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Nerveux, le Corbeau va s'assoir sur la chaise dans le coin de la chambre. Bien sûr, le lit serait plus confortable, mais il se refuse à l'approcher. Trop de symbolique dangereuse, mortelle, sale. En s'asseyant, il sent au passage son flingue dans son dos. Heureusement, la jeune fille ne l'a pas remarqué. Il n'aimerait pas avoir à lui en parler. Il n'aimerait pas avoir à lui parler de sa part d'ombre à lui... Tout, mais pas ça... Elle avait déjà vu assez d'horreurs comme ça pour son âge...
Il ne sut pas combien de temps s'écoula tandis qu'il était lui aussi perdu dans ses sombres pensées avant que la jeune Tanaka ne le rejoigne dans la chambre. Elle lui jeta un paquet de cigarettes qu'il accepta un peu maladroitement. Il s'alluma aussitôt une cigarette et inspira allègrement, il avait besoin de faire passer le stress. Il savait parfaitement que c'était lui qui les avait enfermés tous les deux dans cette chambre sans trop savoir de quoi la suite serait faite. Mais à présent, il avait un peu l'impression que les murs rétrécissaient. C'était dur. Devoir gérer la nervosité que lui inspirait cette jeune fille qu'il ne connaissait même pas...
Il fronça soudain les sourcils en se disant que ce qu'elle vivait elle était beaucoup plus difficile que lui. "Remue toi, et fais pas chier ! T'as vu bien pire que ça !" se dit il avant de se ressaisir tandis que la jeune Eri pianotait sur son téléphone. Il la surveillait du coin de l'oeil, mais n'intervint pas tant qu'elle ne communiquait pas avec l'extérieur. Il considérait primordial de lui donner un peu d'espace vital...
Pourtant, ce qui se déroula était tout autre: elle se rapprocha de lui, et lui tendit son téléphone. Il s'en saisit, surpris. Il affichait des tas d'articles et de photographies concernant une star enfant remontant à quelques années: Eri Tanaka ! Rock parcourut les articles très vite, d'un air grave, et comprit un peu plus ce qui était arrivé à cette pauvre fille. Un mélange de peine et de colère pouvait se lire son visage. Il s'en rendit d'ailleurs compte lorsqu'il releva la tête dans le but de rendre le téléphone à sa propriétaire. Il se leva, et s'approcha d'elle. Il ne lui dit rien, mais lui tendit son téléphone avec un sourire... étrange... Un sourire très personnel...
Toutefois, il n'en ajouta pas davantage. Il hocha simplement la tête, et revint s'assoir avant d'ajouter: - Tu devrais essayer de dormir un peu. Ou de prendre un bain, si tu penses que ca peut t'aider à dormir. N'importe quoi qui pourra t'aider à te soulager. Je te ramènerai à l'IRS en début de matinée, ok ? Avant, je pense que c'est pas une bonne idée... Qui sait où ta maladie pourrait te pousser à aller traîner... ajouta t'il avec une sombre lueur dans le regard.
Ainsi, la jeune Eri était une enfant star du japon ? Comment cette pauvre gosse avait elle pu tomber aussi bas ? Etrangement, cette nouvelle donnée dans l'équation ne changea pas grand chose pour Chris. La seule chose qu'il en pensa, c'était que parfois, les retours de karma pouvaient être particulièrement cruels. Pour beaucoup de gens, sans doute, sa véritable identité devait changer beaucoup de choses. Elle devait représenter une sorte de fantasme, ou de jeu pervers ! Sauter une enfant Star ! Ou bien prendre soin d'elle avec encore plus d'attention !
Mais pour le Corbeau, qu'elle soit une enfant star, où la clodo du coin ne changeait rien du tout. Il n'était pas touché par ce genre de considérations. Il ne connaissait pas le principe des stars. Il n'avait pas grandi avec, et cela ne signifiait pas grand chose pour lui. Et en ce qui la concernait, elle, s'il avait pris la décision de l'aider, c'était parce qu'il s'était irrémédiablement et inexplicablement senti attiré vers elle. Parce qu'il voulait la protéger, et éviter qu'elle se retrouve souillée par d'autres possédant moins de remords que lui ! Elle était pourtant bien plus jeune que lui, et son sens éthique le poussait à rester loin d'elle, même s'il avait commis des actes bien pires dans sa jeune vie, par le passé. Mais tout ça, c'était avant...
"Le sexe est le plus illogique des besoins." Björk
Je crois... Je crois que c'est la première fois que j'ai peur. Pas pour moi. Mais j'ai eu peur. Lorsqu'il m'a rendu mon téléphone. Son regard était noir. Noir de colère. Noir de... tristesse ? Je crois. Je suis même pas sûre de ce que j'ai vu. Si. Si j'ai vu son sourire. Bon, d'accord, ce n'était pas aussi difficile à voir qu'une lueur dans le regard. D'accord. Son visage semblait... me comprendre. C'est idiot ! Je sais je sais. Mais je jure que c'est l'effet qu'il m'a fait. Comme si, vraiment, il comprenait. Comme s'il n'avait rien à dire parce qu'il savait qu'il n'y avait rien à dire.
