Une journée sans emmerdes n'existe pas pour nous

Aujourd'hui c'était une journée chargée. Dès le matin, je me devais d'être en forme et au taquet. Répétitions de plusieurs chorégraphies importantes qui étaient prévues pour le futur concert de Lizzy durant toute la matinée. Et puis une petite pause à midi histoire de se remplir l'estomac, reprendre des forces et de se réhydrater au passage. Et c'était reparti pour un briefing le temps de digérer un peu avant de retourner se trémousser dans tous les sens. On s'entraînait durement durant des heures. Tout le monde devait être prêt pour la tournée que Lizzy allait commencer dans quelques semaines. Personne ne voulait être à la traîne et risquer de ne pas faire partie du spectacle. Lorsque de pareilles opportunités se présentaient, les danseurs essayaient en général de saisir ces occasions. Nous avions aussi une petite interview pour la promo de ce futur spectacle qui serait donné.

La fin de journée arriva bien vite et après une énième répétition de chorégraphie, tout le monde quitta la salle de danse. Contrairement à certains, je ne rentrai pas tout de suite chez moi. Je passai d'abord au centre commercial. Je fis un petit tour des boutiques pour m'acheter quelques sous-vêtements et surtout, trouver un cadeau pour Jagger. Il en avait fait beaucoup pour moi et ce, en peu de temps. Et il faisait aussi des efforts pour éviter les malentendus qui seraient susceptibles de créer une dispute. Bien sûr, on en avait de temps en temps, comme tous les couples formés de deux personnes têtues mais jamais rien de grave.

En passant dans une boutique, j'eus une petite idée pour mon cadeau. Du moins pour qu'il n'ait vraiment aucun soupçon sur ce que je lui réservais réellement. Je pris donc deux petites choses en demandant de faire un emballage cadeau. Ce serait plus pratique au cas où Jagger tomberait dessus. Il valait mieux qu'il ne voit que le papier cadeau plutôt que les objets en eux-mêmes. Dès que j'eus terminé mes achats, je ressortis dans la rue, sacs de courses en main et rentrai chez moi. Une fois arrivée, je posai mes sacs, pris une douche et me changeai. J'enfilai l'un de mes nouveaux sous-vêtements, un t-shirt et un pantalon en jean. Je me rendis ensuite au restaurant auquel j'avais rendez-vous avec Jagger. Nous avions prévu de sortir un peu et de nous accorder une soirée ensemble pour une fois. Et moi j'avais juste profité de cette idée d'activité pour préparer ma surprise.

En chemin pour le restaurant, je fis la pire rencontre que je pouvais faire. Je croisai mon pire cauchemar. L'homme dont je me ferais un plaisir de le torturer durant des heures avant de l'achever et de lui faire bouffer ses entrailles si ce n'était pas puni par la loi. Et malheureusement, je ne pus passer inaperçue. Mon ex m'avait repérée et ne se gênait pas pour venir m'emmerder.

X : Tiens donc mais regardez qui voilà. Ma p'tite Jenifer.
- Oh mais en voilà une surprise. Le type le plus détestable que je connaisse. Laisse-moi deviner, t'es à la recherche d'une bonne poire à draguer pour lui sucer son fric ?

Ce genre de remarque mesquine était chose courante entre-nous. Chaque fois que j'avais le malheur de le croiser et de lui parler, chaque fois les insultes et autres mots plein de haine fusaient et faisaient comprendre à quel point je lui en voulais.

X : Toujours aussi peu de tact dans tes paroles. Tu me vexerais presque.

Il se mit ensuite à me tourner autour tel un vautour. Ca avait le don de m'agacer et très vite, je me mis à devenir agressive.

- Bon qu'est-ce que tu me veux ?!
X : Rien de spécial, j'me disais juste que tu t'es faite encore plus belle que d'habitude. Ca, ça veut soit dire que tu as un entretien pour un contrat, soit que tu as un rendez-vous galant. Quoique dans ton cas j'opte plutôt pour l'entretien professionnel.
- Qu'est-ce que ça peut te foutre ?! Fous-moi la paix et retourne voir ta pétasse !

Je voulus m'en aller mais il me retint par le bras, m'empêchant d'aller plus loin.

X : Pas si vite. J'ai un service à te demander...
- Quoi, tu veux que j'te tire une balle dans la tête ? Ce serait avec plaisir mais un passage en prison ne m'intéresse pas et ça ferait tâche dans ma carrière.

