[2020] Fierté ou Discussions ?

Cela faisait un mois qu'elle n'habitait plus avec son compagnon. Certaines choses étaient faciles à vivre seulement sur le papier et cette séparation la mettait vraiment dans de mauvais états. A vrai dire, elle ne dormait presque plus, facilement bouleversée. Elle se disait que c'était finit, qu'il avait probablement profité de cette pause pour coucher avec une autre. Et ça, Emilie ne l'acceptera jamais.

Et tous les soirs quand elle rentrait, elle était un peu plus fatiguée et plus morose. Elle tentait de le cacher en voyant son fils mais la rouquine était une personne expressive et ne pas le montrer était bien trop dur pour elle malgré ses petits sourires. Cela aurait presque été moins dur si elle n'avait pas besoins de croiser  Alexei chaque jour sans qu'ils ne se parlent. Ce silence était horrible, glacial et ça lui prenait la gorge à chaque fois. Elle avait toujours envie de se retourner, de lui dire de rester, de parler. Mais plus le temps passait et moins elle osait, se disant qu'il ne devait plus l'aimer.

La jeune fille avait l'impression que quoi qu'elle choisisse comme voie, elle ne sera jamais heureuse à long terme. Même avec ce métier qui lui plaisait, elle se retrouvait à se disputer avec son amant. Et puis elle repensait toujours à ce SMS. Elle était comme persuadée qu'il avait couché avec elle, qu'il flirtait sans soucis avec cette fille et ça la rendait malade.  

Tout était finit ? Pourtant elle aimait toujours Alexei. C'était injuste.

La rouquine en avait parlé à son père, il lui avait alors proposé de poser une semaine de congé pour venir en France avec Aaron. Il ne l'avait jamais rencontré en plus son petit fils. D'ailleurs la maman avait déjà commencé à apprendre le Français à son petit, trouvant ça plutôt utile. Elle lui parlait donc régulièrement dans cette langue en plus de l'anglais.

Cela faisait deux semaines qu'elle réfléchissait à cette histoire de vacances. Cela ne pouvait pas être une mauvaise idée. Prendre du recule sur la situation et peut-être pouvoir régler cette histoire avec Alexei de façon posée et adulte. S'il ne l'aimait plus, elle préférait déménager. C'était trop dur de le croiser tout les soirs et de zieuter dans son cou pour voir si aucun suçon clandestin de s'y était accroché.

Elle avait donc accepté, avait déjà posé sa semaine de congé, se disant que ça ne poserait pas trop de soucis au second. C'était une petite semaine de rien du tout et vu sa mine de plus en plus fatiguée, il pouvait comprendre qu'elle avait besoins de ça non ?

Ce soir elle rentrait donc. Ses cheveux était réuni en un immense chignon dont des mèches s'échappaient de part et d'autre. Elle transpirait un peu et portait l'une de ses robes légères et blanches. La demoiselle ouvrit la porte et vit Alexei et Aaron. Le petit alla de suite dans les bras de sa mère. Elle le serra contre lui. D'ailleurs le jeune enfant était visiblement un peu perturbé par ce changement de relation. Il se cessait de vouloir tirer Emilie vers Alexei et vice et versa. Elle toucha alors le visage de son enfant, accroupit devant lui en lui parlant en français quelques secondes, s'amusant de le voir galérer à dire des mots. Cependant il semblait épuisé ce soir, alors elle alla rapidement le coucher, demandant à Alexei de rester quelques minutes en plus.

Une fois sortie de la chambre du petit, elle dit:

- Hm Alexei, je...La semaine prochaine je pars en France avec Aaron. Pendant une semaine

En le sortant, elle se dit d'un coup que ça n'allait peut-être pas passer finalement. C'était peut-être trop soudain.

- J'ai besoins de repos et... De distances

De distance physique surtout. Elle avait besoins aussi du soutient de son père qui avait vécu une relation amoureuse compliquée lui aussi.

