[2019] Petite balade au parc

J'étais en plein dans un rêve dans lequel j'étais devenue photographe professionnelle quand je fus réveillée en sursaut pas les travaux effectués dans la rue près de ma chambre. Je m'étirai et regardai l'heure: 9h30. Je tentai de me rendormir mais les machines faisaient un tel concert que je n'y parvins pas. Je sortis donc du lit, pestant sur les ouvriers. Ils font leur travail, je sais bien mais quand même! C'est la fin de l'année et j'aurais voulu pouvoir faire une grasse mat' depuis le temps que ça ne m'était plus arrivé.

Je me rendis dans ma salle de bains pour prendre une bonne douche. Les beaux jours de l'été étaient arrivés accompagnés de la chaleur et quoi de mieux pour se rafraîchir qu'une bonne douche bien froide. En plus, elle allait me permettre de bien me réveiller car, vu le réveil, j'avais toujours la tête dans le cul. Après, j'enfilai mes affaires et réfléchis au planning de ma journée en avalant un bol de Kellogg's. Je regardai par la fenêtre et vis le soleil brillé, ce serait dommage de rester à l'intérieur par une si belle journée. En plus, ça fait longtemps que je n'ai plus pris de photo et je pense que c'est la journée idéale pour le faire. Je me souviens être passée près d'un parc il n'y a pas longtemps, si je me rappelle du chemin, je pourrais m'y rendre et prendre quelques clichés. Je rangeai ma vaisselle et prit ma sacoche qui contenait mon appareil. Je vérifiais l'état de la batterie puis sortit en direction du parc.

Je réfléchis au chemin que j'avais pris la dernière fois tout en prenant mon temps pour me balader un peu. Arrivée devant le parc, je vis l'inscription "Kensington" sur le devant et je me souvins que c'était bien par ici que j'étais passée la dernière fois. Je sortis mon appareil que je passai autour de mon cou et commençai à observer la nature. Je vis un petit oiseau sur le rebord d'une fontaine. J'eus juste le temps d'immortaliser ce moment avant qu'il ne prenne son envol pour se poser plus loin dans un arbre. Je continuai mon chemin tout en prenant ci et là des photos de ce que je voyais. Tout à coup, en prenant un cliché, j'aperçu une tête qui m'était familière au loin. Je zoomai un peu pour être sûre que je ne me trompais pas. C'était bien lui! Victor Delane, Totor pour les intimes. Je ne pense pas qu'il m'ait vu et j'en profitais pour faire mon paparazzi. Je me rapprochais de lui tout en essayant de rester discrète.

On était en Juin, peu de temps avant les examens de fin d'année. Le soleil revenait plus souvent dans le ciel anglais, signe que l'été approchait. En fait, c'était difficile de rester étudier quand le ciel bleu attirait votre regard et votre esprit. Donc, j'avais décidé de ne pas m'encombrer l'esprit de quelque chose qui refusait d'y entrer. De plus, li n'y avait point cours à l'école et mon père travaillait, préparant un repas pour le soir, un dîner ayant lieu dans l'enceinte de la Maison de France, auquel il avait été convié car certains voulaient rencontrer celui qui leur préparait de si bons plats. Hélas, dans sa grande générosité, mon père avait décidé que, s'il y allait, j'irais aussi. Je ne voyais pas ce que j'avais fait qui mérite une telle punition ! Enfin, puisque je n'avais pas le choix, et préparé une belle tenue pour ça, je décidais de sortir en ce matin.

Portant une chemise blanche à manches courtes, un pantalon fait de tissu léger et de couleur beige, ainsi que de chaussures de sports blanc et bleu, mes mains gantés de blanc, je franchis la rue pour aller dans le parc, aussi grand que le village près de la maison où j'ai vécu presque toute ma vie, qui se situait en face de la Maison de France. Il n'y avait pas grand monde et cet espace rural était rafraîchissant, même si ce n'était pas la canicule encore. Sparadrap sur la joue, je marchais donc sur les chemins, passant entre les arbres et finissant par m'arrêter, un peu à l'écart des chemins fréquentés. Ma casquette, blanche et avec un t-rex sur le devant, en fan de jurassic park. Seul, ici, je décidais de m'amuser d'une façon que je montre rarement, m'étirant un peu et chantant doucement quelques chansons que j'aime bien, dansant même légèrement pas comme si j'étais sur scène mais bien comme si j'étais seul. Je faisais quelques pas rapides, tournant légèrement sur moi-même par moment. Bref, je délirais un petit peu, consciemment, profitant que personne ne semblait me voir, même si une personne m'avait surprise en plein milieu, à mon insu.

