Etre au fond du gouffre ? [Pv Tess ]

La journée s’était déroulée sans le moindre souci, Tess en ayant profité pour se reposer un peu, se ressourcer dans la nature, profiter du calme qui régnait en maître à cette heure tardive. Certes, la jeune femme ne connaissait pas les horaires du parc, à vrai dire, elle s’en moquait, mais là, elle pouvait faire du skate sans percuter quelqu’un. C’est peut être idiot mais le nombre de rencontre faite en percutant quelqu’un semblait être quelque chose de plutôt commun avec elle, depuis son arrivé en Angleterre… Tess avait même terminé par ne plus les compter tellement il y en avait eut. C’est vrai que les rencontres plus… Banales étaient devenue quelque chose de relativement rare, si bien qu’elle en venait presque à se demander ce que c’était. Bon, elle n’est pas contre un peu d’originalité mais un peu de normalité ne tue pas !

L’ancienne dealeuse était bien prise dans ses pensées, roulant dans le parc en se faufilant entre les quelques passants qui allaient vers la sortie sans que l’adolescente ne s’en préoccupe plus que ça… Parfois, il faudrait qu’elle soit plus attentive à ce qu’il se passe, cela lui éviterait un petit nombre de mésaventure… Ou de chute. En tout cas ! Si elle chutait, son poignet ne souffrirait pas autant que la dernière fois ! Bah oui ! Il est totalement ressoudé ! Et elle est vraiment heureuse de retrouver la totale liberté de ses mouvements !

Tout en continuant de se balader, ou de rouler plutôt, la tête vidée de toute pensée, la jeune femme finit par s’arrêter un moment, plantée au beau milieu d’une allée. Quelque chose avait attiré son attention. Comme des paroles, des mots. Ils étaient assez faibles mais tout de même perceptibles… Assez pour l’avoir attirée du moins. D’un mouvement rapide, la jeune attrapa sa planche, la coinçant sous son bras tout en cherchant l’origine de ces mots. Au début, elle n’arrivait pas à comprendre dans quelle langue étaient ces mots avant de se concentrer un peu mieux sur la voix. Du français ? Ca y ressemblait du moins… C’était pas de l’anglais, c’était sûr, mais elle devait s’approcher un peu plus.
Oui, l’américaine parle un peu, juste un peu, français… Merci les cours de langue de l’académie !  
Après quelques instants à suivre la voix, sans véritablement savoir d’où elle provenait, l’américaine aperçu un portable, au sol, ainsi que les paroles. Elle pencha doucement la tête sur le côté, ramassa le mobile avant de lancer calmement, sans savoir si elle obtiendrait une réponse véritable.

- Il y a quelqu’un ?

Tess s’approcha un peu plus du fossé en entendant que quelqu’un lui répondait. Bon, elle n’aurait jamais parié que quelqu’un aurait eut a chance, ou malchance, de tomber dans les ronces… L’adolescente se mis dans la lumière et remarqua que quelqu’un se trouvait en effet ici, en contrebas. Super, comment tirer cette personne de là ? De ces ronces ?

Attendez, des heures ?! Elle écarquilla les yeux, heureusement qu’elle l’avait entendu, certes, un peu tard, mais elle l’avait entendu tout de même ! Tess posa sa planche au sol, le portable dessus avant de rapidement résumer la situation. Donc, une femme était tombée dans les ronces et cela faisait des heures qu’elle s’égosillait sans que personne ne l’entende ? Comment était-ce possible ? Les gens sont tous sourd ? Bon, elle n’est pas bien placée pour se demander cela vu qu’elle-même aurait pu lui passer à côté sans l’entendre… Cela avait même manqué d’arriver !

- J’vais vous aider, attendez.

Bon, le « attendez » était totalement stupide vu que l’inconnue ne pouvait très certainement pas bouger mais bon... Tess ne s’en rendit compte qu’une fois sa bêtise lancée. Tant pis, elle se rattraperait une prochaine fois. Par contre, le fait d’abîmer sa veste ne l’enchantait pas, raison pour laquelle elle se trouva en débardeur, dans le froid, exposant ses tatouages et sa cicatrice. Tess avait conscience de l’apparition des tatouages mais pas de la cicatrice de balle sur son épaule.

