Nuit d'ivresse à la St Sylvestre [Jen]

31 décembre, veille du nouvel an. La journée avait été intense. Tout le monde voulait finir l'année avec la sensation d'avoir bien travaillé. À la fin de la journée, je rentrai chez moi et pris une bonne douche. Ca me faisait du bien et puis ça ne me tentait pas de sentir le phoque en allant au bar. Je ne savais pas comment ça allait se passer. Notre dernière rencontre m'avait un peu troublée et depuis, je n'avais plus donné de nouvelles. Je craignais un peu qu'il me nargue à ce sujet, je l'avoue.

Après ma douche, je me séchai et enfilai une robe (Clique) pour la soirée. Celle-ci était rouge, un rouge bordeaux, et m'arrivait jusqu'au niveau des genoux. Je mis des escarpins et filai au bar irlandais pour la soirée. Arrivée devant la porte, j'eus un instant d'hésitation. Je commençais à me demander si c'était vraiment une bonne idée de venir dans son bar en particulier. Finalement j'entrai tout de même dans le bâtiment et m'installai dans un coin pour boire un verre.

Je gardais inconsciemment un oeil sur Jagger dès le moment où je l'avais trouvé. Il avait l'air de s'amuser et ça faisait plaisir à voir. Ce qui était moins plaisant, c'était la blondasse qui lui collait aux basques. Une vraie petite garce en chaleur. Je finis par tourner le dos pour ne plus voir cette scène pathétique et bus cul sec mon verre d'alcool avant d'en redemander un autre. Je savais ce que ce genre de réaction signifiait. Devenir limite jalouse sur une idiote était n'était pas bon signe. Je préférais oublier ce que je venais de voir.

Plusieurs verres furent bus entre ceux que je commandais et ceux qu'un homme m'offrait. Et fatalement, à la longue les effets commençaient à se faire sentir. Malheureusement l'ivre ne rendait pas sourd et j'entendis la proposition bourrée de sous-entendus venant de la blondasse. Sans le vouloir, je lâchai mon verre qui se brisa au sol. Quand je vis les dégâts, une moue s'afficha sur mon visage. J'étais ivre mais pas totalement idiote. Je savais que je venais de faire une bêtise.

- Merdeuh...

Je regardai un peu autour de moi et vis que Jagger était encore collé à l'autre gonzesse. La jalousie me reprit et ça me faisait ronchonner. Pas question que je retombe dans le piège de l'amour. Je ne l'étais pas et je ne le serais plus jamais. Je commençais donc à flirter avec l'homme qui m'avait offert une partie de mes verres. Il ne cherchait que ça alors autant lui donner satisfaction. Je le laissais même avoir les mains légèrement baladeuses mais ça, c'était plus à cause de mon état dû à l'alcool plutôt que par réelle envie. Et le flirt continua alors que j'avais déjà totalement oublié mon verre cassé.

Je ne savais pas que le mec avec qui je flirtais avait été interdit dans ce bar. De toute façon, dans mon état il ne fallait plus me demander d'être une lumière. L'alcool faisait déjà son effet sur moi et j'étais éméchée. J'aurais pu flirter avec un autre con, le résultat serait pareil. Je n'étais plus tellement apte à vraiment repousser la sales pattes de l'autre. Ce ne fut que la voix froide de Jagger qui me fit réagir. Enfin en partie. Normalement j'aurais sans doute dû m'excuser et demander le souci. Cependant, je n'en fis rien. Je me contentai simplement de regarder bêtement le barman. Cela se voyait que je n'étais plus dans mon état normal. J'oubliais rapidement l'autre type et me mis à draguer un peu Jagger avec un sourire con.

- Mooooh t'es mignon quand t'es jaloux. Attends...juste le temps de me dégager et j'te fais aussi ton câlin.

