À droite, l'école et ses élèves normaux, comme tout le monde.À gauche, le centre de redressement pour jeunes dangereux.Maintenant réunis, pour le pire.
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Famille : Trois enfants : Zack et Scarlett (05/17) et Aydan (09/20)
Situation amoureuse : Mariée à Erik Vint Svent
Personnage sur l'avatar : C.C. de Code Geass
Doubles comptes : Alix, Roxanna, Jesse, Nick/Ellia, Chelsea
Ven 2 Nov - 0:22
Martel Vint Svent
/!\ Ce rp a été à l'origine posté sur le forum Hoshi No Musu dans le cadre du passé de Yuri Walker et de Nick & Ellia Ballentine. Etant donné que leur section rp n'est pas visible aux invités et que nos persos ont été transférés depuis leur forum, nous transférons les rps ici pour conserver l'évolution de nos personnages. Tous ces rps ont eu lieu au Japon avant l'arrivé de Nick, Ellia et Yuri en Angleterre. /!\
Plusieurs semaines s’étaient déroulées depuis ma conversation avec Holly. J’avais ainsi pu avoir un peu de temps pour prendre mes marques. C’était peu, mais cela m’avait permis d’être un peu moins perdu et me concentrer sur autre chose que mon environnement. Après tout, je devais m’habituer à être libre. Faire mes choix, discuter sans avoir peur que chaque mot prononcé soit un arrêt de mort pour chacun des membres de cette famille. Ce n’était pas quelque chose de naturel chez moi. De même que je me concentrais toujours pour savoir si j’avais de nouvelles absences ou non. Et il fallait bien avouer un truc : ne pas en avoir me soulagea grandement ! Je parvins même à me dire que Ellia avait eu tort et qu’il s’agissait simplement d’amnésies pour m’empêcher de me rappeler de ces horreurs que j’avais commises. Cela ne me donnait pas moins l’impression d’être coupable et je ne le vivais clairement pas mieux. Mais cela restait toujours plus acceptable qu’avoir un double dans mon crâne. Je n’en avais parlé à personne, préférant me rassurer discrètement de cette façon.
De temps en temps, je sortais en compagnie d’un ou deux membres de cette famille. Parfois c’était pour faire des courses, visiter un peu la ville, simplement me changer les idées… Au début, je n’avais pas vraiment compris l’intérêt, mais je les avais suivi sans faire d’histoire. Je n’avais, de toute façon, rien de mieux à faire en attendant de pouvoir prendre ma vie en main. En plus, si je pouvais améliorer mon anglais en les suivant, ce n’était pas plus mal. Surtout je venais à devoir vivre ici, ou aller dans un autre pays. Le Japon, je ne pouvais clairement plus y mettre les pieds. Plus jamais. Ce serait mentir de prétendre que ce fait ne m’attristait pas. Mais je comprenais. C’était au moins une des rares informations que j’avais réussi à assimiler très rapidement au point de ne plus revenir dessus.
En cet après-midi nuageux, je revenais d’une promenade en ville avec Nick et Ellia. Il avait fallu m’acheter quelques vêtements supplémentaires et changer l’argent que nous avions récupéré à la gare de Hoshi pour que je puisse l’utiliser plus tard. C’est ainsi que je me rendis compte que j’étais riche. Je ne pouvais pas l’accepter puisqu’il s’agissait de mon salaire pour chaque tête tombée, mais c’était tout de même mon argent. Je ne savais pas du tout ce que j’allais pouvoir en faire, à vrai dire. Comment cela aurait-il pu être le cas alors que je n’étais même pas sûr de ce que je voulais faire ? Je décidai donc de le laisser de côté pour le récupérer une fois que j’en aurais besoin.
En arrivant devant la maison des Ballentine, je remarquai silencieusement pour la énième fois depuis que nous étions sortis que Ellia était très fatiguée. En tous les cas, elle semblait moins énergique, un peu moins vivante, que ces derniers jours. Je n’avais pas osé lui en parler, mais j’avais tout fait de façon discrète pour veiller sur elle. Un moyen pour moi de la remercier pour tout ce qu’elle avait fait pour moi depuis qu’elle m’avait trouvé dans cette ruelle. Et ce fut encore plus le cas quand nous tombâmes nez à nez avec des personnes semblant connaître mes compagnons. Au début, la conversation semblait être normale, jusqu’à ce que je remarque que le ton devenait moqueur, presque cinglant. Cela me déplut fortement. Au point que je vis rouge et que j’eus une forte envie de frapper ces personnes. Et encore, “frapper” n’était qu’une infime partie de ce qui me traversa l’esprit avant que vienne le trou noir.
Il était en colère. Contre lui-même, mais également contre ces personnes qui leur faisaient face. Il voulait leur éclater la tête contre le sol et les murs, les torturer, jusqu’à ce qu’ils s’excusent. Ca, mais aussi jusqu’à ce que la leçon soit assez imprimée pour qu’ils ne reviennent plus jamais. Il ne savait pas trop pourquoi il voulait absolument protéger cette fille, ni même les raisons pour lesquelles il l’appréciait grandement, mais c’était un fait. Et parce qu’il ne pouvait pas aller contre ça, il attendit le bon moment, la phrase de trop, ne montrant aucun changement d’attitude hormis ses sourcils froncés de colère.
Revenir vivre chez leurs parents avait été moins perturbant qu'ils l'avaient imaginé. Ils avaient repris un rythme de vie dans lequel ils avaient réussi sans trop de difficulté à intégrer Ryuunosuke, récupéré quelques vieilles habitudes une fois que leur soi-disant voyage au Mexique s'était terminé et qu'ils n'avaient plus vraiment besoin de faire profil bas. Ils avaient ainsi pu sortir assez régulièrement pour familiariser le jeune homme avec ce qu'était une vie normale. À commencer par s'acheter ses propres vêtements plutôt que de se contenter de ceux de Nick, gérer l'argent qu'Ellia avait récupéré pour lui à la gare.
Ellia était... fatiguée. Cela faisait deux jours qu'elle n'avait pas pris le temps de faire du sport, pour commencer, et surtout, Nick l'avait un peu mise sur les nerfs la veille. Partager une chambre avec lui ne la dérangeait pas la plupart du temps, pas depuis qu'ils étaient arrivés, mais... il avait visiblement décidé de s'essayer à nouveau à l'humour et avait passé le début de la nuit à lui faire des sous-entendus un peu trop explicites sur son lien avec Ryuu. Comme si elle ne pouvait pas être simplement amie avec quelqu'un. C'était la première fois qu'elle s'entendait avec quelqu'un indépendamment des amis de son frère, il se sentait obligé de la taquiner à ce sujet ; c'était agaçant et, au final, elle avait eu du mal à dormir parce qu'elle avait eu envie de lui coller des baffes et que l'agacement était rarement un bon somnifère. Elle se passa une main sur le visage tandis qu'ils approchaient de chez eux, et elle mit un moment à réaliser qu'on lui adressait la parole. "Eh mais, ça seraient pas les Ballentine ?" Elle leva un regard marqué par la fatigue sur le couple qui lui faisait face. Leur visage était familier, mais à peine.
