m'arrangerai pour qu'il y ait une chambre de disponible.

Je riais légèrement, lui faisant un clin d’œil pour la taquiner. J'ai toujours été un bon vivant, alors bon, une petite plaisanterie par-ci par là, ça ne faisait jamais de mal, et puis, je doute que ça se passe mal avec elle, sa compagnie est toujours appréciable.

Codage par Libella sur Graphiorum

Qu'il était drôle de voir Cordelia gênée par une histoire d'amour, ce n'était pas son genre habituellement, mais cela me faisait sourire. Il fallait y penser avant de me poser la question la première! Ainsi donc, celui qui bouleversait son cœur s'appelait Ian. Intéressant, peut-être aurais-je l'occasion de le rencontrer un jour! Rien qu'en l'écoutant parler, je pouvais me rendre compte qu'ils se ressemblaient comme deux gouttes d'eau. Avec Cordelia, il n'était pas rare que les gens qui flirtaient avec elle finissaient dans une chambre, et cet homme ne faisait pas exception. Je riais alors de bon cœur, lui faisant un petit clin d’œil.

-Ne t'en fais pas, le lit est très confortable. En revanche, vu que je ne l'ai jamais testé, je ne sais pas s'il ne tient les assauts de toute une nuit. Au pire, il y a assez de place dans la douche et l'isolation est plutôt bonne.

Bon, il fallait bien que je vende un peu la chambre! S'ils comptaient venir, il fallait que je garde un esprit de commercial. Quelque part, j'étais aussi curieux de rencontrer cet homme, juste par curiosité. Je continuais mon service, le temps qu'elle termine son plat, puis quand elle eut vraiment fini de manger, et lorsque j'avais du temps de libre, je revins la voir. C'est alors qu'elle me taquina à son tour, me tirant la langue. Bah tiens, elle voulait se venger! Ce n'était pas prêt d'arriver.

-Il ne fallait pas me poser cette question en premier lieu alors. Mais ne t'en fais pas, si jamais je trouve quelqu'un qui me plaît, tu seras au courant.

Pour l'instant, je n'avais personne en vue, et étant donné que je sortais peu souvent à cause du travail, cela n'était pas près d'arriver. En revanche, le jour où j'aurais vraiment le béguin pour quelqu'un, je sens qu'elle me tombera dessus dès qu'elle l'apprendra. Je sens même qu'elle serait capable de jouer les entremetteuses pour tout arranger, un peu comme moi en ce moment. Après cette petite parenthèse, il fallait que je continue mon service, j'étais sommelier mais aussi serveur de temps à autre. Pour l'instant, il n'y avait pas de nouveaux clients, par conséquent, je pouvais rester avec elle.

-Est-ce que je t'apporte la carte des desserts? On a de tout, sauf si tu n'as plus faim.

Cordelia, ne plus avoir faim? C'était impossible. Elle a toujours faim, de nourriture et d'autres choses, mais apparemment, ce cher Ian se chargeait de la rassasier sur le seconde plan. En selon de sa réponse, j'informerai les cuisines d'un éventuel dessert ou alors j'apporterai l'addition, sans compter le vin, bien entendu.

Codage par Libella sur Graphiorum

Visiblement, elle était partante pour revenir avec celui qui l'avait charmé. Parfait, j'avais hâte de le rencontrer, de toute manière, elle avait le temps de passer ici, ce n'est pas comme si l'hôtel allait fermer du jour au lendemain. Je continuais à la taquiner, et elle me répondit alors qu'elle n'avait pas réfléchi à sa question. En revanche, quand elle me parla de l'éventualité que je me trouve une petite-amie, elle commença à s'emporter, à me parler de mise en couple, de mariage et d'enfants. Gêné, je riais à nouveau.

- Doucement, doucement. Chaque chose en son temps. Pour l'instant, juste me trouver quelqu'un. Cela aussi vaut pour toi! Maman Cordy, ça sonne bien non?

Et nous voilà en train de rire à propos des enfants, ça changeait vraiment des conversations qu'on avait à l'IRS. Cela me faisait plaisir de la voir s'épanouir ainsi, et le fait de m'imaginer avec quelqu'un devait certainement travailler l'esprit de la jeune femme. Je ne suis pas un as de la séduction, et comme dit auparavant, je ne cherchais pas à être casé tout de suite. Ça viendra en temps voulu, pour l'instant, je continue ma vie!

J'avais tendu la carte des desserts à la jeune femme et bien entendu, ses goûts n'avaient pas changé. Glace à la fraise, comme je l'avais prédit. Je souriais à nouveau, reprenant la carte dès que son "choix" fut fait.

-Je t'apporte ça tout de suite. Le rush semble être passé.

Je partis alors vers les cuisines, demandant une glace à la fraise. Ni une ni deux, elle fut préparée et quelques minutes plus tard, je revins vers elle avec son met glacé. La glace, ça fait mouche à tout les coups, c'est très rare que nos clients n'aiment pas la glace, surtout à la fraise. Cordelia était comme une enfant face à son dessert, c'était toujours très amusant à voir.

-Oui, c'est vrai. Mais surtout de bonnes glaces pour les amis d'enfance. Même si ma spécialité reste les vins. Je te rassure, j'ai du mal à y résister aussi.

Si j'étais impoli, j'aurais sûrement mangé une partie de sa glace avant de la donner, mais je pense que j'aurais signé mon dernier jour si je l'avais fait. Je retournais à mon service, le temps qu'elle termine son dessert et lorsqu'elle avait fini, elle demanda l'addition, et je pris bien soin d'enlever le vin de celle-ci, cadeau de la maison, au pire, c'est moi qui paierait la boisson pour elle. Elle était visiblement très ravie du service, ce qui me rendait heureux. La revoir m'avait fait du bien, surtout que je ne m'y attendais pas.

-Avec plaisir! Reviens quand tu veux, surtout avec tu sais qui!

Je lui fis un clin d’œil, la voyant sortir du restaurant et s'y éloigner. De mon côté, je continuais mon service déjà bien entamé, fort content de cette retrouvaille inespérée.

Codage par Libella sur Graphiorum