Il est retourné s'asseoir. Et m'a dit de dormir. Ou de faire un truc qui pourrait me soulager. Il me ramènera demain matin. Avant... Ouais, il voulait pas que je couche en fait. Pour lui ça me souillerait. S'il savait. C'était … Presque trop candide de me voir comme ça.
- Tu pourras rester à l'accueil et leur dire qu'on a passé la nuit ensemble et qu'on a rien fait ? Sinon j'vais être punie encore plus gravement... Et comme je risque la résidence surveillée... Bah... t'as bien vu mon état de ce soir non ?
J'attrape mes écouteurs et les lui pose près de mon téléphone sur le lit.
- Je te laisse ça si tu as pas de musiques. Ça m'arrangerait un peu que tu en écoutes... Je vais prendre un bain.
Pour lui surtout. Je me fiche complètement qu'on m'entende jouir. Mais lui non. Alors... Évitons lui ça. J'ai soupiré avant observer mes fringues. Normalement je dors nue... Alors... Je n'ai rien pour me couvrir. Je suis presque sûre que ça va le gêner. J'ouvre mon sac, observant un t-shirt qui traîne au fond. Je le sors, haussant un sourcil. Il est à moi ce t-shirt ? Je le déplie. Non. Il est pas à moi. Enfin, je m'en fous. Ça fera l'affaire.
J'entre dans la salle de bain, fermant la porte doucement. Je laisse l'eau couler longuement avant de me déshabiller et entrer dans l'eau. J'en frissonne. L'eau chaude a toujours été relaxante. Mais je sais d'avance que ça ne suffira pas. Enfin... Coincée tant qu'il ne m'ouvre pas... J'ai pas des masses de choix. Après deux minutes à sentir mes muscles se liquéfier, mes doigts bougent tous seuls à la recherche de cet extase qui me manque tant.
- - -
Ok. Gémir n'était sûrement pas la meilleure des solutions. Mais merde hein. Au moins, je n'ai pas crier. Pas trop. Je crois. Trop tard hein. Nettoyée et un peu plus sereine, je me sèche en observant le miroir cassé. Je n'ai pas envie de dormir... Pourtant... Je soupire. Longuement avant d'enfiler le t-shirt. L'odeur me rappelle vaguement un blondinet. J'hausse des épaules pour rejoindre la pièce principale. Le haut m'arrive mi-cuisses. Je trouve ça acceptable. Ce n'est pas une tenue pour être sexy, j'en conviens. Je ressemble à rien dans ce truc. On dirait une petite enfant dans le t-shirt de son grand frère. Ri.di.cu.le.
Je m'assois sur le lit, sortant un pochon et attrapant une petite tête que j'égraine entre mes doigts. Ce ne sera pas le meilleur mais bon. Je vais pas rester comme ça indéfiniment. Je sors de longues feuilles et une clope. Une minute se passe et le joint tout frais arrive entre mes doigts. Je retourne près de ma meilleure amie la fenêtre, rouvrant les volets, allumant le bâtonnet de drogue.
- La salle de bain est libre si tu veux. Tes fringues de sport doivent pas être le must. Il me reste assez de weed si t'en veux. Merci de me laisser le fumer. Sinon je dormirais jamais. Pas dans cet état.
S'il me jetait mon joint, je crois que j'en deviendrais violente. Déjà la drogue vient doucement dans mon sang. Mon esprit s'embrume, mes membres gagnent en lourdeur et en légèreté. Lentement, Dame Libido se tait. Je me tourne, m'adossant au mur de la fenêtre. J'en oublie un peu tout. L'endroit. L'heure. Ma condition. Mon compagnon de fortune. Je ne sais pas trop s'il est toujours là. J'crois ouais. C'pas grave... Mon regard se ferme, les lèvres se relèvent lentement sous une vision du passé. Je peux entendre Mei demander à Kae d'arrêter de manger tous les gâteaux. Et Kae de répondre qu'elle avait faim. Je sens une larme couler. Ça n'a pas d'importance. Je sais que c'est passé.
- Ça... Ça c'est cool... Calme et tout... Me manque qu'un bouquin...
Je continue de fumer sans bouger, profitant des voix de mes amies. Et je finis par lâcher, lorsque le silence est revenu dans mon esprit.
Alors qu'il retourna s'assoir, une nouvelle difficulté s'annonça, et pas des moindres: - Tu pourras rester à l'accueil et leur dire qu'on a passé la nuit ensemble et qu'on a rien fait ? Sinon j'vais être punie encore plus gravement... Et comme je risque la résidence surveillée... Bah... t'as bien vu mon état de ce soir non ?
Bien entendu, il aurait facilement pu refuser purement et simplement. Mais cela promettait de plonger la gamine dans une merde à venir des plus déplaisantes. Il la dévisagea un instant, soupira longuement, puis: - On va essayer de trouver quelque chose pour t'éviter la résidence surveillée... Mais si tu tiens à l'éviter, tu connais la chanson... Mieux vaut ne pas recommencer à fuguer à l'avenir... Lui répondit il alors avec bienveillance.