Emilie regardait Alex mais avait du mal à soutenir le regard. Le voir lui faisait un peu mal au coeur. Mais les idées résultant de sa paranoïa habituelle ne cessait de rester dans sa tête. Cette nana qui le drague, le fait qu'il ne cherche même pas à la remettre à sa place, puis leur séparation... Il s'était forcément passé quelque chose non ? Et puis, pour Alexei, il serait temps qu'il passe à autre chose avec Jagger. Emilie lui avait dit maintes fois qu'elle avait été "un peu" poignardé, qu'elle avait du réfléchir en quelques secondes si elle ne voulait pas mourir et qu'elle ne connaissait pas assez Alexei pour le mettre dans cette situation. Imaginez, vous rencontrez quelqu'un, le courant passe bien et à peine quelques jours ou quelques semaines plus tard, cette personne vous appelle pour être sauvé d'une psychopathe qui s'avère être sa mère.

Non, elle avait bien fait. Et si elle retournait dans le passé, elle refera probablement la même chose à vrai dire. Mais son amant refusait complètement de l'entendre. Evidemment qu'il ne comptait pas autant pour elle à cette période que maintenant. C'était même pas comparable.

Quand elle lui expliqua qu'elle désirait prendre des vacances, elle se douta qu'il n'allait pas être ravit. Mais sa question lui fit du mal. Elle le quittait ? Aboutement pas ! Mais il semblait triste. Attendez, c'était lui qui allait en voir une autre ! Elle détourna le regard, arrivant quand même à se sentir un poil coupable. A la suite, elle fronça les sourcils. Est-ce qu'il la pensait vraiment capable de s'enfuir avec Aaron dans la nature ? C'était vexant. Cette idée ne lui avait même pas traversé l'esprit.

- Alexei, sérieux ? Je..

Elle se rendit compte qu'elle commençait à hausser le ton. Elle regarda la porte du petit puis soupira, la conversation allait être houleuse, autant sortir d'ici.

- Viens, on va discuter dehors, les murs sont fins et Aaron commence à être en âge de comprendre.

Elle prit les clefs et l'attendit dans le couloir. Elle ferma la porte.

Enfin, elle cru bien fermer la porte. Peut-être sa plus grosse erreur.

Elle avait évidement prit le babyphone même s'ils l'utilisaient de moins en moins. La jeune fille descendit pour aller dans la cours derrière le bâtiment. Au moins, le petit ne sera pas témoins de leur dispute. Il semblait déjà assez perturbé comme ça.

- Alex, tu me crois vraiment capable de prendre Aaron avec moi et jamais revenir ?! Et je ne fuis pas à chaque fois putain, j'ai fuis une fois et t'étais même pas dans ma vie !

Elle semblait déçu de ses insinuations. Elle frotta doucement son front et se laissa tomber sur un banc, complètement crevée.

- Mon père n'a jamais vu son petit fils, c'est pour ça. Je veux qu'Aaron le connaisse. C'est juste une semaine, tu peux au moins m'accorder ça non ?

Emilie était sur les nerfs, stressée et fatiguée. Triste aussi. Elle n'arrivait pas à revenir en arrière de cette dispute. Le mieux était peut-être qu'elle soit juste mère au foyer. Mais en terme d’épanouissement personnel...

-Comprends moi, j'suis à bout Alex. J'suis crevée, je dors plus,  j'ai presque aucun ami, tu vas probablement me quitter et ce qui me ferait plaisir serait juste que l'homme qui m'a élevé rencontre le fils que j'élève !

Elle haussait la voix sans pour autant crier, sur les nerfs.

Emilie était complètement démoralisée dernièrement. Tout ça la fatiguait énormément et l'optique qu'elle avait probablement déjà perdue Alexei lui faisait franchement mal. Il fallait pourtant se montrer fort malgré tout. Parce qu'elle ne pouvait pas changer de pays ou encore pleurer toute la journée avec Aaron. Elle avait grandit mentalement en ses quelques années, elle savait qu'il n'y avait pas qu'elle.