Elle les écouta en fronçant les sourcils, répondant quand elle comprenait quelque chose, mais pour une fois ce fut Nick qui parla la majorité du temps. Et il ne semblait pas spécialement de bonne humeur, alors elle fit un effort pour véritablement écouter ce qu'ils disaient. "Tu as gagné des médailles dernièrement, Nick ?" Son frère serra les dents et Ellia releva brusquement la tête. Ses poings se serrèrent. "Tu as un problème avec mon frère, ou avec tes dents ?" Une flamme de colère brilla dans son regard, dissimulant la fatigue qui restait en arrière-plan. S'il y avait bien une chose qu'elle ne tolérait pas qu'on fasse remonter de leur passé, c'était la blessure de Nick et la frustration qui l'avait plongé en dépression. La fille qui se tenait aux côtés de l'imbécile qui les provoquait esquissa un sourire mauvais. "Toujours à mater les nanas dans les vestiaires, Ellia ?" Son ami secoua la tête avec un sourire sarcastique et Ellia sentit ses ongles s'enfoncer dans ses paumes. Ok, très bien. C'était des gens qu'elle avait dû connaître au collège, des qui avaient entendu la rumeur lancée par Miller et qui l'avait gardée en mémoire. "Non, tu vois bien qu'elle s'est trouvé un petit chiot pour la suivre à la trace. Changé de bord, Ballentine ?"
Nick écarquilla les yeux. Ils 'aventuraient vraiment sur le terrain de provoquer sa sœur ? C'était un coup à finir à l'hôpital. C'était déjà surprenant qu'elle ne se soit pas jeté sur l'un des deux pour lui faire faire connaissance avec ses phalanges. "Cassez-vous. Cassez-vous avant que je vous pète les jambes." La colère dans sa voix était perceptible, mais il voyait ses mains trembler. Ses jambes, aussi, et il n'y avait pas assez d'énergie et de rage dans son ton. Était-elle si fatiguée que ça ? Les deux auraient pu s'estimer heureux qu'elle n'ait pas la force de leur sauter à la gorge, s'il n'y avait pas eu...
Nick parle en #F5634A et en #EF2F3C (anglais) Ellia parle en #A98BA0 et en #C173B6 (anglais) Cahel parle en #0C355C et Holly en #680000
Il avait entendu ce que ce couple venait de dire sur Ellia et cela lui avait été très compliqué de rester calme. Mais, ce fut pratiquement impossible de ne pas leur sauter à la gorge immédiatement dès qu’ils le comparèrent à un chien. Silencieux comme à chaque fois qu’il s’apprêtait à tuer quelqu’un et lent dans ses gestes pour qu’on ne le remarque pas, il s’approcha. La conversation n’avait été, dès le départ, que très désagréable. Il ne savait pas ce qui avait pu se passer entre eux, mais rien de bon de toute évidence. Sans compter qu’il n’était pas fin enquêteur, il était bien plus doué pour faire parler ses sentiments à travers la violence. Alors, quand il fut assez proche des deux personnes qui étaient venues à leur rencontre, il prit le mec par le col, le souleva comme il pu du sol et lui asséna un coup de poing dans la figure. Sonné, le gars n’eut pas le loisir de se reprendre rapidement. Il prit donc le temps d’envoyer un regard assassin à sa compagne avant de reprendre les coups. En plus, il venait de lui cracher littéralement à la figure, ce qui ne fut clairement pas pour le calmer. Ainsi, furent asséné à la suite, sans pause ni le moindre sentiment de compassion trois coups de poings dans le nez, un coup de genoux dans les côtes avant de lui mettre le poing dans la mâchoire. Il le laissa tomber au sol comme la merde qu’il était. Là, il observa simplement la position qu’il prit pour lui frapper dans les zones les plus sensibles à l’aide de ses pieds.
A côté de lui, la fille qui, plus tôt, semblait très assurée, semblait terrorisée. En même temps, la violence qui était en train de se dérouler sous ses yeux n’avait rien de commune. Et elle devait sans doute savoir que fuir ne servirait à rien. A moins qu’elle ne soit du genre fidèle envers l’homme qui était en train d’agoniser au sol ? En tous les cas, cela l’arrangeait tout simplement. Ainsi, il pourrait la tuer dès qu’il en aurait terminé avec ce mec qui ne méritait pas la vie qu’il menait. Les deux allaient mourir pour la souffrance qu’ils infligeaient de la sorte. Pourtant, Nick et Ellia tentèrent de l’arrêter. Ils essayèrent de lui expliquer qu’il devait arrêter, entre autres. Il ne voulait pas. Ils ne méritaient pas de les laisser s’en tirer ! Pourtant, quand il vit le regard d’Ellia, il se calma.
En rouvrant les yeux, ce que je vis en premier fut le visage suppliant, presque horrifié d’Ellia. Je ne compris pas malgré les informations qui commençaient à s’empiler doucement. Le fait qu’on me retenait. La douleur au niveau de mon poing droit. Des pleurs. Le gars qui était venu à nous au sol, en piteux état.
Doucement mais aussi sûrement que mon teint devint aussi blanc qu’un cachet d’aspirine, ma respiration se fit plus rapide et saccadée. C’était moi qui avait fait ça. Je n’avais pas besoin de me poser la question : non seulement j’avais eu une absence mais en plus tout portait à croire que j’avais eu un accès de violence. Cela me fit extrêmement peur. Mais pas seulement. Je me détestais. Je me haïssais. Il était hors de question que je reste comme ça ! Alors, tremblant, je me défis silencieusement de la prise des jumeaux avant de me diriger vers la maison qui m’accueillait. Je ne dis pas un mot. A quoi bon. Je n’étais, de toute façon, qu’un horrible personnage.
La fatigue d'Ellia fut ce qui l'empêcha d'agir plus vite. Le choc de Nick fut ce qui, de son côté, l'empêcha de réagir avant sa sœur. Sans que l'un ou l'autre ait le temps de faire un pas en avant, Ryuu s'était avancé vers le garçon qui venait de le comparer à un chiot. Elle releva la tête, le vit saisir le type par le col pour le soulever du sol et le frapper, mais elle ne comprit pas tout de suite. Tout ce qu'elle pensa, sur le coup, c'était qu'il l'avait mérité. Puis il continua de cogner, et la fatigue laissa la logique reprendre un peu le contrôle. Ryuu était capable de tuer quelqu'un. Il lui avait demandé de l'arrêter s'il devenait violent. Alors qu'était-elle en train de faire, là ? Le regarder frapper un homme à terre n'était pas... Non !