Je me dégageai des bras de l'autre type qui ne fut pas très content de ça. Je me mis face à Jagger et le pris dans mes bras un peu maladroitement à cause de l'alcool. Mes réflexes n'étaient plus très bons. Je fis un câlin sous les yeux dégoûtés de l'autre tâche qui me draguait avant. Il n'appréciait apparemment pas trop le fait que je change si facilement de cible. Il ne ferait sans doute pas mieux même en étant sobre alors au final je m'en fichais de lui.

L'homme regarda les deux policiers qui étaient en civil et étrangement, il termina son verre rapidement avant de partir du bar. Il faut croire qu'il avait quelque chose de plus grave à se reprocher. Quant à moi je fis un signe de la main au type qui s'en allait, avec un sourire béat. J'étais assez en retard parce que le temps que je lui dise au revoir, le type en question était déjà hors du bar et sûrement parti errer dans les rues à la recherche d'une nouvelle cible sans défense.

- Au revoir le monsieur !

Je regardai à nouveau Jagger sans perdre mon expression joyeuse malgré le fait que lui, il tirait la tronche. Il ressemblerait presque au grinch. Un peu de maquillage vert sur sa bouille, quelques touffes de poils et le tour était joué.

- Tu te saoules avec moi ?

Je jetai un coup d'oeil en direction de la blondasse en perdant un peu mon sourire. Même ivre, je n'avais pas réussi à oublier celle-là.

- Ou tu es encore occupé avec ta petite-amie ?

Je pris un autre verre d'alcool sans attendre la réponse du barman. Je l'écoutais s'il m'en donnait une mais il me fallait d'abord mon verre. Mon gosier s'asséchait. Je buvais presque cul sec encore. Je ne faisais même plus attention à quelle boisson je prenais. Je choisissais au hasard et voilà. Je pris un autre verre et le tendis à Jagger.

- Tiens monsieur grognon. Ca te fera retrouver le sourire. Enfin je crois.... Je l'espère...

J'étais à moitié contente. Quand je fus contre lui, il posa ses mains sur ma taille mais je sentais que ce n'était pas à cause du câlin. Le type qui me draguait avait fini par s'en aller et je me concentrai sur Jagger mais pas totalement. La boisson et la blondasse me déconcentraient trop facilement. Il ne voulait pas se saouler avec moi car il bossait encore et voulait que j'arrête de boire mais ses paroles étaient passées rapidement dans une oreille pour en ressortir aussitôt par l'autre. Finalement mon regard se porta sur la blonde mais le fait que je dise que c'était sa petite-amie ne semblait pas plaire à Jagger. Il devrait pourtant se douter que dans mon état, je ne ferais pas la différence entre un coup d'un soir, une sexfriend ou une petite-amie.

J'avais ensuite profité du passage d'un serveur pour me reprendre une boisson qui passa aussitôt dans mon gosier. Néanmoins le verre ne resta pas entre mes mains. Le gérant s'était vite chargé de me le retirer et ce fut pareil avec la boisson que je lui tendais peu après. Je le fixais alors qu'il me demandait ce qu'il clochait chez moi ce soir. Il n'avait toujours pas l'air content et moi, je ne comprenais pas la raison. Je n'avais pourtant pas l'impression d'avoir créé des problèmes. Je ne me rappelais pas avoir insulté ou frappé qui que ce soit.

- Euh...rien. J'suis censée faire la fête, non ? En plus j'te fais un câlin mais tu ne le veux même pas et après tu m'engueules quand j'en fais à des gens. T'es bizarre....

On se demandait bien qui était le plus étrange entre nous deux. Enfin moi, j'avais l'excuse.

- En plus toi t'étais occupé avec l'autre blonde alors j'voulais pas te déranger...

Cependant, soyons honnête, je ne regrettais pas de l'avoir séparé de l'autre idiote en chaleur.

- Beuh...Jenifer Rodríguez est stupide toute façon. Elle se fait avoir par tous les mecs qui se pointent.