La demoiselle l'observa prendre une flasque qui était tombée. Elle avait soupiré en voyant ça. Il ferait mieux d'aller chez les alcooliques anonymes. A chaque fois qu'il boit comme un trou, c'est lorsque les choses ne se déroulent pas comme il faut. Émilie avait tenté plusieurs fois de l'aider mais elle n'aimait pas s'approcher de lui quand il était bourré. Même si ça n'était arrivé qu'une fois, la méfiance résidait toujours. C'était comme ça, c'est naturel. Donc le voir boire à nouveau la fit froncer les sourcils. Alexei n'était pas non plus irresponsable mais si un jour il est saoul en présence de son fils ? Cela ne lui plaisait pas du tout.

A ses mots, elle releva le visage vers ses yeux. Il ne comptait pas la quitter ? Comment aurait-elle pu le savoir ? Ce n'est pas comme s'il avait dit: "je te laisse du temps pour réfléchir" ou autre. Non il s'en était juste allé tout en sachant pertinemment qu'Emilie a des tendances paranoïaque et qu'elle allait forcément prendre ça pour une rupture. Elle croisa les bras en dérivant son regard sur le sol. Elle était forcément en tort au fond, elle ne se sentait pas adulte et n'arrivait pas à gérer sa vie sociale, de sa vie amoureuse, de son travail. Cela la rendait dingue, elle avait l'impression qu'il n'y aura jamais une situation qu'il lui ira, elle sera toujours en perpétuel recherche d'un travail qui la rende heureuse. Les enfant, c'était mignon au début mais depuis qu'elle devait aussi s'occuper d'Aaron le soir, c'était comme s'il n'y avait jamais de rupture.

Et pourtant c'est son fils, elle ne devrait pas trouver ça embêtant. Et ça la faisait culpabiliser.

Mais elle n'en parlait pas à Alexei, car lui aussi faisait des efforts.

Elle le laissa s'exprimer jusqu'à la fin. Il était quand même culotté de lui dire qu'il était vexé qu'elle pense qu'il l'ai trompé. Si seulement la rouquine avait vu un message disant "Arrête de me parler ainsi, j'ai une petite amie" ou autre mais non ! Rien ! Il se laissait faire comme si c'était complètement normal. Le contraire n'aurait jamais passé. Si Alexei serait tombé sur des messages de flirts sans qu'Emilie ne calme pas la personne, il aurait tout aussi mal réagit.

- Alexei, s'il te plait, ne te défend pas sur ce sujet...

Elle mit sa main sur son front.

- Imagine toi à ma place, qui prends ton téléphone seulement pour m'occuper un peu et qui voit un message de flirt. D'autres messages de flirts et toi qui ne cherche absolument pas à calmer ou remettre cette personne à sa place. Pas de "désolé j'suis en couple" ou autre. Comment tu aurais réagis toi ?

Elle releva le regard. Elle voulait qu'il admette qu'il était en tort.

-Donc tu tombes sur ces messages , tu me vois rentrer, tu me poses des questions et je ne cherche même pas à te rassurer, pire, j'enfonce le clou. Comme tu aurais réagis ? Cela voudrait dire que je laisse une personne me draguer sans rien faire.

La rouquine détourna le regard et soupira.

- Sans compter le fait que je t'embête jamais avec ça moi d'habitude. C'est toi qui depuis le début de notre relation n'a pas confiance en moi... Tu continus de me rappeler le fait que j'ai appelé Jagger à ta place alors que je ne te connaissais pas tant que ça. Tu m'en parles comme si c'était ça le plus grave alors que je me suis fais poignarder par ma propre mère ce jour là... Mais non, pour toi la chose la plus grave c'est qu'au bord de l’évanouissement, en sang, c'est pas toi que j'ai appelé... Et tu oses m'en vouloir pour ça, tu oses me rapprocher d'avoir pris une décision, à moitié consciente . Tu continus même de me reprocher une aventure qui s'est passé même avant notre rencontre. Tu te rends compte que ce que tu me reproches est injustes ? Et c'est moi qui n'a pas confiance ?

