[2018] Briser le quotidien

Je suivais donc la demoiselle après avoir hésité un instant sur la marche à suivre : après je n'étais pas vraiment coutumière de ce genre de rencontres ni d'aller dans une douche avec un/une inconnue quoi qu'en dise les rumeurs à mon sujet. Le trajet fut plus court qu'il ne l'avait semblé à l'arrivée même si je ne soufflais pas un mot, ne sachant pas trop comment me positionner. J'étais tendue. Tendue à l'idée de commettre une erreur qui puisse pousser la demoiselle à me voir différemment : je pouvais lire tant d'admiration dans son regard que ça en était vraiment éprouvant. Je n'eus cependant pas le temps de réfléchir plus en profondeur car ma compagne vint à se cogner contre la porte. Je réprimais un rire, consciente qu'elle s'était peut-être fait un peu mal puis j'obéissais à la demoiselle en pénétrant dans la salle d'eau. Cette dernière était déserte. Un constat assez évident en sachant que nous n'avions pas vraiment le droit de profiter des douches aussi tôt dans l'après-midi. Je ne m'arrêtais pas à ce détail qui m'arrangeait somme toute : au moins personne ne viendrait à savoir que je tendais à m'attendrir. Je commençais lentement à retirer mon débardeur tout en veillant à ne pas trop attirer son regard lorsque le mien vint à se porter sur une de ses blessures semblable à une brûlure. Je m'approchais lentement avant de l'interroger.

-"Tu t'es fais ça?.."

La balafré eu un léger mouvement de recul en voyant que la rousse s'approchait avant de rougir comme une tomate. Pour toute réponse elle s'arrêta dans son mouvement et baissa la tête, de mauvais souvenir lui venant à l'esprit.

- Est-ce que je ... peux en parler une autre fois ?..

Sa voix était légèrement cassé, mais elle fit son maximum pour ne pas pleurer, déjà que son oeil gauche n'appréciait pas ça et mêlé sang et eau, elle redoutait plus de passer pour une victime face à sa nouvelle amie. Elle détournait maintenant la tête et continua de se dévêtir, essayant de cacher un peu pour pas que la rousse soient intrigués par son anorexie, il ne faudrait pas qu'elle pose des questions qui l’embarrasseraient ou la feraient un peu trop réagir ...

- Te retournes pas hein ?

Avais-je bien fait de poser la question? De me croire investie d'une sorte d'impunité qui m'avait donné des ailes? La réaction de Praise me fit penser, l'espace d'un instant, que je n'aurais pas dû. Je fis volte-face pour la laisser se changer loin de mon regard inquisiteur, m'excusant à demi de cette curiosité quelque peu mal placée.

-"Désolée.. J'espère que tu ne m'en veux pas de me mêler de tes affaires.. enfin j'éviterais à l'avenir.."fis-je avant de renchérir pour préciser ma pensée. "Enfin sauf si tu m'y convies.. je serais une amie pitoyable sinon!"

J'esquissais un petit sourire pour moi-même avant de me diriger dans l'une des douches, profitant alors de la cloison pour retirer les derniers tissus qui me séparait de la liberté pleine de la nudité et j'allumais l'eau froide sans me soucier de Praise. Hmmm.. Qu'est-ce que ça fait du bien.. L'eau ruisselait sur ma peau, expropriant chaque impureté de cette dernière et rafraîchissant mon organisme. Praise avait eu raison d'opter pour cette idée. Je ne lui adressais cependant aucun regard malgré la proximité que je savais entretenir avec elle avant de lui adresser quelques mots.

-"C'est fou ce que ça fait du bien.. tu as eu raison.. désolée d'avoir douté de l'idée.." fis-je en lui adressant un sourire avant de me rendre compte de mon erreur et détourner le regard.

