À droite, l'école et ses élèves normaux, comme tout le monde.À gauche, le centre de redressement pour jeunes dangereux.Maintenant réunis, pour le pire.
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Second jour de cours pour Sadie depuis sont arrivée. En ce premier mardi, la jeune fille découvrait encore son emploi du temps et les locaux de l’IRS. Elle s’avouait un peu perdue dans ces bâtiments qu’elle ne connaissait pas. Toutefois, jusque-là, elle était parvenue à se présenter à l’heure dans les bonnes salles. Mais sonna l’heure de fin du cours de chimie. Après ça, elle avait musique et ne savait pas du tout où se trouvait la salle. D’après les indications qu’elle avait sur son emploi du temps, elle devait se trouver au deuxième étage du bâtiment de l’IRS. Or, elle y avait passé une partie de son lundi et n’avait pas eu l’occasion de la remarquer. Alors, une fois ses affaires rangées et son sac sur le dos, elle s’empressa de gravir les marches menant au deuxième étage pour mettre à profit les cinq minutes de changement de salle pour trouver celle du cours suivant.
C’est après avoir fait tout l’étage, en se trompant d’abord de direction, qu’elle arriva pile à l’heure pour le cours de musique, cours qu’elle appréciait déjà dans son ancien collège. Elle s’installa à une place libre et sortit ses affaires pour ensuite se concentrer sur la personne qui serait son professeur pour cette année. A sa grande surprise, il ne paraissait pas vieux, même plutôt jeune pour enseigner. Cependant, elle sut lire sur son visage et dans son apparence que la musique n’était pas seulement la matière qu’il enseignait, mais certainement également une passion.
En effet, il portait un style orienté punk, voir peut-être métal quand on y réfléchit bien. Sûrement un mélange prouvant un goût certain pour ces styles musicaux. Il fallait l’avouer, Sadie se pensait chanceuse d’avoir un professeur agréable à regarder et qui n’allait pas seulement donner des cours sur des opéra antiques comme certains professeurs de musique le faisaient souvent dans d’autres établissements.
Mais à peine le cours commencé qu’une nouvelle crise lui prit, sûrement à cause de la peur d’arriver en retard ou l’accumulation de stress qu’elle avait subi ces dernières semaines depuis qu’elle avait ôté la vie à celle qui la lui avait donnée. Alors, avant même de perdre connaissance, elle leva simplement la main et s’empressa de sortir de la salle pour aller s’effondrer contre le mur du couloir. Ce qui la gênait le plus dans ces crises répétées, c’est qu’elle était désormais sous traitement, qu’elle suivait scrupuleusement, mais qu’elles ne cessaient pas, voir même devenaient plus fréquentes. Comme si son corps refusait d’accepter ce qu’il recevait pour guérir.
Elle reprit connaissance quelques minutes plus tard. Du moins, ce fut Nina qui était venue, un sourire carnassier étirant ses lèvres comme un prédateur ayant flairé une proie potentielle. Elle resta groggy quelques instants, sûrement à cause de la chute et du choc contre le mur, mais revint à elle petit à petit, analysant la situation pour comprendre où elle se trouvait et à quel moment de la journée. Puis, sans se préoccuper de ce qui l’entourait, elle regarda ce qu’elle portait, pensant alors : « Sexy l’uniforme de lycéenne », avant de relever la tête.
Désormais consciente et en présence de ce professeur qu’elle trouvait totalement à son goût, Nina accepta son aide pour se relever et le regarda avec son petit sourire de séductrice. Elle l’analysa un peu plus que ce qu’elle avait vu de plus loin pendant que Sadie était au contrôle. Elle fit ensuite semblant de trébucher, comme si elle se sentait encore faible, se collant au torse du professeur de musique. Son regard se releva vers celui du plus grand et feignit la faiblesse.
- Oh ! Excusez-moi. Je me suis relevé trop rapidement. Mais je devrais être en mesure de suivre votre cours à présent.
Dans sa tête, elle entendait Sadie la réprimander et lui interdire de s’attaquer à un de ses professeurs. Mais la jeune adulte n’en fit qu’à sa tête. Pourquoi laisser passer un si bel homme après tout ? Toutefois, elle décida de ne pas se faire passer pour son hôte.