Ses yeux devenaient rouges et se remplissaient de larmes. Elle tourna la tête ailleurs pour ne pas être vu. Mais elle pleurait surtout de fatigue et d'épuisement mental. Elle se mordit la lèvre et regarda le babyphone entre ses mains.

- J'aurais pas du rentrer tard comme ça, je le sais bien... J'suis en tort...Mais c'était ni contre toi ou Aaron. Je vous aime tellement tous les deux... C'est juste...J'sais pas pourquoi. Y'a tout qui s'embrouille

Dans son état, elle n'arrivait pas vraiment à mettre les mots dessus et bien exprimer ses sentiments à ce sujet là.

Elle n'aimait pas ainsi pleurer. C'était comme une façon de se victimiser de son point de vu. Et elle aimerait vraiment faire l'adulte et discuter calmement. Mais elle finissait toujours avec un sanglot comme une gamine ne pouvant se contrôler. Evidemment qu'Alexei ne pouvait rester de marbre. C'est humain. C'est l'empathie. Mais le sentir l'enlacer après ce mois de froideur et de distance faisait un bien fou. Elle sentit ses bras venir autour d'elle et rougit légèrement. Était-ce malhonnête de l’attendrir avec des larmes ? Ce n'était évidemment pas son but, bien sûr, ses sanglots étaient vraies. Mais elle ne pouvait s'empêcher de se poser la question.

Elle ferma alors les yeux, reconnaissant son odeur contre elle. Comme une droguée qui reprenait une dose. Elle l'écouta sans trop bouger. Tout ce qu'elle voulait entendre était qu'il l'avait repoussé. Depuis le début, il ne lui avait même pas dit ces simples mots. Comment était-elle censée comprendre qu'il n'y avait rien ? La confiance c'est bien, mais il ne faut pas oublier que la tromperie n'est pas si rare dans les couples. Et dans le lot, il doit bien y avoir des gens qui se disaient digne de confiance et qui n'oseraient jamais faire une telle chose. Dans tous les cas, elle ne comptait pas le quitter, elle l'aimait toujours et elle avait besoins de lui. Et Aaron aussi. Le petit semblait si perturbé depuis leur séparation. Il passait son temps a les pousser l'un vers l'autre.

Elle hocha très légèrement la tête quand il lui promit de ne plus parler de Jagger. Elle espérait qu'elle pouvait le croire. A chaque dispute, il avait finit par lui ressortir ça. Qu'importe le fait que c'était avec lui qu'elle était encore aujourd'hui depuis quelques années maintenant. Parfois elle avait l'impression que pour Alexei, ils étaient ensemble depuis 3 semaines et qu'il craignait encore qu'elle aille voir ailleurs. Sans compter que Jagger est, à sa connaissance, dans une situation stable. Il n'est même pas son genre de toute façon, il est beau mais avec un air beaucoup trop séducteur pour elle.

- Merci...

Elle le regarda se reculer

- Je vais trouver une solution pour mon job...Pour que ça nous aille à tous les deux...

Emilie ne savait pas encore quoi, elle restait perdu, ayant l'impression de n'avoir aucun but dans la vie. Et elle n'avait pas envie que celui-ci soit de l'ambition d'une mère au foyer vendant des tupperwear.

Elle se leva alors et posa ses deux mains sur les joues de son compagnon. Elle se mit sur la pointe des pieds et déposa ses lèvres contre les sienne tout en fermant les yeux. Ses mains se déplacèrent rapidement dans son dos, l’agrippant légèrement de ses ongles. Cela lui faisait un bien fou. Un mois sans l'embrasser... Peut-être plus puisque bien avant ça, ça n'allait pas entre eux deux. Émilie fit durer le baiser un bon moment avant de décrocher ses lèvres. Elle garda cependant son visage proche du sien, les yeux toujours humides.

