À droite, l'école et ses élèves normaux, comme tout le monde.À gauche, le centre de redressement pour jeunes dangereux.Maintenant réunis, pour le pire.
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Sexe : Née le : 20/06/2000 Age : 17 ans Classe : Troisième année
De l'aide dans le désespoir
« Vous allez payer pour ça. »
2 juin 2017
J'en ai marre. Qu'est-ce que Max trouve à cette connasse de Mia Jackerton ? Elle n'a aucun autre talent que celui d'envoyer des sms à la vitesse de la lumière. Facile à égaler, facile à dépasser. De toute les personnes avec qui je l'imaginais finir, elle était bien loin sur la liste. Loin derrière moi, déjà, et loin derrière cette salope de Naomi. Si parfaite et si imperturbable. Si meilleure que tout le monde. Qu'est-ce que je peux la détester.
Enfin imperturbable, c'est vite dit. Je me suis retrouvée une semaine à l'infirmerie pour ne pas ressembler à un tas de bleus après son pétage de câble de l'autre jour. Non seulement elle se prend pour la reine, avec sa petite groupie, mais elle est pas foutue d'avoir le contrôle d'elle-même. Et c'est ça qu'on ose élever au rang de star de l'école. Pff. Le jour où elle arrivera à arrêter son poing d'elle-même sans avoir recours à sa petite copine psychopathe, elle pourra y prétendre. Pour l'instant, c'est juste une tarée superficielle qui vaut pas mieux que les Forge assez stupide pour tuer un gars à mains nues et se faire choper pour ça. Et j'ai encore mal à la mâchoire, avec ses conneries. Elle mériterait que je lui fasse bien pire. Si elle croit que sa petite crise de colère m'a fait peur... Mais je préfère commencer par l'autre idiote aux cheveux roses. La protectrice de la sainte Naomi. Aussi pathétique que sa blondasse au crâne vide. Et si atteindre sa petite copine lui fait du mal par extension, ça sera parfait.
- Bon tu y arrives avec ce putain de casier ? Elle va finir par revenir. - Si t'es pas contente tu le fais toute seule, hein ! Tiens, c'est bon.
Il n'y a rien de plus satisfaisant que le claquement d'un casier qu'on force. Le type à qui j'ai demandé de casser le verrou pour moi est déjà parti en courant. Avec mon numéro. On s'achète de l'aide comme on peut. Maintenant qu'il a fait ce que je voulais, je ne lui répondrai pas - il aurait dû en profiter avant. Alors... Voyons voir ce que la grande protectrice planque là-dedans. Bon, pas grand chose évidemment, ce sont les vestiaires de la piscine. mais je ne cherche pas grand chose. Juste son sac de fringues. Il suffit de partir avec, même pourquoi pas d'en balancer le contenu un peu partout dans l'école, et je lui pourris sa journée. Si elle se fait choper à traîner dans les couloirs en maillot et sans son uniforme, elle se mangera peut-être même une heure de colle.
Ça c'est pour le "Ne pense pas que tu peux m'atteindre", connasse. On ne se fout pas de ma gueule comme ça, tu vas voir si je ne peux pas t'atteindre. Et juste pour le "petite joueuse" que tu as rajouté derrière, je vais même déchirer la jupe de ton uniforme. Shrii. Oh, oups. Va falloir en demander une autre. Dommage qu'il n'y ait pas le stupide casque qu'elle se traîne en permanence. Quoique j'ai vu Naomi avec, l'autre jour. C'est quoi, leur bague de fiançailles ? Leur bracelet d'amitié ? Elles sont vraiment cruches, ces nanas.
Le cours est bientôt fini, il faut que je me tire de là. On va planquer sa jupe déchirée sous le banc du vestiaire (pour le faux espoir, il y a rien de mieux que ça). Le reste... oh, je sais pas si je le planquerai à proprement parler. Les vêtements oui, mais ses sous-vêtements feraient de bonnes décorations dans le hall de l'IRS. Bonne chance pour retrouver tout ça, et pas mourir de honte avec toute cette exposition.
Je déteste les cours de piscines. Je les déteste plus que n'importe lequelle des autres cours, cependant contrairement à la plupart des élèves des autres écoles, il était impossible de se faire dispenser par un gentil médecin à Indare. En effet, c'était impensable pour la simple et bonne raison que ceux d'Indare étaient en contact constant,ou presque avec l'équipe enseignante et que donc aucuns d'entre eux ne pouvaient vraiment berner la surveillance éducative. Je détestais les cours de piscine pour une raison justifiée, contrairement à la plupart des adolescentes délicates de cette école et la raison était là, gravée sur mon corps et ma peau. Une trace d'une entaille béante passée. Une cicatrice qui me rappelait trop souvent mon passé. Une marque qui rappelait à mon bon souvenir mes actes. Je détestais que quiconque la voit, je détestais le mépris et la curiosité morbide que je pouvais voir dans le regard du personnel soignant et je m'étais jurée que plus personne ne verrait cette partie de mon corps. Depuis lors, j'avais appréhender les douches communes et les vestiaires de sport. J'avais trouvé diverses stratagèmes pour échapper au regard curieux : je prenais mes douches seule, en dehors des horaires normaux ; je me changeais à l'abri des regards, attendant que la plupart des élèves n'aient finis de se changer et pour la piscine, j'étais parmi les seules à porter un maillot une pièce.
J'étais toujours contente une fois les heures de piscine terminées, contente de rejoindre mon cocon de vêtement qui m'assurait une certaine sécurité, qui m'assurait qu'aucun regard ne se poserait sur la vilaine entaille de ma hanche. Autant un regard à mes poignets ne me dérangeaient pas vraiment, autant la simple idée d'être ainsi vu me faisait ressentir à nouveau clairement la morsure froide de la lame dans ma hanche, comme si elle était toujours présente en moi. Je n'avais pas eu ce tabou qu'avec une seule personne. Une personne unique à mes yeux. Naomi. Je n'avais pas cette gêne avec elle, comme si l'amour que je lui portais,lui donnait un passe-droit, une exclusivité. Comme si je n'avais pas à avoir peur de son jugement. J'avais même dépassé mon seuil critique de tolérance avec elle en posant ses doigts sur cette blessure intime sans même y penser. Je lui appartenais en quelque sorte et je n'avais donc pas à lui cacher cette facette horrible de mon corps.
Une fois le cours terminée, nous regagnâmes toutes le vestiaire et je m'asseyais sur le banc comme à mon habitude, discutant avec des amies. J'attendais véritablement comme à mon accoutumée que chacune de mes comparses ne se soit changé quand un détail attira mon attention. Un détail qui avait toute son importance. Je sentais sous mes pieds un tissu similaire à celui de nos uniformes. Je baissais les yeux et je vis une jupe déchirée, je me penchais pour la prendre et l'inspecta. Le vêtement était fichu,c'était certain, cependant un autre détail attira mon attention. Une étiquette familière sur laquelle une écriture tout aussi familière était inscrite au stylo rose. Mon écriture. Il s'agissait de ma jupe. Je relevais la tête, m'apprêtant à regarder mon casier quand la voix de ma camarade Isabella vint confirmer mes craintes.
-"Melody? c'est normal que ton casier soit ouvert?"
Je me levais en trombe avant de venir rejoindre la déléguée, observant mon casier dans un mélange de peur et de panique qui survenaient d'un coup. Le casier avait été visiblement forcé et mes affaires dérobées. Bien sûr, j'aurais dû être en rage d'autant plus que je connaissais déjà la responsable, du moins mes suspicions l'accompagnaient. Qui d'autre aurait pu faire ça? Je ne ressentais cependant pas de colère mais un profond émoi. En effet, un tel comportement ne faisait que me rappeler les heures sombres de ma période de mannequinat où je retrouvais mes affaires tranchées, arrachées, déchirées ou pire parfois.. Je tentais de me ressaisir dès que je pus me rendre compte de mon état, je respirais profondément, regagnant progressivement mes esprits. Je cherchais dès lors dans le sac restant si mon téléphone et mes affaires plus personnelles étaient intactes. Heureusement c'était le cas. Je me saisis de mon téléphone et pianota sur le clavier, écrivant et expliquant la situation à ma camarade de chambrée afin qu'elle ne s'inquiète pas de mon retard. J'omettais volontairement mes doutes sur le nom de la responsable, bien qu'elle en tirerait les conclusions nécessaires bien assez rapidement puis je prenais mon sac de cours avant de me mettre en quête de mes affaires, ignorant les remarques sur ma tenue vestimentaire inadaptée venant de quelques unes de mes camarades.