- Sadie est partie se reposer. Moi, c’est Nina. Ravie de vous rencontrer, monsieur. Je me languis d’impatience à l’idée que vous me fassiez donner de la voix.
Elle afficha de nouveau un grand sourire et se décolla doucement, à contre-cœur, du professeur. Elle avait bien choisi ses mots pour commencer à faire comprendre au brun qu’il lui plaisait. Ses yeux se baladèrent sur la chemise blanche d’Alexei, celle-ci laissant transparaître des tatouages ainsi qu’un torse qui aurait été bien mieux sans le tissu qui le couvrait. Mais elle s’en contenta, pour l’instant, remontant une nouvelle fois son regard vers celui du musicien.
- Nous pouvons retourner en classe, à moins que vous ayez envie de prolonger ce tête-à-tête.
Nina avait assisté au cours sans vraiment prêter attention à son contenu. Elle était plutôt concentrée sur le professeur qui semblait éviter son regard, ce qui l’amusait particulièrement. Elle joua à essayer de capter l’attention du brun tout au long de l’heure. Puis, lorsque sonna la pause déjeuner, elle rangea lentement ses affaires afin d’être la dernière à sortir. La dernière élève partie, elle se leva et se dirigea vers le bureau du professeur de musique.
« Sadie ? Tu vas être en retard à ton prochain cours. Dépêche-toi de filer » - Ne vous inquiétez pas, c’est la pause déjeuner. D’ailleurs, comme je viens d’arriver, j’aimerais que vous me donniez davantage de précisions concernant le devoir que l’on doit vous rendre au prochain cours.
Elle s’appuya sur le bureau en se penchant légèrement vers le professeur. Elle l’avait entendu marmonner et voulait jouer de ce qu’elle avait entendu.
- Vous vous sentez seul ? Votre copine n’est pas assez présente pour vous ?
Un sourire en coin étira ses lèvres. Elle se doutait que le brun ne cèderait pas facilement à ses avances et elle comptait bien persévérer, mais sans faire passer Sadie pour elle. Elle détacha ses deux chignons pour être différencié d’une façon de son hôte. Assise sur le bureau, elle croisa ses jambes bien en évidence devant les yeux du musicien.
- Il y a bien d’autres femmes dans cette ville, vous savez ? Dans cette école même.
Et quand elle parlait de l’école, elle parlait d’elle. Cette séductrice hors pair ne manquerait pas de se faire remarquer du professeur sexy qui lui enseignait la musique. Elle ferait tout pour capter son attention au moins pendant les cours, ce qui effrayait Sadie qui pouvait tout voir depuis son inconscient. Elle n’en revenait pas que son alter cherche à « s’attaquer » à un de ses professeur. D’autant plus qu’elle appréciait cette matière qu’était la musique. Décidément, cette année scolaire risquait d’être compliqué.
Nina voyait qu’elle agaçait le professeur, mais ça ne l’arrêta pas jusqu’à ce que le brun se montre un peu plus violent avec une des chaises qu’il rangeait. L’aguicheuse descendit du bureau, se disant que de toute manière, ça ne l’arrêterait pas. Elle ne lâcha pas le professeur du regard, le regardant approcher. Le temps de quelques secondes, elle baissa son regard sur son corps et ressentit une légère dysphorie : une personnalité de femme adulte dans le corps d’une enfant de 14 ans, normal que l’alter ne s’y sente pas comme dans son corps. Cela dit, ça lui passa rapidement, son regard félin remontant vers celui du professeur, plus près qu’avant, comme pour la réprimander.
Il aborda ensuite le sujet du trouble de la jeune fille après avoir consulté des documents sortis de sa sacoche. Que devait-elle faire ? Elle ne pouvait pas dire que c’était faux puisqu’elle avait fait une crise devant le professeur et qu’en plus il avait sûrement accès à ce petit détail. Elle soupira.
- En effet, nous sommes plusieurs là-dedans, fit-elle en montrant sa tête. Moi, c’est Nina. Je suis plus âgée que Sadie et je suis sûre que vous auriez succombé à mes charmes si je n’avais pas un corps de fillette. Mais je n’abandonne pas, sachez-le !