Dès que la veste fut posée sur la planche et le téléphone, elle descendit rejoindre la femme, coincée. Elle cherchait un moyen de la tirer de là sans la blesser, sans l’égratigner plus qu’elle ne devait sans doute l’être mais rien ne lui venait. Quoique, elle devrait d’abord pousser les ronces, les écraser pour éviter des entailles supplémentaires !

Ses pieds coincèrent quelques unes de ces plantes, le mieux possible avant qu’elle ne juge pouvoir tirer la femme de là sans trop de dégâts.

- Comment avez-vous fait pour vous retrouver dans une telle situation ?

S’était-elle prit les pieds dans sa robe ? Avait-elle tout simplement manqué d’attention ? Possible, les deux étaient possibles mais seule la femme pourrait lui répondre. Néanmoins, l’américaine jugea ça bon de décoincer la robe de ses prises. Tout en la délivrant, la jeune reçu quelques griffures mais rien de bien inquiétant, restait plus qu’à voir si elle pouvait sortir, si l’inconnue n’était pas trop fatiguée pour sortir de son trou.

La femme allait bien et c’était tout ce qui importait à l’américaine… Quoique, pouvons-nous vraiment être bien après de longues heures passées dans la même position ? Tess avait un doute, se souvenant que les quelques fois où elle s’était retrouvée dans une position inconfortable lui avait valu des courbatures et autre joyeuseté du genre. Donc passer des heures, sans bouger, dans des ronces, devait offrir le même lot de douleur… Elle la remercia, Tess lui offrant un de ses habituels sourires.

- Y’a pas de quoi, faites attention la prochaine fois.

Elle esquissa un petit rire. C’était idiot, en effet, mais n’importe qui aurait pu se retrouver dans la même situation… C’est ce qu’elle pensait du moins. D’un rapide coup d’œil à sa montre, elle percuta que le couvre feu allait presque retentir pour elle. C’est cool, d’être en Forge, on est en résidence surveillée, certes, mais le couvre feu est plus tôt que pour les autres. Elle soupira doucement, tant pis, elle le dépasserait, une fois de plus, de toute façon, elle n’était plus à ça prêt ! Ce n’est que la… Une, deux, troisième fois ! Et puis, elle ne fait rien de grave ! Elle traîne juste dehors, elle fait de bonnes actions alors au Diable ce maudit couvre feu ! Elle veut sa liberté !

Voir l’inconnue se hisser de cette façon hors de sa prison de ronces, de ce trou fit éclater de rire l’américaine, un rire franc et presque enfantin. Rien de méchant ne se trouvait dans ce rire. Très rapidement, l’ancienne dealeuse se hissa sur le bord du trou, avec, avouons-le, plus de facilité que sa camarade. L’entraînement du gang était toujours bien présent en elle, elle arrivait encore à faire quelques trucs ! Genre sortir d’un trou sans trop de problème, rester calme… Tirer sur des gens aussi. Un frisson parcourut son échine tandis qu’elle chassa cette pensée de son esprit, quelque peu perturbée par ceci… Peut être qu’elle devrait voir quelqu’un pour cela, cela ne lui ferait pas de mal… Normalement.

Quoiqu’il en soit, elle s’approcha de sa veste, la posant simplement sur ses épaules avant de ramener le téléphone à sa propriétaire, gardant un sourire, un peu moins rayonnant qu’auparavant.

- Tenez, avant que j’oublie de vous le rendre. C’est d’ailleurs étrange que personne ne l’ai vu. Sur ce point, vous avez eut de la chance. Rien de cassé, sinon ?

Tess s’installa sur sa planche, étendant ses jambes.

- Nous allons juste avoir un problème. Les grilles sont fermées.

Les rires de Tess n’avaient pas semblé vexer la jeune femme, c’était un bon point ! Elle s’en serait voulu sinon, peut être même qu’elle se serait enfuit, affreusement gênée… Non, elle aurait assumé son acte, comme à son habitude de toute façon, c’est la moindre des choses. La jeune femme détourna le regard, rougissant très légèrement… Ou du moins, c’est ce que Tess semblait voir sur le visage de son interlocutrice.

Elle sourit doucement, le regard s’orientant le vers ciel de cette fin décembre. Il était relativement dégagé mais cela n’empêchait pas une petite brise fraiche de les envelopper. Pas de force mais solide ? C’est quelque chose de bien ! C’est bien mieux qu’avoir de la force mais aucune solidité ! Le grognement de l’adulte amusa de nouveau Tess qui regardait sa tignasse. Sacrée tignasse d’ailleurs. Sans vraiment prévenir, l’ancienne dealeuse se retrouva juste à côté de la  femme.

