À droite, l'école et ses élèves normaux, comme tout le monde.À gauche, le centre de redressement pour jeunes dangereux.Maintenant réunis, pour le pire.
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Un après-midi chiant, comme tant d’autres durant ce début d’été. Mathieu avait passé le début de sa matinée à suivre les quelques cours des Summer Classes, qu’il avait dû intégrer à cause de son arrivée tardive à l’Institution, désormais peu peuplée avec tous les chanceux qui passaient leurs vacances chez eux. Lui, s’ennuyait comme un rat mort, même si certains de ses rares amis étaient restés, comme lui.
Sa France natale lui manquait, et sa famille aussi. Même certains de ses anciens amis, qui avaient repris contact avec lui, et qui disaient lui avoir pardonné lui manquaient. Une sorte de mal du pays en somme. Et puis, la nourriture, même végan, était largement meilleure en France quand même… Le cliché des Anglais incapable de faire cuire quelque chose qui soit comestible, Mathieu l’approuvait de tout son cœur…
Pour tuer le temps, il se mettait à regarder des séries. Il avait déjà un compte Netflix en France, mais ne s’en était jamais réellement servi. Aujourd’hui, il remerciait ses parents de ne pas s’être rendus compte qu’ils continuaient à payer son abonnement. Sans ça, il serait peut-être tombé en dépression. Il s’était pris dans l’histoire d’une série sur des zombies, et sur des personnages qui devaient survivre à l’apocalypse. Il s’était engouffré dans le premier épisode, et il ne pouvait plus vraiment s’arrêter.
A mesure que les épisodes passaient, Mathieu en oubliait totalement le reste. Il n’était pas descendu au réfectoire pour le déjeuner, et se retenait jusqu’à la fin d’un moment dramatique pour mettre pause et aller faire ses besoins. Tellement absorbé qu’il avait fermé ses volets, laissant la pièce dans des ténèbres presque complets, seulement troublés par l’écran du PC portable du jeune homme.
Tellement absorbé qu’il n’avait pas entendu toquer à sa porte. Les zombies étaient en train d’attaquer le camp de base des survivants, et l’action en était à son paroxysme. Qui allait survivre ? Qui allait mourir ? Y allait-il avoir des trahisons, des coups de couteau dans le dos pour survivre ou régler des rivalités ?
Tellement absorbé qu’il n’avait pas prêté attention à une petite voix qui avait pourtant essayé de se faire entendre, et qui cherchait certainement un interrupteur. L’un des personnages principaux se retrouvait aux prises avec un mort-vivant pas si mort que ça. Le personnage préféré de Mathieu, une jeune fille d’à peu près son âge, qui n’hésite pas à mettre des coups de crosse dans des crânes quand il le faut. Il ne pouvait tout simplement pas manquer ça.
Tellement absorbé qu’au moment du twist final, de la révélation tant attendue, lorsque l’épisode s’arrête sur un énième cliffhanger, Mathieu poussa un cri de rage, avant d’envoyer valser la couette sous laquelle il s’était réfugié pour être le plus dans le noir possible, et d’asséner un coup de poing rageur sur son clavier pour évacuer cette frustration.
D’un second coup de poing plein de colère, il alluma l’interrupteur situé à côté de lui et se mit rapidement sur ses pieds, affublé d’un simple caleçon en cette chaude après-midi d’été. Il se dirigea alors vers le mini frigo de la chambre pour y chercher une barre de céréales, alors que ses yeux s’habituaient encore à la lumière soudaine.
Soudain, en se retournant, la friandise tombe des mains du garçon, qui émet un hurlement de surprise étouffé, tout en sursautant. Une jeune fille aux cheveux blancs… toute frêle… pas vraiment une gamine, mais à peine pubère, se trouvait en face de lui, en plein milieu de sa chambre.
« QU… QU’EST-CE QUE TU FAIS LA ? T… Qui es-tu ? »
Une voix éloignée sembla lui répondre, à l’autre bout du couloir. Quelqu’un avait entendu son cri. Oups.
"Depuis quand on est censé faire comme James Bond ?"
«»
DATE
J’étais arrivée donc à cette fameuse école. Je sais déjà d’avance que je ne l’aime pas. En plus ils m’ont mis un espèce de machin localisateur à la noix à la cheville. Je vous jure la prochaine fois que j’ai une pierre sous la main je le casse leur machine ! MAIS C’EST QUOI CE MONDE BORDEL ! Bon, la chambre...dans les dortoirs…
Je chercha les dortoirs pendant un bon quart d’heure, avant de les trouver, à croire que il fallait assassiner quelqu’un pour les trouver, enfin . Je soupira et m’avança dans le vestibule. Bon, trosième à gauche...ensuite à droite...encore à gauche et….et merde je me suis encore perdue ! Nan mais y a rien de positif dans cette école, vivement l’an prochain, au moins Dylan sera avec moi. Mon cher frère...Il était toujours avec moi, dans ma tête. Tient , quand on parle du loup, je détourna la tête pour regarder mon frère qui était une de mes nombreuses hallucinations, sa tête , ses cheveux noir en pagaille, ses yeux noisette/fauve, ça m’avait manqué.
