Le jour où la chanson a retrouvé son souverain. [Jun de Sèze]

Pour ceux qui ne me connaissent pas encore, je suis Jun de Sèze, un jeune chanteur franco-anglais né en France, à Paris, mais j’ai été dans l’obligation de faire mes études à Indare à partir de mes seize ans étant donné que mon père avait des obligations professionnelles à Londres. J’ai donc intégré l’école dans le programme dédié aux talentueux qui se prénommait « Exchange », en section musique pour le chant.

Toutes mes années ont été couronnées de succès jusqu’à ce que je quitte l’institution, diplôme en main. Seulement, à partir de cet instant, les choses se sont compliquées à ma séparation brutale avec Austin Sanders, lui aussi un ancien élève d’Indare. Dès lors, ça a été la dégringolade autant du point de vue professionnel que personnel, mais ce fut grâce à l’aide de Nick Ballentine, un jeune homme rencontré un soir dans un bar, que ma vie a été sauvée. Voici donc ce qu’il s’est passé par la suite ;

« Et voici pour vous, en exclusivité ce soir, un artiste qui, tel un phœnix, renait de ses cendres. Il chante pour vous un extrait de son tout dernier Album ; Honey. Mesdames et messieurs, Jun de Sèze. »

Après cette brève introduction, je peux entendre les cris, les sifflements et les applaudissements de ce public en délire visiblement impatient de me revoir. Et lorsque le rideau de scène finit par entièrement se lever, au moment où la musique du titre que je compte interpréter se lance, la foule se lève et s’emballe, les téléphones et les caméras rivés vers moi.

Devant eux se dresse désormais une personne qu’ils croyaient tous médiatiquement mort et enterré, dont la carrière avait été brisée et dont l’apparence laissait à désirer. Je peux lire dans le regard des plus proches de la scène un onctueux mélange entre l’incompréhension et l’excitation. Alors muni de mon plus beau sourire et d’une main sur la hanche, j’agite les doigts de ma main vers ces gens, qui ont peut-être dépensé une fortune pour pouvoir assister à cette émission et venir me voir, en guise de salut avant que la performance ne commence.

Mais avant d’aller plus loin dans les détails, expliquons plutôt comment j’ai réussi à préparer, en ces quelques mois, le futur plus grand come-back de l’année 2020. Il faut, pour se faire, revenir 8 mois en arrière. A ce moment-là, j’étais en train de remonter la pente suite à la rencontre de quelqu’un, un coach sportif qui m’a pris sous son aile en ayant vu, entendu et compris la détresse dans laquelle je me trouvais. Intensément et à ses côtés, je me suis mis au sport et bien que les débuts furent abominables, sans ça et sans le soutien de cette personne, je ne serais certainement pas là où j’en suis aujourd’hui.

Au fur et à mesure des séances, nous avons fini par nous rapprocher, lui et moi. Et tandis que nous venions d’une relation à titre purement professionnel, l’affaire a fini par prendre une toute autre tournure pour le moins inattendue. Nous avons ensemble franchi la limite de l’amitié pour nous engager dans la voie de l’amour, de la tendresse et des petits cœurs roses... sauf que ça n’a pas duré très longtemps. Ne me sentant finalement pas prêt à entamer une nouvelle relation après la douloureuse rupture qui a eu lieu entre Austin et moi, j’ai préféré mettre fin à toute cette histoire en prétextant un départ en tournée ce qui rendrait la relation à distance trop complexe à gérer et trop instable. Sauf qu’à ce jour, aucune tournée n’avait été programmée.

Par la suite, j’ai rejoint le domaine familial situé en France dans lequel je me suis ressourcé, auprès de ma maman, Barbara de Sèze, une chanteuse très connue durant sa jeunesse qui s’est ensuite reconvertie à la peinture ainsi que de mon père, le célèbre avocat William de Sèze, alors tous deux en vacances en France. Durant mes longs mois d’absence de Londres et du monde du show-biz, je me suis consacré à ma remise en forme en continuant les entraînements que j’avais, jusqu’ici, mis à l’œuvre avec Nick, mais aussi à une discrète reprise des cours de chant. Parallèlement à ça, j’ai écrit des chansons en sachant pertinemment que je ne comptais pas me terrer dans mon trou éternellement, que la musique occupait une place trop importante dans ma vie pour être dissimulée. C’est comme ça qu’est né l’album Butterfly et c’est grâce à mon professeur de chant que j’ai réussi à entrer en contact avec une maison de disque qui a bien voulu tenter de travailler avec moi sans aucun apriori vis-à-vis de mon passé.

Dès lors, les enregistrements ont eu lieu, se sont enchaînés et l’album s’est finalement construit en plusieurs mois avant d’arriver à ce jour où je me retrouve sur la scène d’un talk-show britannique servant à promouvoir la sortie de ce nouvel album qui, nous l’espérons tous, ravivera le flambeau de ma carrière. C’est donc souriant, terriblement aminci, le teint resplendissant, la chevelure sablée ondulant jusqu’à la moitié du dos et le corps habillé d’un mini-short en satin beige moyen accompagné d’un top de la même couleur que je bluffe tout le monde et fais réaliser à tous ceux qui me regardent, que je suis bel et bien de retour.