Je ne sais pas combien de temps, j'arpentais les couloirs des gymnases,évitant tant bien que mal avec un succès relatif les rencontres tout en cherchant mes affaires. Je sais juste que quand les événements s'emballèrent, je n'avais remis la main que sur une chaussette et ma chemise blanche. C'est alors qu'au détour d'un couloir, scrutant avec attention les recoins que mon attention manqua, je heurtais alors quelqu'un sans le vouloir. Je tombais dès lors sur les fesses lourdement, lâchant un petit cri de surprise en chutant, je réprimais la douleur puis mon regard se porta sur la victime de mon étourderie.Il s'agissait d'une jeune fille plutôt jolie, d'un gabarit équivalent au mien, et souffrant d'un manque aberrant de coquetterie et de recherche vestimentaire. Je passais outre la première attention avant de me relever alors en hâte et lui tendre la main en m'excusant.
-"Désolée je ne faisais pas attention.. tout va bien?.. Oh..euh.." Je marquais une pause, prenant conscience de l'étrangeté de mon accoutrement dans de tels conditions, mes joues s'empourprant alors. "Je.. je me suis faite voler mes fringues..alors je les cherche..tu n'as rien vu par hasard?"
Il y a pas mal de choses qui sont gonflantes dans cette école. Les étudiants m'exaspèrent. Tous. Ou presque tous... Les sujets abordés sont d'une stupidité sans nom... Et mon nom a déjà fait le tour de l'établissement. J'ai dû faire face à deux trois malins qui ont voulu plus de renseignements... Et toujours avec un tact magique... "Dis Hannah, c'est vrai que t'as buté un mec?". Pourquoi cette proximité? Pourquoi utiliser mon prénom? Qu'est-ce qu'on s'en fout de la raison de ma venue... ? Et, pour moi-même surtout, comment je peux oublier et me reconstruire quand chaque étudiant me rappelle ma tare?
Je sortais de sport, épuisée d'être obligée de jouer avec un ballon pour avoir une note dont tout le monde s'en fout. Je restais en tenue, préférant le jogging à l'uniforme, préférant être complètement habillée.... D'ailleurs... On était quel jour? Je secouais lentement la tête, me rappellant de la date via mon téléphone, parcourant les salles d'heure de cours en heure de cours. C'était fatiguant, répétitif... Mes pas me sportaient des vestiaires, me laissant traverser le gymnase sans attention. Et je me faisais la réflexion que je n'avais pas l'esprit à apprendre. J'avais, comme depuis six mois, l'envie de me rouler en boule sous mes couettes, de pleurer jusqu'à oublier la douleur et de me cloisonner. Ne voir personne. Ne parler à personne. Juste... L'oublier comme il devait m'avoir oublier... Mon esprit s'égarait de nouveau... Visiblement... J'étais infoutue de penser à autre chose qu'à ce foutu joueur...
Il te bouffe tant que ça? Tu veux pas lui parler? Exploser un petit coup? Tout extérioriser...?
Ta gueule Médée.
Tu y viendras Hannah... Ou devrais-je t'appeller Ka...
BOUM
Médée n'eut pas le temps de finir sa phrase que je me retrouvais déséquilibrée, me retrouvant à reprendre une stabilité correcte grace au mur. Mon regard s'abaissa sur la demoiselle qui venait de me rentrer dedans. Déjà... Il était à noter sa chevelure rose. De là d'où je viens, ce sont des colorations... ici... Cela pouvait être naturel... Il suffisait de voir mes cheveux pour ça. Ce qui se notait naturellement, c'était sa tenue. Elle était en maillot de bain une pièce, un sac à l'épaule, rougissante. Ouais... c'était pas la meilleure tenue qui soit. Mais je n'aime pas juger sans savoir...
Désolée je ne faisais pas attention.. tout va bien?.. Oh..euh.. Je.. je me suis faite voler mes fringues..alors je les cherche..tu n'as rien vu par hasard?
Ah la bonne heure... Il y a ce genre d'idioties ici aussi...? Génial. Ça a l'air cool d'être toute mignonne... Laissez moi deviner... Elle attire tous les regards et ce sont des vilaines pas belles qui la punissaient? Quelle connerie... Je l'observais sans bouger, levant le regard vers le plafond et les escaliers, tentant de trouver un vêtement quelconque. Je regardais la chemise et la chaussette, ouvrant mon sac pour lui tendre ma propre jupe.
Tu vas avoir des problèmes fringuée comme ça.
Je n'avais pas vraiment l'envie de me mêler à tout ça. Et quelque part... Je compatissais. Je n'aurais pas aimé me trimbaler en maillot de bain dans cet enfer. Pis... c'pas comme si elle me servait , dans mon sac, en boule. Par... compassion je pense, je poursuivais, toujours aussi neutre:
Sinon non. Il te manque quoi? J'utilise pas mon uniforme si ça peut te dépanner...
La jeune femme qui me faisait face ne semblait pas avoir été affectée par la collision. En premier lieu, elle n'était pas tombée mais alors que je m'attendais comme d'habitude à un regard de travers par rapport à la réputation qui était la mienne ou à l'indifférence la plus totale quant à ma situation, cette dernière sembla chercher autour de nous, comme si elle désirait m'aider.
Mes suspicions furent aussitôt confirmées lorsque je vis la demoiselle plonger sa main dans son sac pour en retirer un tissu que je connaissais bien : une jupe d'uniforme de l'IRS. Il ne pouvait vraisemblablement s'agir que de la sienne et heureusement nos gabarits n'étaient pas trop éloignés pour que je puisse l'enfiler au besoin. Je remarquais d'ailleurs enfin en baladant mon regard sur ma camarade de "l'école des fous dangereux" qu'elle ne portait pas son uniforme. Était-elle consciente que son attitude pouvait lui causer des problèmes?
-"Tu vas avoir des problèmes fringuée comme ça."
Elle en était parfaitement informée cependant.. Quelqu'un compatissait à mon sort? Il y'avait longtemps que cela n'était pas arrivée. Longtemps que personne ne m'avait pas tendue la main quand j'en avais eu besoin. Pas de manière si désintéressée du moins. La dernière personne qui avait ainsi prêter attention à mes problèmes en m'aidant sans réfléchir n'était autre qu'Amaryllis, et avant elle.. Naomi. Ma gorge se serra en repensant à la conclusion, le dénouement de ce mince espoir. Une confiance et une reconre qui m'auraient mené par delà les terres connues, par delà le temps et l'espace, rien que pour un sourire. Une personne qui m'empêchait de sauter du haut de la falaise de mon désespoir sans me laisser échapper à celle-ci. Une personne que j'aime et qui anime mes pas. Une douleur tenace. Décidément les événements étaient encore trop récents pour que je puisse afficher une neutralité totale à ce sujet douloureux. Mon visage devait délivrer une expression à mi-chemin entre la reconnaissance radieuse et la nostalgie douloureuse.
Sinon non. Il te manque quoi? J'utilise pas mon uniforme si ça peut te dépanner...
Je n'aimais pas trop l'idée de la dépouiller de la sorte, même si c'était vraiment proposé avec une infinie gentillesse. Je regardais la jeune femme, plongeant mes yeux nacarats dans son regard, essayant d'y lire une quelconque intention même comme mon instinct me le dictait, elle ne faisait cela que pour m'aider. Je lus cependant autre chose dans ses yeux. La lueur d'une beauté triste. D'une pureté bafouée. Quelque chose de semblable à ce que je lisais dans le reflet de mes yeux. Quelque chose me disait que nous étions similaires et ce quelque chose apaisa aussitôt mes craintes quand au fait d'oser lui faire part des éléments de ma détresse.
-"Il me manque une chaussette, le nœud et la veste.." lui dis-je alors en rougissant d'oser demander un tel service.
