L'arrivée du bébé [PV. Alexou]

Un bébé. Un garçon plus exactement. Un garçon aux cheveux bruns. Emilie s'était enfin décidée et avait accepté l'adoption de ce petit bout d'être. Elle s'était posée tout un tas de questions. Elle avait lu tout un tas d'article. Bref, elle s'était renseignée à fond pour savoir comme bien faire. Et aujourd'hui c'était le grand jour. On pouvait déjà savoir que la rouquine allait être une sacrée Maman Poule. Après toutes les longues et horribles démarches, la voilà qui prit l'enfant dans ses bras, les yeux pétillants. Elle était si heureuse de le retrouver. D'ailleurs, sur le chemin du retour, elle n'arrêta pas de poser tout un tas de questions inutiles à Alexei: on a bien tout ce qu'il faut ? Tu es sur que c'est bien isolé pour les bruits dehors ? Tu crois qu'il a des allergie ?..Bref, beaucoup de questions démontrant qu'elle était déjà dotée d'un fort instinct maternel.

C'était un enfant d'environ un ans. Cela faisait déjà un gros paquet à s'occuper. Il avait fallu prévoir de quoi. Le couple rentra alors, l'enfant blottit dans une poussette. Emilie avait du mal à croire qu'elle était officiellement une mère et qu'elle allait suivre cette crevette dans toute son évolution.

La rouquine roula des yeux quand Alexei se moqua de ses questions avant qu'il ne tente de la rassurer. Lui, il semblait par contre toujours aussi serein. Comme faisait-il ? Elle se demanda s'il était quand même un poil nerveux. La demoiselle finit donc par sourire alors que le couple rentra dans l'appartement. Leur vie de famille allait vraiment commencer et leur peur ne faisait que débuter. Emilie fit alors sortir Aaron de sa poussette, le prenant dans ses bras. Le bébé regardait un peu partout d'un air curieux mais ne semblait pas effrayé. Après tout, il connaissait déjà la jeune femme qui été venu le voir presque tout l'été durant son stage. Il y avait déjà un lien de crée entre les deux êtres. Maintenant il fallait que ce soit Alexei qui prenne de son temps pour devenir complice avec ce petit bout d'être. Histoire qu'il ne se mette pas à pleurer à chaque fois qu'il voudra l'approcher...

La demoiselle essuya alors les coins de la bouche de l'enfant bavant un peu avec son pouce.

- Tient porte-le "papa", faut qu'il s'habitue à toi.

Elle fit un rapide clin d'oeil puis s'avança vers son homme avec l'enfant qui était déjà un peu lourd. Aaron semblait déjà un poil plus anxieux sans vraiment avoir peur. Il se laisserait faire de toute façon.

La jeune femme se mit à ranger deux trois choses alors qu'elle jetait un regard tendre vers l'enfant qui essayait d'attraper les piercings d'Alexei. C'était un bébé vraiment curieux après tout. Quand il rigola, cela fit doucement ricaner Emilie. La jeune rousse se sentait véritablement bien et calme. Elle n'avait pas encore parlé à son père de l'enfant, celui-ci ne lui avait toujours pas répondu de toute façon. Tout comme la lettre de Claire qu'elle n'avait toujours pas ouverte. La jeune femme avait juste envie de mettre ces choses là de côté en ce moment et se concentrer sur sa vie de famille nouvelle.

Alexei proposa alors à Emilie d'inviter sa sœur à dîner ainsi que son copain.  

- On n'étripe personne sous ce toit, tu feras ça dehors.

Elle sourit puis le regarda:

- Mais oui, ce peut-être une bonne idée. Après c'est si son copain veut, ils ne sortent pas depuis longtemps ensemble après tout.

La demoiselle s'assit un peu histoire de retirer ses chaussures.

Elle entendit Alexei aller déposer l'enfant dans la chambre puis il revint derrière elle, l'enlaçant en embrassant son cou. La demoiselle ressentit de légers frissons et sourit doucement en amenant un peu sa tête en arrière. Elle aimait sa présence qui était toujours assez apaisante pour la demoiselle. Il lui demanda d'ailleurs si elle avait eu des nouvelles de la France. La rouquine soupira un peu puis répondit:

- Nan. Mais tu vois, j'peux pas m'empêcher de penser que c'est mon père qu'à demander à Claire de m'écrire cette lettre.

La lettre qu'elle n'avait toujours pas lu d'ailleurs. Elle avait peur de ce soit une menace de mort ou autre.

- Enfin, peut-être que j'espère trop. J'attends qu'il me contact pour lui annoncer pour Aaron.

La demoiselle souffle bruyamment par le nez alors qu'Alexei lui dit que l'enfant lui avait redonné le sourire. Cela la fit doucement ricaner alors qu'elle profitait des lèvres de son amant.

- Ouai... Je suis soulagée qu'il ne grandisse pas là-bas.

Elle tourna alors la tête pour chercher ses lèvres, l'embrassant doucement, profitant de sa présence et de son odeur. Elle se recula puis sourit:

- T'as soeur, elle risque d'avoir un bug en voyant un bébé de un an ici, comme si elle avait voyagé dans le temps.