L'illusion me fixa un moment avant de se retourner et de partir en courant. Et merde il va ou lui ? Je couru après mon "frère" avant de freiner pour éviter de me manger une porte. Ça devait être ma chambre, Il voulait peut être me guider. J'approcha ma main sur la poignet et la tourna lentement, il y avait du bruit à l'intérieur, et un peu de lumière. J’entrouvris lentement la porte et y entra discrètement. Qui était à l'intérieur ? Un squatteur ou je me suis juste trompée de chambre ? Je vis un garçon allongé, regardant sur son ordinateur une série, visiblement avec des zombies, ça semblait assez bien, mais je ne pense pas que je soit là en touriste. Je chercha l’interrupteur, sans succès. J'essaya de me faire entendre, obtenant le même résultat.
Quand la fin de l'épisode arriva, le garçon poussa un cris de rage. "Je crois que le mot sang-froid ne fait pas partie de lui..." songeai-je
Un bruit sourd mêlé à celui de clavier se fit entendre. Ne me dite pas que cet imbécile à taper sur son clavier ? Je dis ça mais je pense que j'aurai fait bien pire...Enfin bon, ce n'est pas le sujet. D'un autre coup de poing, il alluma la lumière. Elle était aveuglante, me forçant à plisser les yeux. Bordel mais il va finir par tuer ses interrupteur ce bougre ! Ce dernier sortit de son lit et se mit rapidement sur ses pieds pour se diriger vers le mini-frigo, je n'ai jamais vraiment compris l’intérêt des mini-frigo, ils étaient certes, pas très encombrants, mais on ne pouvait pas y ranger grand chose. Le rageur était portant un étrange short moulant, moi qui croyait que seule les filles portaient ce genre de short ultra moulant, qui est censé à leur drôle vision d'alien, à séduire.
Quand le jeune homme se retourna, il tenait une barre de céréale qui retomba bien vite en me voyant.Il avait des cheveux violet et des yeux noisettes, me rappelant vaguement ceux de mon frère. Tout cela n'aurait pas été si grave si...IL N'ÉTAIT PAS EN CALEÇON BORDEL !! Bon , oui, vue de l'extérieur je semblai blasé mise à part que je commençais à rougir légèrement et que je détourna le regard. Le garçon avait un regard ahurie et commença à crier:
« QU… QU’EST-CE QUE TU FAIS LA ? T… Qui es-tu ? »
Dans le couloir, des voies se fesaient entendre, c'était pas très étonnant vu comment ce bougre avait crié.
"J'en sais rien, en tout cas, c'est pas ma chambre et encore moins une hallucination..."
Me rappelant de la ....tenue extravagante de l'homme se trouvant en face de moi, je trouva utile de lui rappeler quelque chose :
Tu sais...tu devrais mettre des vêtements....Et moi je vais me contenter de me casser
Je me dirigea vers l’entre-bâillement de la porte et passa une tête dehors avant de la rentrer aussitôt. OKAY C'EST LA GROSSE MERDE LES GENS VIENNENT VOIR CE QU'ILS CE PASSE.
"Merde merde merde merde...."
Je regarda un moment le garçon avant d’enchaîner :
"Okay, alors comment te dire que c'est la grosse merde parce que les personnes qui je ne sais pas comment elles s'appellent viennent voir ce qu'il se passe donc ...alerte rouge !"
Ayant ue idée,je me pencha à la fenêtre pour voir si je pouvais sauter de la fenêtre, bien sur il était au troisième ! Putain ...
L’apparition soudaine d’une gamine dans la chambre de Mathieu n’aurait pas eu cet effet s’il avait été habillé, et s’il n’avait pas été autant emporté par sa série. Mais la surprise était totale, pour le coup. D’autant que la jeune fille semblait étrangement assez calme par rapport au fait qu’elle était entrée dans une chambre qui n’était pas la sienne.
« Tu sais, tu devrais mettre des vêtements… Et moi je vais me contenter de me casser... »
Non mais pour qui elle se prenait celle là ? A peine pubère et elle se prenait pour sa mère ? Pas question pour Mathieu de se laisser marcher dessus par une gamine, à qui il rétorqua :
« Alors c’est MA chambre, donc je me balade en caleçon si je veux, et puis ensuite… Qu’est-ce que tu fais à cet étage ? C’est les mecs ici ! »
Il se dirigea cependant vers son lit, pour remettre ses affaires à leur place, et pour remettre l’une des touches de son clavier dans son emplacement initial. Il fallait vraiment qu’il se calme avec Netflix…
Alors qu’il appuyait avec son doigt pour faire rentrer la touche « E » à sa place, Mathieu entendit un « merde, merde, merde, merde... » de plus en plus pressant qui lui fit tourner la tête en direction de la jeune fille, qui venait de claquer subitement la porte, le visage livide. Ses mots étaient décousus, mais Mathieu comprit rapidement une chose : il ne fallait pas que les gens le voient en caleçon avec une mineure dans sa chambre. Si c’était un de ses camarades qui entrait, il ne pourrait résister aux fausses rumeurs bien longtemps. Si c’était un surveillant, il serait bon pour l’exclusion, tout simplement. Sans aucune forme de procès.
« Putain mais qu’est-ce qu’on va… wohWOHWOH ! Hey, arrête toute de suite tes conneries ! »
Perdu dans ses pensées apocalyptiques, il n’avait pas vu la jeune fille dont il ignorait encore le nom qui se penchait à la fenêtre. Il préférait encore être exclu que d’avoir une mort sur la conscience. Quoi que, si la directrice apprenait qu’une gamine était retrouvée dans sa chambre, il aurait SA propre mort sur la conscience.