Le brun sentit bien qu'Eri avait de sérieux doutes, mais il ne pouvait pas lui en vouloir pour ça. Lui même ne savait pas encore comment il allait s'y prendre. Et pendant qu'il réfléchissait, la lycéenne revint, et posa des écouteurs, et de quoi écouter de la musique près de lui. Rock leva un oeil interrogateur vers elle, et elle lui fit clairement comprendre qu'elle s'apprêter à avoir besoin d'un certain niveau d'intimité. Il acquiesça doucement en la laissant s'éloigner.
Dès l'instant où la porte de la salle de bain se referma derrière la jeune Tanaka, Chris se releva en expirant profondément. Il ouvrit les volets et la fenêtre en grand, et passa la tête par la fenêtre: il avait besoin d'air. Clope au bec, il s'assura qu'elle prenait bien un bain, avant de s'éloigner vers la fenêtre quand les bruits lui confirmèrent qu'elle entrait effectivement dans la baignoire. Et puis, elle commença... Et Rock enchaîna les cigarettes, dans un souffle haletant. - Quelle nuit de cauchemar... Murmura t'il.
Les minutes et les cigarettes défilèrent, et finalement, Eri eut fini. Le Corbeau referma les fenêtres, et se réinstalla dans son fauteuil en tâchant de retrouver un semblant de calme. En s'asseyant, il vit soudain avec effroi que sa propre main était prise de tremblements et la leva au niveau de son visage. Voila de quelle façon, en l'espace de quelques heures, on pouvait transformer une banale nuit un cauchemar éveillé. Sur cette pensée, il resserra son poing, et le posa sur ses genoux, cherchant à regagner son calme. Le plus dur était encore à venir, car la petite s'apprêter à sortir de la salle de bain vêtue uniquement d'un tshirt.
Heureusement, celui ci était trop grand, et celui ci lui ôtait quelques années d'apparence, la rendant beaucoup moins sexy. Elle se prépara un joint sous l'oeil relativement neutre de Chris qui n'eut aucune réaction. - C'est vrai, elles ne le sont pas. Mais c'est pas le moment... T'en fais pas, je ne t'empêcherai pas de fumer, ajouta t'il aussitôt pour éviter tout conflit avant qu'elle n'essaie de fermer l'oeil. Très vite, le brun eut la sensation que la drogue l'emporta. Au moins, pendant ce temps, elle ne souffrait pas. Ou moins. C'était déjà ça de gagné. - Tu comptes me checker même quand je dormirais ? - Non... Je m'effondrerai probablement, moi aussi... rétorqua t'il aussitôt.
Les minutes défilèrent dans un silence lourd, où chacune de ses respirations lui paraissaient être faciles à entendre. Chris était mentalement épuisé par cette nuit, alors que, quand on y regardait de plus près, il n'avait fait que passer du temps dans la même chambre qu'une jeune fille. Quelle déchéance... Se mettre dans un tel état, pour ça ?! Finalement, il entendit au bout d'un moment la respiration régulière de la jeune Tanaka, lui prouvant qu'elle s'était enfin endormie. En l'entendant, il ne put s'empêcher de fermer les yeux, et soupirer en guise de soulagement, comme s'il était parvenu à vaincre un puissant adversaire. ENFIN, elle était parvenue à s'endormir.
Se sentant subitement seul, le Corbeau se leva et s'alluma une cigarette tout en faisant les cents pas dans la chambre. Il entendit alors Eri murmurer dans son sommeil et s'approcha d'elle. Elle dormait, mais rêvait probablement. Tandis qu'il l'observait, le brun se surprit à la trouver particulièrement mignonne dans son sommeil. Il approcha une main tremblante, et replaça délicatement une frange derrière son oreille. Mais à cet instant, la jeune fille bougea à nouveau, et murmura une nouvelle fois, si bien que Chris préféra retourner s'assoir à sa place. Mieux valait qu'elle ne pensait pas qu'il avait voulu profiter d'elle, ou quelque chose comme ça...
Lentement, le jeune homme s'avança jusqu'à l'extrémité opposée du lit à celle sur laquelle Eri s'était endormie. Il s'allongea très lentement, et avec délicatesse, afin de ne pas la réveiller, et mit un réveil sur son téléphone, avant de sombrer à son tour dans le sommeil. De toute façon, si Eri tentait quoi que ce soit pour sortir de l'appartement, elle devrait récupérer les clés. Encore faudrait il qu'elle sache où elles étaient, pour ça...
"Le sexe est le plus illogique des besoins." Björk
Lorsqu'il se coucha, la demoiselle bougea une nouvelle fois pour être face à lui. Lentement sa respiration s'accélère. Elle grommelle et fronce des sourcils. Elle appelle ses amies. Elle appelle à l'aide. Elle semble se noyer. Son buste se relève, rapidement. Elle se met en boule. Tremble et respire trop vite, trop fort. Elle parle japonais. Vite. Elle n'articule pas. Elle demande de l'aide, à moitié endormie. Elle appelle ses parents, ses amies. Ses larmes coulent, inlassable, ses mains serrant le t-shirt à en blanchir ses jointures. Elle ouvre les lèvres, comme pour crier. Mais aucun son ne sort.
