Un fauve mis en cage, un autre à son secours

J'aurai vraiment tout vécu dans ma vie. La perte d'un proche sans même le connaître, un autre en taule, l'amour, la trahison, les vacances, les fêtes un peu trop arrosées qui me font faire n'importe quoi, les fiançailles, le voyage de noce, le mariage. La liste est longue et pourtant, une chose se rajoute à celle-ci. Aller payer la caution pour faire sortir mon nouveau mari de cellule. Imaginez ma surprise lorsque pendant le travail, je reçois un appel de la police. Au début j'ai cru à la pire nouvelle que l'on pourrait m'annoncer. Et puis au final, j'apprends seulement que mon époux est enfermé au commissariat dans l'attente que sa caution soit payée, ou qu'il soit envoyé quelques temps en prison.

Après une très brève explication à mes collègues, j'ai quitté le boulot exceptionnellement plus tôt pour me rendre rapidement au commissariat. Un policier m'explique alors un peu la situation ainsi que la raison pour laquelle Jagger se retrouve en cellule. Apparemment il a fait une mauvaise rencontre et se serait battu avec mon connard d'ex. J'espère que Jagger lui a mis une bonne dérouillée mais en même temps, j'espère surtout que ça ne lui portera pas trop préjudice par rapport à son bar. On ne sait jamais de quoi est capable la Justice.

Avant que je ne paie la caution, ils me permettent d'aller le voir en cellule et de discuter un peu avec lui. Soi-disant ça me permettra de mieux savoir si je veux vraiment payer sa caution ou si ce ne serait pas mieux de le laisser aller en prison. Bande de cons. Je n'ai pas besoin de réfléchir pour la caution. Elle sera payée de toute façon. Cependant j'accepte bien volontiers l'occasion d'aller le voir avant. Je peux avoir sa version des faits après bien sûr mais j'ai aussi envie d'avoir celle de mon ex. Je veux voir quels bobards il sera prêt à me sortir pour espérer s'attirer mes faveurs. Cette fois, ce n'est pas lui qui va jouer avec moi. C'est moi qui vais jouer avec lui. Je suis donc le policier devant les cellules réservées à ceux qui sont en attente d'une décision, d'une caution à payer ou qui sont simplement là le temps que l'alcool soit parti de leur orgnisme. Il me laisse ensuite seule avec Jagger et....l'autre tâche. Grâce à ça, j'ai eu l'occasion de voir dans quel état Jagger l'a mis et je suis contente de voir qu'il ne l'a pas loupé. C'est ce qui s'appelle s'être fait refaire le portrait. Bien fait pour sa gueule.

- Ca va ?

Je peux constater l'état à Jagger aussi. Il a bien quelques hématomes et égratignures par-ci, par-là mais rien de bien grave comparé à l'autre con. En même temps, Xavier n'est pas un grand bagarreur. Il se défend pas si mal mais ce n'est pas un grand athlétique non plus. Face à Jagger il n'avait clairement aucune chance. En plus avec ce que j'ai pu voir, il a dû dire quelque chose qui n'a vraiment pas plus à mon irlandais pour que celui-ci lui refasse autant le portrait.

- Non ça ne va pas ! T'as vu dans quel état je suis ?!
- Toi, t'as gueule. C'est pas à toi que j'posais la question mais à Jagger.

Je reporte alors mon attention sur l'homme concerné, attendant sa réponse. Et lorsque je l'ai, je poursuis la discussion avec le sujet qui m'intrigue le plus. Les détails de ce qu'il s'est passé. Une bagarre c'est assez explicite mais ça ne me dit pas pourquoi. Et moi je veux savoir ça. Pourquoi Jagger l'a cogné ? Qu'est-ce qui l'a énervé au point de bien amocher mon ex ? Enfin quoique pour la seconde question, j'ai ma théorie. Xavier est déjà énervant de base. Même moi j'ai envie de le gifler rien qu'en voyant sa gueule d'abruti.

- Il s'est passé quoi ?
- Il m'a tabassé, ça ne se voit pas assez ?
- Si tu l'ouvres encore une fois sans que je t'adresse la parole, tu vas réellement avoir besoin de chirurgie pour retrouver une tronche normale !

Qu'est-ce que je disais... Il est énervant tout le temps.

- Tu sors avec une brute qui ne sait pas se contrôler, t'es au courant au moins ?
- Venant d'un connard qui s'est foutu de ma gueule, je ne relève pas le commentaire... Sérieusement, ferme-la avant que mon poing passe entre les barreaux pour aggraver ton état.

Je regarde alors Jagger, attendant de voir s'il se sent d'attaque à me donner sa version ou s'il préfère m'en parler plus tard.

Je n'aurais vraiment jamais cru que j'irais un jour payer la caution pour sortir quelqu'un du pétrin. J'ai l'impression d'attirer tous les mecs qui risquent la prison. D'abord mon père puis Jagger. Et mon ex... Lorsque je suis au commissariat, je profite de l'occasion pour aller questionner les deux mâles. Je veux connaître la version des deux hommes sur ce qu'il s'est passé. Evidemment lorsque je me retrouve en présence de Xavier, il ne faut pas s'attendre à beaucoup de calme. Du moins, pas longtemps. À peine commence-t-il à ouvrir son clapet que je l'engueule déjà. Pas moyen de m'entendre avec lui. La rancune est encore trop forte. Et puis je n'aime pas qu'il se mette en avant alors que je pose les questions d'abord à mon époux. Ca me fait bizarre de parler de Jagger en tant que mari. J'ai encore un peu de mal à m'habituer à ce nouveau statut.