Paniqué, Mathieu faisait tourner son cerveau à 200 %, mais la confusion qui y régnait empêchait toute idée claire d’émerger. Dans un élan de désespoir, il se jeta sur la porte, et fit barrage avec son dos, afin que personne ne puisse rentrer. Il entendait les voix se rapprocher. Il était trop tard pour mettre un pantalon maintenant, et il ne savait absolument pas comment se sortir de ce guêpier. Il fixa alors la jeune fille aux cheveux blancs, droit dans ses yeux bleus :
« Va te cacher quelque part… N’importe où, je sais pas, mais si on nous voit ici, on est morts tous les deux ! »
Il jeta un regard circulaire dans la pièce le corps en étoile de mer, de dos à la porte pour en couvrir le maximum de surface. Il s’arrêta finalement sur son propre lit. Il était impossible de se cacher en bas à cause des deux tiroirs qui étaient en dessous. Mais il eut une idée qu’il pensa brillante.
« Vite, fous toi en boule sous ma couette ! »
La couette en question était dans un désordre complet après la rage de Mathieu. La frêle adolescente ne provoquerait donc pas de bosse qui trahirait sa présence, à première vue. Mais si les gens la trouvaient, alors là…
Une voix se fit entendre de l’autre côté de la porte :
« Mathieu ? Tout va bien ? Ouvre, j'viens reprendre un truc dans ton sac... »
Mathieu avala avec difficulté sa salive, tenta de se calmer, puis se retourna, avec un grand sourire extrêmement peu naturel, et ouvrit la porte :
« Pas de problème Ethan, entre ! »
Derrière son dos, il croisait son index et son majeur.
Depuis quand on est censé faire comme James Bond ?
« ... »
DATE
Putain mais qu’est-ce qu’on va… wohWOHWOH ! Hey, arrête toute de suite tes conneries ! »
Mais quesqu’il a cru ? Je vais pas sauter par la fenêtre bordel ! Je m’écarta de la fenêtre pour éviter de le faire gueuler un peu plus . Le garçon était dos à la porte, son dos collée à celle ci, sûrement pour que personne ne puisse entrer, ce qui était à la fois intelligent et idiot, s'il forçait la porte à être fermé, ils se douteront sans doute de quelque chose. Il semblait confus et angoissé. Les voies se rapprochaient, bon sang dans quelle merde je l’est mise, et moi avec ! Ça m’apprendra à suivre mes hallucinations tiens ! BORDEL MAIS POURQUOI IL FALLAIT QUE ÇA SE PASSE COMME ÇA ! Je cherchai dans ma tête une solution, mais rien ne daignez de venir à notre rescousse. Désespérée, je regarda le garçon qui me regardait droit dans mes yeux, je le regarda alors également droit dans ses yeux noisette, prenant soin de ne fixer que son visage :
« Va te cacher quelque part… N’importe où, je sais pas, mais si on nous voit ici, on est morts tous les deux ! »
Le jeune homme jeta un regard autour de lui, je fis de même, si on nous trouvait comme ça, des idées trèèès farfelu pourrait venir germer dans leur petites têtes. Je me demande ou ils allaient chercher ce genre d’idées … elles sont sûrement produite dans leur non-intelligence . Le regard de mon camarade d’emmerde s’arrêta sur son it, la couverture partait littéralement en steak. « Vite, fous toi en boule sous ma couette ! »
Je ne répondis pas, je lui lança seulement un regard, signe que j’avais compris, accompagnée d’un hochement de tête. La couverture était tellement en bordel que, même une bombe atomique n’aurait pas pu l’égaler, si si, je vous jure ! Bon, j’exagère peut être un tout petit peu, mais son idée n’étais pas mauvaise, j’étais si mince que je devais pouvoir passer inaperçue….j’espère. Je me glissa sous la couverture, me repliant au maximum sur moi même , en espérant que l’on ne me voie pas. J’étais en position du fœtus , j’étais tellement serrée sur moi même que je croyais que mes épaules allaient se déboîter, je sentais la chair de mon cou se tendre , elle me picotait, me brûlant légèrement, si, vous savez, comme quand votre peau est tellement tendue que vous croyais qu'elle va se déchirer, et bâ je ressentais ça. Je ne sais pas pourquoi je fais ça, c'est pas comme si m'a vie était en jeu....Ouai mais je vais quand mêe éviter de me mettre dans la merde au cas ou, et puis , je pouvais toujours tuer le mec au cas ou, nan ? Quoi qu'il en soit, je me retins de bouger.