- Je t'aime tellement...

Et ça n'avait jamais changé. Elle l'aimait beaucoup, Alexei était une bouée de sauvetage qui la maintenait à la surface de nombreuses fois. Elle l'enlaça alors à nouveau, la tête contre son torse en souriant bêtement. Elle n'avait plus envie de le lâcher maintenant. Elle avait besoins comme de se recharger en amour. Elle se sentait vide depuis ces dernières semaines.

Cependant, elle entendit d'un coup un bruit dans le babyphone. Elle fronça les sourcils bien que pas plus inquiète que ça pour le moment. Du moins jusqu'à ce qu'elle entende une voix troublée.

"Regarde moi comme tu es beau"

Une voix basse, de femme, probablement âgée. Elle ne la reconnu pas de suite. Elle échangea un regard avec Alexei, comme si le monde venait d'un coup de s'arrêter, que tout s'écroulait.

- J'avais fermé la porte à clef....

Il n'y avait probablement pas de temps à perdre.

Emilie se sentait rassurée. Elle s'était fait tant de scénarios sur cette séparation qu'elle avait finit par ne même plus douter qu'une séparation était imminente et que le second ne voulait absolument plus d'elle. Elle ne voyait pas sa vie sans lui. Et s'il était partit, elle ne savait même pas comment elle aurait pu s'occuper d'Aaron. Quoi qu'ils n'étaient pas mariés, le parent officiel du petit était Alexei puisque la jeune fille n'avait pas voulu imposer son foutu nom de famille à ce petit ange. La rouquine voulait qu'elle soit la dernière à le porter. Plus de Skies après cela, cette lignée artificielle née du caprice d'une soit disant star allait s'éteindre après elle, c'était décidé.

Elle sentit ses mains s'étendre sur son dos jusqu'à plonger dans ses cheveux. Sa présence, son corps, cette sensation était délicieuse, agréable. Elle cru sentir une larme couler  et resserra un peu plus son étreinte dans le doute. Il ne la quittait pas, il restait avec elle, ils restaient une famille. Cela même si Emilie ne savait toujours pas quoi faire de sa vie. En reculant son visage, elle lui sourit tendrement en observant son beau visage qui l'eu déjà séduit de nombreuses fois.

Enfin, jusqu'à ce que le babyphone face du bruit. Son sang se glaça, c'était peut-être l'une des pires choses que des parents pouvaient avoir à faire.

Pas le temps de trop ressentir, elle le suivit alors et remonta vers l'appartement bien que son coeur frappait contre son corps d'une violence inouit. La rouquine avait peur. Très peur. Entendre une voix inconnue dans le babyphone n'avait strictement rien d'anondin et il était même inutile voir stupide de préciser pourquoi. Ils arrivèrent alors devant la porte et comprirent qu'elle avait foirée. Elle l'avait mal refermé. Et une vague de culpabilité la traversa. C'était quoi son soucis ? Son but était-il de tout détruire ? De ravager en miettes le pauvre bonheur qu'elle avait ?

Elle le suivit alors dans l'appartement, avançant à taton. Elle passa par la cuisine et prit au passage le rouleau pâtissier. Elle n'allait pas rester sans moyen de défense. Surtout pour quelqu'un qui osait toucher à son enfant. Elle s'avança doucement, déglutit plusieurs fois jusqu'à arriver face à la chambre. Elle passa la porte et vit une silhouette. La rouquine se figea, il y avait bien quelqu'un. Quelque chose en elle voulait qu'au fond qu'ils se soient trompés. Que c'était les voisins ou autre.

Alexei montrait beaucoup plus de calme que la pauvre demoiselle en panique. Elle avait envie de courir vers cette enflure pour l’assommer. Mais elle risquait de blesser le petit après tout.

