Nuit d'ivresse à la St Sylvestre [Jen]

Ma douche s'était terminée assise dans la baignoire. Je me sentais mal, je ne tenais plus debout et lorsque Jagger vint voir si tout allait bien, je fus à la fois heureuse et déprimée de l'entendre. Il allait pouvoir m'aider mais d'un autre côté ça m'embêtait qu'il me voit dans un état aussi lamentable. Lorsque je lui répondis, la réponse était négative. Non ça n'allait pas. J'entendis la porte s'ouvrir avant de voir une silhouette masculine. Je le regardais sans réellement le faire. Mon regard était juste à moitié dans le vague à cause des vertiges. Si j'étais sur un bateau en pleine tempête, ce ne serait pas pire.

- Jagger...

Ce n'était qu'un murmure, une plainte à voix basse, un appel à l'aide dissimulé derrière le simple fait de dire son nom. Un appel de détresse qui fut compris par l'irlandais. Il me mit un linge et me porta jusqu'à la chambre avant de me poser sur le lit. Pendant le court voyage, j'avais passé mes bras autour du cou du barman pour m'accrocher à lui. Je ne le relâchai que lorsque je fus sur le lit.

- J'risque pas de bouger, j'tiens même pas debout...

Il disparut et moi je me couvris un peu plus. Il n'en avait peut-être pas profité tout à l'heure pour mater mais ce n'était pas une raison pour que je continue de tenter le diable. Lorsqu'il revint, il avait le verre d'eau et mon téléphone dans les mains. Je pris le téléphone en faisant la moue tandis qu'il m'ordonnait de rester chez lui tant que je me sentais mal. Je m'apprêtais à appeler mon agent avant de voir Jagger retirer sa chemise. J'avais comme un bug. Au final, c'était moi qui le matais un peu. Je secouai un peu la tête et appelai l'agence pour les avertir que je ne viendrais pas travailler. Je sortis l'excuse que Jagger m'avait proposée et balançai que j'avais une intoxication alimentaire. Je raccrochai ensuite et posai mon téléphone sur la table de nuit. Je pris ensuite le verre d'eau et le vidai d'une traite.

Je lui laissai le temps de s'adosser contre la tête de lit et vins gentiment me mettre contre lui. Je ne faisais plus tellement attention si j'étais encore couverte ou non. Au point où j'en étais de toute façon... Une fois bien installée, je répondis enfin à sa question mais ma voix était encore faiblarde.

- Moui... Merci.

J'étais bien. Cette sensation de bien-être était de retour. Mes souvenirs étaient flous mais cette sensation d'apaisement avec lui m'était familière. Je l'avait déjà ressentie et je ne sais pas pourquoi mais j'avais l'impression que c'était encore très récent.

- Est-ce que tu dois bosser aujourd'hui ?

C'était le moment que je pense à ce détail. S'il avait du boulot à faire il valait mieux que je ne le retienne pas trop longtemps. D'un autre côté, s'il n'avait pas de boulot aujourd'hui ça m'arrangerait. J'aimais bien le fait qu'il soit présent. Et ça m'arrangeait d'autant plus parce que je ne pouvais pas tellement faire un marathon. Il allait devoir me supporter un petit moment s'il avait congé.

Je m'étais blottie contre lui et me je m'étais renseignée sur ses projets du jour. Il ne bossait pas aujourd'hui. Ca m'arrangeait un peu. Aussi étonnant que cela puisse paraître, je n'avais pas envie de rester seule. Je restais tranquille contre lui, profitais de son contact. Je fus même un peu surprise qu'il n'en profite pas plus. Au contraire, il m'avait simplement remis correctement la couverture sur moi alors que celle-ci se faisait la malle. C'était rare les types comme lui. N'importe quel crétin en aurait profité pour mater comme un pervers dégueulasse mais Jagger n'avait rien fait, rien tenté.

Il resta silencieux un moment mais je sentais que quelque chose le travaillait. Je ne savais pas ce que c'était, de quand ça datait ou autre mais une chose occupait son esprit et c'était récent. Au final il reprit la parole pour savoir s'il pouvait me parler d'un truc. J'avais donc bien raison, il était tracassé par quelque chose.

- Oui, bien sûr.

Peu après, il commença à m'expliquer son souci. D'après ce que je comprenais, il avait récemment rencontré une jeune fille qui apparemment, n'était autre que sa fille. J'avoue que je ne m'y attendais pas à ça. Il n'avait pas vraiment la tête à être un papa. Après tout pourquoi pas. J'avais du mal à l'imaginer dans ce rôle mais il était peut-être bien plus doué que je ne l'imaginais. Sa question me demanda un moment de réflexion. Un gros instant même. Je n'avais pas de gosse et encore moins une adolescente. Je ne savais pas du tout ce qu'il fallait faire avec eux.

- Honnêtement je ne sais pas trop.

Autant me rendre à l'évidence, dans ma situation aucune de mes suggestions serait fiable à 100%. Ce ne serait que des idées proposées sans connaître la jeune fille en question, la situation complète, etc. Et je ne pouvais pas demander des détails à Jagger car il y avait sûrement des sujets sensibles.

