[2018] TP mécanique. ISS & IRS...

Ils avaient enfin décidé de faire un cours un peu spécial. Du moins, je n'avais encore jamais vu ce genre de programme depuis mon entrée à l'institution. Ils ne le faisaient peut-être pas souvent. Enfin bref, j'étais contente de pouvoir assister à un mélange de classes et surtout d'établissement. Quelques élèves de l'IRS dans la même classe que l'ISS. On allait voir ce que ça donnait. Ca se passait plutôt bien la colocation de chambre alors je ne voyais pas vraiment de raison pour que ce soit le bordel dans une classe. Enfin ça ne changeait pas de d'habitude quoi. De plus, comment pouvait-on aider les étudiants qui étaient en réinsertion, si on ne les mettait pas de temps en temps en classe avec des élèves lambdas ? C'était comme si on les jetait dans une fosse aux ours.

Je me trouvais rapidement dans l'atelier, écoutant à peine le blabla du prof. La seule envie que j'avais, c'était de me mettre au travail. J'avais pu changer mon programme scolaire à la rentrée – les parents avaient dû avoir une mauvaise surprise...sauf s'ils n'avaient pas ouvert le courrier qui concernait mon avenir... – et là je n'avais qu'une hâte, trifouiller le véhicule. Je m'en fichais royalement de la théorie. J'apprenais par la pratique. La théorie me servait juste pour les calculs et éviter de faire vraiment n'importe quoi. Au moins, je n'avais pas à me plaindre de mon équipier. Je le connaissais déjà un peu et ce n'était pas un emmerdeur de première. Je savais déjà qu'il ne serait pas un boulet comme l'étaient certains de ma classe. Pendant que le prof distribuait les cahiers de notre futur activité, Alastair prit la parole doucement en s'adressant à la droguée de mécanique que j'étais.

- Ouais même si je n'en ai pas touché un mot à mes parents avant de changer le programme. Ils m'auraient mis des bâtons dans les roues sinon.

Je lui tirai ensuite la langue avec un grand sourire moqueur alors que je répondais à sa raillerie.

- Affreusement dégoûtée oulàlà. J'vais aller faire un scandale de ce pas.

Ou pas. Ca m'arrangeait en fait d'être avec lui. Ceux de ma classe de base étaient déjà des abrutis pour la plupart. Les miss, elles étaient un peu bizarres certaines. Je ne pouvais pas trop juger tout le monde, je ne les connaissais pas tous encore. Du côté de l'IRS, il n'y avait qu'Alastair que je connaissais un minimum. On faisait un bien meilleur travail lorsqu'on connaissait déjà son équipier et que celui-ci savait être sérieux.

Je signai à mon tour la feuille de présence qui attestait au passage que le matériel avait été fourni. Ce fut ensuite le départ pour notre atelier. Le prof fit une remarque à Alastair mais celle-ci était plutôt déplaisante. Même moi je l'aurais mal prise. Le prof était censé nous accorder de la confiance, nous surveiller un peu pendant les travaux pratiques, veiller à ce que nous ne nous blessions pas trop gravement, etc. Pas nous faire des remarques pour tel ou tel comportement. C'était un truc à donner envie de faire exactement le contraire de ce qui était demandé.

Pendant que le prof et Alastair réglaient leur petit différent, j'en profitai pour observer l'atelier. Tout était là pour que l'on puisse bosser dans les meilleures conditions. Et puis ce qui attira vraiment mon attention, ce fut la voiture. Mes yeux étaient remplis d'étoiles devant cette beauté mécanique. Je pourrais l'admirer durant des heures mais ce qui me rendait encore plus heureuse, c'était de pouvoir faire partie du binôme qui allait la remettre en état de rouler. Nous avions en plus carte blanche tant que le budget n'était pas explosé. Ce point allait s'avérer être un tantinet plus compliqué dans mon cas. Je savais gérer un budget en général mais lorsque j'avais l'occasion de m'adonner à mon petit plaisir coupable, l'argent ne comptait plus. C'était comme si je mettais ma raison aux oubliettes. Ca allait donc être vraiment dur de ne pas exploser le budget cette fois.

- On va pouvoir en faire un monstre ! Elle va ronronner à des kilomètres et la carrosserie n'aura rien à envier aux muscle cars !