Elle s'élança en avant pour le saisir par le bras, sentit sa prise se relâcher tant il était aveuglé par la rage et serra les dents. Elle claqua des doigts en direction de son frère pour le sortir de sa torpeur et il réagit enfin, passant l'état de choc pour se précipiter en avant et passer ses bras autour de lui. "Arrête. Arrête, il a eu son compte. Laisse-le !" Ellia déglutit difficilement, jeta un regard assassin à la fille qui continuait de fixer son petit ami avec un air choqué tandis que les coups continuaient malgré la force de Nick pour le retenir en arrière. Son frère continua de répéter à son ami d'arrêter, Ellia prit une grande inspiration et se plaça devant lui. Sur le chemin de ses coups, entre lui et sa cible, prêt à recevoir quoi que ce soit. Et elle planta un regard suppliant dans le sien tout en gardant une posture et ferme. "Arrête, ça suffit. Ryuu, s'il te plaît. Tu n'as pas besoin de ça." Elle était prête à se prendre un coup si ça pouvait le ramener à la raison. Elle n'en eut pas besoin.
Elle perçut le changement dans son regard et dans son attitude, quand elle le vit devenir livide. Elle tendit la main mais il s'éloignait déjà, retournant à la maison en silence. Ellia sentit son cœur se serrer. Elle regarda le type à terre, regarda la fille toujours tétanisée à côté d'elle et la colère que sa fatigue avait contenue et que l'adrénaline laissait pulser à nouveau remonta. Elle s'approcha de la fille. "Tu es une salope. Et ton mec est un connard. Ne t'approche plus jamais d'ici." L'idiote se contenta de hocher la tête, visiblement plus convaincue que nécessaire, et Ellia se détourna avec un sifflement agacé. Elle voulait voir comment il allait. Il devait être sous le choc, elle avait peur qu'il fasse quelque chose de... non.
Quand elle entra, ce fut pour tomber nez à nez avec sa mère inquiète. "Qu'est-ce qui s'est passé ?" Encore sous le coup de la colère qui bouillonnait dans ses veines, elle lui retourna un regard glacial. "C'est pas ton problème." Elle allait monter les escaliers quand la main d'Holly se referma sur son poignet, l'obligeant à rester en arrière. "Une minute, jeune fille. Tu m'expliques, et tu te détends. Vous avez l'air tous les trois en sale état et je veux savoir pourquoi. Maintenant." Ellia serra les dents mais se calma légèrement en voyant son frère entrer. Il fallait qu'il monte voir ce qui se passait. Vite. Il saurait gérer. Il saurait gérer, hein ? Elle se sentait affreusement impuissante.
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En rentrant dans la maison, je n’avais prêté attention à personne. Mon coeur battant dans mes oreilles m’avait empêché d’entendre quoi que ce soit. Quant à mes pensées, elles étaient focalisées sur le monstre que j’étais. J’avais sans aucun doute failli frapper Ellia. Le gars derrière elle était en piteux état. Quant à la fille qui l’avait accompagné, elle était totalement tétanisé. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre ce qui s’était passé et je me détestais encore plus de me savoir capable d’une telle chose, même en étant en sécurité. Sans compter qu’en plus je m’étais totalement trompé. C’était Ellia qui avait raison sur toute la ligne. Ce n’était clairement pas de simples amnésies pour oublier les horreurs commises. Et ça me faisait de la peine d’avoir ainsi voulu me voiler la face. J’avais si mal. Je me détestais tellement…
Dès que je fus monté à l’étage, j’allai directement dans la salle de bain donc je ne fermai pas la porte. Puis, je me passai rapidement de l’eau sur le visage comme pour me réveiller. Ce devait être un cauchemar. Je voulais que s’en soit un. Et si ce n’était pas le cas, je n’étais alors qu’un monstre vivant auprès de personnes voulant m’aider sans savoir si c’était réellement possible. Un monstre.
Lentement, je levai mon regard sur mon reflet dans le miroir. Mes doigts mouillés allèrent se poser sur celui de ma cicatrice toujours à découvert. J’avais beaucoup trop apprécié de la laisser à l’air libre que j’avais fini par le faire de façon automatique. De toute façon, si je ne me regardais pas ainsi, alors ça ne changeait pas grand-chose pour moi. Après tout, mon oeil était aveugle. Quant aux autres, ils pouvaient plus ou moins compter sur mes cheveux, habituellement, pour la cacher. Habituellement puisqu’ils n’avaient pas encore assez repoussés pour que ce soit le cas. Voilà pourquoi je n’eus aucun problème pour la regarder sans devoir toucher à mes mèches.
Malheureusement, elle me ramena encore plus au fait que je n’étais qu’un monstre. Je n’agissais sans doute que face à la peur et la colère, mais cela ne changeait rien. J’avais tué mon père au cours d’un duel que j’avais initié pour venger ma mère, ou la rejoindre. J’avais gagné de justesse avec des séquelles en plus de me retrouver totalement entre les mains de la mafia. Cette dernière m’avait ensuite utilisé pour déchaîner ma monstruosité sur des innocents. Que ce soit pour me torturer psychologiquement ou simplement pour s’en débarrasser. Je me haïssais. Plus je faisais la liste, plus je me haïssais au plus haut point. Je m’excécrais. Et je n’étais même pas sûr que ce mot soit assez fort pour décrire ce que je ressentais pour ma propre personne. Au point que je voulus me détruire. Mais, pour cela, il fallait que je détruise mon image. Voilà pourquoi j’enlevai mes doigts du miroir et les fermai en ce même poing qui avait blessé ce garçon désormai blessé. Puis, avec violence et rage, je brisai le miroir dans lequel je me mis à frapper à répétition. Ce geste ne fis que me blesser plus. Coupures, petits morceaux de verre s’enfonçant dans ma peau… J’eus le droit à pas mal de blessures qui ne me faisaient presque ni chaud ni froid. Seul le fait d’être arrêté de force me fit réagir autrement.
