Les mystères de la ville - Groupe 1

Un jeu organisé par la ville. Ça veut dire pas d'alcool, et possiblement pas de fun, mais c'est pas grave : s'il gagne, il aura l'occasion de se mettre un peu en avant, et puis avec les élections qui approchent c'est peut-être la dernière chose amusante qui aura lieu à Londres avant que son père en fasse le temple de l'ennui. En plus il sera en duo avec un inconnu, c'est une chance de plus d'entraîner des gens sur sa voie. Première chose qu'il fait, après avoir fermé quasi-instantanément la porte : il ouvre le livret des participants. À part Evan et Eri, aucun nom ne lui dit rien. Ça ne veut rien dire, cependant. Avec sa mémoire des noms désastreuse, même s'il connaissait des gens dans le tas, il ne saurait pas lesquels. Il range le livret, continue de chercher, trouve une tablette qui montre exactement ce qu'il a sous les yeux : un couloir qui tourne à droite à deux endroits différents. Reste à choisir un côté, mais avant...

» Salut, personne de l'autre côté ! Tu m'en voudras pas si je t'appelle "eh" ? À moins que tu aies un surnom en tête.

De toute façon, il n'aurait pas retenu son nom. Mais il préfère éviter de dire ça. Si la personne de l'autre côté le connaît, ça pourrait lui donner un indice suffisant pour qu'on l'accuse de tricher et qu'on le disqualifie. Et jamais il ne se laissera disqualifier.

» Bon, j'ai deux couloirs. Je prends celui qui est le plus loin, je le sens pas, l'autre.

Ou comment justifier un choix arbitraire. À vrai dire, il se fiche de quel couloir il emprunte, les deux sont probablement les mêmes, mais le plus proche est la "solution de facilité" et ce qu'on s'attend à ce qu'il prenne, du coup il ira dans l'autre par simple esprit de contradiction. Et parce qu'il a envie. C'est donc avec son sac à dos encore dans la main qu'il parcoure les quatre mètres qui le séparent du couloir lointain, non sans jeter un œil dans celui le plus proche, histoire d'avoir une idée d'où ça va. Personne n'a dit nulle part que c'était interdit.

Bon, il aurait peut-être dû emprunter le premier couloir, finalement, vu qu'il a vu une porte au bout. Mais pas grave, tant pis, il prendra le deuxième parce qu'il l'a décidé ainsi. Il avance donc dans ce nouveau couloir qui s'offre à lui quand il entend la voix de son binôme. Ah, une porte rouge ? Bon, peut-être qu'il aurait dû aller lui aussi vers sa propre porte... Enfin bon, maintenant qu'il a avancé, il n'a pas la foi de faire demi-tour. Peut-être plus tard, si son chemin croise le précédent. La phrase de son binôme le fait froncer les sourcils.

» Bah... je veux bien moi, mais c'est quoi les mots ? J'ai pas la porte sous les yeux.

Froid ou chaleur... Bon, déjà il sait qu'il n'a probablement pas le droit de dire chaleur, mais quoi d'autre ? Pas le droit de dire "chaud" ? Sueur, soleil, été, température, radiateur, couverture, neige, glace... ça fait beaucoup de mots qui pourraient lui être interdits, c'est difficile de se prononcer sans ça, et il a trop peur de faire une gaffe s'il ouvre la bouche alors il reste silencieux. Attend, immobile dans son couloir. C'est seulement quand son partenaire lui donne les réponse qu'il se décide à reprendre la parole.

» Ah ! Ok, alors sans utiliser ces mots-là...

Tant de réponses possibles. Je préfère les situations ardentes, je suis plus adepte des plages que du ski, je n'aime pas devoir porter des pulls... Ça va, la réponse n'est pas très difficile à formuler sans employer leur petite liste de mots tabous. Alors va pour...

» Je suis plus team radiateur que ventilateur, on va dire. Ou que je préférerai vivre en Espagne qu'au Groënland.

Ça devrait être suffisant pour répondre à la question. Bref, il a toujours un couloir à suivre. Les mains dans les poches, Damen longe donc le couloir jusqu'à atteindre l'angle, tout en interrogeant son partenaire.

» Ça s'est ouvert ?

Pas de raison que ça ne soit pas le cas, s'il a entré la bonne réponse, mais sait-on jamais. Cela dit, avec le double indice qu'il lui a donné (parce qu'il s'est rendu compte assez vite que dire qu'il aimait les radiateurs pouvait sous-entendre qu'il préférait l'hiver, donc le froid), ça ne devrait pas poser trop de problème. Il achoisi exprès deux pays connus en partie pour leur température, pas des trucs trop neutres. Ça devrait le faire.

Bon, les choses évoluent bien. Il a pu avancer un peu dans le couloir, même s'il se demande quand même ce qu'il peut bien y avoir derrière la porte verte qu'il a aperçue un peu plus tôt. Peut-être qu'il pourra la rejoindre en continuant dans une autre direction. Après tout, s'il en croit la question qui vient de lui être posée, les portes sont censées donner des indices sur le partenaire. S'il veut gagner ce jeu, il faut qu'il ait des infos sur la personne avec lui. Retrouver la porte verte n'est peut-être pas une si mauvaise idée. Mais il n'a pas envie de faire un énorme demi-tour. Il continue donc jusqu'à arriver à une porte rouge marquée A.

"Ça s'est ouvert ?" Juste au moment où il pose cette question, la porte qui vient d'apparaître devant lui s'ouvre sous ses yeux. Eh bien, comme ça, il a sa réponse. Son partenaire est donc suffisamment intelligent pour comprendre ce qu'il a voulu dire. Bien. Alors, qu'est-ce qui s'étend de l'autre côté de sa porte ? Il réajuste son casque pour contacter son partenaire.

» Ça ressemble à quoi, de ton côté ?

Ça ne sert à rien, dans le fond, de savoir à quoi ressemble le deuxième labyrinthe, mais ça évite de communiquer uniquement pour poser les questions et donner les réponses. Parce que mine de rien, l'idée de sursauter parce qu'il a oublié que quelqu'un pouvait lui parler directement n'est pas très enthousiasmante. Il ne sait pas si on le regarde, mais il est plus branché comportement excentrique que ridicule.

» Ma porte était rouge, elle s'est ouverte en même temps que la tienne.