Une journée sans emmerdes n'existe pas pour nous

Voilà, il savait maintenant quelle grande crainte je gardais secret en temps normal. Je n'avais pas vraiment eu le choix. Trop de risque qu'il soit vexé si je ne lui en parlais pas de mon propre chef, trop de risques qu'il me fasse une vacherie sans savoir que l'eau m'effraie au plus haut point. Il devait donc le savoir pour éviter tout problème éventuel. Le sujet changea rapidement et passa à quelque chose de plus agréable. Une proposition de massage. Je fis un peu d'humour suite à la condition de Jagger et il me répondit sur le même ton.

- J'en sais rien !

Nous nous rendîmes alors dans la chambre, il se mit à son aise et le massage commença. Il découvrait un talent caché qui sembla lui plaire. Je ne pus me retenir de rire après sa remarque sur la raison pour laquelle il m'avait demandé en mariage.

- Méfie-toi, mes mains de déesse peuvent aussi devenir celles du diable si tu ne m'épouses que pour elles.

Une plaisanterie qui était en partie vrai. Je savais qu'il me taquinait, mais mes mains pouvaient faire mal si on me donnait une raison de devenir violente. Xavier l'avait testé, Jagger le testerait aussi un jour s'il me faisait une trop grosse crasse et n'importe qui d'autre pourrait en être la victime aussi. Je continuais mon massage tout en me concentrant sur les zones les plus tendues. Je ne stoppais pas mes actions tandis qu'il se confia. Apparemment l'autre tordu était revenu mais cette fois Jagger n'avait pas besoin de fabriquer des armes. Cependant, il l'avait parlé et ça perturbait mon petit-ami....fiancé....bref. Ca ne disait rien de bon. Je craignais déjà ce que le type avait pu raconter à mon irlandais.

- Je t'écoute.

Il continua alors son récit, m'expliquant que Sam lui avait fait remarquer que l'irlandais et moi n'étions pas du même monde. Et aussi que Jagger restait quelqu'un de libre, que cette vie allait l'ennuyer, etc. Le genre de connerie qu'on sortait facilement pour convaincre une personne de quitter l'autre. Bien sûr que non nous n'étions pas du même monde mais quelque part, c'était ça qui nous avait attirés l'un à l'autre. Nos emplois du temps ne nous permettaient certes pas de nous voir aussi longtemps que le faisaient les autres couples mais peut-être était-ce mieux ainsi. Si l'on pouvait se voir tous les jours durant presque toute la journée, nous finirions sans doute par devenir fous et nous séparer. En un jour on parvenait déjà à se disputer et se réconcilier plusieurs fois alors plusieurs jours d'affilée, ce serait mort.

- Tes vieux démons reviendront peut-être. De toute façon, le passé refera surface un jour ou l'autre et ce, que ce soit pour toi ou pour moi. Tôt ou tard, il nous rattrapera. Mais on y fera face ensemble et crois-moi, tu ne vas pas t'ennuyer avec cette vie. J'y veillerai personnellement.

Mes mains descendirent ensuite dans le dos et massèrent celui-ci avec attention. Toujours concentrée sur les zones les plus tendues en priorité. Puis lorsque je sentais que celles-ci étaient plus relâchées, je changeais un peu de zone et ainsi de suite. Chaque parcelle du dos y avait le droit.

Pendant que je faisais découvrir à Jagger mon talent pour les massages, je l’écoutais me faire quelques confidences. Le pourri qui l’avait manipulé pour faire des armes avait repris contact avec mon motard et avait apparemment tenté de mettre le doute dans sa tête. Ca avait plutôt bien réussi puisque Jagger me confia ses inquiétudes au sujet de notre relation. Ma réponse fut directe. Bien sûr que notre passé referait surface tôt ou tard. C’était une chose inévitable pour tout le monde. Le mien commençait déjà avec la réapparition de Xavier et je craignais déjà que ce soit pareil concernant ma famille. Je le rassurai toutefois en lui expliquant que peu importe ce qui arriverait, on y ferait face ensemble et que je ne comptais pas le laisser se lasser de notre couple.

Je l’entendis gémir de plaisir alors que mes mains étaient descendues sur le bas de son dos. Ce son était bon à entendre. C’était la preuve qu’il se détendait vraiment. Je souriais suite à sa remarque et aussi en voyant la réaction du chat. Un minet jaloux adopté par un mec jaloux. C’était le bouquet. Je continuais le massage tout en écoutant la question de Jagger. Nerveuse quant au fait de rencontrer ses parents ? Totalement. Ce n’était pas rien ce genre de rencontre. La première impression pouvait être avantageuse comme désaventageuse pour moi.