Je ne pouvais rien voir, mais j’entendais une voie d’homme, étouffais par la couverture, se faire entendre :
« Mathieu ? Tout va bien ? Ouvre, faut que j’aille prendre un truc dans mon sac... »
Je serra davantage la mâchoire et me resserra davantage sur moi même :
« Pas de problème Ethan, entre ! »
J’étouffais de chaud, je croyais que j’allai m’étouffer, mon visage était encore plus rouge qu’une tomate. C’est vrai que je n’ai jamais vraiment supporter la chaleur, encore à la plage, il y avait la mer ou un lac pour se rafraîchir, non, là, je mourrai, l’air chaud me donnait toujours un peu plus de mal à respirer, ou m’en donner l’impression, en tout cas, ce n’étais pas agréable ! En tout cas, je sais maintenant ce que ressens le pain quand on le met dans un four. J’avais peur, enfin non, j’étais plutôt stresser, je ne pouvais pas imaginer pire premier jour. À force de me serrer contre moi même pour me faire la plus petite possible, je sentais la brûlure sur mon cou grandir, laissant une larme s’échapper malgré moi. Eh ba putain, je savais pas que j’étais si humaine que ça ! Dans mon souvenir, la seule fois ou j’ai pleurée, c’était quand mon frère et moi furent séparés. Au moins, au cas ou je me fesait prendre, j’avais un plan de secoure, dieu merci c’était au moins ça !
Même s’il ne le voulait pas, le stress de Mathieu se voyait. Ses traits étaient crispés d’une manière artificielle au possible. Son sourire inspirait tout sauf la confiance. Mais surtout, la goutte de sueur qui perlait en haut de son front trahissait une gêne qui ne faisait que grandir à mesure que son camarade s’approchait de lui.
Il sentait le regard insistant de son camarade. Il devait se douter de quelque chose… S’il savait… Dans le doute, Mathieu faisait mine de paraître le plus naturel possible. Il tentait le bluff.
« Je… Je regardais la série, tu sais, celle que tu m’avais conseillé, sur les vampires là… Ouais les zombies plutôt héhé… Elle est bien hein, mais erm… Un peu flippante des fois tu vois ? Haha… Tu sais le moment où le mec là, celui avec le flingue, se fait manger le cerveau… Gore hein ? »
Il s’enfonçait et il le savait. Mais il n’avait pas le choix. Quitte à paraître étrange, il fallait absolument détourner son attention de son lit. Il ne pouvait pas prendre le risque de…
Un léger bruit d’expiration étouffé sortit de la couette de Mathieu. Les regards se tournèrent vers l’origine du bruit. La jeune fille devait mourir de chaud là dessous, en plein été, dans une chambre où la testostérone faisait sa loi. L’air devait être lourd, chaud, humide. L’odeur, insoutenable, puisque Mathieu n’avait quasiment pas bougé de son lit depuis la fin de matinée. Il n’empêche, ça n’était ABSOLUMENT PAS le bon moment pour commencer à s’étouffer !
Devant le regard interrogateur de son ami, Mathieu mit sa main derrière sa nuque, en agrandissant encore son sourire.
Pendant qu’il fouillait dans son sac pour récupérer une babiole, Mathieu fit quelques pas en arrière en faisant mine d’aller chercher quelque chose sur son lit. Il fit semblant de commencer à refaire son lit, pour laisser une petite arrivée d’air à la gamine qui étouffait sous les draps. Pendant un instant, Mathieu crut sentir sur lui un regard accusateur de son camarade. Lorsqu’il se retourna, Ethan fronçait déjà un sourcil, comme avec une sorte de désapprobation. Avait-il aperçu la jeune fille ? Trouvait-il la situation plus qu’étrange ? Il n’en sut rien. Il ne voulait pas savoir. Il le saurait bien assez tôt de toute façon.
Quand son ami se retira sans un mot et que la porte claqua, Mathieu patienta encore quelques longues secondes qu’il s’éloigne avant de s’effondrer sur son lit, projetant dans sa chute son bras fin sur l’espèce de boule humaine qui était sous sa couette. Doucement, il passa la tête dessous, et murmura :
« Pssst… C’est bon, tu peux sortir, ça devrait être bon... »
Une fois la tête ressortie, Mathieu s’assit plus convenablement sur son matelas, laissant le temps à sa camarade d’infortune de s’extirper de l’amas de draps. Pensif, il la regarda longuement, tout en réfléchissant à la marche à suivre. En cet après-midi de juillet, les dortoirs grouillaient de monde, des pensionnaires qui cherchaient un peu de fraîcheur dans les bâtiments équipés de climatisation. Comment allait-il pouvoir sortir cette jeune adolescente de sa chambre sans que les choses ne tournent au vinaigre ? Il allait falloir penser à un plan…
Depuis quand on est censé faire comme James Bond ?
« ... »
DATE
Je… Je regardais la série, tu sais, celle que tu m’avais conseillé, sur les vampires là… Ouais les zombies plutôt héhé… Elle est bien hein, mais erm… Un peu flippante des fois tu vois ? Haha… Tu sais le moment où le mec là, celui avec le flingue, se fait manger le cerveau… Gore hein ? »
Bon...niveau crédibilité , on a vu mieux mais c’est toujours mieux que de dire « salut y a pas du tout une fille de 14 ans dans ma chambre alors que je suis en caleçon ». Bon, je vais pas me plaindre, c’est un peu de ma faute cette emmerde...pourvue que je ne fasse pas trop de bruit...J’étouffe moi sous cette couverture, je me croyais dans un de ces fameux désert ou il n’y a aucune trace de vie si, ce n’est que des cadavre d’animaux...