Elle finira par se rallonger quelques minutes plus tard, se couchant dos au jeune homme, se repliant sur elle-même comme une enfant.
- - -
Dieu seul savait quand, je m'étais endormie. Écroulée plutôt. Pourtant, je me lève la première. Je baille. Longuement. Et observe le jeune homme à mes côtés. Le... Quoi ? Ah oui. C'est vrai. Il m'avait enfermé toussa... J'attrape mon sac et sors du lit, traînant des pieds. La respiration toujours aussi sereine m'indique qu'il dort toujours. Et je vais dans la salle d'eau. Pour me changer. Je remets mon uniforme, froissé, haussant des épaules sous ma dégaine. Je ressemble... à ce que j'aurais dû être. Une ado qui vient de copuler. Alors que non. J'ai dormi. Quelle tristesse... Je m'étire, doucement. Et, naturellement, j'en viens à faire mes étirements. Ceux que je fais tous les matins depuis notre routine avec mes deux amies. Pompes, abdos, flexions. Grand écart et autre joyeusetés. Jusqu'à sortir de la chambre. Je soupire, ouvrant les fenêtres et allumant une clope. Je sors mon téléphone, observant une seconde l'heure. Cinq heures trente. Mon visage se tord en une grimace. Je me suis levée... à cinq heures ? Ça va pas être simple aujourd'hui... Je mets mes écouteurs en commençant à écrire sur mon téléphone.
J'aime écrire. J'aime écrire des chansons. Des poèmes. Des trucs et des bidules. Aujourd'hui ce sera une chanson. J'écoute mes anciennes musiques, les fredonnant en me concentrant sur une autre musique. La libido revient doucement. Et je l'arrête d'un joint. Non. Toi. Couchée. Je refuse. J'en ai marre. Laisse-moi souffler un peu, merde !
Je ne sais pas trop jusqu'à quand j'ai écris. Je fredonne toujours, m'étirant alors qu'il allait être sept heures. Je semble... Normale. Droguée. Mais normale. Peut-être un peu fatiguée. Mais bon, on peut pas tout avoir ! Je me roule deux autres joints pour la journée. Il va falloir que je tienne. Tout va bien. J'ai subis pire que ça. Je ne vais pas me laisser m'abattre pour un truc dedans ma tête ! Allez. Ça va aller !
Je sursaute lorsque le réveil de Chris tonne dans la pièce presque silencieuse. Je ne dis rien, fredonnant toujours autant avant de ressortir mon téléphone, changeant une phrase dans mon texte, la chantant faiblement. Je compte les temps. Il m'en manque une. Une syllabe de plus... Mes sourcils se froncent alors que je chante en boucle se passage qui m'emmerde. Jusqu'à finir de le travailler. Et rediriger mon attention vers Chris. Je n'ai pas envie de lui. Enfin... Pas plus qu'une femme standard. J'aimerais mais il n'y a rien d'urgent.
J'ai envie d'entendre sa voix... Non. NON ! On arrête de penser ça ! Tout de suite ! ERI ! Ressaisis-toi !
- Bonjour. Bien dormi ?
Je ne dis rien de plus, ne sachant pas dans quel état il allait se réveiller. Ou si juste il était du matin...
Chris ne s'éveilla pas immédiatement. Fait étrange pour lui, mais après tout, comme le reste de cette nuit. Il s'éveilla en sursaut alors que des bruits venaient de la salle d'eau. Par réflexe, il tira son arme et la pointa dans la direction d'Eri. Son cerveau mit plusieurs secondes à effectuer les connexions: Eri... Nymphomanie...protéger... hôtel pour la nuit... Il rengaina aussitôt son glock, et se recoucha en expirant profondément, fatigué. Il regarda alors son téléphone: il était à peine plus de 5:30 du matin. La jeune Tanaka était matinale, ou alors elle était à nouveau en manque et espérait pouvoir lui filer entre le doigts. Dans tous les cas, le brun se promit de ne plus se rendormir d'ici le réveil, par pure sécurité...
La lycéenne revint dans la chambre, agissant d'une manière... un peu étrange... Il fallut un moment, mais le Corbeau finit par réaliser qu'elle était défoncée. Il ne l'analysa que lorsqu'elle se roula de nouveaux joints. Mais que faire ? Si cette chose était l'une des seules qui étaient un tant soit peu efficaces pour elle, il ne se voyait pas les lui prendre et les jeter dans les conduits des toilettes. Ca ne servirait à rien...
Il dissimula donc son air réprobateur sous son bras, et se laissa bercer par la douce voix de la jeune fille. Sans même qu'il s'en aperçoive, elle le transporta, atteignit son coeur. Oui, cette voix avait quelque chose de... d'envoûtant. Décidément, cette adolescente était toxique pour Chris. Lui qui n'avait qu'un seul objectif: se fondre dans la masse des étudiants d'Indarë, ne pouvait pas se permettre de s'intéresser à quelqu'un comme elle. En fait, il ne pouvait pas se permettre de s'intéresser à qui que ce soit, dans l'absolu ! C'était pour cette raison que malgré sa popularité depuis qu'il était arrivé, il passait son temps à esquiver toute tentative de drague.
