Let's begin - 18/06/2018

21h00

Ils n’avaient pas réellement l’intention de négocier… C’était évident. On ne séquestrait pas une centaine d’élèves pour un poney. Il fronça les sourcils d’un air contrarié. Qu’est-ce qu’ils voulaient vraiment ? Et combien d’élèves étaient réellement morts ? Est-ce qu’ils étaient là pour faire un carnage ? Non. Sinon, ils seraient déjà partis depuis longtemps, sans se barricader dans cette école.
Le chef Kage regarda son second, légèrement préoccupé. Il ne doutait pas une seconde de la dangerosité de la situation. Ils n’avaient pas visé cette école par hasard. Les élèves étaient souvent des enfants de personnalités imminentes que ce soit au niveau de la ville, du pays, ou à l’international. C’était sans doute voulu. Ou alors… ils voulaient quelque chose en particulier dans cette école ?

- Lance les drones. Faut qu’on sache combien et où ils sont. Place les ambulances et la cellule psychologique loin des journalistes. Et fais un périmètre de sécurité avant qu’ils viennent enregistrer nos plans.

Parce qu’ils arrivaient déjà en masse. Il leur lança un regard noir, ces maudits vautours qui se délecteraient de la moindre de ses erreurs. Il détourna son regard pour observer le négociateur qui faisait son boulot. Il espérait qu’il était bon. Il devait absolument gagner du temps… Ils avaient une heure pour intervenir. Au minimum. Une heure, c’était peu. Le temps de collecter les informations. Mais au moins, avec leur présence, les élèves avaient moins de chance d’être blessés. En tout cas, il n’y aurait sans doute pas d'autres coups de feu.

Un de ses hommes lui apporta le plan de l’académie, et il lui donna aussitôt l’ordre de voir s’il pouvait avoir accès aux caméras de l’école. Il alla ensuite directement avec l’équipe du SAT, donnant les consignes habituelles. La priorité était la sécurité des civils, s’ils pouvaient arrêter un des suspects, qu’ils le fassent, mais qu’ils n’hésitent pas à l’abattre si c’était nécessaire. Il en prendrait la responsabilité. Finalement, les premières informations des drones arrivèrent. C’était carrément une prise d’otage. Certaines victimes avaient été séparées, mais la majorité était dans la salle de réception. Et d’après, les données thermiques, certains étaient bien mal au point.
La salle de réception était très bien gardée, et des Yakuzas semblaient patrouiller dans les couloirs sur une large zone, ce qui rendait les choses plus compliquées.

- Chef, les caméras de l’académie sont HS ! Et les communications ne semblent pas fonctionner non plus.

Ça c’était une bonne nouvelle. Ça voulait dire que les criminels ne pouvaient pas communiquer entre eux, et encore moins avoir de contact avec l’extérieur.

- Parfait ! Fous les ambulances le proche possible de l’académie. Y a l’air d’avoir des blessés grave.

Maintenant, ils devaient trouver le meilleur point d’entrée sans se faire repérer. Il plaça les hommes de façon stratégique. Qu’ils ne laissent pas ces Yakuzas s’enfuir, qu’ils ne les laissent pas blesser les élèves. Désormais, il fallait attendre le bon moment… Le plus dur. Quand ils croiront qu’ils auront eu ce qu’ils voulaient. Sauf le prisonnier. Même s’ils l’avaient voulu, ils auraient été incapables de faire ça en une heure.

Et finalement cette heure passa rapidement… A peine avait-il eu le temps d’analyser toutes les informations que les criminels semblaient se déplacer vers… Le bureau du directeur ? C’était quoi ce bordel ? Ils bougeaient tous en même temps. Il n’avait pas le temps de réfléchir au pourquoi du comment, il donna immédiatement l’ordre d’entrer pile à l'instant où un coup de feu venant de l'intérieur fut tiré.

Et c’est ce que le SAT fit, aidant en priorité les élèves qui avaient été mis à part, parce qu’ils étaient les plus proches du début de l’intervention. Ils étaient sur le qui-vive, prêt à tirer au moindre individu suspect ou même aux simples gestes… Rien ne disait qu’ils pourraient les reconnaître facilement parce qu'ils n'avaient aucune idée de leur allure.
Ils arrivèrent vite aux premières victimes, demandant aussitôt une intervention médicale dès qu’ils trouvaient des blessés avant de continuer l’assaut, certains restant près d’eux au cas où l’un d’eux se cacherait. L'instant n'était pas adapté pour s'épancher auprès des victimes même si sincèrement, c'était douloureux de les voir en si piteux état. Quelque chose d'horrible s'était passé et rien ne serait plus jamais comme avant.

Ils atteignirent le summum de l'horreur lorsqu'ils franchirent les portes de la salle de réception. La majorité des otages était restée ici, prostrés, à attendre qu'on les autorise enfin à partir, à survivre loin de tout ça mais en attendant, ils avaient été confinés dans un endroit morbide et glauque qui sentait l'hémoglobine et la mort de façon insupportable. Des litres de sang maculaient le sol, et les cadavres étaient nombreux, en plus d'être déchiquetés pour certains. De nombreux hommes restèrent sur place pour évaluer les dégâts et sécuriser définitivement la zone.

Ils n’étaient plus que deux intervenants lorsqu'ils arrivèrent au bureau du directeur qui était clairement en état de choc. Ils demandèrent là aussi une équipe médicale, avant d'autoriser leur chef à venir maintenant que les lieux étaient sécurisés. Nul doute qu’il trouverait leur découverte intéressante.

Le chef Kage fut fortement contrarié d'apprendre qu'aucun yakuza n'avait été arrêté ou tué mais il comprit bien vite pourquoi : une porte secrète qui ne figurait pas sur les plans... Ces enfoirés avaient tout prévu finalement, même sans aucun moyen de communiquer entre eux, ils avaient une sortie de prévue… Toute cette opération avait été orchestrée d'une main de maître, et il ne restait pas un seul ennemi.
Enfin si, il y avait bien un criminel. Probablement le chef. Mais il était resté en arrière, à l’état de cadavre. Une balle dans la tête. Vu l’état du directeur ce n’était certainement pas lui qui l’avait tué. Par contre, il avait sans doute été à deux doigts de se faire violer…

Le chef Kage fit signe à ses hommes de s'assurer une nouvelle fois de la sécurité des lieux pendant qu'il sortait des lieux. Cet endroit lui faisait froid dans le dos. Ce serait désormais aux enquêteurs de prendre le relais. Interroger les élèves, le directeur, trouver pourquoi ils avaient fait ça, comment ils étaient au courant pour cette sortie dont personne ne semblait connaître l’existence. Même s’ils n’avaient arrêter personne, aucun des élèves n’avaient été blessé à partir du moment où ils étaient entrés. C’était une victoire. Mais une victoire amère...