Lorsqu'il me prend la main, je ne cherche pas à fuir. Je suis venue pour le sortir de cet endroit. Si je voulais le fuir ou que j'étais en colère contre lui, je l'aurais tout simplement laissé croupir en cellule comme je vais le faire pour mon ex. Il pourra bien profiter du froid des lieux. S'il veut sortir il devra se démerder avec quelqu'un d'autre. Je continue de questionner Jagger tout en me disputant entre deux avec Xavier quand il répond à la place de l'irlandais. Jagger est d'accord de me donner directement sa version à condition que je lui fasse un bisou. Une condition qui a le don de me faire légèrement rire, amusée.

- Gourmand...

Néanmoins je sais aussi que c'est surtout pour faire rager son rival. Je ne me fais alors pas prier et dépose mes lèvres contre celles de Jagger – pas le choix de toute façon, il m'a kidnappée –, l'embrassant longuement et tendrement. Je fais bien durer le plaisir pour faire chier mon ex. Et le pire, c'est que ça fonctionne. Lui qui s'était fichu de ma gueule parce qu'il n'avait aucun sentiment pour moi, je dois avouer que je suis surprise de le voir bouder et rager dans son coin. Il n'est pas si indifférent à moi que je ne le pensais. Peu après ce contact, j'écoute la version que me donne l'irlandais sur les raisons qui l'ont poussé à se battre avec l'autre tâche. Lorsque j'entends ce qu'il s'est passé, je ne peux m'empêcher de soupirer. Ce genre de situation stupide, c'est tout à fait le genre de Xavier.

- Va te faire foutre connard ! Qu'est-ce que ça pouvait te faire que je drague ta cousine ?! T'en es amoureux, c'est ça ? Tu veux te la taper ?!
- Putain t'as vraiment pas un bouton « off » pour fermer ta grande gueule ?!
- Non mais je suis sérieux ! Je discutais simplement avec la serveuse, j'avais même une chance d'être plus intime avec elle et lui il vient tout casser comme un gros jaloux. J'faisais rien de mal !

Je jette un simple coup d'oeil vers Jagger. Je sais que je ne dois pas prêter trop d'attentions à ce que raconte l'autre abruti. Cependant après avoir vu la scène du baiser en Irlande, et malgré toute la confiance que j'ai envers Jagger, j'ai encore du mal à me convaincre qu'il ne se passera jamais rien entre lui et sa cousine. Et malheureusement, mon ex remarque ce petit doute qui plane encore dans mon esprit.

- À voir la tête que tu tires, mon hypothèse ne te semble pas tirée par les cheveux. T'aurait-il déjà trompée depuis le début de votre relation ? Et beh t'as vraiment pas de chance. Tous ceux à qui tu offres ton coeur et ton corps finissent par aller voir ailleurs. T'es un aimant à mecs infidèles ma parole !

Cette fois, c'en est trop. Ca me démange depuis un moment de lui coller mon poing dans la figure.Et là, il atteint clairement mes limites. Je ne retiens donc plus ma rage, m'approche de la cellule de Xavier et lui colle mon point dans la figure. Je n'en reste pas là. Je le prends ensuite par le col et le ramène violemment contre les barreaux. Un bruit sourd se fait entendre alors que sa tête se heurte aux barreaux, rajoutant une blessure ensanglantée. Ma rage et ma rancune se font entendre lorsque je reprends la parole. Adieu le calme, adieu le langage poli, adieu le tact.

- J't'ai déjà dit de fermer ta putain de gueule ! T'es très mal placé pour faire le moindre commentaire sur ce sujet ! C'est à cause de toi que je vis maintenant avec cette crainte au quotidien ! C'est entièrement de ta faute si je n'arrive plus accorder une totale confiance en qui que ce soit même lorsqu'ils le mériteraient ! J'ai gâché une partie de ma vie pour toi et tout ce que t'as trouvé pour me remercier, c'est de me tromper et d'en vouloir à ma fortune ! Tu n'as qu'à crever en taule, ça fera un déchet en moins sur cette planète !

Je le relâche en le poussant. Il perd l'équilibre et se casse la gueule. Pendant qu'il se relève doucement, je m'éloigne de sa cellule pour éviter de trop laisser ma colère exploser. Si ça arrive, je risque de finir moi-même en cellule et ça sera plus compliqué pour payer la caution de Jagger. Ma petite crise a déjà attiré un policier. Celui-ci vient jeter un oeil pour vérifier que tout va bien. Je le rassure alors, lui expliquant que j'ai juste une un « léger » accès de colère mais que ça ne se reproduira pas. Il s'en va alors, nous laissant à nouveau seuls tous les trois.

- Bon j'vais payer ta caution Jagger et on quitte cet endroit avant que j'fasse un meurtre.
- Attends Jenny... Faut que tu saches que je m'en veux de t'avoir fait subir tout ça. Je me rends compte depuis peu qu'en fait je n'arrive vraiment pas à t'oublier.
- Si t'essaie encore de me manipuler, c'est raté. C'est fini le temps où je croyais toutes tes belles paroles.