Nick tourna la tête vers sa sœur et sa mère, dans le salon, qui discutaient à voix un peu trop vive. Il leva les yeux au ciel. Il comprenait la colère d'Ellia et l'inquiétude d'Holly mais la situation lui paraissait inappropriée à ce genre d'éclats. Ryuunosuke avait déjà eu l'air d'horriblement culpabiliser, comment se sentirait-il s'il se pensait responsable d'une dispute au sein de leur famille ? Nick pouvait au moins déjà le rassurer sur le sort du garçon. Du peu qu'il en avait vu avant de rentrer à la suite de sa sœur, le type semblait n'avoir rien de cassé, en dehors de son ego et peut-être de son nez. Mais il ne crachait pas de sang, donc il n'avait visiblement aucune blessure interne. Mais avant ça, il fallait savoir où il s'était réfugié. Alors qu'il s'apprêtait à monter l'escalier, il tourna la tête et croisa les yeux de sa sœur, qui s'était détournée un instant de sa dispute pour lui lancer un regard suppliant. Visiblement, être retenue par leur mère ne la mettait pas seulement sur les nerfs, ça la désespérait aussi. Il hocha doucement la tête avant de s'engager dans l'escalier.
Son premier réflexe fut d'aller vérifier du côté de sa chambre, et il ne prêta d'abord pas attention à la porte ouverte de la salle de bain. Mais la chambre était vide, il n'eut même pas à faire un pas dans la pièce pour s'en rendre compte. Et alors qu'il s'apprêtait à refermer la porte derrière lui, il entendit un bruit de verre brisé. Plusieurs fois. Et s'il... Un mauvais pressentiment lui comprima la poitrine, et il abandonna la chambre pour se précipiter dans la salle de bain.
Son cœur se serra quand il vit la main en sang du jeune homme, le miroir brisé, les larmes au coin de ses yeux. Aucun soulagement à l'idée qu'il n'ait pas tenté de se trancher les veines avec un morceau de verre ne put trouver sa place tant la scène qui se déroulait sous ses yeux lui faisait mal. À pas lents, il s'approcha et attendit qu'il recule son poing pour le retenir au niveau du poignet. Il dut forcer légèrement pour réussir à l'empêcher de frapper à nouveau, même s'il n'osait pas y mettre toute sa force pour ne pas le blesser davantage. "Calme-toi. Eh, eh, ça va aller. Respire." Il se tenait prêt à l'arrêter s'il essayait de frapper avec son autre poing, à le retenir entièrement s'il faisait mine de continuer, ou à le soutenir s'il s'effondrait.
Quand il le sentit se débattre, Nick serra son bras un peu plus fort, puis il passa son bras autour de ses épaules pour le retenir contre lui. Il était plus grand, peut-être pas plus fort, mais il ne pouvait pas le laisser faire. Et ses bras étaient le centre principal de sa force physique, s'il y avait bien une chose que Ryuunosuke ne pourrait pas contrer, c'était ça. "Arrête ! Ça ne sert à rien !" Ça ne servait à rien de frapper ce miroir encore et encore, à part se blesser, à part faire souffrir Ellia quand elle s'en rendrait compte. Il ne se sentirait pas mieux après. Il se sentirait peut-être même pire, après.
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Ce n’était pas à cause du bruit du verre brisé. Pourtant, je n’entendis pas les pas précipités qui arrivèrent vers moi. Je ne ressentis même pas la présence de la personne à mes côtés avant que mon poignet fut arrêté. Je compris qu’il s’agissait de Nick quand ce dernier me demanda de me calmer, de respirer. Mais je n’en fis rien. Au contraire, la rage que je voulais diriger vers ma personne je le regardais sans cacher mes sentiments. Il me fallut moins d’une seconde avant de tenter de le faire lâcher mon poignet en lui demandant, la voix aussi froide que menaçante, lourde et cassée tant je m’empêchais de hurler, même si ce n’était pas loin :
- Lâche-moi, Nick ! Lâche-moi !
Mais cela ne servit à rien. Au contraire, Nick se plaça derrière moi pour me retenir et me faire reculer au mieux. Ma main libre tint le bras du garçon derrière moi alors que je tentais désespérément de me libérer. En vain tant sa prise était ferme et solide. Je me sentis impuissant. Terriblement impuissant. Et sa demande termina de me faire abandonner toute tentative de résister. Je fermai donc les yeux et les larmes qui étaient restées coincées dans mes yeux allèrent mouiller mes joues. Mes dents étaient serrées alors que j’essayais de trouver un rythme de respiration qui ne soit pas trop saccadé. Mais c’était difficile. Tant et si bien que je me mis à parler alors que j’étais toujours aussi mal :
- Lâche-moi… Je viens de reperdre le contrôle. Qui sait qui se sera et ce que je ferais exactement… Si ça se trouve, la prochaine étape sera tuer une personne proche ! Je ne le veux pas !
Je laissai planer un silence, voire laissai Nick me répondre. Puis, plus sourdement, sentant mes jambes me lâcher doucement, je me mis à parler pour moi-même :
- Je me déteste. Je me hais ! Et ce n’est même pas encore assez fort… J’en ai tellement marre de ces absences qui n’apportent que de la violence…
Violence que j’avais faite de moi-même sur un miroir et, indirectement, moi-même. Je n’avais que très peu mal par rapport à ce que j’avais déjà vécu. Je pensais notamment à la douleur de la goutte d’eau tombant inlassablement sur ma tête sans que je puisse m’y soustraire. Me redonner un semblant de santé mentale après ça avait demandé beaucoup de temps. Alors de simples coupures ne me faisaient pas grand chose. Plus tôt, j’avais parlé de “douleur” en pensant à la sensation de ma main qui avait frappé un corps solide, mais je n’avais pas mal à ce moment-là. Tout comme là, je ne sentais juste pas ma main. Ça picotait un peu, sans plus. Voilà pourquoi je ne m’en inquiétai pas.
Debout dans la salle de bain, dans les bras de Nick, j’avais la tête baissée, la bouche entrouverte pour respirer. Mes bras pendus le long de mon corps (autant que le jeune homme me laissait faire) me donnait un air d’abandon alors que je n’avais qu’une envie : m’infliger une “punition” à la hauteur de mon crime. Là, je n’avais même pas atteint le palier du second coup de poing infligé à ma victime.
Non, il ne le lâcherait pas. Nick sentit le jeune homme se débattre dans ses bras et raffermit sa prise pour l'empêcher de se dégager, jusqu'à ce qu'il cesse soudainement et que sa respiration se perde, saccadé par les larmes. Nick essaya d'ignorer la boule qui lui serrait la gorge. Il secoua simplement la tête aux mots de Ryuunosuke. Non, il ne le lâcherait pas. Et non, il ne le pensait pas capable de s'en prendre à une personne proche. Sinon rien ne l'aurait empêché de frapper Ellia quand elle s'était dressée entre lui et sa cible. Mais il ne sut pas comment l'exprimer. Des deux, celle qui était douée avec les mots, c'était sa sœur. Il s'était toujours contenté de la laisser parler à sa place et, maintenant, il se retrouvait à court de paroles. Ce n'était pourtant pas si compliqué, il n'avait pas eu tant de mal que ça, la première fois qu'ils s'étaient rencontrés. Était-ce parce qu'il se sentait terriblement impuissant face à la détresse du garçon, là où la dernière fois il n'avait pas encore assez d'intérêt pour sa personne pour s'en apercevoir ?