Je voulus me dégager mais il me retenait plus fort. Il avait gagné en force depuis la dernière fois que nous avions eu une altercation  tous les deux. Il me prit finalement contre lui, comme s'il comptait me faire un câlin ou pire, m'embrasser. Il ne fit toutefois rien de tout ça. Il se contentait juste de me regarder en me laissant le doute sur la prochaine action qu'il ferait. M'embrasser pour me narguer ou seulement me garder contre lui comme si j'étais sa peluche ou sa poupée ? J'essayais encore de me dégager mais rien à faire. Je lui faisais entendre mon mécontentement, je l'insultais, lui ordonnais de me lâcher, le menaçais. Rien à faire. Il se contentait de me narguer en retour.

Décidément la poisse me poursuivait partout. Pour une fois que Jagger et moi on ne s'était pas disputé et qu'on avait prévu une soirée un peu cucul, voilà que la pire malédiction venait à ma rencontre. Mon ex. Ce bâtard qui me prenait la tête à chaque fois que nous nous croisions. Et cette fois ne fit pas exception. Et lorsque je voulus couper court à la discussion et filer, il m'en empêcha. Il me prit même contre lui, comme s'il comptait me câliner ou pire m'embrasser. Je me débattis et le menaçai sans succès. Ce qui me sauva, ce fut l'arrivée de Jagger. Je crus au départ que j'allais m'en prendre plein la gueule à cause de la situation compromettante mais rien. Du moins pour le moment.

Xavier me relâcha suite à la prise douloureuse que Jagger exerçait sur son poignet. Je crois que je n'avais jamais été aussi heureuse d'être aidée. Habituellement je m'en sortais seule. À part la fois où Jagger m'avait sauvée. Et cette fois aussi... Celui-ci me colla contre lui, dos contre torse, et s'adressa à mon ex qui se massait le poignet encore endolori.

X : De quoi tu te mêles pauvre tâche ?!
- À ta place je ne l'énerverais pas...

Il observait la scène qui se passait entre Jagger et moi. Je l'ignorais et me concentrai sur mon petit-ami.

- Jamais je ne serai amie avec ça.

Oui, ça. Je le traitais comme une chose, une vermine à éliminer, un truc à faire disparaître de ma vie.

- Ce truc ne mérite même pas que tu y prêtes attention.
X : Jenny, j'te rappelle que je t'entends là...

Il se prit une violente gifle de ma part. C'était parti tout seul. Comme un réflexe. Indirectement c'en était un.

- Seuls mes proches ont le droit de m'appeler par mes surnoms ! Et le service que tu voulais me demander, tu peux te le foutre où j'pense !

Je pris la main de Jagger et tirai gentiment en me mettant en route. Je ne voulais pas laisser Xavier gâcher le début de nôtre soirée en amoureux. Malheureusement mon ex ne l'entendait pas de cette oreille mais il se prit cette fois mon poing dans la figure. J'en avais marre. Il atteignait mes limites et pourtant, même mon geste ne suffisait pas à lui faire comprendre de lâcher l'affaire. Il fallut que je lui donne un coup de pied dans ses bijoux de famille pour qu'il nous foute enfin la paix. Je repris alors la main de Jagger et repris la route en direction du restaurant. En chemin, je jetai un oeil plus attentif au motard et souris.

-  Tu t'es fait bien beau dis donc. Je pourrais presque croire que tu vas à un mariage ou à un grand gala.

Je le taquinais mais en vérité j'aimais bien le voir comme ça. Je savais que je ne le verrais que très rarement dans ce genre de tenue et j'en profitais un peu. Lorsque nous arrivâmes au restaurant, je vis que ma petite surprise était là. Elle avait été livrée comme je l'avais voulu. Personne ne pourrait se douter d'à qui elle était. Pas de petit noeud tout mignon, pas de déco qui trahirait la chose, rien. J'entraînai Jagger à l'intérieur du bâtiment. Me doutant que le grand luxe le mettrait peut-être mal à l'aise, j'avais volontairement choisi un restaurant qui ne valait pas cinq étoiles. Il n'était pas miteux non plus mais il était simple. Les clients étaient plus habillés que dans un restaurant classique mais sans plus.

Un serveur vint nous accueillir, je lui dis que nous avions une réservation et il nous guida jusqu'à une table pour deux. Ce n'était pas en plein milieu du monde. Elle était un peu à l'écart pour nous permettre d'avoir un peu de tranquillité et d'intimité même si d'autres couples ou groupes étaient un peu autour. Les tables étaient moins serrées que dans la salle principale et nous laissait donc plus de loisir pour discuter de choses et d'autres sans avoir d'oreilles indiscrètes juste à côté de nous. Je m'assis sur une chaise et laissai Jagger se mettre en face avant de reprendre la parole.