Pourtant, malgré tous ses ennuis et en l'espace de quelques heures, la jeune Tanaka avait fait fondre les défenses du Corbeau à une vitesse étonnante. Et à présent qu'il se laissait transporter par son timbre, il le réalisait, et cela l'effrayait ! Cette fille... était dangereuse pour lui ! Mais aucune importance... Une fois son action de bon samaritain menée, ils se sépareraient, et elle ne le verrait plus jamais. Elle ne savait pas qui il était. Il y avait veillé depuis le départ !
Soudain, son réveil se mit à sonner, l'arrachant à la fois à ses sombres pensées et à la douce voix de la jeune Tanaka. D'un doigt agacé, il mit fin à la sonnerie avec une rapidité étonnante. De toute évidence, Rock n'aimait pas être réveillé par la sonnerie. Du moins, c'était ce que l'on pouvait en déduire de l'extérieur. Il se redressa avec difficulté, et se passa la main sur son visage cerné. - Pas vraiment... Mais ça aurait pu être pire, je suppose. Et toi ? Comment tu te sens, ce matin ? Lui demanda t'il en se levant rapidement et en allant se passer de l'eau sur le visage tout en laissant la porte ouverte pour qu'ils puissent continuer à discuter.
Lorsqu'il se regarda dans le miroir, il se félicita d'être en weekend. S'il s'était pointé en cours avec des cernes pareilles, on lui aurait posé des tas de questions sur la nuit qu'il avait passé et sur l'origine de ces cernes, et ça l'aurait vite agacé. Il se passa de l'eau, s'essuya le visage, puis entrebaîlla la porte. - Je reviens, précisa t'il à Eri avec un léger sourire. Il poussa alors la porte, ôta son tshirt et fit un brin de toilette qu'il se débrouilla pour faire le plus rapide possible, histoire que les risques soient minimaux. - Tu es prête ? Lui demanda t'il alors que la porte était toujours poussée. On va pas tarder à y aller. Tu seras pas en retard, comme ça...
"Le sexe est le plus illogique des besoins." Björk
Je l'observe doucement, évitant de me rapprocher de lui. Il n'a pas le droit. Il n'a pas le droit d'être aussi mignon ! C'est vraiment, vraiment, vraiiiiiment pas juste ! Mes doigts me démangent. J'ai envie de l'allonger. De coller mon corps au sien. J'ai envie... De trucs sales. Ça va lui faire peur. Je le sais. Je suis anormale. Peut-être … Peut-être que j'ai un problème dans le dos ? Non. Non.... J'avais vérifié. Tout va bien. Aucune excroissance, aucune difformité quelconque. Je suis toujours juste moi. Sous sa question, je souris.
- Ça a été je crois. Et puis là... Je vais bien ! Je suis pleine de drogue. Tout va bien !
Tout va pas bien. Je vais brûler de nouveau. Je vais encore mourir une nouvelle fois. Je vais souffrir en silence. Parce qu'ici, personne ne me comprend. Lui peut-être. Ou peut-être pas. Mais pour l'instant j'allais « bien ». Quand je serais seule, dans mon lit, je n'irais certainement pas bien. Je sais d'avance que je vais me rouler en boule. Je vais pleurer. Je vais recommencer à vivre un enfer. Je le sais. Mais il n'a pas besoin de le savoir. Il y a beaucoup de choses à dire. Et trop peu de temps, d'envie, de motivation. Je le détaille lorsqu'il part se laver le visage et, le suivant, mes yeux s'arrêtent sur son dos nu. Je l'ai à peine entraperçu... Et... L'envie arrive. S'installe. Je me détourne de lui. Il n'est pas bon pour moi. Trop... ouvert. Trop d'angles morts. Rha... Ce ne sont pas les bons mots. Mais je m'en fous. Les bons mots ne sont pas importants. Ma libido qui revient par contre... Ça va vite devenir une horreur. Mes doigts roulent un nouveau joint, gardant les pré-roulés pour plus tard, le dégustant en silence. Je l'entends me dire qu'il revient. Il ne me fait pas confiance. Bah... c'est normal. Mais qu'il se rassure, je ne compte pas s'enfuir. Pour aller où ? Et faire quoi ? Là... Mon envie de mourir reprend gentiment le dessus. Rien d'inhabituel. Tout est normal et évident... Il me demande si je suis prête. Je l'écoute poursuivre, refermant mes lèvres qui ont faillis lâcher un « non » bien plus qu'évident. À la place, il a continué. Et j'ai simplement pu répondre :
- Nous avons le temps. Le samedi je n'ai pas cours.