Finalement, après un quart d'heure d'amusement, je finis par m'arrêter, fermant les yeux, le dos bien droit et les mains derrière la tête. Je commençais doucement une dernière chanson. Celle-ci était ma préférée, une de celles qu'appréciait mon paternel. Tout en laissant le vent emporter les paroles de cet air apprécié, je penchais doucement d'un côté puis de l'autre, comme si les vagues dansaient avec moi.

[la dernière chanson]

En prenant des clichés de Victor, je remarquai que mon ami dansait seul dans le parc. Il avait l’air de s’amuser et le voir de bonne humeur, comme à son habitude, me fit sourire. Sa joie de vivre est contagieuse et je pense que c’est aussi pour ça que je m’entends aussi bien avec. Totor a été le premier à venir vers moi quand je suis entrée à Indarë il y a maintenant 2 ans de ça et je me suis tout de suite sentie à l’aise avec lui.

Ne voulant pas le déranger dans son petit délire, je m’arrêtai avant d’arriver dans son champs de vision et je pris des photos des différentes scènes qui s’offraient à moi: un enfant qui descendait d’un toboggan les bras tendus vers le ciel et le sourire aux lèvres en voyant un homme, sans doute son père, l’attendre en bas; deux personnes âgées assises côte à côte qui semblaient observer les passants tout en donnant des mies de pains aux oiseaux s’aventurant dans le parc; un chien courant dans les herbes à la recherche d’un bâton que son maître venait de lui lancer;… Tous ces petits moments montrent comme le bonheur peut tenir à de simples choses.

Après une bonne quinzaine de minutes, je regardai dans la direction dans laquelle j’avais vu Victor auparavant. Il était toujours là mais il ne dansait plus. Il était debout, les yeux fermés et semblait fredonner une chanson. Je m’approchai de lui mais non sans faire de bruit afin de ne pas l’effrayer. J’entendis les paroles qu’il prononçait et reconnus directement la musique. Je m’avançai, arrivant à quelques centimètres de lui.

« Belle-Ile-en-Mer
Marie-Galante
Saint-Vincent
Loin Singapour
Seymour Ceylan
Vous c'est l'eau c'est l'eau
Qui vous sépare
Et vous laisse à part »

Je vis dans le regard de Victor un étonnement et un peu de gêne. Je suppose qu’il a été surpris d’entendre quelqu’un connaître les paroles de cette « vieille » musique. Aussi, je pense qu’il n’avait pas forcément envie qu’une personne l’entende dans ce moment intime. Je me sentis un peu mal à l’aise, comme si c’était ma faute. Avec Victor, nous nous sommes toujours très bien entendu, comme si nous étions « connectés » l’un à l’autre : nous avons les mêmes goûts, les mêmes avis et surtout le même humour !

« Vous le savez bien monsieur Delane, je ne vis que pour vous espionnez et révélez au monde entier à quel point vous êtes gentil et serviable ! »

Je rigolai un peu et je lançai mes cheveux en arrière afin de donner un certain effet à ma réplique. J’éclatai de rire et avançai vers Victor afin de le prendre dans mes bras également. Généralement, je n’ai jamais ce genre de comportement avec les hommes car, pour la plupart, ce serait mal interprété. Néanmoins, je sais qu’avec Totor, c’est différent. Il n’y a aucune ambiguïté entre nous, et il n’y en aura jamais. C’est un peu comme le frère que je n’ai jamais eu. D’autant plus, que pendant les vacances de l’années passées, il a rencontré mes parents lors d’un dîné en famille. Il servait dans le restaurant de son père. Quand nous étions rentrés, mon père et ma mère m’ont confié l’avoir beaucoup apprécié et m’ont même questionnée sur le fait que ce serait mon petit ami…

« Vous savez très bien comment me corrompre monsieur Delane… Rendez-vous chez vous, ce soir, autour de spaghettis sauce bolognaise, et tout ceci restera entre nous ! Mais… faites attention ! Je serai intransigeante. S’ils ne sont pas aussi bons, voire meilleurs, que la dernière fois… je me verrai obligée de divulguer cette information compromettante… »