- Ca fait du bien de pouvoir s'organiser ce genre de soirée de temps en temps. Ah ! J'espère que je n'ai pas mal choisi pour le resto. J'le connais pas mais je ne voulais pas que ça soit trop loin de ton pub, ni que ça soit trop luxueux. J'me suis dite que ça te mettrait peut-être un peu mal à l'aise si c'était un resto avec trop de luxe.

Après je pouvais très bien me tromper évidemment. Ma théorie ne se basait que sur le peu que je savais de lui. D'après ce que j'avais compris, dans son passé il ne vivait pas vraiment dans le super luxe et même maintenant ce n'était pas le cas. Néanmoins si un jour il voulait tester un truc plus fastueux, je n'y verrais aucun problème.

Ca m'avait fait du bien de gifler, puis de donner un coup de poing ainsi qu'un coup de pied bien placé à mon ex. Ca me défoulait et en plus ça faisait un moment que ça me démangeait. Dommage que Jagger m'empêchait de continuer. J'aurais bien botté aussi le cul à l'autre connard. Néanmoins cette fois il ne pourrait plus nous emmerder. Il était bien trop occupé à se tenir les valseuses. Sur ce point, j'étais bien contente que ce soit les hommes qui en soient dotés. Ca permettait aux autres de leur donner un coup critique s'ils s'y prenaient bien. Ce fut mon cas et j'en étais satisfaite.

J'emmenai Jagger au restaurant dans lequel j'avais fait les réservations. Pas trop chic mais plus qu'un simple restaurant comme on en trouvait partout. Je me doutais que Jagger ne se sentirait peut-être pas super à l'aise dans un truc plus classe. Et moi je ne l'aurais non plus pas été. J'étais certes bourrée de fric mais je savais rester simple. Mes grands-parents m'avaient appris à apprécier les petites choses. Que le prix ne voulait pas dire si un truc était meilleur ou pire qu'un autre. Que pour être jolie, il n'y avait pas besoin de se noyer dans le maquillage et encore moins se vêtir avec des vêtements super chers.

Une fois installée à la table qui avait été réservée pour nous, j'écoutais mon petit-ami. Un petit rire se fit entendre suite à sa remarque concernant la violence dont j'avais fait preuve.

- Ca dépendra ce que tu feras mais normalement non. Et en effet c'était lui le connard qui était censé être mon petit-ami à l'époque.

J'étais contente que le restaurant lui plaisait. Je lui expliquai tout de même pourquoi j'avais choisi celui-là et pas un plus classe. Jagger me fit bien comprendre que j'aurais pu prendre plus chic, il se serait adapté. Mouais. Je ne risquais pas de faire le coup tant qu'il ne me le disait pas lui-même qu'il le voulait.

Le serveur revint et nous proposa l'apéritif. Je demandai une simple limonade. Je n'étais pas d'humeur à boire de l'alcool. Il s'en alla préparer notre commandes et peu après son départ, Jagger me donna une enveloppe. Difficile de louper l'étonnement qui s'affichait sur mon visage. J'ouvris l'enveloppe et regardai les billets puis celui qui venait de me les donner. Un petit voyage prévu par l'irlandais. Deux semaines avec lui en vacances dans son pays natal. J'étais touchée bien que cette histoire de présentation aux parents me troublait un peu. Je me levai un instant pour venir lui faire un baiser sur les lèvres avant de me rasseoir à ma place.

- Merci. J'vais voir pour m'organiser après le concert. Ca fera du bien. Du coup j'en profite même si ça me donne l'impression d'être à la St-Valentin mais....

Je sortis mon petit paquet cadeau et le donnai à Jagger. Dedans se trouvaient un bracelet que je trouvais qu'il collait bien au style de l'irlandais (le bracelet) ainsi qu'un petit truc qui était plus pour l'amusement qu'autre chose (le truc en question). Je le laissais découvrir ce qu'il y avait à l'intérieur du paquet. Ce n'était pas le seul cadeau que j'avais prévu mais le second attendrait un peu.

- J'me suis dit que ça collait bien à ton style. J'ai aussi prévu un autre cadeau mais pour celui-là tu devras me soudoyer si tu veux le voir avant le repas.