En cet instant, je me déteste. Je haïs ce semi-mensonge. Je haïs mes paupières qui sont lourdes, mes globes qui s'humidifient de plus en plus. J'espère qu'il me pardonnera... mais qu'est-ce que je dis ? Il ne me pardonnera pas. Il va m'oublier. Je le sens. Me demandez pas comment je peux une telle chose. Mais je le dis. Il va m'oublier. Ne plus me recroiser. Et je n'aurais été... rien de plus qu'une gamine. Sous les minutes qui passent, mon corps suivant celui du jeune homme, je me laisse réfléchir. Je n'ai pas envie qu'on m'oublier. Pas lui. Pas là. C'est égoïste mais... Hey ! Attendez ! J'connais cet endroit. On est déjà... Déjà arrivé ?
A l'instant où le Corbeau reparut hors de la salle d'eau, il sut rien qu'à l'odeur que la jeune Tanaka avait remis ça avec un autre joint. Soupirant longuement, le brun comprit que son erreur allait lui coûter cher, à elle. Il prit alors la décision d'écrire une lettre au psy de la petite. De toute façon, dès lors qu'il allait la ramener dans cet état, l'IRS saurait qu'elle s'était droguée. Pas besoin d'être médium pour le savoir. Il s'installa donc devant une feuille blanche, un stylo à la main, pendant que la jeune fille fixait le mur d'en face sans le voir. Par où commencer ? Que dire ? Que raconter ? Son psy comprendrait il, au moins ?
Il se reconcentra sur sa feuille, et commença à écrire: " A l'attention du psychiatre d'Eri Tanaka. Ce que je m'apprête à vous raconter n'est que la stricte vérité, et mes observations et recommandations en tant que personne ayant vécu sa crise de manque dans la nuit du 22/02/19 au plus près..." Il écrivit alors tout ce qui lui semblait important et qui pouvait aider la jeune Tanaka, en omettant tout ce qui pouvait lui portait préjudice.
Il parla des joints qui semblaient l'aider à se calmer, mais omit la coke, mentionna le fait que dernièrement, c'était devenu vraiment dur pour elle et qu'il fallait véritablement faire quelque chose pour l'aider, qu'elle n'était pas qu'un simple chiffre sur un dossier de plus, et que si personne ne l'aidait, il n'y aurait rien d'étonnant à ce que tôt ou tard, elle finisse par fuguer pour se retrouver dans une partie à plusieurs dans une des ruelles les plus malfamées de Londres un vendredi soir, jusqu'à ce qu'un jour, au petit matin, on la retrouve morte, d'une overdose, ou pire...
Chris écrivit avec ses mots. Il écrivit avec son coeur, sans même s'en rendre compte. Il voulait la protéger, et faire passer ce désir entre les mains du psy de la jeune Tanaka, étant persuadé lui même que dans quelques minutes, il lui dirait adieu. Il mit la feuille dans une enveloppe et la mit dans son survêtement. De son côté, la jeune fill était étrangement silencieuse. Mais lui même ne savait pas trop quoi dire, il fallait bien le reconnaître. L'ambiance de cette matinée avait un arrière goût d'échec assez mauvais... - Allez, viens... Il est temps d'y aller... Lui murmura t'il.
Il l'amena alors jusqu'aux grilles, ou un garde les arrêta. - Je viens ramener Eri Tanaka, c'est une élève de l'IRS. Elle avait... fugué... Annonça le brun en tiquant passablement sur ce dernier mot. Le garde observa la jeune fille, puis posa un oeil suspicieux sur Chris, avant de lui répondre: - Très bien... Suivez moi !
Le trio se rendit à l'accueil où une femme reconnut aussitôt Eri et l'accueillit en disant qu'elle était inquiète. - Elle n'a pas fait de bêtise ? - Non, elle était avec moi toute la nuit, et tout s'est bien passé, répliqua alors le brun avec un visage impassible. - Une minute... Vous êtes... - Chris Raven ! Je suis en License de Français à l'Université d'Indarë, oui, admit Chris avec un sourire poli qui passait parfaitement auprès des adultes, comprenant aussitôt que sa couverture était grillée.
La quadragénaire lui sourit en retour, avant de lui dire: - Je vois... Eh bien, je vous remercie de nous l'avoir ramenée, Mr Raven. - Je vous en prie. Je voudrais aussi vous demander de remettre ça à qui de droit, ajouta t'il en sortant la lettre qu'il avait préparée. Il la tendit à la sécrétaire, qui put lire sur l'enveloppe "Psychiatre d'Eri Tanaka, CONFIDENTIEL MEDICAL". Elle hocha alors la tête, puis: - Bien entendu, ce sera fait. - Je vous remercie.
Le brun se tourna alors vers la jeune adolescente, puis s'éloigna de quelques pas avec elle le temps de lui dire au revoir: - Bon, eh bien... C'est ici que nos chemins se séparent. Tu es en sécurité, à présent, lui dit il avec un grand sourire. Il échangea un regard avec elle avant qu'une lueur triste ne passe dans ses yeux foncés, et il remit sans même s'en rendre compte une mèche de cheveux de la jeune fille en place, avant de lui murmurer: - Tâche de faire attention à toi, ok ? Je sais qu'ils ont des sales gueules ici, mais au moins, ils ne te veulent que du bien, lui chuchota t'il dans le but de la faire sourire. Il se tut, puis recula d'un pas, et: - Au revoir, Eri ! Lui dit il en la saluant d'un petit revers de main un peu maladroit.