Après un doigt d'honneur, je retourne auprès des autres policiers sans attendre la moindre réponse. Je m'occupe de régler la paperasse et de donner le montant de la caution pour permettre à Jagger d'être à nouveau libre. Dès que tout est fait, un policier se rend vers les cellules et ouvre celle de l'irlandais, lui faisant comprendre gentiment qu'il est désormais libre parce que tout est réglé. Pendant ce temps, j'attends sagement près d'un bureau d'un policier, finissant de régler la paperasse en attendant l'arrivée de Jagger. Lorsqu'il est enfin avec moi, je ne me fais pas prier pour quitter les lieux avec mon époux. Un besoin de changer d'air qui se fait sentir sans aucune difficulté.

- Ce crétin veut vraiment me rendre chèvre. J'vais finir tendue à vie avec ses conneries.

Faire rager mon ex, c'est jouissif même si en même temps, c'est très surprenant de sa part. S'il n'at aucun sentiment envers moi, ça n'aurait même pas dû le faire réagir. À moins que ce soit le fait que malgré son sale coup, je parviens encore à être heureuse avec un homme. Malheureusement je déchante aussi bien vite. Après avoir écouté les deux versions des faits, Xavier a le malheur de me refaire penser à une scène qui m'avait déplu et qui a encore tendance à éveiller quelques craintes en moi. Alors oui, quand il parle de la cousine, j'ai un instant de doute dans le regard.

Jagger le voit et me rassure du mieux qu'il peut mais c'est légèrement inutile. J'ai confiance en mon mari. Pas en moi. Je pique ensuite ma crise contre mon ex et me défoule physiquement et oralement sur lui. Je ne le relâche que lorsque je suis enfin calmée. Enfin presque calmée. Je le relâche surtout pour éviter de commettre un meurtre. Je m'en vais ensuite afin de payer la caution et libérer Jagger. Une fois tout réglé, un policier se charge d'aller chercher mon époux et nous pouvons enfin quitter le commissariat. Cependant ce n'est clairement pas dans la bonne humeur.

De mon côté j'ai besoin de me changer les idées, et du côté de Jagger, il est vexé par les paroles que j'ai pu sortir devant les cellule. J'oublie souvent que quand il s'énerve il sort des paroles qu'il ne veut pas mais il oublie que je fais pareil. Les mots sortent plus vite que la pensée et je le regrette après. Soit parce qu'elles sont vraies et vexantes, soit parce que je les tourne très mal sur le moment et que cela change le sens de ma pensée.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire. Tu sais bien que quand je suis énervée, les mots sortent tout seuls et pas vraiment de la bonne manière. Si je croyais encore aux tromperies de ta part, je ne serais pas mariée avec toi.

Et c'est vrai. J'estime que le mariage est une preuve de la confiance que je lui accorde. J'ai accepté de me lier à lui parce que je sais qu'il fera tout ce qu'il pourra pour me rendre heureuse, me faire oublier les trahisons subies. Et je veux pouvoir faire de même pour lui. Je baisse alors la tête en regardant honteusement le sol.

- Ce n'est pas en toi que je n'ai pas confiance...

Je relève le regard vers lui et le supplie presque.

- Je t'expliquerai tout plus en détail à la maison si tu veux mais pas ici. Pas dans la rue.

S'il veut vraiment connaître ce qui coince, je veux bien tout lui dire mais pas dans un lieu public. Ce n'est pas quelque chose qu'on peut régler dans la rue. Sait-on jamais si je me fais encore réprimander. C'est mieux que l'on soit en intimité plutôt qu'en public. Il peut être vexé par mes paroles et me bouder mais je suis contente qu'il accepte de rentrer. On sera plus à l'aise pour parler. Le chemin du retour se fait alors plus calmement bien qu'il reste assez silencieux. Puis lorsque nous sommes enfin de retour à l'appartement, je pose mes affaires et laisse Jagger se poser s'il le veut. Je le rejoins ensuite – après avoir fait un passage à la cuisine pour prendre des chips – et l'invite à s'asseoir sur le canapé avec moi.

- Bon du coup...comme je te le disais, ce n'est pas en toi que je manque de confiance. C'est en moi...

Il ne l'a jamais su. Ce n'est pas quelque chose que je dis ouvertement. En général, je garde même cette info pour moi. Il n'y a que sur une piste de danse que j'ai réellement de l'assurance. Je grignote mes chips, mal à l'aise. Je lui dévoile un truc que j'ai plutôt l'habitude de dissimuler. J'ai de quoi être préoccupée.

- J'ai l'air pleine d'assurance tout le temps mais en vrai, il n'y a que sur une piste de danse que j'ai réellement confiance en mes capacités. En privé, je doute toujours de ce que je peux faire pour rendre quelqu'un heureux. Ou pour le garder auprès de moi. Par exemple si une femme te drague et veut réellement t'avoir, je ne sais même pas si je serai capable de faire ce qu'il faut pour te garder auprès de moi.

Maintenant que tout est déballé, du moins ce qui me semble plus important, à lui de voir ce qu'il en pensera. De mon côté, je me recroqueville sur le canapé en rassemblant mes jambes contre moi. Je recommence ensuite à grignoter comme je le fais toujours lorsque je suis frustrée, préoccupée, stressée, mal à l'aise ou tout autre état d'esprit négatif. Il a l'habitude que je me mette à me goinfrer avec n'importe quoi quand je suis dans cet état.