Elle marqua une pause et prit son sac à dos pour montrer la peluche qui s’y trouvait, celle de Kassidy.
- Ça c’est la peluche de Kassidy, l’une d’entre nous. Elle a cinq ans. Ne lui en voulez pas si elle se pointe pendant un de vos cours et qu’elle se concentre plus à faire des dessins qu’à écouter votre cours. Vous verrez sa peluche à chaque fois, elle ne sort jamais si Sadie ne l’a pas sur elle.
Elle rangea le lapin en peluche et se rattacha les cheveux comme Sadie avait l’habitude de le faire. A chacun son petit signe distinctif après tout. Enfin, elle refixa son regard sur le grand brun.
- Sadie, c’est ce qu’on appelle « l’hôte ». C’est son corps à l’origine. Elle est timide mais assidue. Elle fait des crises quand on force le passage, désolée pour ça.
La séductrice s’installa de nouveau sur le bureau, la tête haute et le regard défiant.
- Nous sommes entre adultes, et je vous ai entendu marmonner. Ce ne sont pas mes affaires mais vous devriez discuter avec votre copine. C’est très attirant un homme triste. Déjà qu’entre nous, vous êtes plutôt quelqu’un de séduisant, si vous ne voulez pas qu’on vous embête comme je le fais et comme je vais continuer à le faire, vous avez plutôt intérêt à paraître plus heureux. Mais ce n’est qu’un conseil d’adulte, ne le prenez pas comme venant de la petite.
La jeune femme écouta attentivement les paroles du professeur. Il avait totalement raison sur le fait que cette discussion n’avait pas lieu d’être, mais Nina ne savait pas s’occuper seulement de ses affaires. De plus, derrière ses airs de séductrice, elle était une personne très empathique qui n’arrivait pas à ignorer les problèmes des autres. Elle aimait permettre aux gens de vider leur sac et les aider à trouver des solutions. Il lui fallait bien des choses à faire puisqu’elle n’avait rien de plus intéressant à faire. Enfin, maintenant qu’elle savait que le brun était papa, elle n’allait pas plus espérer de le séduire. En revanche, elle s’amuserait sûrement à le faire tourner en bourrique et lui faire croire qu’elle ne le lâcherait pas.
- D’où le besoin de discussion avec elle.
Elle regarda Alexei se lever et chuter lamentablement au sol puis se leva en retenant un rire pour l’aider à revenir à la verticale. Elle lui tendit la main.
- Vous allez bien ? Rien de cassé ? Je dois appeler les urgences ?
Nina attrapa la main du professeur et le fit se relever, tout de même un peu inquiète qu’il se soit blessé. Il ne manquerait plus que ça qu’elle doive s’occuper d’un professeur un peu maladroit visiblement. Elle s’imaginait déjà une petite fracture du coccyx qui allait le mettre en arrêt quelques semaines. Comment elle allait pouvoir s’amuser s’il s’était vraiment fait mal ? Elle soupira.
L’homme à présent debout, Nina soupira à nouveau tout en hochant la tête.
- C’est bon, je la fais revenir. Juste une chose : je ne me vois pas comme une aide pour elle, je suis juste là pour la protéger quoi qu’elle puisse en dire.
La jeune femme alla prendre place sur une chaise et ferma les yeux pour se retirer et laisser son hôte revenir comme le demandait le professeur. Le corps de la blondinette resta quelques instants comme éteint sur cette chaise. Puis, il se mit à s’agiter imperceptiblement, montrant l’arrivée de quelqu’un aux commandes. Sadie ouvrit alors les yeux. Il lui fallut quelques secondes de plus pour reprendre ses esprits. Ce temps écoulé, elle regarda le professeur, gênée par ce à quoi elle avait assisté depuis un coup de sa tête.
- Je suis… vraiment désolée pour ce qu’il vient de se passer… J’aimerais bien vous dire que ça n’arrivera plus mais ce serait mentir.
L’adolescente prit le temps de remettre correctement ses cheveux en place puisque Nina n’avait pas été fichue de le faire. Elle avait désormais le regard baissé, honteuse de ne pas avoir plus de pouvoir sur ses alters.
