Détruire. Reconstruire. Garder précieusement. [Alix]

Détruire. Reconstruire. Garder précieusement.

Lorsque je me réveille, j'ai l'impression de m'être éveillée d'un long sommeil. Mon regard est embrumé, mes membres lourds. Et... je me sens vide. Comme si on avait aspiré mon âme pour la remettre dans mon corps en retirant quelque chose. J'ai fais un rêve. Médée qui m'enlaçait et qui me souriait.

Bon retour. Je vais dormir maintenant. C'était épuisant d'être aux commandes.

Elle a ri avant de sautiller gaiement et s'éloigner en me laissant ouvrir les yeux. C'était vraiment un rêve ? Je sais pas trop... Je m'assois en observant ma chambre. Sur ma chaise des affaires, pliées, lavées, un mot trônant dessus. « À rendre à Alix ». Un sourcil se hausse lentement avant que je n'aille boire un café. Et sur mon bureau, deux lettres. Pour Alix. Et une pour moi. Concise. Simple. Elle a l'air bien moins appliquée que celle pour lui.


Je ne comprends pas. Il s'est passé quoi ? Ah oui Chris... Il voulait un date non ? On est quel jour ? Le 25 ?! Mais que s'est-il passé pendant ces quelques jours. Sur ma porte d'entrée, l'ensemble rouge carmin qu'elle avait acheté a été scotché. Un nouveau mot m'obligeant à le mettre. Je finis de me réveiller avec le doux café avant que je ne regarde mon téléphone. Je n'ai aucun message. Aucune recherche Internet. Aucun mail. Comme si rien ne s'était passé. Comme si je n'avais rien fais durant les cinq derniers jours.

Je vais prendre ma douche, mon crâne en feu. J'ai l'impression que l'on m'a passé le cerveau au broyeur. J'ai mal. Pourtant l'eau ne me fait pas de bien. Elle ne me fait pas de mal non plus. Elle... ne fait rien. J'ai l'impression d'être lessivée, vidée. Et je romps la promesse non faite pour Médée. Mes doigts ouvrent la seconde lettre, la plus lourde. La plus épaisse. La plus consistante. Et mes yeux lisent. Je lis chaque relief, chaque mot. J'observe chaque trace de larmes, chaque plissure de feuille. Je lis et relis les mêmes passages. Elle l'aime tant que ça ? Pourquoi.... Pourquoi ça me fait mal ? Pourquoi j'ai mal ? Je lui ai fais mal. Elle souffre à cause de moi.

Mes mains relâchent la lettre manuscrite, mon corps enfile les sous-vêtements qu'elle m'a préparé. Et je couvre mon corps d'un jean et d'un t-shirt, recouvert par mon éternel sweat. J'embarque les deux lettres et les vêtements dans un sac, sortant de chez moi en remettant ma capuche, direction chez lui.

Je ne pleure pas. Je suis vide. Je l'ai brisé. Je les ai tous les deux brisés. Elle a tord. C'est moi le monstre. Mon doigt appuie doucement sur la sonnette alors que je me tiens droite, inspirant longuement avant de fixer la porte, mon air neutre comme seul masque.

Qu'ai-je fais ? Que s'est-il passé ces derniers jours ? Quand je l'ai questionné... Elle a vraiment couché avec lui ? Ce n'était pas un rêve ?

25 juin
2018

Détruire. Reconstruire. Garder précieusement.

Hannah Wayne

Le weekend avait été long. Excessivement long. Alix avait passé les deux jours à errer dans sa chambre, s'allonger sur le lit en fixant le plafond ou en enfonçant sa tête dans les oreillers, grignoter tout ce qui lui passait sous la main, ranger, déranger, re-ranger, jouer avec la pièce qu'il faisait rouler entre ses doigts sans même s'en apercevoir, tourner en rond, essayer d'ouvrir un livre de cours sans réussir à comprendre plus de deux lignes.
Bref, stresser énormément et ne jamais pouvoir trouver quelque chose qui retiennent son attention plus de quelques minutes et qui réussisse à lui changer les idées.

Hannah allait revenir. Il le savait, Médée le lui avait assuré, mais ça le rendait terriblement nerveux. Il revoyait ce jour à la bibliothèque où il avait eu le courage de l'embrasser et de lui avouer ses sentiments, leur premier rendez-vous le soir même sur le toit de la résidence d'Hannah, à regarder les étoiles, et l'adolescent stressé qu'il avait réussi à vraiment être à cette époque. Un gamin de quatorze ans comme les autres malgré son passé, juste un ado de quatorze ans amoureux d'une fille un peu plus âgée, qui vivait sa première vraie histoire, loin des considérations de jeu, de prostitution, de meurtre et de folie. Juste eux, dans un coin de bibliothèque, ou sur un toit, nerveux mais bien dans les bras l'un de l'autre. Il avait ruiné tout ça mais la seconde chance semblait ne pas avoir renoncé. Elle s'était présentée, plusieurs fois, depuis l'an dernier, revenant constamment essayer de le pousser vers Hannah, et il avait passé tant de temps à la regretter et à ne pas saisir sa chance qu'elle avait fini par s'imposer à lui, et maintenant il n'arrivait pas à imaginer ce qu'il allait dire ou faire quand il serait face à elle.

La sonnette le fit sursauter. Il tourna la tête brusquement et se leva d'un bond, enfilant juste rapidement un tee-shirt avant de s'approcher de la porte. Personne ne venait jamais le voir, à part Any, qui avait se propre façon de frapper à la porte. Donc ce n'était pas elle. Il hésita une seconde mais il finit par ouvrir, pour se retrouver nez à nez avec la fille qui obsédait ses pensées depuis le début du weekend.
Non, depuis bien plus longtemps que ça.

- Hannah...

Il savait que c'était elle. Il le voyait, dans son attitude, son visage, son regard. Il avança doucement la main vers elle comme s'il voulait caresser sa joue, mais la retint et la baissa avant de trop avancer. Il se sentait tellement à côté de la plaque, il avait du mal ne serait-ce qu'à former une suite de mots logique dans sa tête. Qu'était-il censé lui dire ? Il n'y avait qu'une chose qui lui venait à l'esprit.
Il repensa au jour où il était parti de chez elle avec une simple pensée : "c'est la dernière fois qu'on se voit". Fausse, mais c'était ce qui avait marqué leur séparation, la fin de l'agonie de leur relation.
Il repensa aux fois où ils s'étaient revus et où il n'avait rien dit, rien trouvé à dire.
Il repensa à Mina. À Médée.

- Je suis désolé...

Pour tout ça et sûrement bien plus encore. C'était la deuxième fois qu'il prononçait ces mots pour elle, et entre ces deux fois il avait réussi à faire encore une chose pour laquelle s'excuser. Comme s'il n'apprenait jamais.
Mais il apprenait. Il apprendrait.

Détruire. Reconstruire. Garder précieusement.

Alix ∞ « Hannah... »

Jamais je n'ai autant aimé mon deuxième nom. Je n'oublie pas mon nom usuel. Néanmoins plus personne ne m'appelle Kate hors magistrats. Et probablement les institutions publiques. Même si je suppose que « Mademoiselle Wayne » ressortira plus souvent. Brrrrr. Je n'aime pas cette façon de m'appeler. Je trouve que cela me vieillis bien trop. Ceci étant, je préfère nettement être nommée ainsi plutôt que par le prénom Kate. Et lui, lorsqu'il m'appelle, j'ai envie de répondre. De m'élancer dans ses bras. De le toucher.