Je marquais une pause avant d'hésiter à en dire plus. En effet, ce n'était pas les seuls éléments manquants et le voleur dans son forfait avait aussi emportés mes sous-vêtements. Je ne pouvais décemment pas me balader en uniforme sans ces derniers. Dans un premier temps car c'était tout sauf envisageable et car dans un second temps, si l'identité du voleur était bien Ginny ou quelque soit le nom de cette idiote dont Naomi m'avait brièvement parlé, je pouvais m'attendre à ce que cette gourde utilise ces outils pour m'humilier ou pire me discréditer auprès de Naomi. Elle pouvait très bien les mettre dans la chambre d'un ou d'une amie de Naomi et voilà que ma déclaration paraisserait être de la manipulation, une tentative d'obtenir quelque chose. Je refusais que Naomi puisse y croire -même si j'en doutais - ou ne serait-ce qu'une seconde même, une lueur de doute me voile à son regard. Je m'avançais légèrement vers la jeune fille, rougissante avant de lui murmurer faiblement.
-"Le problème c'est qu'on a volé mes sous-vêtements aussi.. et il faut vraiment que je les retrouve.. tu m'aiderais à les retrouver euh.."
J'essayais de me souvenir de son prénom quand je compris que dans le tumulte de notre rencontre, je n'avais pas prise la peine de me présenter convenablement, ce qui était impardonnable au vue de la compassion de ma compagne.
-"Je m'appelle Melody Williams enchantée.."
Je n'avais pas vraiment l'habitude d'être très éloquente depuis ma dépression et d'autant plus pour me présenter à une inconnue, aussi douce, mignonne et agréable qu'elle. J'avais en effet toujours peur que l'évocation de mon nom ne fasse resurgir chez mon interlocuteur une certaine connaissance de ma célébrité ou de mon cas. C'était peu probable mais.. Et puis dans un cas et une tenue pareille, difficile d'être sûre de soi. Certes je pouvais très bien porter mon maillot en guise de sous-vêtement pour un temps, aussi je pourrais échapper un peu à la gêne mais aussi participer à la recherche activement avec elle. Enfin si elle acceptait de me suivre, et de m'attendre une seconde que je me change dans un toilette. Décidément j'avais un bon feeling la concernant.
Ce qui me plaît c'est le fait que personne ne m'embête. Jamais. On me dévisage, on parle dans mon dos mais, parce que j'arbore mon regard "hautain", on ne vient jamais se confier à moi. Et c'est une qualité je trouve. J'aurais parfaitement la patience d'écouter quelqu'un parler, le conseiller et tout... Mais globalement, je suis contente qu'on ne s'adresse pas à moi... C'était, je trouvais, un raisonnement logique. Si personne ne s'approche, personne ne me connaîtras. Et qui personne ne me connait, personne ne peut me faire du mal. C'est logique... Il suffisait de voir l'état de ma relation avec Alix... Et l'état dans lequel j'étais.
Silencieusement, me perdant par moments dans les souvenirs que j'avais avec le blondinet – chose que je ne contrôlais pas et qui me blessait à chaque fois - je pris le temps de noter les vêtements manquants, sans jugements, sans me presser. Ce n'était pas à moi de forcer les informations. Et puis... Quelque part je me disais que pour récupérer ma jupe, j'allais devoir l'aider... Je restais immobile, clignant une fois de surprise lorsqu'elle me parla de ses sous-vêtements. Je ne comprenais pas comment on pouvait se dire que voler un soutien-gorge et une culotte allait être un bon "plan de méchant". Ceci étant, je comprenais que l'on se sente humilié sans sous-vêtements. Peut-être était-ce le but non?
J'avouais avoir eu de la chance pour le coup. Les gens ont peur de moi. Soit parce qu'il est vrai que mon regard exprime rarement l'envie de se faire approcher, soit parce qu'ils savent ce que j'ai fait. Et, quand on a un jugement biaisé et une absence d'encephale, on ne vole rien à une meurtrière en pleine adolescence. Encore heureux, ils ignoraient l'existence de Médée. Il faut dire que je la cachais bien. Quelques personnes la connaissaient, peu lui ayant parler, et cette situation était très bien comme ça.
Je me souviens de la dernière psy qui m'a convoqué... Ah... Son visage en larmes me manque... Hannah, viens on va la voir ~
Bah tiens, quand on pense au loup... Médée, à l'inverse de moi, aimerait se rapprocher des gens. Parce qu'ils sont plus faciles à manipuler ainsi... Personnellement, ça ne m'intéresse pas. Je veux juste un semblant de vie normale... Je n'ai pourtant pas l'impression d'en demander trop... En face de moi, la demoiselle bafouillait pour me demander de l'aide. Je pouvais comprendre ça. Je pense que j'aurais choisi de me débrouiller seule plutôt que demander ce genre de chose à une inconnue. Ceci étant, elle n'était pas moi.
Heureusement pour elle...
Je m'appelle Melody Williams enchantée..
Elle me faisait penser à un chaton. Joueur, mignon, dans un nouvel environnement, un peu perdu, timide. J'aurais pu apprécier pleinement si je ne me rappelais pas qu'un chaton c'était impulsif, matériel et imprévisible. Ça refroidissait rapidement. N'ayant pas envie de la voir bafouiller à chaque fois pour trouver mon nom, j'entendis ma voix répondre, le ton neutre et clair, comme si j'annonçais ne pas aimer me répéter.
Hannah
Je n'étais pas particulièrement enchantée de rencontrer de nouvelles personnes. C'était toujours des possibilités de trahison qui s'ajoutaient, des on-dit, des douleurs... Je ne comprenais pas pourquoi l'Humain désirait le contact social. Le seul que je veux m'ignore... De toutes ces putain d'âmes, la seule avec qui j'étais normale me repousse... Obligée de m'en séparer vu que je n'avais plus l'air de lui suffire. Il avait sûrement quelqu'un à son bras...
Une petite blonde ou une grande rousse. En train de rire avec elle. De manger avec lui. C'est cette autre femme qui prend tous ce que tu veux. Ses lèvres, ses regards, ses sourires, ses jeux... Elle t'a tout prit tu sais...? Mais c'est normal... Tu es un monstre. Comment veux-tu qu'il avance alors que toi... Toi tu es quoi? Tu n'as pas de talents particuliers, je suis la preuve que tu ne vas pas bien, tu es une tueuse, enfermée, jugée. C'est normal qu'il en veuille une autre... On ne construit pas de futur avec toi, Kate...
J'avais l'impression que mon crâne bourdonnait. Qu'une douleur me prenait entre les tempes, comme si mon cerveau était comprimé par à-coups. Ce n'était pas ingérable... Juste dérangeant. Je me concentrais dessus, ignorant Médée qui continuait de dire ce que je redoutais, qui continuait de m'enfoncer un peu plus. Un jour... Je sombrerais avec elle. Je le savais. La seule question... C'est quand?
Je vais voir côté objets trouvés. C'quoi ta classe?
Oui il y avait mieux comme annonce d'aide. Mais que vouliez-vous? Je n'allais pas sautiller de joie à l'idée de fouiller mon bahut pour des fringues... qui ne sont pas les miennes de surcroît. Cependant... Cependant je ne voulais certainement pas rentrer aux dortoirs. Je ne voulais pas être seule avec Médée... Pas alors que je pensais à Alix...
Lorsqu'elle me donna le renseignement qu'il me manquait, je partais faire ce que j'avais annoncé, la délaissant près des toilettes pour qu'elle se change. Je lui donnais mon collant, qui passait bien plus de temps dans mon sac que sur ma peau, espérant que tous les tissus seraient à l'accueil et qu'ainsi, elle serait rassurée. Après... Je comptais passer à la bibliothèque, emprunter des livres. Et oublier mon Jimmy Criquet qui me conseillera de sauter dans le vide.
Donc elle s'appelle Hannah. J'aime bien. Je me demande comment ça s'écrit tiens.. Anna? Hannah? Hanna? Qu'importe. A vrai dire, ça lui va plutôt bien comme prénom, c'est délicat un peu comme l'impression que j'ai d'elle, même si c'est dommage qu'elle ne veuille pas être plus expressive ou ouverte avec un minois pareil. A croire que c'est elle la mannequin. Enfin..
Je vais voir côté objets trouvés. C'quoi ta classe?