"C'était pour nous défendre, nous protéger. Ça n'excuse peut-être pas tout mais..." A ses yeux, ça n'excusait sûrement même rien. S'il se haïssait à ce point, ce n'était pas lui dire qu'il avait failli tuer quelqu'un pour une bonne cause qui changerait son état d'esprit. Nick sentit des larmes lui brûler les yeux mais il serra les dents. Incapable de relâcher son étreinte, incapable de dire un mot de plus. Il desserra juste doucement la pression de ses bras pour le laisser bouger, maintenant qu'il l'avait écarté du miroir. Nick se crispa en entendant des pas dans l'escalier. Son regard se porta sur le miroir brisé, sur le sang dans la pièce. Si Ellia voyait ça...
Et ce fut bien sa sœur qui apparu sur le pas de la porte. Ses yeux coururent, comme ceux se son frère juste avant, de miroir au sang puis au poing blessé de son ami. Elle sentit le sien se serrer. Tout ça, c'était la faute de ces deux enfoirés. Ryuu allait mieux, ses absences étaient contrôlées si ce n'était totalement évanouies ces dernières semaines et ils avaient... ils avaient tout foutu en l'air. Elle serra les dents. "Je vais les buter." Alors qu'elle faisait demi-tour pour sortir, faire quelque chose qu'elle regretterait sûrement ensuite, la main de sa mère, à côté d'elle, se referma sur son poignet. "Ellia." Un mot, un seul, et elle croisa le regard franc de sa mère. Sa certitude vacilla un instant. Elle tourna la tête, son regard se posa sur la main en sang de Ryuu et elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Avec une douceur très opposée à la violence qui régnait dans sa voix et dans ses gestes quelques secondes plus tôt, elle dégagea son bras des doigts de sa mère.
Ellia s'approcha lentement, prit délicatement la main de son ami dans la sienne, essaya d'en ôter quelques bouts de verre dans un geste désespéré avant de renoncer, laissa sa tête tomber contre son torse. Sa main continuait de tenir celle de Ryuu, sans appuyer, simplement pour sentir sa présence, même poissée de sang. Son autre bras passa autour de lui dès que Nick se fut écarté un peu. Elle savait qu'elle pleurait, elle sentait les larmes qui coulaient sur son visage mais elle n'avait pas envie de le lâcher pour les essuyer. "Ce n'est pas de ta faute..." Sa voix était cassée, tremblante. Elle le serra davantage contre elle. "Si tu veux vraiment être blâmé dis-moi de te hurler dessus... dis-moi de m'énerver, je m'en fiche, je le ferai s'il te faut ça pour aller mieux..." A vrai dire elle n'était pas sûre d'en être capable, mais elle n'était même pas sûre de la cohérence de ses paroles, même pas sûre qu'elle étaient compréhensibles. Elle avait juste peur, et mal. "Mais s'il te plaît... s'il te plaît ne fais pas ça... Ne te fais pas de mal..." Elle caressa doucement ses doigts, grimaça en sentant un bout de verre frotter contre sa peau. C'était de sa faute... Parce qu'elle n'avait pas su le protéger. Parce qu'elle n'avait su le retenir que trop tard. Elle aurait dû l'arrêter plus tôt, avant qu'il n'ait le temps d'avancer, avant qu'il n'ait le temps de frapper une seule fois. C'était la promesse qu'elle lui avait faite et elle n'avait pas su la tenir. "Je suis désolée... je suis désolée, j'aurais dû t'arrêter..."
Nick parle en #F5634A et en #EF2F3C (anglais) Ellia parle en #A98BA0 et en #C173B6 (anglais) Cahel parle en #0C355C et Holly en #680000
Tout en me tenant toujours, Nick tenta de me dire que ce n’était pas ma faute. Mais même si j’avais voulu les protéger, et je savais que c’était effectivement ma raison première, cela n’excusait absolument rien ! J’avais failli tuer quelqu’un. Je voulais tuer cette personne. Il n’y avait qu’à voir l’état dans lequel il était lorsqu’ils avaient enfin réussi à m’arrêter. Je l’imaginais déjà à l’hôpital, voir aux soins intensifs. Cela ne pouvait pas en être autrement. Je me sentais si mal… Je me donnais envie de vomir. Je voulais disparaître pour toujours, que plus personne ne cherche à aider la personne irrécupérable que j’étais. Je savais pertinemment qu’on ne me laisserait pas faire, mais je ne pouvais m’amputer de cette idée. Et bloqué sur ces pensées, la tête basse, je ne bougeai pas même si Nick deserra progressivement la prise qu’il avait sur mon corps pour m’empêcher d’aller frapper à nouveau le miroir.
Même en entendant des pas s’approcher, je ne réagis pas. Je ne vis pas qui venait d’entrer dans la pièce. Je ne le sus que lorsque j’entendis sa voix. Ellia. Et ses paroles ne m’aidèrent pas. A cause de moi elle voulait se mettre du sang sur les mains. Par ma faute elle était en colère. Je l’avais mise dans cet état et cela me donna encore plus envie de disparaître. Au sein de cette famille, jamais je ne pourrais y parvenir vu la façon dont tous tentaient de me protéger. Mais si je venais à partir pour trouver un endroit où personne n’irait me chercher, peut-être pourrais-je me tenir loin de tous et de tout. Peut-être même pourrais-je mourir. Ou alors…
Le visage de la jeune femme entrant dans mon champs de vision et le contact de ses doigts sur ma main blessée à travers mon sang, je me stoppai totalement. Mes larmes roulaient toujours alors que je cherchais une trace de rancune ou de la colère dont elle venait de faire preuve. Mais rien. Son expression ne faisait que renvoyer la peine et la douleur que j’avais éveillé en elle. Je sentis qu’elle faisait quelque chose sur ma main, mais ce ne fut pas douloureux. Pas autant que d’autres l’auraient ressentit. Pourtant, elle n’alla pas jusqu’au bout malgré mon manque de réaction. Au lieu de ça, elle enfoui son visage sur mon torse et sembla vouloir me serrer dans ses bras. Je n’en fus pas totalement sûr. Après tout, n’avais-je pas été celui qui l’avait indirectement blessée.
Pourtant, elle aussi tenta de me faire croire que je n’étais pas coupable, que ce n’était pas de ma faute. Cela ne fonctionnait pas. Même si c’était elle, je ne pouvais pas le croire. Et j’avais beau me sentir coupable jusqu’au bout des ongles, ce qu’elle me proposa me fit ouvrir de grands yeux. Lui demander de me blâmer, me hurler dessus ou s’énerver ? Pour me “punir” ? Ce n’était pas assez. Par rapport à ce que je ressentais, ce n’était pas assez. Si je devais me faire mal, alors je préférais le faire moi-même. Je ne voulais pas laisser ça des personnes qui m’appréciaient. La raison m’échappait totalement, mais je ne le voulais pas.