Une fois dans les douches, Praise frissona sous l'eau froide. La sueur s'en alla bien vite, dévalabt avec l'eau et le savon la peau pâle de Praise. Le plus dur pour elle fut de se laver la tête sans mettre de savon sur son visage, mais elle y réussi assez bien ... jusqu'à ce que Willow ne l'interpelle et la fasse rater un mouvement et donc lui fasse mettre de la mousse sur son coté meurtrie. La réaction fut immédiate et le petit crie cassé aussi, décidément elle n'avait pas de chance.

- Aille !

Elle se recroquevila les deux mains sur la source de sa douleur aigue et essaya au mieux de retirer le savon de sa plaie, Ce qui lui prot un moment et sortie complêtement Willow de son esprit pour quelques temps avant qu'elle ne s'en souvienne et se relève à la hâte.

- N-ne t'en fais pas ça m'arrive t-tout le temps ! Je suis des plus maladroites nyuh ... J'ai fini je vais t'attendre devant la porte !

Je me sentais mal : après tout n'était-ce pas la faute de mon manque d'attention? J'hésitais à approcher pour m'assurer que tout allait parfaitement mais je ne désirais pas rendre les choses plus gênantes encore ou sembler lui porter trop d'attention. Je ne prête déjà jamais d'attention à quiconque. Ma réputation en pâtirait, déjà que je voyais venir à des kilomètres à la ronde des rumeurs émergeaient sur une relation entre elle et moi : après tout je suis Willow la fille facile. Comment peut-on penser ça de moi? Comment peut-on se tromper à ce point? Ce n'est pas parce que je partage mon temps avec Gina que je partage ses habitudes sexuelles. Je laissais échapper un soupir avant de hocher de la tête pour répondre à la phrase de Praise. Je fermais alors les paupières et laisser l'eau effaçait chacune de mes pensées ainsi que le cours du temps lui-même. Une seconde, une minute, un certain temps.. Je ne ressortais de la douche que quelques minutes plus tard, complètement rhabillée et les cheveux trempés. Je me dirigeais aussitôt vers Praise avant de relever son menton d'un doigt et inspecter sa plaie. Outch.. le savon n'a pas dû aidé.. C'est tout rouge.. Bon personne n'est là.. J'appliquais la technique de ma mère pour soigner les plaies et déposer un baiser sur le haut de sa joue avant de lui dire d'un ton faussement agacé.

-"Bon qu'est-ce qu'on fait?"

Il faut savoir garder les apparences parfois..

Elle attendit quelques minutes dehors, la tête lourde de pensée. Est-ce qu'elle agissait mal avec Willow ? Elle éspérait que non, sa présence lui faisait pousser des ailes et elle ne sentait pas de s'en passer. Elle ne remarqua la rousse que lorsqu'elle saisit son menton et sa tête se vida à ce moment, elle perdit son oeil dans le celui de willow, puis dérailla littéralement lorsqu'elle lui embrassa la joue, elle était plus rouge que rouge à ce moment.

- T-t-tu ... Je sais pas fait comme tu veux princesse.

Intérieurement praise était finie, elle venait de craquer complètement pour willow alors qu'elles s'étaient rencontrés depuis peu ... Elle était mal barrée décidément ... Si elle l'appelle "ma princesse" là elle sera mal. Elle prit cependant une partie de son courage en main et s'accrocha à son bras, toujours toute rouge.

- Je te suivrais !

Ce geste était naturelle pour moi. Ma mère faisait ainsi de son vivant pour soigner mes plaies lorsque j'étais petite, un simple baiser. Elle appelait ça un "baiser magique". J'y croyais petite. J'y ai cru longtemps jusqu'à apprendre que tout l'amour que je pourrais donner à mes parents ne remettrait pas ce sang chaud dans leurs corps, ne remettrait pas cette étincelle de vie dans leurs cœurs.  Ce n'était qu'un moyen puéril de faire disparaître la douleur des corps et la peine des cœurs ; mais aussi puéril que soit la méthode, certaines blessures ont besoin d'amour pour guérir. Ce n'était pas le cas de son œil mais incontestablement celui de son cœur ou encore celui de ce visage . Je lui adressais un petit sourire en la voyant rougir à demi et bégayer. C'était presque trop adorable. Je n'avais pas eu la chance d'avoir une cadette mais en cet instant, j'avais l'impression d'en avoir une : une confidente qui avait besoin de moi. Pas comme Tessa.. Je chassais d'un revers de la pensée ces idées peu réjouissantes avant de proposer un nouveau programme avec le même ton de chipie qu'auparavant.