Très bonne question. Je n'arrivais jamais à retenir la classification des classes dans cette école. Quand j'étais au collège, tout fonctionnait par niveau d'études et une lettre désignant la classe mais je savais qu'il y'avait une spécificité relative à l'un des deux établissements. Je réfléchissais un court instant avant de répondre, un peu hésitante.
-"De souvenir... je suis en 3 ème A..."
Elle allait véritablement me prendre pour une folle. Une nana perdue en maillot dans les couloirs, cherchant ses vêtements disparus miraculeusement et ne connaissant pas sa propre classe. Si j'avais été à sa place, j'aurais contacté la sécurité.. ou la police.. ou les deux.. et j'aurais de la chance qu'elle ne fuit pas dès que j'aurais le dos tourné. En même temps, je ne pourrais pas lui en vouloir. Je lui avais demandé de l'aide et je l'avais donc entraîné avec moi dans ce capharnaüm alors qu'elle ne semblait rechercher que le calme et la quiétude. Je suis vraiment un poids. Pour elle comme pour d'autres. Naomi..
Je laissais la jeune fille s'en aller tandis que je me dirigeais vers les toilettes. La reverrais-je? Je crois bien. Ma camarade d'infortune n'avait pas réellement le choix si elle désirait revoir ses affaires; et même si elle semblait leur porter peu d'importance à en juger à quel point sa jupe était froissée, il était certain qu'elle tenait à ne pas se faire importuner par ma faute pour une tenue inadaptée en milieu scolaire.
Je m'enfermais donc dans la première cabine que je vis ouverte. Par chance, les services de nettoyage de l'Institution était assez efficace pour que la propreté règne dans l'habitacle. Il était déjà suffisamment gênant et inconfortable de devoir se changer dans ce genre de lieu pour en plus devoir être entourée par la saleté. Pas que je sois maniaque mais bon.. Les toilettes publiques ne sont pas réputées pour leurs propretés. Je sortais de mon sac ma serviette , m'enroulant dans celle-ci afin de m'assurer que mon maillot était totalement sec puis je m'appuyais contre les parois pour enfiler tour à tour les collants prêtés et ma jupe avant de passer ma chemise sur mes épaules et la boutonner. Voilà. Le résultat ne faisait pas vraiment illusion mais je ne pouvais pas réellement faire autrement. Je devais cependant trouver une solution au plus vite. Comment dire? Le maillot était assez inconfortable. Il m'oppressait quelque peu. Je sortias donc de la cabine en soupirant, laissant cette dernière à une jeune fille, visiblement plus jeune que moi, arborant de longs cheveux blonds. Celle-ci me regarda avec un regard en coin, interloquée par ce soupir à fendre l'âme. Je n'avais ni l'envie ni le courage d'expliquer la situation aussi je pris la poudre d'escampette sans rien dire. Décidément j'allais passer pour une tarée aujourd'hui. Enfin, plus que ce qui se dit déjà derrière mon dos...
Je débarquais donc dans le couloir de nouveau, désormais dans une tenue convenable pour me balader aisément. Hannah m'avait dit qu'elle allait au niveau des objets trouvés; deux choix s'offraient à moi : l'attendre ici quitte à ce qu'elle ne revienne pas, ou la chercher quitte à la louper si elle empruntait un autre chemin. Dans tout les cas, je devais prendre un risque n'ayant aucun moyen de la contacter et de savoir la marche à suivre alors... Autant agir non? Je me mettais donc à sa recherche dans les couloirs tout en restant alerte Peut-être retrouverais-je mes affaires ainsi après tout?
Mes pas me dirigeaient gentiment vers le local désiré, mon dos se voûtant instinctivement, me faisant paraître plus petite. J'ai recouvert mon visage d'une écharpe, l'établissement m'interdisant de porter mes adorés sweats à capuche. J'ignorais les gens, observant le sol, réfléchissant. Je n'avais aucun intérêt à tous les entendre... Surtout quand je passais près de couples. Les mots doux, les regards mielleux, les promesses... Je ne supportais plus ça. Parce que je les jalousais. Je voulais être à leur place. J'y avais été. Je n'avais pas voulu en sortir... Mais il était si loin...
Ma tête se secoua faiblement alors que j'arrivais au secrétariat gérant les-dits objets trouvés. Je ne devais pas repenser à lui. Je m'étais promise de ne pas me laisser aller lorsque quiconque pourrait me voir. Je devais tout supporter, serrer des dents. Et craquer seulement seule dans mon lit. Je faisais ça depuis un moment, certains soirs étaient plus durs que d'autres. Des fois je passais un temps considérable à observer le ciel sans un mot. D'autre je ne sortais pas de dessous de mes draps, ignorant le repas ou n'en mangeant que le strict minimum, recrachant mes médicaments sitôt que l'on pensait me les avoir fait avaler. Ces soirs-là, je me laissais penser et rêver d'une autre vie, avec d'autres circonstances, d'autres rencontres...
Quelques minutes d'attente où la secrétaire me demandait de patienter, et me voilà à faire le chemin inverse, bredouille. Certains "adultes" tentèrent de me parler, deux reculèrent en observant mon regard, le dernier lâcha l'affaire quand il vit que je ne répondais pas. J'ai fait un détour à l'étage supérieur. J'écoutais, je n'étais pas du genre à poser des questions. Plus celui de – justement – être invisible. A l'étage, rien. Juste des rumeurs sans intérêt et loin de ce que je cherchais. Je dévalais lentement les couloirs, observant, évitant tous contacts avec autrui.
C'est dans l'escalier menant au rez-de-chaussée – là où la demoiselle devait m'attendre - que mon regard se posa un instant sur le tissu qui flottait. Mes pas m'y rapprochèrent, me laissant observer une chaussette, négligemment jetée ici. Je me suis abaissée pour la prendre, fronçant des sourcils lorsque mes doigts la touchèrent. C'était... poisseux. Comme encollé. Je rapprochais la chaussette de mon nez, grimaçant. C'était ça, de la colle...
Gamineries...
Je maugréais en empoignant le vêtement, soupirante, repartant dans les toilettes où la miss devait m'attendre. J'y passais, ignorant les regards circonspects que l'on me lançait, y entrant pour nettoyer le vêtement. Visiblement elle n'était pas là. Je n'avais qu'à l'attendre ici. Je me penchais sur le lavabo, frottant inlassablement le tissu au savon, soupirant sous l'idiotie des "harceleurs" de la rose.
Hrp:
Désolée de la petitesse de ma réponse, j'avais peur de partir trop loin dans l'action >.<
Deux étages fouillaient au peigne fin et rien. J'avais eu beau faire mon possible, fouillant chaque salle de classe vide en quête d'un de mes vêtements, me contorsionner pour inspecter chaque recoin entre les meubles et les casiers , m'aventurer sous les escaliers : impossible de trouver ne serait-ce qu'un vêtement. D'ailleurs je n'avais pas pu retrouver ma camarade de recherche non plus. Je commençais presque à craindre qu'elle ne se soit dérobée à la tâche cependant je préférais croire en elle. Certes, je ne la connaissais presque pas. Voire pas du tout. J'entretenais cependant une certaine estime de la demoiselle. Elle avait décidé de m'aider par pure générosité et , au risque de me répéter, quelque chose dans son regard me faisait penser que nous pouvions nous comprendre. Que nous étions semblables sur certains points. Je pouvais me tromper cependant mon instinct avait toujours été efficace. En témoigne ma conversation avec Naomi par exemple. Bon.. Je me devais de retrouver la jeune fille : peut-être avait-elle été plus chanceuse que moi? Je décidais donc de me diriger vers mon point de départ, mon unique piste sur sa position présumée, dévalant quatre à quatre les escaliers -non sans veiller avec une extrême attention à ne pas chuter, mon dernier séjour à l'hôpital restant le pire moment de mon existence et la cause quasi-certaine de l'échec de ma relation avec Naomi- avant de regagner le couloir où nous étions précédemment. Les toilettes peut-être? Je regagnais ces derniers avant de tomber avec joie sur ma camarade au prise avec le lavabo et une chaussette que je pouvais identifier sans mal comme étant la mienne.