Doucement, tremblant, je serrai Ellia de mon bras valide et je la soutins alors que je l’entraînais dans sa chute. Mon visage enfoui dans son cou je me mis à refuser ses excuses en bloc en secouant la tête avant de lui demander d’une voix cassée :
- Arrête. Ne t’excuse pas. C’est ma faute. Seulement ma faute… Parce que j’ai eu envie de les tuer…
Le bras qui se referma autour d'elle ne l'aida pas à tarir ses larmes ; il ne fit que la pousser à le garder contre elle malgré les larmes qui devaient noyer son tee-shirt. Elle s'accrocha à lui autant que possible quand elle le sentit s'effondrer, quand il l'entraîna avec elle dans sa chute. Elle sentit sa tête se loger contre son cou, les larmes couler sur sa nuque et le son de sa voix lui serra la gorge. Elle ferma les yeux de toute ses forces. "Je t'ai promis de te protéger... Promis de t'arrêter..." Et elle n'avait pas réussi. Et elle refusait qu'il considère que c'était de sa faute. Il n'était pas responsable, pas responsable des actes de cet autre lui. C'était une maladie, et elle n'avait pas été efficace pour l'en protéger. Est-ce qu'elle était vraiment capable de le protéger ? De tenir sa promesse ? Sa main se serra sur le tissu de son haut.
"Ce n'est pas de ta faute.. ce n'est pas toi. On trouvera un moyen de te soigner. Pour que tu n'aies plus jamais envie de..." Elle déglutit. Jamais envie de se blesser, jamais envie de blesser qui que ce soit. Elle ne voulait plus le voir dans cet état, ses larmes lui faisaient beaucoup trop mal... "Je te protégerai... je te protégerai mieux... mais s'il te plaît... s'il te plaît ne fais plus ça. Je ne... je ne veux pas... te voir souffrir..." Sa voix était suppliante. Elle avait peur qu'il craque, qu'il décide de partir pour ne pas les mettre en danger. Non... L'idée lui faisait trop mal. Parce que s'il partait, il serait seul, véritablement seul dans un monde qui ne voulait pas que son bien. Et... elle aussi.
Doucement, elle finit par s'écarter quand elle sentit ses yeux se calmer, ses larmes refluer un peu. La main qui tenait celle de Ryuu se tourna légèrement pour pouvoir l'aider à se lever. "Laisse-moi te soigner..." Elle ne pouvait pas le laisser dans cet état. Elle le soutint pour qu'il se mette debout et l'entraîna avec elle, réalisant juste à cet instant qu'ils étaient seuls dans la pièce. Où étaient passés les deux autres ? La question ne s'attarda pas dans son esprit. Elle le guida d'abord jusqu'au lavabo pour rincer le sang sur leurs mains, même si elle avait peur que l'eau accentue la douleur de ses blessures.
Elle hésita un instant, puis elle l'emmena dans sa chambre, garda sa main dans la sienne jusqu'à ce qu'il s'assoie sur la chaise de son bureau, puis elle alla récupérer la chaise dans la chambre voisine pour la placer à côté. Ensuite elle prit doucement sa main pour en retirer les bouts de verre un par un, après s'être essuyé les yeux pour y voir clair. Mais rien que voir son état lui tira des nouvelles larmes qu'elle s'efforça de réprimer, pour empêcher ses mains de trembler et ne pas être totalement inutile. Elle s'empêcha de prononcer un mot, trop consciente que parler n'aurait fait que laisser libre cours aux sanglot qui lui serraient la gorge. Mais elle finit par les ôter tous, un par un, le cœur serré à la vue des blessures qui ornaient sa main. Elle caressa plusieurs fois sa peau du bout des doigts en se répétant mentalement qu'ils auraient pu l'éviter. Qu'elle aurait pu éviter tout ça. Finalement, elle le lâcha quand ses mains recommencèrent à trembler. C'était comme ça qu'ils s'étaient rencontrés... mais à l'époque, elle ne voyait qu'un garçon blessé à secourir. Maintenant... maintenant elle avait peur. Peur qu'il s'en aille, peur qu'il perde pour de bon cet espoir qu'il avait mis tant de temps à retrouver. "Tu ne vas pas partir, hein ?" Elle n'était même pas sûre d'avoir prononcé ça assez fort pour qu'il l'entende, tant elle avait dû lutter pour que les mots sortent.
Nick parle en #F5634A et en #EF2F3C (anglais) Ellia parle en #A98BA0 et en #C173B6 (anglais) Cahel parle en #0C355C et Holly en #680000
Comme pour refuser mes paroles, elle continua à me rappeler la promesse qu’elle m’avait faite. Mais, avait-elle réellement cru qu’elle y serait parvenu ? J’étais entraîné pour qu’on ne remarque pas mes intentions. Pour que mes gestes ne soient pas forcément détectables avant qu’ils ne soient portés. Elle pouvait m’arrêter, mais jamais je ne lui avais demandé de repérer les moments où j’allais devenir violent. C’était impossible à moins d’être bien entraîné. La faute ne lui revenait donc pas. Clairement pas ! Pourtant… Je ne parvenais pas à le lui dire. Je pensai que c’était à cause de ses larmes mais, surtout j’avais extrêmement peur qu’elle refuse ce que je pensais. Vu qu’elle était fermé à ma haine de ma propre personne, cela ne m’aurait clairement pas avancé…
Par la suite, elle me rappela les paroles de sa mère, que j’étais malade, qu’il fallait que je sois soigné pour ne plus être ainsi. En fait, ce que je voulus vraiment comprendre de ce qu’elle me dit, à part ça, ce fut qu’elle ne voulait pas me voir me blesser. Je ne pouvais pas le lui promettre. Certainement pas… Je souffrais à chaque seconde de mon existence même si je m’efforçais à me relever doucement. Mon existence même était mon enfer, alors je ne pouvais rien promettre. Cela expliqua le silence que je gardai. Le fait qu’elle me supplie me faisait tellement mal que je ne pouvais pas la regarder en face. Et, à contrario, j’avais totalement cessé de pleurer en essayant de garder le peu de lucidité qu’il me restait. J’avais peur de perdre pied…
Lorsqu’elle finit par se séparer doucement de mon torse, je ressentis autant que je le vis qu’elle avait pleuré. Beaucoup pleuré. Qu’elle n’aille pas me dire que ce n’était pas ma faute. C’était la mienne. Parce qu’elle me voyait souffrir elle était dans cet état. Je la laissai donc m’amener au lavabo pour nettoyer ma main. Elle était parsemée d’éclats de verre et traversée d’une plus grosse coupure qui, dès qu’on éteignit l’eau, se remit à saigner doucement. Nous fûmes donc obligés d’appuyer dessus le temps d’aller dans la chambre de la jeune femme pour retirer les morceaux de verre.