Je souriais en le fixant, songeant à ce second cadeau que j'avais prévu pour lui. S'il comptait essayer de me soudoyer, j'étais très curieuse de voir comment il s'y prendrait. Le serveur revint pour apporter nos boissons ainsi que la carte de menu. Je le remerciai et jetai un oeil sur le menu tout en écoutant ce que pouvait me dire Jagger. Dès que le serveur fit son troisième passage vers nous, je lui dis ce que je souhaitais manger. Une entrecôte de boeuf avec des frites. Je ne me souciais pas de ce qui pouvait me faire prendre du poids ou ce qui pouvait me faire garder la ligne. Tout ce qui m'importait, c'était d'avoir l'estomac rempli. Quand il eut aussi la commande de Jagger, le serveur nous laissa à nouveau et partit en cuisine pour transmettre nos choix aux cuisiniers puis il repartit s'occuper d'autres clients en attendant. Pas de repos pour lui.

J'étais relativement touchée par son cadeau. Un peu troublée aussi. S'il me présentait à ses parents, ça voulait dire que la relation était vraiment sérieuse. C'était rassurant en soi. Mais c'était aussi le genre de trucs dont on se formalisait si on comptait se marier. Là cela me troublait un peu plus. Je n'étais pas vraiment contre le mariage mais je ne voyais pas l'intérêt de le faire. Et Jagger ne voulait pas se marier non plus. Qu'arriverait-il si ses parents croyaient que le fils en arriverait à ce stade et qu'au final, ils apprenaient qu'aucune cérémonie ne serait organisée ? Qu'aucun mariage ne serait fait ? Il venait d'un gang de motard. J'avais cru comprendre que la famille et un tas d'autres trucs étaient importants pour eux. Est-ce qu'un mariage en faisait partie ? J'espérais que non sinon on serait dans la merde et on allait les décevoir.

Et puis je lui donnai mes deux petits cadeaux. Ca eut l'air de lui plaire et j'en fus contente. Je n'étais pas sûre de mes choix. Surtout pour le bracelet. La moto playmobile était surtout un petit clin d'oeil à ce qu'il était. Et je pus le voir devenir un gamin qui jouait avec sa petite moto après avoir eu son fou rire. Pas de doute, ça lui plaisait. J'avais encore un dernier cadeau pour lui mais celui-ci attendrait. Il devrait me corrompre ou patienter.

Lorsqu'il me rappela notre petite sauterie dans les toilettes d'une boîte de nuit, cela ne rata pas. Mes joues s'empourprèrent en un clin d'oeil. J'avais toujours autant honte de m'être si facilement laissée aller à cause de l'alcool. Ce n'était même pas volontaire. L'alcool avait fait son effet, mon corps avait réagi à l'appel de celui de Jagger, je n'avais eu aucun contrôle et ma fierté en avait pris un coup. J'avais honte de ça. Cependant je ne regrettais pas la partie de jambes en l'air.

- Je rougis peut-être mais ça ne suffira pas à me faire avouer.

Je lui tirais finalement la langue comme une sale gamine. J'aimais le narguer et il me le rendait bien. Il redevint toutefois sérieux le temps d'essayer de me tirer les vers du nez au sujet de mon ex. Je n'avais pas envie d'en parler mais je savais aussi qu'il ne me lâcherait pas tant que j'aurais pas craché le morceau. Je ne pipai mot jusqu'à ce que le serveur soit reparti s'occuper de nos commandes. Dès que ce fut le cas, je fixai Jagger calmement.

- L'autre con c'était Xavier. C'est à cause de lui si tu as autant galéré pour me convaincre d'accepter d'être amoureuse. Je ne sais pas si son histoire de service est vraie ou si c'était juste une excuse pour me retenir mais je m'en fiche. De toute façon quand on se voit c'est toujours pareil, ça finit mal. Bref si on le croise encore un jour, t'auras le droit de le transformer en hachis si tu veux. J'te retiendrai pas.

Je décidai rapidement de changer de sujet, ne souhaitant pas m'attarder trop sur ce sujet désagréable. Mon ex ne méritait pas qu'on s'intéresse à lui, même par curiosité.

- Bon alors comment comptes-tu me soudoyer ?

Un petit sourire narquois était affiché sur mon visage, montrant que je restais d'humeur taquine peu importe qu'il décide réellement de me soudoyer ou s'il abandonnait cette idée.

Quelques minutes plus tard, le serveur revint avec nos commandes et posa les assiettes en face de nous. Je souhaitai alors un bon appétit à mon petit-ami et commençai à manger. Je dégustais mon plat en souriant. Il était bien la preuve que c'était inutile de payer une blinde pour avoir de la bonne nourriture. Faire simple était tout aussi bon.