Vraiment Médée ? Il est encore amoureux ? Ou de nouveau amoureux ? Je peux y croire ? Je peux vraiment m'y perdre ?


Naturellement lorsque sa main se rapproche de moi, je m'avance. Et mon regard observe le bras qui refuse de bouger plus que nécessaire, qui s'abaisse. Un instant, mon cœur s'arrête. Et ma voix questionne doucement alors que je ne pensais pas que mes premiers mots seraient ceux-ci.

Alix ∞ « Je suis désolé... »

Hannah ∞ « J... Tu n'as pas à t'excuser. T'as rien fais de mal. Au lieu de t'excuser... Dis-moi Alix... Pourquoi tu es parti... la dernière fois... ? »

Je m'arrête, doucement choquée de mes propres mots. Ce n'est pas ce que je voulais dire ! Je voulais le rassurer. Lui dire qu'il m'a manqué. Courir dans ses bras et m'y perdre. Je n'aurais pas dû être si franche. Si directe. Ce n'est pas mon genre. Je ne suis pas plus douce normalement ? En temps normal peut-être que j'aurais détourné mes questions. Peut-être que j'aurais attendu qu'il fasse le premier pas. Mais pas là. Pas maintenant. Je ne peux pas. L'idée même de tout faire durer est étouffante. Pourtant... Pourtant il devait lire Médée d'abord. C'est important. Il n'y a pas qu'une déclaration. Il a quelque chose qu'elle me cache, même à moi. Elle n'est pas... Qu'une pile. Je le croyais. Je pensais que son amour était une répercussion du mien. Mais visiblement... Je me suis trompée. Alors... Je lui tends le sac.

Hannah ∞ « Tes affaires. Elle les a lavé. Et... Il y a deux lettres. Elles te sont destinées. J... Je pense que je dois te poser quelques questions... C'est un peu étouffant de ne pas avoir de réponses... »

Je détourne le regard en un sourire gêné. Je ne veux pas qu'il pense que ce sont de graves questions. Enfin... Quelque part elles sont importantes. Mais pas « graves ». Je crois.

Hannah ∞ « Par rapport... à avant. À Jenny. Mina. Médée. Moi. Nous. »

C'est dingue comme ce dernier mot est sorti difficilement de mes lèvres. Depuis le temps que j'étouffe la possibilité qu'il y ait de nouveau un « nous ».

Hannah ∞ « Mais d'abord, tu devrais lire les lettres... On parlera après... J'ai l'impression qu'on a besoin de mettre pas mal de choses à plat... Qu'en penses-tu ? »

Rhaaaaa ! Pourquoi quand il est question d'Alix tout devient si compliqué ?

Et la voix, endormie et faible de Médée sembla me répondre, au loin.

Parce que vous êtes deux idiots.

25 juin
2018

Détruire. Reconstruire. Garder précieusement.

Hannah Wayne

Se retrouver face à Hannah après les derniers événements ne le débarrassait pas totalement du poids sur son cœur. Il avait envie de s'excuser pour tout, de la serrer dans ses bras, de l'embrasser, d'effacer l'année qu'ils avaient passée loin l'un de l'autre, cette année qui n'avait été qu'une longue erreur. Au lieu de cela, il prononça, comme à la saint-valentin, trois simples mots, et sa réponse lui faisait mal. Bien sûr que si, il lui devait des excuses. Il l'avait blessée tellement de fois, il avait négligé ses sentiments par peur des murs et des barreaux de l'IRS. Sa question le toucha en plein cœur et il se mordit la lèvre.
Pourquoi tu es parti, hein ? Réponds-lui. Allez, dis-lui, si tu en as la force.

- Parce que j'avais peur...

Il se sentait idiot et il garda la tête baissée un moment, évitant son regard, mais il finit par reposer les yeux sur elle. Il avait du mal à exprimer ça. Maintenant, ça lui semblait tellement futile, cette raison. Il mit ses mains dans ses poches en prenant une grande inspiration.

- Je me suis laissé m'éloigner de toi parce que revoir l'IRS m'étouffait de plus en plus. J'avais toujours l'impression qu'ils allaient trouver une nouvelle raison de m'y enfermer, comme si venir ici pouvait leur prouver que je n'étais pas vraiment "guéri".

Alix soupira. Superstition stupide, pour un mec qui prétendait ne croire en rien de tout ça. Son cynisme et sa moquerie des croyances irrationnelles en prenaient un coup, avec ce genre de réaction. Ce genre de raisons... Il avait menti pour sortir de l'IRS, alors il avait peur qu'à force de le voir, les psys finissent par lire en lui, comprendre qu'il s'était joué d'eux comme il se jouait de tout et de tout le monde.

- C'était stupide.

Il ne s'excusa pas. Il l'avait assez fait, les mots perdaient leur signification s'ils étaient répétés trop souvent et ce n'étaient pas des mots qu'il pourrait dire plusieurs fois. "Désolé" était un mot qu'il n'avait prononcé que deux fois dans sa vie, pour elle. Il n'en dirait pas un troisième maintenant, qui serait vide de sens. Avant qu'il puisse dire ou penser quoi que ce soit de plus, la jeune fille lui tendit un sac avant de lui expliquer qu'il s'agissait de ses affaires, celles qu'il avait laissées à Médée sans doute. Et de deux... lettres ? Il haussa un sourcil interrogateur mais elle indiqua seulement qu'elles lui étaient destinées avant de ramener le sujet sur les questions qu'elle voulait lui poser.
Tant de questions... il espérait avoir les réponses, il espérait qu'elles ne lui feraient pas mal.

Il hocha simplement la tête à sa dernière question. Lire les lettres d'abord et discuter ensuite... Il ne savait pas ce que pouvaient contenir ces feuilles et honnêtement, vu l'état dans lequel il avait laissé Médée, il le redoutait un peu. Pourtant, il s'écarta pour laisser Hannah entrer après avoir pris le sac qu'elle lui tendait. Il en retira les vêtements propres, qu'il posa sur son lit avant de sortir les fameuses lettres, et c'est avec une inspiration d'appréhension qu'il s'assit sur le matelas et commença à lire.

Son cœur se serra au fil des mots qui défilaient devant ses yeux. La détresse était beaucoup trop palpable, que ce soit dans la forme même, le tracé de ses mots, ou juste ce qu'elle écrivait. Même si ce n'était pas ce qu'elle souhaitait, il ne put s'empêcher de se sentir coupable l'espace d'un instant. Il aurait pu l'aimer plus, il aurait pu lui montrer plus d'égards que ce qu'il avait fait. Peut-être, aussi, qu'il aurait dû garder ces derniers mots pour lui. Ne lui avait-il pas fait plus de mal que de bien, en disant qu'il ne voulait pas qu'elle disparaisse ? Il ne savait pas. Il ne savait plus. Mais il ne la trouvait pas monstrueuse juste... triste. Il aurait aimé qu'elle puisse avoir un corps à elle, qu'elle n'ait pas à vivre une pâle copie de l'histoire d'amour dont elle rêvait à travers les yeux d'une personne qui, à défaut d'avoir eu de la chance dans sa vie, avait au moins celle de posséder un corps. Ses doigts se crispèrent sur la feuille qu'il tenait mais il continua de lire malgré tout, le cœur et la gorge serrés. Quand il eut fini de lire, il reposa le papier sur ses genoux et ferma les yeux, le temps de digérer tout ça. Elle l'aimait tellement... et lui ne s'en rendait compte que quand elle était vouée à disparaître. Il ne voulait pas qu'elle disparaisse, pas qu'elle meure...
Pourquoi devait-elle mourir ? Il resta silencieux, le regard fixé sur ses mains qui serraient la lettre sur ses jambes. Il ne savait ni quoi dire, ni quoi faire, maintenant... Il était perdu. Allait-elle vraiment mourir ? Étaient-ce vraiment les derniers mots de Médée ?
Vraiment ?