Quand je disais que j'adorais la mécanique et plus particulièrement l'automobile, ce n'était pas des paroles en l'air. À se demander qui serait le monstre entre la voiture et moi. Je fis le tour du véhicule pour évaluer les dégâts, commençant déjà à voir certaines choses qui pourraient être mises à la place, améliorées ou les petits bonus. J'ouvris le capot et jetai un oeil au moteur. Cette fois, j'étais officiellement perdue dans les limbes de la mécanique automobile. J'étais pire qu'un gosse devant son cadeau de noël. Je n'en avais jamais reçu mais j'avais pu observer diverses réactions durant ces périodes. Bref ! J'étais un peu comme ces mecs dans les films de Fast and Furious. Ils avaient devant eux une carcasse ou une poubelle et pourtant ils parvenaient à y voir un grand potentiel rien qu'en matant le moteur.

- Ca y est, je crois que j'suis amoureuse. Celui ou celle qui tentera de m'empêcher de faire mon boulot sur ce petit bijou, je montre les crocs et je le bouffe.

Une menace à la fois taquine et sérieuse. Si on m'empêchait de toucher à cette voiture, j'étais réellement capable de mordre au sens propre du terme.

Ma main alla se cacher quelques instants dans le moteur pour me permettre de vérifier les pièces. Certaines étaient encore en très bon état, d'autres étaient juste bonnes à jeter. Mon attention se reporta sur mon collègue aux cheveux aussi rouges que les miens.

- Y a des pièces qu'on devra changer donc j'te propose qu'on fasse un petit inventaire de ce qu'il faut changer, de ce qu'on a en réserve et de ce qu'il faut se procurer. Comme ça on pourra directement passer la commande tout à l'heure et travailler sur ce qu'on peut en attendant les pièces commandées. T'en pense quoi ?

C'était une proposition comme une autre. Je trouvais plus logique aussi puisque si on devait commander des trucs, il fallait compter quelques jours pour les avoir. Il valait donc mieux les commander au plus vite et s'occuper ensuite de ce que l'on pouvait en attendant.

Remettre en état une voiture, ils n'auraient pas pu mieux nous refiler comme boulot. C'était le paradis sur terre. Ce qui était aussi génial, c'est que l'on ne devait pas se contenter de lui faire retrouver son apparence de base. Non, on devait carrément pouvoir lui permettre de rouler à nouveau. C'était un véritable bonheur pour moi. Et apparemment aussi pour mon équipier. Tant mieux, il ne risquait vraiment pas d'être un boulet. Je ne pensais déjà pas qu'il le serait mais là, il me confirmait ma pensée. Nous allions donc pouvoir travailler efficacement. Le frein serait par contre le budget. Nous en avions un qui était limité et même si j'avais de quoi compenser, nous n'aurions sans doute pas le droit de l'utiliser. Respecter le budget faisait partie de l'exercice. Quel dommage. Si ça n'avait pas été le cas, j'aurais pu éclater le fric de mes parents pour que cette petite merveille de l'automobile soit au top du top. Néanmoins, peut-être qu'il était toujours possible d'avoir des ristournes. Voilà quelque chose qui était à tester.

Alastair était un allié de poids pour ma menace de fracasser quiconque nous empêchait de trifouiller notre bagnole. Evidemment je ne pensais pas ça à cause de son passé mais bel et bien parce qu'il était aussi enthousiaste que moi pour retaper le véhicule. Nous en fîmes un peu le tour afin d'évaluer l'état plus en détail. Certaines pièces étaient à changer au complet, d'autres pouvaient être partiellement changées, et d'autre encore étaient encore en bon état. À la limite un petit coup de ponçage, de peinture et c'était réglé. Je fis alors part de mon idée d'organisation à mon équipier. Un plan qui nous permettait de rester dans l'optique « efficacité ». Ma proposition fut acceptée et nous pûmes donc nous mettre au travail. Première étape, faire l'inventaire de ce qui était à réparer ou à remplacer.

- Je ne crois pas avoir vu de pare-choc dans les parages alors il faudra sûrement en commander un. En fait j'pense qu'ici on aura les petites pièces les plus courantes comme des bougies, des boulons, etc. Je pense que pour ce qui est des pneus, pare-chocs, et autre grosses pièces faudra qu'on les commande.

C'était le coup classique dans les garages. Ils avaient en réserve les pièces les plus couramment changées ou les plus faciles à faire. Pour le reste, soit ils avaient en réserve mais ce n'était pas le bon modèle, soit ils n'en avaient pas du tout mais dans les deux cas il fallait commander.

