Sadie Lukas

Sadie est née d'une mère célibataire, alcoolique et accro aux drogues. Le père ? Un coup d'un soir qu'elle n'a jamais revu. Après avoir maudit pendant neuf mois l'être qui grandissait en elle, Lorelei a finalement accepté cet enfant qu'elle avait mis au monde, comme si voir le visage de sa fille lui avait fait prendre conscience de la chance qu'elle avait d'avoir donné la vie.

Alors elle l'éleva en bonne mère, et ce jusqu'à l'entrée en maternelle de la petite. A ce moment-là, elle retrouva du temps libre. Celui-ci lui servit à reprendre ses loisirs. Sadie commença à lui servir de défouloir, d'esclave. La petite, lorsqu'elle faisait la moindre chose de travers, se retrouvait battue puis enfermée dans un placard sombre après avoir reçu des brûlures de cigarettes à-même sa peau. Ces années de misère lui firent développer son trouble dissociatif.

La cauchemar dura plus de dix ans. Sans famille pour s'apercevoir de ce que l'enfant vivait, les choses empiraient avec le temps, les multiples personnalités de la jeune fille n'arrangeant rien : Dean cherchait à la défendre mais lorsque Sadie revenait à elle, les coups de sa mère n'en étaient que décuplés face aux affronts que sa fille semblait lui faire.

En dehors de la maison, peu de gens réagissaient. Il y avait bien la maîtresse de la petite lorsqu'elle était à l'école élémentaire, mais les services sociaux, incapables, arrivaient toujours à être bernés par les bobards racontés par Lorelei, toujours au courant de leur arrivée. Sadie avait fini par supplier ses professeurs de ne plus rien faire car plus on passait chez elle pour inspecter le comportement de sa mère, plus cette dernière s'en prenait à elle. Elle avait cessé d'espérer qu'un jour le cauchemar cesse.

Cela dura. Après Dean apparut Kassidy qui devint une autre échappatoire à l'esprit de Sadie lors de grands stress. A l'école, elle réussissait parfaitement mais avait peu d'amis. Les devoirs étaient sa seule activité. Elle avait tout d'une élève modèle : de bonnes notes, discrète, toujours à l'heure et même en avance... Ce qu'elle voulait plus que tout, c'était échapper aux coups et peut-être revoir sa maman des premières années. Mais impossible.

Plusieurs tentatives pour mettre fin à ses jours, échouées. Plusieurs fugues à son actifs, mais on la retrouvait à chaque fois, passant pour une jeune délinquante en pleine crise d'adolescence quand elle essayait juste de sauver sa peau.
Puis, un jour, sa mère devint encore plus violente, rejetant tous ses problèmes sur l'enfant qu'elle avait mis au monde. Ses coups étaient devenus bien plus violents. Ce jour-là, un autre des alters de Sadie vit le jour et assassina la génitrice de sang froid à plusieurs coups de couteau. Lorsqu'elle reprit connaissance, Sadie vit le corps de sa mère qui gisait devant elle dans une flaque de sang. Pour elle, ce n'était que de la légitime défense de la part de son corps et surtout de son esprit détraqué par la violence qu'elle subissait depuis l'enfance. Mais elle s'empressa d'attraper le téléphone pour se dénoncer d'elle-même, les larmes trempant son visage plein d'hématomes. C'est que, malgré tout, il lui restait un peu d'amour pour sa mère. Désormais, elle était seule.

Lors de son jugement, elle plaida coupable, dissimulant l'utilisation de la légitime défense intentionnellement. Elle souhaitait être enfermée, ayant peur d'elle-même à présent. Mais la justice en fit autrement : après avoir fait diagnostiquer son trouble, elle fut envoyée à l'IRS où elle serait internée. Un bracelet électronique à la cheville, elle allait pouvoir avoir une scolarité tout en purgeant sa peine ne serait-ce qu'un peu.