Lorsque je commençais à parler de moi à la troisième personne, c'était signe que j'étais vraiment trop pompette. Il était vraiment temps pour moi de stopper la boisson. Je me fis tirer par le bras et mon corps suivit sans opposer la moindre résistance. Je titubais légèrement jusqu'à ce que Jagger s'arrête. Je fixai la blondasse qui ronchonnait contre Jagger sur le fait qu'elle n'attendrait pas. La belle affaire.

- Ben n'attends pas et vas te faire sauter par un autre. C'est pas comme si tu n'avais pas l'embarras du choix. T'as même de quoi faire une orgie.

Le ton était calme, sans colère. Je ne l'agressais pas vraiment, je ne faisais même pas attention à mes paroles. Les mots sortaient tout seul de ma bouche. Je me fichais de ce qu'elle ferais, je voulais juste qu'elle foute un peu la paix au barman.

J'avais vraiment du mal à savoir ce qui le dérangeait vraiment. Je voulais faire la fête, je n'insultais personne et ne créais pas réellement de problèmes. Pourtant il n'était pas content. Ca lui rrivait de l'être parfois ? Je sentais qu'il retenait un commentaire lorsque que je commençais à parler de moi à la troisième personne et du fait que je me faisais berner par tous les hommes que je croisais. Il n'était pas d'accord ? Je m'en fichais. Je n'étais pas en état de réfléchir et encore moins de faire attention à ce que je racontais.

Jagger m'embarqua par le bras pour me faire quitter les lieux mais la blondasse nous barrait la route. Elle fit une remarque au gérant du bar et ma réponse ne se fit pas attendre. Je m'en fichais de son cas mais si elle ne voulait pas l'attendre, elle n'avait pas besoin de le faire. Elle ressemblait presque à un toutou qui ne savait pas quoi faire sans son maître. Et encore, ce serait une insulte pour le chien puisque même sans le propriétaire, il savait s'occuper. Ma réponse ne plut toutefois pas à la blonde et la morsure d'une gifle se fit rapidement sentir sur ma pauvre joue.

- Et beh, la vérité blesse à ce que je vois...

Ivre ou sobre, je n'étais pas du genre à donner des coups sauf si c'était nécessaire. Je préférais généralement me contenter de la parole. Elle pouvait être encore plus douloureuse qu'un geste si l'on choisissait minutieusement ses mots. Ce n'était pas vraiment mon point fort mais je me défendais pas si mal dans ce domaine. La blonde voulut encore se défouler mais Jagger l'en empêcha puis un autre serveur se chargea de retenir l'andouille. Quant à moi, je me fis porter comme un sac à patate et je gesticulais sur l'épaule en ronchonnant.

- Maiiiiiiiiiiiis.... C'est la faute à Barbie ! C'est elle qui ne supporte pas de se prendre la vérité dans la gueule !

Peu importe ce que je disais, il s'en fichait comme de ses premières chaussettes. À croire que je parlais à une tombe. Il m'ignorait royalement en transmettant ses ordres à son employé. C'est sur un canapé que je fus posée, ou plutôt lâchée avant de me faire réprimander. Ce que j'avais du mal à cerner, c'est s'il était en colère ou inquiet. J'avais beau le fixer attentivement, je n'arrivais pas à discerner lequel c'était. Un peu des deux peut-être ?

- J'en sais rien mais c'est pas grave, tu m'as aidée de toute façon.

Comme s'il pourrait le faire tout le temps... Cependant la discussion dans mon état était quasiment inutile. J'étais trop à l'ouest pour avoir une conversation stable et logique. Je me relevai, enfin je tentai de le faire puis je regardai Jagger avec un sourire.

- T'es sûr de ne pas vouloir un câlin ? J'me ferai pardonner !

Mon atterrissage sur le canapé ne fut pas des plus doux. Il m'aurait jetée sur un trampoline, l'effet aurait été le même. Des rebonds, des secousses, rien de bon pour une personne ivre avec un équilibre instable. Incapable d'avoir une conversation sérieuse très longtemps, mes réponses étaient à la fois sérieuses et naïves. Le fait de lui dire qu'il m'avait sauvée en était un bon exemple. Il m'avait effectivement porté secours mais j'étais bien naïve de penser qu'il pourrait le faire à chaque fois.