Il eu un silence puis une voix:

- C'est mon enfant

La demoiselle serra les dents, elle voulait tuer cette vieille peau. Sa voix l’irritait sans même savoir pourquoi. La demoiselle recula alors de quelques pas et vint trouver l’interrupteur du couloir d'à côté pour éclairer un peu mieux tout en évitant d'éblouir l'autre psychopathe et qu'elle fasse quelque chose de regrettable.

La lumière emplie alors doucement l'espace et éclaira le visage de l'inconnue. Une vieille femme amaigrie, rousse, tenait Aaron qui, avec l'âge qu'il commençait à avoir, comprenait qu'il se passait quelque chose d'inhabituelle.

Emilie se figea complètement, sa mère. C'était ce putain de serpent roux. Que foutait-elle ici ?! Elle allait faire mal à Aaron ! Elle avait attaqué Emilie, elle pouvait tout aussi bien le faire sur un bébé. Un mélange de peur et de haine pulsa dans ses veines, elle avait envie de hurler, de la secouer dans tous les sens, de la frapper. Elle serra doucement les poings  sans la lâcher du regard. Elle devait appeler la police. Et si cette conne prenait son enfant en otage ? Non la police d'abord. Ils sont plus expérimentés. Elle se recula doucement et sortit de la pièce, laissant son homme gérer quelques secondes. Une fois dans le salon, elle choppa son portable et se mit dans un coin pour appeler les forces de l'ordre. Elle leur expliqua la situation, l'adresse. Il fallait attendre à présent. Elle affirma aussi qu'elle laisserait la porte ouverte histoire qu'ils puissent entrer plus facilement.

Elle pensait vraiment que ses démons, ses tourments seraient de l'histoire ancienne. Que plus jamais elle ferait face à ces choses qui avaient foutus une partie de sa vie en l'air. C'était comme un coup de poing dans sa gueule, sa génitrice qui débarquait et qui s'en prenait à Aaron. Comment était-elle censée s'en débarrasser ? Une bonne fois pour toute ? Elle avait envie de lui faire la même chose qu'elle lui avait fait, lui planter un couteau et clamer la légitime défense. Avec son passif, qui viendrait la contredire ? Et Alexei ne la balancerait probablement pas. Elle secoua la tête, elle ne s'était pas éloignée de sa famille pour devenir aussi folle que ce serpent. Elle, elle allait bien, elle n'était pas comme sa mère, elle ne sera jamais folle; Et c'était encore une crainte qui subsistait en elle.

Elle ouvrit alors la porte d'entrée pour faciliter la tâcher à la police. Chaque minute comptait à présent, il ne fallait faire aucun geste de travers malgré son envie de se jeter sur elle et d'enfin se défouler de toute cette frustration qui pourrissait là, tout au fond d'elle. Emilie avait peur de retourner dans la chambre, elle ne voulait pas de cette confrontation, mais elle ne pouvait probablement pas laisser Alexei tout gérer.

La mère ,elle, releva la tête et resta silencieuse un bon paquet de secondes. Elle sembla réagir seulement à le seconde phrase, celle qui se trouvait dans la réalité qui lui plaisait le plus

-Elle n'a pas besoins d'être couché, elle a faim

Emilie entendait et grogna, c'était quoi son foutu problème merde ?! Pourquoi elle n'était pas dans un asile cette femme ? Elle ne devrait plus jamais pouvoir mettre le nez dehors. La rouquine n'avait aucune compassion pour elle, elle était dans la rage, la peur et les souvenir. La femme d'ailleurs tapota la tête d'Aaron puis se leva doucement

-Il faut nourrir Émilie

Elle vivait dans le passé, elle n'était plus parmi eux. Dans son esprit, elle était encore danseuse, encore aimée. Elle était saine d'esprit, elle était heureuse, elle avait un mari aimant et un bébé qui venait d'arriver. Elle se leva et porta Aaron qui commençait à peser son poids, surtout pour une femme âgée, ce qui la fit un peu se plier en deux vers l'arrière. Elle sortit de la chambre, ignorant complètement sa fille qui la fixa avec une rage non dissimulée. Que la police vienne vite, par pitié.

