Distraction ou concentration ?

Je n'étais arrivé que depuis peu de temps. Trois jours tout au plus. J'avais passé avec succès l'entretien d'embauche de mon ancienne Directrice et le hasard voulait que l'examen de philosophie des quatrièmes années se déroulent quelques jours après, aussi, j'avais été choisi pour y prendre part.

Je me dirigeais donc vers la salle apprêtée pour l'occasion, une ribambelle de copies sous le bras. Quelques élèves se retournaient à mon passage. Classique.J'avançais sans y porter attention, par chance je me souvenais plus ou moins de la salle dont on m'avait parlé, aussi j'y fus en quelques instants.

Un groupe d'élèves assez considérable m'attendait devant la porte de l'examen. Certains paniqués, d'autres intrigués, d'autres détendus. Je me saisissais des clefs avant d'ouvrir la salle. Je m'installais au tableau tandis que les élèves gagnaient les places désignés par l'administration. J'y écrivais donc les consignes ainsi que le sujet "Qu'est-ce que l'interdit?" avant de passer dans les rangs pour distribuer les copies ainsi que vérifier les identités. Tiens, elle es plutôt jolie cette fille. Je m'arrêtais à sa hauteur, déposant une copie sur son bureau et m'emparant de sa carte d'étudiante. Je la lisais avant de m'adresser à elle avec un sourire.

-"Bonne chance Miss Lawford.."

Il semblait que mon petit sourire eut son petit effet vu l'air indescriptible de la jeune fille. Je la laissais avec regret -si le contexte avait été tout autre, j'aurais continué mon petit jeu, après tout elle est charmante cette jeune fille - continuant d'arpenter les rangées. Il y'a nombre de jolies filles dans cette promotion, même si ma préférence va à la petite Naomi. Je dois avouer que c'est le genre de chose auquel je ne prêtais pas attention lorsque j'étais étudiant à Indare. On peut dire que je me rattrape?

Une fois les copies toutes distribués, je me repositionnais à mon bureau pour expliciter le déroulé de l'examen.

-"Bonjour, bonjour, l'examen durera environ 4h, vous pouvez sortir après une demi-heure et les copies blanches doivent être signées. L'examen sera corrigé par votre prof' actuel, je ne suis là que pour surveiller ne prenant mes fonctions qu'en Septembre. Si vous avez des questions, venez au bureau ou me voir, en silence. Bonne chance et un conseil : n'hésitez pas trop à sortir des carcans des auteurs."

J'adressais un clin d’œil complice à l'assemblée, signe que ce conseil restait entre nous avant d'aller m'appuyer contre un mur, les bras croisés, observant les élèves avec attention.

Voilà bien cinq minutes que je ne peux réprimer un sourire en coin. La cause en est plutôt évidente : en effet la jolie jeune fille, Naomi si ma mémoire est bonne, dont j'ai surveillé la carte d'identité précédemment ne cessait de porter son attention sur moi. Lui aurais-je tapé dans l’œil? Remarque, ça ne serait pas la première fois mais c'était plutôt flatteur.

A vrai dire, elle était vraiment jolie. Pas mon style habituel mais bon. Je me serais bien vu lui courir après au lycée. Ou l'inverse qui sait. Enfin dans ce cas, je l'aurais laissé me rattraper sans vraiment réfléchir à la question. Une idée me germa alors en tête. Un mélange de prolongement de mon petit jeu ainsi qu'un moyen de passer les quatre heures qui allaient suivre. Je me redressais, fendant l'amphithéâtre jusqu'au bureau de la jeune fille avant de me pencher et de demander de ma voix la plus sexy, sourire aux lèvres.

-"Une question sur l'épreuve Miss Lawford?"

Je marquais une courte pause avant de lui adresser un clin d’œil et lui demandait sur un ton plus bas pour éviter que ses voisins ne nous entendent.

-"Ou une question plus personnel peut-être?"

Je réprimais un sourire en coin en voyant l'air gênée de la jeune femme. Je dois dire que j'adorais voir les joues rougies d'une belle femme lorsque je rentrais dans un jeu de séduction. Et quel rouge je pouvais observer sur les joues de Naomi. Je crois que l'encre de son correcteur sera d'un rouge moins éclatant que ses joues. Je hochais de la tête et décidais de prolonger ce moment si plaisant. Je me tournais et je m'appuyais contre l'angle de la table de la jeune femme, établissant ainsi ma vigie anti-tricherie près d'elle.