Je ne savais pas ce qu’il se passait, mais franchement je voulais savoir, mais la petite voie de la prudence et de la logique dans ma tête me dis de faire tout le contraire, de ne pas bouger. Par moment, cette petite voie de la prudence que tout le monde à dans la tête, j’ai l’impression de ne pas l’avoir cette petite voie, ou alors, QUESQU’ELLE FOUTAIT QUAND J’ALLAIS ENTRER DANS CETTE CHAMBRE BORDEL...hum...faut que je me calme…
J’entendis un espèce de froissement de sac, sûrement que le dénommé Ethan ou l’autre garçon cherchait le « quelque chose » que Ethan avait oublié. Pendant que un des deux garçons, je ne saurai dire qui, cherchait son affaire, j’entendis des bruits de pas se dirigeaient vers moi. Si c’était Ethan, j’allais crever et mon camarade avec… Mais à ma grande surprise, enfin je crois, ce n’était pas Ethan, c’était l’autre garçon qui m’avait laissée une entrée pour l’air, je ne manquerai pas de le remercier. Les pas ‘éloignèrent et j’entendis la porte claquer, il était parti ? Des secondes qui me parurent interminable passèrent avant que je sentie quelqu’un tomber, ou se laisser tomber sur le lit. Je sentis le bras de la personne être projeter sur mon dos, situé sous la couette. Bordel si c’est pas le...je sais pas comment il s’appelle donc on va l’appeler la violette ; je suis morte, et lui avec. Je sentie la couverture se soulever, stressée, je regarda dans la direction du mouvement pour me retrouver face à des yeux noisette. La violette murmura :
« Pssst… C’est bon, tu peux sortir, ça devrait être bon... »
ALLELUJAH !!!! Je le regarda sortir sa tête de sous la couette avant de le suivre, je crois bien que la chaleur ma grillée la plupart de mes neurones car , le visage rouge, je reprenais mon souffle, assise sur le lit en récitant à tout vitesse :
Reprenant conscience, j’arrêta de réciter ce mot stupide et fixa dans le vide , le visage confus.
Ouai.. .Je crois que la chaleur ma grillé mes neuronnes…Et pas que quelque une
....
….okay y a u blanc c’est malaisent là….
Abby….j’m’appelle Abby….Tu crois que il m’a vue ce...Ethan ?...
En attendant la réponse, je songea à des plans pour pouvoir sortir d’ici. Désespérée de moi même et de mon premier jour catastrophique, je pris ma tête dans mes mains, en espérant que tout cela n’était que fiction et cauchemar, en vain ...
Aussi brusquement qu’elle s’y était engouffrée, la jeune fille jaillit de la couette de Mathieu comme une tornade, en récitant un mantra, très rapidement, que Mathieu mit du temps à identifier :
Il ne connaissait que peu de mots en japonais, mais il avait bien compris qu’elle le prenait pour son grand frère. En japonais. Sans aucune raison. Alors qu’il ne connaissait même pas son nom. Décidément, des fois, la vie vous réserve bien des surprises…
Effectivement, la chaleur a du lui griller quelques neurones. Mais elle paraissait étrange dans tous les cas… Abby ? Joli nom. Cliché, pour une Anglaise, mais exotique de son point de vue français. Bon, autant faire les présentations.
« Mathieu. Qu’est-ce que tu es venue faire ici ? On t’a pas dit que c’était l’étage des garçons ici ? Les filles, c’est plus bas. »
Alors qu’il montrait le bas avec son doigt, Mathieu se rendit compte qu’il était toujours quasiment dans le plus simple appareil. Oups. Il se mit alors en quête d’un short et d’un haut, afin de ne pas choquer la petite plus qu’il n’en fallait. Il s’isola dans la salle de bain quelques instants, histoire de paraître un minimum présentable, mais lorsqu’il sortit, la scène le toucha profondément.
Devant ses yeux, la jeune fille aux longs cheveux blancs avait sa tête dans ses mains, comme si elle était en train de pleurer. Elle avait l’air toute frêle, impuissante au milieu du bazar de draps qu’elle avait laissé derrière elle. Passée ses deux premières émotions, la panique devant l’urgence de la situation, et la colère devant le possible drame qu’il avait évité, Mathieu laissait place à une sorte de sentiment mélancolique. Elle ne s’était certainement pas rendu compte de ce qu’elle avait fait, et la voilà embarquée dans une situation stressante et dérangeante.
Mécaniquement, Mathieu revint s’asseoir auprès d’Abby, et passa son bras autour de ses épaules pour la calmer. Elle était jeune, et il ne l’avait jamais vue auparavant. Sûrement une nouvelle arrivante.
« Bon, ça va aller, je m’excuse d’avoir crié tout-à-l’heure… J’ai été surpris, et on a failli avoir des emmerdes… Mais tu t’es bien débrouillée, on va te sortir de là hein ? Tu voulais aller où à la base ? »
Le garçon essayait de parler avec une voix douce, même si son accent trahissait encore un léger stress, quasiment imperceptible par quiconque n’était pas familier. Il fallait la rassurer avant de continuer quoi que ce soit. Il caressa son épaule avec son pouce dans un geste protecteur, avant de poursuivre :
« T’as faim ? Soif ? Je ne te propose pas de cigarette j’imagine hahaha… »
Il espérait que cette note humoristique allait la détendre un peu. En attendant sa réponse, il se leva pour aller chercher pour lui-même une autre barre de céréales.
« Il va falloir qu’on trouve un truc pour te faire aller là où tu veux sans que ça soit suspect… Des idées ? »
Depuis quand on est censé faire comme James Bond ?