Déchirer, subtiliser et cacher des vêtements n'avait pas suffi à cette peste de Gina? Qu'avait-elle donc fait encore? Je ne suis pas certain de vouloir le savoir. Les dernières fois où quelqu'un avait "tâcher" mes affaires d'une substance quelconque, cette dernière provenait des bourses d'un homme. ET je ne parle guère d'un porte-monnaie. Rie que de m'en souvenir, je sentis un frisson de dégoût et d'effroi parcourir mon échine.
Je décidais donc de passer outre ces résurgences avant de m'approcher d'elle, ignorant le sort peu enviable de mon vêtement avant de m'adresser à la jeune fille.
-"Je suis contente de te voir ! Je te cherchais un peu partout"
Je ne pouvais pas décemment lui dire que j'avais eu peur qu'elle ne me fasse faux bond, d'autant plus que je ne voulais pas qu'elle se fourvoie sur mes pensées : je lui faisais confiance quant à sa présence dans cette galère dans laquelle, après tout, elle avait embarquée d'elle-même, j'avais juste crains.. je ne sais pas vraiment en fait..peut-être d'être abandonnée au silence encore une fois. Je pouvais endurer tout et n'importe quoi sauf la solitude et le silence depuis un certain temps. Ironique quand on sait que c'était mon lot quotidien cette année. Peut-être est-ce une overdose? Je n'en sais rien. Je ne dois plus penser à tout ça car je dois me frayer un chemin vers l'avant jusqu'à pouvoir rejoindre du bout des doigts Naomi et enfin l'intéresser. Me démarquer de la masse. Le silence me rattraperait bien assez vite dans ma chambre déserte -pour une heure, une éternité- lorsque je rentrerais pour que je lui accorde plus de temps que nécessaire. J'adressais donc un sourire à ma camarade avant de m'adresser de nouveau à la jolie fille.
-"Encore merci de ton aide.. je dois avouer qu'en plus j'apprécie ta compagnie.. pour ce que ça vaut tu me diras.."
Voilà, mon sourire c'était déjà évaporée. Satanée sentimentalisme. Je le hais peut-être autant que je me hais.
HRP:
Désolée je viens de voir ton poste du coup pardon du retard T T et ne t'en fais pas pour la taille de ta réponse :)
Je suis contente de te voir ! Je te cherchais un peu partout
Mon sourcil se haussa sous ses propos, mes mains continuant de malaxer le vêtement – déjà un peu plus simple à manier. Elle me cherchait? Oui. C'était logique de penser que je l'avais laissé en plan. J'aurais pu. J'en avais eu l'occasion. De longues minutes où j'aurais pu faire demi-tour, être déjà être de retour en résidence, au calme, c'était parfaitement logique. C'était un peu blessant de réaliser ça. Mais c'était logique.
Pas besoin de te presser. J'ai des principes.
J'avais peu de principes. Mais j'y tenais. J'aidais ceux que j'estimais digne d'aide. Je resterais jusqu'à ne plus avoir de "raisons" de continuer à aider. Notamment lorsque la personne n'était pas "digne" d'avoir mon aide. C'était une façon prétencieuse de penser, j'en avais conscience. Mais je n'arrêterais pas de penser ainsi. Pour une fois que je m'autorisais à être égoïste, je ne pouvais pas me permettre de faire passer tout le monde avant moi. J'avais fais passer Alix ... Et quand on voit l'état dans lequel j'ai fini... est-ce que cela était censée me donner envie...?
Encore merci de ton aide.. je dois avouer qu'en plus j'apprécie ta compagnie.. pour ce que ça vaut tu me diras..
Mes sourcils se froncèrent. Ma compagnie hein? Je me redressais, essorant faiblement le tissu presque propre. Je recommençais à l'enduire de savon, le frottant sans m'interrompre, consciencieusement. J'avais commencé, je finissais ce que j'avais commencé. C'était une règ...
Sauf avec Alix.
Mon coeur se serrait quand je pensais à lui. J'avais mal. Encore maintenant alors que les mois avait éloigné ce fameux jour de ma mémoire. Qu'il se soit passé une heure, une nuit ou des mois... Le nom, le visage, l'odeur, le sourire de mon seul compagnon demeurait. Et me brisait un peu plus chaque fois. Je le désirais bien sûr. Je n'avais jamais cessé de le vouloir. C'était... et je pense qu'il restera le seul que je désire près de moi. Je pensais que le monde pouvait me cracher dessus, tant que lui me tendrait sa main, j'irais bien. Et il a fini par arrêter de me la tendre. Si je devais continuer à imager les choses... Depuis, je ne cherchais plus à me raccrocher. Je tombais. Désespérément. Je m'éloignais de tout. Toutes ces choses fades sans lui...
Ma main finit par tendre la chaussette humide mais propre, mon regard se plantant dans le sien sans gêne.
Tiens. Te manque ta veste, ton noeud et tes sous-vêtements non?
Ce n'était pas vraiment une question, plus un rappel que je me faisais. Si j'étais une connasse... Où je cacherais des fringues...
Dans le gymnase. Dans le réfectoire. Là où ce serait la honte de les récupérer. Là où je pourrais humilier l'autre. La salle des profs? La salle de classe principale? Tellement d'endroits possibles...
J'hochais la tête faiblement. Médée avait raison. Quiconque était capable de ça allait viser ce genre d'endroits. Je soupirais, m'essuyant les mains contre mon sweet, passant près d'elle.
Continue sur les endroits... vides. Je vais regarder là où il y a encore des étudiants. On se rejoint ici dans... trente minutes? Quarante?
Son regard vint se planter dans le mien et je crois que c'est à ce moment que j'ai compris. Compris cette étrange sentiment qui me faisait me faire sentir à l'aise avec une parfaite étrangère, pas très causante. Oui nous étions semblables. Pas semblable en tout point évidemment mais nous étions semblables car nous partagions un regard. Ce regard je l'avais déjà vu, observer, scruter des nuits durant. Ce regard, c'était le mien que je pouvais voir dans le reflet fugace de mon miroir il y'a un an et que je surprenais parfois à réapparaître depuis quelques jours.
Tiens. Te manque ta veste, ton noeud et tes sous-vêtements non?
Je hochais de la tête, toujours absorbée dans son regard si vide. C'était le regard de quelqu'un qui n'apporte plus aucune importance à quoi que ce soit. Le regard de quelqu'un qui observe, impuissante, son univers disparaître et s'effondrer devant lui sans plus rien à chérir que des souvenirs qui ne reviendront jamais. Elle n'avait plus rien à perdre en somme car elle avait déjà tout perdu. Du moins selon elle. Je pensais exactement pareil lorsque mon rêve fait de paillettes, d'attentions et de joie avait viré au calvaire sans nom. Je pensais ne pas pouvoir tombé plus bas et que personne ne viendrait me tendre une main secourable, ou même m'adresser un peu plus bas. Je m'étais trompée dans les deux cas. John et ma meilleure amie m'avait démontré que je pouvais chuter de bien plus haut et Naomi, elle, avait su ensoleillé mes jours et me montrer que je pouvais être importante aux yeux de quelqu'un à nouveau, même si le dénouement n'était guère à mon goût. Il faut parfois ne pas être mutine et accepter le peu qu'on nous offre. Un long soupir s'échappa de mes lèvres à cette idée.
Continue sur les endroits... vides. Je vais regarder là où il y a encore des étudiants. On se rejoint ici dans... trente minutes? Quarante?
-"Attends!"
J'avais parlé sans trop réfléchir. J'avais même failli la saisir par le bras pour lui éviter de fuir mes paroles. Je pris quelque secondes avant de prononcer des mots venant du fond du cœur, espérant qu'elle pourrait lire la sincérité dans mes yeux.
-"Promis, vêtements ou pas, je serais là.. Tu n'es pas seule.. Pas cette fois.."