Je profitais de ma position pour jeter quelques regards par dessus mon épaule afin d'inspecter son brouillon. Hmmm.. mais c'est que c'était une bonne élève ou que le sujet l'a stimulé comme jamais parce que je ne voyais presque rien à redire sur les notes de la jeune fille. Décidément cette fille était des plus passionnantes et intéressantes. Dommage que je n'aurais pas la chance de lui enseigner l'année prochaine car elle serait à coup sûr dans mes chouchous. Je toucherais un mot à son sujet auprès de mon prédécesseur en attendant je m'adressais à la jeune fille.

-"Si ma présence te déconcentre, hésite pas à me le dire d'accord?"

Surveiller tout le monde? La jeune fille se serait-elle lassé de mon petit jeu? Déjà? Je dois admettre que j'étais déçu mais quelque chose au fond de moi, l'instinct sûrement, me disait qu'elle ne disait cela que par bonne conscience envers son examen. Elle nourrissait d'autres désirs que la philosophie en ce moment même. C'était certain, je tournais la tête pour la regarder, captant son regard tout en arborant un petit sourire en coin.

-"Oui j'ai une bonne vue sur l'essentiel de la pièce.." chuchotais-je malicieusement.

Double sens quand tu nous tiens. J'étais vraiment irrattrapable. J'espérais intérieurement qu'elle capte la métaphore avant de me redresser et de reprendre ma tournée au milieu des élèves, conscient du regard - se pensant- discret de la demoiselle. Il me fallait bien cultiver cette tension car si je restais toujours auprès d'elle, elle allait s'y habituer. Et puis.. tout ça me donnait une idée. Irrattrapable je vous dis. Je parcourais donc les rangées en évitant soigneusement celle de la Miss, observant les élèves soit pensifs, soit désespérés soit en plein travail sans un mot jusqu'à arriver discrètement derrière la demoiselle finalement , lui murmurant chaudement en passant quelques mots.

-"Did you miss me?"

Amusant. La jeune fille semblait être perturbé par mon retour comme en attestait son sursaut ainsi que son air gênée. Elle était décidément charmante. Et très mignonne. Dommage qu'elle n'est pas 5 ans de plus ou que nous ne nous rencontrions pas dans d'autres circonstances, j'aurais pu être un peu direct et franc avec elle. Disons que je ne me voyais pas dire à une élève qu'elle était très belle en pleine épreuve, même si l'envie de lui faire savoir n'était pas ce qui manquait .

Je me contentais de sourire d'un air complice tout en lui adressant un clin d’œil avant de regagner le bureau. Je me saisissais du registre des élèves surveillant que chaque siège soit bien occupé tout en conservant un certain sourire en coin. Certes, je laissais du temps à la jeune femme pour travailler tranquille -histoire de ne pas me voir accuser day one de perturber mes élèves- mais je restais tout de même conscient du regard de la jeune femme qui ne parvenait pas à se refuser de se détourner de temps à autre de sa copie pour se river sur moi. Adorable. Je regardais ma montre, tout en retirant ma veste.

-"Il vous reste trois heure!"

Je posais ma veste sur mon siège en veillant à ne pas trop la froisser tout en me délectant des murmures paniqués de certains. Je dois admettre que même élève j'adorais entendre la panique dans la voix de certains. Sadique non? Mais si un élève ne sait pas garder son sang froid pour un timer alors il n'arrive que rarement à briller. C'est statistique. La concentration et de mise dans un examen d'ailleurs.. Mon regard se porta vers la charmante jeune femme du troisième rang. Elle semblait un peu paniquée mais aucun signe vraiment marquant de son manque de self-control. Je l'appréciais de plus en plus. Tiens qu'est-ce que...?

Je me levais lentement, marchant tout en réajustant ma chemise violette ainsi que mon écharpe avant de mettre les mains dans les poches puis je me plantais devant la jeune femme avec un sourire. Je laissais une seconde passé, le temps de m'assurer que ma présence ne soit pas occulté puis je pliais les genoux, attrapant entre mes doigts un mince anneau nommé élastique avant de le poser sur la table de Naomi, un sourire aux lèvres.

-"Je suppose que c'est à toi non?" murmurais-je d'une voix suave.