« ... »
DATE
« Mathieu. Qu’est-ce que tu es venue faire ici ? On t’a pas dit que c’était l’étage des garçons ici ? Les filles, c’est plus bas. »
Mathieu...Mathieu...Jolie prénom, c’est un prénom sympa, en Angleterre , on a pas l’habitude de ce genre de prénom, original, mais plutôt sympa. Le jeune garçon désigna le sol, pour définir l’étage plus bas ou se trouvait le dortoir des filles. Soudainement, Mathieu se leva pour aller dans la salle de bain, je me demanda pourquoi un moment, avant de réaliser qu’il était encore en caleçon . J’avais oublié ce détails tient.
Pendant que je me tenais la tête avec mes mains, mes cheveux blanc dégringolant en cascade, je songeai à un plan pour sortir , même si rien ne me venait à l’esprit, je me pinça même pour essayer de me sortir d’un cauchemar trop réaliste à mon goût, sans succès. Bon...Je crois que je vais pouvoir marquer ce jour comme le pire jour de ma vie….et comme mon pire premier jour aussi. Fatiguée par le stress, je soupira. Un peu plus loin, j’entendis Mathieu revenir et s’asseoir sur le lit, je sentie quelque chose entourer mes épaules, quelque chose de chaud qui avait dans un coté rassurant. Vous savez, cette chaleur qui vous rappelle ces moment quand vous étiez bébé et qui vous rassure, eh ba voilà.
« Bon, ça va aller, je m’excuse d’avoir crié tout-à-l’heure… J’ai été surpris, et on a failli avoir des emmerdes… Mais tu t’es bien débrouillée, on va te sortir de là hein ? Tu voulais aller où à la base ? »
Le garçon aux cheveux violet parlait d’une voie douce, qui donnait un petit coté rassurant mais aussi très déstabilisant comparé au Mathieu de tout à l’heure, c’était une certitude.
"T'inquiète...Je pense que j'aurai encore bien plus mal réagit si j'aurai été à ta place......Désolée d'avoir faillie t'attirer des ennuis...."
"...Je voulais aller à ma résidence surveillée , mais je me suis un peu beaucoup paumé on dirait...Je suis un vraie boulet »
Bon, vous voyez ces personnage de manga , qui sourit avec la goutte d’eau sur le coté la , mais si vous savez bien ! Dans les manga ! Ah, vous voyez maintenant ? Eh ba c’est moi en ce moment, oui, ba , c’était un peu dur à définir, je n’étais i à l’aise, ni mal à l’aise, mais j’essayai de détendre l’atmosphère … vous avez quand même pas cru que j’allais essayer de le tuer quand même ? Si ? Vous me décevez là... Pendant que je monologuais toute seul dans ma petite tête, Mathieu me caressait l’épaule. C’était étrange, seule mon frère fesait cela quand je ne me sentais pas bien, ça me fesait du bien. Ça me donnait l’impression qu’il était encore avec moi.
« T’as faim ? Soif ? Je ne te propose pas de cigarette j’imagine hahaha… »
Je le regarda et et sourit, non, j’allais éviter de fumer mon gaillard, et a mon âge en plus, je ne crois pas que mon frère soit d’accord , ahah !
« Non, merci mais ça ira, et, je crois que je vais éviter de fumer au moins jusqu’à mes 18 ans !»
Je sourit timidement . Peu après avoir finis sa phrase, il se leva pour aller chercher une autre barre de céréals...C’est vrai que l’autre barre était tombée. Je posa mon regard sur la concernée, me leva et la ramassa.
« Tu veux que j’en fasse quoi Mathieu ? »
Je regardais la barre et, en attendant la réponse du garçon, j’ouvris la fenêtre de la chambre et m’essaya au bord de celle ci, les pieds se balançant dans le vide.
« Il va falloir qu’on trouve un truc pour te faire aller là où tu veux sans que ça soit suspect… Des idées ?
« Hum...Je peux toujours essayer de descendre par la fenêtre en me servant des rebords de fenêtre des autre chambre... »
Dans l'esprit de cette idée, je me pencha d'avantage pour voir ou étaient situés les rebords de fenêtres...Hum, ce n'était pas impossible mais dangereux, ça l'était, il suffirait que je fasse un mauvais mouvement ou un faux pas et je tomberai pour m'écraser sur le sol, ou au pire, me briser la nuque. Mouai, je suis pas totalement convaincue en fait...
Ça, elle faisait bien de le reconnaître. Il n’était pas passé loin d’un mini-scandale dans l’Institution. La rumeur se serait propagée à une vitesse incroyable, d’autant plus qu’il y a peu d’étudiants pendant les vacances. Tout serait rapidement remonté à la direction. M’enfin, ce n’était plus le moment d’y penser, même s’ils n’étaient pas encore sortis d’affaire.
« Je voulais aller à ma résidence surveillée... »
A ces mots, Mathieu déglutit. Elle était donc une IRS ? Ce petit bout d’adolescente, une dépressive ? Une psychopathe ? Une enfant en difficulté ? Il ne pouvait pas y croire. Elle avait l’air parfaitement innocente et inoffensive. Elle faisait presque tâche, avec sa minceur, dans une chambre de jeunes hommes presque adultes. Mais dans tous les cas, il fallait qu’elle sorte d’ici.