Il n'a vraiment pas apprécié mes paroles. En même temps, je n'aurais pas apprécié non plus si les rôles avaient été inversés. Néanmoins je refuse de parler de tout ça dans la rue. Ce n'est pas assez isolé, pas assez intime, pas privé. Nous rentrons donc à l'appartement en silence, nous nous installons pour nous mettre plus à l'aise mais l'ambiance reste encore tendue. Moi il me fallait ma dose de bouffe pour décompresser, Jagger râle en sachant cela. En même temps il ronchonne toujours quand je déstresse de cette manière. Ca ne change pas de d'habitude. Je me demande pourquoi d'ailleurs. À croire qu'il a peur que je prenne du poids ou je ne sais quoi d'autre. Aucun risque dans tous les cas.

Dès que la nourriture est en main, je me pose sur le canapé et grignote. Je lui expose finalement le problème, ce qui me trotte en tête et surtout, vers qui est réellement dirigé le manque d'assurance. Ce n'est pas lui le souci, c'est juste moi qui ne sais pas accorder autant de confiance qu'il le mérite. Il m'en veut beaucoup, ça se voit et je ne peux même pas protester tant c'est compréhensible. Il écoute mon petit discours puis finit par se relever avant littéralement jeter mon paquet de bouffe à travers la pièce. Il prend la parole en râlant évidemment sur mon habitude de me goinfrer lorsque je suis préoccupée, mais aussi sur le fait que mes révélations n'en sont pas réellement. Ca fait apparemment depuis un moment qu'il a remarqué que dans la vie privée, je suis très loin d'être aussi assurée que sur une piste de danse. Il lit en moi bien plus que je ne l'imaginais...

Je le regarde pendant qu'il m'enguirlande encore. Pour le coup, je ne sais pas quoi répondre. Si j'ouvre la bouche, j'ai l'impression que j'aggraverai mon cas. Je n'ai pas besoin de dire quoi que ce soit au final. Jagger passe d'une réprimande à une question très surprenante. Sur le coup, j'en reste même bouche bée durant quelques instants. Il est sérieux ? Il croit que parce que l'autre trouduc m'a fait une déclaration de merde, je vais être touchée ?! Impossible. Plutôt crever. Cette fois, c'est à mon tour de râler. Non en fait je devrais plutôt dire que je rage.

- T'es sérieux là ? J'ai des envies de meurtre à chaque fois que j'vois sa sale tronche ! Tu crois sérieusement que c'est parce que je tiens à lui ?! J'suis plus amoureuse de lui depuis des mois déjà ! Dès l'instant où il m'a trahie, mes sentiments pour lui se sont envolés !

Faux. Ils ne se sont pas envolés tout de suite. J'ai eu mon moment de déprime, puis de revanche. Mais depuis plusieurs mois, depuis que Jagger est entré dans ma vie, mes sentiments pour Xavier ont bel et bien disparu. Jagger a pris sa place et bien plus encore. J'en suis au point que je pourrais vraiment faire n'importe quoi pour l'irlandais. Je lui ai peut-être fait mal avec ma remarque sur le manque de confiance, j'ai essayé de m'expliquer et de m'excuser dans le même temps, mais lui il me fait bien mal avec sa question. Il a bien vu que chaque fois que je vois Xavier, je me dispute avec lui et que je veux le trucider. Pourtant Jagger croit quand même que je suis encore amoureuse d'un con pareil. C'est douloureux de savoir que nos sentiments sont mis en doute. Je sais à quel point il m'aime mais apparemment, ce n'est pas le cas pour lui.

- J'peux comprendre que je t'aie blessé avec mes paroles sur la confiance mais de là à ce que tu te mettes à douter de mes sentiments...

Je me lève, vexée, et pars chercher quelques affaires. Je me rends ensuite dans la salle de bain, sans verrouiller la porte au cas où il aurait un besoin pressant. Je dépose tout, me déshabille et file sous la douche. Enfin...dans la baignoire mais le reste se passe comme une douche. Je reste sous le jet d'eau et soupire. Parfois je me dis qu'on se dispute trop. C'est peut-être pour ça que certaines pétasses en profitent pour essayer de le charmer. Elles s'imaginent que nos disputes se finiront en rupture. Si c'est bien ça, je ferais bien de trouver un moyen pour que nos disputent soient moins fréquentes, moins violentes aussi et rappeler à toute ses pimbêches en chaleur que Jagger est ma chasse gardée.

Il se fout de ma gueule là... Il croit vraiment que j'ai encore des sentiments pour l'autre raclure de service ? Pour le coup, ça me blesse autant que je l'ai vexé. Peut-être même plus. Ca me fait rager, je pousse ma petite crise puis quitte la pièce pour aller noyer ma colère sous la douche. J'y reste quelques minutes, le temps de me calmer et de souffler aussi. Cela me permet aussi de me remettre les idées un peu en place. C'est plus simple de réfléchir quand on a l'esprit posé. Après quelques longues minutes passées sous l'eau chaude, je finis par stopper l'eau et sors de la baignoire. Jagger est déjà présent, avec un linge dans les mains. C'est assez gentil de sa part et je dois admettre que j'aime bien quand il s'amuse à faire le groom.