-"Tu me suis? Alors que dirais-tu d'aller voir à la cafétéria pour boire quelque chose de frais ou manger une glace...? J'invite !" fis-je avant de préciser en rougissant "Par contre ne me colle pas trop devant les gens, ils vont penser que tu te tapes Willow, la traînée du coin..."

Pas que j'y porte attention moi mais..

Une glace, met des dieux en ce temps si ardent et tout ce qu'il faut à Praise pour la rafraîchir, surtout si ce n'était pas elle qui payait. elle adorait les glaces, qui ne les aimaient pas en même temps, sauf que Praise elle en mangeait des quantités alarmantes ! Des kilos et des kilos de glaces pas an finissait dans son estomac quite à lui donner mal à la tête.

- Ca me va princesse !

Puis vint la seconde phrase, le sang de la balafré ne fit qu'un tour, voir deux, mais vous saisissez l'idée. Une traînée ? Praise en avait connu, beaucoup, mais pour elle willow n'en était pas une, clairement pas. Si elle tombait sur quelqu'un disant ça en face d'elle, cette personne deviendra le motif de son transfert en forge, voir plus si blasphème aggravé. Elle resserra sa prise sur elle et la regarda dans les yeux.

- Tu n'es pas une traînée, mais une princesse ! Je m'occuperais de tout ceux qui diront le contraire !

Princesse? Le surnom prêtait à rire. Les princesses, telles qu'elles sont dépeintes, sont douces, prévenantes, calmes, belles, appréciées et agréables. Je n'étais rien de tout cela. Je m'apprêtais à le faire remarquer lorsque je me ravisais. Si Praise voulait me voir comme telle, avais-je vraiment le droit de détruire ses idéaux et rêves? Non, la réalité s'en chargerait si les élèves du coin ne venaient pas la dissuader de siéger près de moi. J'esquissais un petit sourire en direction de la demoiselle. Après tout, ce n'était pas si désagréables d'être regardée de la sorte, un mélange d'admiration et d'affection dont je n'avais plus vu la couleur depuis bientôt un an et demi. Je hochais la tête lorsqu'elle s'engagea à me défendre et je lui murmurais alors quelques mots.

-"Alors en avant petite chevalière.."

Le trajet jusqu'à la cafétéria se fit assez rapidement et sans que quiconque ne vienne à croiser notre route. Sûrement que la chaleur ardente avait convaincue les autres d'aller profiter de leurs temps libres dans le parc plutôt que de rester enfermée dans le sauna qu'étaient devenus les couloirs. La cafétéria, quant à elle, n'était pas vide. Plusieurs regards vinrent à se tourner vers nous et je regrettais dès lors d'avoir oublié mon bandeau dans l'herbe autant que je louais le ciel d'avoir des cheveux assez longs pour cacher mon œil mort. Je me dirigeais alors vers le comptoir avant d'interroger Praise.

-"Prends ce que tu veux" fis-je en surveillant les murmures alentours

Petite chevalière, ce surnom n'était pas du tout fait pour Praise, mais elle l'aimait déjà, c'est donc en sautillant qu'elle avait accompagné la rousse dans le désert des couloirs pour finir à la cafét'. Là par contre il y avait des gens, et la balafrée se félicitait intérieurement d'avoir fait main basse sur le bandeau de sa princesse avant de partir. Elle lui donna donc à l'abri des regards pour qu'elle puisse garder sa réputation et se dirigea vers les rafraîchissements, portant son dévolu sur une glace au citron et aux fraises, son pêché mignon. Elle appela sa rouquine en agitant le bras puis lui pointa son choix avant de regarder la masse de gens dans le réfectoire.

- Tu veux qu'on les manges ici ? Ou tu préfères aller dehors princesse ?