Détruire. Reconstruire. Garder précieusement.

Mes lèvres s'ouvrent lentement alors que sa voix me répond. Il me semble entendre un grain de frayeur dans son intonation. Le silence et l'écoute prennent place alors que je ne perds pas une miette de ce qu'il me dit. La peur. Il avait peur. Et sa posture me laisse croire qu'il n'en ressent que de la honte. Je crois que je ne l'ai jamais vu tête basse avant aujourd'hui. Il s'y sentait mal. Il s'est éloigné parce que l'endroit l'étouffait. Il n'y avait rien que j'avais fais de mal. Ce n'était pas ma faute. Ce n'était... pas... ma faute.

Le fait de le réaliser ne m'aide pas à répondre directement à ses propos. Après tout, je comprends. Il se sent idiot de ne pas avoir eut de recul. Mais c'était logique. On ne peut pas avoir du recul sur une nouvelle situation jamais envisagée ou étudiée. Et je n'ai pas les mots pour lui retirer ce sentiment.

Je n'ai fais qu'avancer lorsqu'il me l'autorise et qu'il sort les lettres après un acquiescement de la tête. J'ai envie de lui sauter dessus. D'arracher les lettres de Médée. Elles vont lui faire mal. Elles vont le blesser, je le sais. Je n'aurais pas dû mais je les ai lues. Tout du moins la plus longue. Et elle est douloureuse.  Quelques passages me reviennent en tête lorsqu'il l'ouvre. Quelques passages qui alourdissent mon cœur et noircissent mon esprit. Médée. Je te haïs pour ça.

Elle lui disait qu'elle n'avait pas choisi de partir. Que même s'il le lui avais demandé, elle ne pouvais pas choisir. Elle lui répétait de milles et une façon qu'elle l'aimait. Qu'il était tout pour elle. Qu'il était son Paradis et son Enfer.

« J'aurais voulu t'aimer sainement. J'aurais voulu qu'Hannah n'existe pas et que je sois la seule dans ton cœur. ». Ça voulait dire quoi « aimer sainement » ? J'avais déjà envisagé que nos sentiments étaient reliés. Après tout, elle m'en prend – ou je lui donne – une partie des miens... Alors peut-être que je lui avais donné mon amour pour lui ? C'était de ma faute ? Peut-être que c'est moi qui ne l'aime pas sainement. Je transmets ça à Médée. Et je suis à l'origine du problème... Après tout, il n'a pas dit que ce n'était pas de ma faute. Il a juste énoncé des raisons qui ne me concerne qu'en partie...


Je ne l'avais pas comprise. Je n'avais jamais compris Médée. Je ne savais pas. Je n'avais pas réfléchi au fond du problème. Je n'avais pas tout pris en compte. Mais elle... si n'est-ce pas ? Elle a pensé à nous deux tout ce temps... Parce qu'il n'y a que lui qui m'importe. Je lui ai imposé une telle chose... Mon regard se redresse lentement, essayant d'oublier les mots que je semble revoir devant mes prunelles hagards. Une seconde, je crus être à sa place. Je ne me voyais pas. J'étais... Comme devant un grand écran... Et devant moi Alix. Alix le visage baissé, la veine de la tempe palpitant faiblement, le regard fermé. Je devinais aux contours de sa gorge qu'il tentait d'assimiler ce qu'il venait de lire. Entre colère et douleur. Il devait avoir beaucoup de choses dans son esprit. Trop de …


C'était méchant ça. Tu le connais. Il ne t'aurait pas oublier. Stupide Médée.

Je m'approche et m'assois à ses côtés. Je ne sais pas quoi dire. Je n'ai rien à dire... Rien qui ne puisse l'aider... Alors... Comme à mon habitude, je ne dis rien. Je passe une main derrière son dos, mes doigts s'accrochent doucement à son épaule et je l'attire vers moi. Ma main remonte et l'invite à se lover contre moi. Je l'enlace sans rompre le silence qui nous entoure. Mes doigts se perdent lentement dans sa chevelure. Ils bougent lentement, toute mon attention allant sur son état.

Hannah ∞ « Je ne pense pas qu'elle partira.»

C'était vrai. J'aurais sûrement aimé qu'elle me laisse seule... Mais seule, vraiment seule, depuis quoi ? Huit ans ? Hum... Je suis presque sûre que ça va mal finir. Elle aimait trop se jouer de nous et rire. Elle aimait bien trop me bousculer. J'ai raison non ?

Hannah ∞ « Je t'avais dis que Médée était une pile non ? Et bien... Sûrement qu'elle doit juste se recharger. »

Je prie n'importe quel Dieu de m'écouter, de m'entendre. Laissez-moi Médée. Laissez-la-moi. Je refuse qu'elle me soit arrachée. C'est le dernier membre de ma famille ! Vous n'avez pas le droit de me la prendre ! Vous devez me la laisser ! J'en ai chié pour la maîtriser un minimum, vous allez me faire le plaisir de la laissez tranquille !

C'était censé être une prière, je pense que j'étais plus proche de la rage qu'autre chose. Mon visage se tourne vers Alix, mon visage se posant contre sa chevelure. J'inspire longuement.

Hannah ∞ « Je ne la laisserais pas partir. Pas après tout ce qu'elle m'a fait. J'ai une revanche à prendre. Et il est hors de question qu'elle se tire comme ça. J'ignore comment je vais faire. Mais elle ne partira pas. Tu sais... »

Je réalise lentement où je suis, ce que je fais. Je réalise qu'il m'aime toujours. Lui le sait aussi... Alors... Alors... Je n'arrive pas à effacer un léger sourire qui prend mes lèvres.

Hannah ∞ « J'en viens presque à pardonner Jenny... Parce que sans elle... Ta vie aurait été bien plus simple et calme... Mais je ne t'aurais pas retrouver. À croire qu'on évolue mieux au milieu des emmerdes et des complications. Je laisse un léger silence avant de chuchoter le plus grand secret que j'ai tenté de garder ces dernière années Je suis de retour mon ange... Et je ne te laisserais plus t'éloigner de moi. À moins, que tu ne le veuilles pas...  »

J'ignore si ma voix est sérieuse, doucement apeurée ou joueuse. Médée l'aurait dit avec cette sensualité que je n'ai pas. Elle aurait sûrement passer sa langue sur sa tempe et ricaner. Ouais, elle aurait sûrement fait ça. Mais je n'étais pas qu'elle... Alors je défiais plus gentiment. S'il me disait qu'il ne le voulait pas... On verra.

« Tu l'aimes Elle. » a écrit Médée pour Alix. Cette fois, je vais la croire. Si elle en est aussi certaine... Je me dois d'y croire.

25 juin
2018

Détruire. Reconstruire. Garder précieusement.