Qu'est-ce que je venais de dire? Je venais peut-être de la braquer sans le vouloir. Qui étais-je pour lui promettre de tels choses? Personne dont elle voudrait entendre ces mots. Je ne pouvais cependant pas rester comme ça à la regarder souffrir sans un mot, moi qui ne savait que trop bien ce qui était son quotidien. Certes, je ne connaissais pas la raison de ses pleurs intérieurs, de cette déchirure qui chaque jour devait s'accentuer mais.. je savais que j'étais trop gentille et généreuse pour passer mon chemin devant une telle détresse. Moi aussi, j'avais des principes. J'aurais aimé que Naomi, que quelqu'un me tende la main plus tôt. J'aimerais que Naomi m'abrite dans son cœur pour que jamais je ne me sente comme chaque jour qui passe mais il en est autrement. Pour elle aussi, il en est autrement. En cela, on se ressemble. Deux femmes au cœurs brisées par la vie. Je me trompe peut-être mais je crois en mon instinct pour trouver mes semblables..
Hein? Quoi? Qu'est-ce qu'elle venait de dire? Que je ne serais "pas seule", "pas cette fois"? Je me sentis sourire. C'était bien vu. En même temps, je n'avais pas souvent eu l'occasion de cacher mon regard, loin de moi l'idée de le faire par ailleurs. Cependant... ce n'était pas parce qu'on me le disait que j'allais le croire. Sinon, Dieu m'en soit témoin, ma vie aurait été différente...
C'est sûrement important pour toi. Moi, j'ai toujours été seule. Ce n'est pas grave si je continue de l'être.
Après tout... Lors du réveil du cambriolage, j'avais été seule. Lors des entretiens avec la police, lors des déménagements, les brimades, le rejet... J'avais supporté ça, seule. La soirée avec Alix, j'étais venue seule. Ou presque. Lorsqu'on s'est quitté, j'étais seule. J'avais été et serais, toujours, seule. Je n'avais besoin de personne pour aller en enfer. Je connaissais le chemin.
Et puis... Tu n'as pas besoin de voir plus d'Enfer que ça. Une peine, pas deux.
C'était parfaitement valable pour moi aussi. La grande différence entre elle et moi, c'était que – vraisemblablement – elle avait perdu ses illusions récemment. Les miennes sont mortes depuis des années... Si on exceptait Alix qui m'avait détruite. Enfin non. Je m'étais détruite seule. En le laissant partir.
Ah... Je m'en voulais encore. Une autre devait être dans ses bras. A lui donner les mots d'amour que je n'avais pas pu lui dire. Elle pouvait toucher ses lèvres, sa peau. Être contre lui. Est-ce qu'elle le rendait heureux? Est-ce qu'il m'avait oublié? Est-ce qu'il regrettait? Non... Il devait être passé à autre chose. Je n'avais été qu'une passade. Un passage, un support. Rien de plus. Mais est-ce que j'avais le droit de lui en vouloir d'avancer? Non. Sans moi? Non plus. Je ne pouvais pas avancer. Je ne voulais pas avancer. En fait... Je me disais que partir de ce monde n'était pas si triste finalement. Qu'est-ce qui pouvait me retenir? S'il ne pensait plus à moi... Alors je pouvais simplement partir. Comme ce que j'aurais dû faire à sa soirée...
Je n'avais rien fais, laissant mon regard s'abaisser sur mon bras, inerte, contre mon corps.
Et regarde! C'est d'elle dont je te parlais...
Ah! La fameuse... Rina? Renna?
Non... Hannah...
Deux filles qui passaient, éteignant un peu plus mon regard. Oui. Je ne devais pas oublier. J'étais un monstre. C'était normal... Tout était normal.
On retrouvera tes vêtements. Après... Oublie que tu m'as simplement approché. Ça vaut mieux.
Ce n'était pas vraiment la peine qu'elle ne s'embrouille pour moi. Je n'en valais simplement pas le coup. Les gens médiront et je supporterais en silence. Comme d'habitude. Je n'avais pas le courage de me tuer. Ce serait déjà fait sinon. J'aurais possiblement écrit à Alix. Comme toutes les lettres que je gardais et que je n'enverrais jamais. Je n'avais besoin que d'écrire silencieusement. Je n'avais pas besoin qu'il les lise. Il n'aurais pas à subir mes insultes, mes crises. Il ne verrait pas le papier séché aux traces de larmes. Il ne verrait pas les déchirures faites par mes ongles. Il ne lirait pas la détresse et la solitude. Non. Tous ça, toutes ces mauvaises choses devaient rester au fond de moi. Et, de toutes les personnes qui pouvaient m'approcher, Alix devait être le dernier à les lire. Je refusais de les laisser dans ses mains.
"je t'aime. Je t'aime tant. Je ne cesserais pas de t'aimer" "laisse-moi mourir. Par pitié. Sans toi, je ne veux pas vivre..." "je suis dans le noir" "appuie sur la détente une bonne fois pour toutes" "ignore-moi. Insulte-moi. Ne me laisse pas dans l'ignorance" "brisée" "seule" "abandonnée"
"Ne plus être à tes côtés, c'est comme mourir tous les matins, ou tous les soirs... Mais c'est tous les jours une nouvelle mort"
Ah... J'étais irrécupérablement amoureuse. D'un type qui méritait mieux. Oui... Je ne devais pas le lui dire.
Si on te pose des questions... Répond simplement que je fais peur. Vraiment.
C'est sûrement important pour toi. Moi, j'ai toujours été seule. Ce n'est pas grave si je continue de l'être.
Foutaises. C'est ce qui lui convenait de penser. Elle ne m'aurait pas sur un terrain aussi connu que celui-ci. Je savais pertinemment qu'elle était ses arguments : je les avais utilisés Dieu sait nombre de fois sans jamais parvenir à m'en convaincre. La solitude n'est pas irrémédiable tant que subsiste une lueur d'espoir. Elle pouvait appeler sa gentillesse : principe, si ça pouvait la rassurer. Je n'y croyais pas. C'était juste de l'espoir. L'espoir que quelqu'un lui montre qu'elle n'était pas seule et qu'elle n'était pas un monstre. Je le sais car cette image, je l'avais eu trop longtemps pour l'oublier en quelques sourires de la femme que j'aime, pour l'oublier tout court. Toute ma vie, j'aurais cette crainte d'être quelqu'un ne méritant pas de fouler cette Terre. La suite directe de son discours ne fit que confirmer mes suspicions : elle désirait juste dissuader quiconque de s'approcher d'elle, par peur de souffrir, par peur d'apprécier pour être reniée. Je ne connaissais que trop bien ce sentiment. Il m'avait en partie coûter la femme de ma vie. je ne pouvais décemment détourner le regard devant quelqu'un qui ruinait à son tour ses chances ainsi.
On retrouvera tes vêtements. Après... Oublie que tu m'as simplement approché. Ça vaut mieux.
Oui. Nous étions bien plus semblables que les apparences ne le laissaient penser. J'avais beau semblé être une petite princesse choyée, à qui tout réussi, et elle, une jeune fille peu fréquentable et taciturne, nous étions les mêmes. J'avais juste compris quelque chose qu'elle ne semblait vouloir saisir. Elle ne voulait pas s'accorder un espoir qui pointait cependant son nez dans chacune de ses paroles. Par peur d'être déçue. Par peur que son cœur ne se fissure plus encore.
Si on te pose des questions... Répond simplement que je fais peur. Vraiment.
C'était trop pour moi. Trop pour que j'y assiste sans rien faire, sans tenter de secourir cette pauvre âme en peine. Non pour m'entendre chanter des louanges, non pour qu'elle me soit reconnaissante mais pour qu'elle cesse de se cacher derrière un voile, lui occultant toute réalité.
-"D'accord, on fera ainsi.. si quelqu'un me demande qui est la fille qui marche avec moi je dirais que tu me fais peur, peur car je vois bien que tu es incapable de voir la réalité en face.. Incapable de voir que tu as le droit d'espérer que quelqu'un te voie enfin comme tu es.."
Je marquais une courte pause avant de figer mon regard nacarat dans le sien, essayant d'atteindre l'étincelle d'espoir sommeillant au fond d'elle. Oui je savais qu'elle ne pourrait me croire sur parole mais si je parvenais ne serait-ce qu'à la remettre en question, j'aurais réussi mon oeuvre, j'aurais établi le contact avec Hannah, la vraie Hannah. Celle qui se refusait de se montrer de peur de se voir de nouveau blessée.