Savoir qu'il pourrait cogner Xavier à sa prochaine rencontre semblait lui faire plaisir. Tant mieux. J'avoue que ça ne me déplairait pas non plus de voir l'autre tronche de balais à chiottes se faire remettre à sa place de façon plus brutale que la mienne. Et puis je vis le sourire de Jagger changer. Il devenait plus niais. Sur lui c'était assez flippant je dois dire. Je ne l'avais jamais vu avec un sourire aussi idiot et ça me faisait presque peur pour le coup. Où était passé son sourire de chieur, sagouin, sadique et j'en passe ? Je n'en fis aucun commentaire, préférant revenir au sujet de la corruption, mais je n'en pensais pas moins. Je compris bien vite pourquoi il avait eu ce sourire stupide sur sa tronche de sadique. Il relevait un point que moi-même je n'avais pas fait attention et sur le coup, je n'avais pas pu m'empêcher de prendre une légère couleur sur les joues et de bafouiller comme une adolescente devant son premier amour.

- Euh...j-je...ben...oui. Je...J'serais pas avec toi sinon et...'fin bref.

Oui, bref. Il valait mieux que je me taise, j'allais m'enfoncer et il en profiterait. Je ne voulais pas lui donner l'occasion de me narguer encore plus. Il le faisait déjà bien assez, pas besoin que j'en rajoute une couche en lui tendant trop les perches. Ça lui ferait trop plaisir. Heureusement le retour du serveur me sauva la mise. Je souhaitai un bon appétit à Jagger et commençai à déguster mon plat. C'était trop bon. Ca faisait du bien de se remplir l'estomac avec de la nourriture aussi bonne sans avoir eu besoin d'être derrière les fourneaux.

- Non ça ne me gêne pas. Je t'avoue que ça m'arrange même un peu. Ça me perturbe de savoir qu'on va voir ta famille alors avoir un coin où on peut être vraiment que nous deux, ça me rassurera.

Et la discussion continua. Jagger me narguait, je répondais à ses provocations telle une idiote en sachant très bien qu'il trouverait toujours un moyen de retourner les infos contre moi. Cela dura quelque minute jusqu'à ce que monsieur me charrie sur la corruption. Bien sûr que je mourrais d'envie qu'il se pose des questions sur la dernière surprise ! Ça me donnerait l'occasion de le narguer à mon tour. Il avait sûrement sentir ce coup-là et évitait volontairement le sujet. Ou alors il s'en fichait royalement. Il me demanda enfin des infos. C'était devenu inespéré.

- Oui elle est grosse mais rassure-toi tu trouveras largement la place pour la caser.

Son appartement ne risquait rien. Sauf s'il comptait monter les escaliers avec sa bécane et la ranger à travers le salon. Je devais toutefois me retenir de rire. Mon sourire était déjà bien assez malicieux en songeant au fait qu'il ne voyait pas du tout l'indice sous ses yeux. Moi-même je venais tout juste de penser à ce détail. J'avais acheté la moto playmobile pour le fun et au final, elle pouvait devenir un indice. Je n'avais pas pensé à ça en faisant mes achats.

Je continuais de discuter avec Jagger pendant tout le repas sans lui révéler plus de détails sur sa surprise. Il attendrait notre départ pour savoir le fin mot de l'histoire. À la fin du repas, je commandai un dessert. Un truc tout simple qui se digérerait facilement. Je papotai avec mon petit-ami encore pendant le dessert puis vint le moment de régler la note. Peu importe qui payait. S'il voulait le faire je le laisserais, s'il souhaitait plutôt que ce soir moi, je le ferais aussi. Dès que ce fut réglé, je pris mon petit sac qui contenait toutes mes affaires de gonzesse et repartis du restaurant avec le motard. Cette fois il connaîtrait enfin son ultime surprise. Je fis mine de chercher mon téléphone portable dans mon sac, comme si j'avais l'intention d'appeler un taxi. Au lieu du téléphone, je sortis des clés que je tendis ensuite à Jagger en souriant.

- La voilà ta grosse surprise.

Je pris Jagger par la taille et le fis doucement pivoter face à la moto. Elle était pour lui. Ne connaissant rien avec ces engins, je m'étais fiée au modèle qu'il avait avant pour acheter celle-là. C'était le même modèle, bien qu'un tantinet plus récent.