- On dirait un lion, avec votre tignasse…

Elle souriait, ce sourire qui la caractérise tant, cet air pourtant innocent qui cache de nombreuses blessures.

- Mais une lionne qui n’aime pas être en cage… Quoique, c’est parfaitement compréhensible, j’aime pas me retrouver dans une cage non plus, cependant, nous n’aurons peut être pas d’autres choix que de faire de l’escalade.

Tess se redressa rapidement, prenant soin de ne pas glisser, histoire de ne pas terminer dans le fossé… A son tour. Le regard de l’adolescente parcourait la grille de bas en haut, de haut en bas. C’était un peu haut pour l’escalader sans soucis, il leur faudrait de quoi prendre appuis pour ne pas avoir trop de problème. Cependant, il y avait bien l’option « appeler la police » mais… Non, elles pourraient avoir des soucis… Peut être pas l’adulte mais Tess oui. Ils la ramèneraient à l’Institution, précisant bien qu’elle s’était retrouvée enfermée dans le parc après son heure de fermeture. Bonjour les ennuie, adieu la liberté ! Elle soupira doucement avant de, tout de même, annoncer cette idée. Autant donner toute les idées qui lui traversaient l’esprit, l’une d’elles pourraient peut être s’avérer utiles.

- Au pire, si votre téléphone à encore de la batterie, vous pouvez les appeler pour les prévenir mais je partirais après vous et sans vous suivre.

Elle enfila sa veste convenablement, remettant bien son bonnet en place avant de s’étirer.  Au fait ! C’est bien beau d’aider quelqu’un mais… Connaitre son nom pourrait être encore mieux ! Cela serait con de tisser un lien sans avoir de prénom à mettre sur un visage ! Et Tess se voyait mal parler de cette femme à son frère et de se retrouver comme une imbécile sans prénom. Il se moquerait bien d’elle et aurait parfaitement raison !

- Au faites, je m’appelle Tess, et vous ?

Une injure française traversa la barrière des lèvres de la femme à la magnifique chevelure qui agrandit un peu le trou sous le regard étonnée de l’américaine. Néanmoins, l’adulte préférait ne pas appeler la police pour ne pas s’attirer de problème, deuxième chose qui étonna fortement l’ancienne dealeuse qui ne se retint pas se faire un petit commentaire, se sentant un peu moins seule. Un peu moins seule à vouloir éviter les interactions avec les forces de l’ordre le plus possible. Elle était d’ailleurs heureuse de voir que l’adulte était en accord avec elle sur ce point !

- Dans ce cas, nous sommes deux à vouloir éviter les ennuis !

Elle souriait doucement en enfouissant les mains dans ses poches, réfléchissant rapidement à où elle avait pu entendre son nom. Un petit silence s’installa tandis qu’elle répétait doucement, presque dans un murmure, le nom de la femme. Elle l’avait déjà entendu mais n’arrivait pas à se souvenir d’où. Pas dans la rue, c’était sûr, mais peut être qu’elle l’avait entendu à l’académie… Oui, c’était sans doute ça, elle lui demanderait après, un peu plus tard.

- Enchantée, Emilie !

Un petit hochement de tête fut adressé à Emilie tandis que Tess arrêta de la vouvoyer. C’est vrai que ça fait se sentir vieux, le vouvoiement… Tess arrêtait de compter le nombre de fois où un de ses camarades l’avait vouvoyé. Oui, oui, vous entendez bien, un camarade ! Ce n’est pas comme si c’était des inconnus… Encore, quand tu ne connais pas la personne, qu’elle semble plus âgée que toi, c’est quelque chose qu’elle trouve normal, mais pas quand il s’agit d’un camarade de classe, ou d’un camarade tout court ! C’est parfois déplaisant même.

- Ca marche ! Par contre, ton nom et prénom ne me sont pas vraiment inconnus, je suis sûre de les avoir entendus quelque part… Peut être que tu pourrais m’éclairer à ce sujet, si cela ne te dérange pas du moins.

La curiosité est un vilain défaut, Tess en a parfaitement conscience mais garder ses questions pour elle et ne pas les poser est mission impossible. Cependant, il leur fallait trouver un moyen de sortir de là ! Tess était sûre que des adolescents, des junkies, se retrouvaient ici la nuit pour se piquer ou fumer un joins… Voir même deux. Ils devaient avoir un endroit où passer sans soucis, elles devaient trouver cet endroit. Tess préféra ne pas penser à eux plus en détails, ne voulant pas se souvenir de ses anciens… Clients.