Je prends alors la serviette et m'enroule dedans tout en écoutant les paroles de mon mari. Il est plus calme lui aussi. Il en profite alors pour m'expliquer la raison pour laquelle il m'a posée sa question idiote. Et puis il me fait un speech dans l'intention de me remettre les pieds sur terre. C'est rare qu'il me parle ainsi. Et quand il le fait, il parvient toujours à trouver les mots pour apaiser mon coeur et éloigner mes doutes. Il repart ensuite de son côté en me laissant seule. Je termine de me sécher, attache la serviette autour de mon buste puis descends rejoindre Jagger. Lorsque j'arrive, il termine une conversation téléphonique. D'après les paroles que j'entends, j'imagine qu'il parle à sa cousine.

Je ne pose aucune question, ne fais aucune remarque. Je me contente seulement de venir m'installer à califourchon sur lui pendant qu'il mange. Sans rien dire, ni même le déranger pendant qu'il prend son repas, je me colle contre lui pose ma tête sur son épaule. Visage face à son cou, j'en profite pour m'y cacher. Mes bras se glissent autour de lui et serrent doucement leur étreinte tandis qu'un seul petit mot sort de ma bouche dans un murmure.

- Merci...

Merci pour tous les mots qu'il m'a dit, pour m'avoir encore secoué les puces, m'avoir rappelée à l'ordre, me redonner confiance, et pour beaucoup d'autres choses encore. Cet homme est devenu mon pilier. Il me permet de me relever lorsque ça ne va pas, de reprendre mes esprits lorsque cela devient nécessaire. Bref il m'empêche littéralement de couler. Je profite de cet instant de calme, blottie contre lui. Sa présence me rassure. Je ne peux pas dire que sans lui je serais perdue puisque j'ai Lizzy et mes grands-parents pour me soutenir mais...sans lui, c'est comme s'il me manquait quelque chose.

Après quelques longues minutes logée dans ses bras, je me bouge un petit peu mais pas pour le quitter. Je lui offre quelques baisers dans le cou avant de me déplacer un peu plus. Toute bonne dispute de couple qui se respecte, finit par une réconciliation tendre. Et bien c'est ce que je compte lui offrir. Un moment de tendresse où pour une fois, il est totalement à ma merci. Lui soumis, moi dominante. C'est assez rare mais ça arrive. En général, soit il est le dominant, soit c'est un peu du 50/50. Ce soir, c'est à monsieur de profiter. Je lui fais donc passer un moment de pur plaisir intime jusqu'à ce que l'on soit l'un contre l'autre pour passer la nuit sur le canapé, lieu qui a été témoin de notre réconciliation.

Le lendemain, je me lève assez tôt. Pour une fois, c'est lui qui peut dormir. J'aurais aussi pu le faire en fait si mon téléphone ne s'était pas mis à sonner. Je tâte un peu les alentours à la recherche du portable et lorsque je décroche, j'ai déjà des envies de meurtres qui apparaissent. Si j'avais su qui serait au bout du fil, j'aurais ignoré l'appel.

- Ouais... ?
- [...]
- J'espère que t'y crèveras. Ce jour-là, passe le bonjour au diable de ma part avant qu'il te charcute.

Non mais et puis quoi encore ? Il croit vraiment que je vais payer sa caution et le faire sortir ? Un petit tout en cellule ne lui fera pas de mal. Et s'il y crève, ça n'en sera que meilleur pour le monde. Je viendrai danser sur sa tombe et je dresserai un chien pour qu'il pisse dessus. Je raccroche l'appel sans la moindre pitié pour mon ex. Je regarde ensuite Jagger avec un petit sourire alors qu'il se réveille gentiment.

- Salut toi. Bien dormi ?

Je lui dépose un baiser sur les lèvres puis me redresse afin de le laisser s'asseoir s'il en a envie. De toute façon je suis bien obligée de me lever. Mon ventre réclame de la bouffe et surtout, un bon cacao. Je me rends alors à la cuisine et me prépare ma petite boisson chocolatée.

- Tu veux un café Jagger ?

J'écoute sa réponse et lui prépare sa boisson s'il en souhaite une. Et aussi un petit-déjeuner pour calmer les estomacs affamés. Lorsque tout est prêt, j'apporte le tout au salon et pose sur la table basse. Je commence ensuite à grignoter, laissant Jagger en faire de même s'il le veut. Cette fois il ne peut pas me râler dessus. Pas de biscuits, ni de gâteaux ou de chips.

Dur d'en vouloir longtemps à Jagger. Je sais qu'il n'est pas doué pour le tact, ni pour parler. Et moi je ne suis pas plus douée que lui pour tout ça. Alors oui, nos explications partent souvent en vrille mais la réconciliation est tout aussi rapide en général. Jusqu'à maintenant, nous ne nous sommes jamais disputés bien longtemps. Sûrement parce que nos réconciliations sont souvent chaudes et agréables. C'est presque à croire que nous nous disputons volontairement juste pour avoir une raison supplémentaire de coucher. Cette nuit est donc en grande partie utilisée pour nous adonner à ce plaisir charnel, Jagger se laissant assez dominer par moi. C'est rare mais ça nous permet de nous obliger à faire confiance l'un à l'autre mais aussi de changer un peu nos habitudes.