- J'me suis dit qu'un motard sans moto, c'était bizarre. Tu crois que tu réussiras à la caser quelque part malgré ton petit appartement alors ?

Je le charriais sur cette petite remarque qu'il m'avait faite un peu plus tôt. Il avait la preuve que sa surprise était effectivement grosse, mais qu'elle ne gênerait en rien pour la caser même si l'on avait un petit logement.

Note pour plus tard, faire une surprise à Jagger était beaucoup plus facile que je ne le pensais. Il n'était pas du tout curieux alors il ne posait pas de question. D?un côté c'était bien mais d'un autre, ça rendait la chose moins intéressante. Je ne m'attardai pas sur ce sujet et continuai de discuter avec lui durant tout le repas. Et lorsque l'addition fit son arrivée je n'eus même pas le temps de réagir. Je le laissais donc payer puisqu'il refusait catégoriquement que je le fasse. Puis nous sortîmes et il me colla contre lui tandis que je fouillai mon sac en mimant la recherche de téléphone. Pendant qu'il zieutait déjà sa surprise sans le savoir, je jetai quelques coups d'oeil discrets vers lui. Un petit sourire apparut alors que je le voyais déjà être à la limite de baver devant l'engin. Au moins ça me confirmait qu'il l'aimait et donc que j'avais bien choisi.

Lorsque j'eus les clé en main et que je lui montrai que la moto qu'il zieutait était désormais la sienne, je crus qu'il me ferait une crise cardiaque. C'était comme si je venais de lui annoncer uen grossesse. Je souriais et fit un signe négatif de la tête pour lui faire comprendre que non, je ne rigolais pas. Cette moto était bel et bien la sienne. Il retournait admirer son cadeau pendant deux ou trois minutes avant de se retourner vers moi et de m'embarquer pour me poser sur la selle de celle-ci.

- Vu à quel point ça te fait plaisir, je n'ai pas gaspillé mon argent. Mais effectivement quoi que tu dises, cette moto reste la tienne désormais.

Pour bien lui faire rentrer l'info dans le crâne, je pris sa main et y glissai les clés de l'engin à deux roues. Et puis j'eus droit à un baiser dont je m'en souviendrai toute ma vie. Déjà parce que c'était bien la première fois que ça m'arrivait en étant assise sur une moto – c'était même la première fois que je posais mon cul sur ces engins – mais surtout parce que la suite me mit totalement out. On m'aurait annoncé l'apocalypse que ça n'aurait pas eu un effet aussi violent. Ou pire, on m'aurait retiré le cerveau ça aurait été pareil.

Je le vis se mettre à genou et là, ça devint rapidement le bordel dans mon esprit. Je savais ce que voulait généralement dire cette action. En principe cette position était suivi d'une demande en mariage. Or là, ce n'était pas possible. Jagger ne voulait pas se marier, ce n'était pas son genre. Et tout comme moi, il ne voyait pas l'intérêt de faire une cérémonie juste pour se dire des mots qu'on pouvait s'avouer tous les jours. Et pourtant, c'est ce qu'il fit. Pas avec autant de classe que dans les films mais ça je m'en fichais. Il restait naturel et c'est ça que j'aimais chez lui. Mes joues s'empourprèrent comme jamais. Je vis quelques curieux s'arrêter ou se poster à la fenêtre pour nous regarder mais mon attention était principalement fixée sur Jagger et la bague qu'il me montrait.

J'en restais quelques instants bouche bée. Les mots voulaient sortir mais restaient bloqués. J'essayais en fait de remettre de l'ordre dans ma petite caboche bordélique. C'était bel et bien une soirée dont je me souviendrai toute ma vie. Chacun offrant son petit cadeau à l'autre avant de balancer la surprise principale. Celle qui faisait buguer avant de réussir à répondre.

- Bien sûr que j'accepte ! Et t'es pas débile.

Je me jetai littéralement dans ses bras et scellai mes lèvres aux siennes en souriant. Je n'étais pas fan des mariages mais il avait choisi la version simple et la moins contraignante. Et puis s'il a décidé de sauter le pas, ça voulait bien dire qu'il était sérieux. Qu'il voulait vraiment être avec moi et non jouer avec mes sentiments et dépendre de mon argent. Il me l'avait déjà prouvé à maintes reprises mais là, c'était l'ultime preuve. Je restai contre lui en ignorant les petits curieux autour de nous et murmurai avec un petit ton taquin.

- Et toi, t'es sûr de supporter à vie une chieuse jalouse comme moi ?