« Tu peux la manger, si tu veux, Abby… *il désigna d’un signe de la tête la friandise* »
Il alla ensuite fouiller dans son sac à la recherche de son téléphone portable. Il allait avoir besoin de chercher des solutions, et il avait éteint son ordinateur en tapant dessus. Il n’avait pas vraiment le temps d’attendre de le rallumer. Il déverrouilla son écran d’un geste du pouce, puis ouvrit une page internet, avant de rester les deux pouces immobiles au dessus de son clavier numérique. Qu’allait-il chercher ? Qu’espérait-il trouver ? « Comment faire sortir une mineure de sa chambre discrètement » ? La requête n’avait aucun sens… Il entendit la petite voix de Abby dans son dos alors qu’il bloquait :
« Hum… Je peux toujours essayer de descendre par la fenêtre en me servant des rebords de fenêtre des autres chambres... »
Mathieu émit un petit rire nerveux. Cette gamine avait décidément une imagination débordante… Il tourna alors la tête en direction de la voix, et lâcha son portable, les yeux écarquillés :
« ABBY ! Bordel de merde descends tout de suite de cette fenêtre ! C’est hyper dangereux, ne fais pas ça, j’ai pas envie que tu te brises la nuque en tombant putain ! »
La vulgarité sortit dans un français marqué, grossier. Pas le temps de réfléchir en anglais. De toute façon, le ton était assez explicite comme ça. Ce petit bout de jeune fille avait des envies suicidaires, ça n’était pas possible autrement. Raison de plus pour la faire redescendre au plus vite dans sa chambre. Mathieu fixa encore la jeune fille, sourcils froncés, l’air sévère. Qu’elle l’écoute ou non, il n’allait plus la lâcher du regard, au risque de la voir s’effondrer quelques étages plus bas.
« Je t’ai dit « sans que ça ne soit suspect ». Descendre de fenêtre en fenêtre, C’EST suspect. Imagine quelqu’un te voit descendre par sa fenêtre ? Non, il faut qu’on te fasse passer pour… Erm, je sais pas, quelque chose, genre ma sœur ou un truc du genre... »
Le soucis, c’était qu’il n’avait pas de sœur. Et l’apparition soudaine d’une jeune fille qui ne lui ressemblait pas du tout avait de quoi faire lever des sourcils. Bon, autant y aller au bluff… Les yeux toujours rivés sur Abby, sa main heurta légèrement sa valise lorsqu’il voulut ramasser son téléphone. Un éclair traversa son esprit. Dans une valise ? Elle rentrerait, c’est certain vu son gabarit, mais c’était tout aussi risqué que si elle sautait : comment allait-elle pouvoir respirer ? Il avait entendu assez de faits divers sordides à base de fillettes et de valises comme ça pour savoir que ça n’était toujours pas l’idée du siècle…
« Bon… alors erm, j’ai une autre idée, mais c’est dangereux… Il faudrait que tu rentres dans la valise, et que je te descende en bas… »
Il n’en revenait pas de lui proposer ça. C’était totalement irresponsable. Ou alors… « Hmmm… Ou alors, plus simple… Je fais semblant d’être ton guide pour ton premier jour. Mais faudra encore y aller au bluff. Et surtout ne pas croiser de surveillants… »
Mathieu était en pleine hésitation. Avec toutes ces solutions, ils risquaient gros tous les deux. Mais face au risque, il ne voulait rien imposer à Abby.
Depuis quand on est censé faire comme James Bond ?
« Désolée pour mon retard ^^" (j'étais dans un camping avec wifi payant après ma colo....j'ai pleurée....) »
DATE
« Tu peux la manger, si tu veux, Abby… *il désigna d’un signe de la tête la friandise* »
Humm…okay. Ça tombe bien, je n'avais pas remarqué à cause de l'action, mais…je suis affamée, j'ai l’impression d'avoir pas mangé depuis 3 jours. Je soupire et déchira le plastique qui emballait l'aliment. Pendant que Mathieu fouillait dans son sac, je croqua dans l'aliment, sur le rebord de la fenêtre. Mais alors que je mangeait tranquillement ma barre de céréales, une phrase dans une autre langue, me fit sursauter.
« ABBY ! Bordel de merde descends tout de suite de cette fenêtre ! C’est hyper dangereux, ne fais pas ça, j’ai pas envie que tu te brises la nuque en tombant putain ! »
Je n'avais pas compris grand-chose a part le mot « descend » qui ressemblait au verbe descendre, mais elle me surpris suffisamment pour me faire sursauter et je manqua de glisser, me rattrapant au bord pour éviter de pencher en avant. Une chose était sûre, il n'y avait pas besoin de parler 36 langues pour comprendre que je devais descendre de là. Je descendis doucement de la fenêtre. Bordel il me fait un peu peur à me fixer comme ça, on dirait mon frère là c'est chelou.
Je m’asseya dans un petit coin de la chambre et sortit une photo de mon petit frère. Ses yeux noisette/fauve et ses cheveux noir me manquait. J’aimerai tant pouvoir de nouveau passer ma main dans ses cheveux et le taquiner. Mathieu, lui, la sermonna…
« Je t’ai dit « sans que ça ne soit suspect ». Descendre de fenêtre en fenêtre, C’EST suspect. Imagine quelqu’un te voit descendre par sa fenêtre ? Non, il faut qu’on te fasse passer pour… Erm, je sais pas, quelque chose, genre ma sœur ou un truc du genre... »
Nan mais d'abord descendre d'une fenêtre c'est pas suspect ! …. Juste prendre le risque de se faire passer pour un voleur… et se faire descendre par un sniper si quelqu’un s'appelle Lara Croft ici.