Pendant tout l’opétation qui se fit avec une pince à épiler pour la plupart des morceaux, je me laissai faire sans rien dire. Qu’est-ce que j’aurais pu ajouter ? Elle m’avait dit ce qu’elle voulait, mais je ne voyais pas me disputer avec elle pour quelque chose qui lui échappait. Du moins, vraisemblablement. Peut-être aurais-je pu en parler avec Holly, mais je ne voulais pas qu’elle se montre trop comme sa fille, à vouloir me garder à leurs côtés. Comment faire pour qu’ils comprennent que je préférais mourir que me voir continuer à faire souffrir les autres en attendant de “guérir” ? Impossible ! Il serait sans doute trop tard pour d’autres.
La question de la jeune femme alors qu’elle commençait à me désinfectait me ramena vers elle. Je ne montrais aucun signe de douleur et mes larmes s’étaient taries depuis un moment, même si je gardais une tristesse imprimée sur mes traits. Il ne me fallut donc que très peu de temps avant de lui répondre d’une voix légèrement enrouée en regardant ses gestes :
- Si je continues comme ça, si, je vais partir. Je ne veux pas que tu te mettes à dos le fait que tu n’es pas tenu une promesse irréalisable. Avant que tu dises quoi que ce soit, saches que je dis ça parce que je doute que tu connaisse les signes qui permettent à un assassin de rester invisibles jusqu’à ce que le premier coup soit porté. Je parie que tu ne m’as pas vu avancer jusqu’à ce gars. Si j’ai raison, alors je sais que tu ne pourras pas m’arrêter avant que le mal soit fait. Et la dernière chose que je veux c’est vous apporter des ennuis. Je ne peux pas rester avec quelqu’un pour toujours pour me surveiller. Je peux pas être sous votre tutelle jusqu’à la fin de mes jours. Si pour éviter d’être un poids dangereux pour les autres, alors je préfère partir.
J’étais très sérieux en disant cela. Bien sûr, je ne savais pas si j’allais le faire maintenant. Ma décision n’était pas encore vraiment prise. Mais s’il le fallait, je savais que j’étais capable de m’en aller… pour leur bien.
Le silence qui régnait dans la chambre l'aida à calmer ses larmes, mais pas la peur qui lui comprimait la poitrine. Il ne dit pas un mot, et elle non plus, jusqu'à ce qu'elle finisse par poser, à voix basse, la question qui l'angoissait, tout en continuant étape par étape de soigner les blessures qui lui fendaient le cœur, aussi peu douloureuses qu'elle puisse être pour lui. Il avait sûrement vécu pire, mais elle savait que sa souffrance était plus insidieuse que quelques bouts de verre planté dans sa peau. C'était cependant la seule qu'elle pouvait lui enlever, et cette idée ne l'aidait clairement pas à se sentir mieux.
Sa réponse la fit tiquer, et elle se replia un peu sur elle-même, baissant la tête. Elle ouvrit la bouche pour parler, mais il la prit de vitesse et elle l'écouta simplement, pansant sa blessure avec des gestes mécaniques tant son esprit était resté bloqué sur une seule chose. Si tu continues comme ça, je vais partir. Elle ressentait une impression de vide immense rien qu'à cette idée. "Je..." Les mots lui manquaient. Elle garda la tête baissé, serrant les poings sur ses genoux maintenant qu'elle avait terminé de le soigner. Elle prit un moment pour retrouver une respiration calme, mais sa voix resta faible. "Je sais... je sais que je ne peux pas prédire, que je ne peux pas t'arrêter avant le premier coup mais..." Y avait-il vraiment un "mais" ? Si elle avait été moins fatiguée, elle aurait pu l'arrêter un peu plus tôt, le retenir dès qu'il avait saisi l'autre col. Elle avait plus de réflexes que ça, en temps normal. Mais pouvait-elle vraiment se reprocher sa fatigue ? Non, ce n'était pas la question. Pouvait-elle vraiment ne serait-ce qu'exprimer cette pensée ? Il risquait de partir si elle disait une chose pareille. Un petit soupir s'échappa de ses lèvres. "Je ne peux rien faire d'autre pour toi. Je ne peux apaiser ni ta souffrance ni ta haine de toi-même, alors il ne me reste que ça..." Rien que sa force physique pour empêcher cette haine et cette douleur de s'agrandir, pour ne pas lui donner encore plus de raisons de se détester. Il ne pouvait pas lui reprocher de s'inquiéter pour lui. Si, il en avait le droit. Elle le savait, elle comprenait, mais elle était incapable de renoncer à l'aider.
Ellia se leva en s'appuyant d'une main sur le bureau, évitant toujours de croiser son regard. Elle se sentait bien plus impuissante qu'elle l'avait jamais été. Pendant ces dernières semaines, elle avait cru que les choses s'arrangeait, qu'il s'habituait. Peut-être que c'était le cas, mais elle en avait oublié ce danger-là. Elle avait baissé sa grade. Et il avait raison : elle ne pourrait pas être en alerte en permanence ni le surveiller toute sa vie pour s'assurer qu'il ne perdrait pas le contrôle. "Tu as raison... Il faut que tu puisses apprendre à les contrôler tout seul... Je ne pourrai pas toujours être là, Nick ne pourra pas toujours être là, et tu ne seras jamais bien si tu n'arrives pas à te débrouiller sans nous..." Mais y avait-il seulement un moyen de l'aider à contrôler ses absences et ses changements ? Sa mère avait appris à contrôler ses crises de colère quand elle avait son âge, oui, mais serait-ce suffisant pour lui ? Ce n'était pas vraiment un simple désordre émotionnel, qui le frappait... Mais bon ça serait un début. Holly saurait sûrement mieux s'en sortir qu'elle. À part être butée et le faire culpabiliser davantage, Ellia n'avait pas l'impression d'avoir un semblant d'utilité. "Je ne suis pas sûre de pouvoir t'aider pour ça... Ma mère, peut-être..."