J'admettais que j'étais jalouse, que je pouvais être chieuse aussi mais au fond il n'était pas mieux. Lui aussi était jaloux, possessif et chieur. Lizzy allait être contente et sûrement devenir une hystérique dès qu'elle apprendrait la nouvelle. J'avais toutefois intérêt à lui demander de le garder pour elle sinon je la connais, elle irait le crier sur tous les toits. Dans ma situation, ce n'était pas souhaitable. Je ne voulais pas que Jagger soit harcelé par les médias. Lorsqu'il ne se passait pas grand-chose, j'étais moi-même tranquille mais dès qu'il y avait un gros changement dans ma vie, même moi je devenais folle avec les médias.

J'avais encore du mal à y croire. Il m'avait tellement surprise avec sa demande que j'avais du mal à m'en remettre. Et ma propre réaction était aussi étonnante en soi. Ni l'un, ni l'autre ne voulait se marier, chacun pour ses raisons et pourtant... Jagger avait fait sa demande et j'avais accepté. En connaissant depuis combien de nous étions ensemble, cela pouvait être pris pour une décision prise à la légère pour l'un et pour l'autre. Pourtant il n'en était rien. Je savais que Jagger n'avait pas été à l'encontre de ses premiers choix sur un coup de tête. S'il le faisait, c'était plutôt pour râler en croyant que j'avais fait une connerie. Par exemple si je faisais une bêtise et qu'il se tirerait sans même me laisser le temps d'expliquer, là il aurait agi sur un coup de tête. Ma réponse avait aussi été réfléchie. Je ne disais pas oui juste sur le coup de l'euphorie du moment. Au fond de moi je savais que Jagger était le bon même si je sentais aussi que notre relation serait animée par des disputes régulières. Il fallait croire qu'on s'entendait mieux de cette manière.

Je profitais de l'étreinte de ses bras tout en lui prenant les lèvres en otage. Je m'en fichais des regard curieux autour de nous. Certains étaient peut-être des journalistes sous couverture mais je m'en fichais. Nous étions dans notre petit monde jusqu'à ce que je lui murmure quelques paroles taquines à l'oreille. Paroles auxquelles il répondit sans hésiter. Il mit ensuite fin à l'étreinte, ce qui d'une certaine manière n'était pas plus mal puisque ce n'était pas vraiment le lieu idéal pour se papouiller.

- Non ne t'en fais pas, ça ne me gêne pas. Je t'avoue que je n'étais pas certaine de tenir sur cet engin avec mes sacs d'achat en plus.

Ca m'arrangeait un peu pour le coup. De toute façon il m'avait aussi fait gentiment comprendre qu'il ne me laissait pas le choix. Je mis à mon doigt la bague qu'il venait de m'offrir avant d'appeler un taxi. Pendant l'attente de mon chauffeur, il me confia les clés de son bar pour que je puisse l'attendre là-bas. Il patienta jusqu'à l'arrivée du taxi. Je lui fis la bise et partis ensuite avec le véhicule qui m'amena au bar de Jagger. Une fois à destination, je payai le taxi et entrai dans le bâtiment afin de ne pas attendre dehors. Et puis Jagger ne m'avait pas confié les clés pour rien. De plus cela rassurerait sans doute l'irlandais si je me trouvais à l'intérieur plutôt qu'à l'extérieur à cette heure tardive.

Ayant les clés, j'en profitai pour monter directement à son appartement et ainsi pouvoir poser directement mon petit sac qui contenait mon bordel de femme. J'en profitai pour envoyer un message à Jagger pour l'avertir que je l'attendais à son appartement. Dès qu'il fut arrivé, j'attendis qu'il ait pu poser ses affaires et qu'il puisse se reposer un peu. Je vis ensuite contre lui et l'enlaçai tendrement.

- Monsieur Morrow souhaite-t-il un massage ? Après la journée que tu as dû avoir, ça te feras du bien. J'te proposerais bien un bain mais j'ai un petit souci avec les baignoires comme tu as pu le voir la première fois que tu es venu chez moi.

De toute façon il n'avait pas de baignoire alors même si je n'étais pas aquaphobe, le bain n'aurait pas été possible.

- Ah ! J'viens de penser à un détail. On pourrait peut-être songer à emménager ensemble, tu ne penses pas ?

Ca serait plus logique de vivre ensemble si on était mariés. Et plus j'y réfléchis, plus j'étais tentée par l'idée. Ca ne me déplairait pas de vivre avec lui. Il faudrait juste savoir si on reprenait son appartement ici ou si on emménageait chez moi, lieu qui nous laisserait plus de possibilités. Peu importe. Dans un cas comme dans l'autre, je devais le voir avec Jagger.

