[2018] Et si on remuait le passé ?

Ailis voyait depuis quelques temps sa situation évoluer. Elle ne savait pas si c'était en bien ou en mal mais les choses bougeaient. Bon, elle restait à habiter chez ce psychopathe mais il semblait se fatiguer à tenter de la retenir à droite à gauche. Mais elle ne savait pas si au final, ça ne la frustrait pas plus. Elle cherchait à le voir hurler sa rage, qu'il lui montre enfin sa vrai gueule mais il était coriace. Donc oui, elle enchaînait les petites conneries dernièrement. Ce concert avec Mathieu en faisait partit. Elle avait piqué de l'argent, allée à une sortie sans prévenir et de plus avec un gars ( et elle savait très bien ce que pensait Joshua de ses fréquentations masculines ). Peut-être c'était un peu exagéré de parler de rébellion, Ailis reste une gamine muette sans confiance mais elle en avait marre de voir la vie comme un fardeau, un boulet qu'elle traîne derrière elle.

La demoiselle était donc ce soir au dortoir. Une histoire un peu idiote: elle avait emprunté un livre à un camarade et il en avait absolument besoins pour le lendemain. Mais bien sûr elle avait oublié de le lui passer. Il l'avait donc appelé en urgence pour qu'elle aille lui rendre. Ailis s'était donc rendue vers ce bâtiment qu'elle ne fréquentait habituellement pas. Et devant les escaliers, elle hésita à aller lui rendre directement le livre ou l'appeler. Elle avait envie de voir un peu à quoi cela ressemblait et vu que sa période de crise d'adolescence (un peu tardive) s'était annoncée, elle brava l'interdit pour grimper les marches. Les deux premiers étages étaient sûrs, on ne voyait que des jeune fille. C'était le deux derniers qui étaient plus difficile si on la coinçait. La rouquine s'arrêta alors à l'entrée du dernier, envoyant un SMS à son camarade. Elle ne stressait pas spécialement mais son coté rebelle n'était évidement pas suffisant pour qu'elle se permette de passer la porte. Elle attendit alors sagement contre le mur, tapant du pied d’impatience. Finalement, il ouvrit et récupéra son précieux.. La demoiselle sourit doucement alors, s'apprêtant à faire demi-tour.

Elle là, elle ne comprit pas vraiment ce qu'il se passa. Elle arrivait presque à la fin de la première partit de l'escalier, vers le troisième étage, distraite. Et elle se prit violemment quelque chose. Un quelque chose qui semblait être un corps. Par déduction, elle venait de bousculer quelqu'un vraiment fort. Si fort que la puissance de son mouvement l'amena vers l'avant, la faisant chuter avec cette dernière rencontre. Ce fut assez rapide et difficile à comprendre mais elle finit par se retrouver au sol, contre ce quelqu'un. Elle s'était fait un peu mal au genoux et à la nuque mais rien comparé à sa gêne. Un peu perdue, elle releva la tête, prête à s'excuser d'une manière ou d'une autre quand elle se figea. D'un coup, elle resta interdite et son visage fut prit dans l'incompréhension et une peur soudaine. Elle se redressa rapidement pour être vraiment sûr de cette vision. Elle en était presque sûr. Elle avait déjà connu ce type quelque part. Un garçon, lors de ses vacances à Londres, qui l'avait agressé, sexuellement parlant. Alors qu'à cette époque, elle était encore plus démunie que maintenant, sans voix et totalement isolée et victime de sa vie. Ailis n'avait pas comprit, elle n'avait jamais eu aussi peur. Elle ne savait pas pourquoi il avait fait ça.

C'était un peu avant que ses parents commencent à penser l’amener dans cette Institution et sa mère avait gueulé pour porter plainte contre le grès de la demoiselle. Et cela n'arriva pas au bout, sous l'incompréhension des géniteurs qui pensèrent de suite à de la corruption. Les preuves étaient là pourtant... Mais ce fut Ailis, entendu-t-elle, qui avait été provocatrice apparemment. Elle avait eu du mal à s'en remettre. Elle ne s'en était pas remit en fait. La colère, l'incompréhension, la frustration. Cela l'avait rongé et elle avait fait en sorte d'enterrer ça au fond de son esprit, sachant qu'elle ne pouvait rien faire contre.

Et voilà qu'elle était presque sur lui, apeurée, le fixant. Mais en même temps, en colère. Un mélange horrible qui lui disait d'agir sans le faire. Son coeur battait vite et  l'adrénaline décida de ce qu'elle allait faire. Sans parole, elle ne pouvait pas l'engueuler. Elle leva la main. Elle le claqua. Fort. Mais son visage transmettait très bien qu'elle n'assumait pas totalement, qu'elle était effrayée. Presque aussi rapidement, elle se leva, tira sur sa jupe par réflexe, ayant ce souvenir qu'il l'avait dit provocatrice, ramassa son sac et commença à partir rapidement pour prendre la fuite.