Hannah Wayne

La présence d'Hannah à ses côtés l'écarta un peu de ses réflexions, sans le tirer totalement de ses angoisses. Elle était apaisante, mais les mots de Médée sur le papier étaient trop réels pour qu'il arrive à se sentir véritablement détendu. Elle ne pouvait pas vraiment s'en aller... si ? Les bras d'Hannah autour de lui, son corps contre le sien, sa main dans ses cheveux... il était heureux de les retrouver mais il ne pouvait s'empêcher d'espérer de tout son cœur que ce n'était pas au détriment de la vie de Médée.

- Je ne pense pas qu'elle partira.

Il ne lui répondit que par un souffle tremblotant, mais il espérait qu'elle disait vrai. Qu'elle avait raison. Médée avait toujours été une sorte de belle-sœur parfois agaçante, mais c'était injuste qu'elle disparaisse comme ça, pas alors qu'il comprenait enfin vraiment ce qu'elle ressentait. Et si elle partait vraiment, est-ce qu'Hannah s'en remettrait ? Il n'aurait pas pu imaginer sa vie sans Rikissa et, même si la situation était nettement plus singulière, la différence n'était pas si énorme que ça. Médée était comme une sœur jumelle, simplement plus présente, peut-être du coup plus difficile encore à voir partir. Il s'était fait à l'idée qu'elle serait toujours là alors qu'il ne l'avait côtoyée qu'un an. Hannah la connaissait depuis sept... huit ? Beaucoup trop pour qu'une séparation ne lui fasse pas de mal. Oui, elle avait raison... c'était sûrement juste le temps de se recharger, le temps d'un peu de repos, et elle reviendrait plus provocante que jamais.
Elle reviendrait. Hannah trouverait le moyen de l'empêcher de partir. Et tant pis si les psys chouinaient parce qu'elle n'était pas "guérie". Ils ne comprenaient rien, de toute manière.

Les mots d'Hannah parvinrent finalement à lui tirer un léger sourire. Pardonner Jenny... c'était presque plus que ça, à ses yeux. Les représailles ultimes. Elle avait voulu ruiner sa vie et détruire tout ce qu'il avait pour une vengeance idiote, beaucoup trop bien préparée, qui avait attiré autant de compassion sur elle que de jugement sur lui. Mais elle avait échoué. Car les deux seules choses qu'on pouvait vraiment lui arracher, sa famille et Hannah, étaient toujours là. Revenues, même. Ses parents finiraient par digérer cette histoire d'argent, un jour, mais il était plus dans l'inquiétude que dans le reproche. A croire qu'elle lui avait rendu service. Que, comme Hannah le disait, il évoluait mieux au milieu des emmerdes et des complications.
Ça ne le surprenait qu'à moitié ; il avait toujours été doué pour s'attirer des problèmes, et il s'en sortait toujours plus ou moins bien.

- La meilleure vengeance qu'on puisse avoir, c'est de lui retirer la sienne. Si elle savait ça...

Il faudrait qu'il pense à lui dire, s'il la recroisait. Merci, c'est grâce à toi que j'ai pu reprendre contact avec Hannah. Elle en serait verte de rage.

Un frisson courut le long de sa peau tandis qu'elle chuchotait, des mots qu'il y a encore un an, il pensait ne plus jamais entendre. Il ferma les yeux une seconde, pour s'imprégner d'un sentiment qu'il pensait disparu à jamais. Puis il releva doucement la tête, caressant la joue d'Hannah du bout des doigts. "A moins que tu ne veuilles pas..." Comment pouvait-elle laisser échapper une telle hésitation ? Comment pouvait-elle y croire ? Il n'y avait rien qu'il souhaitait plus au monde que de l'avoir à nouveau à ses côtés. Tout ce temps, il pensait avoir ruiné la seule belle histoire de sa vie, détruit toutes ses chances sur des superstitions idiotes. Il sourit doucement.

- Bien sûr que je le veux... La vie sans toi n'a pas la même saveur...

Pour ne pas dire qu'elle n'avait aucun sens. Il n'arrivait pas à croire qu'il avait pu passer un an, plus d'un an, sans croiser son regard, sans sentir le doux parfum de sa peau et de ses cheveux. Pouvait-il l'effacer ? Faire comme si cette année n'avait jamais existé, comme s'il n'avait jamais quitté l'IRS, comme s'il n'avait jamais été assez idiot pour l'abandonner ? Il avait juste envie de l'embrasser et de tout oublier. Mais quelque chose le retenait, une petite voix, au fond de sa tête, qui lui rappelait qu'elle avait des questions à lui poser, des choses dont ils devaient parler. S'il l'embrassait maintenant... il n'était pas sûr de pouvoir discuter calmement... ni discuter tout court.

Détruire. Reconstruire. Garder précieusement.

Alix ∞ « La meilleure vengeance qu'on puisse avoir, c'est de lui retirer la sienne. Si elle savait ça... »

Je ne vois pas les choses de la même façon. Pour lui, la vengeance c'était tout. Je comprends. Pour moi, je ne devais pas m'interposer. Je l'avais déjà fais. Cela n'avait rien arrangé. J'aurais aimé faire plus. Lui montrer, graver dans son sang qu'on ne touchait pas à Alix. Néanmoins, je me forçais à ne rien répliquer. Je n'étais pas d'accord. Je le savais mais le verbaliser ne changerait rien. Et puis... Et puis ce n'était pas important. Elle n'était pas importante. Elle n'aurait jamais dû l'être. Alix n'aurait jamais dû faire partie de sa vie. Moi non plus. Elle n'aurait dû rester que la petite fourmis useless qu'elle est. Mais ce n'est rien. C'est fini. Elle ne reviendra plus.

Le temps entre ma voix et sa réponse semble s'éterniser. Comme si une seconde se transformait en heure. Comme si les heures devenaient des années sans que je ne puisse faire quoi que ce soit. J'ai l'impression qu'il va me rejeter. Qu'il va préférer Médée. J'ai un sentiment de solitude qui ne part pas... Pourquoi je pense ça ? Pourquoi... ? Ses doigts viennent caresser ma joue. Son visage se relève. J'ai une boule dans le ventre. S'il me rejetait maintenant... Je réagirais comment... ? Je ferais quoi ? J'accepterais ? J'ai le choix ? Non je refuse ! Je n'ai pas le choix ? Si ? Je ne sais pas. À quel point cette année nous a détruit ? Jamais je ne me suis posée ce genre de question. Jamais. Et là... J'ai l'impression que mon cerveau est en compote. Qu'il ne réfléchit plus. Qu'il ne m'appartient plus.

Alix ∞ « Bien sûr que je le veux... La vie sans toi n'a pas la même saveur... »

Je n'ai pas les mots. Je n'ai pas les mots pour lui dire à quel point je me suis sentie seule. À quel point j'ai pensé à lui. Rêvé de lui. Rêve éveillé ou endormi, il n'y a toujours eu que lui. Je devrais lui dire. Mais une panique vient en moi. Déjà parce que je ne sais pas comment lui dire. Ensuite parce que... c'est terrifiant non ? Entendre son ex dire qu'elle n'a fait que penser à toi. C'est un peu … une pensée de psychopathe non ?

Hannah ∞ « Il n'y a pas de vie sans toi. »

Les mots se bloquent dans ma gorge. Je dis quoi après ? Comment je lui fais comprendre ? Comment je fais sans le blesser ?

