Alex Graham

J'ai passé presque tout le début de ma vie à habiter chez mes parents. Je suis né en ma 2004 à Glasgow, c'est une ville d’Écosse si jamais vous ne connaissez pas. Je ne me rappelle pas très bien des toutes premières années de ma vie, mais on m'a toujours dit que j'étais un enfant très effacé. Je restais calmement dans mon coin, toujours à l'écart des autres enfants. Je dormais beaucoup aussi, il fallait me stimuler en permanence pour que je garde les yeux ouverts. Déjà à l'époque, je ne me plaignais jamais, je ne pleurais pas quand je me faisais mal et je gardais les choses pour moi pour ne pas inquiéter mes parents. Avec les quelques soucis financiers qu'ils avaient à cette époque, ils avaient déjà bien assez de soucis comme ça. Si je parlais j'étais puni, si je ne parlais pas j'étais puni. Ils disaient qu'ils m'aimaient et qu'ils faisaient tout ça pour m'éduquer, mais c'était vraiment une façon particulière traiter un enfant. Quoi qu'ils aient put dire, ils étaient juste méchants.

Ça ne s'est pas arrangé en grandissant, plus le temps passait et plus je devenais silencieux. Si je faisais trop de bruit ou que je me plaignais, j'étais puni. Aujourd'hui je sais bien que ce n'était pas quelque chose de bien, mais à l'époque je trouvais cette situation normale. Quand j'ai commencé ma scolarité, tout se passait bien au début. Je restais dans mon coin et n'embêtais personne. Mais après quelques années, les autres ont commencé à me trouver bizarre. Et vous savez comment sont les enfants avec les autres enfants qu'ils trouvent bizarres. Ce n'était pas grand chose au début, juste des petites remarques et des petits gestes, mais comme je ne me plaignais pas, ils ont continué et ça a été de pire en pire. Et ce n'était pas mieux à la maison, plus les années passaient et plus les relations avec mes parents se dégradaient. Je ne pouvais rien leur dire sans les énerver, et ça finissait toujours très mal pour moi quand ils étaient énervés.

Je me rappelle d'une fois à la fin du primaire, quand un garçon qui m'embêtait toujours avec ses remarques a voulu me frapper plus fort. Quand j'ai sentis ses poings sur mon corps, je me suis immédiatement jeté en boule sur le sol et me suis mis à hurler et à pleurer. Les adultes ont très vite accouru pour nous séparer, mais je refusais catégoriquement que quiconque me touche. C'est quelque chose avec lequel j'ai toujours beaucoup de mal d'ailleurs. L'école a appelé mes parents pour leur expliquer la situation. Selon le directeur, c'était une simple altercation entre deux élèves et les torts étaient donc partagés. Je n'ai pas osé démentir cette version et je suis rentré avec une punition à faire. Ce soir là j'ai reçu une autre punition en rentrant à la maison, une punition que je n'oublierais jamais. Je suis resté pendant trois jours à la maison, puis quand je suis retourné en classe les choses recommencèrent comme si de rien n'était. La seule différence était qu'à partir de ce moment là, je me taisais quoi qu'il arrivait.

Les choses ont continué comme ça pendant des années, la journée je devais subir les brimades des autres élèves et le soir je subissais la frustration toujours grandissante de mes parents. Au milieu de tout ça, mes notes ont commencé à dégringoler, et même mes professeurs me traitaient comme le dernier des imbéciles. C'est resté comme ça jusqu'à il y a un an, quand un nouveau professeur est arrivé dans l'établissement. Au début je me méfiais de lui comme de tous les autres, mais peu à peu j'ai fini par lui faire confiance. Malgré mes difficultés, il semblait vraiment vouloir m'aider à progresser. J'ai commencé à lui parler et même à lui confier quelques petites choses concernant mes parents et ce qu'il se passait à la maison. Je ne l'avais jamais fais parce que j'avais peur des répercutions, mais ça a été très différent cette fois. Il m'a aidé à m'en sortir et m'a même fait rencontrer plein d'autres personnes dont c'était le métier de m'aider. Il s'est passé pleins de choses mais à la fin, je suis allé vivre avec ma grand-mère qui habite à Londres.

J'aime beaucoup ma grand-mère, la mère de mon père, c'est quelqu'un de vraiment gentil avec moi. J'ai vécu plusieurs mois avec elle le temps de me reposer, c'était vraiment agréable comme endroit mais aussi un peu petit. Depuis la mort de son mari, ma grand-mère vit seule dans un petit appartement. Et puis même si j'étais bien dans cette petite bulle mais mon état ne s'améliorait pas pour autant. Alors sur les conseils d'un ami de ma grand-mère, j'ai fais un dossier pour entrer à l'Institution Indarë. Ça avait l'air d'un bon endroit et puis au moins je n'étais pas très loin de chez ma grand-mère, je pourrais aller la voir de temps en temps. Je n'ai jamais vécu seul, j'avoue que ça me fait un peu peur. Je ne sais pas vraiment ce que je vais pouvoir faire ici, on m'a juste dit qu'ici les gens allaient pouvoir m'aider à aller mieux. Je n'en sais trop rien, on verra bien comment ça va se passer.