-"Tu crois vraiment que je te parle comme ça par pitié? Par gentillesse? Je ne comprends peut-être pas ce que tu ressens mais ce que je lis en toi, je le comprends mieux que quiconque crois moi ! Moi aussi je suis un monstre, moi aussi je ne mérite pas d'être ici, et même si je le mérite, je préférerais m'éteindre à jamais que de me lever chaque jour en sentant une partie de moi mourir!.. Moi aussi, j'en ai plus qu'assez de ce film sans film dans lequel je n'aurais jamais de fin heureuse...!.. Je tiens parce que je sais qu'un jour, j'atteindrais mon objectif !.. Quoi qu'il m'en coûte! je continue d'en rêver et je suis sûre que toi aussi... Bats toi s'l te plaît Hannah...Bats toi pour ce qui t'es chère..quitte à en mourir.."
Je m'étais emportée. Pas dans le sens énervée bien sûr mais j'avais fais ressortir le plus profond de mes sentiments. Oui je voyais mon histoire avec Naomi comme un film qui ne connaîtrait sûrement jamais de "happy ending" , un film où comme une bonne protagoniste secondaire, je finirais happée par le scénario jusqu'à disparaître de ce dernier. Cependant, une sensation tenace au plus profond de mon cœur me disait de ne pas céder pour déjouer le grand scénario de la vie. Un jour je serais avec Naomi et quelque soit le destin d'Hannah, il fallait qu'elle se batte pour le rendre radieux. Elle ne regretterait pas ses choix au moins. Elle n'aurait pas à regretter comme moi mon inaction qui me rongeait un peu plus à chaque instant jusqu'au jour où l'épuisement, la folie ou la main de Naomi viendrait mettre fin à tout ça.
Depuis des années, j'écrivais. J'écrivais pour ma mère, pour mon père. Je leur écrivais presque tous les jours. Et puis... la vengeance m'a embarqué. Je me suis tant consacré à les venger que j'en ai oublié de leur écrire. Depuis mon enfance, c'était une tradition familiale. On écrivait quand on voulait parler aux morts puis, après une prière, on brûlait la lettre. Le défunt pouvait ainsi la lire. Je n'y croyais pas. Mais j'avais suivi à la lettre ces règles, derniers versant de mon passé heureux. Depuis mon arrivée à l'IRS, j'écrivais plus à Alix qu'à d'autres. Et je ne brûlais pas mes écrits. Peut-être que j'espérais les lui donner, un jour, possiblement.
J'essayais de toujours m'éloigner des gens. C'était plus simple. Les gens pensaient ce qu'ils voulaient. Mais... Je n'avais rien à leur dire. On me jugeait, on me montrait du doigt. Et on ne me comprenait pas. On ne tentait même pas de me comprendre. La preuve avec elle... Elle jugeait et conseillait sans savoir. Et quand bien même elle savait... Que pouvait-elle faire? D'après elle, et je la citais, j'étais "incapable de voir la réalité en face.. Incapable de voir que tu as le droit d'espérer que quelqu'un te voie enfin comme tu es..". Dans la suite de ses propos, elle ajoutait qu'elle ne me parlait pas par gentillesse. Elle tentait de me faire croire qu'elle me comprenait. La bonne blague. Le seul qui n'a jamais su ce que je pensais ne veut plus de moi... Comment pourrait-elle me comprendre alors qu'on a échangé que quelques mots? C'était stupide.
Espérer hein? Alors. Je n'espère qu'une chose. Ça fait des années que je n'espère que mourir. Alors ne vient pas me dire quoi faire alors que tu n'es qu'incertitude et ignorance.
Je m'éloignais d'elle. Non pas parce que j'étais rebutée... Plutôt par lassitude. C'était toujours... toujours la même chose...
Ce que tu lis est erroné. Tu ne peux pas comprendre une situation que tu ne connais pas. Ensuite ensuite... Tu préfères mourir une fois plutôt que de mourir à petit feu? Félicitations. Au moins tu as eu le choix. Et puis, une dernière chose. Tu tiens pour ton objectif. Ok. Vas-y. Fonce. Défonce toi pour ce que tu désires. Pour mon cas... Je n'ai aucun rêve. Aucun objectif. Je n'ai pas la force de chercher un bonheur inexistant. Fais ce qu'il te plaît avec les êtres que tu aimes. Moi, je n'ai pas ce genre de contacts. Je suis morte depuis un moment.
Ma voix était devenue plus grave, plus dure, plus caverneuse. Je me laissais remettre ma capuche, la dépassant sans un regard de plus. Je n'avais pas envie d'en reparler. Parler de mes parents, des familles d'accueil, d'Alix. Je n'avais ni la force, ni la volonté. Qu'elle pense ce qu'elle veut. Je m'en foutais. Je me foutais de tout. Un seul avis m'importait. Et ce n'était pas le sien.
Je peux t'aider...
Médée. Vraiment... Ferme ta gueule!
Pour une fois, elle se tut. Elle ne me poussa pas à bout. D'habitude, mon énervement l'amuse. Là, pour une raison que j'ignorais, elle n'avait pas l'air joueuse. Pas du tout... Et Melody qui me parlait de me battre. Je n'avais fais que ça. Cinq ans à se battre tous les jours, entre déprime et larmes, entre envie de vengeance et meurtre. N'avais-je pas le droit que de me reposer? Contre qui fallait-il que je me batte? Le monde? Les rumeurs? Les moqueries? Non... Je n'avais pas envie. Contre ma séparation? Contre Alix? Impossible. On ne revenait pas sur une séparation. Et je ne voulais pas être contre Alix...
Alors je me laissais envahir par la lassitude. Je sentis mes épaules s'abaisser, mon visage terminant de se fermer. Deux choses me venaient en tête. Trouver le reste de ses vêtements. Puis m'enfermer, seule, dans ma résidence. Ne rien faire. Ne pas pleurer. Ne pas déprimer. Essayer de ne pas mourir.
La réponse qui suivit vint m'ouvrir les yeux sur l’égoïsme de mon propre discours.
"Espérer hein? Alors. Je n'espère qu'une chose. Ça fait des années que je n'espère que mourir. Alors ne vient pas me dire quoi faire alors que tu n'es qu'incertitude et ignorance."
Oui je venais de me prendre l'équivalent d'un bus en pleine tête et je restais interdite, ne sachant que répondre. Pouvais-je seulement réfuter que je n'étais pas certaine de ma volonté?réfuter que j'essayais aussi de me convaincre moi-même que tout cela était encore possible? Pouvais-je seulement affronter des années avec ma volonté de rester auprès de ma Naomi sans jamais voir l'espoir disparaître, sans jamais voir ma volonté s'estompait comme un jolie rêve dans une vie de tourments, sans jamais baisser les bras devant les obstacles qui se dresse sur mon chemin, sans jamais sombrer alors que je m'efforce d'atteindre mon astre du jour telle un Icare dont les ailes ne sont faîte que de la force de mon cœur? Je ne saurais dire. Je ne saurais blâmer quiconque pour ce choix. Moi même, objectivement, je ne saurais garantir d'y parvenir. Non c'est plus certain que cela. Objectivement, en mon âme et conscience, je sais que je finirais par préférer la lumière d'un réverbère, faible mais certaine, à celle du soleil , puissante et intarissable mais qui ne saurait jamais être mienne. Plus concrètement,oui je choisirais le désespoir. N'était-ce pas déjà mon choix? Celui de taire à jamais mes sentiments, en espérant qu'un jour, ils se rappelleront au bon souvenir de ma dulcinée. Je n'avais de leçon à donner à personne.
"Ce que tu lis est erroné. Tu ne peux pas comprendre une situation que tu ne connais pas. Ensuite ensuite... Tu préfères mourir une fois plutôt que de mourir à petit feu? Félicitations. Au moins tu as eu le choix. Et puis, une dernière chose. Tu tiens pour ton objectif. Ok. Vas-y. Fonce. Défonce toi pour ce que tu désires. Pour mon cas... Je n'ai aucun rêve. Aucun objectif. Je n'ai pas la force de chercher un bonheur inexistant. Fais ce qu'il te plaît avec les êtres que tu aimes. Moi, je n'ai pas ce genre de contacts. Je suis morte depuis un moment."