Là dessus, il fit volte face, et quitta le bâtiment. Dans le court intervalle de temps où il fit volte face, la jeune fille put, peut être, si elle regardait au bon endroit au bon moment, apercevoir une puissante lueur de tristesse traverser son visage. Il ne voulait pas la quitter. Mais dans la vie, on ne fait pas toujours ce qu'on veut...
"Le sexe est le plus illogique des besoins." Björk
Mon cœur se serre sans que je comprenne pourquoi. Ptêtre parce que la chaleur revient, me faisant craindre le pire. Lorsqu'il me murmure d'y aller, j'accompagne ses mouvements des miens. Je veux faire demi tour. Je veux le toucher. Rester avec lui. Il m'écoutait un peu ! Il semblait me comprendre ! Je bouillonne et ne réponds pas. Je le laisse m'emmener près d'un type que je fusille du regard.
- Je viens ramener Eri Tanaka, c'est une élève de l'IRS. Elle avait... fugué...
Fugué ? J'aurais pas choisi ce mot-là. Mais... Soit... Mes pas m'emportent un peu plus dans mon enfer. Un visage semblant familier m'apparaît. Une mamie. Le genre à faire des gâteaux et offrir plein de cadeaux. Comme quoi, l'habit ne fait pas le moine. Elle m'attrape le bras, tentant de me dire qu'elle s'était inquiétée. Menteuse. C'est une menteuse. Elle n'a pas pensé à moi parce qu'elle s'inquiétait. Elle s'inquiétait de la réaction de ma mère. Et de la Gestapo qu'elle aurait amené ici pour me retrouver.
- Me touche pas !
Mon bras se détache violemment. Ce n'est pas moi qu'ils voulaient. C'était mon putain de nom. Je n'avais ni l'envie ni la force de jouer le jeu. Laissez-moi tranquille ! Je retiens le nom qu'il donne à la grand-mère. Chris Raven. Étudiant en langue française à l'université. C'est le seul qui a essayé de me parler. Le seul qui m'ait protégé sans me connaître. Yen a qu'un qui me comp...ren..ds...
Hein ?!
Mon regard s'arrête et se pose sur l'échange. Pourquoi j'ai le cœur lourd ? Je pensais vraiment avoir le droit de m'attacher à quelqu'un ? Je suis stupide. Complètement débile. Pourquoi j'ai mal... ? Peut-être parce que j'ai vu cette enveloppe. Je pensais... Je pensais vraiment qu'il me comprenait. Il me l'avait fait croire. Je commençais à avoir confiance. J'ai mal. Plus que lorsque ma mère ne me regardait pas, plus qu'être un petit fantôme. J'aurais dû fuir. Prendre un train et quitter ce pays. J'y avais pensé. Après tout... Peut-être que ma mère avait raison. Plus on est connu, plus on est seul. Et moi je devais être sacrément connue.
Je l'ai vu se rapprocher de moi. Sûrement pour se féliciter de ce qu'il avait fait. Mon regard vide se relève vers lui. J'ai mal. Je n'ai plus envie de sexe. Je n'ai pas envie d'être ici. Je n'ai envie de rien. Que me dit-il ? Que nos chemins se séparaient ici ? Que j'étais, en sécurité ? Se rendait-il seulement compte... ? Non. Bien sûr que non. Personne ne comprenait. Personne n'arrivait à comprendre peu importe les mots que je mettais dessus. Mon regard cherchait quelque chose. Quelque chose dans ses yeux. J'ai cru voir quelque chose. Mais visiblement, en plus d'être nympho j'ai des hallucinations. Niquel.
- Tâche de faire attention à toi, ok ? Je sais qu'ils ont des sales gueules ici, mais au moins, ils ne te veulent que du bien.
J'ai mal ! J'ai mal de voir son sourire. J'ai mal d'être ici. Doucement, mes larmes coulent. Je les sens. Je m'en fous. Je crois que je n'ai jamais été aussi vide. Le premier ami, ou ce qui s'en rapproche, que je me fais depuis la fuite de Mei et le décès de Kaede... me trahit. C'était... affreux. Comme s'il me prouvait, même par ses mots, qu'enfermée ici à souffrir j'allais avoir moins mal que dehors ? Hein ? Non mais attends ! Attends attends ! À quel moment il jugeait ça ? Sans me consulter ? Sans me demander ? À aucun moment. C'était... Inacceptable ! Il me fait mal, me jauge et se casse ? Vraiment ?! NON ! Certainement pas !
Il m'a dit au revoir et s'est éloigné. Naturellement, je lui ai couru après. Je ne m'occupe pas de mes larmes. Tant pis pour ma gueule. Je l'attrape par la nuque et le rapproche de moi, lui collant un baiser bien trop langoureux pour le torrent d'émotions que je ne comprends pas. Il y a trop de choses. Trop... de... Trop. Juste trop.