Emilie rigola doucement.

Alexei venait de lui dire que sa sœur serait certainement choquée puisque celui-ci disait qu'il avait toujours été clair là-dessus: il ne voulait pas d'enfant. La demoiselle le regarda en souriant, ne le prenant pas spécialement mal mais la phrase pouvant être mal comprit, il lui expliqua que cela était grâce à elle pour terminer sur un jolie mot en russe. La demoiselle bloqua un long moment dans son regard, toujours aussi conquise par cet homme. La rouquine laissa ainsi un long moment avec ce léger sourire sur les lèvres.

- Ya tebya lyublyu

Elle avait apprit cette phrase "je t'aime" la dernière fois sur internet et s'était un peu entraînée à la prononcer pour le dire à Alexei et lui faire plaisir. C'était un peu maladroit dans la prononciation mais compréhensible. La jeune femme frôla alors un peu ses lèvres contre les siennes avant de l'embrasser une seconde fois. C'est sûr, elle se sentait mieux maintenant. Maintenant elle était loin de tout ça. Peut-être qu'elle avait été lâche mais finalement, partir avait été ce qu'il y avait eu de mieux. La rouquine se recula alors et caressa un peu sa joue.

- J'sais pas comment j'aurais fais sans toi...

Après tout, elle n'était pas au mieux quand elle avait rencontré Alexei.

Il venait de lui dire que sans lui, elle serait certainement encore dans son ancien appartement avec ses peaux de nouilles et que lui resterait dans ses caniveaux. Le souvenir de cette rencontre la fit doucement rigoler. Celle-ci n'avait pas mit en valeur pour le coup Alexei mais Emilie à l'époque avait surtout vu l'opportunité d'aider et de rencontrer. Il se colla alors à elle, lui glissant des sous-entendus russes à l'oreille et eurent directement l'effet de la faire rougir. Il était sérieux de lui faire endurer de telles choses pour se retirer juste après ? Il aimait bien jouer avec ça le bougre... Alexei lui demanda alors comment ils allaient s'organiser pour le travail et l'enfant.

- Je...Préférerais une nourrice personnellement.

C'était son côté mère poule et le fait qu'elle ne voulait pas le mélanger à trop de gosses qui pourraient influencer son bébé alors qu'elle n'avait même pas encore eu le temps de lui donner l'éducation voulue. Emilie avait cette volonté de surprotection. Déjà que ça ne lui plaisait pas de le laisser à quelqu'un d'autre...

- Les autres enfants peuvent être méchant.

Bon, cette justification n'était pas totalement vrai, se gardant bien de dire toute ses inquiétudes sur l'influence des autres alors qu'ils étaient encore tout petit.

Il lui dit qu'il voulait lui parler de quelque chose et bien sûr la rousse fut toute ouïe d'écouter ce qu'il voulait lui dire. Apparemment, Alexei ne voulait plus travailler dans l'informatique et aimerait retrouver la musique en l'enseignant et ainsi croiser les horaires des deux parents. La demoiselle hocha la tête tout en l'écoutant. Quand il eu terminé, elle le regarda un moment dans les yeux avant de dire avec un petit sourire:

- Bien sûr, et puis faut pas garder un métier s'il te rend pas heureux. C'est trop triste.

La rouquine lui vola un rapide baiser et puis eu une petite réfléxion. Il y avait un sujet important sur lequel ils n'avaient pas débatu. La demoiselle prit un moment avant de bien formuler la chose dans sa tête avant de dire:

- Par contre... Il faut qu'on discute... Aaron va grandir. On va faire quoi par rapport au fait qu'il est adopté ? Lui dire, lui cacher ? Attendre un certain âge ? Si je m'écoutais... Je le dirais pas mais ce serait mentir à son enfant....

La demoiselle se gratta la tête:

- Mais son passé à l'air pas mal obscure... J'ai pas envie qu'il se mette en danger en voulant comprendre.

Il sembla réfléchir puis lui donna une réponse toute simple: ils verraient bien au moment venu. Cela semblait logique mais dans la nouveauté de son rôle, la rouquine avait terriblement peur de faire les mauvais choix. Elle craignait de ne pas savoir faire et que cela finisse comme avec sa mère. La demoiselle hocha doucement la tête sous sa réponse alors qu'il lui notifia qu'il allait travailler sur une composition. La jeune femme lui sourit doucement, le laissant faire. Elle se leva, se servit un verre de lait, se ressuyales lèvres puis décida d'aller voir un peu l'enfant qui s'était assoupit. Emilie l'observait sans rien dire, assez calmement, la tête posée contre le mur. Tout ce mystère autour du gosse... De cette sorte d'organisation...Elle ne pourra pas le garder indéfiniment pour elle. La rouquine lui en parlerait un jour... Mais pour l'instant, elle voulait comprendre avant d'en notifier son homme. La jeune femme le savait, ça allait à l'encontre de toutes leurs belles résolutions de communication. Peut-être que c'était la peur, l'adrénaline, l'impression d'avoir fait une connerie en recherchant des choses aussi graves autour de l'enfant. Elle avait certainement l'impression de les protéger en se taisant.

La rouquine observait alors le poupon d'un oeil absent.