Le clou de sa détresse s'enfonça de nouveau dans mon cœur, me faisant presque chanceler tant la souffrance dont elle faisait part m'était si familière. Une souffrance qui devait accablée son cœur de milles entailles en chaque jour, ne lui laissant aucun répit. Une lame trop tranchante pour s'habituer à son passage, mais trop émoussée pour parvenir à abréger ce calvaire nommé existence. Un poids des années que je finirais un jour par comprendre même si ce spectacle suffisait à m'en donner un aperçu.
Je ne pus m’empêcher de penser au futur, à mon futur, mon futur auprès de Naomi qui semblait aussi corrompue qu'impossible, quelque soit sa forme, cependant quelque chose au plus profond de moi m'empêchait de renoncer, de penser la vision d'Hannah comme la solution, comme pérenne. Je serrais le poing à m'en blanchir les jointures, luttant intérieurement contre mes émotions négatives, contre la vague de lassitude et de renoncement qui essayait de passer la digue de mon cœur pour en prendre le contrôle. Ce dernier était désormais comme un château assiégé, entouré des souvenirs douloureux de mon silence, de ses absences ; des paroles qui avaient brisées mes rêves et mes espérances ; des visions et des pensées que j'avais pu avoir lorsque j'étais seule et abandonnée, étendue dans ce lit d'hôpital ou lorsque la nuit et le silence venait occulter mes sens suppliciés dans cette chambre d'internat; et pourtant, au sein de ce château, régnait toujours une petite fille, la petite fille que j'avais pu être un jour, qui me suppliait de me battre et de ne pas oublier trois petits mots. Trois mots qui peuvent changer un destin. Trois mots qui auraient pu être semblables au "Je te quitte.." de John mais qui avait fait disparaître jusqu'au bride de sa voix. Trois simples mots qui me poussaient à briser mes propres limites.
"Tu aimes Naomi!"
Je relevais doucement la tête, les nuages voilant le ciel de mon cœur ainsi que mes pensées désormais chassés, je pris la parole, déterminée et ferme à la fois sans pour autant me montrer agressive.
-"Tu as sûrement raison.. Je suis ignorante, j'ai eu sûrement une vie bien plus heureuse que la tienne, j'en conviens mais.. quoi que tu en penses, je ne peux pas être à ta place mais comprendre, je le peux.. je peux savoir ce que c'est d'espérer chaque jour que quelque chose change, attendre cet instant pour finalement le voir dérober.. je n'ai pas abandonné.. si cela faisait des années j'aurais peut-être cesser de lutter.. pourtant ça fait quatre ans et je ne lâche rien.. je sais que tu t'en fiche, je sais que tu ne m'écouteras pas.. je sais que tu trouve que je me mêle de quelque chose qui ne me regarde pas.. Très bien.. Ignore mon conseil si tu veux mais je te le donne quand même.. Je te le donne car je ne peux pas juste regarder un bateau sombré sans rien faire pour colmater la brèche.."
Je marquais une pause, me faisant la remarque que la métaphore ne pouvait mieux lui sied avant de reprendre.
-"Alors oui, je ne ferais rien de plus pour te venir en aide, non je n'irais pas divulguer quoi que ce soit sur notre rencontre, ni même qu'elle a eu lieu si c'est ton souhait mais je n'abandonne pas et si tu veux un jour reprendre le combat, je serais prête à t'aider.. ce n'est pas un renvoi d'ascenseur, pas de la pitié, juste ce que mon cœur me dicte.."
Je terminais mon discours avant de me dire que continuerais d'y croire malgré tout. De croire en ce que mon cœur désire car c'est ce que j'aurais toujours dû faire. Je ne regretterais rien. Pas comme aujourd'hui. Pas comme chaque jour que Dieu fait. Pas comme Hannah. Et ça c'est aussi mon cœur qui me l'assure.
Comprendre? Elle voulait... Comprendre? C'était la meilleure. Comment comprenat-on en jugeant si vite sur de la non-information. Ce n'était pas logique. Scientifiquement parlant, ça n'allait pas. J'eus une pensée sur sa comparaison du bateau en train de sombrer... Ce n'était pas ce que j'étais... J'étais une épave. J'avais sombré lorsqu'Alix avait arrêté de me désirer... J'avais coulé quand on s'était séparés.
Elle parlait de colmater la brèche. Quelle ironie quand on savait que la brèche... C'était moi. Un soupir passa mes lèvres alors que je n'arrivais pas à m'en cacher. Je n'avais rien à répondre. Un discours sur l'amitié hein? J'avais l'impression d'être dans un dessin animé de mon enfance. Bientôt un grand méchant allait arriver et m'emporter loin. Et elle me sauvera en se transformant en magical girl. Quelle connerie. Et c'est moi qui était incapable de voir la réalité en face hein...? Bah heureusement tiens...
De surcroît elle "m'autorisait" à ignorer son conseil? Elle "savait" que je ne l'écouterais pas? Non... Ce n'est pas que je ne l'écoutais pas. C'était... C'était des conseils pour elle. Je n'avais pas à écouter des conseils qui ne me concernaient pas. Elle ne me parlait pas. Elle se faisait un monologue. Les conseils qu'elle prodiguait était pour elle...
Le bateau qui sombre... De toi à moi... es-tu sûre que l'on parle toujours de ma situation plutôt que de la tienne?
Mon corps se tourna et mes jambes reprirent leur marche. Si cela me concernait alors elle était à côté de la plaque. Si cela la concernait... Alors elle avait besoin de plus d'introspection. Personnellement... J'étais en pleine introspection depuis des mois, et ce, chaque foutu jour qui passait... Je m'arrêtais après deux pas.
Fais ce que tu veux. Parle ou non. Je m'en fiche. Toi tu te bats. Moi je survis. Chacun son truc.
Survivre était un bien grand mot. Je n'avais que des difficultés à ne pas vouloir mourir. Le reste n'importait pas. Je ne devais ni m'accrocher, ni espérer. À quoi bon...? Le seul qui représentait mon espoir m'avait rejeté... Je n'avais plus que des souvenirs... Et – pour rester dans des termes poétiques – je supposais que le fer rouge faisait moins mal que de rêver de lui chaque nuit. Cette sensation de me briser lorsque mes yeux s'ouvraient. Cette envie de me foutre en l'air. Mais j'étais lâche. Je ne pouvais pas me tuer.
Je repris mon avancée dans le couloir. Mon regard devait être bien plus noir qu'habituellement, au vue des regards qui semblaient trembler lorsque j'avançais. Il lui manquait quoi déjà? J'allais encore l'aider après tout ça...? Oui. Je n'avais qu'une parole. Je n'étais pas aussi fade que toutes les personnes qui côtoyaient l'établissement dans lequel j'étais.
Je traversais un peu le lycée sans réellement savoir où aller. Les clubs étaient... presque trop évidents...
Si je devais faire chier quelqu'un comme ça... J'aurais visé les vestiaires pour hommes.
Tu crois?
Une fille ne peut pas chercher là-bas. Et c'est la honte. Imagine...
Mon visage dû s'empourprer. Oui. J'imaginais facilement la gêne que cela pouvait mettre. Je soupirais une nouvelle fois. Mes pas me firent faire demi-tour. J'allais toquer aux vestiaires des garçons. Un à un, sans me dégonfler, sans... Sans gêne. Ce n'était pas moi. Ce n'était pas mes vêtements. Je n'avais pas à être gênée.
Excusez-moi. Je cherche une veste, un noeud et des sous-vêtements féminins. Aurait-on déposer ça ici?
J'ai essuyé plusieurs vannes, plusieurs regards pervers. Si je demandais ça, c'était que je n'avais pas de sous-vêtements. Tss. Tous des obsédés. Et j'ai continué. Jusqu'à revenir vers la rosée. J'avais ses sous-vêtements. Et comme j'estimais que c'était le plus gênant... C'était pas mal. Je la retrouvais dans une classe. Il avait l'air de lui manquer que son noeud... Espérons qu'elle le trouve vite. Je me suis dirigée vers lui pour simplement lui tendre mon sac ouvert. Elle verrait ses sous vêtements. Ils n'étaient pas cachés.
Je ne disais rien. Les gens pouvaient faire tourner la rumeur comme quoi la meurtrière avait perdu ses sous-vêtements. Je n'en avais cure.