Ah ! La psychologue de l’institut ! Voilà l’endroit où elle avait entendu le nom d’Emilie à l’académie. Bah, dans tous les cas, elle n’allait pas changer sa façon d’être car elle était la psychologue de l’académie ! Et puis, elles se retrouvaient toutes les deux dans le pétrin ! Elle hocha la tête doucement face à sa question. C’est vrai qu’elle vient de la même école, étant dans le groupe des Forges, bon elle se gardait tout de même de le clamer haut et fort face à l’adulte.

- Compte sur moi pour ça ! J’aime pas ces conventions hors de l’établissement !

Elle ne cachait pas qu’une fois dans l’académie, Tess se remettrait sans doute à la vouvoyer, ou juste en présence de d’autres adultes si Emilie préférait. Au pire, il faudrait qu’elles se croisent à l’académie mais entre les cours est les rendez-vous de la jeune psychologue, cela pourrait être compromis… Rho ! Au pire Tess verrait bien avec le temps ! Mais pour le moment, tout se passait bien avec la jeune femme, autant en profiter ! Et puis, pour une fois qu’elle rencontrait quelqu’un d’un peu plus âgée qu’elle, autant continuer de profiter !

La jeune femme rit doucement en entendant le ton employé par Emilie. Elle souriait doucement avant de regarder la tenue assez… Légère de sa camarade. Après tout, sa robe semblait plus que légère et les ronces ne l’avaient pas épargné non plus…

- Tu n’as pas froid dans ta tenue ?

La jeune était prête à se séparer de sa veste pour qu’elle ne tombe pas  malade. Tess ? Elle s’en moque totalement, elle peut être malade, choper une pneumonie ou autre, elle s’en moquerait totalement, ce n’est pas ce qui va lui faire peur ! Le froid n’est pas quelque chose qu’elle craint plus que ça, bon, un peu quand même car elle reste humain mais sans plus. Tess regarda autour d’elles deux avant de tout de même se mettre en mouvement.

- Ce que je te propose, c’est de faire un tour du parc pour voir par où sortir sans trop de soucis.

- Tu peux !

Tess restait souriante, enjouée par cette petite aventure nocturne. Elle était presque surexcitée par cela mais préféra ne pas trop le montrer de trop, pas pour le moment du moins. L’adolescente récupéra sa planche, la coinçant sous son bras, comme à son habitude lorsqu’elle ne s’en servait pas. Elle souriait.

- Si jamais tu as trop froid, n’hésite pas à me le dire, ça serait con d’attraper froid !

Elle était calme en apparence, mais totalement motivée pour sortir de cette cage géante ! Cette impression d’être retenue prisonnière n’était pas dans ses goûts !

- Tu as tout compris, jeune lionne ! On va sortir de là sans soucis !

Le poing levé vers le ciel, Tess montrait sa motivation à Emilie, mais aussi au ciel et à l’univers. Bon, c’est peut être un geste un peu stupide et inutile mais elle s’en moquait, qu’Emilie la juge si elle le souhaitait, le regard des autres importes assez peu l’américaine… Sauf lorsqu’ils apprennent la raison de sa venue ici… Dans ce cas, la jeune se souciait beaucoup de leur regard, sachant parfaitement que beaucoup ne la considèrent plus comme étant humaine. C’est parfois lamentable mais elle est bien obligée de faire avec. Au pire, elle les ignorait royalement et le problème était réglé, certes, ils ne lui foutaient pas la paix tout de suite mais avec le temps, en voyant que leur regard ne semblait, en apparence, pas affecter la jeune se lassaient et cherchaient une toute nouvelle cible, un nouveau bouc émissaire. Une ombre obscurcis le visage de Tess, son sourire avant qu’elle ne se ressaisie rapidement, n’ayant pas envie qu’Emilie remarque son air triste, elle n’avait pas envie de l’inquiéter pour si peu. Et non car elle est psy, qu’elle le soit ou non ne change rien du tout à ce qu’elle veut bien dire et avouer.

- Bon ! Allez, viens, on va pas poireauté ici plus longtemps !

Tess tourna rapidement le dos à son interlocutrice, l’attendant sur le chemin, un petit sourire aux lèvres, oubliant comme possible ses précédentes pensées.