- Je tiens aussi à m’excuser par rapport au fait que je n’ai pas pu suivre le cours. J’étais trop concentrée à essayer de faire partir Nina… Est-ce que je peux vous demander de répéter ce que nous devons faire pour la prochaine fois ?
Elle se releva, attrapa son sac à dos et en sortit un agenda dans lequel elle notait tout, même ses crises et leur déclencheur puisqu’on lui avait demandé de le faire. Elle prit également un stylo et nota ce qui venait de se produire pendant environ une heure. Ensuite, elle releva ses yeux vers son professeur, attendant patiemment d’entendre les devoirs qu’elle avait à faire.
La blondinette écouta attentivement les paroles de son professeur. Elle vit rapidement en lui une personne sur qui elle pouvait compter si jamais elle avait besoin d’une oreille attentive pour l’écouter en ce qui concernait ses problèmes. Cela lui fit énormément de bien. De plus, se voir donner un exercice personnel dans le cadre de ce cours était une chose à laquelle elle ne s’attendait pas du tout. Que pouvait-elle faire à part accepter cette superbe proposition ?
Elle se mit alors soudainement à sourire, hochant vivement la tête. Et un sourire de Sadie, c’était quelque chose. Elle ne l’avait pas souvent fait depuis le meurtre de sa mère. Aussi simple que cela puisse paraître, ce sourire montrait qu’elle faisait confiance à Alexei et que cette idée d’exercice lui plaisait beaucoup.
- Je trouve cette idée très intéressante ! Mais il faut quand même que je fasse les mêmes devoirs que les autres, non ? Sinon, en dehors de Kassidy qui ne sait pas encore écrire, je pense que j’arriverai à faire faire cet exercice à tous. Dois-je vous rendre ce qui en ressortira ?
Elle nota rapidement la consigne de cet exercice, même si elle était sûre de s’en souvenir elle-même. Le professeur qui se tenait près d’elle lui sembla davantage ressembler à un grand-frère qu’à un enseignant à cet instant. Mais il ne fallait pas qu’elle s’égard. Il y avait quand même de grandes chances pour que les autres élèves se mettent à penser qu’il y avait quelque chose entre elle et lui étant donné le comportement de Nina. Elle se devait donc de sauver les apparences. Et ce geste que le brun eut envers elle faisait partie de ceux qui n’avaient pas lieu d’être entre un professeur et son élève, bien que Nina l’encourageât depuis son inconscient à reprendre ce qu’elle n’avait pas pu continuer.
- Merci pour votre considération pour ma personne et mes problèmes. Ça me touche beaucoup. Mais ce genre de gestes, vous devriez les éviter… Des personnes extérieures pourraient le prendre autrement que comme un signe d’affection d’un professeur à son élève. Déjà que le comportement de Nina n’aide pas…
Sadie accepta le devoir avec un petit sourire satisfait. Une fois tout noté dans son agenda, elle rangea ce dernier et reprit son sac sur son dos. Elle remercia ensuite poliment son professeur, comme elle le faisait toujours et lui sourit à nouveau.
- Ne vous en faites pas, je saurai rentrer seule. Vous avez sûrement d’autres cours à donner ou à préparer. Ou du moins d’autres choses à faire que de vous occuper de moi.
Elle écouta ensuite ce que son professeur eut à lui dire et le remercia une nouvelle fois.
- Je vous remercie. Je vais faire en sorte de la maîtriser un peu plus à l’avenir. Merci encore pour ce devoir et pour votre compréhension. Si elle vous embête à nouveau, n’hésitez pas à la remettre à sa place. Elle ne vit que pour s’amuser.
Sadie regagna le couloir en regardant son emploi du temps qu’elle avait noté sur un petit carnet qu’elle pouvait glisser dans une poche facile d’accès. Elle se tourna de nouveau vers le grand brun.
- De toute façon, j’ai d’autres cours aujourd’hui donc je ne rentre pas au dortoir tout de suite. Il faut que je file vite à la cafétéria si je ne veux pas avoir le ventre vide cette après-midi. Je vous dis à la semaine prochaine.
Puis elle fila pour aller manger, assez contente d’être comprise malgré son trouble qui avait tendance à rendre ses journées difficiles parfois. Mais il lui fallait vivre avec. Elle ne saurait pas vivre sans ses alters à présent.
The Wiesel Den 