Hannah ∞ « Je... J'ai fais quelque chose que je n'aurais pas dû... M..Médée m'avait demandé de juste te passer ses lettres. Et... Et moi... Je l'ai lu. La grosse lettre. Et... Et il y a des choses qu'elle dit que je pense aussi. Que je pensais. Quand elle dit... Qu'elle souffre quand on l'ignore. Qu'elle est vivante et morte en même temps... C'était... quelque chose que j'ai ressenti... Quand tu n'étais pas avec moi... »

Médée a tellement encaissé pour moi... Tellement... Pour Alix et moi... Elle n'a rien dit. Ou alors je n'ai pas su l'écouter... J'ai le droit d'être heureuse en étant une si mauvaise personne ?

Hannah ∞ « Quand tu es parti... Je pensais vraiment... que c'était le mieux pour toi. Je voulais que tu ai un avenir. Et avec moi, ce n'est pas possible. Tu ne peux pas construire quelque chose avec une meurtrière. Alors je t'ai laissé partir. Je n'ai rien fais. Je pensais vraiment que c'était la meilleure solution. J'avais mal. Mais je n'ai rien dis. Parce que... Toi avant moi. Mon avenir est foutu. Si tu avais une chance d'avoir un futur... Je n'avais pas le droit de t'en empêcher. »

C'était douloureux de mettre des mots sur ça. Et je ne disais pas tout. Je devrais ? Je ne sais pas. Il va se sentir mal. Mais est-ce qu'on aura une meilleure occasion... ? J'en doute. Allez, un peu de force. On perce tous ces abcès et on en parle plus.

Hannah ∞ « J'ai été... tellement seule... Tu étais le seul à qui je parlais. Le seul qui me comprenait. Quand tu es parti... J'étais vide. Je ne sais plus comment je faisais pour rester seule, avant de te rencontrer. J'ai oublié. J'ai espéré que tu reviennes. Chaque jour. Chaque nuit. Je ne voulais pas revenir. J'aurais détruit ton avenir. Alors j'ai espéré. Et puis... il y a eu Mina. Elle me ressemblait tellement, c'était dérangeant. Comme si je ne t'avais pas assez plu. Comme si ce n'était pas mon physique qui avait pêché mais mon mental. J'ai eu l'impression de mourir quand je l'ai vu t'embrasser. On est venu m'emmener chez les flics. Pour Jenny. J'ai espéré être emprisonnée pour ne plus te voir, pour ne plus la voir. Parce qu'elle avait mon copain. Parce que tu ne l'étais plus. Parce que tu avais quelqu'un d'autre. »

J'entends mon souffle expirer longuement. Je n'avais plus l'habitude de parler autant... Et je n'avais pas tout dit...

Hannah ∞ « Je ne voulais pas que tu saches ce que j'ai fais à Jenny. Tu aurais pu voir que j'étais atroce. Dangereuse. Et tu n'aurais plus voulu de moi. Je ne voulais pas. Il y a plein de choses que je ne t'ai pas dite. Parce que ça ne me semblait pas important. J'aurais du. J'aurais du te dire de pas partir. Te demander de rester avec moi. Parce que sans toi... Je ne suis rien. J'avais l'impression d'avoir tout perdu, vu que je t'ai perdu toi. Je ne veux plus vivre ça... Je n'y arriverais pas une seconde fois Alix... Je sais déjà pas comment j'ai fais la première fois... Ne pars plus... Ne me laisse plus seule... S'il te plaît... »

25 juin
2018

Détruire. Reconstruire. Garder précieusement.

Hannah Wayne

- Il n'y a pas de vie sans toi.

Un léger frisson courut sur sa peau. Pas de vie sans lui... Et tout ce temps, il avait cru qu'elle lui en voulait. Qu'elle le détesterait pour l'avoir abandonnée. Non... C'était idiot. Elle avait dû souffrir plus que le détester. Rester seule, elle qui ne pouvait faire confiance à personne d'autre que lui entre les murs de cette école. il s'était lamenté sur son sort alors qu'elle avait vécu la même chose que lui, mais bien pire, bien plus longtemps. Avait-elle eu seulement un instant envie de le détester ? Peut-être, mais il doutait qu'elle ait réussi. Non... Plus il l'écoutait et plus il comprenait à quel point elle n'avait pas réussi.

La souffrance. la solitude. La sensation d'être morte et vivante à la fois. Chacun de ses mots se fichait dans son corps, chassant les stupides pensées qu'il avait eu, de croire qu'elle lui en voulait. Il avait préféré l'imaginer furieuse que mal en point, voir de la rancœur à la place de la souffrance. Mais il ne dit rien. Elle avait trop de choses à dire, trop de choses sur le cœur pour qu'il ait envie de l'interrompre. Il voulait tout entendre, même si ça alimenterait sa culpabilité. A force, elle finirait par éclater. Il était avec elle, maintenant. Il ne pouvait rien changer au passé, mais il pouvait rattraper l'avenir. Quand il saurait tout.

L'avenir... Elle l'avait laissé partir sans essayer de le retenir pour qu'il ait un avenir... Ça ne rendait que plus ironique encore le fait qu'il se le soit fait arracher moins d'un an après leur séparation. Comme si le monde avait voulu le punir de penser qu'il pouvait avoir un avenir sans elle. Non, s'il devait développer un futur, elle ne pouvait qu'en faire partie ; personne d'autre n'y aurait jamais sa place. Elle avait toujours été la seule personne qu'il ait aimée et, quoi qu'elle pense, il n'y avait qu'avec elle qu'il pouvait construire quelque chose. Et il l'avait laissée seule. Vide. A espérer chaque jour qu'il ferait un pas vers elle, tandis que lui n'osait même pas tendre la main dans sa direction.

La mention de Mina lui tira une légère grimace. "Elle me ressemblait". Non. Elle faisait semblant de lui ressembler, mais elles n'avaient rien en commun. Mina était une menteuse, manipulatrice, bornée, incapable de penser à autre chose qu'aux histoires et aux fables dont elle se berçait. Une parodie d'Hannah qui n'avait aucun intérêt, et qui pensait pouvoir lui ressembler, pouvoir être comme elle, être à sa hauteur. La remplacer. Comme si quelqu'un au monde pouvait la remplacer...
Et pourtant elle avait réussi à la blesser. En l'embrassant devant elle comme s'il le lui avait permis, comme si leur couple en était vraiment un. Trop aveugle pour voir qu'elle n'était qu'un moyen comme un autre de combler la solitude, en vain. Parce que, comme Hannah, il ne se rappelait plus comment il faisait pour être sans elle, pour combler son rejet de la solitude. Parce qu'elle était différente, très loin de l'ennui en filigrane. Sans Hannah, il était vide. Ils avaient été vides trop longtemps. Il sentit sa gorge se serrer, une brûlure qui remontait jusque dans ses yeux, avant qu'il ne passe ses bras autour d'elle pour la serrer contre lui.

- Jamais. Je ne te laisserai plus jamais seule.

Sa voix tremblait légèrement. Imaginer toute la détresse qu'elle avait traversée lui brisait le cœur. Il savait que la sienne avait été différente, parce qu'il avait enfermé ses émotions derrière la fausse certitude que c'était le seul choix possible, la décision logique, qu'il avait une bonne raison, une barrière qui l'avait protégé un temps, l'empêchant même d'en prendre conscience. Hannah avait vécu avec ça pendant un an et demi. Avec l'incompréhension, en plus, et se persuader que c'était pour le mieux n'avait fat que la blesser davantage.