- Où sont les biberons ? On en a acheté la dernière fois

La rouquine serrait les poings, peinant à garder le contrôle de ses émotions fortes. Elle le faisait pour Aaron. Aaron qui fixa la rouquine et tendit une main vers elle en appelant "maman" plusieurs fois. Ce qui la mit encore plus mal.

Emilie fulminait, elle avait envie de se jeter au cou de sa mère et il n'y avait à vrai dire que son fils au milieu qui la faisait se contrôler. Elle détestait cette femme, elle n'était même plus sa mère. Sa génitrice tout au plus. Elle était violente, mauvaise et même si la rouquine avait conscience au fond d'elle que ce n'était pas de sa faute, qu'avant son accouchement, elle était saine, et bien, elle n'arrivait quand même pas à lui pardonner. C'était trop dur pour elle. Et ça allait l'être encore plus à présent avec ce qu'elle était en train de faire à leur fils.

Elle vit Alexei s'approcher d'elle, elle pesta, stressée et sur les nerfs:

- Ouai

Visiblement ça ne lui plaisait pas. Elle ne méritait pas qu'on prenne des pincettes avec elle. Et la voir transférer Emilie sur son fils ne faisait que l'agacer encore plus. C'était comme voir une démonstration d'amour qu'elle n'avait jamais pu avoir. Comme si cette connasse la narguait alors que la rouquine savait très bien que c'était son père qui l'avait élevé, qu'elle n'avait probablement jamais agit ainsi envers elle. Et quand Alexei commença à jouer le jeu et à l'appeler "chérie", elle se crispa encore plus. Évidemment, c'était loin d'être de la jalousie. Mais ça avait quelque chose de presque nauséeux de l'entendre dire ça  à sa mère de 65 ans. S'il voulait jouer le mari, grand bien lui fasse. Mais il n'était pas obligé de lui rajouter des petits surnoms non plus... La rouquine fronça les sourcils, croisant les bras. Sa jambes tremblaient, n'arrivant pas à cacher son angoisse.

En tout cas, la femme observa celui qui l'appelait chérie et ne dit rien pendant quelques secondes. Elle ne semblait pas complètement convaincu non plus, ce qui se ressentit par le long flottement qu'il eu entre ses mots et son temps de réaction. Elle soupira et se dirigea vers le canapé sans répondre. Aaron sentait probablement que la situation n'était pas normal. Entre l'inconnu et la tension palpable dans la pièce, difficile de penser autrement. Et lui, il n'avait visiblement aucune envie de jouer le jeu. Alors il continuait de tendre ses bras vers ses parents, gémissant, commençant doucement à pleurer.

Et Emilie fulminait encore plus. Pourquoi ils n'allaient tout simplement pas lui arracher le gosse des mains ? Et que faisait la police putain ?! Le temps semblait si long en ce moment...

- Si j'ai besoins d'un psychologue, j'irais chez une personne qualifiée, répondit le vieille femme

C'était ainsi qu'elle avait toujours traîté son mari. Enfin pas toujours, surtout après son accouchement.

- En plus cette connasse qui ne cesse de m'en demander trop. J'ai accouché y'a pas si longtemps, y'a des choses que je peux plus faire, dit-elle, râlant probablement sur son travail.

Elle caressa la joue du petit qui tentait plus ou moins implicitement de la repousser encore et encore. Elle soupira en le voyant visiblement grognon et roula des yeux.

- Elle pleure encore...Elle a vraiment aucune reconnaissance

Emilie sera les poings. Elle prenait tout personnellement et elle commençait à arriver au bout de sa patience

Emilie n'en pouvait plus, elle fulminait, tout son corps se tendait à la vue du véritable ennemi de sa vie: sa mère. Sa mère qui s'en était prit à son père, à elle et maintenant à son fils. Merde, cette femme...La rouquine aurait tellement voulu qu'elle garde sa santé mentale. Elle aurait tellement voulu avoir une vraie mère, douce et tendre. Non, la gamine avait eu le droit à ce cauchemar qui voulait détruire tout ce qu'elle aimait.