Le lendemain est un peu difficile pour le réveil. Un coup de téléphone me sort de mes songes. Celui-ci est court. Xavier souhaite que je l'aide à sortir de prison en payant sa caution mais tout ce qu'il obtient comme réponse, c'est un vent. Je l'envoie tout simplement chier. Je ne veux plus avoir affaire à lui et un tour en prison ne lui fera pas de mal. En plus il me fichera la paix un bon moment. L'appel est donc très vite terminé et je peux enfin avoir toute mon attention sur mon mari. Un petit câlin matinal et me voilà prête pour aller préparer le café. J'en fais donc un pour Jagger ainsi qu'un plateau-repas pour qu'il puisse se nourrir.

Je n'ai pas le temps de répondre à Jagger avant d'entendre la sonnette retentir. Pendant que Jagger va ouvrir, je m'occupe de tout apporter au salon pour poser sur la table basse. J'en profite au passage pour me « vêtir » avec le linge. Contrairement à Jagger, je n'aime pas trop me balader nue devant des invités. Celui-ci me fait d'ailleurs comprendre que Lizzy est présente à la porte. Je viens alors voir à l'entrée. Lizzy ne vient pas souvent sans prévenir. En général si elle le fait, c'est pour quelque chose d'important. Ou parce qu'elle passait par-là et a été prise d'une envie de faire coucou.

- Qu'est-ce qu'il se passe Lizzy ?
- Euh et bien, je découvre que t'as bien choisi ton homme. Il est bien formé l'Apollon dis donc...

Je place les mains sur les yeux de mon amie avant de la faire rentrer dans l'appartement.

- Interdiction de mater, c'est le mien. Mon mâle à moi.

Lizzy laisse échapper un rire amusé à ma remarque. Je sais qu'elle ne fait que me taquiner et qu'elle ne risque pas d'essayer de me le voler. Mais ça ne l'empêche pas de mater quand elle voit un corps attirant. Après je sais aussi que maintenant qu'elle a pu se rincer l'oeil, elle n'en profitera pas vraiment non plus. Lorsque nous sommes au salon, je retire mes mains de la figure de mon amie et la laisse s'assoir sur le canapé. Celle-ci sourit en voyant notre petit-déjeuner tout juste installé et surtout nos tenues.

- En tout cas, je vois que vous vous êtes bien amusés cette nuit.

Elle regarde un peu le carnage que nous avons fait dans le salon avec les vêtements et sourit un peu plus.

- Laissez-moi deviner... Vous vous êtes encore disputés hier et il a fallu vous réconcilier. Vous êtes trop prévisibles mais en même temps ça fait votre charme.

Je m'installe sur le canapé à côté de mon amie et entame mon cacao.

- Et plus sérieusement ? Je suppose que tu n'es pas venue ici juste pour parler de nos relations sexuelles à Jagger et moi.
- Effectivement vos ébats ne m'intéressent pas. Enfin sauf si vous avez des projets...disons...hum...familiaux.
- Si tu sous-entends « faire des enfants » oublie, ce n'est pas prévu...
- Dommage. Bref pour en revenir à ma venue, je venais juste t'annoncer qu'on a une nouvelle date pour le concert. Et vu que je passais devant chez vous, je trouvais inutile de t'envoyer un sms. Il faudra rajouter une semaine de plus dans ton calendrier. On sera sur scène à nouvel an. Je ne sais pas encore si nouvel an sera notre dernier jour de concert ou en plein milieu par contre. Ils nous donneront les dates précises bientôt mais ça ils le feront durant les répétitions.

Pendant qu'elle m'explique tout ça, je continue de prendre tranquillement mon petit-déjeuner, laissant Jagger faire de même. Puis Lizzy change de sujet et nous regarde mon époux et moi-même, un grand sourire aux lèvres. Le genre de sourire qui pue la curiosité. Elle va nous questionner sur des trucs intimes – pas trop quand même – tout ça parce que c'est une vilaine curieuse qui aime me voir me mettre dans tous mes états lorsque le sujet est abordé. Lizzy c'est Satan en fait.

- Bon sinon, comment ça se passe entre vous ? À quand les minis Morrow ? Et aussi, comment ça se passe pour ton job Jagger ? D'ailleurs qu'est-ce qu'il t'es arrivé à la figure ?
- Ca se passe assez bien si on oublie les disputes. Mais comme tu l'as deviné, on se réconcilie vite. Les minis Morrow comme j'te l'ai dit, ce n'est pas prévu qu'on en ait. Il n'en veut pas, j'en veux pas donc la question est vite réglée.
- C'est pas ce que tu me disais y a quelques temps.
- J'ai changé d'avis... Bref pour le reste je laisse Jagger en parler, il est le mieux placé pour ça.

Elle regarde alors Jagger, prête à écouter la réponse qu'il serait d'accord de lui fournir. Pour le moment les questions sont plutôt simples, innocentes. Avec un peu de chance, ça continuera comme ça. De toute façon si c'est trop personnel, Jagger ne répondra pas, moi non plus et Lizzy n'insistera pas. Elle est curieuse mais elle sait respecter la vie privée des gens s'ils n'ont pas envie de répondre à certaines de ses questions. De plus elle ne demande jamais des trucs intimes comme par exemple, les positions utilisées lors de nos ébats. Sauf si elle plaisante mais elle ne le fait qu'avec des personnes qu'elle sait qu'ils le prendront bien.