- Si. Ce n’est quand même pas rien comme rencontre. Surtout en sachant qu’on allait à la base juste pour les vacances et qu’au final on va devoir leur annoncer la nouvelle. C’est dans ce genre de situation qu’on craint le plus de la première impression qu’on peut donner. C’est encore plus stressant que de passer une audition.

Et dieu sait à quel point une audition pouvait être stressante. Il fallait être au top, faire le moins d’erreurs possible pour être engagé et j’en passe. Et bien là, c’était pareil avec les parents. J’allais devoir faire le moins de stupidités possibles pour que les parents de Jagger n’aient pas une trop mauvaise impression de moi. Je notais néanmoins de ne pas faire d’allusion pour les activités illégales. Je ne comptais pas vraiment en faire à la base mais je savais maintenant qu’il fallait vraiment que j’évite de faire la moindre remarque à ce sujet.

Une fois que le chat fut parti, Jagger se retourna en faisant en sorte que je me retrouve sur lui, couchée sur son torse chaud. Je ne tentais pas de me dégager. Je n’avais même aucune raison de le faire, j’étais bien sur lui. Je l’écoutais tandis qu’il m’expliquait comment fonctionnait sa mère. Si elle m’appelait « ma fille » apparemment c’était gagné. Je doutais cependant que la tâche soit aussi simple. J’allais sûrement devoir faire mes preuves et ce qui m’inquiétait quand même un peu, c’est que je ne savais pas comment elle comptait vérifier que j’étais la bonne pour Jagger. Allait-elle me faire passer une sorte de teste ? Peu importe en fait. Quoiqu’il arrive, Jagger n’allait pas changer de petite-amie.

- C’est noté.

Je lui embrassai tendrement sur les lèvres en souriant puis rompis le contact pour poser ma tête sur son torse. J’écoutais les battements de son cœur. Un son qui pouvait m’apaiser et m’amuser en même temps. Ca dépendait de la fréquence de battement et surtout de la situation.

Le massage se terminait après que Jagger se soit retourné pour me faire face. Enfin c’était une façon de parler car je me retrouvais plutôt couchée sur lui. Il m’expliqua un peu le fonctionnement de sa famille, je lui volai un bref baiser puis profitai de mon coussin vivant et chaud. Je pus rester ainsi durant quelques petites minutes avant que l’irlandais ne me parle d’aller me changer. Flûte. J’étais bien posée, j’aurais pu m’endormir sans problème sur lui. Je me levai tout de même après une dizaine de minutes – temps qu’il avait fallu pour que je parvienne à me motiver à bouger – parce que même si ça ne me dérangeait pas lus que ça de dormir vêtue de ma robe, je me doutais que dormir avec un pantalon n’était pas forcément très agréable pour Jagger.

Je quittai la chambre quelques minutes le temps de me rafraichir un peu la frimousse et de retirer ma robe. À défaut d’avoir ma nuisette chez lui, ma tenue serait encore plus simple. Je dormirais en sous-vêtements. Je revins donc dans la chambre, vêtue seulement de mon soutif et de ma culotte, posai ma robe sur une chaise et vins me coucher contre Jagger. Nos tenues légères auraient pu nous tenter de faire un câlin coquin avant de dormir mais nous ne fîmes rien de tout ça. Une fois installés l’un contre l’autre, nous laissâmes le sommeil nous emporter pour la nuit.

Lors que je me réveillai le lendemain, je fus malheureusement seule dans le lit avec juste le chat qui squattait la place de son propriétaire. Je fis quelques caresses au matou avant de me lever, me changer et de me rendre au salon. J’y découvris un mot avec un plateau de nourriture que le chat n’avait étonnamment pas touché. Il avait peut-être déjà eu à manger avant de revenir se poser dans la chambre. Je pris mon petit-déjeuner tout en lisant le mot et eus un petit sourire en voyant la petite réclamation du barman.

Après le petit-déjeuner, je vérifiai de n’avoir rien oublié et d’avoir tout rangé. Je pris ensuite mes affaires et descendis au bar comme souhaité par Jagger. Je restai cachée le temps qu’il ait un instant de libre puis je vins tranquillement lui voler un baiser tout en souriant.

♀ T’as voulu ton bisou, tu l’as eu.

Je recollai à nouveau mes lèvres contre les siennes pour un contact plus long que le précédent. Je le rompis finalement avant de devoir le laisser. Il avait du boulot et moi aussi. Je devais encore passer chez moi pour enfiler une tenue plus adéquate avant de me rendre à l’agence.