- J'me regarde déjà tous les jours dans le miroir, j'trouve que c'est suffisant...

Le ton n'était pas des plus fiers. Je n'avais pas de complexe physique mais c'était presque une torture de se regarder dans le miroir quand on sait qu'on a été roulée dans la farine. C'était de la honte que je voyais chaque jour devant le miroir.

Au final je m'étais relevée et avais proposé un câlin au barman. La seule réponse que j'eus, c'est une remarque sur le fait que je devais dormir et que j'allais le faire chier. Dur de savoir s'il le disait comme un compliment ou non. Je le pris comme un compliment en tout cas. J'eus tout de même droit à mon câlin que je voulais. Enfin si je pouvais appeler ça un câlin.

Pendant qu'il allait dans la cuisine, je me laissai retomber sur le canapé. Vu mon peu d'équilibre, il ne fallait pas compter sur moi pour réussir à m'asseoir sans me casser la gueule. Je ne réagissais que très peu lorsque je le vis de retour avec un verre d'eau et ce qui semblait être un médicament. Tout ce qui me provoqua un semblant de réaction, ce fut lorsqu'il me prit contre lui. Je me laissais aller contre lui. Il était devenu plus câlin qu'avant. Ca m'apaisait, j'aimais bien. En plus il était aussi douillet qu'une peluche et aussi chaud qu'un radiateur.

- Mon nounours....

Je ne me rendais pas compte de ce que je venais de marmonner. Je le prenais certes pour une peluche mais il n'y avait pas que cette raison.

- Pourquoi t'es si fâché contre moi ? Je t'énerve tant que ça ?

Même ivre, je restais curieuse à ce sujet. Peut-être que je m'en souviendrais le lendemain, peut-être pas. Dans tous les cas, je voulais savoir ce qui le mettait autant en colère ce soir. C'était juste parce que j'avais pris des risques ? Parce que j'étais trop ivre? J'écoutais la réponse qu'il me donnait tout en me blottissant encore un peu plus contre lui. Ca me faisait du bien d'être posée contre lui.

Je n'arrivais pas à comprendre ce qui le fâchait autant. Mon comportement ? Le flirt ? Le fait que je sois ivre ? Le plus simple avait donc été de le lui demander directement. Et bien j'étais totalement à côté de la plaque dans mes théories. C'était juste le fait qu'il aurait pu m'arriver malheur. Ca me surprenait et me faisait plaisir en même temps. Ce n'était pas réellement moi qui l'avait énervé. J'étais déjà plus tranquille à cette idée. Instinctivement, je me blottissais un peu plus contre ma nouvelle peluche vivante. Même si je ne le disais ou ne le montrais pas en temps normal, ça me manquait de ne plus pouvoir me loger contre un homme comme je le faisais maintenant. Ca me manquait aussi de me faire câliner comme il le faisait.

- Ca me rassure. J'ai eu peur que tu sois fâché contre moi...j'veux pas que tu le sois... Excuse-moi Jagger.

Un murmure qui s'échappait tandis que je m'endormais. Mon état d'ébriété et les papouilles avaient fini par avoir raison de moi. J'entendis quelqu'un frapper à la porte et discuter avec Jagger mais je ne réagissais pas. J'entendais sans réellement entendre en fait. Je distinguais surtout s'il y avait du bruit mais je ne comprenais pas les paroles. Du moins, pas toutes. J'entendais que Jagger parlait avec un type, puis plus rien. Puis à nouveau la voix du barman irlandais.

- T'y arriveras...j'en suis sûre...