- Personnellement je pense que si elle t'as déjà appelé « papa » c'est qu'inconsciemment elle t'accepte comme tel. Après c'est une adolescente qui apprend aussi qu'elle a un père, donc j'imagine qu'elle ne sait non plus pas trop comment réagir. Tu pourrais l'appeler ou lui envoyer un message de temps en temps si tu as son numéro. Ou lui envoyer une lettre si t'as son adresse.

Dans l'un ou l'autre choix, ce n'était pas sûr qu'elle réponde mais au moins, elle verrait qu'il pensait à elle et qu'il essayait d'avoir un contact même minime.

- Et si elle accepte, pourquoi pas faire une sortie avec elle. Ca te demanderait de prendre une journée de congé mais je pense que c'est le meilleur moyen de lui montrer que tu peux être là pour elle. En plus c'est aussi une bonne technique pour apprendre à vous connaître l'un et l'autre.

Sa main se baladait depuis un moment dans mon dos et pourtant je ne ronchonnais pas. En temps normal, je lui aurais donné une tape dessus ou je l'aurais retirée. Pas cette fois. J'aimais les caresses qu'il me faisait et je me demandais si ce n'était pas aussi un moyen pour lui de rester calme face au sujet qui le préoccupait.

Je me détachai légèrement de lui pour me redresser un peu. Je me mis assise en veillant à ce que le duvet me découvre pas trop. Il devait au moins me cacher la poitrine et mon jardin secret. Je m'adossai aussi contre la tête de lit, quoique j'étais plus dos contre Jagger que contre la tête de lit. Je laissai tomber un peu ma tête contre son épaule et soupirai légèrement. J'allais un peu mieux mais mes vertiges avaient du mal à passer. Dès que je restais tranquille ça allait mais dès que je voulais me redresser ne serait-ce qu'un peu, ça revenait.

- Quoi que tu décides, restes honnête avec elle. Si tu lui mens et qu'elle commence à avoir confiance en toi, au moment où elle découvrira la vérité elle risque de perdre confiance.

Enfin dans son cas, l'honnêteté n'était pas vraiment un problème. À moi il ne m'avait pas caché le fait qu'il avait été en prison, qu'il avait eu une ex et quelques détails de son passé. Je ne pense pas qu'il cacherait ça à sa fille, sauf s'il juge nécessaire.

Etrangement, je n'avais plus envie que le temps passe. J'étais bien, calme, au chaud. C'était presque le paradis. Petit appartement mais il était suffisamment confortable pour que je m'y sente à l'aise. La présence de Jagger me rassurait aussi. Je l'écoutais me confier ses soucis. Je ne m'attendais pas à ce qu'il ressente le besoin de parler et encore moins à apprendre qu'il avait une fille. Il semblait aussi perdu sur ce qu'il devait faire avec elle. Lui foutre la paix et se faire oublier au contraire lui courir après au risque de se faire détester et qu'elle fuit.

Je n'avais pas vraiment des réponses précises à lui apporter, j'étais moi-même ignarde sur le sujet. Je ne savais non plus pas comment il fallait se comporter avec un adolescent qui se trouvait être mon gosse. Je lui donnai toutefois mon avis sur ce que je pensais de la situation et ce qu'il pouvait éventuellement faire. Je pouvais néanmoins être rassurée sur un point, c'est son honnêteté. Il ne m'avait pas caché la plupart des détails de sa vie, il ne mentirait sans doute pas à sa fille. C'était le genre d'homme à être franc. Il disait tout haut ce que d'autres pensaient tout bas.

Ses caresses avaient repris mais ça ne me dérangeait pas. Bien au contraire. Je m'étais appuyée contre lui et fus surprise de sentir sa tête se poser contre la mienne. Je l'écoutais à nouveau me parler et esquissai un sourire. Oui. Je savais qu'il n'était pas du genre à mentir. J'aurais pu croire qu'il disait des mensonges si je n'avais pas vu son dossier dans le tiroir et si je ne savais pas qu'il était plutôt un coureur de jupons. La vie de couple n'était plus pour lui. Il était comme moi. Une personne trahie par une autre.

- Laisse un petit peu de temps passer alors. Par exemple, quatre ou cinq jours. Elle aura déjà eu le temps de faire certaines recherches. Et comme ça, si elle a des questions à te poser, ou que toi tu en as, vous pourrez en profiter pour les poser.

Petit à petit, je sentais ses caresses se faire plus faible. Comme s'il s'endormait en fait. Quand je jetai un coup d'oeil vers lui, je vis que ce n'était pas comme s'il s'endormait. Il était juste réellement en train de le faire. Il était littéralement mort de fatigue. Il fit finalement ce qui était le plus censé dans sa situation. Il s'allongea correctement et s'installa confortablement pour dormir. Ma main se glissa dans sa chevelure pour lui caresser un peu la tête.

- Repose-toi, t'en as bien besoin aussi...

Il s'était occupé de moi alors qu'il avait encore eu du boulot le soir d'avant. Normal qu'il soit k.o. Je continuais de lui caresser les cheveux pendant qu'il s'endormait. Une fois qu'il fut endormi, je restai un moment éveillée pour veiller sur lui. Au final, le sommeil l'emporta aussi sur moi. Je m'endormis, encore adossée contre la tête de lit avec la main dans les cheveux de Jagger.