C'était ma première nuit... avec quelqu'un... Sans sexe... J'aurais aimé... Je souris, incapable de rire, doucement gênée de ce que je dis J'aurais sûrement aimé dormir une nuit de plus avec toi. Autre chose. J'ai jamais été « bien ». Ni en sécurité ni à l'aise. La seule fois où je l'ai été... La seule fois où j'ai cru qu'il y avait quelque chose qui pouvait en découler... C'était avec toi.
Je sens mes larmes couler un peu plus. C'est douloureux. Être seule comme ça... Tout le temps... ? Je vais rester seule toute ma vie ? Je ne pourrais jamais me lier avec quelqu'un ? Impossible. Si tu veux un truc, tu dois faire en sorte de l'avoir. Je reste de dos. Je ne veux pas qu'il me voit. Je n'arriverais pas à rentrer, sur mes deux jambes, si je le revois. Souriant alors qu'il venait de me « rendre ».
- Je te laisserais pas m'oublier ! Peu importe combien de temps ça me prend. Je te reverrais ! Et j'espère que ce jour-là tu seras près. Parce que moi, je ne te montrerais plus de fausse Eri.
Ma main se lève et fais un vague geste. Alors que je le vois de dos. Tu étais trop lumineux pour moi. Trop sombre. Trop beau. Trop droit. Tant pis, nous ne serons pas amis si c'est ce que tu veux.
- Tu sais, Chris, murmure ma voix assez bas pour que je peine à l'entendre, Je pense que tu as raison. Il y a des choses qui ne s'efface pas d'un claquement de doigt. Mes larmes redoublent alors que je ne bouge plus, baissant la tête. Et toi... Dis moi Chris... Et toi. Tu vois quoi quand tu me regardes... ?
Je t'ai cru. Quand tu m'as dis ne pas vouloir me traiter comme un objet jetable. Un truc que tu balancerais demain matin. N'est-ce pas ce que tu as fais... ? C'est pas grave. Je manque d'habitude. Je suis trop faible. C'est pas grave. Je te ferais changer d'avis.
Se passant la main dans les cheveux pour les ramener en arrière, Chris s'apprêta à rentrer chez lui. C'était la fin d'une très longue nuit. Il allait enfin pouvoir prendre une longue douche chaude, et s'affaler dans son lit, fermer les yeux, et baisser sa garde. Ses nerfs en avaient besoin. Mais alors qu'il s'éloignait, des pas précipités attirèrent son attention, et il vit alors une jeune Tanaka complètement en larmes accourir vers lui, visiblement perdue. - Eri, mais qu'est ce que tu fais i... ?
Il n'eut jamais l'occasion de terminer sa phrase, car la jeune fille lui crocheta la nuque, et lui offrit un baiser à se damner. Le genre de baiser dont on vendrait son âme pour les obtenir. Pourtant, ce ne fut pas la joie mais l'incompréhension et la surprise qui frappèrent le Corbeau. Tout d'abord happé par les lèvres de l'adolescente, il recula dès que son envoûtement eût un peu moins d'effet sur lui, et posa sa main sur ses lèvres en fixant Eri d'un oeil ahuri: - Mais qu'est ce que tu... ?!
Une fois encore, sa phrase resta suspendue dans les airs, et son visage redevint grave. Ses larmes, son regard perdu, appelant au secours... Sans doute la pauvre Eri était elle perdue, peut être même un peu apeurée. Et cela, il pouvait aisément le comprendre. Il ne pouvait pas lui en vouloir. Sa main retourna le long du corps tandis que la jeune Tanaka lui promettait qu'il ne l'oublierait pas de sitôt. Il aurait pu lui rétorquer avec sarcasme qu'il n'y avait pas de danger, mais il n'en avait aucune envie. Il conserva le silence, fixant sa nuque d'un air triste, sans ciller. Lui était persuadé que non, ils ne se reverraient pas. Eri était déboussolée, épuisée, apeurée. Mais ici, à l'IRS, des gens seraient là pour l'aider.
Rock, lui, ne pourrait lui apporter que de mauvaises choses s'il la laissait pénétrer dans son monde. Tant qu'il était celui qui l'aidait, elle avait beaucoup à y gagner, certes. Mais l'inverse était toxique, à tous les niveaux. Sous son apparence de joli garçon, Chris n'était pas quelqu'un de bien. Il en était profondément convaincu. Il était né pour tuer, pour détruire des vies. C'était, à l'origine, sa raison d'être. Il n'était pas question qu'il laisse Eri approcher son monde. Cela la mettrait en danger inutilement.
Il la regarda s'éloigner, sans mot dire, et lui dit une dernière fois adieu avec le regard, avant de faire volte face. Il ne put alors s'empêcher de soupirer profondément. Chaque face à face avec la brunette mettait ses nerfs à rude épreuve, mine de rien. Il secoua légèrement la tête de gauche à droite, avant de reprendre sa route en direction de son appartement. Cette nuit était terminée, à présent...
The Wiesel Den 
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