[2020] FB ⇝ What's your problem ?

Le clapotis de l’eau raisonnait dans les toilettes alors que le filet d’eau s’écoulait du robinet. Lúka le coupa avant de se redresser en lâchant un soupire las. Quelques mèches mouillées vinrent se coller à son visage humide. Combien de temps s’était-il assoupit à son dernier cours ? Qu’avait-il manqué ? Il allait devoir trouver un moyen de récupérer le bout de leçon sur lequel il s’était assoupi auprès de quelqu’un sans éveiller les soupçons.
Il se frotta le visage en s’appuyant contre un mur. Il avait promis à son père de réussir à remonter ses notes, mais il n’avait pas la sensation que sa situation s’améliorait. Que se passerait-il s’il redoublait à nouveau ? Il refusait que ses parents l’emmènent voir un médecin. Si on lui diagnostiquait quoi que ce soit, son avenir était fichu.
L’artiste inspira à fond. Armand ne pouvait plus réaliser son propre rêve de devenir célèbre, il comptait bien le réaliser pour eux deux. Il ne laisserait aucun obstacle se mettre sur sa route, pas même son propre corps. Il finirait par réussir à le maîtriser.

Lúka sortit des toilettes. Il n’allait pas s’arrêter au café pour se détendre un peu ce soir, il allait rentrer chez lui et travailler dur pour combler ses difficultés. En marchant, il aperçut une autre élève d’Indarë, occupée sur son téléphone. Une grimace méprisante déforma son visage. Il l’avait vu à plusieurs reprise, ne lui avait jamais adressé la parole, mais à chaque fois qu’il la voyait, elle semblait flâner, paresser. Typiquement le genre de personne feignante et sans ambition qu’il méprisait. Quand il pensait qu’il travaillait dur pour que son corps ruine tous ses efforts !

« Il y a vraiment des personnes qui ne font pas le moindre effort ici. Ce fainéantise genre de comportement est vraiment le fléaux de notre société ! Je paris que c’est une tradition, ce sont tous des fainéant sans ambition ! »

Cracha-t-il.

La fille sembla comprendre que c’était d’elle dont il parlait. Bien, elle n’était pas totalement stupide. Il s’arrêta pour la fixer pendant qu’elle s’insurgeait, lui demandant ce qu’était son problème, s’il s’ennuyait. Un rictus se dessina sur les lèvres de Lúka qui répondit :

« Mon problème, c’est que j’exècre la fainéantise, le manque d’ambition, et la stupidité. Les gens de ton espèce sont la raison pour laquelle notre monde va si mal, on vous donne beaucoup trop d’importance.

Son sourire s’effaça pour laisser place à une grimace de dégout alors qu’il continuait.

– Chaque fois qu’on se croise, tu es occupée à rien faire. Tu n’as donc aucune ambition, aucun projet, que tu gaspilles ainsi ton temps ? Rien qui ne vaille la peine que tu fasses des efforts ?

Il serra les poings. Il avait toujours méprisé ce genre de personne. Mais aujourd’hui, il ne pouvait s’empêcher de ressentir une pointe de jalousie. Pouvoir se permettre de flemmarder… Même s’il l’avait voulut, il ne pouvait pas s’offrir ce luxe, pas avec ses soucis qui plombaient ses notes, pas alors qu’il avait déjà redoublé, pas alors qu’il ne se reconnaissait même plus dans ses peintures. Il devait travailler plus dur que jamais, pour ne même pas réussir à atteindre la moitié du niveau qu’il avait autrefois. Pour ne même pas obtenir un résultat satisfaisant.
Et elle. Elle paressait. Elle le dégoutait…

- Tu t’imagines peut-être que ton avenir va se fabriquer tout seul ? Sans avoir fournit le moindre effort en chemin ? Ou peut-être que tu es si dépourvue d’ambition que n’importe quel avenir pitoyable suffirait à te satisfaire, pourvu que tu ne fasse aucun effort pour l’atteindre ?

Dire qu’il faisait régulièrement des cauchemars où son rêve lui était inaccessible à cause de sa situation. Parfois, il aimerait échanger avec les gens. S’ils n’ont pas d’ambition, ils peuvent prendre ses problèmes, et le laisser briller comme il le doit.

D’un ton sarcastique, la fille lui demanda s’il avait finit, et s’il était son père, ouvertement moqueuse de son ton moralisateur. Lúka rit à cette question, comme si elle venait de faire une blague hilarante :

« Oh ! Ca, heureusement, non ! Si tu avais été ma fille, je t’aurais mieux éduqué !

Elle ajouta ensuite qu’elle préférait rester réaliste que d’avoir de grands rêves qui ne se réaliseraient jamais. Un sourire méprisant se dessina sur le visage du jeune artiste qui marmonna :

-Qu’est-ce que je disais. Lâche et sans ambition, digne d’une tradition.

Mais la suite des paroles de Claire firent aussitôt fondre son sourire. Ainsi tout le monde n’aurait pas la santé pour atteindre ses objectifs… Un frisson d’horreur le parcourut avant qu’il ne le rejette avec toute sa détermination et foudroya la fille d’un regard noir :

- La santé n’est pas une excuse au relâchement. C’est un obstacle de plus auquel il faut faire face, pas un mur infranchissable. Tout se mérite dans la vie, tout est une question d’efforts et de volonté !

Il l’avait crié. Comme s’il s’adressait plus à lui-même qu’à Claire. Il devait y croire. Il devait s’accrocher à ses principes. Il refusait que son rêve puisse être inaccessible, qu’il ne pouvait pas suivre le parcours qu’il s’était tracé. Il refusait que son corps qui refusait de lui obéir change qui il était, change son avenir. Il continuerais tout exactement comme il l’avait prévu, et si les choses étaient plus dures parce qu’il s’endormait, qu’il avait des trous de mémoires, et que ses muscles le lâchaient parfois, alors il travaillerait juste deux fois plus dur, et plus encore si ce n’était pas suffisant. Il forcerait le destin.

- Je ne suis pas le genre de personnes qui se réjouit de grimper au dépit des autres. Je veux être au sommet, oui, et j'y arriverais à n'en pas douter. Mais je refuse de voir les gens se laisser aller et mener notre société à la déchéance ! »