Kelsei O. Bass

À y réfléchir, Kelsei avait toujours été scotché à la télé. À se demander si sa mère ne l’avait pas mise au monde avec une miniature aussi microscopique que la petite puce haute comme trois pommes mais déjà bien en muscle. Le regard brun toujours rivé sur un écran, que ce soit encore pour les films niais à l'eau de rose ou encore les thrillers, rien ne lui était plus inconnu désormais.

Aînée d’une fratrie de trois, la demoiselle avait toujours su revaloir son titre de chef naturelle, même si cela n’avait pas empêché les yeux luisant d’admiration ou la morve collée à ses t-shirts de la part de ces derniers, une petite tyrannique attentionnée adulée. De quoi en faire rire les aïeuls qui s’étaient passés de génération en génération, la moquerie dans toute sa splendeur mais aussi l’hospitalité. Difficile pour Kelsei de se plaindre d’eux, grandissant alors dans une famille aimante où le « keep calm and smile » n’est pas une option et où l’on pousse ses membres dans les bras de l’ambition, tout le monde se cherchant un domaine dans lequel exceller. Dans son cas, c’était les sports de combat et la télé.

Morgan, son père avait été le premier à remarquer son intérêt plus que profond pour l’art cinématographique, à force de ne pas pouvoir la décrocher du poste de sa grand-mère chaque fois qu’ils se rendaient en Martinique, île natale de ce même homme ou encore aux Barbade, île de sa grand-mère maternelle. Il y avait également cette tendance à ne manquer aucun détail et l’écouter faire ses critiques construites sur les films qu’ils épiaient, de quoi leur enlever toute envie d’aller au cinéma et regarder un film détenteur de mauvaises critiques médiatiques. Une attitude qui entre quelquefois en conflit avec celles de ses camarades qui ne regardent des films que pour les regarder, sans réfléchir sur le sens où la façon de le réaliser. Se rendant compte que la télévision n’est pas seulement une activité peu ludique mais une réelle passion pour la demoiselle commençant déjà à écrire ses propres scripts et tentant de faire ses films avec la caméra de sa mère, on l’encouragea alors dans cette voie tout en lui faisant comprendre qu’elle ne devait pas négliger ses études pour autant. Après tout, ils tenaient à ce que leur fille demeure une enfant pleine de culture et de compétence diverses et variés. Bien sûr, Kelsei leur donna satisfaction, faisant d’elle une élève irréprochable, appréciée comme jalousée, veillant à ne pas être approchée que pour ses notes plus que correctes.
Une vie pour le moins agréable tout de même confrontée à ses propres contrariétés puisque à l’orée de ses 10 ans, la demoiselle manque de se faire emmener par un inconnu qui lui avait prié de venir l’aider à mettre ses courses dans sa voiture. Aujourd’hui encore, elle remercie ses parents de l’avoir laissé entrer dans le monde du sport de combat pour pouvoir se dégager de sa prise et si on s’est hâtée d’appeler la police, on ne retrouvera pas tout de suite l’homme d’un âge avancé, créant alors une certaine crainte chez les parents et l’impression d’étouffer de la part de Kelsei qui ne goûtera selon elle, à la liberté qu’à partir de l’âge de 12 ans. Elle met alors cet incident de côté à son plus grand bonheur.

Avide de connaissance, Kelsei ne lésine pas sur les romans et les documentaires, de surcroît cinématographique, étudiant avec un grand intérêt les plus grands réalisateurs de l’histoire et reproduisant quelquefois des petits courts-métrages similaires pour reproduire les prises de vues cinématographiques qu’elle venait d’apprendre, si bien qu’un jour, elle participe à un concours d’art en Secondary school après avoir embrigadé certaines de ses amies dans son ambition, optant alors pour un film dédié à l’amitié et ses clichés. Un court métrage qui lui vaudra les félicitations les plus sincères de ses camarades et de sa professeure qui insistera pour que la demoiselle ne démorde pas de ce choix de carrière. La demoiselle prend sa professeure aux mots et décide alors de se renseigner sur les écoles de cinéma qui lui sont encore bien loin, cumulant les courts métrages et se créant même une chaîne sur internet pour y poster ceux-ci, projetant de commencer de sérieux concours à l’avenir. C’est durant cette même période qu’elle découvre l’institution. Intriguée, Kelsei cumule les recherches sur elles, amplifiant toujours plus son intérêt pour celle-ci en qui elle voyait une opportunité sans nom. Bien sûr, cela signifierait quitter ses camarades, mais elle garderait contact. Priant ses parents de l’y inscrire, elle eut satisfaction après avoir été contrainte de formuler une lettre de motivation rédigée à la main par ses parents, un poil tortionnaires sur les bords. Passant alors le test de sélection sans embarras, la demoiselle se hâte encore de fermer bagages et débuter une scolarité d’interne dans le fameux pensionnat, remontée à bloc et détentrice d’une volonté de fer.