- T'abandonner a été la pire erreur que j'ai faite. J'aurais dû savoir que je ne pouvais pas être heureux sans toi, qu'il me manquerait toujours quelque chose... J'aurais dû savoir à quel point tu serais seule, à quel point on serait seuls... On ne peut pas être loin l'un de l'autre sans souffrir...

Il desserra son étreinte pour pouvoir la regarder dans les yeux, passant une main dans ses mèches vertes, ignorant la larme qu'il sentait rouler sur sa joue.

- Je t'aime, Hannah. Tu es la seule que j'ai jamais aimée, la seule dont je peux rêver, le seul avenir que je veux avoir. Je ne ferais plus les mêmes erreurs.

Il pouvait construire tout ce qu'il voulait autour, sans elle, ça n'aurait aucune importance, rien de plus qu'un château de sable soufflé à la première bourrasque. Il avait besoin d'elle pour que sa vie ait un sens.

Détruire. Reconstruire. Garder précieusement.

Alix ∞ « Jamais. Je ne te laisserai plus jamais seule. »

 

Si seulement je pouvais y croire complètement... J'ai envie d'y croire. J'ai besoin d'y croire. Et quelques parts, je peux pas m'empêcher de me dire « Mais s'il repartait encore... ? Est-ce que j'y survivrais ? ». Croyez bien que je ne suis qu'une humaine. C'est un petit miracle que je n'ai toujours pas passé le pas. Imaginez moi depuis plus de quatre cents jours, debout, sur cette falaise. J'observe le contre-bas en attendant. Je l'attendais lui. Je voulais qu'il me retienne. Qu'il me prenne contre lui, qu'il me serre contre son torse. Je voulais pleurer dans ses bras, cachée entre sa veste, ma capuche et ses mains. Je voulais qu'il détourne le regard, qu'il ferme les yeux sans savoir quoi penser. Je voulais qu'il ait mal avec moi. Je ne voulais plus être seule...

Je l'écoute parler, la gorge sèche, le regard le fixant sans le voir. Évidemment qu'il ne va pas me laisser seule. C'est d'Alix dont on parle ! Il est incapable de laisser quelqu'un souffrir sans agir. Pas quand il connaît la personne. Soit il la détestera soit il l'aidera. D'accord ou non, il est ainsi. Il me dit qu'il ne peut pas être heureux sans moi, qu'il lui manquait quelque chose. Il me parle de cette solitude. Il me dit que ne pas être ensemble c'est un synonyme de souffrances. Lentement, mon visage se lève. Je sens ses doigts sur mon visage. J'observe sa larme. Ma main se lève sans mon accord et essuie de mon pouce la larme. Je ne veux pas qu'il pleure. Je n'aime pas ça...

Alix ∞ « Je t'aime, Hannah. Tu es la seule que j'ai jamais aimée, la seule dont je peux rêver, le seul avenir que je veux avoir. Je ne ferais plus les mêmes erreurs. »

Un avenir ? De quoi parle-t-il ? Je ne suis pas un avenir. Je suis le passé, un boulet qui ne sait rien faire que se laisser porter par les vagues, indomptables, incompréhensibles. Néanmoins... Néanmoins s'il le disait... j'étais prête à le croire. Je ne pouvais pas me fier à beaucoup de gens. Lui... Je n'ai jamais remis ses gestes et propos en doute. C'est sûrement le seul d'ailleurs... Doucement, mon visage s'abaisse. Ma main se rapproche de lui. La gauche pour attraper sa veste entre mon index et mon majeur, le retenant ; la droite descend les courbes de sa tête, courbes que je découvre en les connaissant, attrapant ma capuche pour l'enfoncer un peu plus sur mon crâne. Mes lèvres se ferment, je les mords lorsque mes larmes coulent, lentement, silencieusement.

Hannah ∞ « J... Je... »

Ma voix se coupe sous l'émotion, sous cette boule qui se forme dans ma gorge. Mes joues sont inondées, bien cachées sous ma tête basse. Pourtant... Quelque chose s'échappe. Je n'ai pas réussi à la retenir. Peut-être n'en avais-je pas envie... ? Mes jambes ne me portent plus. Mes doigts se desserrent alors que je m'écroule, les pleurs redoublant. Naturellement, par habitude, je me suis doucement repliée sur moi-même.

Hannah ∞ « T..Tu m'as t..t...tellement manqué ! »

Le corps penché, je me laisse pleurer, incapable de me contenir plus. Je pleure comme une enfant. Ma voix porte, trahissant le soulagement, la frayeur que j'ai ressenti. La solitude.

Hannah ∞ « Je vou..lais... Que tu sois bien moi... J'ai jamais été d'accord pour être toute seule ! Je voulais pas ! Ça me faisait... tellement maaaaaal.... E..Elles me.. disaient... que tu étais heureux... Que tu m'avais oublié... J'ai essayé ! J'ai essayé de pas y croire ! Mais un an et demi... Un an et demi qu'elles répètent les mêmes choses... Et il y a eut Mina... »

Entre deux hoquêtements, mes mains séchaient les larmes qui ne faisaient que revenir. Je ressemblais... bah à ce que j'étais. Une gamine effrayée... Entre la solitude, l'incompréhension et les jérémiades.

Hannah ∞ « Je voulais juste dormir près de toi ! Et … Que tout soit... comme avant ! Je voulais exister ! Juste être utile... Une fois... pour quelqu'un ! »

25 juin
2018

Détruire. Reconstruire. Garder précieusement.

Hannah Wayne

Jamais, dans ce monde, il n'avait aimé personne plus qu'elle. Et jamais de sa vie il n'avait ressenti le moindre semblant de culpabilité avant de la blesser. Mais il était déterminé à réparer, reconstruire quelque chose de solide à côté de son château de sable effondré. Une structure de diamant dont elle serait la reine, indestructible et éternelle. Parce que ses sentiments pour elle étaient bien la seule chose que son cynisme ne parvenait pas à écorcher. Accrochée à sa veste, il la sentit sur le point de craquer. Il la connaissait, il savait lire ses émotions. Et là, il savait qu'elle était à bout. Il savait que, depuis qu'elle était entrée dans cette pièce, il y avait un surplus d'émotions qui ne demandaient qu'à sortir. Qu'à hurler, après un an et demi de silence enfermées sous son crâne. Ça ne l'empêcha pas de se crisper quand il entendit sa voix se briser, quand il la vit se recroqueviller.

Mais il encaissa ses sentiments sans broncher, ou presque. Non, il avait senti la larme qui avait perlé au coin de son œil, la douleur qui lui serra le cœur. La voir dans cet état ne le laisserait jamais indifférent. Fragile, frêle, brisée... L'espace d'un instant, il avait envie de retrouver une par une toutes ces personnes qui lui avaient dit qu'il l'avait oubliée, toutes celles qui avaient reporté sur elle la frustration de leur vie minable. Il avait envie de leur faire regretter encore plus leur existence. Mais la colère s'effondra en même temps que le reste du château de sable. Et il passa ses bras autour d'elle, autour de sa petite boule d'Hannah en larmes, comme une enfant surpassée par les émotions. Il la serra contre son cœur, la protégea dans le cocon de son étreinte, et il ferma les yeux en posant sa tête sur la sienne.

- Je ne pourrais jamais t'oublier. Et je ne le voudrais jamais.