Elle fronça les sourcils lorsque son amant lui fit signe de se calmer, elle aurait été dans une autre situation qu'elle l'aurait probablement embrouillé. Elle était dans son droit de ressentir des émotions et il n'imaginait pas toute la haine et la rage qui traversait actuellement son corps. Elle la haïssait dans une colère toxique et malsaine qui lui donnait envie de l'étrangler jusqu'à ce qu'elle rendre enfin son dernier souffle.

Mais d'un coup, elle releva la tête, voyant Alexei reprendre l'enfant des bras de la sorcière. Émilie se leva, sur ses gardes avant de voir la porte être ouverte par la police. Tellement qu'elle ne vit pas cette femme sortir un couteau pour la planter dans l'épaule d'Alexei. La rouquine vit son copain tomber au sol et couru d'un coup vers lui, comprenant sans l'avoir observé, qu'il se passait quelque chose de grave.

- Alexei ?!

La peur s'était accrochée à son ventre, lui grattait le corps tandis que la rage grimpait violemment en elle. Comment avait-elle pu ?! Comment osait-elle ?!

-Je vais la tuer !

Phrase typique mais probablement trop sincère dans la bouche d’Émilie pour que ça ne lui donne pas un air  flippant. Elle se leva, prête à se jeter sur elle avant que ce soit la police qui ne l'arrête, lui demandant de se calmer et qu'il se chargeait de ça. Non ! C'était entre elle et sa connasse de génitrice ! Le combat ultime, sa  vengeance ! Elle avait définitivement dépassée les bornes. Elle se débattit

Ce n'est que la voix du second qui la rappela à la réalité. Elle tourna la tête et changea de préoccupation: prendre soin de ceux qu'elle aime. Elle couru dans le sens opposé et prit son fils dans ses bras, plaçant sa tête au dessus de son épaule pour qu'il ne regarde pas.

-ça...ça va aller...?

La demoiselle s'éloigna alors avec son fils qui commençait à pleurer à cause des cris, de la violence et de l'ambiance globale. La demoiselle alla alors dans la pièce d'à côté pour vérifier si elle ne voyait rien et pour l'éloigner un peu de tout ça. Elle tenta alors de le réconforter, parlant doucement et calmement avant que les secours n'arrivent et viennent prendre le relais pour être sûr que tout allait bien chez Aaron. Aucune blessure, un léger bleu au bras. Peut-être que sa mère l'avait trop serré à un moment ou à un autre. Mère qui avait d'ailleurs été emmenée.

Emilie revint alors dans le salon, le petit s'étant calmé mais refusant d'être laissé seul. Ce qui était compréhensif. Elle vérifia alors que les soins avaient été effectués pour Alexei et s'approcha doucement. En voyant le médecin le recoudre, elle garda le regard de son fils loin de tout ça. La rouquine semblait inquiète pour son amant mais apparemment ce n'était que superficiel.

Une fois Alexei soigné, la demoiselle s'approcha et se posa à ses côtés, laissant son fils se retourner vers père, lui qui réclamait à le voir depuis tout à l'heure.

- J'ai eu peur...Dit-il Emilie en le fixant

Elle prit doucement sa main

-Tu as mal...?

Aaron répétait d'ailleurs plusieurs fois le mot "bobo", probablement inquiet bien qu'il ne comprenait probablement pas tout ce qu'il venait de se passer. La police s'approcha alors d'eux.

- Excusez-moi mais comptez vous porter plainte ?

Emilie hésita. La dernière fois, elle avait refusé. Elle ne savait d'ailleurs plus vraiment pourquoi. Mais cette fois si, c'était finit les secondes chances. Cette connasse avait presque blessé son fils et son amant.

- Oui
-Il faudra passer au commissariat demain alors  

La rouquine hocha la tête et soupira, profondément perturbée par tout ce qu'il venait de se passer.