Si je m'étais attendue à la visite surprise de Lizzy, je me serais habillée immédiatement. Mais non. Mademoiselle a décidé que ce serait plus drôle de passer à l'improviste. Elle a donc eu l'occasion de voir un couple nu dès le réveil. Et elle trouve même le moyen de nous taquiner sur ce point. Bon elle complimente indirectement Jagger – espérons que ça ne fasse pas trop gonfler ses chevilles – et devine aisément la raison de notre nudité. En même temps, il y a rarement besoin de faire un dessin quand on voit des personnes nues. Soit ils sont dans un camp de nudistes, soit ils sortent de douche, soit ils ont fait l'amour, soit ils aiment simplement être à poil chez eux pour roupiller. Lizzy sait que je ne dors jamais nue et que de manière générale, je n'aime pas réellement être nue. Alors sa conclusion a été facile à faire.

- Oh alors je vais emprunter ta femme comme siège.

Elle rit avant de s'asseoir sur mes jambes, l'air de rien. Comme si cette situation est tout à fait normale. Enfin entre Lizzy et moi ça l'est mais Jagger a moins l'habitude de nous voir agir ainsi. Pendant que celui-ci fait un petit tour du salon à la pêche aux habits, Lizzy me regarde avec un grand sourire qui ne me dit rien de bon. Elle a une idée derrière la tête. Je change donc rapidement de sujet avant qu'elle n'ait le temps d'ouvrir son clapet. Je l'aime bien mais j'aimerais d'abord savoir la raison de sa présence avant de délirer sur autre chose. Elle m'explique alors que nous aurons une date rajoutée pour son futur concert. Pas encore de dates bien précises mais je sais au moins qu'à nouvel an, je ne serai pas à la maison. Jagger bossera de toute façon. C'est tout de même dommage de ne pas pouvoir passer ce jour ensemble mais ce n'est pas hyper grave non plus. Nous aurons d'autres occasions.

Il ne faut cependant pas compter sur elle pour rester sérieuse très longtemps. Je me doutais bien que le changement de sujet n'allait pas tenir longtemps. La voilà à nouveau avec un grand sourire qui sent mauvais pour Jagger et moi-même. Elle laisse sa curiosité éclater pour les potentiels projets du couple. Un mini Morrow ? Euh...non.  Certes pendant un temps j'en rêvais mais c'est parce que je suis maso sur les bords. Et là, entre les deux caractères de merde ainsi que nos jobs respectifs, c'est mort. Ce qui me surprend par contre, c'est la réponse de mon époux. Il ne dit pas un oui pour les gosses mais en fait, il ne dit pas un non pour autant. Il aurait changé d'avis ? Peu importe. Il a raison sur un point, il faut laisser faire le temps. Cependant on n'est pas plus avancées sur comment se passe le job de Jagger. Je suis bonne pour répondre à sa place.

Il nous laisse donc un moment seules, devant aller travailler. J'y passerai plus tard mais pour le moment, je vais un peu profiter de la présence de Lizbeth. Je la pousse toutefois de mes genoux parce que ce n'est pas qu'elle est lourde mais à la longue je ne sens plus mes jambes quand même. Je lui explique alors la raison pour laquelle Jagger a des marques de bagarre. Je lui parle aussi du fait que ça semble aller plutôt bien au bar même si parfois il y a toujours quelques tensions. Après quelques heures de papotages – durant lesquelles j'ai profité pour me rhabiller – nous quittons l'appartement pour nous rendre en ville. Malheureusement on doit aussi supporter ses gardes du corps. Être une chanteuse ne lui donne pas que des avantages. Nous en profitons pour faire un peu les magasins et elle, elle en profite surtout pour me faire acheter des tenues encore plus légère que ce que je prends habituellement. Quand je choisis toute seule, je prends plus léger mais sans plus. Avec Lizzy, c'est à la limite du vulgaire. Et elle parvient à me convaincre parce qu'elle me donne en même temps une idée de la situation dans laquelle je pourrai mettre la tenue.

On se quitte à la fin de la journée puis je me rends au bar. Je n'ai rien à faire aujourd'hui, je peux bien profiter d'y faire un tour. Pas pour le surveiller, ni pour garder un oeil sur sa cousine. J'aurais pu être tentée avec ma jalousie mais il m'a bien remis les points sur les « i » à ce sujet. Je ne venais déjà jamais pour surveiller, je n'allais pas m'y mettre mais après la remontrance de hier, je vais encore moins le faire. À mon arrivée, Jagger discute avec un homme. À en croire sa tête, ça a l'air plutôt sérieux. Cependant j'entends aussi le sujet de discussion et ça, ça ne me plaît pas trop. Je ne pique pas une crise mais je ne me gêne pas pour leur faire savoir ma présence en les rejoignant.

- Vous pouvez laisser tomber, il purge une peine en prison pour harcèlement. Il est hors course pour une bon moment.

Et oui, j'y suis bien pour quelque chose. Lorsque Jagger était encore derrière les barreaux, j'ai expliqué au policier que Xavier nous créait toujours des soucis quand on le croisait et surtout, que j'ai beau le repousser il revient toujours à la charge. Et j'avoue avoir « un peu » exagéré pour certains détails mais bizarrement les danseuses populaires sont souvent plus crédible qu'un comptable. Bref, j'estime que sa peine de prison est déjà suffisant. Du moins, je l'espère.