Oublier Hannah, c'était s'oublier lui-même. Pendant tout ce temps où il avait voulu se persuader d'avoir fait le bon choix, s'ôter le moindre regret, il s'était perdu en chemin. Il était redevenu le gars populaire qui organise toutes les soirées ou en tout cas y participe, il avait même flirté de beaucoup trop près avec son épilepsie en descendant des verres d'alcool, alors qu'il avait toujours voulu éviter de la provoquer. C'était un miracle qu'aucune crise grave ne l'ait frappé, pendant cette année en Gifted. Son année en Forge n'avait pas été spécialement mieux... Il s'était cherché une identité après avoir perdu ce qu'il lui restait d'avenir, il avait décidé de faire ce qu'on attendait de lui. Et c'était à cause de ce besoin de leur donner raison, d'être le criminel qu'ils attendaient, qu'il avait fait l'erreur de lasser Mina l'approcher.
Erreur qui aurait pu lui coûter le seul avenir qu'il lui restait, et qu'il aurait eu plus tôt s'il avait tendu la main, ou s'il ne s'était pas détourné...

Il l'avait retrouvée. Il était revenu à ses côtés. Et si qui que ce soit dans ce monde essayait à nouveau de les séparer, il s'accrocherait davantage. Personne, jamais, ne détruirait à nouveau ce qu'il bâtissait pour elle. Elle pleurait, mais ce serait la dernière fois qu'elle le faisait à cause de lui. Elle en avait besoin, il le savait, après tout ce temps à subir en silence. Et il l'enveloppait de ses bras, la protégeant du monde extérieur, sa main caressant doucement son dos pour l'apaiser. Il resterait là jusqu'à ce que sa peine soit tarie, jusqu'à ce que ses émotions aient pu s'exprimer toutes entières, que tout ce qui la dévorait ait quitté son corps et son esprit trop fragiles pour encaisser autant.

Détruire. Reconstruire. Garder précieusement.

J'avais mal. Mais ce n'était pas la douleur habituelle. J'avais l'habitude de la douleur. Elle piquait, régulièrement, comme incapable de s'en aller définitivement. Elle revenait quand on l'oubliait. Elle nous frappait certaines nuits, jusqu'à faire sortir les larmes, la terreur et tout un tas de choses que je n'arriverais certainement pas à décrire. C'était violent. Parfois aussi fulgurant qu'alarmant. Cette douleur-là était bien trop différente. Elle... Elle ne me faisait pas vraiment mal. J'avais le cœur lourd. Je n'arrivais pas, ni en avait l'envie, de me retenir. C'était trop. Il y avait bien trop en moi pour que j'y arrive. Ou juste pour que l'idée d'essayer pointe le bout de son nez. J'avais besoin d'être rassurée. J'avais besoin d'être une enfant, d'avoir cette franchise candide qu'on m'avait retiré bien trop tôt.

Je me sens sursauter alors que ses bras m'enlacent. Je me rapproche, pose mon front sur son buste et semble devenir plus petite encore. Je mords ma lèvre. Longuement alors que les larmes coulent, toujours un peu plus. Il me dit qu'il ne pourrait jamais m'oublier, ni ne le voudrait jamais. Ses doigts vont et viennent le long de mon dos. Je le sens. Ma main lâche ma capuche pour attraper son sweat, l'enserre violemment. Mes lèvres s'ouvrent pour qu'aucun son n'en sorte. Trop... Trop. Il y avait trop de choses...
- Ne... t'en va... plus jamais... S'il te plaît... R-Reste... avec moi...

Je ne veux plus être seule. Ou seule à deux. Mais plus jamais je veux être aussi morte... Je ne suis pas la personne la plus vivante qui existe... Je le sais. Mais pour lui, mes vieux rouages se dégraissent et tournent encore. Il n'y a que lui qui arrive à faire cela... Si j'étais un robot, alors c'est lui qui me contrôle. Sans lui... Je n'étais ni Kate, ni Hannah, ni Médée. Sans lui, j'avais la confirmation de n'être rien...

Hannah ∞ « J'ai besoin de toi Alix... J'ai besoin... que tu me souris... que tu me voies... J'ai besoin de regarder... l-le ciel... avec toi... J'ai... Je... »

Les mots se bloquent. Je ne sais plus ce que je veux dire. Il y a trop de choses que je veux dire... Trop... Beaucoup trop...

Hannah ∞ « J-Je la déteste. J..Jenny. Sans Médée... Je l'aurais tué. Je crois... Je t'ai désiré... Et... C..C-Chris... Sans toi, Médée l'aurait tué...»

Mon discours est incohérent. Je ne sais pas ce que je raconte. J'ai besoin de dire trop de trucs... J'ai besoin... Je ne sais pas de quoi j'ai besoin en fait...

Hannah ∞ « Je t'aime... Je t'aime autant qu'il y a deux ans... C'est jamais partit... Ça s'est jamais atténué... Je n'aime que toi...»

Mes mains s'accrochent à lui. Par un besoin. Important, imposant. Mon regard se pose sur ses cuisses, nues. Je réalise qu'il n'a pas de pantalon. Et l'information ne grimpe pas jusqu'au cerveau. Ce n'est pas important... Pas maintenant...

Hannah ∞ « J'ai trop de choses... à dire... Trop... T-Tu m'as tellement manqué... Je pensais... Que tu m'avais oublié... Que tu ne me voulais plus... Et... Et on a été stupides... A jamais parlé... Excuse-moi... »

Les larmes coupent ma voix. J'arrête de parler, l'enlaçant longuement. Et je suis restée là. Je ne sais pas combien de temps. J'étais dans ses bras. J'étais bien. À ma place. Les larmes ont arrêté de coulé. Petit-à-petit. Elles se sont stoppées lentement... Alors que je me pressais contre lui...

25 juin
2018

Détruire. Reconstruire. Garder précieusement.

Hannah Wayne

Le corps tremblant des ses bras n'aurait jamais dû les quitter. Il n'aurait jamais dû les quitter assez longtemps pour se retrouver dans cet état, secoué de sanglot, assez longtemps pour changer sa voix en balbutiements douloureux et à peine cohérents. Non, jamais leurs corps n'auraient dû se séparer. Jamais leurs cœurs n'auraient dû s'éloigner. Et maintenant qu'ils étaient là, qu'elle le serrait de toutes ses forces et qu'il la gardait contre lui, Alix réalisait vraiment, pleinement, tout ce qu'il aurait pu perdre. Tout ce qu'il aurait pu détruire. Pourquoi ? Par orgueil, parce qu'il n'était pas malade, parce qu'il n'avait rien à faire ici ? En quoi la couleur d'un uniforme, la mention sur un diplôme, avaient-elles pu, l'espace de plus d'une demi-seconde, lui paraître plus importantes que la présence d'Hannah à ses côtés ? Elle avait besoin de lui. Il n'avait pas à l'entendre le dire, mais elle le disait malgré tout. Il le savait. Il savait tout ça. Et pourtant, l'espace d'une année, il avait prétendu l'ignorer. Et l'espace d'une autre, il avait cru que ce besoin avait pu se changer en rancœur ou en colère.
L'imbécile pouvoir de la culpabilité.