J'étais déjà dans les choux et pourtant j'étais parvenue à lui répondre un truc. Je n'en étais même pas consciente. C'était comme si je rêvais et parlais simplement en dormant. Comme si mon être réagissait tout seul face à un homme aussi blessé que moi. Rien ne pouvait dire à Jagger si je parlais simplement à cause d'un rêve ou si je lui répondais réellement. Mes yeux étaient clos, mon esprit partait déjà ailleurs et je réagissais à peine à ce qu'il pouvait se passer autour.

Ca serait sans doute flou dans ma tête le lendemain mais mon corps se chargerait de me remettre en mémoire certaines choses. Il le faisait toujours. Même si l'esprit ne se souvenait pas d'un geste ou d'une action, les sensations restaient gravées dans la mémoire du corps. Ce serait sans doute le cas pour le fait d'avoir serré Jagger comme un doudou durant la nuit. Sans forcément en comprendre la raison, mon corps se chargerait de me faire mémoriser que j'ai eu une présence dans mes bras, tout contre moi.

Le lendemain, je ne m'aperçus pas que Jagger avait dû se débattre un peu pour se dégager de ma prise. Durant la nuit je l'avais vraiment pris pour un doudou et je ne l'avais pas relâché jusqu'à ce qu'il se dégage lui-même. Lorsque je repris conscience, je découvrais que je ne me trouvais pas chez moi. J'étais encore chez le barman et un beau mal de tête se chargeait de me rappeler pourquoi je ne prenais plus de cuite en temps normal.

- J'suis pas une ivrogne...

Je ronchonnais en me mettant bien assise puis je cachai ma tête dans mes mains. J'avais la tête lourde, bien douloureuse et c'était le cas de le dire, une belle gueule de bois.

- Putain achève-moi...j'ai une enclume sur la tête.

C'était l'effet que j'avais. Celui d'avoir une enclume sur laquelle on frapperait avec un marteau. Bêtement, je me mis à m'observer et observer autour de moi. Personne n'était nu, pas de capote à l'horizon, juste un buffet pour le petit-déjeuner. Nous n'avions donc rien fait d'intime durant la nuit. Je l'aurais regretté si ça avait été le cas. Avoir une relation juste parce que j'étais ivre, ça ne m'aurait pas plu. Quitte à en avoir une je préférais en être consciente à 100%. Je regardai finalement Jagger avec ma petite mine de zombie. J'avais rarement la gueule d'une princesse au réveil.

- Désolée. J'me suis encore tapé l'incruste chez toi.

Je pris l'une des tasses de café et soufflai un peu dessus avant de boire. Il me fallait bien ça pour espérer faire partir mon mal de crâne. Ca ne serait pas efficace sur moi, je devrais le savoir depuis le temps mais je continuais malgré tout d'en boire pour ça. Je pris ensuite une assiette qui contenait deux oeufs et du bacon et je commençai à manger.

- Ch'est trop bon !

C'était un plat très simple à faire – même si j'arrivais à me louper pour le bacon à chaque tentatives – mais ça suffisait  quand même à me faire sourire. M'avoir par l'estomac était une bonne technique pour commencer à m'apprivoiser. Enfin...ça l'était en général. Jagger avait déjà commencé à m'apprivoiser sans avoir besoin de bouffe. Tout ceci avant que je ne me rappelle que j'étais censée bosser aujourd'hui. Je me stoppai, comme si je venais de buguer avant de faire une espèce de mini crise.

- Ah putain c'est pas vrai ! J'ai oublié le...

Et me voilà calmée direct par mon mal de tête qui reprenait de plus belle. Ca sonnait comme si j'avais des cloches incrustées directement dans mon crâne. Je me tenais la tête un moment en soupirant.Je n'avais pas trop le choix, j'allais devoir prévenir qu'aujourd'hui je ne viendrais pas et sortir l'excuse comme quoi j'étais malade. Je savais que personne ne penserait à la gueule de bois. Ils me voyaient tous boire un peu d'alcool mais jamais beaucoup. Ils penseraient sûrement que j'avais mal digéré un repas et fin de l'histoire.