- Et peu importe le deal que vous comptez faire tous les deux, j'veux pas que ça foute Jagger dans la merde. Si vous lui créez des problèmes, j'vous le ferai payer.

Je m'en fous de qui il est. Qu'il soit le chef d'un gang ou simplement un sbire, pour moi c'est pareil. Jagger ne veut plus faire du trafic louche et illégal. Si ces personnes lui créent de nouveaux ennuis, je ne compte pas rester sans rien faire. Et puis c'est normal que je me fasse du souci pour lui. Je ne comprends même pas pourquoi ils insistent alors que Jagger leur a fait comprendre qu'il ne trempe plus dans ce change de business. Ou alors il n'a pas été assez clair. Ou alors Jagger me ment mais ça m'étonnerait de sa part. Il n'a aucune raison de le faire, il sait que j'accepte ses « extras » tant que je suis un minimum mise au courant.

C'est une mauvaise surprise que je découvre en arrivant au bar de Jagger. Un homme tout sauf net en train de faire un deal avec mon mari. Si Jagger accepte l'accord, l'autre se chargerait de mettre Xavier hors course pour longtemps. Cependant j'interviens sans une once de gêne pour leur signaler que je ne suis clairement pas d'accord avec ce qu'ils préparent. Non seulement Xavier est déjà hors course pour un moment puisqu'il se trouve en prison, mais en plus leur histoire risque de créer de nouveaux ennuis à Jagger. Je ne veux pas qu'il retourne derrière les barreaux à cause de ce gang. Si ça arrive, ils peuvent être sûrs que cette fois je ne resterai pas bien sagement en dehors de ça. Si Jagger se retrouve en prison par leur faute, je me chargerai de leur faire regretter. Rien à foutre de qui ils sont et ce qu'ils font. Je ne vais pas me laisser impressionner juste parce qu'ils ont de grosses bécanes, des vêtements en cuir, un nom de gang, des armes, etc.

Casse-couille. C'est l'avis de l'inconnu. Et aussi celui de Jagger même si de son point de vue, ça semble être plutôt une qualité. Et bien oui je suis chiante mais c'est pour le bien de mon époux, du couple et de notre avenir. Je ne veux pas qu'il arrive malheur à mon irlandais. Puis lorsque l'homme s'approche de moi, je reste immobile et me contente de le fixer. Un regard qui veut bien dire que je ne me laisserai pas impressionner et que je ne laisserai non plus pas Jagger courir à sa perte. Sur le moment on pourrait me comparer à un prédateur guettant un rival. Il me murmure quelques paroles à l'oreille avant de s'adresser à Jagger comme si de rien n'était. De mon côté je serre juste les poings en affichant une moue qui ne cache pas mes envies de strangulation. Oui, j'ai envie d'étrangler ce type. Il ne lui veut soi-disant que du bien et pourtant il fait tout pour le refoutre dans la merde ? Non. Il ne me fera pas gober ça. S'il ne lui voulait réellement que du bien, il ne proposerait pas un deal louche à l'irlandais.

Je ne le quitte pas du regard lorsqu'il s'en va enfin du bar. Je cesse de le fixer seulement lorsque celui-ci se trouve hors de mon champ de vision. Cela fait, je reporte mon attention du Jagger qui essaie tant bien que mal d'éviter le débat. À vrai dire, j'ai aussi envie de l'éviter. Cependant je sais qu'on sera obligés d'en parler. Si on ne le fait pas, ça va encore finir en guerre mondiale entre nous. Je reste donc calme tout en répondant à sa question concernant Lizzy.

- Ouais ça s'est bien passé. Lizzy m'a pas mal narguée à ce sujet et en a profité pour me prendre en photo avec un môme. Elle me trouvait soi-disant toute mignonne mais en vérité elle voulait juste se foutre de ma gueule. Tiens d'ailleurs si tu veux voir ce qu'elle m'a fait subir...

Arrivée au comptoir, je sors mon téléphone portable et affiche la photo pour la montrer à Jagger. Sur l'image, on me voit en train de porter un bébé « emprunté » à sa mère juste pour cette photo. Je crois que Lizzy tente de me soudoyer pour que je change à nouveau d'avis. Elle sait très bien que je laisserai les choses se faire mais j'ai l'impression qu'elle tente quand même d'influencer mes choix. Cette femme est flippante parfois.

Je reste assise sur le tabouret haut et regarde mon barman personnel lorsqu'il me propose à boire. Je lui demande un simple café et le laisse préparer la boisson. « Avant que je ne l'incendie ». Il pense vraiment que je suis d'humeur à hurler de colère ? Si c'était le cas, je l'aurais déjà fait dès le départ. Je n'aurais pas attendu pour rager. Je soupire donc seulement avant de boire mon café.

- Simple stockage ou non, si les flics débarquent ici et qu'ils voient ce que tu gardes dans une pièce, tu te feras arrêter. Et même sans prendre en compte ce risque, comme je l'ai dit, le cas Xavier est déjà réglé. Alors même si t'acceptes le deal, c'est inutile de se charger de lui. Il ne pourra plus faire chier pour un bon moment.

En fait, peu importe le deal, peu importe l'argent qu'il peut gagner. Je n'ai pas envie qu'il s'attire des ennuis. Bien sûr que je serai là pour le sortir de la merde s'il se fout dedans mais ce n'est pas une raison pour foncer dans les histoires douteuses.