Il l'écoutait parler en silence, ne manifestant comme seules réactions à ses mots que des étreintes plus serrées, des doigts plus crispés autour de ses épaules ou de ses vêtements. Chris... "Sans toi, Médée l'aurait tué". Sans Médée, je l'aurais tué moi-même. Les marques dans son plafond en seraient le témoignage éternel, pour lui et pour tous ceux qui auraient cette chambre après lui. L'espace d'un instant, quand Médée était venue le trouver pour lui dire que cet ordure avait fait fuir Hannah, il avait failli prendre le couteau qui avait tracé ces marques pour le lui planter dans le ventre. C'étaient les larmes de Médée qui avaient décroché ses doigts de l'arme. Elle qui lui avait dit qu'il n'était pas violent alors qu'il n'en était pas certain. Oui, sans Médée, c'était lui qui aurait tué Chris. Et il aurait fini par donner raison à tout le monde, terminer son année comme il l'avait commencée. Devenir le criminel qu'on voulait qu'il soit.
Il aurait été encore plus séparé d'Hannah, aussi.

- Je n'osais pas te parler. J'avais... j'avais peur que tu m'en veuilles. Que tu me détestes. C'est idiot, non ? Comme si tu pouvais me détester...

Pas avec ce qu'elle venait de dire, pas avec ce qu'elle ressentait pour lui. Mais l'amour et la haine de son jamais loin, deux faces d'une même pièce, comme on dit. Il était le mieux placé pour savoir à quel point il était facile de retourner une pièce, alors il l'avait cru. Et la culpabilité avait fait le reste.

- Mais c'était la première fois... la première fois de ma vie que je me sentais coupable. Je t'ai fait tellement de mal... je le savais. Je m'en voulais tellement que j'étais incapable d'imaginer que tu ne penses pas la même chose...

Et pourtant, il aurait dû lui parler. Le jour où ils s'étaient retrouvés tous les deux pour cette partie de poker sous l'influence d'Any. Le jour de noël, où ils s'étaient vus assez longtemps pour que sa parodie de copine y voit quelque chose, alors même qu'il avait retenu ses mots dans sa gorge sans oser en prononcer un seul. Le jour de la saint-valentin, plus qu'ils ne l'avaient fait. Toutes les fois où il l'avait aperçue et où il s'était tenu à distance. Parce qu'il se détestait, alors comment aurait-il pu en être autrement pour ses sentiments à elle ?
S'ils avaient parlé avant, il n'y aurait pas eu Mina. Il n'y aurait pas eu Chris. Il n'y aurait pas eu l'agression de Jenny. S'ils avaient parlé avant, ils n'auraient pas perdu une année de plus que ses jours à l'ISS. Ils n'en seraient pas là, elle ne serait pas aussi brisé, et il n'aurait pas aussi peur et aussi mal face à ce qu'il lui avait fait.

Alix laissa sa tête se poser contre la sienne, fermant les yeux en la gardant serrée contre lui. Doucement, il la sentit s'apaiser dans ses bras, les larmes se tarir. Il souffrait tant de l'entendre et de la sentir pleurer mais, au fond, il réalisait à quel point tout ça était nécessaire. C'était le silence qui les avait menés là, il devait être brisé. Plus jamais il ne laisserait le silence s'installer, leurs voix se perdre. Car ce qu'il gardait pour lui, ce qu'elle gardait pour elle, c'était tant de choses qui auraient pu les détruire définitivement. Il avait failli la perdre. Il refusait de la perdre à nouveau. Jamais.

Détruire. Reconstruire. Garder précieusement.

Alix ∞ « Je n'osais pas te parler. J'avais... j'avais peur que tu m'en veuilles. Que tu me détestes. C'est idiot, non ? Comme si tu pouvais me détester...»

Le détester ? J'ai essayé. J'ai essayé de le haïr. Ça aurait été plus simple. J'avais essayé de me détourner de lui. Mais... Sans résultat. Je n'y arrivais pas. J'avais toujours été de son côté. Depuis que j'étais venue à l'apprécier, je n'avais pas pu être contre lui. Il était bien plus important que tout ce qui me composait à l'époque. Il est bien plus important que tout ce qui me compose actuellement. Il me confie, doucement, qu'il n'avait jamais ressentit de culpabilité. Qu'il savait qu'il me faisait mal... Et qu'il voulait pas imaginer que je pensais différemment. C'était idiot. J'étais idiote aussi. On avait eu des moments seuls. J'aurais dû lui demander de revenir. J'aurais dû. Faire quelque chose.

Je le sens. Autour de moi. Ses mains. Sa tête contre la mienne. Il me serre. Comme pour me rassurer. Comme pour... juste me dire qu'il est là. Et je le crois. Je crois cet homme. Parce qu'il est celui à qui je promettrais tout. De tomber pour lui. De mourir pour lui. Si nous étions des siècles plus tôt, j'aurais aimé être un chevalier. J'aurais fais de lui mon Roi. Je n'aurais eu aucune honte à abaisser genou et nuque vers lui. Je n'aurais jamais eu à cacher que j'aimais mon Roi. J'aurais pu défendre mes idées. Et il n'aurait pas pu se soustraire de son rôle. Néanmoins.... Nous n'étions pas quelques siècles plus tôt. Nous étions maintenant. Et maintenant, il était parti. Il y avait eut ces filles, ces garçons, Jenny, Chris, Mina. Et tant d'autres choses... Il était revenu.

Peu importe le passé. Aussi peu important puisse-t-il devenir. C'était fini. Les choses ont été dites et n'arriveront plus jamais. Je ne laisserais plus jamais quelqu'un lui prendre mon aimé. Plus. Jamais. C'était impossible. Une fois, pas deux. Je refuse de vivre avec son départ une nouvelle fois.

Hannah ∞ « J'ai essayé. De te détester. J..Je me disais... Que ce serait sûrement plus simple... Mais... J'y arrivais pas. Je t'aime trop pour te détester. Alors... Je me suis dis... Que j'y arriverais. Que ça passerait. Qu'un jour... Ce sera du passé. Mais... Je suis mauvaise pour oublier le passé. Je n'oublie que peu de choses... Je n'ai pas oublié mes parents. Je n'ai rien oublié de toi. Si. Si en plus. J'avais oublié ton odeur. Et ton rire. J'ai oublié ton rire.»

Je me sens trembler. J'ai oublié. J'ai oublié des choses... Sur lui. Alors que je l'aime tant. Alors que j'ai pensé à lui... Alors que...

Hannah ∞ « Alix... Mon Alix... »

Mes mains l'attrapent et s'accrochent, comme pour l'empêcher de partir. Mon visage se relève vers lui, ma voix chuchote, faiblement.

Hannah ∞ « Est-ce que... Je peux rester dormir ici... ce soir... ? J'ai pas envie d'être seule... Je veux être contre toi... Et... Je peux t'embrasser... ? J'aimerais... oublier tout ça... Juste... reprendre là où on s'était arrêté... Il y a déjà trop longtemps... »

Mon monde c'est lui. Il représente mes limites. Mes autorisations. Il représente tout. Un mot de lui et je suis une femme comblée. Un mot et je me détruis. Un mot. Une phrase. N'importe quoi. Tant que c'est lui et rien que lui. Je pourrais détruire le Monde et devenir un monstre s'il le désirait. Mon visage s'approche, inexorablement. Je l'aime. Je l'aime. Je m'approche un peu plus, hésitant, nos souffles s'emmêlant l'un dans l'autre.

Hannah ∞ « Je t'aime Alix... Je t'aime à me damner.»

Si seulement ce n'était qu'une métaphore...