Ce type était une crevure. Il n'avait aucune pitié. J'avais déjà la tête comme une enclume, qui sonnait affreusement et lui il en rajoutait une couche en faisant volontairement plein de bruit. Enfoiré... Sans coeur... Sadique...

Je bus mon café, commençai à manger et laissai l'aspirine de côté. Je n'aimais pas prendre les médicaments. Je la prendrais si le mal de tête ne partait vraiment pas. Je m'excusais aussi pour le fait que je m'incrustais chez lui, bien que ce n'était pas volontaire. La panique arriva bien vite en me rendant compte que je devais bosser aujourd'hui. Néanmoins mes maux de tête me rappelèrent vite à l'ordre. Je n'étais pas en état d'aller faire mon job.  Je regardais Jagger alors que je répondais à sa question indirecte.

- Siiiiiii....

Nouveau coup de marteau sur l'enclume qui me servait de tête. Le coup de tasse sur la table me fit sonner le crâne au point que j'en grimaçais de douleur. Et le voilà qui me réprimandait par rapport à ma soirée. Quel con !

- J'avais pas prévu de me saouler...

C'était vrai. Ce n'était pas prévu. Dès que je l'avais vu fricoter avec une allumeuse, ça n'avait fait qu'un tour dans ma tête et tout était parti de là. Je n'avais pas supporté qu'une pisseuse en chaleur tourne autour de lui. Les autres l'avaient même prise pour sa petite-amie et ça, ça avait été le coup de grâce.

- Nan, j'irai bosser. Tant pis pour mon mal de crâne.

C'était mon problème. Je continuerais à travailler même si mes migraines étaient fortes. Pareil si j'avais des blessures ou si j'étais malade en fait. Il faudrait que je sois incapable de tenir debout pour que j'appelle l'agence et annuler ma journée de boulot.

Jagger partit finalement quelques minutes pour régler ses affaires. Pendant ce temps, une boule de poils vint réclamer des câlins. Et il en eut. J'en profitai aussi pour lui donner un peu de bacon et un peu d'oeuf. C'était bien meilleur que des croquettes.

- Dis rien à ton maître. Ca sera notre secret.

Je terminai de manger en compagnie du chat en partageant avec lui puisque Jagger n'avait pas l'air motivé à manger. Dès que le repas fut terminé, je débarrassai la table tout en laissant le glouton se remplir la panse sans stress. Je partis ensuite à l'étage et me rendis à la salle de bain après avoir jeté un oeil à l'heure. J'avais un peu de temps avant de devoir bouger. Je pouvais donc profiter de prendre une douche. Ca me réveillerait un peu et enlèverait au moins ma gueule de bois.

Cela faisait une dizaine de minutes que j'étais sous la douche lorsque j'entendis toquer à la porte. Jagger venait voir si tout allait bien mais ma réponse ne fut pas positive. Je m'étais sentie mal et m'étais assise dans la baignoire en me recroquevillant sur moi-même. J'étais prise de vertiges, ma tête tournait et j'avais préféré m'asseoir au cas où je devais m'évanouir. C'était moins risqué par rapport à la chute mais aussi pour la perte de conscience. En étant assise j'avais moins de risques de perdre connaissance.

Heureusement je n'avais pas verrouillé la porte. Je pensais sortir avant son retour mais c'était raté. Maintenant la salle de bain restait donc accessible pour Jagger s'il devait m'aider. Finalement, j'allais quand même devoir annuler ma journée de boulot aujourd'hui. Si je tenais même pas debout dans une baignoire, c'était mort pour effectuer une chorégraphie durant plus d'une heure puis d'assurer une journée entre briefing, nouveaux contrats, interviews pour un journal, etc. Tant pis pour ma journée, j'allais devoir dire que j'étais malade. Rien que de songer à ça me faisait désespérer. Je n'aimais vraiment pas devoir en arriver à louper une journée juste pour une gueule de bois, une maladie ou une blessure.