« Bon… alors erm, j’ai une autre idée, mais c’est dangereux… Il faudrait que tu rentres dans la valise, et que je te descende en bas… »
Bon…je pensais pas mourir comme ça mais…OH Y A UN TRUC QUI VOLE QUI RESSEMBLE À UNE MOUCHE COLORÉ !! Je regarda l'étrange mouche colorée voler.
« Hmmm… Ou alors, plus simple… Je fais semblant d’être ton guide pour ton premier jour. Mais faudra encore y aller au bluff. Et surtout ne pas croiser de surveillants… »
Captivée par l'étrange mouche colorée, je n'entendis pas Mathieu me proposait l'idée suivante. Je tendis les mains vers l'étrangeté et essaya de l'attraper, comme une petite enfant. Disons que l'on ne m'a pas beaucoup sortit après ma tentative d'assassinat envers mes parents, cela fesait longtemps que je n'avais pas vue de ces mouches colorées ! Je referma les mains mais la mouche colorée se déroba. J’échappa un petit rire d'enfant et poursuivis l'être volant, à travers la pièce.
Tout à coup, alors qu’il était plongé dans ses pensées, Mathieu aperçut Abby traverser la pièce, les bras levés, en train de frapper des mains dans le vide. Une moue d’incompréhension totale se dessina alors sur son visage. Mais qu’est-ce qui pouvait bien se passer dans sa tête ? Il entrevit rapidement l’insecte qui était l’objet de l’attention de la jeune fille, mais il enfouit sa tête dans ses mains, dépité. Bon, il allait certainement devoir régler ça tout seul, même si cela ne l’enchantait guère.
Il l’entendit rire avec sa voix innocente d’enfant, et il l’observait, l’air blasé, courir dans sa chambre. Pour la discrétion, ils étaient foutus. Il allait donc falloir y aller au bluff, puisque les rires de la gamine devaient être audibles jusqu’à l’extérieur, avec la fenêtre ouverte. Il se facepalma une dernière fois avant de se relever, et d’attraper gentiment, mais avec lassitude Abby par les épaules. Il s’accroupit et la regarda droit dans les yeux, comme pour essayer de détourner son attention de la mouche qu’elle avait fait sa proie :
« Hey, Abby, écoute moi. On arrête avec le papillon deux minutes, et on se concentre. On va descendre au rez-de-chaussée, et on va voir si on peut pas trouver quelqu’un pour t’aider. Une fois qu’on est en bas, on ne craint plus rien. Mais si on croise quelqu’un dans les couloirs, tu t’appelles Abby Dorin, tu es ma petite sœur, et tu es venue me rejoindre pour l’été. Okay ? »
Ce plan ne fonctionnerait pas s’il croisait les quelques personnes qu’il connaissait. Mais après tout, il était assez nouveau lui aussi, et la plupart de ses amis étaient rentrés chez eux. Il y avait donc statistiquement assez peu de chances pour qu’ils croisent une âme connue. Cela dit, il y avait aussi assez peu de chances pour qu’ils se retrouvent dans une telle situation à première vue, donc cela pouvait s’annuler…
Par précaution, il alla fermer la fenêtre pour de bon. Il ne voulait pas qu’elle se penche à nouveau au dessus du vide dans un moment d’inattention. Vu son gabarit, il ne lui aurait pas donné beaucoup de chances en cas de chute du troisième étage. Une fois cela fait, il réfléchit au moyen le plus sûr de s’échapper. Devoir s’échapper de sa propre chambre… Si ça, ce n’était pas la définition typique d’une sale journée…
Il eut alors l’idée d’aller fouiller dans ses affaires, et il en ressortit un t-shirt qu’il portait régulièrement. Pas quelque chose de très raffiné, mais il savait que les gens le reconnaîtraient. Et puis, puisque la discrétion avait échouer, autant y aller au bluff pour de vrai. Il le tendit à Abby, même s’il était trop grand pour elle :
« Tiens, essaie ça par dessus tes fringues. Les gens croiront que je te l’ai prêté, ça fera plus crédible si je leur dis que tu es ma sœur. Tu m'le rendras un autre jour.»
Il le posa alors sur le lit, en attendant de voir ce qu’Abby allait en faire, puis il se décida entre l’escalier et l’ascenseur. Le second était plus rapide mais plus risqué. S’ils tombaient avec un surveillant, il aurait du mal à se justifier dans une conversation qui pourrait s’avérer longue et pénible. Les escaliers étaient plus lents mais plus sûrs : à part un « bonjour », ils ne risquaient pas de se voir abordés par d’autres personnes. C’était décidé. Si Abby l’acceptait, ils partiraient par les escaliers. Leurs talents d’acteurs respectifs (qui étaient tout relatifs chez Mathieu) allaient devoir faire leurs preuves...
The Wiesel Den 
Bell
![[2018] Depuis quand on est censé faire comme James Bond ? Tbab](https://zupimages.net/up/21/15/tbab.png)