Et puis nous voilà tous les deux à trifouiller le moteur comme deux curieux. Heureusement au niveau du moteur tout semblait encore okay à première vue. Un contrôle plus attentif nous permettrait de confirmer notre théorie ou de l'infirmer.

- Ouais mais on sortira de toute façon le moteur, on verra mieux son état et ce sera aussi plus simple pour le nettoyer. Néanmoins le simple fait qu'il n'ait pas l'air d'avoir trop souffert, c'est plutôt bon signe. Si ça se trouve, on aura juste la carrosserie à vraiment retaper. Ca serait un gain de temps et d'argent du coup.

Je sortis mes mains désormais pleines de cambouis et observai les alentours. Je m'éloignai quelques instants d'Alastair et revins avec l'appareil qui nous permettait de sortir le moteur. Heureusement qu'il y avait une télécommande de guidage sinon on aurait été dans la merde pour le déplacer ce truc.

- Vu que la voiture est déjà sur l'élévateur, autant avoir la majorité du matos à côté.

Je m'installai ensuite sur le siège conducteur.

- Retire tes mains, j'vais tester s'il fonctionne encore.

Et s'il fonctionnait, ça me permettrait au passage de voir s'il faisait un bruit étrange, alarmant ou si le son était tout à fait normal. J'attendis donc que l'étudiant ait les mains hors du moteur puis tentai de le faire démarrer. Il eut un peu de peine mais au final, il démarrait. C'était déjà un bon signe. Ca voulait dire qu'il était encore en assez bon état pour ça. Ce qui avait fait pétouiller, c'était sans doute la crasse et l'usure du truc. Il datait quand même un peu le machin. Je fis alors aller légèrement les gaz afin de voir ce que ça donnait mais je pus rapidement sentir qu'il y aurait en tout cas une, voire deux bougies à changer. Ca ce n'était rien, c'était rapide à faire. J'éteignis alors le tout et sortis de la voiture.

- Bon dans l'ensemble il a l'air assez bon. Y a sans doute des pièces assez usées mais au moins, il démarre quand même, c'est positif. J'le laisse un peu refroidir et j'installerai les chaînes pour qu'on puisse le sortir. On verra mieux son état.

En attendant, je refis un petit tour et profitai de noter ce qu'on avait déjà sur place. Au niveau de la carrosserie, nous savions déjà ce qui était majoritairement bon pour remplacer. Il restait encore le châssis à vérifier mais ça, il fallait d'abord sortir le moteur avant d'élever le véhicule. Pendant mon petit tour, je vis que nous avions des pneus de réserves mais je fis rapidement une grimace. Ils ne s'étaient pas foulés pour ça. Ils avaient pris des pneus d'occasion et au bout de leur vie. À croire qu'ils avaient déjà éclaté tout le pognon dans les pièces de rechange et que pour les pneus, ils n'avaient plus assez pour avoir des neufs. Je revins alors vers Alastair en faisant rouler un pneu.

- On a pas mal de petits trucs, surtout pour le moteur donc s'il y a des pièces à changer en plus des bougies, on aura de quoi faire. Par contre pour les pneus ils ne se sont pas foulés. Faudra qu'on en commande parce que je refuse catégoriquement de foutre des merdes pareilles.

Je lui montrai le pneu afin qu'il puisse lui aussi constater l'état du truc. Ou alors ils avaient fait exprès pour voir si on aurait l'oeil pour comprendre que ceux-ci n'étaient pas du tout en état de rouler. Ce serait plausible avec leur esprit tordu. Je remis ensuite le pneu à sa place et revins vers le véhicule. Je me glissai ensuite dessous afin d'installer les chaînes autour du moteur de sorte à ce que l'on puisse le sortir sans effort et surtout, sans le bousiller. Dès que tout fut mis, je vérifiai que ce soit bien accroché puis fis un signe à Alastair pour qu'il appuie sur le bouton qui ferait soulever le moteur. Pendant ce temps, je ressortis de ma cachette qui était située sous le véhicule et m'époussetai un peu. Un geste qui ne servait à rien puisqu'au final j'étais encore plus sale qu'avant. Enfin ça valait la peine. Maintenant que le moteur était dehors, nous pouvions mieux voir son état.

- Hum...dessous il va avoir besoin d'un bon décrassage mais sinon ça a l'air encore en état. Enfin à voir quand on le démontera. Il nous cache peut-être des surprises.