J'étais rentrée en taxi sur ordre de Jagger. Ca ne me dérangeait pas. Je savais que c'était pour ma sécurité et puis de toute façon, n'ayant jamais voyagé en moto, je n'étais pas sûre de savoir tenir correctement dessus ni même de ne pas paniquer. Il faudrait que j'essaie un jour quand même. Une fois arrivée au bar, je ne m'étais pas gênée pour me rendre dans son appartement.  Ca restait le lieu où je me sentais la plus en sécurité. À mon arrivée, une boule de poils vint rapidement me tourner autour pour réclamer sa nourriture. Je lui fis quelques caresses sur la tête avant de me rendre avec lui à la cuisine. Je préparai sa gamelle et lui donnai sa nourriture avant de quitter la pièce pour le laisser manger en paix.

Une dizaine de minutes passa avant que je n'entende le son de la moto. À son arrivée, je ne lui sautai pas dessus. Je l'aimais mais pas au point d'être une fangirl accrochée à son idole dès son entrée dans un lieu. J'avais plus de savoir-vivre que ces gonzesses. Je le laissais dons s'installer, souffler puis je vins me blottir contre lui avant de lui proposer un massage. Attention qu'il accepta à condition que ça se passe sur le lit. Pas de pensée perverse, c'était seulement une question de confort.

- Ca marche !

Merde. Je n'aurais pas dû évoquer cette histoire de bain dans lesquels j'évitais d'entrer. La douche était moins relaxante. S'asseoir dans une baignoire et patauger dans l'eau était mieux pour détendre les muscles mais je ne pouvais pas lui faire cette proposition. Non seulement il n'avait pas de baignoire mais en plus je flippais beaucoup trop dès l'instant où elle était remplie. Bref l'évocation de ce sujet l'avait rendu curieux alors que j'aurais préféré ne rien dire. Tant pis. Il le saurait tôt ou tard et il valait mieux qu'il l'apprenne de ma bouche plutôt qu'il le découvre tout seul. Il risquerait d'être vexé si je ne lui en parlais pas moi-même.

- Et bien euh...c'est juste que je suis aquaphobe en fait. Prendre une douche et faire la vaisselle ça va mais dès l'instant où il faut entrer dans une baignoire remplie d'eau, aller dans une piscine ou à la mer, je panique.

J'avais un peu honte d'avoir peur d'une chose pourtant inoffensive. Je n'en connaissais même pas la raison et c'était ce qui me dérangeait le plus. Avoir peur d'un truc tout en connaissant la raison était beaucoup moins gênant que d'être dans l'inconnu sur ce qui avait déclenché la peur.

Le sujet changea finalement pour un détail auquel je venais de penser. Se marier okay. Vivre séparément malgré ce lien, c'était louche même pour moi. Je pouvais déjà rayer de la liste ma maison. Il ne se sentirait pas à l'aise. Il avait au moins eu l'honnêteté de le dire. Et cet appartement ne me gênait pas mais il est vrai que c'était un tantinet petit pour vivre à deux. On serait vite serrés et les disputes risqueraient d'éclater bien plus souvent qu'en temps normal. De plus on pourrait dire adieu à l'intimité si on voulait se faire une partie de jambes en l'air durant la journée. Ces logements étaient rarement bien insonorisés. Je n'avais pas envie que tout le monde sache quand on se faisait des confidences sous l'oreiller. Il avait toutefois raison, nous avions encore le temps d'y réfléchir. Peu importe notre décision, ce n'était pas si pressant.

- L'idée n'est pas mauvaise, je dois l'avouer. J'y réfléchirai.

Le lieu du logement n'était pas réellement un problème pour mon travail puisqu'il m'arrivait de changer de ville voire même de pays en fonction des contrats. C'était plus pour lui qu'il fallait voir. Si nous étions trop loin, je ne le verrais pas aussi souvent que je le voudrais.

- En attendant, lève-toi beau gosse je ne sais pas encore faire apparaître un lit !

Un petit rire se fit entendre alors que je me levais pour lui permettre de faire de même. Lorsque ce fut le cas, je me rendis dans la chambre et le laissai se mettre à l'aise sur le lit. Je me posai ensuite gentiment sur lui, utilisant son fessier comme siège. Puis je me mis à le masser. D'abord les épaules et la nuque, lui faisant découvrir dans le même temps un petit talent caché pour le massage.