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J’eus mal en la voyant attristée par mes paroles. A vrai dire, jamais je n’aurais imaginé qu’elle était aussi attachée à moi. Qu’elle soit protectrice, têtue et joviale, oui, je le voyais depuis que je l’avais rencontrée. Angoissée aussi quand la situation lui échappait totalement. Mais le fait qu’elle soit accrochée à moi, pas du tout. Je ne parvenais même pas à comprendre pourquoi tant je me sentais détestable au plus haut point. Puis, d’un autre côté, je n’avais pas voulu la blesser. Au contraire, j’avais pensé qu’elle serait plus ou moins soulagé, peut-être un poil déçue, mais pas triste… Je n’en montrai rien, mais je me sentis terriblement démuni face à l’expression qu’elle affichait. Je la laissai donc parler sans rien dire, à nouveau, tentant de me convaincre que le mieux pour moi était de partir loin d’eux pour leur éviter des problèmes. Vu le tempérament qui me faisait frapper sous le coup de la colère, il n’y avait pas d’autres solutions. En tous les cas, je n’en voyais pas.
Le fait qu’elle accepte enfin le fait qu’elle ne pouvait pas m’arrêter avant le premier coup porté, peu importe les raisons qui la poussait à l’admettre. Mais je ne compris pas réellement ce qu’elle voulu dire en me disant qu’il lui restait “que ça”. Il ne lui restait que le fait de penser mes blessures ? Ou bien tenter de m’apaiser comme elle le pouvait ? A moins que ce soit s’inquiéter pour moi ? En tous les cas, je ne savais pas moi-même ce qui pourrait m’aider. Il était certain qu’il me serait très compliqué, voire impossible, d’accepter le fait de faire du mal aux autres même une fois partit de la mafia. Que ce soit peu ou au point de l’envoyer à l’hôpital…
Une fois qu’elle eut fini de panser mes plaies autant qu’elle le pouvait, sans doute, elle se leva en évitant mon regard. D’un autre côté, par crainte de la mettre mal à l’aise, je ne le cherchais pas non plus. Néanmoins, ses aveux me soulagèrent un poil. Le fait qu’elle comprenne enfin où je voulais en venir n’était pas rien. Et je dus même reconnaître qu’elle ne manquait clairement pas de courage. Il en fallait peut-être autant pour donner raison à quelqu’un (surtout en étant buté comme elle !) que pour se mettre en travers de coups potentiellement mortels. D’ailleurs, elle était également un personne inconsciente quand elle s’inquiétait trop…
- Allons voir ta mère, dans ce cas. De toute façon, je pense que son avis concernant ma coupure ne serait pas du luxe.
Je lui avais répondu calmement, d’une voix neutre, tout en reprenant le tissu pour appuyer sur ladite coupure. Elle était profonde. Pas trop, mais assez pour avoir besoin de soins spéciaux. Comme mon esprit et mon âme, semblait-il. Je suivis donc la jeune femme jusqu’au rez-de-chaussée alors que la honte et le regret se faisaient lentement une place dans mon coeur. Je voulus m’excuser, mais ça ne me sembla pas assez fort. Pour que mon entreprise soit réellement productive, il m’aurait fallu une solution qui leur convienne. Mais je n’en avais pas. Je le savais et mes mots n’étaient pas suffisants pour qu’ils puissent avoir la portée que je souhaitais. Je gardai donc le silence jusqu’à ce que je me trouve face à Holly. Je n’osais pas croiser son regard, pourtant je me doutais qu’elle était le plus à même de me comprendre.
Ellia hocha simplement la tête. Sa mère saurait mieux gérer tout ça, elle était passée par ce genre d'état. Les blessures, mentales ou physiques, elle avait fait en sorte de les épargner à ses enfants, et la dépression de Nick était le seul point noir à ce tableau. Ça rendait l'empathie un peu plus compliquée dans ces cas-là, mais elle ne pouvait pas vraiment le lui reprocher. À pas lents, elle s'avança dans les escaliers et elle l'entendit descendre derrière elle. Son père était visiblement sorti, mais Nick et Holly discutaient sur le canapé, et ils se tournèrent en les voyant entrer dans la pièce.
Holly fut la première à réagir. Elle se leva pour s'approcher d'eux et prit la main du garçon dans la sienne pour regarder sa blessure. La coupure était profonde, mais elle n'avait rien ouvert de dangereux. "Nick, va chercher un bandage." Elle ne prononça pas un mot sur l'histoire du miroir avant qu'ils ne soient tous assis dans le salon et qu'elle ait laissé Ellia bander calmement – relativement calmement – la main de son ami. "Je n'attends pas d'excuses, je rachèterai ce miroir. C'est plus ton état qui m'inquiète. Raconte-moi ce qui s'est passé." En disant ces mots, elle fit signe à Ellia de s'écarter un peu, voire même de partir pour la laisser seule avec lui. Elle avait déjà eu la version de jumeaux, la colère incontrôlable et trop rapide pour qu'ils l'arrêtent, et la très probable culpabilité qui avait suivi, mais elle voulait savoir ce que lui avait à en dire. Voulait en dire, plutôt, elle doutait qu'il lui ouvre totalement son cœur.
Quand il lui expliqua sa situation, ce dont il avait besoin, Holly hocha doucement la tête. "J'ai appris des méthodes pour contrôler ma colère. Je ne garantis pas qu'elles marcheront pour toi, parce que ce n'est pas le même trouble, mais ça sera mieux que de ne rien faire." Puis elle réfléchis un peu et prit son téléphone, parcourant le répertoire jusqu'à trouver le nom qu'elle cherchait. Elle posa le téléphone sur ses genoux avant de relever la tête. "Je vais être franche avec toi : on n'a pas les moyens de t'aider davantage, tous seuls. Mais j'ai toujours le numéro du psy qui m'a aidée à contrôler pour trouble de la colère. Je peux te prendre un rendez-vous assez vite, il saura te conseiller. Et à partir de là, tu sauras mieux quoi faire." Pour elle, c'était une étape essentielle pour qu'il puisse s'imaginer un avenir. Si tout ce qui se dressait devant lui était l'ombre d'une colère et d'un comportement dangereux incontrôlables, il ne pourrait jamais progresser, jamais avancer dans la vie. "Mais si je dois prendre rendez-vous pour toi, il te faut un autre nom. Je ne peux pas donner le vrai, ça serait risquer qu'on te retrouve. Et de toute façon, il va te falloir des papiers à un moment ou un autre, ça fait déjà trop longtemps que tu n'en as pas. Prends le temps d'y réfléchir, demande à Nick et Ellia si tu veux."
Changer de nom n'était pas une chose qu'on faisait à la légère. C'était un nom avec lequel on vivait toute sa nouvelle vie, on ne pouvait pas décemment le choisir sans réfléchir. Elle-même n'avait pas eu à le faire grâce à l'aide de son assistante sociale mais pour Ryuunosuke, c'était une étape obligatoire.
Nick parle en #F5634A et en #EF2F3C (anglais) Ellia parle en #A98BA0 et en #C173B6 (anglais) Cahel parle en #0C355C et Holly en #680000
The Wiesel Den 
Ruri pour 
